LE MOYEN AGE
CHALON-SUR-SAONE, IMP. FRANÇAISE ET ORIENTALE DE E. BERTRAND
/]
LE MOYEN AGE
REVUE
D'HISTOIRE a- DE PHILOLOGIE
2« SÉRIE.— TOME IV
(tome XIII DE LA collection)
PARIS
LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER
1900
(Tous droits rèsercès)
1//
LA
SATIRE A ARRAS AU XIIP SIÈCLE
(suite ^)
Chansons et Dits artésiens du XIII' siècle, publiés avec une Intro-
duction, un Index des noms propres et un Glossaire, par Alfred Jeanroy, pro-
fesseur à rUniversité de Toulouse, et Henry Guy, maître de conférences à
l'Université de Toulouse {Bibliothèque des Universités du Midi, fasc. II,
Bordeaux, Féret et fils, 1898; in-8°, 165 p.).
Pièce XIV, p. 63. — La richesse, c'est le jeu de la pelote
où les jeunes filles prennent leurs ébats: chacune veut l'avoir
à son tour; on se la dispute, car qui la possède est en vue,
en honneur et en joie, jusqu'à ce que^ changeant de mains^, elle
porte ailleurs le prestige d'une faveur éphémère.
Le moraliste part de cette comparaison pour remonter de
proche en proche à l'origine de certaines fortunes bourgeoises,
invitant à de pieuses réparations ceux dont l'héritage paternel
s'est accru de la « pelotte » d'autrui.
Six familles d'Arras sont ici représentées par quinze de
leurs membres en succession généalogique; Huon Mouton
marche en tête :
V. 37. Je vi ja un Huon Mouton :
On ne le prisoit un bouton ;
Au point k'il se maison covri
Mainte angoisse au siècle souffri.
Errata. —Année 1899, p. 251, 1. 10, lisez : Jean Bretel.
Moyen Age, t. XIII. 1
A. GUESNON
M. Jeanroy incline à voir dans « au point k'il se maison
covri» l'idée de «se mettre en ménage' )).Ne serait-ce pas là,
plus vraisemblablement^ une métaphore populaire s'appliquant
au comble de la dernière demeure? J'interpréterais : « lorsque
le tombeau se referma sur lui, » en rattachant par la ponctua-
tion cette phrase au vers précédent, et non au suivant *.
Plus loin (v. 51), vient Ermenfroi Kiepuce, nommé dans
une liste authentique de l'échevinage d'Arras en février 1200,
V. st.'. On le retrouve inscrit, sous l'abréviation plus honnête
d'Ermenfroi Puche, au bas d'un acte original de 1223*, et tout
au long dans une enquête de 1247, insérée par M. L. Delisle
au t. XXIV du Rec. des histor. de France. Le premier mourut
en 1231% son fils, Ermenfroi le Tailleur, en 1262'.
Mathieu le Tailleur recueillit alors l'héritage patrimonial; il
le possédait depuis peu quand ces vers furent écrits.
v. 57. Je vi ja Jaliemon le Noir ;
Il a laissié tout sen avoir,
Or l'a cil Jehans de Relenghe.
Du testament cascuns i hengle.
Le Glossaire traduit « hengler » par « causer, faire des
gorges chaudes ». Cette explication improvisée porte sur une
1. Glossaire, au mot Govrir.
2. Iluon Mouton possédait avant 1261 une maison au pouvoir des JVIaus
ou de Baudimont vieux (B. N. Lat. 10972, Hostagia, i" 4). Wagbon Wion
et Audefroi, deux de ses héritiers ici nommés, furent échevins de Cité, le
premier en 12.56, Je second en 1275 (Arcii. du P.-de-C, Chapitre, Orig., et
Mém. pour MM. Brlois d'Aïujre et d'Htdlnrli. Preuves, 1, p. 1.5,1780). Un
autre Huon Mouton, peut être fils du précédent, prêtait de l'argent à la ville
de Gand en 1277 (J. de Saint-Génois, Incent. des ch. des comtes de Flandre,
n''203).
3. Arch. du Nord, Anchin. Orig.
4. Ibid., Ch. des Comptes. Orig.
5. Pour toutes les dates mortuaires dont la source n'est pas indiquée,
voir le Nècrolorje de la Confrérie des jongleurs, et notre Communication
aux Comptes rendus de l'Acad. des Inscr., année 1899, p. 464-475.
6. « Ermenfridus Cisor, civis Atrebatensis, dicit quod rex imbanniverat
cm nia bona que fuerant Ermenfridi Kiepuce. »
LA SATIRE A ARRAS AU XII1« SIÈCLE 3
fausse lecture, que signale la rime : le ms. donne « henghe o,
venant de « lienghier », onomatopée au sens de « soupirer,
aspirer », comme ci-devant dans la pièce V, 24.
JakemonleNoir, bourgeois d'Arras', était, en 1260, créancier
des villes de Calais', Montreuil-sur-Mer et Saint-Riquier'. 11
mourut l'année suivante, vers novembre 1261 . Jean de Relenghe,
son héritier, que Fastoul qualifie « monseigneur* », paraît être
Jean, sire de Renenges, chevalier, frère du châtelain de Saint-
Omer, dont nous avons un acte d'août 1269 '.
Ailleurs, à propos de Jean Fourdin :
V. 62. On dist k'ii gist en sen gardin.
Sen cors ne pris une baulleske ;
Sen avoir reçut longue leske.
D'après le Glossaire\ ce dernier mot signifierait « bande
mince et longue ». Mais le sens exige un nom propre, celui de
l'héritier. Or, une enquête de janvier 1270 nous apprend que
Jehan Longeleske était sous-bailli d'Arras, au mois d'août qui
suivit le départ du comte d'Artois au delà des mers^ La leçon
serait donc, avec l'orthographe du ms. :
Sen avoir reçut Longheleske.
Les vers suivants concernent M^" Adam de Vimi, clerc
praticien, marié à la demoiselle de Miraumont, qui lui survécut.
Il avait acheté en 1239 le fief seigneurial de Baudimont neuf,
contigu à la terre de Baudimont vieux possédée par Saint-
1. Fils de Gérard le Noir, échevin d'Arras en 1201, 1222, 1225, nommé
dans un fabliau de Courtois d'Arras (Méon, FubL, I, 259), mort le 24 avril
1228 (Bibl. d'Arras, ms. 305).
2. Arch. du Nord, Ch. des Comptes. Orig.
3. J. de Laborde, Layettes du Très, des Chartes, t. III, p. 506 et 545,
coi. B.
4. Méon, FabL, \, p. 126, Congé, v.A2^.
5. Deschamps de Pas, Sifjill. de Saint-Omer, p. 29. — Giry, Analyses
et Extraits des Archives de Saint-Onier, p. 17.
6. Au mot Leske.
7. Arch. du Pas de-Cal. , Très, des Chartes, A, 18.
4 A. GUESNON
Vaast. Le fief s'appela dès lors « le pouvoir Maître-Adàm «,
nom qui s'étendit à la rue et à la porte par où on y accédait
en venant de la rue des Maus. Cette ancienne rue Maître-Adam
reliait la Cité à la porte Méaulcns.
A sa mort, en 1263, le fief fut vendu au comte d'Artois par
Jean Maucliions et Marguerite de Vimy, sa femme, héritière
du défunt. Leurs sceaux pendent à l'acte et ne permettent pas
de lire « Mandons^ ». De môme, le sceau d'Adam de Vimi
suffit à montrer qu'il ne peut être ici question d'Adam de la
Halle =.
A signaler quelques corrections : v. 8, « belle » — bêle; v. 19,
(( Œguiet )) — ŒgiveV ; v. 50, « peloke » — piioke; v. 70,
« ni )) — TiH.
Pièce XV, p. 65. — Les « gueudes » ou « carités » d'Arras
viennent de loin; elles remontent aux origines mêmes de son
organisation civile et industrielle.
Dès le XII® siècle, chaque métier avait sa confrérie, chaque
saint patron sa clientèle corporative ou médicale.
V. 3. L'une est de saint Antone, li autre de saint Main...
Li tierce est saint Mabiu, li quarte saint Tieton* ;
A défaut de légende appropriée à l'attribution, une simple
1. Index, au mot Mandons (ou Maucions). — Voir Demay, Sceaux
tZ'^r/oîs, n"' 689, 690.
2. Reproduit dans la Sigillogr. d'Arras, n° 366. — Demay, ihid., n" 2591.
3. Oegivet, Sainteron, Mahalet, Wauteron, diminutifs de Ogive, Sainte,
Mehaut et Wautiere, étaient des prénoms de femme alors très répandus.
V. le Nccrolor/e des jongleurs, 1221, 1"; 1256, P''; 1270, 3^ 1270, 3'=;
1271, 2\ etc.
4. Le P. Ignace affirme gratuitement qu'une confrérie de Saint-Antoine
fut établie à Arras en 1092. — Bibl. d'Arras, ms. 1037, Mém. du dioc.^
t. IL p. 122. — Ce qui est certain, c'est qu'au xv° siècle il y en avait
quatre sous ce patronage : à Saint-Géry, Saint-Nicolas, Sainte-Croix et
Saint-Nicaise. — Arch. comm. d'Arras, Testaments .
La charité de Saint-Mathieu figure dans les comptes du bailli en 1304,
1306, 1332, etc., pour une rente de 4 deniers sur deu.Y mencaudées de terre à
Becquerel. — Arch. du Nord, Ch. des C. Jean de Celest en était doyen
LA SATIRE A ARRAS AU XIII« SIÈCLE 5
consonance équivoque fixait le choix populaire : saint An-
thoine et « sen vérin », celui-ci naïvement canonisé saint
Vérin % guérissaient l'érysipèle et le rouget; saint Main ou
Méen de Gaël, la rogne et la gale; saint Mathieu et saint
Mor les rhumatisants ' ; saint Etton, les vaches nourri-
cières'.
Le chemin de l'étable conduit directement cette énumération
facétieuse à la basse-com% où l'ironie du poète va chercher le
patron d'une charité nouvelle, plus miraculeuse encore que
toutes les autres,
V. 7. Celle de saint Oison, le frère saint Gourdin.
Mais nus n'i puet entrer son ne le set lordin.
Comme elle n'admet que des sots fieffés, la confrérie des
engourdis et des lourdauds affectera le caractère des sociétés
aristocratiques. A l'imitation de l'archiconfrérie de la Chandelle
d'Arras, dont une allusion rappelle ici même le siège « ens en
l'Euwillerie*, » les « bevées » s'y font au vin, à l'exclusion de
en 1388-89 (ibid.) et Jean Rollans clerc et doyen en 1397-98. — Arch,
comm . d'Arras, Quittances.
Saint Mein, est le patron d'Écoust^ canton de Croisilles, et saint Etton
celui de Biefvillers, canton de Bapaume.
1. « Lequel enfant cheoit en maladie que l'en dit de saint Othoine et de
saint Vérin. «—Arch. nat., JJ, Reg.135, p. 225. — l.e sanctus Veranusdu
Marti/rolof/e, 10 septembre, ne peut être associé à saint Antoine que par
équivoque.
2. Donnez au pauvre qui languit
Du mal saint Fiacre en grant dolour,
De saint Mor et de saint Mahieu.
E. Deschamps (dans La Curne).
3. G.Gazet, Hist. enclés., p. 63 etl56.
4. La rue de l'Euwillerie (de l'Aguillerie^ de l'Aguilletrie), aujourd'hui
des Grand-Viéziers, tirait son nom des fabriques d'aiguilles que le Cartul.
de Guiman y signale dès 1170 (p. 201) : « Domus Villelmi qui acus facit. »
Elle aboutissait au préau et à la salle de la confrérie des Ardents : « Wal-
terus de Ransart pro domo sua en l'Aguillerie ante halam Ardentium, ij s.
in Nat. » — B. N., ms. lat. 10972, Hosta;/ia. — Ceailloir des rentes fonc .
de l'église N.-D. renouvelé en 1231, t" 25.
6 A. GUESNON
la cervoise, et le grand banquet de Pentecôte aux gras oisons
rôtis \
Descchevins et un doyen l'administrent, un maire la préside,
désigné par le sort suivant un mode d'élection que deux mots
obscurs déjà vus laissent encore inexpliqué :
V. 55, Il nos convenra prendre quatorze bielos
Et quinze -pauicellons : cil jeteront les los;
Sour qui il escara, si en ferons maieur.
Il va de soi que les candidats abondent. L'auteur les fait
défiler devant nous en exposant complaisamment leurs titres *
c'est à cette revue satirique qu'il voulait en venir.
Cependant sa fantaisie malicieuse ne se borne pas à cette
première fiction ; il imagine d'y joindre, comme contre-partie,
une congrégation de femmes sous la règle de sainte Auweline,
qu'il place^ on se demande pourquoi^
V. 74. Ens en un grant mares qui est dehors Corbie.
U Index a cherché en vain sainte Auweline dans le martyro-
loge; elle ne s'y trouve pas, et pour cause: une « auwe » est
une « oie » et Auv^eline, le féminin d'Oison, patronage symbo-
lique certainement étranger à l'idée « de personnes peu recom-
mandables par leur caractère ou leurs mœurs ^ » .
Cette vengeance de plume aurait eu pour cause, à ce qu'il
paraît, certains froissements rapportés de Montdidier par notre
ménestrel :
V. 97. J'eslesisse nounain, se Diex me puist aidier,
Se ne fust li pesance que j'euc à Mondisdier. /
1. Le vin de la guilde des marchands et de celle des monnayeurs est
rappelé en 1170 dans le CartuL de Guiman, p. 1!)1. — Le règlement de la
Confrérie de Saint-Dominique des barbiers, de 1247, prohibe le vin et n'au-
torise que la cervoise : « F]t à le bevée ne goustera de vin ne maires ne
eschevins sor iiij den. de fourfait, et li maires sor viij den. » Celui de la
Confrérie des Ardents, du xiv' siècle, entre dans de grands détails au sujet
de la répartition des lots de vin et des oisons pour les trois jours de la fête.
2. Index, au mot Auweline.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII<^ SIÈCLE 7
Serait-ce cà la joute rappelée dans le Jeu de la Feuillée:
V. 725. lîien i parut a Mondidier
S'il jousta le miex ou le pis.
On peut s'étonner que la question n'ait pas été posée; elle
mérite de Têtre, bien que le vague des synchronismes fournis
par les noms cités la laisse encore indécise.
Il semble, en effet, d'après le Nécrologe des jongleurs, que
ce Mathieu le Tailleur (v. 96), soit mort vers la fin de l'année
1257. Mais on a vu dans la pièce précédente un autre Mathieu,
fils d'Ermenfroi, vivant en 1263. .Lequel des deux fut l'époux
de la « gentius dame » ici mise en scène, qu'un acte de 1254
nomme Marie de Simencort^? Probablement le second : c'est
ce qu'il faudrait vérifier.
Mêmes difficultés résultant de l'homonymie dans l'identifi-
cation des Robert Bernart (v. 17), Robert Castelet*, Robert
Cosset (v. 39), Jacques et Jean de Monci (v. 25, 72). Autour
de ce dernier nom, V Index a groupé une foule d'indications
plus ou moins hétérogènes: les Monchy d'Artois s'y confondent
avec ceux du Vermandois, les seigneurs avec les vilains, notre
bourgeois de la Taillerie avec un bailli du comte, — et ce nom
de Monchy, commun à des localités et à des familles déjà si
diverses, avec celui de Monchaux, lui-même indéterminé. Le
moyen de s'y reconnaître !
Du côté des Auwelines, l'attention se porte sur la femme
d'Audefroi, qui voudrait être abbesse du couvent :
V. 80. Car a sainte Auweline a tout sen cors offert,
Et por un grant péril dont ele estescapee
1. Mahius li Taillieres et Marie de Simencort, sa femme, engagent une
dime tenue de Saint- Vaast, en présence d'Ermenfroi le Tailleur. Henri
Hukedieu et autres. Mai 1254. - Bibl. d'Arras, ms. 316, p. 100 et 293.
2. Robert Castelet, sur lequel V Index ne donne aucun renseignement,
figure dans les Hostagia de 1261 pour ses deux maisons rue Saint-Nicolas-
sur-les-Fossés extra-muros {l" 35 v"). Un acte du 4 mars 1271, n. st., fait
mention de la terre qu'il possédait entre Boiry et Hamblain (Bibl. d'Arras,
ms. 316, p. 271).
O A. GUESNON
Audefrois li fist ja une uve capee;
De sen grant caelit le vaut escerveler :
Je cuit c'aucuns de vos eu a oï parler.
On voit qu'il s'agit d'une scène d'alcôve méchamment
ébruitée. L'absence d'un point final au second vers en fausse
tout d'abord l'interprétation. Au vers suivant^ « une uve capée»
{uve pour huve, d'après M. Jeanroy'), me semble, pour la
lettre comme pour le sens, moins vraisemblable que « une vue
capée )) expliqué dans La Curne'. Enfin le Glossaire arme le
bras d'Audefroi d'un caelit \ mot qui n'a jamais désigné qu'un
« châlit », primitivement un lit de parade, du haut duquel, si
Ton en croit la malveillance, l'irascible mari aurait voulu pré-
cipiter sa femme, au risque de lui briser le crâne.
Variantes du ms. : v. 15, a Me sire sains Oison » — Me sires
S. Oisons; v. 39, « Robert Cosses» — Robers Cosses; v. 42,
« Sawalès » — Sawales (cf. XIX, 62) : v. 65, « qeiis » — queûs;
v. 89, et 90, « waaign, mehaign — ms. waaing, mehaing.
Pièce XVI. — Pour avoir robes et argent, le ménestrel
doit faire preuve de savoir auprès de ceux dont il convoite les
dons:
V. 1. Quant menestreus es lius repaire
Bien est raisons ke ses sens paire
Entour iens * u il bee a prendre...
Por avoir reubes et argent.
Mais s'il a recours à l'hospitalité des grands, son cœur sait
choisir, son estime ne va qu'au mérite. Exalter qui s'ennoblit,
flétrir qui se dégrade, telle est sa mission, et il n'y faillira
1. Glossaire, au mot Caper.
2. Dlct. hist., au mot Capl.
3. Glossaire, au mot Caelit : « sorte d'arme. » — Godefroy dit de même,
à propos de ce vers : « caelit, espèce d'arme, » sans justifier cette interpré-
tation de circonstance.
4. Ms. (( ceus », comme plus bas, vers 64.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII^ SIECLE 9
pas. Jamais l'auteur d'une infamie, quoi qu'il puisse offrir,
n'obtiendra de lui qu'il ne s'adresse â son entourage et ne la
relève :
V. 15. Nus meûestreus ne doit souffrir
Por chose c'on M face \ offrir
Ke, se haus hora fait vilonie,
K'il ne paraut a se maisnie,
Mais kese soit de reliver-.
Quel spectacle s'offre aujourd'hui à la censure du poète ! Le
désordre social est à son comble ; le clergé donne l'exemple, la
chevalerie se déshonore. Plus de hiérarchie, plus de classes; la
naissance est une chimère,
V, 51. Nus n'est vilain^ se de cuer non.
Après ce cri de protestation égalitaire, dernière tirade du
long prologue, la toile se lève sur un moulin à vent fantas-
tique, emblème des caractères faux et versatiles que la fiction
met en scène. Cette fois, les acteurs seront pris, non plus dans
la bourgeoisie d'Arras, mais dans la noblesse d'Artois et des
pays limitrophes :
1. Ms. « c'on 11 sace (sache) offrir ».
2. L'ambiguïté du dernier vers rend la traduction contestable. J'ai com-
pris « reliver » dans le .sens de « mettre en relief, signaler ». M. Jeanroy
corrige « du reliver » et pense qu'il s'agit « des reliefs de la table, de
cadeaux ». Il me paraît bien difficile d'harmoniser cette interprétation avec
le contexte. D'autre part, la forme « reliver » pour « relever » est assez
insolite; cependant on trouve « liver » et « lever » usités concurremment.
Woir Floocant, w . 109, 2364, 2371.
Dans cette même citation se rencontre le mot « paraut » que le Glos-
saire rattache à « parler » (V. ce mot). Or, le subj. prés. sing. de
« paroler » donne « paroi t - parout ». Ne serait-il pas plus normal de rat-
tacher « paraut » à « paraler », le subjonctif de « aler » prenant indiffé-
remment les formes « aille, ait, aut », d'où « parait = paraut »? Le sens
général de la phrase reste d'ailleurs le même.
3. Le ms. porte correctement « vilains », comme dans le fabliau Des
checaliers, des clercs et des vilains, où ce vers est reproduit littéralement
(Méon, FabL, IIL p. 29). — M. Guy a suivi la vraie leçon, Introd.,
p. 19.
10 A. GUESNON
V. 60. Li haut liome de cest. pais
Se sont tout asaniblé ensamble
Et concordé ont, ce me samble,
Kil feront un muelin de vent
De cens qui ventent plus sovent
Et ki mex sevent gent ourler'
E ^ décevoir par bel parler.
Le concours est ouvert; a qui va-t-on adjuger le moulin ?
Un premier « venteur » le réclame ; il a nom (f me sire
Bertous )). Adoptant l'opinion de Windahl, M. Guy identifie ce
personnage avec l'usurier Bertoul des Vers de la Mort\ C'est
une erreur; celui-ci était un simple bourgeois^ Bertoul Ver-
dièrCj mort à la fin de l'année 1266, tandis que Tautre est un
chevalier, dont les vers suivants font connaître la résidence :
v. 74. A çou k'il maint près de Blangi
Il afiert bien et par raison
Li muelins soit en se niaison.
Le seigneur qui se réclame de ce voisinage amphibologique
ne peut être que celui de Bailleul, village encore appelé de son
nom Bailleul-sire-Bertoult et contiguà Saint-Laurent-Blangy,
aux faubourgs d'Arras. Un détail topographique, noyé dans le
texte, confirme d'ailleurs l'attribution :
V. 69. A qui k'en poist le fera mètre.
Lisez « Quikenpoist », devise de forteresse seigneuriale
devenue nom de lieu, comme a Quikengrogne », et subsé-
quemment celui de moulins féodaux qu'on rencontre partout* .
1. « Ourler », c'est proprement circonvenir; « décevoir », c'est tromper.
2. Ms. «Et».
.3. Index, au mot Bertoul.
4. Sans parler de la Belgique, il existe en France, d'après leDict. dos
Po.sfns, une quinzaine de Quincampoix diversement orthographiés. Un
nombre à peu près égal de moulins sont déjà relevés sous ce nom dans neuf
départements sur les vingt dont on a publié le Dictionnaire topoçiraphique,
dans la collection in-4° du Ministère. Le Nord, le Pas-de-Calais et la
Somme n'en font pas encore partie.
LA SATIRE A ARRAS AU XIH^ SIÈCLE 11
Bailleul avait son « Quinquempoix »; c'est là, d'après un titre
du temps, que se dressait l'arbre juridictionnel de la sei-
gneurie, sur la hauteur en venant d'Arras\
Plusieurs Bertoul de Bailleul se sont succédé au xiii' siècle.
Le premier est le plus connu ; déjà chevalier avant 1225, il nous
a laissé diverses chartes comprises entre cette date et 1240'.
C'est vraisemblablement à son fils, encore vivant après 1280,
que la satire attribue des droits sur le nouveau moulin.
Bertoul a pour concurrents deux outres gonflées de vent,
« me sire Gilles Dolehaing », — lisez « d'Olehaing', — et le sei-
gneur deNédoncel. L'un aussi vide que l'autre
v. 8L N'a fors que vent en son boucel,
c'est-à-dire « dans le ventre », dérivation et métaphore qui
s'expliquent aisément, surtout en tenant compte de la conson-
nance avec « bouc » du néerlandais « bue, buyc = ventre* » .
Il n'y a donc pas lieu de rattacher « boucel » à a bourse » au
1. « Lettres de Jehan ds Baillœul, escuier, sires de Piètre, en date de
l'an mil CGC et IIJ, où est reprinse la vendition d'un flef tenu dudict de
Baillœul... lequet fief se comprend en set mencaudées de terre labourable
gisant au camp qu'on dit La fosse Amouri/, joingnant au chemin qui
maisne d'Arras à Hennin-Liétart, entre l'arbre de Quiquempoix et
Baillœul, tenant à la terre Jacquemart le Ricque. » — Arch. du Nord, Ch.
des Comptes, papier non inventorié où sont analysés sur deux feuilles les
titres des fiefs tenus du gaule de Boubers qui dépendent du Pont-Levich à
Saint-Laurent.
2. Voir les additions au Caiiul. de Saini-Vaasij vas. de l'Évêché
d'Arras, n" 475, 476, 598, 599, 612. — Il est encore cité en décembre 1242,
Inv. de la Chambre des Comptes de Lille, n°' 746, 747.
3. Olehaing, aujourd'hui Olhain, est une dépendance de Fresnicourt,
arr. de Béthune, canton d'Houdain. Nédoncel (Nédonchel), arr. de Saint-
Pol, canton d'Heuchin.
4. Les chartes du Trésor d'Artois (Inr. somm., A, 323 et 347) offrent
deux mentions de « boucheaux de cuir » en 1314 et 1329, à joindre aux
autres exemples du mot déjà relevés dans les dictionnaires. Sur l'étymo-
logie, voirLittré, au mot Botte, 3, et La Curne, au mot Bouchaus, note 1.
Pour le sens métaphorique^ comp. dans le Jea de la Feailléc, v. 242 :
Chascuus est malades de chiaus,
Par trop plain emplir lor bouchiaus
Et pour che as le ventre enflé si.
12 A. GUESNON
moyen d'un a bourcel » pris métaphoriquement, comme l'in-
dique le Glossaire.
Non moins sérieux sont les titres de Mathieu de Trie :
V. 88. De soufler onkes ne detrie,
Mathieu est, selon toute vraisemblance, le comte de Dam-
martin mort vers 127b\ Notons cependant qu'en 1278, au
tournoi de Ham^ un homonyme, son proche parent^ déjà connu
en 1276 ', rompait des lances en compagnie de plusieurs des
personnages mentionnés ici même : Gérars de Chanlle (Chaui-
nes), Gilles de Neuville avec ses deux frères puînés, et le châ-
telain d'Arras^
Ce châtelain, qualifié de « cardonaus «^ facétieusement sans
doute pour « chardonnier* n, — il s'appelait Bauduin, surnom
de lane', — aspire à dresser le moulin sur le faîte de la prison
d'Arras, dont il est le gardien féodal :
v. 107. Que c'est un Hus u sovenl hille,
onomatopée à double entente, rappelant d'une part le bruit du
vent, flamand « huylen' », de l'autre les hurlements et les cris
des prisonniers, « uller, huiler ».
Et dans une chanson satirique du xiii' siècle contre les moines noirs,
citée par P. Paris, Hist. Htt., XXllI, p. 820 :
Et emplent sovent lor bouciaus
De pain, de vin, de cras morsiaus.
1. P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 653.
2. Léopold Delisle, Restit. cVnn volume des Oliin, n" 260.
3. Fr. Michel, Romnn de Ham, pp. 272, 278, 307-311, 359.
4. Sur ce thème équivoque, « chardonax » et «chardons », Gautier de
Coinsi avait déjà brodé toutes sortes de variations, qui ne remplissant pas
moins de vingt vers de son poème De sainte Lèocade. — Méon, Fabl.,
I, p. 299.
5. Pièce XVII, v. 75 : Ausi com asnes bauduins (baudet)
Se doit servir li Auduins.
De même, pièce XXII, v. 159 :
Ermenfrois sera li mausniers
Et sires Bauduins asniers;
Çou est droiture de moliu
Manoir i doivent bauduin.
6. « Den windt huylt in de schouw, » le vent siffle dans la cheminée.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII" SIÈCLE 13
Une autre maison, où le « vent » souffle en tempête, est celle
de Neuville-Vitasse. Le poète ne tarit pas dans ses quolibets
contre cette dynastie seigneuriale, où les aînés se succédèrent
si longtemps sous le prénom d'Eustache (Witasse), tandis que
le cadet portait non moins régulièrement celui de Gilles. Une
fois cependant, de 1248 à 1255, on voit la série des Eustache
interrompue par un Gilles, seigneur de Neuville. Est-ce lui
personnellement que vise l'allusion, est-ce son second fils ?
V. 133. Ghille et Ghillains et Ghiluis
Ce sont cil ki wardent sen huis.
Le jeu de mots n'est pas douteux; c'est là tout ce qu'on peut
affirmer.
La verve satirique de l'auteur se complaît à ce genre d'équi-
voques, dont il abuse. L'énumération suivante des soi-disant
vaissaux de Neuville en offre un nouvel exemple :
v. 113. Cil de Blangi, de Mentenai...
Losinghehem, cil de Fauvain ^
Ki loiauté moustrent en vain,
Cascuns aporte grant faussait...
\J Index a pris a Losinghehem » pour un nom d'homme ;
c'est une commune voisine de Lillers. Il interprète « cil » par
« celui )) ; le mot est ici pluriel : « ceux » de Blangy, de Lo-
zinghem, de Maintenay, sur l'Authie, près de Campagne; la
différence d'orthographe a sans doute égaré les recherches.
Quant à Fauvain, on pourrait à toute force y voir Fevin,
aujourd'hui Febvin, canton de Fauquembergues.
Cette fantaisie topographique a d'ailleurs pour unique objet
de servir de prétexte à de nouveaux rébus sur l'hypocrisie, la
fourberie, la duplicité du personnage en cause'.
1. Index, Fauvain. C'est le nom de « la fausse asnesse » qui porte
dame Guile, dans Renard le nouvel. De même que « guile », « fauvain »
devient le synonyme de fourberie, hypocrisie. V. ibid., v. 887,1255 et la fin.
2. Blandiri, blandus ont donné en roman les verbes « blandir, blander,
blangier»; les noms « blande, blandie, blanderie, blange, blanche, blan-
14 A. GUESNON
Après l'avoir exécuté, l'allégorie fait défiler devant nous les
autres concurrents et les fustige au passage. Dans le nombre,
quatre se sont récemment signalés^
V. 161. A lagrant feste a Ilarponliu.
Cette localité, dont l'Index n'a pu trouver trace, est une
dépendance de Bourges, canton d'Hénin-Liétard. La seigneurie
en appartenait alors à Robert de Wavrin, fils de Hellin et
dlsabeau de Béthune, branche cadette des sénéchaux de
Flandre'.
Une grande fête plénière y avait été créée, on ne sait à quelle
occasion. Nos bourgeois s'y rendirent; ils furent brutalement
assaillis, plusieurs même culbutés dans les douves du château
par les chevaliers, qui
v. 167. Tenoient grans basions et Ions,
Dont il frôlent sour les crêpons
Et par mi testes et par bras
Les vilains, les bourgois d'Arras.
D'après le Glossaire, les coups auraient porté sur la
chérie » ; les adjectifs « blans, blande, blanche. » La dérivation rencontrant
en chemin notre autre mot « blanc », celui-ci de provenance germanique,
il y eut confusion, le nom de couleur se trouvant correspondre phonétique-
ment à l'idée de flatterie et de fausseté du latin. Mais si cette homophonie
prête aux jeux de mots, elle n'établit pas un rapport de filiation entre des
idées qui n'ont rien de commun. Il n'y a donc pas métaphore, mais équi-
voque. De même que Blangi fait penser à « blangir, blangier » blandlri,
Mentenai à « mentir, meiitiri », Losinghehem à « losengier », Fauvain à
« faux » et « vain », de même « blanc, blanque » rappellent « blans,
blande », hlandiis : ce .sont des calembours. — Voir Index, au mot Blangi,
Glossaire au motBlamc. Cf. XXII, 45, 108, 153.
1. Hugues Fretel, chevalier (v. 151) confirme, par acte de mars 1279, un
échange de terres encloses dans le manoir de Ransart. — Arch . de Pas-de-
Calais, Ccrcamp, Demay, Sceaux d'Artois, n° 311.— Pierre de Maneincourt,
chevalier (v. 153), Marguerite, sa femme, et Robert, leurs fils, sont cités en
1275 dans un acte des Oliin, t. II, p. 72. — Manancourt, Somme, arr.
de Péronne, canton de Combles.
2. F. Brassart, Une cieille Généalogie de la maison de Wavrin, pp. 26,
27. Douai, 1877, in-8».
LA SATIRE A ARRAS AU XIII*» SIÈCLE 15
(( nuque » ; de nombreux exemples permettent d'attribuer à
« crêpons » un sens diamétralement opposé'.
V. 172. La n oi-eni il pas de bras joie
Jakes li Noirs et Jakes Joie.
(( Joie de bras » est resté inexpliqué'; la glose « accolées »
dont cette expression est suivie^ v. 97, la fait sullisamment
comprendre. On disait de même « fête de bras, soûlas de bras »
pour embrassades'.
Nous avons vu plus haut (XIV, 57) que Jacques le Noir était
mort à la fin de l'année 1261 ; la composition de la pièce serait
donc antérieure à cette date. Jacques Joie cité plus loin (XVII,
100 et XXIV, 115) mourut vers la fin de l'année 1270.
Corrections: v. 10, reporter le point et virgule àla fin du vers
suivant; v. 48, « le pieur » — li pieur; v. 84, « c'ainques » —
k'ainques ; v. 148, « u que je voie » — u que je soie.
Pièce XVII, p. 71. — Que chacun fasse silence! Le ménes-
trel apporte une grande nouvelle: sachez qu'on va instituer
dans Arras une confrérie d'Auduins, autrement dit des maris
domestiqués .
En dehors de l'équivalent assez ambigu du Glossaire,
« mari débile », M. Jeanroy ne donne sur ce vocable aucune
indication philologique; l'origine en reste inconnue. Scheler
l'a relevé sous la forme a aduin » dans le conte de La Veuve,
où il est synonyme de « doux, pacifique*». C'est là vraisem-
blablement le sens propre du mot; car, pour emprunter la
définition appliquée ici à l'un d'eux, l'Auduin
v. 99. Çou est uns hom qui het bataille.
De cette nature apathique et débonnaire, le mariage a fait
un inverti,
v. 50. Li Auduins ki n'est mie hom.
1 . Voir les Dictionn. deGodefroy et deLittréaux mots Crkpon et Croupion.
2. Glossaire, au mot Bras.
3. La Curne de Sainte- Palaye, Dictionn.., au mot Bras.
4. Tronc, belges, I, p. 241, vers 494^ et note, p. 348.
16 A. GUESNON
La femme commande en maître, il est l'esclave. Se plier à
ses humeurs, la choyer dans ses migraines, lui servir de page
et de dame d'atours; et puis opposer la patience de Job à ses
emportements, le silence aux invectives, l'inertie aux horions,
telle est en substance la règle des Auduins, dépouillée des déve-
loppements humoristiques qui font le sel et l'enjouement de
cette fantaisie.
Dans un passage, l'intervention conciliatrice de saint Tortuel
nous reporte en arrière à l'amusante fiction de Jean Auris :
V. 60. Et quand il voit la dame he
Par le vertu saint Tortuel
Ki maint preudome fait muel,
Dont set il bien k'il pora vivre
Quant il le sent un petit ivre.
« Faire muel, » c'est rendre muet, c'est-à-dire, en parlant
de l'ivresse, paralyser la langue. « Faire le muet, — faire des
contorsions, des gestes ridicules» — serait tout autre chose;
mais le texte ne nous paraît guère susceptible de cette inter-
prétation suggérée par le Glossaire.
V. 65. On doit bien sen preudome amordre
Qu'il aïut le buée a tordre,
Mais que ce soit sans recincier
Que ne li tourt a reprovier.
Que signifie « aider à tordre la buée pourvu que ce soit sans
recincier (rincer) » ? Si l'on pense qu'il y a nécessairement
une liaison d'idées quelconque entre ces vers et le paragraphe
au-dessus, dont ils sont la suite, il faut bien admettre que
l'une au moins de ces deux opérations du lessivage, « tordre »
et « recincier », doit être prise ici dans un sens détourné la
rattachant à la bouteille. Je paraphraserais donc : « On doit
bien l'amadouer un peu, ce brave homme, pour qu'il aide à
tordre la buée^ ; mais qu'il n'essaye pas de rincer — son gosier,
— ou gare la mercuriale. »
1 . On peut se demander si « tordre la buée » n'est pas un autre jeu
de mots, « buée » prêtant à équivoque avec « bevée » buvée, buverie. On
LA SATIRE A ARRAS AU XIII* SIÈCLE 17
Toujours est -il que, sous le joug de son tyran domestique,
l'Auduin se voit peu à peu réduit à la seigneurie grotesque du
pétrin, y compris ses accessoires,
V. 70 sa panière
Et cuerbille et rastiore et mait.
En vertu de cette suprême prérogative, il peut maintenant
prétendre aux honneurs de la mairie.
Le premier titulaire de l'emploi sera naturellement le fon-
dateur de l'association, Bernard Harduin, bourgeois d'Arras,
inscrit en 1260 parmi les obligataires de la ville de Montreuil-
sur-Mer\ A ce renseignement biographique s'ajoute l'indica-
tion suivante :
V. 80. C'est cil qui gist tous jors al tan.
Était-ce donc un tanneur que ce prétendu chef de corps, ou
bien ne serait-il autre chose qu'un mari « tanné^ »? Pas plus
tanneur as.surément que son confrère Huelart Louchart' n'est
poissonnier d'eau douce ou meunier, bien que dans son ménage
abondent les « tenches », et qu'avec « l'asnage de Blangi » il
cumule « la mouture de Puignel ». Les allusions personnelles,
voilées sous des jeux mots, font de ces fantaisies satiriques un
tissu d'équivoques :
v. 82. A grans caretes et a cars
Viennent tences a sa maison'' ;
Il fu nés en celé saison.
comprendrait alors : a S'il arrive que le caprice de sa femme en liesse
associe l'Auduin aux joies de la bouteille, qu'il en use avec discrétion (sans
recincier), s'il veut éviter une semonce. »
1. J. de Laborde, Layettes du Très, des Ch., t. III, p. 545, col. B.
2. Sur le sens figuré de ce mot au xiu" siècle^ voir dans Littré Tanner,
à l'historique.
3. Huelart ou Huelos Louchart paraît être Hue Louchart, échevin en
avril 1265, d'après un chirographe de l'hôpital Saint-Jean-rEstrée,mort à la
fin de l'année 1272.
4. Équivoque sur « tence», dispute, et a tence )),tinca, tanche, poisson.
Le vers suivant tire de ce calembour rhoroscope rétrospectif du person-
nage.
Moyen Age, t. XIII. 2
18 A. GUESNON
Il a conquis par irctage
Cascui) jour le Blangi l'asnage^
Et s'a de Puignel le meuture
U il preut toute se peuture.
Bète de somme et coups de bâton, telle est la devise de
l'Auduin.
A cette même enseigne symbolique vont être logés les autres
confrères, Hancard de la Warance^ André le Maire^ Mathieu
de le Piere*, Jacques Joie", Robert le Clerc" qui sera leur
l.Le G/ossawrconfoud 1' «asnée », asinata, avec 1' « asnage », asnagium.
Le premier mot représente, comme mesure, la charge normale de l'âne; le
second se rapporte à l'exploitation de son travail par l'ànier et désigne le
droit que celui-ci paye en retour au seigneur du moulin ou à ses tenanciers .
Mais (c Tasnagede Blangi » n'est ici qu'un prétexte à jeux de mots; on y
sous-entend la servilité obséquieuse de l'Auduin, bien mal récompensée par
« la mouture de Puignel », un nom qui rappelle pugnus et pugna, comme
Blangi bîandiri, avec leurs dérivés. — Il n^en est pas moins réel que,
des vingt-trois moulins alors possédés par Saint-Vaast, il y en avait quatre
à Blangy sur la Scarpe. Les tenanciers de l'abbaye livraient les ânes et
percevaient l'a asnage ». Le moulin de Puignel était voisin de la porte de
Puignel, sur le Crinchon extra-muros. Il faisait partie du « pouvoir » de
La Vigue, fief mouvant de Saint-Vaast et possédé par l'avoué d'Arras,
seigneur de Béthune. Au xv" siècle, c'était un moulin à huile (Arch.
comm. d'Arras, Rcg. mèni., VII, f 16 r", mai 1428. Ibid., CartuL, C,
p. 146, sept. 1472). Sur les moulins de Saint-Vaast et leur régie au
xn' siècle, voir Guiman, CartuL (éd. 1875), p. 198, 143, 246, 247, 249,
320, 321, 331, 332, 340,346,et supplément au codex de l'Évêché, n»^ 616, 621.
2. L'absence de prénom ne permet pas d'identifier ce bourgeois de la
rue delaWarance (aujourd'hui des Trois-Visages), ainsi nommée d'une
teinturerie de « bouillon ».
3. Voir p. 20, note 3.
4. Mathieu de le Piere, un des huit sergents héréditaires de la rivière de
Saint-Vaast, figure à ce titre dans une douzaine d'actes, dont dix chiro-
graphes originaux, depuis 1254 jusqu'en février 1270. Il mourut cette
année avant le mois de septembre, deux ans avant Jean Bretel, son col-
lègue. Il laissait une fille, et un fils clerc nommé Jean, qui alla en Pouille.
Arch. du P.-de-C. Saint-Vaast. Prévôté des eaux. Bibl. comm., ms. 316,
p. 261, 281. Arch. hospit. Saint- Jacques, chirogr. Sa maison, rue As-
Têtes (de la Charité), est mentionnée dans les Hostagla de 12G1, f° 19 r°.
5. Mort à la fin de l'année 1270. Cf. pièce XVI.
6. Robert le Clerc est porté au Nccrologc de la Confrérie des jongleurs en
LA SATIRE A ARRAS AU XIII" SIÈCLE 19
doyen: maris tancés, tannés, piles, déplumés\ battus, résignés
quand même, sinon contents.
Ainsi constituée organiquement, il ne manquait plus à la
confrérie que la sanction apostolique. Un délégué est déjà
parti pour Rome, d'où il rapporte, en guise d'indulgence, un
talisman infaillible contrôles violences conjugales.
Il suffira dorénavant que, chaque soir, le mari frictionne
dévotement le gros orteil de sa compagne, pour que celle-ci
soit tenue en conscience de lui épargner les sévices du lende-
demain, et ce, sous peine d'être privée de la sépulture ecclésias-
tique. Ainsi décrété en plein synode :
v. 107. Li clergié bien s'i assené
S'ont concorde en lor plain séné.. .
Pour rendre le vers intelligible, M. Jeanroy propose la
variante « bien s'est assené », — sans s final, non plus qu'à
« clergié » (?). La phrase se comprendra mieux d'elle-même en
lisant et ponctuant :
Li clergié bien s'i assène ;
S'ont concordé en lor plain sène
A propos de ce dernier mot, que le Glossaire 'explique à
tort par « sénat », notons que le « senne » ou synode épiscopal
d'Arras et la foire du « senne » en Cité sont rappelés dans une
foule de documents. L'un et l'autre se tenaient en octobre, le
mardi après la Saint-Denis^
1272, vers la fin de l'année. Est-ce l'auteur des Vers de la Mort? L'hypo-
thèse n'est pas invraisemblable, mais elle ne repose que sur rhomonymie;
or, « le Clerc » était à cette date un nom bien impersonnel.
1. Vers 101. Cinc keues a en sen huvet.
Cinq mèches, ce qui lui reste de cheveux après tant d'assauts. Ce vers a
pour pendant : Plus est piles c'uns pois baiiens.
Cf. XVIII, v. 174. Sovent li fait teste emmelJee.
2. ((Le mardi après le saint Denise ke li sennes est aArras. » — Arch. de
l'hôp. S. -Jean, Chirogr. Nov. 1278. — (( Es jours de l'Assuraption, Nati-
vité N. Dame et le jour du senne. «Arrêt du pari., 23 mars 1344, v. st. —
« Es jours synodaulx et que le senne siet chascun an en ladite église. »
20 A. GUESNON
Les éléments chronologiques de la pièce en font remonter la
composition avant mars 1260. Nous savons en effet qu'un des
bourgeois d'Arras cité plus haut, André le Maire, créancier de
Calais en 1857 et 1258, n'existait plus deux ans après\
Errata : v. 46, « Ce n'est pas tort » —tors; v. 57; « a sen
mengier » — mengnier; v. 79, « Por cou est il maires » —
ert il ; v. 103, ms. a en est diiens » — corr. en ertdiiens; 104,
c'un pois — c'uns pois.
Pièce XVIII, p. 174. — L'Empire et. la Papauté sont en
guerre. Le parti de la discorde soutient l'envahisseur ; ceux
qui veulent la paix déplorent amèrement qu'un tel scandale
soit donné par les seigneurs du monde, eux qui devraient,
maîtres impeccables,
v. 17. [Nous] ensegnera faire bien,
Et ce sont cil ki n'en font rien.
Et le ménestrel de conclure que, puisqu'il s'attaque à Rome,
l'empereur n'a ni foi ni loi, et ne songe qu'à abattre la chré-
tienté.
La gravité de ces réflexions sur les affaires du temps ne
laisse guère soupçonner que, dans la pensée de l'auteur^ elles
doivent servir d'introduction à une satire folâtre contre des
célibataires endurcis.
La transition est aussi plaisante qu'inattendue.
Pour maintenir ses droits et résister aux ennemis qui
l'assiègent, le pape aura sans cesse besoin de nouvelles recrues;
donc il convient d'encourager le mariage et de combattre le
célibat,
Arrêt du pari., 3 avril 1399.— « Au jour que l'évesque dudit lieu a accous-
tumé de tenir son senne, qui est une fois l'an, le jour de mardi prochain
après la feste S. Denis ou mois d'octobre. » — Lettres de Louis XI,
Tournai, févr. 1463, v. st. — Arch. comm. d'Arras. Orig./«c. chron.des
Chartes, Doc. CXLV.
1. Arch. du Pas-de-Calais, Très, des Ch. d'Artois, A, 13, 2 sept. 1257
et 1 mars 1258. — A, 14, 1 mars 1260.
LA SATIRK A ARRAS AU XIII« SIKCLE 21
V. 37. Por le pule croistre et haucier
QiCW aidera a essaucier
Sainte Glise...
En conséquence, les cardinaux ont décidé que les unions,
jusqu'ici canoniquemcnt prohibées au quatrième degré, seront
désormais permises « en tierc point », c'est-à-dire au troi-
sième'.
Sawalon Doucet, Tliibaut Amion, Sawalon le Borgne en
sont ravis', ils vont voir enfin se réaliser leurs rêves. Heureux
1. Lis. avec le ms. « Qui aidera ».
2. Ces degrés se nommaient : 1" cousin « frairin » ou germain, 2" cousin
«en autre » ou second, In altoro f/rada, 3° cousin « en tierc», 4" cousin
«en quart». — V. Du Cange, Cosinus; i-loisin, Coutumes de Li/h',\)A01 ;
Giry, Hist. de Sain(-Oinci\ p. 473, preuves, XCII : «Déclaration pour le
Zoeve (Zoene) de mort de homme ». Cf. ci-devant pièce V, 70 : « Vous
estes mes cousins en autre », inexpliqué au Glossaire^ Autre.
3. Sawales (et non « Sawalés ») Douces mourut avant février 126G, Très .
des Ch. d'Artois, A, 15).
Dans les noms « Sawales — Sawalon, Waghes — Waghon, Hâtes —
Haton, etc. », latin Sawalo, Wafjo, Hato, comme dans « Hughes, Hues »
de Hu;/o, la syllabe finale du cas sujet est atone. Cf. « Sawales » à la rime,
XIX, 62, et K Soales » li Borgnes ci-après, même note.
Les Thibaut Amion se succèdent pendant trois générations, sans qu'on
puisse voir dans ce prénom la preuve d'une descendance directe, car l'un
d'eux est cité en 1271 comme fils de feu Rikier (Mcni.pour Briois, preuves, I,
p. 15). Le premier Thibaut mourut à la fin de l'année 1250. Le second était
en 1261 propriétaire voisin de Rikier, — du Jeu delà Feuillée, — dans la
rue Saint-Jean-Ronville (Hostafjia)- Le troisième était homme du comte
d'Artois en septembre 1280 (Arch. du Nord, Abb. des Pi-ès, orig.) et en
1286 (Très. d'Artois, A, 32). Il mourut en 1313.
Un premier Sawalon le Borgne mourut en 1248, un autre en 1254 (Nècro-
lorje). Peu de temps auparavant, figure en qualité d'échevin, dans un actedu
l"juin 1252, « Soales li Borgnes li Jouenes », vraisemblablement fils du précé-
dent et le personnage de cette satire (Arch. hospit. S(cint-J(ief/iies,c\m\ orig.).
Marié avant oct. 1258 à la fille de Jean Cosset, il entretenait à cette date
des relations financières avec Marguerite, comtesse de Flandre, en com-
pagnie de Bartliélemi le Borgne (son frère f), « fils de feu Sawalon » et de
Barthélemi Verdière dont il sera question plus loin (Godefroy, lurent . Ch.
des Comptes de Lille). Il mourut avant 1276, laissant entre autres enfants
un fils Sawalon, qui siégait comme homme du comte aux plaids de 1286.
Nous ne savons quelle place faire dans ces aperçus généalogiques à
Sagalo Strabo, dont la veuve, Marie Gervaise, fonda, en 1270, unechapellenie
22 A. GUESNON
Gilles le Noir et Baude clcPas\si cette loi eût été promulguée
plus tôt! Ils ont plaidé en vain: leurs mariages sont nuls — et
leurs bourses vides.
Ce n'est pas tout ; le sacré collège vient de faire signifier
aux célibataires de quarante ans et plus quils aient à se marier
dans l'an; sinon ils devront, le délai expiré, rejoindre l'armée
du pape.
Et le poète dresse aussitôt les rôles de ce contingent fantai-
siste, en décochant à chaque nom toutes sortes d'épigramraes,
dont les sous-entendus menacent de rester lettres closes pour
les commentateurs.
Voici d'abord Jacques et Heu vin de la Capele', deux céliba-
taires irréductibles, bien résolus à « aller en l'ost », où ilspor-
teront « blance baniere » et crieront « Wailli » comme signe
de ralliement.
« Blance » bannière s'explique, c'est une équivoque cou-
rante'; mais « Wailli », qu'est-ce à dire* ?
au Couvent-le-Roy, béguinage extra-muros aux environs de la porte Sai nt-
Nicolas-sur-les-Fossés(B. N., lat. 17737, C'«;-/?f/. f/cs chapellenics, f 94 r").
1. Le Nccroloijc des Jongleurs enregistre en 1238 un Baude de Pas, dont
il ne peut être ici question. Celui dont les Hostagin de l'église Notre-Dame
font en 1261 le copropriétaire d'une brasserie en Haiserue, pourrait bien
être le nôtre. M. Guy l'identifie avec un Baude de Pas (échevin de la rue
des Maus en 1290 — Arch. du P.-de-C., Saint-Vaast), dont la veuve se
remaria en 1297 et racheta alors du comte d'Artois l'héritage de son mari
bâtard. D'où M. Guy conclut que, puisqu'il y eut mariage, l'union, d'abord
annulée pour cause de proximité, avait dû être légitimée depuis. Nous ferons
observer que le raisonnement ne vaut que s'il s'agit de la même femme, ce
qu'il faudrait prouver. Si on le suppose, il en résultera que la convolante
devait être septuagénaire, puisque notre satire est antérieure à 1250. Ne
serait-il pas plus vraisemblable de faire de ce bâtard le représentant d'une
troisième génération, et, si l'on veut, le fruit illégitime du mariage annulé?
2. Noter pour mémoire un Helvinus de Capella à l'obituaire de N.-D.
3 févr. — Bibl. d'Arras, ms. 740 — et Nécr. des Jongl., 1242.
3. « Dame ceus qui sont faus dedans
Et blans dehors ne créez mie;
Leur parole n'est fors que vens. »
Chans, de Math.de Gand. — Scbeler. Troue, belges, I, p. 131.
Voir pièce XVI, p. 13, note 2.
4. L'Index rattache le mot "Wailli au cri de guerre des Angevins «Valie»,
LA SATIRE A ARRAS AU XIIl'' SIÈCLE 23
Hellin Audofroi prend la même décision, ainsi que le
frère de Warnier, Jean le Cras, qui s'associe pour cette
campagne avec Henri au Pié : l'un sera le payeur, l'autre le
fourrier' .
Bertoul Verdière devait suivre leur exemple'; il a tourné
casaque et déclare maintenant à qui veut l'entendre,
V. 147. K'awan marier ^se vaura
Le nom de Witart se laura.
« Awan )) voulant dire cette année, la phrase finit avec le
vers et demande un point et virgule. Quant à a witart » (sans
d'après une citation de seconde main sans référence. Elle est titée du Roman
de Rou (éd. Pluquet, I, p. 238). Les deux mots n'ont d'ailleurs aucun
rapport. Sur l'origine du dernier, voir Gni/don (éd. Guessard et Luce),
V. 2197, 3943, 4983, 8231, et l'article de P. Paris dans VHist. liiL, XXH,
p. 238. Notre satire XXH, v. 34, rapproche Wailli de Mentenai, dont il
semble avoir le sens équivoque.
D'autre part, les Vers de la Mort font allusion aux « gens qui Wailli ont
acensie », périphrase désignant des fourbes tiefîés.
1. Le Nêcroloffe enregistre Hellin Audefroi en 1257, Warnier le Cras en
1258, un premier Jean le Cras en 1262, un second en 1272. Jean le Cras
possédait en 1260 une rente viagère de 50 liv. sur la ville de Montreuil
(J. de Laborde, Lajjottns du. Très, des Ch., t. III, p. 54.5). Par lettres de
révêque d'Arras, du 3 nov. 1221, Warnerus clericus, ([id cocjnoinlnatuv
Crassus, eifililsui Gerardus, Johannes et Colardus, cives Atrehatenses,
rendent une terre qu'ils tenaient à Courcelles (B. N., Moreau, Chartes,
vol. 189). Ce même Warnier, clerc, intervient en janvier 1253 dans le pla-
cement d'une somme donnée par lui à la cure de la paroisse de Sainte-Marie
en Cité ^B. N., lat. 17737, f" 66 r"). En novembre 1259, il donna au cha-
pitre des terres à Agny {Licve des chapelains, ms. de l'Evêché). Son obit
est inscrit au 19 mai, date conforme à l'indication du Nécroloqe (Bibl,
d'Arras, ms. 290).
2. Bertoul Verdière, déjà cité dans une précédente note, à propos d'un acte
de 1253, et plus haut, pièce XVI, possédait en 1261, divers immeubles au
Val-Saint-Étienne et en Héronval. Le Nècrologe l'inscrit en 1266. Le pre-
mier Carttil. de Fland/-e (Avch. du Nord) mentionne une quittance donnée
par la comtesse de Flandre à ses exécuteurs testamentaires, le jeudi après
Pâques 1266(?) Il est de nouveau question de ces exécuteurs en 1274 et 1279
(Godefroy, Inc. d'Artois, p. 435 et 493). Les douzains CIV et CV des Vers
de la Mort roulent sur Bertoul, ses usures, sa maladie et son testament.
Ces indications précisent la date du poème.
24 A. GUESNON
majuscule), c'est un mot de signification et d'origine obscures;
il parait être ici l'équivalent de a garçon « (célibataire').
Jacques Fastoul imitera son exemple' :
V. 154. Mais lues ke mariés sera
Paier li convenra l'andouUe:
Jou ne le senc pas a si doulle
K'au paier ne truist compaignon.
« Payer l'andouille » se rapporte sans doute à quelqu'une
de ces amendes burlesques imposées par le « seigneur des
Chétifs » ou toute autre juridiction joyeuse de même nature aux
jeunes gens nouveaux mariés, coupables de manquements pré-
tendus aux règles du code matrimonial. On a compris autre-
ment; mais le sens graveleux auquel pourrait prêter l'expres-
sion semble ici peu vraisemblable'.
Raoul Augrenon, le frère de Bauduin*, ne partira pas davan-
tage, l'instinct belliqueux lui manque,
v. IfiO. Et, s'il prent feme, bien afiert
Que il de li soit auduins.
1. On trouve ce mot sous forme de sobriquet : « Witars de Tournehem,
fauconnier du roi, » juillet 1282 (i/ic. soin, du Très, des Ch. d'Artois,
A, 28) : «.. . pour assaillir Jehan k'on dist Witart en se maison à Gouves »
(Arch. du Nord, Compte du bailliage d'Arras, Touss. 1308).
2. Le Nêcrologe enregistre Jacques Fastoul en 1259.
3. La Curne, Dict., au mot A.ndouille.
4. Raoul Augrenon mourut en 1273. Son frère serait le « seigneur Bauduin
Augrenon », chanoine d'Arras, qui, par actes d'octobre 1256 et septembre
1258, devint propriétaire d'une maison en Galeurue, aujourd'hui rue
d'Amiens (Arch. du P.-de-C, Chapitre N^.-D., orig.). Cette maison est
reprise à son nom « dominus Balduinus dictus Au Grenon » dans les
Hostagia de 1261, f" 7. 11 la revendit en 1268 par acte du 23 avril (B. N.,
Moreau, Chartes, vol. 192, f" 123). 11 est inscrit à l'obituaire de N.-D.
d'Arras au 22 nov. (Bibl. d'Arras, ms. 740 et 424) et aussi à l'obituaire de
N.-D. de Lens, dont il fut chanoine (Ms. collect. Dancoisne). Jean Ver-
diëre, clerc, acheta en nov. 1282 un manoir à Méaulens, « lequel fu jadis
à maistre Baude Augrenon » (Arch. du ^.-à^-C, Saint- Vaast, chirogr. orig.).
Maître Baude Augrenon est l'auteur d'une chanson d'amour publiée par
Keller, Roincart, p. 276. C'est un nom de plus au catalogue des poètes
chansonniers de l'Église d'Arras.
LA SATIRE A ARRAS AU XIIl' SIÈCLE 25
Bruriel Doucet, lui aussi, n'avait cure de bataille, et le mal-
heureux a pris femme ! — une femme qui ne songe,
V. 174. Fors de faire Brunel mellee :
Sovent li fait teste enmell(e)e.
Son prénom était Robert' ; « Brunel » n'est qu'un nom de
guerre, dont la rencontre équivoque avec « mellee* » prélude
aux calembours des vers suivants :
V. 179. Car en testes, en diemences
A il deus mes, limes et tences.
On devine aisément (jue les deux plats de cet ordinaire
conjugal ne sont ni des tanches ni des limandes ; mais des
disputes et des agacements sans fin.
v. 181. Espargnier voel un mien ami
Ki ier soir se turka a mi ' ;
Il a a non Waas li Maire*.
1. « Sacent tout, etc., ke Jehans Mikaingne d'Arras, bourgois de Douay,
a qui té et quite clamet Jakemon Doucet ki fils fu Robert Brunel, boigois
d'Arras, etc. » 2 juillet 1271 (Arch. de Douai, FF, 657, chirogr. orig.). —
Cf. « Michel Doucet d'Arras appelé Brunel », juin 1290 (J. de Saint-
Génois, Inv. Rupelmondc, n° 532). Le Nècrologe inscrit Robert Brunel
en 1267.
2. « Vous qui estiez ung peu brusnel et meslé de cheveulx. » Prophéties
de Merlin. — Godefroy, au mot Brunel.
3. Le Glossaire relève Turkier sans l'interpréter. Godefroy renvoie
à TuRCHiER qu'il ne donne pas. La Curne traduit : « Passer aux Turcs,
abjurer. » Or, dans tous les exemples connus, ce mot signifie « retourner, se
retourner ». Celui que cite Méon, Fabl., II, p. 404, porte sa glose:
Li moine noir sont si turque
Et ce devant derrier torné.
Dans ce mot, La Curne ne voit que la métaphore, mais il y a le sens
propre à expliquer. Ne viendrait-il pas du Turc monté sur pivot qui
recevait les assauts des jouteurs aux jeux de la Quintaine? La volte-face
de ce mannequin expliquerait étymologiquement « turkier » dans ses di-
verses acceptions.
4. Vaast li Maires est porté au A't'cro/or/e en 1271. En 1267, on le voit
associé à Robert Crespin comme créancier de la comtesse de Flandre. Son
sceau (pierre gravée) pend à l'acte (Godefroy, Inc. chron., n° 1486 —
Demay, Sceaux de Flandre, L n° 4496).
26 A. GUESNON
Ce célibataire a jeté son dévolu sur une femme experte, telle
qu'il faut à un vieux garçon.
Mais comme Vaas se frotte' un peu partout, la dame craint
la concurrence, et elle ne se décide pas. — Singulière façon
d'épargner un ami !
Mathieu le Roi' serait marié depuis un mois, si une mauvaise
langue ne se fût avisée de dire
V. 199. K'il ne goustoit de venison
Et ke si oel ont menison
Si keil ceurent treslout hors.
On comprend la lettre, mais quel est le fin mot de ces
malices? Il nous échappe complètement.
Enfin, Wike Reveaus' affirme, — il n'a d'ailleurs jamais dit
vrai, — qu'il ne se mariera pas de sitôt, à moins de prendre
Robert de Gore*,
V. 213. Car Robert ne veut il cangier
Car ses roussoles veut mangier^
UIndex et le Glossaire s'accordent à voir dans ces vers
une allusion à des mœurs inavouables''. La métaphore serait
1. C'est ce que « tert » veut dire dans le vers 192 : « Por çou k'il tert
partout se queue. » Le Glossaire fait suivre Terdre d'un point d'interro-
gation : le sens de « frotter, essuyer, tergere » ne peut être douteux.
2. Le Nécrolof/c inscrit Mathieu le Roi à la fin de l'année 1259.
3. Wike Reviaus est inscrit au Nécrologe en 1262, vers la Pentecôte.
4. Robert de Gore, d'après le Nccrologc, mourut en 1249, vers décembre.
Cette date serait décisive, si l'identification était complètement à l'abri des
surprises de l'homonymie.
5. La leçon « ronssoles » est certaine ici, et très probable ci-dessus, I, 41.
Le Nècrologe inscrit deux décès sous cette rubrique : 1195 Roissole; 1213
Fasiens roisole. Le mot est écrit « roinssoles » dans Méon , Fabl., I, p. 279, IV,
p. 91, et dans Jubinal, Mgst. du XV .s., II, p. 404. Jubinal a lu « Quirre le
moule aux roinssoles » au lieu de « querre » (chercher la quadrature du
cercle) et, chose plus grave, il a expliqué « cuire » de façon à tromper la
sagacité de P. Paris, qui reproduit de confiance la leçon et la glose, Hisi.
lia. , XXIII, p. 216 (Cf. B. N., ms. fr. 7218, f° 341 v").
6. Le Glossaire au mot RoussoUes: « XVlll, 214 : sens obscène. » —
VIndex au mot Gore : « Individu de mœurs suspectes. »
LA SATIRE A ARHAS AU XIII^ SIÈCLE 27
bien étrange! Tout au plus pourrait-elle s'entendre de la par-
ticipation d'un intime du mari aux faveurs de la dame. Mais il
se peut aussi que le trait satirique vise uniquement la camara-
derie intéressée d'un parasite, ami de la bonne chère. L'une
ou l'autre de ces alternatives doit sullire à l'expliquer.
La liste s'arrête là, sur cette réflexion qu'elle serait intermi-
nable s'il fallait y comprendre tous les célibataires d'Arras à
marier dans l'an.
A la plupart des noms cités se rattachent des données chro-
nologiques, dates mortuaires et autres, dont l'ensemble per-
mettrait déjà, malgré certaines incertitudes inhérentes à
l'homonymie, d'attribuer à la composition de cette pièce une
date extrême sensiblement antérieure à celles des pièces pré-
cédentes. Mais le texte lui-même nous fournit un synchronisme
non moins précis, en rappelant dès le début les guerres de
Frédéric II contre Grégoire IX et Innocent IV.
Après avoir exposé et discuté les conditions historiques du
problème, M. Guy conclut « que cette satire a été écrite entre
1246 et 1249 », solution qui offre en effet beaucoup de vraisem-
blance ; et il ajoute « plutôt vers la seconde de ces dates,
pui.sque le poète parle des insuccès de l'empereur (v. 28)' ».
Le vers sur lequel M. Guy fonde cette dernière opinion,
Gaaigner cuide et il tout pert,
ne me semble avoir aucun rapport avec les revers éprouvés par
Frédéric. C'est une simple réflexion empruntée à l'Évangile de
saint Matthieu, et conséquemment d'ordre spiritueP.
Peut-être trouverait-on une raison meilleure pour reculer
la date de cette pièce, au lieu de l'avancer, dans cette hypo-
thèse que
Et cil qui ne voelent fors pais
renfermerait une allusion aux tentatives infructueuses faites
1. Voir l'Index, au mot Apostoile.
2. Qnid cniin prodcsl hoininl si inunduni uniccrsaia lucrctur, aninice
rcj'o suce detrinxentum patiatur . Matth., xvi, 26.
28 A. GUESNON
dès 1240, et surtout par saint Louis en 1245, pour réconcilier
les belligérants. Cependant le plus sûr est de s'en tenir, pour le
moment, à la date de 1249 comme dernière limite probable.
Errata : v. 38, k'il aidera — ki aidera; y. 55, k'i s'esjoï —
ki ; V. 74, pieç'a — pièce a; v. 124, siwent — sic eut ; v. 126^
Hellius — Hellins; v. 143, Mais un a — Mais il a; v. 155,
convenra — couveiira; v. 143, Waas — Vaas; v. 189, Et
ligement fu — fast; v. 214, roussoles — ronssoles.
Pièce XIX, p. 79. — Le monologue satirique prend cette
fois pour thème l'indélicatesse professionnelle de certains tra-
fiquants d'Arras en laines d'Angleterre'. Le jongleur se pré-
sente d'abord au public :
V. 1. Biau signeur, je ne sui ne sorciers ne devins,
Semoneres de cors, ne crieras de vins,
Ains sui li mervilleus, cil qui dist les mervelles:
Por cou me mande on as f estes et as velles.
« Mervelles » et « velles » ont le cachet artésien : le cham-
penois Rutcbeuf arimé, lui aussi, les ((merveilles» de ses contes
avec leur succès aux « veilles » ; mais il écrit et prononce au-
trement. Quant au (( semoneres de cors », dont M. Jeanroy
propose de faire (( un montreur de reliques », c'était le crieur
des trépassés, celui qui convoquait aux funérailles ^
1 . Nous avons imprimé le texte de cette satire avec quelques commentaires
dans une notice sur le Licre rouge de la Viniaine d'Arras, lue au congrès
des Sociétés savantes et insérée au Bulletin historique et pi dlo logique,
année 1898.
2. Voir Los crieries de Pnrts, dans Méon, Fahl., II, p. 284, v. 145'
(( Item, s'aucuns confrères trespasse de ce siècle, que li semonneur
» facent semonce d'iestre au corps, les confrères et tous les défalans ki ne
» seront as vegilles et à le messe soient deswagietde V s. tournois, dont ly
» semonneur aront l'un denier, et les autres IIII deniers revenront au pourfit
» doudit hospital. » — Statuts de la confr. des pèlerins de S. Jacques de
Tournai antérieurs à 1358. Bull, de la Soc. hist. de Tournai, t. IX,
p. 306. Cf. (( Crier rez des corps qui crie les bans. » Deuxième coutume
d'Amiens, § 26, dans Aug. Thierry, Tiers État, i. I, p. 161.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII» SIÈCLE 29
Son annonce terminée, l'auteur se fait acteur dans le rôle
d'un Anglais récemment débarqué, que la peur de la guerre et
le souci de créances en péril amènent sur le continent. Quinze
sacs de laine ont été vendus par sa tante à divers bourgeois
d'Arras; ceux-ci renient leur dette. Le neveu va les poursuivre,
et nul ne sera si puissant qu'il
V. 15. Ne le face semonre dedans Varceoeskié.
On dist Jehans Durans en a une sakié . .
Ce dernier mot choque les vraisemblances; la véritable leçon
est « sakie » encore usité en Artois pour « sachée », la con-
tenance d'un sac. « Sakié » s'est laissé influencer par la rime,
bien à tort, car^ à côté d' « arceveskié », il existe une forme
féminine « arceveskié », celle qui convenait ici. L'accent doit
donc disparaître de l'une et l'autre terminaison \
Jean Durant marche en tête des débiteurs récalcitrants, dont
vingt seulement sont nommés tout au long dans ce réquisi-
toire . Dix figurent à V Index s-àns aucune indication personnelle ;
les autres y sont très inégalement identifiés. Dans cette pénurie
biographique^ les dates mortuaires que le Nécrologe rattache
à douze des noms incriminés ne sauraient être un secours né-
gligeable'. D'autres renseignements peuvent d'ailleurs venir
s'y joindre.
Sur les crieurs et la ci'ierie des vins à Arras vers la fin du xif siècle,
on peut consulter Bodel qui les met en scène et reproduit la formule dans
Li jus de saint Nicholai (Monmerqué et Michel, Théâtre fr. cm nwj/cii
ûrjc, p. 180). Cf. Méon, Fabl., II, p. 282, v. 123. — Les crieurs de vin
étaient des suppôts de l'échevinage et, comme tels, chargés d'amener les
témoins en halle. — Arch. du P.-de-C, Très, des ch. d'Artois, A, 127
(1289). Collect. Dancoisne, Comptes des baillis, Chand. 1309.
1. Molt l'onnera tant com veschie.
Chascun an par l'arce veschie...
Méon, Fabl. et Contes, I, p. 271, v. 25. Autre ex., ibid., p. 326, v. 1370.
Cf. « A icel tans le bon evesque Lambert qui fu li premerains evesques
d'Arraz après ce que ceste eveschie fu dessevrée de l'eveschie de Cam-
brai... ». Mèin. de l'Acad. d'Arras, 2' série, t. XXX, p. 81. Cf. Du
Cange, Epis copia.
2. Us sont relevés en note un peu plus loin, page 33.
30 A. GUESNON
V. 26. Et Bernars Ilarduins, si estTibaus Reviaus.
Le premier, déjà vu dans la satire des Auduins, ne nous est
connu jusqu'ici que par un compte de Montreuil-sur-Mer, où il
se rencontre en 1260 avec d'autres bourgeois d'Arras, souscrip-
teurs aux emprunts de cette ville'. Le second faisait partie de
l'échevinage en 1255, 1261 et 1262'. Il possédait alors une
maison au « pouvoir » du Jardin, vers le puits de Fromont'. Il
mourut en 1263.
V. 27. Nis Wautiers Naimeri n'i ruis jou déporter
S'il ne fait celé laine en maison raporter ;
Ja por sen bastoncel ne lairai ne li rueve.
Son « bastoncel » nous révélerait à lui seul les fonctions offi-
cielles de Wautier Naimeri, si le poème burlesque XXIII, 168,
ne disait formellement :
Et Wautier Nainmeri, qui fat de bon sargant...
Le « bâton » du châtelain, de l'Église, etc., était une expres-
sion courante pour signifier leur juridiction*, et Wautier Nai-
meri exerçait une des sergentises de cet office féodal, tout en
se livrant au négoce.
v. 30. As cipaves qu'il fait me mostre bien et proeve
Qu'il a de celé laine assés plus d'un pezon :
.T'en ai le contrepois deriere no lezon.
« Cipaves, » grimaces, doit se lire « cipaues ». On l'a vu ci-
dessus, II, 15, rimant avec «flauwes », et les formes graphiques
1. Voir pièce XVII, note 2.
2. Arch. du Nord, Premier Cartiil. d'Artois, pièce 98. Godefroy,
Intent., n" 1111. — Arch. de l'hôpital Saint-Jean-Lestrée, Saint-Jacques,
chirogr., orig., oct. 1261, et févr. 1262.
3. Hostagia, i' 27.
4. Incent. chron. des ch. delà cille d'Arras, doc. CLXXXVI, p. 2.34.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII" SIÈCLE 31
« chipoe » et « floe », alors concurremment usitées, attestent la
véritable prononciation \
V. 29. Or me covienl la jus en l'abie avaler.
A Henri Huquediu meconvenra parler.
Il faut lire « en l'Abie » et comprendre « rue de l'Abbaye*».
Cette rue descendait de celle de la Warance à la porte de Méau-
lens. C'est là, près du Molinel, que demeurait Henri Huque-
dieu, dans un manoir patrimonial déjà signalé en 1170% et non
dans une maison de l'Estrée, comme l'a supposé Y Index'' .
Ce personnage nous est surtout connu pour avoir eu maille
à partir avec le trop fameux frère Robert, l'inquisiteur de la
foi. L'acte relatif à cette affaire nous apprend qu'il fréquentait
les foires de Champagne. Peut-être était-il dans la draperie,
comme semblent l'indiquer ces vers :
V. 42. Il a le plus naïue de le laine m'antain :
Bien en puet faire cape por çou qu'il est capes,
Mais encor n'est-il mie de me rime escapés,
Se je n'ai celé cape qu'il m'a pieç'a pramise.
Je croi qu'ele est de bure, si est tote remise.
« Por çou qu'il est capes » est une allusion dont le sens reste
obscur. Le mot de l'énigme pourrait bien être une de ces équi-
voques coutumières à l'auteur, comme celles du dernier vers,
où « bure », étoffe, qui s'entend aussi « beurre », correspond à
« remise » dans sa double acception de « ditîérée » et « fon-
due' ».I1 est plaisant, par parenthèse, de voir l'acteur en scène
1. Le Glossaire fait dériver Flauwe de Fabula; c'est un mot germa-
nique, « flau » faible, ainsi qu'à la fin du siècle dernier le constatait déjà
J. C. Adelung, Wôrterb. des hochdcutsch. Mundart. — Cf. J. u.W. Grimm,
Wôrterb., à ce mot.
2. Voir pièce XVII, note sur le mot Warance.
3. Guiman, Cartulaire de l'abb. de Saint- Vaast, p. 201.
4. Aux mots Bouteillier et Huquedieu.
5. « Et la cire remise qui sorondera de la chandoile... » Méni. de l'Acad.
d'Arras, t. XXX, loc. cit.
32 A. GUESNON
interrompre son rôle, pour réclamer, comme trouvère, le man-
teau qu'on lui avait promis et qui n'est jamais venu.
Ajoutons pour dernier renseignement que Henri Huquedieu
mourut en 1272, vers la Pentecôte.
Cette liste des vingt débiteurs nommés se complète de
quelques autres trafiquants, dont chacun est désigné soit par sa
fonction, soit par un prénom qui aujourd'hui ne nous dit rien :
v. 49. Et un vallet i a, que ne vos os nomer
Par deus v et un i je crois ses noms conmence;
Deus elles a et une emme et [une] esse mes.
« La réunion de ces lettres, » dit M. Jeanroy, « forme
Willms, abréviation de Willaumes\ C'est bien le sens en effet,
mais il n'y a pas d'abréviation; le mot est écrit tout au long
et le ms. l'épelle ainsi:
Par deus v et un i je croi ses noms conmence ;
Deus eLLes a et v eMme e esse mes.
Nous n'en sommes pas mieux renseignés sur ce Willaume,
dont la personnalité flotte dans le vague des hypothèses'.
On en peut dire autant de
V. 62. Me sire Bauduïns et me sire Sawales,
deux parents énigmatiques d'un maire d'Arras anonyme'. Ce
magistrat lui-même n'est pas complètement à l'abri des insi-
nuations malveillantes : on trafiquait si outrageusement dans
son entourage!
Mais que penser d'un archidiacre d'Ostrevant qui s'en va
compromettre l'Église dans des spéculations louches sur la laine
1. Chans. et Dits artès., p. 81, en note.
2. Peut-être Guillaume Faverel, cité dans la pièce XXII, 165.
.3. « Me sire Bauduins, li frères le maieur d'Arras et me dame Ghille
se feme » sont nommés dans un acte d'avril 1244 (1245?). Arch. duP.-de-C.,
So.int-Vaasf., chirogr. orig. — Le maire d'Arras Nicolas, dont nous avons le
sceau en 1245, mourut en 1250. Est-ce de lui ou bien de son successeur
inconnu qu'il est ici question? Quant à « me sire Sawales », notons à tout
hasard « Sagalo de Attrebato, miles », mentionné dans un acte d'oût 1246
(B. N., lat. 177.37, Rer/. des chapellenics, f 63 v").
LA SATIlîE A AKItAS AL* XllI^ SIECLE 33
à ma tante? C'est à juste titre qu'il sera traduit, comme ses
coassociés, devant la juridiction compétente au castel de So-
tinghehem, vulgo Arras\
Et le poète de s'étendre avec complaisance sur la description
de cette cour symbolique de Soteville en pays de cocagne, dont
il fait le domaine de la folie, couronnant ainsi par une allégorie
insuffisamment transparente une fiction dont on a peine à
démêler la véritable portée satirique.
D'après les données chronologiques, cette composition,
comme les précédentes, remonterait au delà de 1260. Si l'allu-
sion du début a trait à la guerre des barons anglais, et c'est le
rapprochement qui vient tout d'abord à l'esprit, la date de 1258
s'impose.
Cependant le doute surgit, quand, parmi les noms cités dans
la pièce, on en relève six dans les inscriptions du Nécroioge
compris entre 1244 et 1248'. Bien qu'on doive toujours compter
avec les hasards de l'homonymie, il est difficile d'admettre cette
rencontre pour six noms à la fois, dont pas un ne reparaît
1 . V Index supposeque Soflnr/Jw/iein pourrait bien désigner ici le sous-bailli
d'Arras, Guillaume de Hokinghehem : la plaisanterie du texte consisterait
à(( changer Ho/,inrjh('hcin en Sotiru/hc/icni et à parler de ce magistrat comme
du château-fort et du refuge des sots ». Quand même on admettrait la
hardiesse de cette figure^ l'hypothèse ne tiendrait pas, le sous-bailli en
question (1285-1290) étant de vingt-cinqans au moins postérieur à la com-
position de la pièce; de plus, la cause ne ressortissait pas à son tribunal.
La seigneurie de Hocquinghem, canton de Guines, et celle de Zotteghem
au comté d'Alost, Flandre-Orientale, n'ont donc aucun rapport. La dernière
doit à son nom équivoque surtout, et peut-être aussi à des allusions qui
nous échappent, d'avoir été choisie comme siège allégorique d'une juridic-
tion spéciale dépendante de Saint-Acaire.
Nous ne voyons non plus aucune relation étymologique entre ce patron
des fous et le nom de la famille « Acariot, Achariot », qui s'écrivait aussi
« As Charios ». — Voir VIndcv, à ce mot.
2. Voici les douze inscriptions mortuaires relevées dans l'ordre chrono-
logique : Alars Foubers 1243, 3''; Wautier Naimeri 1244, 2'*; Jehan Tenevel
1248, 2'''; Thomas Rairabert lâ53, 3'; Martin Veel 1255, 3^'; Hellin Au-
defroi 12.57, 2'-; Jacques le Noir 1261, 2'; Gossuin de Hees 1261, 2"; Raoul
le Boutellier 1262, 2"; Thibaut Revel 1262, 3'"; Jehan David 1267, 3'^;
Henri Huquedieu 1271, 3*"; Wautier Mulet 1274, 1".
Moyen Age, t. XIII 3
34 A. GUESNON
ultérieurement ni au Nécrologc ni ailleurs. La date ci-dessus
semble donc devoir rétrograder d'un certain nombre d'années,
quoique peu vraisemblablement jusqu'à la guerre de 1242.
Ce qui tendrait à appuyer cette conjecture, c'est le nom de
Bernard appliqué à l'archidiacre ci-dessus visé :
V. 70. S'il cuke^ de se corne, nus ne l'en doit blasmer,
K'ainc mais ne vi Bernart ne mouton si cornu' ;
Je croi de grant sience a il tout sen cors nu.
Or, Bernard, archidiacre d'Ostrevant en l'église d'Arras, est
cité dans les actes en 1244, 1245,1248. Son successeur, Mathieu
de Gand, était en fonctions en 1253'.
Il est vrai de dire que Bernard, surnom de l'âne, l'archi-
prêtre du Roman du Renard, pourrait n'être ici^ comme
ailleurs « renard » lui-même (XV, 13), comme a tartufe »,
qu'une simple appellation générique, applicable par conséquent
à n'importe quel archidiacre taxé de sottise et d'ignorance,
auquel cas « bernard » devrait prendre une minuscule.
Ce point reste donc indécis jusqu'à plus ample information.
Errata :v. 7, Angleterre — Engleierre; y. 8,parpaor — par
paor; v. 27, Nis Wautiers Naimeri — Wautier Naimmeri ;
V.58, Jes i mesisse tous — ms. messisse; v. 73 et v. 78, Signor,
Sotinghehem est uns moût bons castiaus — Sotinghehens;
v. 74, avoec — -avoc; v. 76, Li carpentiers est fol — est fols;
v. 78, marqu[e]ans — marqueans.
1. Cukier, c'est ((choquer»; on le trouve répété huit fois au moins
dans le Roman de Hain {xui' siècle), publié par F. Michel à la suite de
VHist. des ducs de Normandie. Le mot n'est donc pas entré récemment
dans la langue, comme le pensent Littré et Bracliet.
2. «Bernart, cornart, mouton cornu », synonymes de sottise :
Qui plus est SOS et bobelins
Que li moutons sire Belins.
G. de Coinsy, Don tllaiii charruier, v. 267.
3,Arch. duP.-de-C, Inc. soinm.^sénQ A, p. 18, 19, 20, col. B. — Arch.
du Nord, Inc. des ch. de la Chambre des Comptes ( impr.), n" 814, 892,
107.5.
(.1 suivre).
DOCUMENTS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES MŒURS
AU XIIP ET AU XIV« SIÈCLE
L'histoire des habitudes sociales et des mœurs au moyen
âge a été plus négligée, jusqu'à présent, que celle des événe-
ments et des institutions politiques. Ce n'est pas ici le lieu
d'expliquer pourquoi. Il suffit de constater que ce n'est pas
parce que les documents font défaut.
Les renseignements pour l'histoire des mœurs abondent dans
notre ancienne littérature. J'ai indiqué ailleurs les précautions
à prendre pour les utiliser et le parti que les « philologues »,
sinon les historiens de profession, en ont tiré depuis vingt-cinq
ans, notamment en Allemagne'.
Il y a aussi, dans nos archives, quantité de documents qui sont
des sources excellentes pour l'histoire des mœurs privées et
publiques, en France. — Les plus expressifs, sans contredit,
sont ces procès-verbaux notariés d'enquêtes judiciaires ou
administratives, par demandes et réponses, qui reproduisent,
avec une précision, un coloris et une fidélité si rares, des
scènes de la vie d'autrefois. En comparaison, presque tous les
autres textes du moyen âge laissent l'impression d'une séche-
resse ou d'une insincérité dégoûtantes.
Quelques-unes des enquêtes assez nombreuses, sous forme
de rouleaux et de registres, qui ont été conservées depuis le
1. Les tracaux sur l'histoire de la société française au moyen âqe
d'après les sources littéraires^ dans la Reçue historique, LXIII (1897),
p. 241-265.
36 cil. V. LAXGLOIS
XIII* siècle, ont attiré de bonne lieure l'attention des érudits,
tant à raison de leur ampleur, — il en est qui fourniraient la
matière de plusieurs volumes d'une impression compacte, —
qu'à cause de l'intérêt qu'elles présentent pour l'histoire poli-
tique. La plupart des épisodes les mieux connus de l'histoire
du XIII'' et du xiv*^ siècle le sont grâce à des enquêtes : le cas de
Pierre de Benais, l'affaire des Templiers, celle de Bernard
Saisset, les aventures de Guichard de Troyes, de Bernard
Délicieux, de Robert d'Artois, etc.'. On sait que le tome XXIV
(sous presse) des Historiens de la France contiendra tous les
fragments qui subsistent de la grande enquête instituée
en 1247, par Louis IX, pour recueillir les plaintes de ses sujets
contre les officiers royaux.
Mais, autrefois comme aujourd'hui, les causes célèbres
n'étaient pas toujours, au point de vue qui nous occupe, les
plus instructives. En tout cas, elles ne sont pas les seules qui
soient instructives. Les grands procès politiques ou semi-poli-
tiques, exceptionnels, qui surexcitent les passions et boule-
versent les consciences, révèlent parfois aux contemporains
eux-mêmes, sur la société dont ils font partie, des choses
profondes qu'ils ignoraient; mais la gazette quotidienne des
tribunaux civils, criminels et administratifs est riche en détails
familiers, savoureux, typiques, qui sont très précieux, en leur
genre, pour la postérité. — Or, le temps a épargné (par
hasard) les comptes rendus circonstanciés d'une foule de
petites affaires, touchant des personnages obscurs, qui se sont
passées au moyen âge. Ces comptes rendus là, les historiens
qui ont écrit l'histoire proprement dite (celle des événements
politiques), n'ont pas eu, naturellement, à s'en servir ; les
historiens du droit s'en sont servis, mais seulement pour en
1. Les enquêtes relatives aux affaires de Guichard de Troyes et de
Ëobert d'Artois ont été étudiées à fond, d'après la méthode suivie par les
auteurs des opuscules ci-dessous pubhés, par deux de mes anciens élèves,
MM. A. Rigault {La Procès de Guichard, cccqae de Troj/cs, Paris, 1896,
in-S"), et J. Lefrancq (Positions des Mémoires présentes à la Faculté des
Lettres, 1896, p. 55).
nOcl'MENTS POIR SEUMi; A I.'lIIS TOIIîl-: OKS MiEl'RS 37
extraire des données sur les formes et la marche de la procé-
dure; plusieurs ont été publiés, mais, pour ainsi dire, acciden-
tellement, dans des inventaires d'archives ou dans des recueils
de Miscellanea ; beaucoup sont encore inédits '.
Dans ces conditions, j'ai pensé qu'il y avait lieu : 1° de se
rendre compte de ce qui reste de la chronique des tribunaux
pour répoque qui est l'objet ordinaire de nos études, c'est-à-
dire le siècle qui commence vers le temps de l'avènement de
Louis IX : 2^ d'analyser les pièces qui paraîtraient en valoir la
peine, avec l'intention de relever les traits caractéristiques et les
renseignements positifs qui s'y trouvent ordinairement noyés
dans un verbiage sans fin. — Tel est le sujet de recherches et
d'exercices en commun que j'ai proposé aux auditeurs de l'une
de mes conférences à la Faculté des Lettres de Paris, pendant
l'année 1898-1899.
Un répertoire (provisoire), sur fiches, a été dressé des procès-
verbaux d'enquête du xiii" et des premières années du
xiV^ siècle, qui existent aux Archives Nationales, à la Biblio-
thèque Nationale, dans les archives et les bibliothèques de
province '.
Quelques pièces, parmi celles qui semblent inédites, ont été
analysées, à titre d'essai, par MM. F.-E. Martin^ Hiickel et
Alphandéry. Elles ne renferment rien d'extraordinaire ; mais
nous ne nous attendions à rien de tel. Ce sont simplement,
comme les enquêtes de 1247, qui vont être publiées dans les
Historiens de la France, des miroirs de la vie courante, des
1. Plusieurs pièces intéressantes ont été intégralement publiées par
MM. Delisle (Cartulairc normand)^ Boutaric (Actes du Parlrmont de
Paris), Guilliiermoz (Enquêtes et Procès), et, à l'état de documents justi-
ficatifs, dans des monographies d'histoire locale.
2. Le « Supplément » du Trésor des Chartes de France contient la
majeure partie des documents du genre de ceux que nous avons recherchés
qui sont à Paris. L'administration des Archives Nationales faisait procéder,
l'année dernière, à la réfection de l'inventaire manuscrit, si insuffisant, de
dom Joubert. Il est à souhaiter que l'inventaire nouveau soit prochainement
publié. Il nous aurait épargné, si nous l'avions eu entre les mains, un
travail considérable.
38 F.-E. MARTIN
spécimens de faits divers comme il s'en produisait tous les
jours, il y a six cents ans. Telles quelles, elles procurent^ je
crois, une impression forte et directe du passé. Nous remercions
le Moyen Age d'avoir bien voulu les accueillir.
Ch.-V. Langlois.
I. — L'AFFAIRE Dl^ PIEKKE DE DALBS
ABBÉ DE SAINT-PIERRE DE LEZAT
(1253-1254) *
Depuis le mois de mai 1241, Pierre de Dalbs était abbé de
Saint-Pierre de Lezat'. Le Gallia Christiana^ \\x\ attribue
l'entreprise de la rédaction d'un cartulaire de son abbaye ' et
l'obtention du droit de porter les insignes pontificaux en 1249
ou 1250. Il est qualifié dans cet ouvrage d'homme « actif, avisé,
sage, industrieux* ».
Cependant, en 1253, des plaintes furent faites contre lui à
l'abbé de Moissac, « des plaintes telles qu'on ne pouvait, sans
scandale, les tolérer plus longtemps ». L'abbé de Moissac,
Guillaume' de Bessencs, chapelain du Pape, en réfère au Sou-
verain-Pontife; et le 1" juillet 1253 le mandement d'enquête
est donné par Innocent IV . « Ta requête, qui nous a été lue,
• Archives départementales du Tarn-et-Garonne, série G 722 bis. Rou-
leau de 6 mètres, parchemin. Il est indiqué, au bas du rouleau, que
c'est une copie des actes originaux, faite en l'an 12.54, au mois de mars, par
Arnaud Raimond de Villeneuve, notaire public de Bérat, qui a transcrit
la plus grande partie du Cartulaire de l'abbaye de Lezat.
1. Lezat-sur-Lèze, Ariège, arr. Pamiers, C" le Fossat.
2. Gcdlia Christlana, t. XIII, col. 211.
.3. Ce cartulaire est conservé à la Bibl. Nat., lat. 9189.
4. « Strenuus, sagax, prudens et industrius. » Cf. Histoire générale de
Languedoc (nouv. éd. in-4''), t. V, p. 538.
5. La pièce G 722 his porte : G. de Bessencs. 11 faut lire : Guillelmus ;
Cf. Bibl. Nat., coll. Doat, n" 129, pp. 304, 312, 316 et suiv.
i/akfaiui-: I)K imkruk de nALns 39
contenait que P., — qui est abbé du monastère de Lezat,
immédiatement soumis au monastère de Moissac, de l'Ordre de
Cinny^ du diocèse de Toulouse, — en négligeant l'observance
de la règle et en se laissant aller à Tincontinence, à la simonie
et à d'autres crimes, offense Dieu et scandalise les hommes,
pour le péril de son âme et l'opprobre de Tordre du clergé...
Nous mandons à ta discrétion de t'acquitter des devoirs de ton
office au sujet de la correction et réformation des excès
susdits... ))
En conséquence, l'abbé de Moissac cita à comparaître per-
sonnellement devant lui, à Belmont', Tabbé de Lezat, puis les
moines dudit lieu, enfin les prieurs qui dépendaient du
monastère. Au jour dit, un mercredi, le lendemain de la fête
des saints Apôtres Jude et Simon (29 octobre), P. de Dalbs
comparut par-devant l'abbé de Moissac. Il y avait une si
grande multitude de laïques présents que Fabbé de Moissac,
craignant d'être gêné dans l'exercice de ses fonctions d'enc{uê-
teur, porta une sentence d'excommunication contre quiconque
(i mettrait obstacle au travail de l'enquête ». Alors l'abbé de
Lezat demanda une copie du rescrit apostolique, adressé à
l'abbé de Moissac. Mais la nuit approchait; on remit l'affaire
au lendemain, après la messe.
Le jeudi, Pierre de Dalbs redemanda la copie du mande-
ment du Pape ; il réclama aussi la copie de l'acte par lequel
l'abbé de Moissac l'avait fait citer. Ces deux copies furent
faites et remises à Pierre. — Dans tous les actes de ce procès,
l'abbé de Moissac s'intitule « juge unique ou enquêteur établi
parle seigneur Pape" ».
Les formalités préliminaires se poursuivaient : deux procu-
reurs avaient été constitués par le couvent de Lezat pour le
représenter en ce procès, que l'abbé de Moissac « soulève
contre nous et aussi contre le vénérable seigneur P., notre
abbé )). Ces procureurs, le frère G. de Noerio, sacriste de Lezat,
1. Belmont, dans l'archidiaconé de Lezat.
2. « A domino Papa judex unicus seu inquisitor constitutus. »
40 F--K- MARTIN
et G. de Dalbs, prieur de Saint-Antoine de Toulouse, com-
parurent devant l'abbé de Moissac et lui présentèrent l'acte de
procuration. Comparurent également les prieurs qui avaient été
cités' : ceux de Montlandier', de Montredon*, de Sainte-
Colombe*, de Bérat', de Saint- Antoine de Toulouse, de Pey-
rissas*, de Saint-Micher, de Saint-Germier'.
Mais si ces ])ersonnages avaient comparu, ce n'était pas pour
laisser Tabbé de Moissac mener l'enquête à son gré. En effet,
le sacriste de Lezat et le prieur de Saint-Antoine de Toulouse
présentèrent alors, au nom du couvent de Lezat et desdits
prieurs^ une cédule d'appel : Si l'abbé de Moissac, disent-ils,
a obtenu le mandement apostolique d'enquête contre « notre
révérend père P., par la grâce de Dieu, abbé de Lezat, homme
sage et honnête, également circonspect dans les choses tempo-
relles et les choses spirituelles, faussement, accusé par lui de
divers crimes', auprès du Saint-Siège )), c'est qu'il a invoqué
indûment la dépendance immédiate du monastère de Lezat à
l'égard de celui de Moissac. Ils protestent longuement contre le
terme d' « immédiatement soumis », qui entraîne « un énorme
1. « R. de Grandin, prior Montis Landerii ; S., prior Montis Rodonis ;
Ar.. prior Sancte Columbe ; G. de Villa Nova, prior Berati ; G. de Dalbs,
prior Sancti Antonii Tholosani; B. Jo., prior de Patricianis; Ar. de
Lambes, prior Sancti Michaelis de Sancianis; et frater Martinus, pro
G. de Roer, priore Sancti Germerii de Murello, Lesatensi monasterio
subjecti. .. »
2. Cl. Histoirr f/('>ncralc de Lanfjuedoc, t. VIII, col. 1913. Molandier,
Aude, arr. Castelnaudary, c°" Belpech.
3. Il y a plusieurs Montredon dans le Midi; c'est très probablement Mon-
tredon dans l'Ariège^ c°" Alzen.
4. Sainte-Colombe, Ariège, c°" Saverdun.
5. Bérat, Haute-Garonne, arr. Muret, c"" Rieumes.
6. Cl.Hist. de. Laiifjucdor, t. V, col. 1782. Peyrissas, Haute-Garonne,
arr. Saint-Gaudens, c°" Aurignac.
7. Saint-Michel, ;Ariège, arr. et c°" Pamiers. Cf. Gallia Christiana,
1. c. : S. Michael de Saxianis.
8. V. Hïst. dt'Laitfjtirduc, t. V, col. 118(5.
9. « Viro provido et honesto, et in temporalibus et in spiritualibus cir-
conspecto... de diversis eriminibus false delato. »
L AFFAIRR DE PIKRRK DR DAI-BS 41
préjudice » pour leur liberté et celle de leur monastère. Car la
soumission a été autrefois demandée par Moissac et « complè-
tement refusée » par eux. Il y avait eu jadis des négociations à
ce sujet, menées par l'abbé de Moissac, mais non en son propre
nom, au nom du monastère de Cluny ; et « un accord avait été
presque conclu, arraché par la ruse et par la crainte à ceux qui
vivaient dans le monastère de Lezat' o, mais l'accord non ratifié
n'a jamais eu aucune valeur. Bien plus : non seulement l'abbé
de Moissac a manqué à sa parole en réclamant d'eux indûment
l'obéissance manuelle [liohedientiam nia/iualeni), mais l'abbé
de Cluny leur a écrit « de n'admettre la Visitation ou la correc-
tion de personne, si ce n'est de lui-même, ou de quelqu'un
agissant par son ordre ». « Si tous ces faits avaient été portés
à la connaissance du Saint-Siège, jamais ledit mandement
n'aurait été obtenu. »
Comme, d'autre part, l'abbé de Moissac « s'efforce de diffa-
mer et de déshonorer leur abbé, et de nuire à l'honneur et aux
intérêts de leur couvent..., ils défendent à leur abbé d'ad-
mettre la juridiction de l'abbé de Moissac, et de le reconnaître
comme son juge' ». Enfin, ils en appellent a de vive voix et par
écrit)) au Siège apostolique.
Ensuite, le prieur de Sainte-Colombe lut une protestation
analogue, pour confirmer la précédente, au nom des prieurs
cités\ Ils prétendent qu'ils n'étaient pas tenus de comparaître
devant l'abbé de Moissac, parce que le rescrit apostolique ne
faisait d'eux nulle mention et que l'abbé les a cités à compa-
raître personnellement, sans exprimer l'objet de la citation, ce
qui est contre le droit*. De plus, ils récusent l'abbé comme
1. « Compositio quedam... dolo indueta, ac per metum ab illis qui
tune temporis in nostro monasterio erant extorta. »
2. « ... Inhibantes venerabili abbatl nostro, propterraciones predictas, ut
prefatum Moj^siacensem abbatem, occasione dicte coniissionis aut sue
juridictionis, admittataut tanquam judicem consentiat. »
3. « Non recedimus, nec intendimus recedere ab appellatione quam nos
et conventus Lesati. . . ad sedem apostolicaui intergessimus. »
4. [ « Littera vesti'e commissionisl ...de uobis nullam in specie vel génère
42 F.-E. MAUTIN
« suspect et ennemi »; on Ta vu persécuter Fabbé et le monas-
tère de Lezat. attenter à leurs droits et fréquenter les ennemis
dudit abbé et dudit couvent. Aussi les appelants demandent-
ils l'élection d'arbitres, devant lesquels ils feraient la preuve
des motifs de récusation; ils persisteront dans Fappel au
Saint-Siège si l'abbé refuse de faire élire ces arbitres.
Celui-ci n'y est nullement disposé : il n'admet pas ces appel-
lations et les déclare absolument vaines'. Sa seule concession
est de les faire rédiger par notaire dans le procès-verbal, en
promettant (nous ne voyons pas que la promesse ait été tenue)
de leur concéder une lettre contenant les raisons pour les-
quelles « il ne déférait pas et ne devait pas déférer à leurs
appellations )).
Alors Fabbé de Moissac se met en devoir de procéder à l'en-
quête; mais P. de Dalbs interjette appel, récusant son juge,
pour les raisons déjà invoquées par les prieurs dépendant de
Lezat, comme suspect et comme ennemi. Et là-dessus il lui
fait en quelque sorte son procès, n'énumérant pas moins de
17 motifs de récusation. — Le refus de l'obéissance manuelle
par les moines de Lezat, dit P. de Dalbs, a fait concevoir à
l'abbé de Moissac une très grande haine contre lesdits moines.
L'abbé s'est employé à les desservir et à leur nuire cons-
tamment : dans l'affaire de l'élection de B. Barrau à l'église de
la Daurade * , il a tant fait en cour de Rome qu'ils n'ont pas
pu alors obtenir les insignes pontificaux'; auprès de Févêque
et du comte de Toulouse, il les a empêchés d'obtenir des pri-
vilèges* ou de maintenir les leurs, en les diffamant, et en
se servant de renseignements sur les projets secrets du cou-
facit mentionem, maxime cum in vestra citatione non expiesseritis ad quid
nos feceritis citari, et personaliter contra jus nos citaii feceiitis, que omnia
pro gravamine reputamus...»
1. « Predictas appellationes non admisit sicut frustratorias et inanes. »
2. Notre-Dame de la Daurade, à Toulouse.
3. D'après le Gallia Christiana, cet honneur leur fut accordé en 1249
ou 1250.
4. « Reversi fuiraus vacui, amissis laboribus et expensis. »>
i,"aifaiuk pk pir:nuK df, n.M.ns -13
vent, frauduleusement obtenus. Bien plus, il a décidé plusieurs
des moines de Lezat (et parmi eux son neveu), à diffamer
leur abbé et à se révolter contre lui. Il s'est emparé de 12
de leurs églises et prieurés, jetant dehors par la force les
moines et les prieurs; pendant trois ans il a occupé leurs biens,
« enlevant leurs livres à ceux de nos clercs qui étudiaient à
Toulouse, emprisonnant nos envoyés avec leur suite ». Il mena-
çait l'abbé de Lezat de le faire tuer ; « avait inventé un nou-
veau genre de supplice » : c'était de le lier nu à un arbre,
et de l'exposer ainsi aux mouches et aux autres bêtes. Par
cette persécution, il avait fait perdre au couvent de Lezat
cinquante mille sous de Morlaas. Ce n'est pas tout : à son insti-
gation, des rebelles avaient brûlé, au prieuré de Bérat, toutes
sortes d'instruments nécessaires, « comme des échelles, des
enseignes de maisons, des cercles de tonneaux' », il a soulevé
la population de l'endroit contre l'abbé de Lezat, disant faus-
sement que les rebelles en question n'étaient pas excommu-
niés par l'autorité ecclésiastique. Il n'a pas cessé d'être en
relations avec ces rebelles excommuniés, promettant cent marcs
d'argent et quelquefois davantage à celui qui lui livrerait
l'abbé de Lezat prisonnier. Enfin, il n'a pas voulu que les
moines de Lezat assistassent à la consécration de son église.
« Vous avez agi à la légère", conclut Tabbé de Lezat, en nous
diffamant auprès du Saint-Siège, nous qui sommes de bonne
renommée; vous vous êtes institué contre nous à la fois juge
et partie ; aux termes du rescrit apostolique, ce n'était pas
une enquête, mais seulement une correction et une reforma-
tions que vous aviez à faire; vous nous avez cités, nous et les
nôtres, dans un endroit éloigné, et dans un court délai, afin de
nous déclarer contumaces ». « Malgré tout le respect que nous
avons pour le monastère de Moissac, dit encore P. de Dalbs,
1. « Sicuti scalas, distinctiones domorum, circulos vegetum. »
2. Et ailleurs : « Suspectam habemus impetuositatem vestram et levi-
tatem. »
3. « Non inquisitio sed correctio et reformatio. »
44 F.-E. MARTIN
nous excipons contre votre personne, parce que votre légèreté
nous y force. D'abord, parce que vous êtes coupable d'horni-
cide multiple, et spécialement de la mort de P. B., ce clerc
que vous avez fait périr en prison, de faim, de soif et de
froid; nous excipons contre vous du fait d'incontinence fré-
quente, d'adultère et de fornication, de parjure, de simonie,
de dilapidation des biens du monastère de Moissac; enfin de
ce que vous avez été plusieurs fois frappé d'excommunication :
une fois pour entente avec les rebelles dont il a déjà été parlé,
par l'abbé de Saint-Aphrodisc, en ce temps juge délégué par
le Siège apostolique, ensuite pour des voies de fait contre nos
moines, et encore pour l'affaire des rebelles par l'évêque de
Carcassonne, et encore par l'abbé de Cluny. Pour tous ces
motifs nous vous récusons, et sommes prêts à faire la preuve
de tous ou de ceux qui suffiront à la récusation légitime devant
des arbitres dont nous demandons l'élection. A cause des griefs
que nous avons contre vous, nous appelons au Pape pour nous
et notre couvent, pour les prieurs et les églises qui dépendent
de nous et de notre monastère de Lezat et tous nos aidants \ de
vive voix et par écrit. »
L'abbé de Moissac admit alors qu'il y avait lieu de discuter
si les motifs de récusation étaient suffisants, et s'il fallait
accorder des arbitres aux appelants. Il assigna à l'abbé de Lezat
pour ces débats a un jour péremptoire » à Muret', le lende-
main de la fête de saint Clément (24 novembre). Bien qu'il
déclarât que P. de Dalbs n'en conserverait pas moins le droit
de ne pas le reconnaître comme juge, celui-ci n'accepta pas
l'assignation.
A partir de ce moment commence l'opposition passive, mais
absolue, de l'abbé de Lezat. Le lendemain de la Saint-Clément,
en efîet, il ne comparaît pas devant l'abbé de Moissac siégeant
dans l'église de Saint-Jacques, à Muret. Le juge lui envoie le
1. « Pro nobis et conventu nostro, ae prioribus etecclesiis nobis et ruonas-
terio Lesati subjectis, et omnibus valitoribus nostris. »
2. Muret, Haute-Garonne.
l'aFFAIIŒ DK PIKRKE Dli DALBS 4o
curé de cette église avec des témoins, pour le citer, dans Téglise
de Saint-Germier'j près de Muret, où il se trouvait; mais il ne
se laissa pas llécliir et n'envoya pas de procureur. Enfin, à
l'heure où l'on ne pouvait plus lire des lettres au jour*, un clerc,
B. Jean, comparut pour lire a à la chandelle » une ccdule
d'appellation, comme procureur de Tabbé de Lezat ; il dit
qu'il ne venait pas au jour assigné devant l'abbé de Moissac
comme devant un juge, mais seulement pour signifier appel, et
il partit sans vouloir montrer au juge l'acte de procuration, ni
lui laisser une copie de la cédule de protestation qu'il avait
lue ; aussi n'est-elle pas transcrite dans le procès- verbal, qui la
résume seulement. — Comme P. de Dalbs n'avait ni comparu ni
envoyé « un procureur idoine », l'abbé de Moissac le déclara
coutumace.
Le lendemain, il siégait dans l'église de Saint-JacqueSj
entouré de prud'hommes de son monastère, parmi lesquels,
Arnaud, grand-prieur, et G., prieur de Saint-Pierre-des-Cui-
sines de Toulouse^; alors l'abbé de Lezat parut, disant « qu'il ne
venait pas devant lui comme devant un inquisiteur ou un juge,
et qu'il n'y viendrait jamais ». C'était ce qu'avait dit son pro-
cureur, la veille. L'abbé de Moissac, « pour triompher de son
mauvais vouloir'* », assigna le lendemain de la fête de saint
André, apôtre (l'"' décembre), dans l'église de Saint-Antoine de
Toulouse, qui dépendait du monastère de Lezat, afin de dis-
cuter sur la récusation et Télection d'arbitres. C'était beaucoup
oser que de vouloir siéger dans une maison du monastère de
Lezat : en effet, enferma la porte du prieuré de Saint-Antoine
lorsque l'abbé de Moissac y voulut entrer. Il siégea donc dans le
cimetière de cette église, et remit les débats au lendemain dans
1. (( Qui erat in ecclesia Saucti Germerii, juxta muros de Muiello. »
2. « Hoia qua non poterant littei'e legi de die. »
3. « Cum niultis bonis personis sui monasterii, scilicet cum magistro
Ar. prière majori et magistro G. priore Sancti Pétri deCoquinis Tholosani,
et pluribus aliis. »
4. « Ad ejus maliciam convincendam. »
46 K.-li. MAKTIN
l'église de Saint-Sernin-du-Taur% également à Toulouse. A
l'heure des vêpres seulement, l'abbé de Lezat comparut, mais ce
fut pour répéter ce qu'il avait dit à Muret. L'abbé de Moissac le
prit au mot, cette fois, car il n'accepta pas les appellations qu'il
lut ; d'ailleurs, « un contumax Vi\)\iQ\^r\i n'est pas entendu », dit
le procès- verbal. Cependant, par condescendance, l'abbé de
Moissac fît copier dans les actes du procès une des appellations,
par laquelle P. de Dalbs se plaignait des frais qu'avaient en-
traînés les voyages entrepris par lui pour répondre aux citations.
L'appellation du couvent de Lezat ne fut pas reçue. Les
moines ne voulaient pas entrer en discussion « et persistaient
dans l'état de contumace ». L'abbé de Moissac passa outre et
assigna un jour (le vendredi avant la fête de saint Thomas,
19 décembre) à Montgazin'', dans l'archidiaconé de Lezat,
pour les dépositions des témoins sur les articles qui avaient
motivé l'intervention du Saint-Siège. Il cita Hugues, prieur
de Lezat, G. de Noerio, sacriste dudit monastère, G. de Dalbs,
prieur de Saint-Antoine de Toulouse, et Ar. Crespels, prieur
de Sainte-Colombe de Saverdun, qui étaient présents; il cita
aussi par lettre les prieurs de Saint-Germier de Muret, de
Bérat et de Peyrissas, et les moines de Lezat.
Au jour fixé, comparut un moine de Lezat, Vidal d'Ysaort,
qui craignant la colère de son abbé, venait demander d'être
protégé contre lui. Alors le sacriste de Lezat, G. de Noerio,
seul, se présenta aussi devant l'abbé de Moissac ; mais ce
n'était pas pour faire sa déposition, bien qu'il fût cité ; il
répéta, une fois de plus, qu'il ne venait pas devant l'abbé de
Moissac comme devant un juge; il venait seulement demander
de la part de P. de Dalbs que Vidal d'Ysaort rentrât à Lezat.
« On répondit qu'il ne pouvait ni ne devait rentrer pour le mo-
ment, car il était nécessaire pour dire la vérité dans l'enquête. »
L'abbé de Moissac, voulant faire preuve de condescendance,
1. Aujourd'hni X.-D. du laur.
2. Montgazin: Haute-Garonne, arr. Muret, C^" Carbonnei
l'affaire de pierue de dalds 47
cita de nouveau Ttibbé de Lezat, les prieurs et les moines
pour le vendredi après l'Epiphanie (9 janvier 1254). Ce jour-là,
il siégea à Saint-Sernin-du-Taur de Toulouse jusqu'à la nuit :
deux témoins seulement, Vidal d'Ysaort et Augier, moines de
Lezat et prêtres, prêtèrent serment et déposèrent. Des douze
prieurs ou moines cités comme témoins pour le samedi après le
dimanche de la Quadragésime' (6 mars), à l'église du Taur,
aucun ne comparut.
Cependant, il sullitque l'abbé de Moissac se transportât en
personne au monastère de Lezat pour qu'il y trouvât tous les
témoins cités, qui déposèrent amplement. Ce fut le samedi
après la fête de saint Georges (25 avril), et le jeudi après le
dimanche où l'on chante « Jubilate Deo » (7 mai) que ces
témoins furent enfin interrogés par l'abbé de Moissac, assisté
d'Arnaud de Fumel, notaire de Toulouse, de maître G., prieur
de Saint-Pierre-des-Cuisines de Toulouse, et de B. du Pin,
sacristede Campredon', moines de Moissac et prêtres.
Les Dépositions
Il y eut trente-six témoins entendus, parmi lesquels : Guil-
laume de Birac, chevalier, oblat de l'église de Lezat, P. de
Montredon, notaire public de Saverdun, Ar. de Bruno, écri-
vain public ; les autres sont des moines de l'abbaye de Lezat,
ou en dépendant, ou des clercs oblats de ce monastère. Au
reste, chacun d'eux dit que les crimes de leur abbé étaient
connus publiquement', ce qui confirme la parole d'Inno-
cent IV en son mandement : « Il offense Dieu et scandalise
les hommes. » Les articles sur lesquels les témoins furent
interrogés étaient au nombre de sept : incontinence, alié-
nation et dilapidation des biens du monastère, parjure, simo-
1. Feria sextapostdominicam in xl'\
2. Ar. de Fumello et B; de Pinu, sacrista Campi Rotundi. — Campre-
don, Ariège, commune deVilhac;
3. « Publiée diffamatus est; »
48 F.-E. M.VKTIX
nie, faux et violation de la règle. Mais ils peuvent se réduire à
six, car constamment on confond les faits d'aliénation et de
dilapidation des biens du monastère.
I. Incontinence. — L'incontinence de P. de Dalbs était de
notoriété publique ; il l'exerçait en tous lieux. Tout d'abord^ à
Lezat, il entretenait deux femmes, nommées Munda et Mar-
tine, t^u'il faisait souvent venir dans sa chambre : il y tint même
Munda pendant toute la semaine sainte. « Ces deux femmes se
montraient fort jalouses l'une de l'autre; on les vit pour cela se
battre en public. » De Munda il avait plusieurs enfants; et il
lui trouva un mari de la façon suivante: il offrit à un certain
R. de Baion de l'épouser, celui-ci sur son refus se vit priver
du pain et du vin auxquels il avait droit à rabba37e; un cer-
tain G. Pierre accepta et reçut en récompense le pain et le vin de
l'abbaye, avec une charge de notaire. P. de Dalbs maria de même
une de ses maîtresses à son cousin germain, Pons de Sivraco.
L'abbé de Lezat a eu un commerce charnel avec des femmes^
de toutes les classes de la société, procédant, soit par la force
(il en emprisonnait certaines jusqu'à ce qu'elles eussent cédé),
soit par la séduction : à Muret, c'est sa cousine, Fabrisse de la
Tour, femme d'un notaire; à Saverdun, la mère et la fille; à
Saint-Germier, c'est la servante du prieur; ailleurs, ce sont des
courtisanes, une Lombarde, une Catalane; ou bien des femmes
mariées. A Toulouse même, il a une maîtresse, la sœur de
Guillaume Calaub, dont il a eu des enfants. Une de ses concu-
bines, nommée Triolette, dépose « qu'il a eu affaire avec elle
dans une chambre, à Saint-Ybars* et ailleurs ». L'acte le plus
immoral de P. de Dalbs est celui-ci : « Il fit avec Richarde
de Maornaco le pacte de recevoir elle et son fils comme
oblats de l'église de Lezat, si elle lui livrait sa fille pour
un commerce charnel. Et ainsi fut fait. » Hugues, prieur de
Lezat, accuse aussi son abbé « du vice sodomique ».
1. « Defloravit a2:)ud Lesatum .V. mulieres. »
2. Saint-Ybars, Aiiège, arr. Pamieis, c"" le Fossat.
l'akfaiui-: dk i'ii;i;i;i'; m-: dai.ms -19
II. Aliénation et dilapidation des biens du monastère. —
P. de Diilbs est accusé d'avoir vendu au comte de Foix' la
moitié des droits dont son monastère jouissait dans la ville de
Lezat^ et la moitié des droits possédés dans la ville de Saint-
Ybars. Il a obligé l'abbaye de Lezat à l'alberge de cent cheva-
liers chaque année ou au payement de cent vingt sous de Morlaas,
en vendant une donation qui avait été faite au monastère. Il a
encore forcé les prieurs a lui payer des impôts. Et des sommes
ainsi obtenues il n'a rien consacré aux intérêts de l'abbaye,
mais, au contraire, il a tout gardé pour son usage personnel.
On verra d'autre part que certains des faits de simonie qui
lui sont reprochés se confondent avec le crime d'aliénation de
biens de son église.
III. Simonie. — Les faits allégués de ce chef sont ti'ès graves,
mais peu nombreux. Les dépositions des prieurs de Lezat, de
Saint-Béat, de Peyrissas, de Sainte-Colombo, de Montredon,
et des autres témoins établissent que l'abbé de Lezat a reçu de
Raimond de Casais, moine de son monastère, deux cents sous
pour prix de la collation d'un prieuré. C'est pour un prix
de cent sous que P. de Dalbs a assigné la chapellenie de
Pierrelatte à Pierre de Avalka. Il a reçu une mule de Argol de
Birnos, et en échange il a conféré à Adémar, frère de celui-
ci, le prieuré de Saint-Béat.
L'abbé de Lezat a encore vendu le prieuré de Saint-Médard
pour cinq cents sous de Morlaas, l'église de Saint-André de
Basseville pour le même prix, et l'église du Fossat* à diverses
personnes, en concession viagère.
IV. Parjure. — P. de Dalbs n'a pas tenu le serment qu'il
avait prêté au prieur de Castel-Sarrasin '. Il a commis un autre
parjure plus caractérisé : il avait promis à A. d'Aragon, alors
1. Cf. Hist. </én. de Lanr/iimhc. t. VI, p. 7-32, note fi; ihid., t. VIII,
col. 1068, 1512 (n" 344, 505).
2. Le Fossat, Ariège, arr. Pamiers.
3. Castelsarrazin, Tarn-et-Garonne.
Moyen Age, t. XIII. 4
50 K.-E. MAlîTIN
prieur de la Daurade, de ne pas lui faire perdre son prieure; or,
il donna par la suite sept cents sous de Morlaas à un des
moines de Lezat, B. Barrau (qui a déposé comme témoin), en
le chargeant d'aller en cour de Rome obtenir du Pape que
A. d'Aragon ne recouvrât jamais ledit prieuré, (pi'il lui avait
fait perdre.
V. Faux. — L'abbé de Lezat s'est rendu coupable de faux,
en se servant constamment d'un sceau de l'abbaye qu'il avait
fait fabriquer à l'insu de ses moines.
VL Violation de la règle monastique. — On croira sans
peine qu'un abbé qui avait de telles mœurs ne faisait pas
régner la décence et la piété dans son monastère. « Jamais on
ne Ta vu célébrer persoimellement la messe » ; il ne venait pas
au chœur chanter les heures canoniales, surtout les matines,
sans doute parce qu'il dormait « dans des draps de toile' ». Il
mangeait de la viande le samedi et aux Quatre-Temps, et ses
moines avec lui. Il n'était pas sévère pour eux : jamais le
silence n'était observé là où il convient; les moines n'étaient pas
forcés de coucher dans le dortoir; les offices étaient négligés ;
aussi laissait-on des porcs séjourner dans le cloître et dans le
chapitre, autour de l'église: l'abbé leur a fait jeter de la ven-
dange pourrie dans le cimetière, pour la leur faire manger là.
Des moines étaient accusés de fornication, et même mis en
prison et tués : l'abbé ne s'en occupaitpas.il ne réprima pas non
plus l'un d'eux, B. Gimier, dont on disait partout qu'il « tondait
les monnaies ». Quant aux moines malades et infirmes, il ne
s'en souciait pas davantage, ne les invitant même pas à sa table
quand il mangeait de la viande; mais il se moquait et faisait
rire d'eux. C'est P. Rossels, moine et prêtre, vieux et aveugle,
qui le rapporte, et il ajoute qu'on lui a jeté au visage « des en-
trailles de chevreau' ». Le prieur do Lezat dit encore que, bien
qu'il ait été confesseur de P. de Dalbs. il ne l'a jamais entendu
avouer un péché mortel.
1. « In linteaminibus lineis. »
2. « Dixit quod fuit ])ercussus cuiu intestinis cujusdam edi. »
l'affaire de pierre de dalbs 51
La Condamnation
Après les dépositions des témoins, Tabbc de Moissac con-
tinua la i)roccdurc en citant personnellement P. de Dalbs
devant Tévêque de Toulouse, le mercredi après le dimanche
où l'on chante « Cantate Domino » (13 mai\ dans 1 église de
Saint-Quentin à Toulouse, pour ouir la lecture des dépositions.
Au jour dit, l'abbé de Lezat ne comparut pas, ni personne pour
lui. L'abbé de Moissac publia néanmoins les témoignages; mais,
« pour ne paraître rien omettre des formalités », il cita encore
P. de Dalbs, l'invitant à venir discuter les personnes et les dé-
positions des témoins^ également dans l'église de Saint-Quentin,
le samedi après l'Ascension ('23 mai), « ou, s'il ne voulait pas,
tout au moins le lundi » suivant, pour ouïr « la sentence défi-
nitive ». L'abbé de Moissac siégea le samedi, le lundi; il conti-
nua môme le lendemain. Personne ne se présenta. Alors il
constata la contumace et prononça la sentence, en présence
de chanoines de Saint-Etienne et de Saint-Sernin de Tou-
louse, parmi les(juels le chancelier du chapitre, Ar. Pellisson,
de dignitaires et de moines de Moissac, de Lezat, et de la plu-
part des témoins, clercs et laïques.
Dans sa sentence, l'abbé de Moissac résume les témoignages
qui ont établi la culpabililé de P. de Dalbs. L'abbé de Lezat
s'est montré indigne de son ministère par ses mœurs : « son
incontinence est sullisamment prouvée par l'existence de ses
enfants; il s'est livré â la turi)itudc d'un commerce charnel
avec ses parentes, s'exposant à ce que sa bénédiction se changeât
en malédiction, et sa prière en péché, selon la parole de Dieu,
exprimée par le prophète ; « Maledicam benedictionibus vestris n
{Malacli., II, 2). »
L'abbé de Moissac insiste principalement sur le crime de
simonie, comparable, dit-il, aux crimes d'hérésie et de lèse-
majesté. Et il rappelle la sévérité du Christ contre les chan-
geurs et les vendeurs du Temple de Jérusalem. Il mentionne
V.-K. MAiniN
aussi la décision du concile général qui condamne « tout clerc
séculier, sujet ou prélat, coupable de ce crime, soit en rece-
vant, soit en donnant, à être chassé de son monastère sans
espoir de retour, pour faire une éternelle pénitence sous une
règle très rigoureuse ». En conséquence : « Nous, frère G.,
humble abbé de Moissac, chapelain de monseigneur le Pape,
de l'autorité dudit et de l'autorité de notre juridiction ordi-
naire, sur le conseil de plusieurs sages personnes.., révoquons
monseigneur P. de Dalbs^ abbé de Lezat, du diocèse de Tou-
louse, à nous immédiatement soumis, de toute dignité et de
tout gouvernement de l'abbaye de Lezat, en donnant aux
moines dudit lieu libre faculté d'élire un autre abbé. » L'abbé
de Moissac termine en relevant tous les moines de Lezat de
l'obéissance qu'ils devaient à leur abbé, et toutes personnes
du serment qu'elles auraient pu prêter audit abbé de Lezat.
G. de Dalbs vint présenter sur ces entrefaites une appella-
tion rédigée au nom de l'abbé et dn couvent de Lezat, « ou
de la majeure partie dudit couvent ». L'abbé de Moissac le
requit de montrer l'acte de procuration ; sur son refus, il excipa
contre lui de ce qu'étant excommuniés il ne pouvait pas être
procureur; cependant, s'il voulait exposer des motifs en faveur
de Tappellation, il serait entendu. Mais G. de Dalbs « ne répon-
dit rien et se retira à la manière d'un contumace' ».
Dès lors, la sentence pouvait recevoir son plein elîet ; la
fonction de l'abbé de Moissac, comme juge, était terminée.
Mais aucun document ne nous a été conservé qui nous fasse
connaître, sur la suite de cette affaire, autre chose que le
nom du successeur de P. de Dalbs \ /
F.-E. Martin.
1. C'était peut-être à cause de l'opposition qu'il avait faite à l'enquête qu'il
était excommunié.
2. « Recessit contumaciter. »
.3. Bibl. Nat., coll. Doat, n° 102.
L'aFFAIRK DK PIKRUl'. UV. DALMS 53
APPENDICE
Sentence de l'abbé de Moissac
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Veritatis est
verbum, organo dominice vocis emissum, ut arbor qui inutiliter
terram occupât succidatur. Cum igitur P., abbas Lesatensis, adeo
malade se suspicari permiserit ut claniores et fama ad aures nostras
perveneruiit, qui diucius sine scandale dissinuilari non poterant, vel
sine periculo tolerari, quod ipse esset super symonia, dilapidalione,
parjurio, incontinentia, criniino faisi, transgressiono observancie re-
gularis enorniiter et publiée diiïamatus, ne sanguis ipsius de nostris
manibus requiratur juxta auctoritatem Domini, descendimus ad mo-
nasterium Lesatense, cum ecclesie nostre senioribus, ut videremus si
claniores, qui ad nos pervenerant, opère complevisset. Et tandem,
inquisita diligentissime veritate, invenimus suffîeienter probatum per
testes, onini exceptione majores, quod dictus P., abbas Lesatensis,
proprie salutis immemor, commisit multociens vicium symonie, reci-
piendo ex pacto pro pecunia vel possessionibus monachos et donatos,
vendendo eis quam dare debuerat gratiam Spiritus Sancti. — Item
invenimus sufficienter probatum quod monasterium Lesatense per
eum ad irreparabile dissolutionis opprobrium est deductum, cum
medietatem justiciarum, rerum mobilium in villa Lesatensi, et medie-
tatem ville et territorii Sancti Eparcii, et magnam ecclesiam monas-
terii alienavit, in dicti monasterii magnum prejudicium et gravamen,
et obligavit dictum monasterium ad albergam cum .C militibus
annuatim, vel ad .CXX. solidos Morlanensium. Vendidit etiam prio-
ratus et ecclesias ad vitam tenencium, et fructus monasterii incon-
sulte distrabit, et reddilus monasterii non convertit in utilitatem
ipsius, set tenet ficte monasterium obligatum, sicut manifeste aparet
superius in actis. — Item nobis constitit per publicum instrumen-
tum, quod dictus abbas Lesatensis juramentum prestiterat quod nun-
quam esset contraA.de Aragone, tune priorem Deaurate, et tamen,
immemor juramenti, fuit postmodum contra ipsum, sicut manifeste
est in actis probatum. — Item de incontinentia est adeo notorium
51 F.-E. M AirriN
contra ipsum quocl non est locus inliciationi, quia filiis parvulis con-
vineilur longam sui corporis continentiam non habere. — Item, de
crimine falsi, est sufficienter probatum quod fecit sigillum sub nomine
convontus Lesati, et ociam sigillavit. ignorante conventu. — Item,
de transgressione ordinis, probatum est contra ipsura quod per omnia
et in omnibus turpiter abjescit jugum Doniini, fctores libidinis am-
plexando, et regularem observMnciam non servando. — Cum igitur
tanta sit labes hujus criminis symonie quod ad instar lieresis et
crimine [sic) lèse majestatis débet symoniacus judicari, et inter
cetera crimina ecclesiastica symonia optinet primum locum, cum
symoniaci valde primi et precipui lieretici ab omnibus sint fide-
libus respuendi, et omnia crimina adcomparationem symoniace heresis
quasi pro nichilo reputantur; unde, in Veteri Testament©, Gyesi fuit
lepra percussus, quia Nahamam Syro voluit vendere gratiam sani-
tatis; et dominus Jhesus Christus nusquam reperitur in toto textu
Evangelii tanta severitate, tam distriota censura justicie peccatores
corripuisse, cum non soluni eloquio increpans, verum eciam sancto
flagelle de testiculis verberans omnes eliminavit de templo, monstrans
quod taies negociatores non sicut ceteri peccatores suntrecipiendi, set
a templo Dei et a sancta ecclesia longius prohibendi ; unde per nùm-
mularios,quos Dominus ejescitde templo, ecclesiastici beneficii deten-
tores congrue designantur, quidomum Dei, Evangelio teste, speluncam
latronum efficiunt ; propter quod statulum est in concilie generali ut
quicumqueregularistalem comiserit pravitatem, tam recipiens quam
receptus, sive sit subditus, sive prelatus, sine spe restitutionis de suo
monasterio expellatur, in locum arctioris régule ad agendam perpe-
tuam penitentiam detrudendus. Verum, quia iste morbus cancerosus
est sicut lepra, necesse est ut ferro ignito penitus abscidatur, ne una
ovis morbida inficiat sanas oves ; quod enim agitur a prelatis, facile
trahitur a subditis in exemplum. Super eo vero quod aliénasse pro-
batur, est Lesatensi monasterio providendum, ne penitus distruatur;
valde enim iniquum est, et ingens sacrilegium ut quecunque, vel pro
remédie peccatorum, vel pro sainte ac requie animarum suorum,
unusquisque venerabili ecclesie contulit autreliquit, ab hiis a quibus
maxime servari convenit, in alium transferri vel converti permit-
tantur. Unde taies debent a suis aministrationibus removeri, et licet
vellent reddere ecclesias suas indempnes, nam restitutio non im-
mulat malivolum prelati animum, et periculosum est quod ecclesia
i.'.\i'i'.\iii!-: m: i'ii;iîiîi-: iw. n.M.ns 55
prolatum rdinoat fraiulatorom, quod manifeste iii islo prelato aparet
qui vendidit prioratus et ecclesias pro raodico precio ad vitam tenen-
cium in fraudem monasterii, et tenet fictc dictum mona=;teriuni obli-
gatuni. Unde eo ipso ab aministratione temporalium ot spiritualium
videtur ipse suspensus et penitus a regiminc amovendus. — Item de
parJLirio manifestum est quod illi non merentur ecclesias regere qui
sunt crimine parjurii irretiti, et niulto minus nionasteria, quia taies
prelati, sine judiciorumstrepitu, ex levibus causispossunt a suis ami-
nistrationibus removeri. — Licet autem de facto incontinentie non
esset ita do facili presuraendum, tamen quia probatur esse notoriura
quod turpitei' bujus vicio se involvit contra fedus natale affines suas
et consanguineas carnaliter cognoscendo, ne benedictio ejus in male-
dictionom convertatur, et oratio in peccatum, testante Domino per
prophetam : Maledicani, inquit, benedictionibus vestris, providendum
est ne saltem ulterius sua feditate dictum monasterium poUuatur. — Ex
hoc autem quod sigillum solus fecit fabricari de novo, sub nomine
conventus, et ignorante conventu, et sigillavit, eo ignorante, incurrit
vicium falsitatis, et exinde potest merito formidare. — Abbas cciam, si
prevaricator ordinis fuerit aut contemptor, sive negligens, aut re-
missus, pro certo novorit se non solum deponendum, set etiam alio
modo, sccundum regulam, castigandum, cura ofïonsa nonsolura pro-
pria set eciam aliéna de suis manibus requiratur. — Ex hiis omnibus et
aliis que contra ipsum inveniuntur probata, nos frater G., humilis
abbas Moysiacensis, domini pape cappellanus, auctoritate ipsius et
auctoritate nostre ordinarie jurisdictionis, habite plurium virorum
prudentum consilio, assistentibus nobis magistro G. priore Sancti
Pétri de Coquinis Tholosani, et fratre B. sacrista Campi Rolundi,
monachis nostris, et aliis bonis et religiosis viris; in nomine Domini
nostri Jhesus Christi cum apostolo omnem inhobedientiam ulcisci
voleutes, licet absentes corpoie, présentes tamen spiritu, cum ipsius
absentia Dei presentia impleatur, dominum P. de Dalbs, abbatem Le-
satensem, Tholosane diocesis, nobis immédiate subjectum, sen-
tentialiter in scriptis removemus a regimine, dignitate, et guberna-
tione abbacie Lesatensis, dando monachis ejusdem loci liberam
facultatem alium eligendi. Insuper absolvimus omnes monachos et
donatos ab hobedientia et subjectione ipsius; absolvimus eciam omnes
homines a juramento, si quod sibi prestiterant, intuitu abbacie, cum
dicto abbate a regimine abbacie remoto juramentum hujusmodi non
56 r.-K. MAiniN
debeat observari. — Hec sententia lata fuit die martis post Ascen-
cionem Domini, in presentia magistri Arnaldi Pelissoni, cancellarii
Tolosani, et doniinorum Fraacisci et Arnaldi Raimundi de Aspel,
canoniehorum Sancti Stephani Tholosani; et in presentia Rogerii
de Aspel, et Pétri de Drudanis, canonicorum Sancti Saturnini Tolo-
sani ; et in presencia tesaurarii Burdegalensis et Raimundi de Ferre-
riis, cappellani Sancte Marie Deaurate, et magistri B., fratris sui, et
Cerebruni, et Guillelmi, operarii Deaurate, monachorum Moysiaei,
et magistri Benedicti Nigri, et Arnaldi Crespelli, et Beloti, et 7\z. de
Birnos, et B. Johannis, et Augerii Pétri de Villa Nova, Guillelmi de
BiracG.de Bevilla, monachorum et donatorum Lesati,etRainmndide
Monte Pesato, et G., prioris claustralis Deaurate, monachorum Moy-
siaei, et Pétri Poncii, hospitalarii, et B. Rotberti, publici Tholosani
notarii, et B. Garini, et Andrée de Claustro, et plurium aliorum cle-
ricorum et laicorum. Et ego Arnaldus de Fumello, puplicus Tholose
notarius, presens fui, etomnia ista acta scripsi, ut puplicus notarius,
a dicto domino abbate Moysiacensi requisitus et vocatus' et scripta
ista omnia [confeci] in presentia et testimonio magistri Arnaldi Pel-
lissoni, cancellarii et canonici Sancti Stephani Tolosani, et magistri
G., prioris Sancti Pétri de Coquinis Tolosani, et B. de Pinu, sacriste
Campi Rotundi, Poncii de Mornaco, magistri Jo. de Villa, et plurium
aliorum clericorum et laicorum. Et hec sententia fuit lata anno
Domini M« CC'^ L" II II".
1. Ms. : et omnia sua vocatus.
COMPTES RENDUS
A. Lucn AIRE. — Mélanges d'histoire du moyen âge. — Études
sur quelques manuscrits de Rome et de Paris. — Paris,
F. Alcan, 1897-181)!); 2 vol. in-Ss 99 et 175 p. (l'niversité de
Paris. Bibliothèque de la Faculté des lettres. III et VIII).
La Faculté des lettres de Paris, en même temps qu'elle a entrepris
la publication des positions des mémoires présentés pour l'obtention
du diplôme d'études supérieures d'histoire et de géographie, a com-
mencé h faire paraître une collection qui, sous le titre de BiblioUuiquc
de la Faculté des lettres, compte actuellement huit volumes; trois
d'entre eux intéressent les médiévistes : les deux recueils indiqués
ci-dessus et un Essai de restitution des plus anciens mémoriaux de
la Chambre des comptes de Paris, publié sous la direction de
M. Langlois, par M. J. Petit, avec la collaboration de MM. Gavrilo-
vitch, Maury et Teodoru. On rendra prochainement compte de ce
dernier volume.
M. Luchaire, qui a présidé à la publication du premier des deux
volumes, a consacré un mémoire au traité attribué à Hugues de
Clers et intitulé : De senescalcia Francie. Ce traité, publié pour
la première fois en 1610, par Sirmond, à la suite des lettres de
Geofïroi de Vendôme, réédité par Baluze dans ses Miscellanea,
puis par dom Brial dans les Historiens de la France; enfin par
Marchegay et Salmon dans les Chroniques des comtes d^ Anjou,
comprend deux parties. Dans la première, l'auteur prétend transcrire
une relation, rédigée par Foulques Nerra, comte d'Anjou, des rapports
de son ancêtre Geoffroi Grisegonelle avec Robert le Pieux : le roi aurait
concédé au comte le sénéchalat héréditaire de France. Ce récit
fabuleux a été universellement condamné par tous les historiens.
5S COMPTES RENDUS
Dans la seconde partie du traité, rauteur ,qui se présente lui-même
comme jouant un rtMedans les événements, sous le nom de Hugues de
Clers, conseiller du comte d'Anjou, rapporte les négociations qui au-
raient eu lieu vers 1118-1120 entre Foulques V le Jeune et Louis VI,
au sujet des droits du comte d'Anjou au sénéchalat héréditaire. Ces
négociations auraient abouti à la reconnaissance des droits du comte
par le roi, à la suite de quoi, en différentes circonstances, le comte
aurait rempli les devoirs de son office. Cette partie du traité a donné
lieu à des controverses : dora Brial la tenait pour authentique ; Ma-
bille, dans l'introduction à l'édition de Marchegay et Salmon, la
rejetait sans examen ; récemment M. Bémont, dans un article
paru dans les Études d'histoire du moyen âge, dédiées à Gabriel
Monod (p. 253-265', tentait une réhabilitation. M. Luchaire qui,
comme Mabille, ne croit pas à l'authenticité du traité, a étudié la
question sous toutes ses faces, épuisé toutes les sources de rensei-
gnements pour étayer une thèse contraire à celle de M. Bémont.
Il résulte de l'examen des souscriptions de chartes, que si Hugues
de Clers était né avant 1112, il ne paraît être devenu conseiller de
Geoffroy le Bel, successeur de Foulques V, que vers 1145. Dès lors,
du reste, Hugues joua un rôle actif dans les affaires politiques,
surtout lorsque le comte d'Anjou, Henri Plantagenet, successeur de
Geofiroi, fut devenu roi d'Angleterre ; dans ces conditions, il est peu
vraisemblable qu'en 1117-1119 Hugues de Clers ait rempli les im-
portantes fonctions de délégué de son souverain auprès du roi de
France pour négocier une affaire politique. Pour la date des négo-
ciations, M. Luchaire montre que les partisans de l'authenticité ne
sont pas d'accord. C. Port adopte 1117, dom Brial 1117-1119,
M. Bémont, juillet-août 1119 ; l'histoire des événements désignerait,
selon M. Luchaire, l'année 1117, date inconciliable avec la mention
dans le traité du sénéchalat de Jean de Garlande au moment des
négociations, ce sénéchalat commençant en mai 1118. Sur ce point,
si la remarque de M. Luchaire est à retenir, elle ne fournit peut-être
pas un argument définitif contre l'authenticité ; nous ne possédons
pas si bien l'histoire des événements qu'en procédant par élimination
nous soyons sûrs do ne pas oublier quelque interstice entre deux évé-
nements datés, interstice dans lequel pourraient avoir eu lieu les négo-
ciations en question ; nombreux sont les faits que, à l'aide de synchro-
nismes, nous ne pouvons placer que dans une période comprise entre
A. luchairk: mki.anc.rs [)'iiisTOinK nr moykn aok 59
deux dates extrêmes. Après la date, les acteurs. Ils se retrouvent tous
dans les chartes angevines du temps de Foulques V, tous, à l'exception
de Hugues de Clors, tous, même les délégués du roi de Franco, voilà
qui est singulièrement significatif. Le comte, ayant reconquis son
sénéchalat héréditaire, en exerce les prérogatives, et ces prérogatives
sont étonnantes : il est le suzerain des autres grands officiers, il
exerce un commandement spécial dans l'armée du roi ; bien plus, il
juge en Franco, sans recours à la cour du roi, et juge en appel, sans
se déranger, les affaires de tout le royaume portées à sa cour'. Tout
cela est rapporté par l'auteur au milieu de menus faits exacts, avec
des mentions de personnages connus qui vivaient bien alors. Il est aisé,
malgré cela, de conclure avec M. Luchaire à des « invraisemblances
énormes », à d' « évidentes faussetés » !
Deux sources du temps de Louis VII attribuent à Henri II l'exer-
cice des fonctions de sénéchal. Gervais de Cantorbéry rapporte,
sans qu'on ait de raisons pour en douter, qu'en 1158 Louis VII accorda
au roi d'Angleterre d'entrer en Bretagne, « quasi senescallus régis
Francorum ». Ceci ne semble pas indiquer une reconnaissance nouvelle
du droit du comte-roi à une charge héréditaire, c'est du reste de
cette phrase que M. Luchaire tire sa conclusion et nous la retrou-
verons ; l'autre source du temps de Louis VII est Robert de Torigni,
qui montre Henri le Jeune, fils de Henri H, remplissant en 1169 les
fonctions de sénéchal du roi de France; mais l'auteur s'inspire
visiblement du De Senescalcia, et par conséquent son récit ne peut
servir à corroborer les assertions du traité; cependant comme l'abbé
du Mont-Saint-Michel est l'historien officieux des Plantagenets, son
récit indique du moins que la thèse du dapiférat angevin était à l'ordre
du jour chez les officiers du roi d'Angleterre. Après les sources narra-
tives, les documents diplomatiques. Un seul, une charte de Henri II
relative à Saint-Julien de Tours, mentionne le sénéchalat du comte
d'Anjou ; elle n'est pas datée, mais peut, d'après les noms des témoins,
être attribuée à l'année 1158, et cette charte unique, qui est souscrite
par Hugues de Clers, cela est à noter, ne se retrouve pas parmi les
1. M. Bémont a traduit mot à mot « s'il naît une discussiou sur un jugement
fait en France «le passage « si vero contentio aliqua nascetur de judicin facto
in Fraocia » que M. Luchaire interprète « si un jugement rendu par la cour de
France ». Peut-être est-ce tirer du texte plus qu'il ne dit en réalité.
00 COMPTES RENDUS
documents venanl de Saint-.] ulien de Tours; Baluze qui l'a publiée
Ta connue par un vidimus de 1288, inséré après coup dans un registre
de Pliilippe- Auguste; cette charte, enfin, est souscrite par rarchcvêque
de Tours contre qui elle est dirigée. On pourrait peut-être objecter
ici que : 1" il est des actes excellents qui ne nous sont plus connus
que par des sources étrangères aux archives même du destinataire ;
2" que la mention du sénéchalat du comte d'Anjou, en 1158, n'est pas
une preuve de fausseté, puisque Gervais de Cantorbéry en parle et
que l'on accepte son assertion ; 3" la souscription épiscopale, pour
peu vraisemblable qu'elle soit, ne parait pas impossible. Le sénéchalat
angevin semble si peu avoir été reconnu par Louis VII, qu'en 1179,
au couronnement de Philippe-Auguste, Henri le Jeune présent à la
cérémonie, laissa remplir les fonctions de sénéchal par Philippe d'Al-
sace, en l'absence de Thibaud V, comte de Blois, sénéchal en exer-
cice, alors qu'en raison de cette absence même, il avait une belle
occasion d'exercer ses prérogatives sans contestation.
M. Luchaire, non content de démontrer que le traité n'est qu'un
factum politique dénué pour le fonds de toute vérité, bien qu'exact dans
beaucoup de détails, a essayé de fixer la date et les circonstances de sa
rédaction. On a vu plus haut qu'en 1158 Louis VII autorisa Henri II
à pénétrer en Bretagne « quasi seuescallus ». Or, le De Senesccdcia,
mentionnant la sépulture de Geoffroy-le-Bel à Saint-Julien du Mans,
n'a certainement pas été écrit avant 1154 ; Hugues de Clers en est donné
comme l'auteur ; mais, Hugues de Clers, l'un des représentants du roi
d'Angleterre dans son comté d'Anjou, était en correspondance avec
Thomas Becket, qui précisément négocia l'affaire de llo8 ; enfin la
fausse charte de Saint-Julien de Tours, qui fournit des arguments
en faveur de la thèse soutenue par le De Senescalcia, et qui est souscrite
par Hugues de Clers, paraît dater aussi de 1158. Tout cela concourt
à rendre très vraisemblable l'hypothèse de M. Luchaire, que le traité
fut rédigé par l'un des conseillers angevins de Henri II, au moment
oîi Thomas Becket négociait avec habileté, « per industriam », dit
Gervais de Cantorbéry, pour obtenir du trop simple Louis VII « viro
nimis simplici », dit le même auteur, un titre qui permît au roi-
comte d'exercer d'une farjon efïective son autorité en Bretagne \
1. Les réserves faites plus haut au sujet des preuves alléguées par M. L.
contre l'authenticité de la charte de Saint-Julien n'infirment du reste en rien
A. LUCHAïKi;: Mi:i,A.\(.i:s d'iusi'oiui: nr moyf.n âge Hl
Le second mémoire du volume publié sous la direction de M. Lu-
chaire est dû à ^L Dupont-Ferrier et est consacré à une étude sur
Jean d'Orléans, d'après sa bibliothèque. Jean d'Orléans, très amateur
de manuscrits, avait contribué à l'enrichissement direct de sa biblio-
thèque, en exécutant lui-même des copies; d'autre part, il utilisait les
pages blanches de ses manuscrits pour y mettre des recettes, y consi-
gner ses réflexions, y noter ses dettes. Toutes ces mentions jointes à
l'examen de la composition de la bibliothèque et à l'analyse de quelques
pièces composées par le prince ont laissé à M. Dupont-Ferrier l'im-
pression que, au point de vue littéraire, Jean d'Orléans fut un lecteur
et un compilateur infatigiible, faisant (( servir l'accumulation des con-
naissances ainsi acquises, à l'harmonieux développement de sa nature
religieuse et de sa nature morale ». L'étude de M. D.-F. se termine
par le texte annoté de l'inventaire de la bibliothèque du château
de Cognac, dressé en 1467 après la mort du duc. La publication de
M. Dupont-Ferrier esta rapprocher de celles consacrées antérieurement
aux collections des princes de Valois-Orléans-Angoulême. Charles
d'Orléans, le frère de Jean, fit dresser en 1427 un inventaire de ses
livres, alors que retenu prisonnier en Angleterre, et voyant les Anglais
menacer les villes de la Loire, il fit mettre ses collections en sûreté à
Saumur, puis à la Rochelle. Cet inventaire a été publié en ] 843-1844
dans le tome V de laBibUothàque de l'École des Chartes, par M. Le-
roux de Lincy. Ce savant avait eu la bonne fortune de retrouver, outre
le texte de l'inventaire, des documents faisant partie des archives Jour-
sanvault et fournissant des renseignements du plus haut intérêt sur
les dépenses faites par Charles d'Orléans pour l'enrichissement et
l'entretien de sa bibliothèque. Les livres de Charles d'Orléans, ramenés
à Blois en 1435, passèrent par héritage à son frère Jean. Le fils de ce
dernier prince, Charles d'Angoulême, père de François I'-'", avait hérité
de la bibliothèque du château de Cognac; un inventaire dressé après
sa mort, en 1496, a été publié en 1860 par M. Senemaud, dans le
tome II de la 3-^ série du Ihdletln de la Société archéolof/ique et histo-
la conclusion générale de 1 emiiient professeur. D'autres indices de fausseté ont
été indiqués par M. Dclhle (Journal des Sarants, 1898, p. 816-318). notamment
la place anormale de la date et l'annonce sous une forme insolite des noms des
témoins; en effet, ces noms, au lieu d'être précédés comme c'est l'habitude dans
la chancellerie de Henri II du moi Tcstibus, sont précédés des mots lus andlen-
tibus. (Voy. le texte Hist. de Fr., XVI, p. 17, note b.)
(V2 COMITES RlîNDUS
rigue de la Charente ; cet inventaire montre qu'en 1496 la collection
tHait moins riche qu'en 14G7 : l'inventaire publié par M. Dupont-
l'Vrrier compte en ed'et 148 articles, tandis que celui qu'a publié M. Se-
nemaud n'en compte que 75, formant 180 volumes. On sait que les
collections des ^^alois Angoulême vinrent avec l^'rançois F'r se fondre
avec la collection formée par Charles VIII et Louis XII et conservée
au château de Blois. Pour la suite de cette histoire nous renvoyons au
Cabinet des Manuscrits de M. L. Delisle.
La note de M. Poupardin qui termine le volume est consacrée à
Ebles, abbé de Saint-Denis, au temps du roi Eudes. M. P. démontre
que, contrairement aux conclusions de M. Favre, il faut identifier
comme un seul et même personnage Ebles, archichancelier du roi
Eudes, neveu de l'évêque Gozlin, et abbé de Saint-Germaindes-Prés,
de Saint-Denis et de Jumièges, et Ebles, abbé de Saint-llilaire de Poi-
tiers, frèi'e de Ramnulfe II, comte de Poitou ; Ebles révolté contre
Eudes, fut tué en 892, lors de l'expédition du roi en Aquitaine.
Le second volume publié par M. Luchaire, qui forme le tome VIII
de la Bibliothèque de la Faculté des lettres, est consacré à des notices
sur quelques manuscrits de Rome et de Paris, et particulièrement aux
recueils épistolaires de l'abbaye de Saint-Victor. Dans une première
notice, M. Luchaire relève les variantes que présente le manuscrit du
traité de Suger sur la consécration de Saint-Denis (ms. Vat. Reg.571),
par rapport à l'édition de Lecoy de la Marche, qui n'a été faite que
d'après les éditions antérieures.
Une seconde notice est consacrée à la Chronique de Morigny
(ms. Vat. Reg. 622 , il ne me paraissait pas nécessaire de consacrer
une page à ce texte, alors que M. Mirot a décrit le manuscrit de
Rome dans ses rapports à l'Institut et annoncé qu'il prépare une
nouvelle édition de la Chronique.
Dans sa troisième notice, M. Luchaire répond aux critiques faites
par Mabille dans son Introduction aux (^ironiques des comtes d'Anjou
contre un fragment d'une histoire des comtes d'Anjou, attribué à Foul-
ques le Réchin (ms. Vat. Reg. 173). L'exposé sommaire de M. Luchaire
n'a pour but que de remettre la question en débat, sans prétendre poser
encore une conclusion ferme sur la valeur du texte. Ces réserves faites
par M. Luchaire au sujet des conclusions de Mabille sont com-
plètement d'accord avec la doctrine professée à l'École des Chartes par
A. LUciiAïKi: : MANt.sciîiTs Dii KOMi: i:t PAUIS ()3
M. A. Molinier, qui a fait remarquer que l'argumentation de Mabille
aboutissait à « trancher la question plus qu'à la résoudre ». Dans une
courte note sur les Annales de Jumièges (ms. Vat. Reg. 553),
M. Luchaire relève une intéressante mention relative aux rapports de
Louis VII avec l'abbaye normande.
La notice sur le cartulaire de Saint-Vincent de Laon (Arch. Vat.,
Miscell. arm. XV, 145) ajoute quelques indications à celles qu'a
fournies récemment par M. deManteyer, particulièrement au point de
vue de la valeur d'une copie de ce cartulaire, qui est conservée à la
Bibliothèque Nationale.
La description du ms. 450 du fonds de la reine se réfère à une série
de textes soissonnais des xiv*^ et xv^ siècles, publiés par Martène dans
son Amplissima Collectio. M. Luchaire attire l'attention sur la tra-
duction en français d'un acte de Louis VIII, de mai 1225, qui paraît
n'avoir encore été jamais signalé.
L'étude du texte des Miracala nnncti Dionijsii, d'après le manuscrit
de la reine 571 et divers manuscrits de Paris et de Reims, a fourni à
de M. Luchaire d'intéressantes remarques sur la composition de ce
recueil ; un emprunt fait aux Gesta Darjobcrti par le rédacteur
des deux premiers livres des Mirncula, qui écrivait sous le règne
de Louis le Pieux, fournit un argument plus solide que ceux
de M. Krusch au sujet de la date probable de la rédaction des Gesta
(800-835). A un manuscrit de Reims M. Luchaire a emprunté le texte
d'un fragment qui représente sous sa forme primitive le texte partiel
le plus ancien que nous possédions des Miracala, ainsi que des notes
historiques très curieuses sur la réception à Reims en 1086 du comte
de Flandre, Robert II et de Robert Courteheuse. Le même manus-
crit 571 du fonds de la reine a donnéjlieu à une autre note sur les
manuscrits des Gesta Dacjoherti.
M. Luchaire a identifié avec le ms. 179 du fonds de la reine, le ma-
nuscrit utilisé par Duchesne pour l'édition du célèbre recueil de lettres
de Hugues de Champtleury. Ce personnage, évéque de Soissons non
résidant, et chancelier de France sous Louis VII, s'était, après sa
disgrâce, retiré à l'abbaye de Saint-Victor, c'est là qu'il compila le très
précieux recueil de lettres mis sous son nom. La comparaison du
manuscrit avec l'édition de Duchesne donne des résultats moins im-
portants qu'on n'aurait pu l'espérer; l'édition est fidèle, les suppres-
sions insignifiantes, car elles portent sur des textes transcrits deux
64 COMPTliS RENDUS
fois dans le manuscrit ou déjà publiés ailleurs. M. Luchaire n'a
noté comme omission à réparer que celle d'une lettre de Ilermannus,
notaire pontirical. plus lard cardinal du titre de Sainte-Su/anne,
au chancelier Hugues de Champlleury, pour lui recommander un
clerc sans ressources ; ces observations sont suivies du relevé des
variantes notables entre le manuscrit et l'édition. Un autre manuscrit
de Saint-Victor, différent du ms. du Vatican, a fourni à Duchesne
le texte de 21 lettres, imprimées à la suite du recueil dit de Hugues
de Champlleury. Ce second manuscrit n'a jamais été retrouvé,
mais le texte des lettres est dans les manuscrits latins 14615 et 14664
de la Bibliothi'que Nationale. Ces deux manuscrits, compilés au
xvn« siècle, fournissent en outre le texte d'un grand nombre de docu-
ments, lettres et chartes, du xii^ siècle, qui n'avaient pas encore été
imprimés. M. Luchaire a tiré des textes inédits contenus dans ces
manuscrits, ainsi que des parties inédites des compilations victormes
de Jean de ïhoulouse, une analyse méthodique qui est le morceau de
beaucoup le plus important et le plus intéressant de tout le volume;
cette analyse comprend l'étude : 1" de la correspondance de l'abbé de
Saint-Victor Ernis, ami de Hugues de Champlleury, 1161-1172 ; 2" des
lettres relatives aux abbayes en relation avec Saint- Victor : Saint-
Saturen Berri, Saint-Euverte d'Orléans, Sainte-Geneviève de Paris,
Notre-Dame d'Eu en Normandie, Saint-Barthélemi de Noyon,
Notre-Dame d'Eaucourt près Arras, Saint-Augustin de Bristol,
Saint-Jacques de Guinemorra dans la Marche ; 3'' des lettres des
évéques en relation avec Saint-Victor; 4" de la correspondance des
papes ; 5" des lettres des cardinaux ; 6° de la correspondance scolaire
(écoles d'Angers et d'Orléans) ; 7° des lettres relatives à la région de la
Loire comprise entre le duché de Bretagne et le comté de Poitiers,
aux localités de Machecoul et la Garnache. Un appendice qui se
réfère à cette partie du mémoire de M. L. comprend l'analyse pièce
à pièce des documents contenus dans les manuscrits latins 14615,
14664 déjà cités et 14368 (le*" vol. des Annales de .Jean de Thoulouse ,
avec publication in-extenso des nombreux fragments inédits.
Dans un dernier appendice, M. Luchaire a donné le relevé très
sommaire d'un certain nombre de manuscrits du Vatican relatifs à
l'histoire de France. Peut-être M. Luchaire eût-il pu grossir utilement
cet appendice, qui vise seulement à être un relevé pratique et non
un catalogue scientifique, en combinant ses notes personnelles, avec
11. F. i)i:L.\noi;i)i: : (.rii.i.AiMi: hi-; saint i'.\ riii s (i.")
celles qui ont été prises, suivant ruidre numérique, par les Bénédictins
(Bibl. Nat. Coll. Moreau), et dans l'ordre des matières pas La Curne
de Sainte-Palaye [ibid.), avec les indications (à vérifier) fournies par
une concordance manuscrite qui a été transcrite en marge du cata-
logue de Petau dans l'exeniplaire de Montfaucon de la Bibliothèque
de l'Kcole française de Rome, avec les renseignements fournis par
Betlimann dans le tome XII de l'/l/'c/u'o avec les nombreuses réfé-
rences aux manuscrits du Vatican qu'on trouve dans les Monumenta
Gennanirr et autres recueils de textes. — Le volume se termine par
une table des noms de lieux et de personnes, table d'autant plus utile
que la diversité des documents examinés et l'intérêt des textes
publiés font de ce recueil un livre de travail de première importance.
A. ViDIEK.
Vie de saint Louis par Guillaume de Saint-Pathus, confesseur
de la reine Marguerite, publiée d'après les manuscrits par
H. -François Delaborde.— Paris, A. Picard et fils, 1899; in-8'\ xxxii-
166 p. fCollection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement
de l'histoire).
La Vie de saint Louis par le confesseur de la reine n'était pas une
source inconnue des historiens, mais elle n'était utilisée qu'avec la
circonspection commandée par une saine critique, parce que les ren-
seignements qu'elle fournissait étaient pour la plupart impossibles à
contrôler et à vérifier. Elle avait cependant une grande valeur, et c'est
au nouvel éditeur qu'appartient tout l'honneur de l'avoir démontré.
Le confesseur de la reine, dont le nom, Guillaume de Saint-Pathus, a
été ingénieusement retrouvé par ^L D., déclare avoir composé son
œuvre sur les documents de l'enquête ordonnée par le pape Boni-
face VIII pour la canonisation de Louis IX. Ces documents et la copie
qui en fut transmise à Guillaume ont disparu. Toutefois, les décou-
vertes du comte Riant et de M. D. ont permis à ce dernier de
comparer quelques fragments de l'enquête sur la Vie et les mi-
racles du saint roi, et le texte du confesseur; et il s'est trouvé que la
Vie de saint Louis reproduisait lidèlement la substance de ces frag-
ments conservés par hasard : il était légitime, en l'espèce, de conclure
du particulier au général, et de reconnaître à l'œuvre de Guillaume
Moyen Age, t. XIII. 5
()6 COMPTES RENDUS
de Saint-Pathus tout sou prix'. Il y avait donc intcrctà donner une
édition nouvelle et correcte, sinon des miracles, du moins de la Vie de
saint Louis.
C'est cette édition que M. D. publie. Le texte est dressé avec tout
le soin désirable. L'annotation très sobre est suffisante. Je me per-
mettrai de soumettre à M. D. deux petites remarques. A la page 49,
Guillaume de Saint-Pathus rapporte que saint Louis accorda une
exemption générale à l'abbaye de Saint-Denis pour confirmer les pri-
vilèges autrefois octroyés par le roi Charles et contestés aux moines
par les seigneurs. M. D. écrit en note : « Cette exemption accordée
par saint Louis en janvier 1259 (n. st.)... est, comme on le voit,
antérieure à l'élévation de Charles au trône de Naples. » iVIais que
vient donc faire ici Charles d'Anjou? Il est bien évident qu'il ne peut
pas s'agir du frère de saint Louis; que saint Louis visait un diplôme
d'exemption d'un roi Charles, et que ce roi Charles est nécessaire-
ment un carolingien, très probablement Charles le Chauve. Le texte
de Guillaume de Saint-Pathus ne contient donc pas l'erreur que
semble lui attribuer M. D. A la page lOô, le texte porte que saint
Louis « ne vouloit pas aprochier as reliques ne as sanctuaires besier
le jour dont il avoit geu la nuit avec sa femme. Ce quint que il avoit
esté la nuit est par desus eu cinquième tretié ». M. D. écrit (note 3) :
« On ne trouve rien de semblable au cinquième chapitre » et il renvoie
au xve (il eût fallu xvi et non xv). Il est vrai que la référence de
Guillaume est inexacte, mais le passage allégué se trouve au sixième
chapitre. M. D. avait déjà noté une erreur de même nature (p. 64,
note 1). Il y a peut-être dans ces renvois inexacts un élément de cri-
tique dont M. D. n'a point tenu compte, parce qu'il n'a pas cherché
une explication à ces fautes.
M. D. pense que l'on envoya à Guillaume un abrégé des dépositions
sur les miracles, et que c'est de ce résumé que le confesseur de la
reine composa de toutes pièces la seconde partie de son œuvre; mais
il estime que pour la Vie de saint Louis, Guillaume fit œuvre plus
personnelle en résumant lui-même le texte intégral de l'enquête qu'on
lui avait transmis. Les raisons qui légitiment cette assertion sont
plausibles; mais j'avoue que la façon dont Guillaume parle de ses
sources me rend hésitant : il ne fait aucune distinction entre les deux
1. M. Vidier avait déjà signalé aux lecteurs du Moi/en Af/e les résultats
obtenus par M. Delaborde (Cf. Le MoijenA<je, 2'- série, 1. 1, p. 19S):
II. F. nKi.AnonnK : r.rii.i,AfMF. dr SArxT-p.\Tiifs 07
parties de la eopic qui lui fut remise. Là n'est pas cependant le
point délicat. M. D. ne croit pas que nous ayons l'œuvre originale de
(luillaurae de Saint-Pathus ; celui-ci a écrit sa Vie de saint Louis en
latin, car on relève dans le texte français que nous possédons des
traces évidentes de traduction (latinismes, obscurités, la rubrique de
indaicione . Cette traduction ne fut pas faite par Guillaume, car on
trouve des latinismes et des obscurités dans des amplifications ora-
toires qui n'existaient pas à coup sûr dans les dépositions des témoins
et qui sont nécessairement dues à la plume du confesseur; ne fallait-
il pas que la rubrique c?e indaicione qui n'a aucun sens fût incompré-
hensible pour avoir été reproduite telle quelle par le traducteur qui dès
lors ne peut être Guillaume lui-même? Enfin il est impossible que la
Vie de saint Louis et les Miracles aient été traduits par la même per-
sonne : le style des miracles est plus clair, plus élégant ; le vocabulaire
même est changé.
Je crois eu effet que Guillaume a rédigé son œuvre en latin et (ju'il
y a eu deux traducteurs. Mais je crois aussi que l'un des deux tra-
ducteurs, celui de la Vie de saint Louis, peut être Guillaume de Saint-
Pathus, malgré les arguments de M. D. pour soutenir la thèse
contraire. L'objection tirée des latinismes et des obscurités qu'on relève
dans les amplifications oratoires n'aurait de valeur (|ue si nous étions
bien certains que ces banalités sont de Guillaume; et nous n'avons
aucune certitude parce que nous ignorons ce qu'étaient ces copies dont
parle l'auteur et sur lesquelles il travaillait : si ces copies étaient des
résumés des deux enquêtes, comme '\l. D. le suppose pour les Miracles
seulement, elles pouvaient contenir ces courtes digressions générales;
si même ces copies renfermaient le texte intégral de l'imquête, pour-
quoi ces brèves amplifications n'auraient-elles pu se trouver dans les
dépositions de témoins bavards? Il y a des gens qui aiment à déve-
lopper les lieux communs. Heureuxencore, comme c'est le cas ici, quand
ces développements sans intérêt ont trait à l'affaire. Et je crois que la
part personnelle de Guillaume de Saint-Pathus est très minime^ La
rubrique de indaicione peut être une excellente preuve qu'il y a eu
avant le texte français qui nous est parvenu un texte latin sur lequel
le premier est souvent calqué ; elle ne doit pas servir à démontrer que
la traduction n'est pas de Guillaume; il n'est pas juste de dire que
Guillaume a inventé ce mot indaicio et que le traducteur l'a laissé tel
quel, « se réservant probablement d'en chercher plus tard l'équivalent
68 COMPTES RENDUS
fraiit^-ais ». Tout cela n'est qu'hypothèse vaine : on ne voit pas pour-
quoi Guillaume eût de gaieté de cœur forgé un mot qui nepouvaitpas
avoir plus de sens pour lui que pour nous. Guillaume savait le latin,
peut-être le latin macaronique et savoureux d'un Fra Salimbene,
puisqu'il confesse qu'il est un ignorant; mais encore, quand les igno-
rants de cette sorte créaient un mot, ils l'allaient prendre dans la
langue française. Induicio ne répond à rien ni en latin, ni en français.
L'on sait avec quelle facilité les scribes du moyen âge acceptaient les
lectures les plus étonnantes. Guillaume a pu emprunter cette rubrique
à un texte mal lu, et cela pourrait légitimer la conjecture que
Guillaume avait sous les yeux un résumé de l'enquête sur la vie,
tout aussi bien que l'hypothèse d'un traducteur de Guillaume. Et
j'accepterai plus volontiers cette opinion après examen des erreurs de
référence que je signalais. Une première fois Guillaume de Saint-
Pathus renvoie au chapitre ii quand le passage allégué se trouve au
chapitre vi. Il faut bien admettre que cette faute n'étant pas impu-
table à un traducteur, le chapitre vi a été tout d'abord le second.
Après coup, Guillaume a ajouté trois chapitres; et le chapitre second
est devenu le cinquième, et Guillaume y renvoie. Mais dans la rédac-
tion qui nous est parvenue, ce cinquième chapitre est le sixième. Or,
le chapitre ajouté après coup ne peut être que le premier : tandis que
dans les chapitres 2, 3, 4, 5, on trouve des traces évidentes de latinité,
dans le chapitre premier, on n'en remarque aucune; et bien qu'il soit
inspiré de Geofïroi de Beaulieu et delà déposition de Charles d'Anjou,
ce chapitre est manifestement pensé et écrit en français. En faisant
sa rédaction française plus complète que les rédactions latines, Guil-
laume n'a point pensé à rétablir partout la concordance entre les
chapitres et les renvois'. D'ailleurs, comment supposer que Guillaume
ne dût pas entreprendre lui-même la traduction de son œuvre! C'est
en effet à la requête de Blanche de F'rance que Guillaume a composé,
son ouvrage entre le 4 décembre 1302 et le 11 octobre 1303 ; or, à cette
date, les laïques ne savaient plus guère le latin. Blanche de France le
savait-elle? Si elle le savait, pourquoi se serait-on donné la peine de
traduire ce texte à peine achevé de rédiger? Remarquons-le, « le plus
1. M. D. a signalé que dans le plus ancien ms. le iliot cinquième avait été laissé
en blanc; et que In 1" correcteur l'avait ajouté. Cette faute du correcteur
s'explique tout naturellement par l'emploi de la dernière rédaction latine, moins
complète que la rédaction franeaise.
d'arbois de jlhainvillk: civilisation des celtes ()9
ancien manuscrit est dune écriture des environs de 1300 ». 11 fut
corrigé deux fois avant d'être copié vers 1320. Et si Guillaume a lui-
même traduit la Vie de saint Louis et non les Miracles, c'est qu'il dut
sans doute mourir avant d'avoir terminé son entreprise.
Léon Levillain.
IL d'Arbois de Jibainville. — La Civilisation des Celtes et
celle de l'épopée homérique. (Coursde littérature celtique. T. VI.)
— Paris, Fontemoing, 1899 ; in-S», .\vi-418 p.
De la comparaison qu'il a établie entre la civilisation des Celtes
et celle de l'épopée homérique, M. d'Arbois do Jubainville n'a pas
prétendu conclure aune filiation entre les deux civilisations, ni même
à une parenté, mais simplement constater une fois de plus cette loi :
que toutes les sociétés suivent un développement analogue et par-
courent les mêmes étapes. Bien qu'il y ait de grandes différences
entre la société grecque, telle qu'elle apparaît dans Y Iliade et VtJdijsi^ée,
et la société celtique, telle que nous la font connaître des sources qui
d'ailleurs sont dans le temps très éloignées les unes des autres, et
dont quelques-unes, comme les poèmes épiques irlandais, sont de
rédaction assez récente, il y a cependant des ressemblances qui auto-
risent à affirmer que les Celtes, avant l'ère chrétienne, et même pos-
térieurement, en tant qu'il s'agit des populations de l'Irlande, en
étaient au même point de leur évolution que les Grecs huit siècles
avant notre ère. En tout cas, les rapprochements entre l'épopée
homérique, d'une part, et les écrivains grecs et latins, pour ce qu'ils
nous donnent de renseignements sur les Celtes, et les poèmes irlan-
dais, d'autre part, sont un moyen d'investigation légitime pour com-
pléter nos connaissances si bornées et si éparses sur les mœurs et les
institutions celtiques.
Par exemple, Diodore de Sicile, parle des repas qui se donnent
chez les Celtes : pour honorer les hommes les plus braves, on leur
sert dans les festins les plus beaux morceaux de viande. Il n'en allait
pas différemment dans le monde des héros d'Homère, oùAjax, vain-
queur d'Hector en combat singulier, reçut d'Agamemnon le dos
entier d'un bœuf dont le reste fut partagé entre les autres guerriers.
M. d'A. de J. est amené ainsi à parler des combats singuliers livrés
en présence de deux armées, et dont l'usage se retrouve chez les
70 COMPTES HENDUS
C'eltes comme chez les Grecs. Autre trait commun aux deux civHi-
sations : les Grecs avaient, pour chanter leurs exploits, des aèdes
qui correspondent aux bardes des Celtes. Diodore de Sicile et Stra-
bou mentionnent les devins qui dans le monde celtique constituent,
comme dans la littérature homérique, un groupe d'individus distinct
de celui des prêtres. Les druides remplissaient, eux aussi, les fonctions
de devins, mais ils étaient avant tout des prêtres. Les druides
formaient une corporation, ce qui a donné lieu à une théorie d'après
laquelle les druides seraient les ancêtres des moines irlandais.
^L d'Arbois de .lubainville combat cette doctrine. Dans aucun texte,
ni de l'antiquité, ni du haut moyen âge irlandais, il n'est question
de vie en commun pour les druides. D'ailleurs, les origines du mo-
nachisme chrétien en Irlande sont tout ce qu'il y a de plus clair.
On a prétendu aussi que les premiers moines irlandais étaient des
druides convertis. « Les deux mille frères de Sletty, écrit dom Pitra,
qui chantaient jour et nuit, divisés en sept chœurs de trois cents voix,
répondant aux fils de saint Martin, étaient, d'après la légende, les
enfants du druide converti Fiek. » Or, Fiek n'était pas un druide,
mais un Jîle, un devin. Ajoutez que les druides ont été en Irlande les
plus grands ennemis de l'enseignement chrétien. M. d'Arbois de Ju-
bainville s'étend longuement sur les druides ; c'est qu'il lui arrive
de perdre de vue le sujet même de son livre ; les lecteurs ne s'en
plaindront pas, car les pages qu'il consacre à la civilisation celtique,
considérée en elle-même, ne sont pas les moins intéressantes. L'ensei-
gnement des druides, les croyances religieuses des Celtes, l'anthro-
pomorphisme, qui est un caractère commun aux dieux homériques
et celtiques, ont fourni matière à un chapitre oij sont mises en lumière
les ressources que l'historien des idées peut trouver dans la philo-
logie. Les conceptions de la vie ultra-terrestre sont différentes chez
les Grecs et les Celtes, et de même les modes de sépulture. Cepen-
dant il y a des points de contact ; ainsi l'idée de la nécessité d'une
barque pour arriver au séjour des morts ; mais c'est un détail qu'on
retrouve dans l'Inde, en Egypte, en Scandinavie.
Le chapitre IV est consacré à la famille dont la base est chez les
Grecs comme chez les Celtes la monogamie, laquelle n'est pas un
obstacle au concubinat ; le mari peut avoir pour concubines ses
femmes esclaves. Il n'y a qu'un passage de César qui mentionne la
pluralité des femmes en Gaule. Mais dans l'épopée irlandaise, on
nr\niKiî : nof imknts ixTKnKssANT la nKi.GiguE 71
trouve plusieurs exemples de polygamie. Quant à la polygamie, s'il
n'en est pas question chez Homère, elle a existé à Lacédémone ;
César l'attribue aux Bretons ; on la retrouve dans les poèmes irlan-
dais. " Chez Homère, les femmes légitimes : 1"^ sont achetées à leur
père par le mari ; 2" elles reçoivent de leur père une dot ; 3" elles
obtiennent de leur mari des présents qui peuvent quelquefois avoir
assez d'importance pour constituer ce que l'on appellera plus tard
douaire en français... L'usage d'acheter les femmes libres qu'on
épouse a été général dans le monde indo-européen ; il se trouve en
Irlande. Il a existé évidemment en Gaule... » La dot s'appelle en
lihinde iimol, en gallois agireddy. Le douaire correspond au
tinnficra irlandais ; il était usité en Gaule, mais on ignore son nom.
Le chapitre V est intitulé (( la guerre ». L'auteur passe en revue
les armes défensives et offensives. H insiste longuement sur le char
de guerre qui était encore en usage en Gaule vers l'an 90 avant notre
ère, mais que César ne rencontra plus qu'en Grande-Bretagne. Le char
de guerre paraît être d'origine chaldéenne. Il se répandit en Egypte,
en Italie, en Gaule, en Grande-Bretagne et en Irlande. M. d'Arbois
de Jubainville marque les différences entre le char grec et le gaulois.
Pour conclure, « la parenté entre Celte et Grec homérique tient sur
certains points à une origine commune ; les mots qui veulent dire
père et mère, par exemple, sont décisifs. Mais l'accord sur beaucoup
de détails s'explique par les lois générales de l'esprit humain et par
le degré de civilisation... Les Gaulois, pendant les trois siècles qui
ont précédé notre ère, les Irlandais, tels que nous les dépeint leur
littérature épique la plus ancienne, mise par écrit dans le moyen âge,
étaient à peu près au même degré de civilisation que les Grecs et les
Troyens de l'épopée iiomérique environ huit cents ans avant Jésus-
Christ ». M. Prou.
Ch. DiMviER. — Actes et documents anciens intéressant la
Belgique. — Bruxelles, 1898 ; in-8% 462 p.
Sous ce titre M. Duvivier a publié cent quarante-sept documents,
la plupart inédits, du ix" au xive siècle, qu'il a recueillis au cours de ses
recherches dans les archives et bibliothèques de la France. Ces docu-
ments intéressent autant l'histoire du Xord de la France que celle de la
72 COMPTES RENDi:S
Bolgiiiuo. La transcription nous a paru avoir été soigneusement faite.
L'annotation, dans laquelle l'auteur s'est particulièrement préoccupé
d'identifier les personnes et les localités, permet d'utiliser immédiate-
ment ces chartes. Une table alphabétique complète le volume. M. Du-
vivier a classé les documents par églises, et il a donné sur les fonds
d'archives qu'il a consultés des renseignements historiques et biblio-
graphiques intéressants. Ainsi le recueil s'ouvre par une notice sur 1^
cartulaire du chapitre cathédral de Noijon, conservé aux archives
de l'Oise, auquel les érudils ont emprunté déjà nombre de documents,
mais d'oij M. Duvivier a pu tirer encore un document inédit ; la
charte par laquelle le comte Hilduin, vers 900, donne à l'église de
Noyon un fisc dans la cité de Tournai. Les deux cartulaires de
l'abbaye de Sninl-Amand, conservés aux archives du Nord, lui
ont fourni plusieurs pièces importantes du x«^ au xii^ siècle. Signalons
particulièrement une charte de l'abbé Bovo, de l'an 1082, réglant, à
la suite d'un procès, les droits du prévôt Ilériman, qui tenait son
ministerium en bénéfice de l'abbaye, sur le territoire et les hommes
de la ville de Saint- Amand; cette charte n'est pas transcrite dans les
cartulaires; M. Duvivier l'a empruntée à une copie de la collection
Moreau. Mais c'est dans le premier cartulaire qu'il a trouvé une
charte de la fin du xi^ siècle, par laquelle une femme libre, Ivette de
Cresplaine, se fait serve de l'abbaye avec toute sa postérité. En 1116,
le comte Baudouin confirme la restriction apportée par Geoffroy,
avoué de la ville de Saint-Amand, au service de plait que lui
devaient les hommes de ladite ville. Il y avait trois plaits géné-
raux, l'un après Noël, le second après Pâques, et le troisième après
la Saint-Jean; chacun d'eux durait trois jours ; l'avoué les réduit à un
jour. De la même année 1116, un règlement du comte Baudouin sur
la man(jeuvre des écluses de Thun.
Dans le chapitre consacré à l'abbaye de Saint- Vanne, on trouvera
un diplôme de l'empereur Conrad II, du 24 avril 1031, dont M. Duvivier
a établi un texte critique. Viennent ensuite des chartes extraites des
cartulaires de l'abbaye d'Hasnoti aux Archives du royaume à Bruxelles
et à la bibliothèque de Douai, des divers cartulaires de Corbie à la
Bibliothèque Nationale de Paris; la transcription de deux chartes de
Saint-N'icolas-au-Bois, dont les originaux sont conservés l'un aux
archives du Nord, l'autre à la Bibliothèque Nationale de Paris; la
notice d'une charte de 1 évêque de Tournai , Rat bod , en 1087 , pour Saint-
m \ i\ ii:i! : ikx tmiùxis iNri:i:i:ssAN'r la HKi.cigiF. (.5
liifjuiei', extraite d'un cartulaire des archives de la Somme. Le fonds
de l'abbaye de MarcJiienncs aux archives de Lille a fourni un diplôme
faux mis sous le nom de Charlemagne. Le Glay avait déjà signalé ce
faux. Mais M. Vanderkindere a pu déterminer l'époque de la compo-
sition qu'il place au xn" siècle; dans la note qu'il a rédigée à ce sujet
pour le recueil de M. Duvivior, il remarque avec raison que le faus-
saire a pris pour modèle un document du xi^ siècle. A signaler dans
une charte de la môme abbaye d'environ l'an 976 une mention de la
loi Salique. 11 s'agit de trois manses cédés à titre de précaire à deux
hommes moyennant le payement d'un cens annuel de trois sols :
« Quod si de hoc censum ncgligens unquam usus fuerit, secundum
legem Salicam cogatur emendaturus. » Les documents sur les exac-
tions des avoués à l'égard des hommes des monastères du Nord de
la Franco sont nombreux ; ceux que M. Duvivier a publiés d'après
les originaux et relatifs aux avoués de Marchiennes, au xir- siècle sont
parmi ceux qui donnent à ce sujet les détails les plus précis.
Le diplôme du roi de France Philippe pi" confirmant les privilèges
du chapitre de Saint- Amé de Douai avait déjà été publié; mais M. Du-
vivier en a donné le texte d'après l'original. Il y a quelques négligences
de transcription, d'ailleurs insignifiantes; p. 186, hgneS, incliti, lisez
inchjti : p. 187, 1. 4, tirannide, lisez tijrannide ; 1, 5, Broiolo, lisez
Broiio; 1. 17, persecutoriun, lisez persequuioi-um; p. 188, 1. 20,
Roherti, lisez Rotberti; 1. 22, Richeldin, lisez Richiidis.
C'est de la collection Moreau qu'ont été tirées des chartes du
xn« siècle, relatives à l'abbaye de Crespin. Viennent ensuite les docu-
ments relatifs aux abbayes de Bourbourg (tirés du cartulaire du
xme siècle, conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris), cVAuchtj-
les-Moines (d'après un Cartulaire du xvni° siècle, imprimé, mais très
rare); &à Saint-André de Cateau-Cambrésis ; de Saint-Médurd de
Soissons (d'après le cartulaire des Archives Nationales); d'Homblières
(d'après le cartulaire delà Bibliothèque Nationale). Parmi les pièces
extraites du cartulaire d'Homblières, il en est une d'un genre qu'on
n'est pas habitué à rencontrer dans les cartulaires ; c'est une lettre de
Hugues, abbé de Saint Amand, écrite vers 1159, adressée au prieur
et aux moines d'Homblières, à l'occasion de la mort de leur abbé : il
s'excuse de ne pouvoir leur porter lui-même ses consolations, retenu
qu'il est par la présence dans son monastère de l'évêque de Tournai,
gravement malade; mais si les moines d'Homblières 'dont il avait été
71 COMPTES RENDUS
l'abbô veulent reniottre l'élection d'un nouveau pasteur, il espère
pouvoir y assister.
Les archives du Nord ont fourni un fragment de registre de
rabba}'e du Saint- Sépulcre de Ctimbnd donnant la liste des cens
payés à la chapelle de Notre-Dame de Bruxelles. Les autres églises
dont les fonds d'archives ont contribué à la formation du recueil de
M. Duvivier sont : l'abbaye d'yl»c7i//?, la cathédrale de Cambrai (un
plait épiscopal de 941), les abbayes de S((ini-Aubert de Cambrai^ de
Saint-Quentin-en-V Ile, de Saint-Pierre de Blandin, à Gand, de
Saint-Vaast d'Arras. Parmi les chartes de Saint-Vaast, il en est
une sur laquelle il convient d'appeler l'attention des historiens du
droit : c'est une autorisation donnée par l'abbé à deux hommes de
l'abbaye de passer d'une classe de tributaires dans une autre, afin de
pouvoir contracter mariage : « Duo fratres qui erant ex familia sancti
Vedasti de dimidia possessione pro niortua manu, ad ministerium
cellerarii pertinentes, Ausbertus et Stephanus, me adierunt quoniam
alter uxorem accepturus, nisi de lege duorum denariorum fieret sicut
femina erat, conjugium assequi non poterat. » L'abbé «ionsent à ce
que les deux frères « qui de dimidia possessione saneti Vedasti erant »
changent de loi ihanc commutationem legis indulgemusjj et payent
désormais le cens de deux deniers. A la page 347, on remarquera
une traduction française, du xiii^ siècle, des coutumes d'Haspres (1197),
village du Hainaut qui appartenait à Saint-Vaast. D'autres chartes de
coutumes ont été tirées du Cartulaire de la terre de Guise : les fran-
chises données à Hirson (Aisne), en 1156, par Geoffroy de Guise; celles
que Jacques d'Avesnes accorda aux bourgeois de Buironfosse (Aisne),
entre 1170 et 1189. C'est par ce document que se termine le recueil
de M. Duvivier, dont la consultation sera indispensable aux érudits,
qui y trouveront des renseignements les plus divers pour l'histoire du
nord de la France et de la Belgique et des documents importants pour
les institutions des xi® et xii^ siècles. M. Prou.
c. s( iim;ii)i:i! : ki.oi!i:.\i'i\is( ni-; it ankiihîs . l'^S.") i:{()| 75
G. SciiNKinFR. — Die finanziellen Beziehungen der florentini-
schen Bankiers zur Kirche von 1285 bis 1304. — Leipzig,
Duiicker und Ilumblot, 189!); in-8", x-78 p. (Staats- und social-
wissenschaftliclie Forschungen. XVII, 1.)
L'auteur de cette dissertation s'est proposé d'esquisser Ihistoire des
relations financières de l'Église avec les maisons de banques italiennes
de 1285 à 1304. d'après les registres poutificaux, en grande partie
publiés pour cette période de vingt ans. Il a consciencieusement
dépouillé les registres publiés, noté tout ce qui concernait son sujet,
et distribué ses fiches sous six rubriques : La curie et les banques de
dépôt; la curie et les banques de. crédit; les banques et le collège
des cardinaux; les banques et le clergé; situation juridique des
banques vis-à-vis de la Chambre apostolique ; le personnel des
banques auprès de la curie. — Ces six chapitres, l'auteur les a
encadrés entre deux chapitres d'introduction (les Banques et l'Église
jusqu'à la aiort de Martin IV) et de conclusion îles Banques et
l'Eglise jusqu'au temps des Médicis;.
Le sujet est intéressant, car, comme M. Schneider le dit, après
d'autres, l'Église romaine, qui fit au xiii^ siècle d'immenses levées de
fonds à l'occasion des croisades, etc.), fut, avec le commerce et la
guerre, une des forces qui ont suscité les grandes puissances finan-
cières des temps modernes. — Malheureusement les documents
jusqu'à présent imprimés ne fournissent que des données insuffi-
santes sur les points les plus intéressants. L'auteur confesse, par
exemple, que l'origine de la fortune et de la disgrâce des Francesi
auprès de Boniface VIII est pour lui, comme pour nous, un mystère
(p. 22); que Ion ne sait pas bien comment la curie s'arrangeait pour
concilier les intérêts de ses a marchands », qui prêtaient de l'argent
à quantité de prélats, et le principe canonique de l'interdiction des
« usures » (p. 59); qu'il est impossible de dresser la liste des agents des
banques qui ont résidé en cour de Rome de 1285 à 1304 (p. 67). « Et
de tous les banquiers de l'Église, nous ne connaissons guère que
les noms ; l'état des documents interdit encore à l'historien d'animer
ces ombres » (p. 68). — M. Schneider a été, cependant, en mesure
d'établir quelques faits. Dans le chapitre u (la curie et les banques
de dépôt), il a pu indiquer assez précisément les Compagnies finan-
cières qui ont joui les unes après les autres de la faveur des papes;
des Siennois d'ahord, puis (à partir de Martin IV , des Florentins:
76 COMPTES UENDUS
SOUS Boniface VIII, le triumvirat des Spini, des Mozzi et des Chia-
reuti; la suprématie des Spini de 125)8 à 1301, etc. Le ciiapitre v
(les banques et le clergé), contient un relevé instructil' des prêts, con-
sentis à des prélats de toute la chrétienté par des maisons de banque
italiennes, dont il y a trace dans les registres de la chancellerie de
Boniface VI 11.
En résumé, tra\ail bien conçu, exécuté avec soin'.
Ch.-V. Langlois.
Lefebvre. — Leçons d'introduction à l'histoire du droit matri-
monial français (Cours de 1898-1899). — Paris, Larose ; in-8'\
131 p.
Nous avons eu la bonne fortune de recueillir à l'Ecole de droit
l'enseignement de M. Lefebvre. Aussi sommes-nous heureux aujour-
d'hui de voir notre maître publier le résultat de ses travaux.
Cet enseignement a porté tour à tour sur la division des personnes
et la condition des biens, sur le régime des successions et enfin sur le
droit matrimonial. L'auteur pense et avec raison que ce dernier sujet
offre un intérêt tout particulier à l'historien. L'étude des obligations
et des contrats n'est qu'un prolongement des études de droit romain.
— La condition des personnes, le régime successoral ont un caractère
plus national, liés d'un lien si étroit à l'histoire politique. Mais ces
institutions ont disparu quand la Révolution a liquidé ce passé poli-
tique. Par contre, notre droit matrimonial, notre droit de famille a été
édifié par les mœurs ; il a soutenu notre société « au travers des
longues épreuves du moyen âge et des temps plus modernes », il a
survécu dans notre Code, et c'est un élément de force pour la société
d'aujourd'hui.
Telles senties raisons qui ont amené l'auteur à publier son cours sur
l'histoire du droit matrimonial français. L'auteur « a laissé à son livre
la forme du cours oral pour lui mieux conserver son caractère d'exposé )),
mais il a fait œuvre d'historien « qui n'affirme ou ne conjecture qu'à
bon escient ». Aussi consacre-t-il une partie spéciale à l'appareil des
notes et des documents.
Le premier fascicule seul paru contient l'Introduction générale, très
étendue et pleine d'intérêt. L'auteur, après avoir exposé son plan et sa
méthode, nous y trace les grandes lignes de son sujet.
1. P. 14. Charles de Valois est présenté comme le fils de Philippe le Bel.
LKFKiu'i!!-:: iNriJontTTiox a i/histoikk nr hkoit matimmoniai. 77
Son élude s'ouvre au lendemain des invasions. Il se demande:
1" quels éléments ont pu en se coordonnant donner naissance aux
coutumes matrimoniales; 2° quelles ont été les causes directrices de
ces développements et de ces transformations.
Ces éléments sont la tradition romaine, les coutumes germaniques
et surtout la doctrine chrétienne sur le mariage.
Les institutions romaines ont eu une inlluencc, mais négative. Elles
ne reposent pas sur le mariage, mais sur la patria potcsias : aussi
cette conception a-t-elle retardé de cinq siècles l'avènement de cou-
tumes nouvelles en rapport avec des mœurs nouvelles.
Les coutumes germaniques nous laissent entrevoir tout un ensemble
de « tendances morales vers l'intimité plus grande de l'union conju-
gale ». Mais ce sont là des tendances et non de vraies coutumes iuri-
diques. Elles ont du moins préparé un terrain merveilleusement
favorable au christianisme.
Ce fut Là l'élément principal. S'il est un domaine où l'influence des
mœurs devait être prépondérante, c'est bien celui du droit matri-
monial. A des mœurs fortement chrétiennes devaient correspondre un
mariage et des institutions inspirés de l'esprit chrétien.
Rien ne manifeste mieux cette influence que l'homogénéité des
coutumes matrimoniales, opposée à la diversité extrême des coutumes
féodales et successorales. Pour cette unité, une direction dans le
développement est indispensable. Dans une législation écrite, cette
unité est due à la science, dans un droit coutumier elle est nécessaire-
ment l'œuvre d'une unité de direction morale.
Pourquoi cependant en pays de droit écrit, dans un milieu aussi
chrétien, trouvons-nous des institutions matrimoniales si différentes?
Pourquoi le christianisme n'aurait-il pas ici imprimé la même
direction ?
Cette objection ne serait pas exacte pour le Midi du haut moyen
âge. Nous trouvons chez les Gallo-Romains les mômes tendances vers
une nouvelle organisation de la famille, et le christianisme y déve-
loppait un droit matrimonial semblable à celui du Nord. La renais-
sance du droit romain au xii^ siècle, infiniment plus intense dans le
Midi, vint changer ce cours, et c'est alors que s'introduisit le régime
de méfiance de la dot et du Velléien, non toutefois sans résistance.
En Provence, les actes notariés du xiv'' siècle contiennent une renon-
78 COMPTES RENDUS
ciation si générale à l'inaliénabilité dotale et au Velléien, qu'elle devient
une véritable clause de style.
C'est donc le christianisme qui a dirigé dans le Midi, encore coutu-
mier, le développement du droit matrimonial.
Cette doctrine chrétienne était d'autant plus puissante que le moyen
âge la trouvait formulée dans des textes précis. Je veux parler des textes
de la Genèse, de l'Évangile et surtout de saint Paul, d'où l'exégèse tirait
une théorie complète du mariage indissoluble. C'est sur l'épître aux
Corinthiens, ch. vu, en particulier, que s'appuyaient les juriscon-
sultes et les moralistes. Ils en déduisaient pour la femme son devoir
d'obéissance : d'où l'autorité maritale et les pouvoirs du mari comme
maître et seigneur de la communauté. Ce texte imposait par contre au
mari un devoir strict de dévouement : de là le douaire, le don mutuel
et le partage par moitié de la communauté. Sans doute, la femme con-
tribue pour une moindre part aux acquêts de la communauté, et la
loi Ripuaire attribuait à la femme seulement un tiers de la commu-
nauté. Mais pour le moyen âge, homme et femme ne sont pas des
associés ordinaires, chacun recevant proportionnellement àsesapports:
(( duo in carne una. » Ce sont ces raisons de sentiment, étrangères au
droit romain et à nos idées modernes, qui expliquent l'extension
extrême du don nmtuel et du douaire. Si la coutume intervient, c'est
surtout pour limiter la générosité du mari.
Telle fut la doctrine chrétienne du moyen âge sur le mariage et ses
effets. Gomment cette doctrine put-elle prendre la direction de la
coutume? C'est qu'elle s'appuyait sur les mœurs et sur une répulsion
extrême des Gallo-Romains aussi bien que des Barbares pour Rome
et son droit matrimonial. Une image sert de conclusion à l'auteur ;
saint Jérôme recouvre Gains dans le palimpseste de Vérone; dans le
droit matrimonial c'est la coutume ciirétienne qui vient se superposer
au droit romain et le recouvrir complètement.
Malheureusement, là se termine avec l'Introduction, le 1'''' fascicule^
nous laissant vivement désirer l'apparition de l'œuvre complète.
J. Roman.
II. Haiskr. — Ouvriers du temps passé X'Ve-XVI^ siècle);
— Paris, F. Alcan, l8'JD; in-8'^ carré, xxxvii-252 p. (Bibliothèque
générale des sciences sociales.)
(( Bien des gens, écrit M. Ilauser à la fin de son ouvrage, s'ima-
liALsKi; : ouviiiKRs nu temps passé 79
ginent qu'il n'y a pas eu de question sociale clans les époques an-
térieures à la notre. Tout ce livre tend précisément à prouver le con-
traire. » L'auteur, en effet, s'est proposé principalement de montrer
que les économistes et le public portent sur l'ancienne organisation
du travail en France un jugement beaucoup trop rapide, trop simple
et trop bienveillant. Cette organisation ne peut guère inspirer une
appréciation générale, car elle était très variée, et le système corpo-
ratif avait bien moins d'extension et bien plus de diversité qu'on no le
croit. Mais, tout compte fait, il n'y a pas lieu, pour l'ouvrier non plus
que pour le paysan, de regretter le temps passé; l'injustice, la misère
imméritée, l'exploitation de l'homme par l'homme, sont des maux
anciens, que la grande industrie, il est vrai, a rendus plus aigus,
plus généraux et plus saisissants. La grève des ouvriers typographes
de Lyon au xvi<= siècle est un exemple paticulièrement typique, et
M. Ilauser a pu écrire : « Rien ne manque à cette crise pour lui donner
tout l'aspect d'une grève moderne : ni les demandes d'élévation des
salaires, ni les protestations contre l'avilissement prémédité de la
iiiain-d'(euvre, ni le recours aux coalitions, ni la violation de la
liberté du travail, ni l'intervention du pouvoir communal d'abord, du
pouvoir central ensuite. »
M. Ilauser a étudié spécialement la période comprise entre les pre-
mières ordonnances de Louis XI sur la législation industrielle, et
l'ordonnance de 1581, qui fut un vain effort pour imposer à tous les
métiers de France le système des maîtrises. Cette période, telle qu'elle
nous est décrite dans le présent livre, n'est peut-être pas aussi typique
qu'on pourrait le croire en lisant la préface de M. Hauser. L'organi-
sation du travail au xv^ et au xvi'- siècle est souvent décrite par lui
d'après des documents bien antérieurs, tels que le Liures des Métiers;
et d'autre part on ne voit pas que la Réforme, par exemple, ait eu sur
l'évolution industrielle l'influence annoncée d'abord par l'auteur. Ce-
pendant cette époque est suffisamment caractérisée par des faits que
M. Hauser a bien mis en lumière, comme l'intervention maintenant
très active de la royauté dans la réglementation du travail, la forma-
tion d'une oligarchie patronale de plus en plus fermée et oppressive,
enfin l'apparition d'une industrie mécanique, l'imprimerie.
Le livre de M. Hauser est une heureuse et utile addition à ïfJis-
toire des Classes ourrières de M. Levasseur, et conservera sa valeur
alors mémo que M. Levasseur aura publié la seconde édition, depuis
80 COMPTES RENDUS
longtemps annoncée, do son grand ouvrage. M. llauser, en effet, ne
s'est pas contenté de vulgariser les connaissances acquises, il a fait
d'importantes découvertes aux Arcliives Nationales et aux Arcliives
communales de Lyon. Sou livre rendra de grands services.
Ch. Petit-Dutaillis.
Gabriel Mehcr, o. S. 13. — Catalogus codicum manuscriptorum
qui in bibliotheca monasterii Einsidlensis O. S. B. ser-
vantur. Tomus I complectens centurias quinque priores, — Ein-
sidkv, sumptibus monasterii; Lipsia^, O. Ilarrassowitz, 1899; gr.
in-8«, xxiv-422 p.
La bibliothèque abbatiale d'Einsiedeln est une des rares collections
dont l'existence ait duré sans discontinuer depuis les débuts de sa
formation jusqu'à nos jours. L'abbaye fut fondée au milieu du x^ siècle,
et elle possède encore des manuscrits écrits par ses moines à cette
époque, elle en possède même quelques-uns antérieurs, soit qu'ils
proviennent d'autres établissements, soit qu'ils aient été transmis aux
moines bénédictins par les ermites qui les avaient précédés au
ix'' siècle. Actuellement, la bibliothèque compte 1,500 manuscrits, le
présent volume du catalogue se réfère aux 500 premiers, dont près de
400 remontent au moyen âge. La transmission des volumes ne s'est
du reste pas faite du moyen âge à nos jours sans quelques accidents,
le catalogue lui-même en fournit l'indice; on y rencontre, en effet, la
mention de quelques feuillets palimpsestes dans plusieurs manuscrits,
feuillets qui rappellent l'existence d'anciens volumes détruits ; on y
trouve aussi décrits sous les n''^ 360 à 376 une série de recueils de
fragments, ces fragments sont pour la plupart très anciens, certains
proviennent de manuscrits du vHi'' siècle, un assez grand nombre, de
manuscrits du x*"; enfin à signaler des feuilles de garde, des plats de
reliure qui sont des fragments de parchemin portant trace d'écriture.
La collection que fait connaître le premier volume du catalogue est
composée, comme toutes les bibliothèques du moyen âge, de bibles,
d'homéliaires, de livres liturgiques, de textes des Pères, de recueils
canoniques, théologiques, ascétiques, de textes classiques, de manus-
crits historiques : les plus remarquables de ces mss. sont connus depuis
longtemps; le plus célèbre de tous les manuscrits d'l<>insiedeln est
peut-être le célèbre Ilinerarium du vin" siècle (ms. 326), qui a fourni
G. MEIER : CODD. MSS. EINSIDLliNsES 81
aux archéologues de si précieuses indications sur la topographie de
l'ancienne Rome et transmis jusqu'à nous le texte d'inscriptions
antiques; quelques manuï:crits ou fragments de manuscrits d'auteurs
anciens et du haut moyen âge sont intéressants, par exemple un Sal-
luste du XI'' siècle (ms. 10, facs.dans Châtelain), des fragments d'Ho-
race (ms. 361) et de Térence(ms. 362) dux^ siècle.de Virgile (ms. 365),
duix^etduxe siècle, de Végèce (n"365) du x^ siècle, d'Isidore de Séville
(ms. 3(35) du vin" siècle, deux Prudence (ms. 312, 316) et un Claudien
(ms. 318) du x" siècle. — La série des manuscrits historiques
proprement dits n'est pas extrêmement remarquable, mais elle
est complétée par les nombreuses notes qui se trouvent sur les manus-
crits d'ouvrages d un autre genre. A signaler des fragments de Tite-
Live (ms. 348) du x'' siècle, un Eusèbe (ras. 347) du viii^ siècle, un
Orose (ms. 351) du x® (ce manuscrit fournit un chap. xlvih diffé-
rent de celui qui est dans les éditions), le De Viris illusiribus de
saint Jérôme et de Gcnnadius (n" 131), x'^-xi« siècles, un Réginon
(ms. 359), avec continuation jusqu'en 939, un recueil des lettres de
saint Grégoire (ms. 179 du x« siècle, des canons de conciles (ms. 199)
du vni''-ix'- siècle. Les historiens de l'abbaye ont eu beaucoup à em-
prunter à ses manuscrits; certains contiennent en effet des notes anna-
listiques, des relevés de biens, etc., par exemple les n"' 29, 319 et 356
(x®-xi" siècles), 113 (xiv® siècle), 83 (xn^-xnie siècles); on trouve des
épitaphes d'abbés dans les n^^ 143 et 319 (xi^ siècle) ; le n''236 est un
martyrologe hiéronymien avec notes nécrologiques, qui a été utilisé
pour l'édition de Rossi-Duchesne; deux autres martyrologes avec
additions d'obits sont dans les mss. 116 et 117 ; à citer encore une série
de manuscrits de Vies de saints, dont quelques-uns datent du x« siècle
et les autres pour la plupart du xii". Au point de vue paléographique,
la collection d'Einsiedeln est intéressante, puisqu'elle présente quelques
spécimens d'écriture de la bonne époque carolingienne, mais je n'ai
relevé dans le catalogue aucun manuscrit ancien qui fût daté; pour
l'ornementation, il y a dans ces manuscrits quelques morceaux qui
paraissent intéressants, par exemple les deux miniatures d'un saint
Grégoire {Comm. in Ezech.) du x° siècle et plusieurs livres d'heures
du xv« et du xvi® siècles, très richement ornés et illustrés (n''^^ 94, 289-
292). Il faut rappeler enfin que les manuscrits liturgiques de l'ab-
baye ont déjà fourni aux liturgistes et aux historiens de la musique
des données fort curieuses.
Moyen Age, t. XIII. 6
§2 COMPTES RENDUS
Quant à la rédaction du catalogue, le nom seul du P. Gabriel Meier
est un sûr garant qu'elle est excellente: l'éminent bibliothécaire de
l'abbaye s'est depuis longtemps fait connaître comme technicien, en
exposant dans le CentralblattfurBibliothekswesenlcs règles à observer
pour cataloguer des manuscrits ; comme bibliographe, en publiant dans
la même revue une bibliographie dos catalogues de manuscrits de la
Suisse; comme historien de sa bibliothèque enfin, dans un volume
qu'il a consacré à un de ses prédécesseurs du xiv' siècle, Henri de
Ligerz. qui a annoté de sa main la plupart des manuscrits indiqués
dans le catalogue. Le P. Meier a décrit pièce à pièce tout le contenu
des manuscrits, donné les incipit et les expUcit, identifié les textes avec
leurs éditions, ce qui représente un labeur énorme, dressé la biblio-
graphie de chaque manuscrit lorsqu'il a été décrit, utilisé, vu par
quelque savant. Les caractères extérieurs des volumes, annotations,
reliures, anciennes cotes, etc., ont été très soigneusement relevés. En
somme, le volume est un recueil digne de la bibliothèque, recueil qui
fixe pour nous l'ensemble d'une collection que les érudits, depuis deux
siècles, n'ont jamais consultée sans profit. A. V.
G. Daimet. — Étude sur l'alliance de la France et de la Cas-
tille au XlVe et au XV^ siècle, — Paris, E. Bouillon, 1898; in-S»,
11-273 p. (Bibl. de l'École des Hautes-Études, fasc. 118).
M. D. a tenté de combler un vide regrettable de la littérature his-
torique de la guerre de Cent-Ans. L'alliance entre la France et la Cas-
tille, au milieu des luttes que notre pays eut à soutenir contre les An-
glais, a été longue et plusieurs fois efficace. Et cependant dans la plupart
des livres généraux, elle a été à peine indiquée, sinon complètement
négligée. Désormais une pareille lacune sera tout à fait inexcusable.
L'étude de M. D. présente des qualités sérieuses: elle est simple,
claire, précise; elle fournit les éléments essentiels à la quet^tion. Mais
je ne la crois pas définitive, pour plusieurs raisons.
La recherche des documents paraît avoir été trop hâtive. L'auteur
s'en excuse presque au début de l'introduction. Les registres du Va-
tican, un ms. delà Bibliothèque Nationale, les cartons deCastille aux
Archives Nationales, voilà tout ce qu'il a compulsé en fait de docu-
ments manuscrits pour compléter les grands recueils imprimés et les
DAUMET : LA FRANCK ET LA fASTILLE AUX XlV ET XV SIÈCLES SJ-?
chroniques. Or. je crois qu'avec un peu de patience et de flair on
pouvait trouver bien davantage. La publication du livre eût peut-être
(Hé retardée de quelques mois; mais l'œuvre eût été plus pleine, plus
pénétrante. En parcourant les recueils de documents du xiv" et du
xv-' siècle provenant de la Chambre des Comptes ou d'ailleurs, qui
sont conservés à la Bibliothèque Nationale en particulier, on peut faire
d'utiles trouvailles; entre autres pièces, je me souviens d'avoir ren-
contré dans un volume du fonds français de très curieuses instructions
données à Arnaud de Corbie, Jean Le Mercier et autres pour la con-
clusion d'un traité avec la Castille. De tels documents eussent rem-
placé avec avantage certaines pièces justificatives dont le résumé dans
le texte suffisait. La bibliographie présente également quelques lacunes :
on aimerait par exemple à y voir figurer la judicieuse Geschichte von
Spanien de F. ^\^ Schirrmacher (t. V, Gotha, 1890 .
La conception du sujet est d'autre part singulièrement étroite : énu-
mération des ambassades envoyées de part et d'autre des Pyrénées et
des traités conclus entre les rois, résumé succinct des négociations et
des traités, voilà tout le livre. Or, cette sécheresse ne s'imposait pas.
Le sujet méritait d être présenté dans toute son étendue légitime. Au
début, on est fort surpris de ne pas trouver un court préambule sur les
relations de la France et de la Castille au xni*' siècle, relations qui
ont été les préliminaires efficaces de l'alliance du xiv" siècle. Aux plus
beaux jours de l'alliance la diplomatie française paraît avoir été bien
servie, les affaires d'Espagne étaient traitées par les mêmes diplomates,
gens habiles et expérimentés, tels que les deux Jean de Vienne, l'ar-
chevêque de Reims, puis l'amiral Morelet de Montmor, Thibaut I locie :
il eiit été intéressant de s'arrêter un instant sur de tels personnages,
de les faire connaître; ils eussent apporté un élément de vie, sans
faire le moindre tort à la rigueur scientifique. Les Espagnols ont
été mieux partagés ; ils ont obtenu quelques brèves notices au bas des
pages. En dehors de ces diplomates ordinaires, d'autres nombreux
chevaliers français ont traversé les Pyrénées, fait pèlerinage et guer-
royé en Espagne, s'y sont même établis et y ont fait souche. Ils ont
contribué pour leur part, comme au second rang, à entretenir et à
resserrer l'alliance. De plus, les relations commerciales étaient actives
avec l'Espagne, les navires castillans fréquentaient régulièrement les
ports français ; les marchands castillans jouissaient de privilèges
spéciaux, notamment dans les ports de la Seine maritime. Sur ce point
84 COMPTES RENDUS
les documents encore inédits abondent. Il eût été nécessaire de
donner une meilleure place au côté économique du sujet. Volontaire-
ment les affaires du schisme ont été écartées, et c'est là encore une
lacune grave; car le schisme a réagi puissamment sur toute une série
de faits qui en ont été, dans le livre de M. D., trop complètement
isolés.
Enfin on aurait pu désirer plus de soin dans le détail. Je ne m'attarde
pas à des noms propres mal transcrits comme M. des Noyers pour
M. de Noyers (p. 4) ou Jean Danr/ennes pour J. d'Anr/ennes ou (TEn-
gennes{p. 73), ni à des inexactitudes de date comme le 20 septembre
au lieu du 16 pour la mort de Charles V (p. 46). Mais à la page 27,
voici qui est plus grave : M. D. paraît avoir oublié deux années
et attribué à 1363 ce qui s'est passé en 1365. Après avoir parlé à la
page précédente du traité conclu entre Henri de Trastamare et le
maréchal Arnoul d'Audrehem à Clcrmont le 23 juillet 1362 pour le
départ des compagnies vers l'Espagne et de la confirmation que
Henri vint chercher à Paris^ auprès du dauphin le 13 août, l'auteur
ajoute aussitôt : a Les bandes de routiers composées de Français,
d'Anglais et de Bretons entrèrent bientôt en Espagne sous la conduite
de Bertrand du Guesclin, d'Arnoul d'Audrehem et de Le Bègue de
Villaines... Les Compagnies passèrent en Castille. Pierre était venu
à Burgos pour tenir tête aux envahisseurs, mais il ne tarda pas à se
replier sur Tolède. D. Enrique pendant ce temps... avait réussi à s'em-
parer de Calatrava... et se faisait proclamer roi de Castille vers le
milieu de mars l"iG3 ». Or^ les compagnies recrutées en 1363 par le
prétendant ne traversèrent pas les Pyrénées. Ce n'est qu'un an après
que Charles V et du Guesclin, par suite de l'échec de la tentative de
l'Archiprétre sur la Hongrie, reprirent le projet espagnol et organi-
sèrent un nouveau départ. Par suite, l'installation de Henri sur le
trône de Castille qui en résulta est non de 1363, mais de 1365. Voilà
qui est assez fâcheux ; car tous ces événements ont été le point de
départ de l'étroit resserrement qui se produisit dans l'alliance franco-
castillane sous Charles V.
Il n'en reste pas moins que M. D. a fait œuvre d'érudit; et si son
œuvre eût gagné à être plus largement conçue et moins rapidement
exécutée, elle n'en rendra pas moins de réels services.
A. COVILLE.
I
CLÉMENT-SIMON : LA UUPTUnt: Di; TRAITÉ DE URÉTIGNY EN LIMOL'SIN 85
G. Clément-Simon. — La rupture du traité de Brétigny et
ses conséquences en Limousin, de l'appel des seigneurs
Gascons à la trêve de Bruges (13G8-1377,, d'après des documents
inédits. — Paris, (Jhainpion, 1898; in-8", 125 p.
L'opuscule de M. C.-S. est une utile contribution à l'histoire mili-
taire de la guerre de Cent-Ans dans le centre de la France. Nulle
région n'a été plus durement et plus longtemps éprouvée par cette
guerre que la région du massif central. Limitroplie entre les posses-
sions anglaises et françaises, sans cesse disputée entre les deux
adversaires, hérissée de forteresses, très propice grâce à son relief
mouvementé pour la guerre de surprise et de brigandagi', elle a eu
durant plus d'un siècle une histoire compliquée et navrante. Toutes
les pages de cette histoire paraissent se ressembler ; toutes cependant
sont intéressantes et émouvantes parce qu'elles nous font mesurer
l'abîme de misère où tombèrent alors les \aillantes populations de la
France centrale.
M. C.-S. a étudié pour Tulle et le Bas-Limousin la courte, mais
importante période qui s'étend de 1368 à 1377. Le point de départ de
sou travail, ce furent quelques lettres de rémission des Archives
Nationales qui nous font connaître la prise de Tulle, de Brive-la-
Gaillardeet de quelques châteaux voisins par le duc de Lancastre à la
fin de 1373. Mais l'auteur a élargi son cadre. Il a voulu montrer
comment en dépit du traité de Calais, en dépit des efforts et des che-
vauchées postérieures des Anglais, ce pays est redevenu et resté
français sous Charles V. M. C.-S. connaît très bien dans le passé
comme dans le présent le pays dont il parle ; ses travaux antérieurs
l'avaient déjà prouvé. Le récit qu'il fait des événements propres au
Limousin se présente avec beaucoup de clarté et de précision. La cri-
tique est d'ordinaire judicieuse et prudente; les notes en font foi à
maintes reprises. L'auteur a notamment examiné à la loupe l'annota-
tion de S. Luce aux Chroniques de Froissart, et il y a trouvé matière
à d'intéressantes rectifications.
Tout cependant n'est pas parfait. M. C.-S s'est aventuré surtout au
début de son travail dans l'histoire générale de la guerre de Cent-Ans,
et là il a été beaucoup moins heureux. Son appréciation du traité de
Calais et de sa valeur juridique est assez grossière; il paraît ignorer
les récentes recherches sur cette célèbre convention. Le jugement
porté sur le régime anglais dans le Midi est fort exagéré : (( Puis
86 COMPTES RENDUS
l'Anglais s'était fait haïr. 11 traitait les possessions acquises parla
forée «( eomnie la terre d'un autre » (Michelct), chargeait le peuple
d'impôts, éloignait systématiquement les seigneurs du gouvernement et
des honneurs » (p. 14). L'intervention anglaise en Espagne, les néces-
sités d'une politique aventureuse obligèrent seulement au bout de
quelques années le prince de Galles à imposer assez lourdement ses
nouvelles possessions, ce fut là le pire. L'administration et la justice
n'étaient pas plus mauvaises qu'ailleurs. Les seigneurs ne furent pas
l'objet de vexations systématiques. Les villes virent souvent accroître
leurs privilèges. Il est vrai que l'auteur fait intervenir pour mieux
expliquer le mouvement qui, à partir de 13G8, entraîna une partie du
Midi vers le roi de France, une haine de race : « Les deux races se
connaissaient désormais. Elles étaient contraires, inconciliables. »
Froissart paraît en effet l'indiquer. Mais c'est là encore une affirma-
tion excessive pour le temps. L'initiative de la révolte fut le fait de
quelques grands seigneurs gascons mécontents pour des raisons per-
sonnelles et séduits d'autre part par l'argent et les belles promesses du
roi de France. Les villes suivirent à leur tour pour échapper aux
subsides extraordinaires dont elles se croyaient affranchies par leurs
privilèges récents, tentées également par les exemptions et avantages
de toute sorte que leur offrait à son tour Charles V. C'est encore une
idée générale fort contestable que celle-ci : « Charles V ne voulait pas
la guerre de parti pris, ne l'avait pas préméditée de longue main, la
redoutait » (p. 17). Tout prouve au contraire que Charles V a médité,
préparé de longue date cette reprise des liostilités : l'histoire des cinq
premières années de son règne le montre surabondamment.
On peut encore reprocher à M. C.-S. certaines lacunes de sa biblio-
graphie : il avoue lui-même ne pas s'être servi de la dernière édition
de la Chronirjuedu bon duc Loi/s, de M. Chazaud; elle est cependant
.acile à se procurer, puisqu'elle a été publiée par la Société de l'His-
toire de France. Sur le traité de Brétigny, il eût consulté avec profit
I article de M. Petit- Dutaillis paru dans le n^ 1 du Moyen Age,
année 1897. Chemin faisant, il eût pu également tirer parti des
Gascons en Italie de Durrieu, du Rouer (jae nous les Anglais de
Rouquette,du Prince A^oir en Aquitaine de Moisant, malgré les graves
défauts de cet ouvrage informe, du Livre de Vie de Labroue à propos
de Badefol, etc. La littérature historique de la guerre de Cent-Ans
fçrandit très rapidement; pour qui veut étudier même un coin bien
OArDKNZI : I.K SOf IF.TÀ OF.I.I.E ARTI IN ROLOONA >^1
liniilcî de ce vaste domaine, il est indispensable de se tenir au courant.
Il est enfin un point de détail sur lequel je voudrais attirer l'atten-
tion de l'auteur, plus versé que moi dans les antiquités limousines.
Tulle fut occupée stms coup férir par le duc de Lancastre à la fin de
novembre ou au commencement de déceni-hve 1373. Brive eut le
môme sort quelques jours après. Ce n'est qu'au mois de juillet 1374
que les troupes françaises conduites par le duc de Bourbon vinrent
reprendre réellement possession du pays; ce n'est même qu'au mois de
décembre 1375 que la ville de Tulle obtint des lettres de rémission
pour avoir ouvert ses portes aux ennemis du royaume. M. C.-S.
possède un acte de vente dressé à Tulle par le notaire Pierre Olier,
daté du 27 mars 1374, où on trouve cette formule : Régnante sere-
nissimo domino, domino nostro Eduardo Dei gratia Francie et
Anglie vex. M. C.-S. s'étonne fort de ce texte : comme il ramène
la date du 27 mars 1374 au style de Pâques et qu'il la reporte par
conséquent au 27 mars 1373, il ne peut s'expliquer le maintien d'une
telle formule après la rentrée des Français. Mais le style en usage
alors dans le Limousin pour le commencement de l'année était non
pas celui de Pâques, mais celui du 25 mars^. La date vraie est donc
bien le 27 mars 1374 ; elle n'est postérieure que de trois ou quatre
mois à l'occupation anglaise. Il est vraisemblable qu'à ce moment
l'autorité du roi de F'rance n'était pas encore rétablie à Tulle comme
elle fut à partir de l'été. Peut-être restait-il une garnison anglaise
dans la ville; peut-être en>eore redoutait-on un retour offensif des
Anglais. Ainsi se justifie d'elle-même cette formule derrière laquelle
M. C.-S. croit entrevoir tant de complications locales.
A. COVILLE.
Gaidenzi (A.). — Le Società délie Arti in Bolog-na nel secolo
XIII, i loro statut! e loro matricoli. — Schiaparelli (L.). —
Diplomi inediti dei secolilXe X. — Roma, E. Loescher, 1899;
in-8'\ 167 p. \Ihdletino deW istitato siorico italiano, n^ 21).
I. — M. Gaudenzi a déjà publié dans la collection des Fonti
per la Storiad'Ilalia le texte des statuts des corporations bolonaises,
1. Deloche, Mode de compatation e/ii/doycù la fin du Xf II" et au commence-
ment du XI V sié(de fjoui- dater dans lu Quercy et dans le Bas- Limousin, da.nii
le Bulletin du Comité des tracaux historiques, Histoire, 1884, p. 115. —
Guibert, Des Formules de dates et du commencement de l'année en Limousin,
Tulle, 1886.
88 COMPTES RENDUS
et consacré dans le Bnlletino delV ifititiUo stovico (n° VIII) un article
aux Società dei Avm.i. Il s'est proposé, dans le mémoire que nous
signalons aujourd'hui, d'étudier les conditions générales du déve-
loppement des « Sociétés des Arts » h. Bologne. L'examen détaillé des
statuts de chacune de ces Sociétés doit faire, de la part de l'érudit ita-
lien, l'objet d'un travail ultérieur. II ne faut donc chercher dans celui-
ci que l'exposé des caractères communs à toutes les associations, de
leurs transformations générales durant le cours du xin'' siècle, et des
circonstances dans lesquelles leurs statuts nous sont parvenus.
L'origine des corporations de métiers, à Bologne comme ailleurs,
est fort incertaine, et il est plus que conjectural de les rattacher aux
collèges d'artisans de l'Empire romain. Kn réalité, les premières asso-
ciations de ce genre dont il soit fait mention à Bologne, celles des
changeurs et des marchands, n'apparaissent dans l'histoire qu'en 1174.
Vn peu plus tard, à la fin du xii'' siècle, une glose d'Azon fait allusion
aux Sociétés de métiers, et leur existence est constatée d'une manière
plus certaine en 1211. Mais ce n'est qu'en 1228 qu'un soulèvement
populaire leur assura une part dans le gouvernement de la cité et que
leurs membres furent représentés au Conseil. Ce furent, du reste,
pendant un certain temps encore, les Sociétés des changeurs et des
marchands, puis celle des « juges et légistes », qui jouèrent, au point
de vue politique, le rôle le plus important. La représentation dans le
Conseil des diverses associations varia au cours du xm" siècle, et le
nombre même de ces associations ne fut pas toujours fixe, car il arriva
que certains métiers qui, à l'origine, comme les ouvriers du cuir ou
ceux du métal, formaient une Société unique se divisèrent dans la suite
en plusieurs corps.
Il n'y avait pas seulement, d'ailleurs, dans ces Sociétés des Arts, des
artisans et des ouvriers. Nous venons de parler des juges et légistes.
Une des plus importantes, parmi les autres corporations bolonaises, fut ,
celle des notaires qui, en 1294, comptait jusqu'à deux mille membres
et jouait un rôle prépondérant dans la direction des affaires \ Notons
encore l'importance spéciale de la corporation des parcheminiers, dont
la présence de l'Université assurait le développement. Parmi les gens
1. Au point de vue plus général, M. G. remarque en outre que l'habitude
prise par ces nombreux notaires, tous laïques, de rédiger leurs actes eu langue
vulgaire, devait les amènera faire de celle-ci l'un des objets de leurs études, et
que ce fait ne fut pas sans exercer une influence notable sur le développement
de cette langue vulgaire. — Nous signalerons encore, comme curiosité, à propos
OA^r)F^^•/.l : i.r. fioriF.TÀ ori.i.f. aihi in noi.ofiNA 89
de métiers proprement dits, les bouchers furent les premiers à s'orga-
niser en confrérie militaire en même temps qu'en association profes-
sionnelle. Les autres les suivirent durant le second quart du xni^ siècle.
Les statuts des corporations bolonaises ne sont pas comme dans
d'autres cités italiennes, à Venise, par exemple, des lois imposées aux
artisans par le gouvernement de la République. Ce sont des règlements
adoptés par les Sociétés elles-mêmes, dans le but de défendre leurs
intérêts et de veiller à la bonne police de chaque industrie. Ils ont
pour but à la fois de réglementer le travail et d'exiger pour l'entrée
dans l'association certaines conditions, destinées à exclure les gens
tarés, ou des adversaires politiques tels que les membres de la noblesse.
L'organisation intérieure de la corporation est en général imitée de
celle de la cité, avec à sa tête des chefs au nombre de trois ou de six,
puis de quatre ou de huit, designés d'abord sous le nom de consuls,
puis, le plus souvent, sous celui de minisd-ali, et secondés par divers
oflîciers (massier, syndic, etc.). Mais le pouvoir souverain, dans la
corporation, appartient à l'assemblée générale, qui seule a le droit de
modifier les statuts et élitlibrement ses oflîciers. Le principe que chacun
était libre d'entrer ou non dans l'association fut respecté durant tout
le xnie siècle; mais, de plus en plus, les corporations cherchèrent à
contraindre par des moyens indirects tous les artisans indépendants à
se soumettre aux statuts des Arts, et cette tendance ne fit que s'accen-
tuer à mesure que les Sociétés furent investies d'une part plus grande
dans le gouvernement de la cité.
D'autre part, les magistrats de Bologne ne laissèrent pas longtemps
les Sociétés des Arts s'organiser et fonctionner en toute indépendance;
Ils intervinrent à leur tour pour soumettre les constitutions et règle-
ments à la nécessité d'une approbation et d'un enregistrement. C'est
vers 1240 que les Sociétés commencèrent à rédiger leurs statuts; dès
1250, elles furent contraintes de les présenter au contrôle des Anciens,
et, quelques années plus tard, durent faire enregistrer également les
matricules ou listes de membres. La dernière partie du mémoire de
M. G. est consacrée à l'inventaire et à l'examen minutieux des docu-
ments ainsi enregistrés, conservés aujourd'hui en partie à VArchi-
de notaires, la description (p. J104) d'un dessin illustrant la matricule de ceux-ci,
et dans lequel M. A., avec beaucoup d'ingéniosité, a cru reconnaître la repré-
sentation (au xni* siècle) du premier « proconsul » des notaires bolonais, le
célèbre maitre Rolaiidino Passasieri.
90 COMPTES RENDUS
rio di Siatn de Bologne, en partie dans diverses collections particu-
lières. 11 est impossible d'entrer ici dans le détail de cette étude, qui
porte à la fois sur les caractèies extérieurs des textes, sur leur succes-
sion dans les registres, et sur les particularités de leur formulaire ou
les mentions qui les accompagnent. De cet examen, M. G. a cru pou-
voir déduire des conclusions relatives à l'ordre dans lequel ont été pré-
sentés les statuts des diverses Sociétéset, par suite, à l'époque à laquelle
ces corporations elles-mêmes ont été constituées ou réformées, comme
aussi à la manière dont s'opérait la correction d'anciens statuts ou
l'intercalation de dispositions nouvelles.
La publication in-extenso des mentions de présentation et d'appro-
bation des statuts, de 1256 à 1294, termine le mémoire qui constitue
donc à la fois une étude historique d'un caractère général sur les
Sociétés d'arts et métiers de Bologne, et un relevé descriptif et critique
d'une série de documents des plus intéressants pour l'histoire de l'or-
ganisation du travail et de l'organisation municipale dans l'Italie du
Nord au xni' siècle.
II. — En même temps qu'il annonce la publication, dans la série
des Fonti, d'un Codex diplomaticus des souverains italiens de
l'époque carolingienne, M. L. Schiaparelli donne le texte de huit
diplômes inédits de cette période, rencontrés par lui au cours de ses
recherches dans les archives capitulaires de Parme et dans celles de
l'abbaye de Nonantola, et qu'il a avec raison jugé utile de porter le
plus tôt possible à la connaissance des historiens. Le plus ancien de
ces documents est un diplôme de l'empereur Gui de Spolète, de 892,
en faveur de Wicbod, évêque de Parme; le plus récent, du 23 juin 953,
émane de Bérenger II et d'Adalbert; les n''^ II, IV et V sont des actes
de Bérenger I^»', le n° III un précepte de Louis de Provence, donné à
Pavie au début de la première expédition de ce prince en Italie. Les
autres pièces sont des notices de plaids tenus par divers comtes et misfti
royaux.
Les diplômes inédits du ix^ et dux® siècle, surtout les actes royaux,
sont assez rares pour qu'une telle publication mérite d'être signalée
aux érudits. L'intérêt qu'elle présente, au point de vue diplomatique,
est d'autant plus grand qu'à l'exception du n'^ II, copie de la fin du
x® siècle, tous ces textes sont des originaux. L'édition en a été faite
avec un soin, et on peut dire avec une élégance, dont VIstituto storico
avait déjà donné l'exemple dans le volume de Monumenta Novalicennia
f.ASNO^; : i,i;s jriFS^ D.ws l'.\n<ii:n' nuorr i"I!AN(;ais !)1
dû il M. Cipolla : l'on voit au premier coup d'œil que M. S. s'est
préoccupé de présenter tout ce que les ressources ordinaires de la
typographie pouvaient reproduire au sujet des caractères extérieurs
des originaux. Chaque texte est en outre précédé d'une notice étendue,
consacrée à la description matérielle du document dimensions
du parchemin, graphie, abréviations), à l'indication des princi-
pales particularités qu'il présente au point de vue diplomatique et
des renseignements historiques nouveaux qu'il peut apporter. Nous
ne trouvons malheureusement, dans cet ordre d'idées, rien de bien
saillant à relever. Le n" III indique la présence de Louis, fils de
Boson, à Pavie, un jour plus tôt seulement que l'acte qui était jusqu'à
présent considéré comme donnant la date de son couronnement dans
cette ville (Bôhmer, Reg. n° 1455). Les personnages les plus notables
mentionnés dans ces actes, en dehors des souverains dont ils émanent,
sont l'ex-impératrice Ageltrude, veuve de Gui de Spolète, et l'évêque
Adalard de Vérone, qui joua un certain rôle au temps de Bérenger I' '•,
dont il fut le conseiller. Les noms de personnes et de lieux ont presque
tous été identifiés par l'éditeur, ou, plus exactement, un renvoi est le
plus souvent fait aux ouvrages antérieurs, où l'on peut trouver les
renseignements de ce genre, ce qui ne laisse pas que d'arrêter un peu
le lecteur. Mais, en dehors de cet inconvénient, les textes de M. S.
peuvent servir de modèle pour l'édition de diplômes originaux de
l'époque carolingienne et font très favorablement augurer du recueil
annoncé par l'érudit italien, recueil dont il est à souhaiter que la
publication ne soit pas remise à un avenir trop lointain.
René Poupardin.
X. Gasnos. — Étude historique sur la condition des Juifs dans
l'ancien droit français. — Angers, impr. de Burdin, 1897; in-8",
255 p. (Thèse de doctorat en droit).
Le titre de cette thèse nous faisait espérer une étude historique de
droit écrite par un juriste; c'est plutôt, croyons-nous, un essai histo-
rique rédigé par un avocat. L'avocat est tenu d'aborder presque à
l'improviste toutes les questions; sa faculté d'assimilation doit remé-
dier à l'insuffisance d'une préparation laborieuse qui exige de longs
loisirs. Or, la connaissance de l'histoire ne s'acquiert pas par la seule
lecture des livres qui traitent de celte science, elle exige une certaine
92 COMPTES RENDUS
discipline, une méthode de travail sévère. M. G. a pris assurément
sa tâche au sérieux et consulté tous les ouvrages qui pouvaient l'éclai-
rer. Mais on ne s'avise pas de tout. Il consacre, par exemple, un long
chapitre à la condition fiscale des Juifs, mais il ignore que Vuitry a
écrit sur la matière des pages qu'on peut appeler définitives (dans son
Régime financier de la France), et il s'expose ainsi à un parallèle
dangereux. — Il a trouvé dans une étude peu scientifique du chanoine
Cochard (La Jidverie d'Orléans) un long récit de la trahison des
Juifs d'Orléans qui, en 1009, écrivirent au kalife Ilaken de détruire
l'église du Saint-Sépulcre, mais il ne sait pas que le comte Riant,
auquel on ne saurait refuser quelque autorité en ces matières, a
démontré l'absurdité de cette fable {Inventaire critique des lettres
historiques des Croisades). Par contre, M. G. sait que dans les écoles
supérieures les élèves juifs apprenaient les principes mystérieux de la
Kabbale; en quoi il fait preuve d'une science que lui envient ceux qui
sont versés dans la connaissance de la littérature hébraïque du moyen
âge. Parle même don de divination, M. G. a reconstituéle langage tenu
par les Juifs, à leur entrée en France, aux rois mérovingiens :« Laissez-
nous libres de faire le commerce et de pratiquer la banque et l'usure
dans vos États, affermez-nous les péages de vos frontières et chargez-
nous de percevoir vos impôts, nous ferons rentrer dans vos coffres plus
d'argent que vous n'en avez jamais reçu. » C'est de l'éloquence, nous
n'en disconviendrons pas ; mais l'éloquence n'est pas l'ennemie de la
science. Or, ce petit discours soulève quelques difîicultés. Première-
ment, ce n'est pas à leur entrée en France que les Juifs ont pu s'ex-
primer ainsi, puisqu'ils y ont précédé l'arrivée des Francs, ce serait
tout au plus à l'entrée des Mérovingiens en Gaule. Secondement, les
Juifs de ce temps pouvaient avec quelque peine parler de banque et
d'usure, puisque c'est après le XI"^ siècle que pour la première fois ils
se livrèrent à ce métier. — On n'attend pas de nous que nous suivions
pas à pas M. G. dans son étude; il nous faudrait pour une critique
détaillée tout un volume. Nous aurions souvent à le louer cependant,
car s'il n'apporte aucun renseignement inédit, ou n'expose aucune
idée nouvelle, il montre dans la discussion et la composition qu'avec
une meilleure préparation il aurait pu nous donner un bon livre.
I. L.
.1. I AMIS : N'ALKNTINR VISCONTI 93
Jules Camus. — La venue en France de Valentine Visconti,
duchesse d'Orléans, et l'inventaire de ses joyaux apportés
de Lombardie. — Turin, Casanova, 1898; gr. in-8", 04 p.
M. Camus, séduit par l'aimable figure de Valentine Visconti, qui,
A bon droit doit de tous estre louée,
comme le dit Eustache Deschamps, publie aujourd'hui rinvenlaire
des joyaux qu'elle apporta avec elle en venant trouver en France
Louis de Valois, père de Charles VI, qu'elle allait épouser. Mais cet
inventaire, qui ne nous est pas tout à fait inconnu, puisque La-
borde, Corio, Muratori, Lûnig nous en ont déjcà parlé, est pour
l'érudit auteur l'occasion de mettre en lumière autour de cette gra-
cieuse figure, les détails qu'il a patiemment réunis et qui éclairent
un peu la biographie de la duchesse d'Orléans. Il détermine d'abord
sa filiation : elle est bien fille (comme le dit Moréri), de Jean Galéas
Visconti, comte de Vertus, et non sa sœur, comme le croit Mura-
tori. Et il pense, d'après des lettres de sa mère Isabelle, conservées
aux archives de Mantouc, qu'elle naquit en 1370 ou 1371, et non en
1366, comme le dit Corio.
M. G. la suit dans les dijfïérentes négociations de ses mariages;
d'abord avec Charles Visconti, puis avec un des frères de Wenceslas,
roi des Romains, enfin avec Louis de Valois, et il signale les fêtes
splendides données à Milan à cette occasion, qui durèrent jusqu'au
22juin 1389, enfin l'arrivée en France delà princesse, qui entre à Paris
le 17 aolit. C'est à cette époque que fut dressé l'inventaire qui suit,
dont M. C. a découvert aux Archives Nationales le texte français,
rédigé en présence de Philippe de Florigny et de Jean de Garencières.
Il comprend 229 articles; ils sont précieux pour les richesses qu'ils
relatent, mais ne contiennent aucune mention de nature à spécialement
nous intéresser. Le texte est bien édité, bien commenté, je ne serai en
désaccord avec l'auteur que sur trois points.
N° 32. C'est un demi-cerf q\ non un demi-cercle qu'il faut lire. Nous
sommes en effet dans les fermaux avec des animaux : biches, daims,
pélicans, tourterelles; de plus, le cerf se retrouve ici en maint endroit
comme pièce d'armoiries.
N" 90. Ce n'est pas vriolez qu'il faut lire. Ainsi écrit, le mot a fait
longuement chercher : c'est beaucoup plus simple. Ce ne sont pas des
94 COMiniïS RENDUS
« couteaux à manche d'ambre Ariolez d'argent doré », ce sont des
couteaux rirolés d'argent, à virole d'argent.
N^' 211 . L'argent rerc m'a toujours paru être de l'argent recouvert de
cet émail translucide comme du verre, d'une épaisseur imperceptible,
qui conservait à la matière qu'il recouvrait un brillant inaltérable.
F. DE MÉLY.
A. FiAM.MA/./.o. — Il commento dantesco di Alberico da Rosciate,
col proemio e fine di quello del Bambaglioli. Notizia da
codice Grumelli... —In Bergamo, dall' istituto italiano d'arti gra-
ficbe, 1895: in-8^ 67 p.
La question de l'origine et de la filiation des plus anciens commen-
taires de la Divine Comédie est une des plus ardues et une des plus
intéressantes de la littérature dantesque; voici un opuscule qui
l'éclaircit sur un point resté jusqu'ici assez obscur.
Tandis qu'un inconnu traduisait en langue vulgaire le commentaire
latin de ser Graziolo de' Bambaglioli, Alberico da Rosciate tournait
en latin le commentaire italien de Jacopo dolla Lana. Cette traduction
d'Alberico n'est pas, comme on a pu longtemps le croire, une repro-
duction pure et simple de l'original; des différences plus ou moins
sensibles entre les deux textes avaient déjà été aperçues par plusieurs
critiques; mais M. Fiammazzo, dont les études dantesques ont une
réputation méritée au delà des Alpes, a poussé l'examen de cette soi-
disant traduction d'Alberico, beaucoup plus loin qu'on ne l'avait fait
jusqu'à présent. Nous ne pou\ons ici le suivre dans les développements
qu'il donne à sa démonstration ; mais nous en retiendrons les conclu-
sions, qui sont celles-ci : Tout porte à croire que, tout d'abord, Albe-
rico a donné une traduction assez fidèle de la plus grande partie du
commentaire de Jacopo, peut-être à mesure que celui-ci paraissait, en^
y faisant passer à peu près dans son entier le commentaire de Graziolo
de' Bambaglioli sur V Enfer; puis, reprenant son travail, il aura con-
sacré ses loisirs à le corriger, à l'amplifier, bref à le remanier. De là
deux rédactions principales de celte traduction, représentées, la pre-
mière, par le manuscrit de la Laurentiennc, dont M. F. donne plusieurs
extraits, et par cinq autres exemplaires, tous les cinq incomplets; la
seconde, par le manuscrit probablement unique de Bergame, connu
sous le nom de manuscrit Grumelli, la plus récente (1401) et en même
I
i
AUNDT : DIE SPUACIlt: I)EU BRESLAUER KANiCLEI 95
temps la plus précieuse, à tous les points de vue, des copies de cette
œuvre d'Alberico; et ainsi, cette œuvre, qui dans l'histoire de l'exégèse
dantesque, viendrait se placer chronologiquement entre celle de Pietro
di l>ante 1340) et celle de Boccace (1373), comblerait une grave
lacune. A la seconde rédaction se trouvent en outre mêlées certaines
interpolations dans lesquelles, d'après M. F., Alberico ne serait pour
rien.
Sans doute le dernier mot n'est pas dit sur le commentaire d'Albe-
rico, dont plusieurs exemplaires seraient encore à examiner de près,
pas plus que sur le commentaire original de Jacopo délia Lana; mais,
en attendant une édition critique définitive de l'un et de l'autre, le
travail, très précis, de M. Fiammazzo a largement déblayé le terrain ;
on ne pourra pas ne pas en tenir grand compte.
L. AUVRAY.
Biuno Arndt. — Der Uebergang vom Mittelhochdeutschen
zum Neuhochdeutschen in der Sprache der Breslauer
Kanzlei. — lireslau, M. und II. Marcus, 1898; in-8"', 118 p.
M. Bruno Arndt fonde son étude de la langue de la chancellerie de
Breslau sur des chartes et autres documents officiels dont le plus
ancien est de 1352, le plus récent de 1560. Il en doinie une phoné-
tique très détaillée, puis les formes grammaticales les plus remar-
quables; l'ouvrage se termine par l'étude de quelques particules et
par un glossaire des termes intéressants. On consultera avec fruit ces
relevés pour lesquels M. B. assure avoir vérifié sur les originaux la
véritable leron, reproduite inexactement dans des textes publiés au
point de vue de l'histoire des faits plus que de l'histoire de la langue.
La conclusion, qu'il était facile de prévoir, est que les plus anciens
textes présentent les caractères propres à l'allemand moyen, et que
l'inlluence de la chancellerie impériale, qui a introduit des formes de
haut-allemand (bavarois-autrichien), d'abord nulle, est devenue
chaque jour plus forte; enfin que dès le milieu du xvi^ siècle, la langue
employée est déjà l'allemand moderne, c'est-à dire l'allemand moyen
fortement imprégné du haut allemand.
Louis DuvAU.
1. Forme le 15' fascicule des Gcriaaiiisti.<i:lic Abhandluiiijcn publiées sous la
direction de V. Vo"t.
CHRONIQUE
La collection des Manuels Hœpli s'est accrue d'un nouveau volume inti-
tulé Du^to/if/zv'o (li aUhreciai are latine ed italuine {M.\\aii\o, Hœpli, 1899;
in-12, Lxxi-435 p.) dû à M. Adriano Cappelli, archiviste à l'Archivio di
Stato de Milan. Le dictionnaire contient plus de 13,000 abréviations;
cliacune d'elles est accompagnée de sa transcription et de la date. Il est suivi
d'une série de tableaux reproduisant les signes conventionnels, les abrévia-
tions propres aux œuvres médicales, les signes de la numération romaine
et de la numération arabe, les principaux monogrammes des souverains, les
sigles et abréviations épigraphiques. Dans l'introduction, l'auteur a exposé
le système abréviatif du moyen âge. Il y a joint les fac-similés de quatre
documents des Archives de Milan, savoir : un acte de donation de la com-
tesse Mathilde, juin 1114; un acte d'afîranohissement du monastère de
S. Maria de Bologne, 24 février 1182; un acte d'élection d'un professeur de
droit à l'Université de Bologne, 8 juin 1292; une page d'un manuscrit du
Confcssionariuin de frère Antonin de Florence, xv° siècle.
M. P.
*
* *
M. K. Déprez, membre de l'Ecole française de Rome, a entrepris de
donner un catalogue des bulles originales du xiv° siècle, et subsidiairement
du xiif, conservées dans les Archives et bibliothèques Italiennes {Recueil
des documents pontificaux consercès dans dicersrs Archices italiennes,
XIIP et XIV' siècles. Rome, E. Lœscher e C", 1900 ; in-8", 28 p. Extr. des
Quellcn und Forschunr/en ans italienischen Archiren und Bildiotliehen).
Ce catalogue servira à contrôler les textes dérivés des Archives pontificales,
et aussi, lorsqu'il présentera un ensemble assez considérable, permettra de
compléter les séries de documents fournies par les Archives du Vatican et
de reconnaître quels sont les registres de la chancellerie pontificale qui ne
paraissent pas nous être parvenus. M. E. Déprez, qui connaît fort bien
les Archives du Vatican, a pris soin, en effet, d'identifier toutes les réfé-
rences, accompagnant la mention d'enregistrement qui figure au dos des
originaux; quelques-unes de ces références ne sont plus identifiables;
d'autre part, bon nombre d'actes ne portent aucune mention d'enregistrement
et ne se retrouvent naturellement pas dans les registres. Le premier relevé
ClIKONMQl li Ùy
publié par M. Déprez se léfcre à l'Archivio coQiuiiale de Pérouse, il con-
tient l'analyse de deux bulles de Clément VII et de 61 de Jean XXII.
A. V.
*
La biographie de Guillaume Du Breuil, le céli-bre avocat au Parlement,
l'auteur du Sti/lus niri/r parlanwnti Fidnriœ, est loin d'être parfaitement
connue: quelques lettres pontificales publiées parM. E. Déprez {CIrinrnf VI
et Guillaume du Brcuil . Rome, impr. de P. Cuggiani, 1809; iii-8%
12 p. Extr. des Mè/aïujfs d'Arrkrolof/ii' et d'Histoire) ajoutent d'inté-
ressants renseignements à ceux qu'on possédait déjà sur Du Breuil,
Avocat de Robert d'Artois, il passait pour être rentré en faveur après
une disgrâce momentanée; il n'en est rien, car, en 1340, il était poursuivi
pour crime de lèse-majesté, c'est-à-dire pour crime politique, et, en 1343,
il était encore enfermé dans les prisons royales ; le 25 octobre 1343
Clément VI écrivit à Philippe M, à la reine et à Jean, duc de Normandie,
en faveur de Du Breuil, demandant qu'il fût soustrait à la juridiction du
Parlement et déféré en sa qualité de clerc, à la justice d'Église; en 1345.
Du Breuil étant mort, Clément VI écrivit encore au légat, le cardinal
Etienne Aubert, plus tard pape sous le nom d'Innocent \'\, afin qu'il
intercédât auprès du roi et de la reine en faveur de la veuve et des enfants
de Du Breuil. A. V.
*
* *
M. G. Des Marez, qui prépare un important travail sur les origines des
papiers de crédit, et spécialement de la lettre de foire, a eu l'occasion d'étu-
dier environ 8,000 chirographes du xm' siècle conservés à Ypres, il a cons-
taté que chaque acte, à partir de 1283, portait au dos un signe particulier
qu'il a reconnu, en rapprochant les signes de forme identique et en com-
parant les écritures, être les seings des clercs de la ville d'Ypres qui instru-
mentaient dans la ville et accompagnaient leurs compatriotes dans les
foires de l'étranger. M. Des Marez a relevé et fait reproduire ces différents
seings (Lf'.s Seinf/s manuels des scribes Yprois au XIIP siècle. Bruxelles,
impr. de Hayez, 1899; in-S", 18 p. Extr. des Bull, de la Commission
i-oi/ale d'Histoire de Belgique); ces signes affectent généralement la forme
d'une double croix ou d'un écu plus ou moins orné; les remarques de
M. Des Marez méritent d'attirer tout particulièrement l'attention des diplo-
matistes et des sigillographes. A. V.
*
* *
Tous les historiens belges ont accepté jusqu'ici que Richilde, comtesse de
Ilainaut au ix° siècle, dont le second mariage lit passer le Hainaut dans la
maison de Flandre, tenait le Hainaut de ses ascendants, tandis que son
mari aurait été originaire de Saxe. Cette généalogie ne repose cependant
Moyen Age, t. XIII. 7
98 CHRONIQUE
que sur les assertions d'historiens du xiv' siècle, comme J.icques de Guise,
ou de la seconde moitié du xiii° siècle, comme Aubri de Trois-Fontaines et
(lilles d'Orval, étrangers tous deux à la région. M. L. Vandei kindere a
fait justice des indications erronées de ces auteurs (Rir/n'ldr ot Honnann
de Hainaut. Bruxelles, impr. de Hayez, 1899; in-8% 17 p. Extr. des
Bull, de l'Acdd. roi/alc de Belgique). Gislebert, chancelier de Baudouin V,
contemporain de Richilde, dit en effet que Hermann possédait le Hainaut
Jure hereditario, qu'il épousa Richilde étant déjà comte de Mons, c'est-à-
dire de Hainaut, et que sa femme, après sa mort, posséda le comté, tant
par droit de douaire que comme tutrice de ses enfants; Lambert de
Hersfeld indique également la possession du comté par Richilde, y'?*/-*? dofa-
/tV/o; enfin une charte de Régnier V,pour Saint-Ghislain. datée de 1032, est
souscrite par le donateur et par son fils Hermann. Quant à Richilde, la
Fluiidria Generosa en fait une parente de Léon IX, et la Continuation
d'Anchin de Sigebert deGembloux la ditde sang impérial. Assertions qui se
complètent, Léon IX étant cousin de Conrad II. Richilde paraît aussi
devoir se rattacher, par ses ascendants, à la famille des comtes d'Egisheim
et de Dachsbourg. On sait que Baudouin V de Flandre, ayant envahi le
Hainaut, amenaRichilde. veuve d'Hermann, à épouser son fils Baudouin VI.
L'archevêque de Cambrai s'opposa en vain à ce mariage, sous i)rétexte de
parenté entre Baudouin VI et Hermann ; tous deux descendaient en effet
d'Hugues Capet, le premier par sa mère Adèle, petite-fille de Hugues, et le
second par son aïeule paternelle, Mathilde, fille du même roi; ils étaient en
outre tous deux issus des enfants de deux lits d'une princesse Mathilde de
Saxe. Le Hainaut passa dans la maison de Flandre, par le second mariage
de Richilde, au détriment du fils qu'elle avait eu d'Hermann, Roger III;
évêque de Châlons-sur-Marne. A. V.
*
M. J.Depoin,qui avait signalé au Congrès des Sociétés savantes de 1896 un
Lirre de raison de Saint-Martin de Pontoise. a publié méthodiquement de
notables extraits de ce recueil formé de 1328 à 1603 {Dèpariemeni de Seinc-
et-Oise. Commission des Antiquités et des Arts, XVIIL 1898, p. 85-116).
On y trouve la formule du serment que l'abbé devait prêter au pape, des
pièces relatives à un différend avec l'archidiacre du Vexin en l'église de
Kouen, la procuration de l'abbé à ses représentants aux États généraux de
1355. Pour la discipline monastique, M. J. D. a relevé une réparation faite
à un moine calomnié par un paysan (1355) et la sentence rendue contre un
prieur qui avait spéculé sur les denrées alimentaires (début du xv" siècle).
A signaler aussi la copie de deux rouleaux mortuaires, de 1340 à 1391, qui
complète le Recueil de M. Delisle; le Livre de raison contient encore divers
inventaires des xiv" et xv'^ siècles, que M. Depoin publiera ultérieurement,
de nombreuses mentions d'avances en denrées et fourrages faites aux officiers
royaux durant le xiV siècle, des marchés passés avec des entrepreneurs, des
CHRONIQUE 99
pièces de procès du xiv" siècle, de curieuses mentions de dépenses pour les
troupeaux, la boisson, la vaisselle, les aliments, les réceptions, les vêtements,
les écoles (1:338), les scribes (l;}33), les péages. Les recueils du genre du
Livre de i-aison de Saint-Martin de Pontoise ne sont pas nombreux, on
saura beaucoup de gré à M. Depoin de sa publication et de l'exposé métho-
dique accompagné de nombreux extraits qu'il a donnés de ce manuscrit
informe, dont l'analyse est un utile complément de l'édition duCartulaire de
l'abbaye. — Au moment où nous mettons cette notice sous presse, la publi-
cation suivante est annoncée: J. Depoin, Le Licrc de vaisun de rabbai/e
de Saint-Martin de Pontoise aux A'/F" et XV siècles. Versailles, impr.
de Cerf, VM) ; in- 8", 241 p. A. V.
*
M. E, Merlet, dans un intéressant article de la Bihiiothè'/ne de l'École
des Cliartes (LVI, 1895, p. 237-273), a étudié les origines de l'abbaye de
Saint-Magloire; sa dissertation est fondée surtout sur le texte perdu, mais
restitué par lui, de la Translatio sanetiMafjlorii. Cette Translatio raconte
que, cliassés par les Normands, Salvator, évoque d'Aleth (Saint-Malo), et
Junan, abbé de Lolion, s'enfuirent avec les reliques de saint Malo et de saint
Magloire, en ménae temps que des cleics des églises de Dol et de Bayeux
emportaient les corps de saint Samson (de Dol) et des saints Senier, Pair
et Scubilion (d'Avranches). M. Merlet a considéré ce récit comme à peu
près contemporain des événements (960), et vu, dans la rédaction isolée
qu'en a publiée Maliillon.une forme moins ancienne que l'interpolation dont
il a été l'objet dans un manuscrit du Liber inodernornni ref/n/n de Hugues
de Fleury. M. Ferdinand Lot vient d'établir, dans une très remarquable
dissertation {Date de l'exode des corps saints hors de Brctar/jic. Rennes,
impr. d'Obertliûr [1899] ; in-8", 17 p. Extrait des Annales de Bretcu/ne,
nov. 1809), que la double translation de reliques par l'évêque d'Aleth et
l'abbo de Lehon, d'une part, et par les clercs de Dol et de Bayeux, d'autre
part, ne sont pas contemporaines. S'il faut fixer, avec M. Merlet, la pre-
mière aux environs de 960, la seconde doit bien plutôt être ramenée vers
924-930: en outre, la forme la plus ancienne de la Translatio semble se
retrouver plutôt dans l'édition de Mabillon que dans l'édition du Liber
iiiodcrnorani requin, donnée par Duchesne, ce qui n'empêche pas, du reste,
le récit de dériver du Liber tnodernoru/n recjnnt et de faire reculer forcé-
ment sa rédaction après 1114. En résumé, tant à cause des erreurs qu'elle
contient qu'à cause de la source d'où elle dérive, il ne semble pas qu'on doive
considérer la Translatio sancti Maf/lorii comme un écrit du x" siècle.
A. V.
Le manuscrit bien connu de l'évangéliaire slave de Reims vient d'être
l'objet d'une notice de M. Louis Léger (Xotice sur l'écanfjéHaire slacon de
Reims, dit Texte du Sacre. Reims, F. Michaud; Prague, F. Rionac,
10() ClilîONlQUË
lî<9it; in-4^ 47 p.), qui lonuo l'introduction de la reproduclion héliograpliique
du manuscrit par M. Dujardin. On sait que ce manuscrit se compose de
deux parties, d'époque et de date différentes, et qu'il porte à la fin de la
seconde partie la date de 1395, avec mention du don de la pi'emière partie
par l'empereur Charles I"V (l;^46-1378). — La première partie est attribuée
parla note du xiv" siècle, à tort, selon M. Léger, à saint Procope, liermite
du monastère slave de Sazava, près Benesov, au sud de Prague; si le ma-
nuscrit date bien du xf-xii" siècle d'après les caractères paléographiques, ce
qui correspond à peu près à l'époque où vivait saint Procope, M. Léger fait
remarquer que cependant ce saint n'a jamais pratiqué que la liturgie slave
en caractère glagolitique, tandis que le manuscrit esten caractères cyrilliques;
aussi pense-t-il que cette première partie avait probablement été apportée,
peut-être à Sazava, pour être transcrite en caractères glagolitiques. Le texte
est sans intérêt philologique, vu la négligence du copiste. La seconde partie,
postérieure de plusieurs siècles à la première, aété écrite à Saint-Emmaiisde
Prague, à qui Charles IV avait donné la première partie du volume; on sait
que ce prince obtint le 9 mai 1346 une bulle du pape Clément IL l'autori-
aant à fonder en Bohême un monastère où la liturgie serait célébrée en
langue slavonne, monastère qu'il fonda à Prague le 21 novembre de la même
année; les offices du manuscrit glagolitique constituent une sorte de propre
de l'église slave de Prague, il contient des offices en l'honneur de saint
Procope, abbé de Saint-Vacslav^ de saint Jérôme (considéré à tort comme
l'auteur de la première traduction de l'Écriture en slave), des saints Cyrille
et Méthode. Le manuscrit deSaint-Emmaiis de Prague est venu on ne sait
comment au xvi' siècle, entre les mains du cardinal de Lorraine, qui le donna
en 1574 à l'église de Reims, d'où, après avoir excité la curiosité pendant
plus de deux siècles et après avoir été l'objet de bien des légendes, il passa
dans la bibliothèque de Reims, sous la Révolution, ayant au préalable été
dépouillé de ses riches ornements. Le mémoire de M. Léger, où l'auteur met
à profit et les résultats de son étude personnelle, et ceux de nombreux tra-
vaux antérieurs, se termine par une bibliographie qui remplit sept pages de
format in-4°, A. V.
* *
Le livre d'heures de Jeanne d'Évreux, fille de Louis le Hutin, présente
des tableaux de la vie de saint Louis qui ont été reproduits par M. Longnon
pour la Société d'Histoire de Paris, dans ses Documents parisiens sur l'ico-
iio;/rap/iie de saint Louis, d'après des notes prises par Peiresc lorsque le
manuscrit était à Paris, chez les Cordelières de la rue de Lourcine; ce
manuscrit, passé depuis dans la collection Ashburnham, a été acquis par
M. H. Y. Thompson, qui a consacré à sa description et à sa reproduction
deux fascicules présentés par lui au lloxburghe Club {Thirty-tico minia-
tures froni the booh- of hours of Joati II, f/ueen ofNacarre, a manuscript
oftliefourteenthrenturij. I. Description . II. Illustrations. Londion,\)r'mied
at the Chiswickpress, 1899; gr. in-4% 111-I8 p., 7 pi. et vi p., 32 pi.). Pour
CJIRONIQUE 101
plus de détails sur cette impoitante publication, voii' une notice de M. De-
lisje dans le Journal dos Saranls tl'août 1809, p. 515-516. A. V.
Les Ecossais ont donné aux rois de France pendant le moyen âge, et
particulièrement pendant la guerre de Cent-Ans, d'éclatants témoignages
de leur attacliement. Jean Stuart de Derneley, connétable d'Kcosse, est un
des plus illustres parmi les seigneurs écossais qui vinrent servir Cbarles VII
contre les Anglais. En témoignage de sa vaillante conduite à Beaugé^ il
reçut en 1421 la cbàtellenie de Concressault et en 1423 celle d'Aubigny-
sur-Nère. Le connétable d'Ecosse et son frère périrent au service de la France
dans la « Journée des Harengs », près Orléans. M. J. Soyer, archiviste du
département du Cher, en publiant les actes de donation octroyés par le
roi de France (Donation par C/iarlcs VII à Jean Stuart, .srifjnrur de
Dcrncicu, nonnètabic de l'arnièo. d'Ecosse, des terres de Concressault et
d'Aabi(jnj/-sur-Nère, :i 1 an-lt 1421, 26 mars 1423, 3 drccndii-e 1425.
Bourges, impr. de H. Sire, 1899; in-8", IG p. Extr. des Mèm. de la Soc.
Itist. du C/ier),a. très utilement indiqué comment, malgré le principe de
l'inaliénabilité du domaine que les cours souveraines s'etîorçaient de faire
triompher, malgré une révocation générale par Charles VII de toutes les
donations antérieures, le roi, en témoignage de particulière reconnaissance
envers Jean Stuart, consentit, en 1425, à faire une exception en sa faveur
et à confirmer les donations à lui faites peu d'années auparavant. On
trouvera d'autres indications sur les rapports de la France et de l'Ecosse au
XV' siècle, dans un mémoire de M. de La Ménardière indiqué précédem-
ment (Mo^e/i A;jc, 1899, p. 402, n" 633). A. V.
Les thèses de l'École des Chartes ont été soutenues par les élèves de la
promotion de 1900, le 29 janvier et jours suivants. Le recueil annuel des
Positions contient le sommaire des Mémoires suivants, concernant lejmoyen
âge : J. Calmette, Elude sur les relations de Louis XI avec Jean II
d'Aragon et le principal de Catalor/nc (1461-1473). — F. de Coussemaker,
Thierri/ Gherbode, premier (jarde des Chaînes de Flandre et secrétaire
des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean Sans Peur (13. .-1421).
— P. Denis, Le Droit de gave de Canihrèsis. Étude de la protection des
princes, comtes de Flandre, sur l'èoêque et les églises de Cambrai (1144?-
1687). — H. EscofEer, Les dernières églises gothiques au diocèse de
Paris. — Léon Gauthier, Les Juifs et les Lombards dans les Deux-Bour-
gognes. Étude sur le commerce de l'argent aux XIIP-XIV" siècles. —
E. Guillemot, Étude sur les forêts du bailliage de Sentis. — J. LeChartier
de Sédouy, La paroisse Saint-Gercais depuis ses origines jusqu'au
XVIP siècle. — A. de Maricourt, Essai sur l'histoire du duché de Nemours
de 1404 à 1666. — P. Poinsotte, Les abbès de Luxeuil depuis la fonda-
lO'J ciii;omoi:e
t ion (lu mojmstrro jusqu'au XP siècle. — E. Villemsens, Lr Vexin normand
do 911 à 1204. Étudo de ijcofiraphic féodale. — P. "Vilnet, L'Hôtrl-Dieu-
le-Comie de Tro;/es du XIP au XVir siècle {llbl-imO).
Nous ne pouvons que signaler la publication du quatrième et dernier
volume du livre de Weinsberg qui, envoyé à la rédaction du Moyen Ar/c,
échappe complètement au cadre chronologique de la Revue. Le livre d'Her-
mann de Weinsberg est un journal historique de la ville de Cologne qui
s'étend de 1518 à 1597. Ce volumineux recueil a été publié par M. Fried-
rich Lau pour la Société historique rhénane. Je profite de l'occasion qui
m'est fournie de rappeler les importantes publications relatives au moyen
âge qui font partie des PubUl.atlunen dcr GcscllschaJ't Jïir Rhcinische
Geschicldskunde : I. Kôlner ScJu-einsurhunden des 12 Jahrhunderts,
Quellen .:tir Rechfs- und WiHsch((ftsfjescliic/((e der StadtKôln, publié par
R. Hôniger, avec un glossaire, par M. J. Franck (vol. I et II, fasc. 1). —
V. Der Kohlen::er Mauerlxtu Rechnuuf/m, 1270-128!), par M. Bar. —
VI. Der Trierer Ada Handschrift, par K. Menzel, P. Corssen, H. Janit-
sehek, A. Schnûtgen, F. Hettner, K. Lamprecht. — Vil. Die Ler/ende
Karls des Grossen im 11 und 12 Jahrhundert., par M. G. Rauschen, avec
une introduction de M. H. Lôrsch sur les diplômes de Charlemagne et Fré-
déric I", pour Aix-la-Chapelle. — VIII. Die Mati-iLel der Unirersitat
Kôln, 1389 bis 1559, par H. Keussen,avec la collaboration de W. Schmitz
(vol. I : 1389-1466). — IX. Kôlnische Kilnstlcr in aller and ncuer Zeit,
nouvelle édition des notices de J. J. Merlo, publiées par M. E. Firmenisch-
Richartz, avec la collaboration de M. H. Keussen. — X. Alden .;ur
Geschiehte der Vei-fassiinf/ und Verwaltuny der Stadt Kôln un 14 und
15 Jah7-hundert,'pa,i' M. W. Sfein (2 vol.). — XI. Landtagsalden ron
JiUich-Bern, 1400-1610, publiés par M. G. von Below (vol. 1, 1400-1562).
— XIII. Geschiehte der Kôlner Mfderschule, recueil de 100 planches en
3 fascicules, avec texte, par MM, L. Scheibler et C. Aldenhoven. —
XV. Die Kôlner Sfadtrrchnunf/en des Miftelalters mit einer DarstelluiKj
der Finan^roriraltunij , par Richard Knipping(I et II).— XVll. Urhunden
und Alden ^ur Geschiehte dcr Vei-fassrinf/ und Veriraltunf/ der StaM
Koldenz bis ;^uin Jalire 1500. La .Société historique du Rhin, dont les
premières publications remontent à 1884 et dont l'activité s'est surtout
manifestée depuis cinq ans, a son siège à Cologne, ses publications se
trouvent chez les éditeurs Behrendt et P. Hanstein de Bonn. A. V.
*
* *
Sur le règne de Pliilippe-Auguste, les travaux relatifs à des questions
spéciales sont relativement nombreux et importants. D'autre part, le
Catalogue de M. Delisle offre une base sure aux lecherches des historiens,
CniîONIQUE
103
pour tout ce qui concerne les documents diplomatiques. Il n'y a cependant
pas encore d'histoire complote et critique du règne. M. A. Cartellieri vient
d'entreprendre de combler cette lacune. En effet, bien qu'il annonce l'in-
tention de diriger ses études principalement vers la question des rapports
du roi de France avec l'Empire, c'est néanmoins une véritable histoire de
Philippe-Auguste que commencent les deux fascicules actuellement parus,
qui conduisent jusqu'en 118(3 le récit des événements. Dans le premier
{P/ii/ipp If Atif/Kst, Kôiii/f von Fratil.fcicit. Erstc.s BucJi . Bis :uin Todr
Li(diri;/s VII (1165-1180), Leipzig, F. Meyer, 1899; in-8", xv-92 p. et
56 p.), développement d'importants articles jadis publiés par l'auteur dans
laReritc his/ori'/itr, M. C. montre le jeune souverain se substituant tous
les jours davantage à son père vieilli et, dès sa quinzième année^ faisant
preuve d'un sens politique que les chroniqueurs anglais ont à tort considéré
comme une marque de l'intluence exercée par le comte de Flandre. I.e second
(Ziceites Buch. Philipp Aiiijust iiad Graf Pldlipp cou Flandern (1180-
1186); p. 93-112 et 77-112), est un exposé détaillé des luttes entre le roi et
son puissant vassal jusqu'au traité conclu à Boves, sur la Somme, en
juillet 1185, confirmé un peu plus tard à Amiens et réglant en faveur de
Philippe-Auguste la question de l'héritage d'Aliénor de Vermandois.
Quatorze appendices se rattachent à la partie déjà publiée de l'ouvrage.
Nous citerons spécialement parmi eux ceux qui sont relatifs à l'idée fausse,
propagée par des chroniqueurs: postérieurs, que Philippe d'Alsace, comte de
Flandre, fut le parrain et le tuteur du jeune souverain, son homonyme.
Naturellement, c'est surtout par la discussion de textes depuis longtemps
connus et publiés que M. C. arrive à des conclusions nouvelles. Il donne
cependant quelques morceaux inédits, dont le plus intéressant est une col-
lection de lettres écrites à l'occasion des affaires de Flandre, et retrouvées
par l'auteur dans un manuscrit de Vienne. — Nous signalerons brièvement
la publication des divers fascicules, à mesure que ceux-ci seront envoyés
dLwMotjcn Atjc, réservant une étude générale pour l'époque à laquelle sera
terminé l'ouvrage, dont nous nous bornons à indiquer maintenant l'impor-
tance, en même temps que la haute valeur scientifique. 11. P.
* *
MM. le vicomte de Caix et Albert Lacroix ont publié le premier volume
d'une Histoiri' illustrée de la France (Paris, P. Ollendorff, 1900; in-8",
xvi-320 p., 445 vign.), qui ne comprendra pas moins de vingt volumes. Il
va de soi que les auteurs ne se borneront pas à de sèches annales, et qu'ils
entendent suivre le développement général de la nation prise dans son
ensemble. Ils ont pensé avec raison qu'il était temps de synthétiser en un
récit qui fut plus qu'un résumé et de mettre à la portée de tous, les résultats
acquis par l'érudition moderne. Mais avant de poser leurs acteurs ils ont
décrit la scène où se déroulera le drame aux « cent actes divers », dont ils
veulent nous faire connaître foutes fes péripéties. Aussi leur ouvrage s'ouvre-
104 cllHONMOrR
t-il par un aperçu géologique. Les populations primitives paraissent; puis
les hommes de l'Orient envahissent l'Europe; les Celtes s'établissent en
Gaule ; les Gaulois sont soumis à la puissance romaine. Ce premier volume
échappe donc à notre compétence comme au cadre de notre Revue. Il suffit
de le signalor. Cependant nous ne pouvons nous empêcher de parler du
plan de l'illustration. Il est regrettable que l'on y ait fait une place aux
compositions de fantaisie pour suppléer à la pauvreté et sans doute racheter
la monotonie des renseignements précis que fournissent les débris de la vie
matérielle de ces âges lointains. Le grand public est aujourd'hui assez rompu
à l'archéologie pour prendre intérêt à la reproduction d'armes et d'outils de
pierre et de métal, de monnaies, de mobiliers funéraires, sans qu'on lui
présente des restitutions de batailles, des ouvriers de l'époque néolithique,
l'attaque d'un mammouth et autres tableaux qu'il convient de laisser aux
galeries de peinture. Nous souhaitons donc que dans les volumes suivants,
où les auteurs n'auront que l'embarras du choix entre tant de monuments,
l'illustration soit simplement fondée sur les documents contemporains. Cette
réserve n'est pas pour diminuer la valeur de l'œuvre de MM. de Caix et
Lacroix, digne de recevoir les encouragements de tous ceux qui désirent
voir se répandre la connaissance de notre passé. M. P.
*
* *
Le tome IV des Abhandiiiiif/cii /wi-anst/agcbm von dcr Gcsellschaft fi'ir
doutsclw Sprache in Zurich a pour titre : Die Ficjur des Kiitdes in der
mittellioc/idcntschen Dichiunf/, ron Agnes Geering (Zurich, E. Speidel,
120 p. in-S"). Ce livre sur « la Physionomie de l'Enfant dans la Poésie
moyen-haut-allemande » intéresse autant l'histoire des mœurs du peuple
allemand que celle de sa littérature : le résultat en est, nous dit l'auteur,
de nous faire voir les conceptions morales du temps se refléter dans la façon
dont les poètes ont représenté l'enfant. La division de l'ouvrage, très natu-
relle, comprend trois chapitres : le Roman biographique, l'Amour chez les
Enfants et l'Enfant dans la Légende chrétienne; ce qui nous présente les
trois grands côtés de la vertu au moyen âge, s'excluant plus ou moins : les
vertus chevaleresques, le culte de la femme et l'amour divin.
L'auteur constate dans sa conclusion la tendance du moyen âge à consi:
dérer l'Idéal mondain et l'Idéal chrétien comme inconciliables.
Le grand nombre d'analyses de caractères épiques qui sert à établir cette
thèse peut être précieux à l'étudiant par l'exactitude des renseignements :
il a aussi le mérite de donner une idée générale juste, de la poésie alle-
mande du moyen âge.
En outre, la simplicité correcte du style en fait une lecture facile et
agréable. P. Doin.
LIVRES NOUVEAUX 105
LIVRES NOUVEAUX
1. Albin (Abbé Célestin). La poésie du bréviaire. T. V. Les liynines. —
Lyon, Vitte, 1899; in-12.
2. Arci (Filippo). Cronografia dantesca, note illustrative sull' appli-
caziorie del Cronfxjrafo Dantcsco dello stesso autore. — Torino, G. R. Pa-
ravia, 1899; in-lS, 80 p. (1 L 50.)
3. AuHERT (Abbé). Notes extraites de trois li\res de raison de 117;} à 1560.
Comptes d'une famille de gentilshommes campagnards normands. —
Paris, Impr. Nationale. 1899; in-8", 56 p. (Extr. du Bnll. Jiist. et jiliil. du
C oint te dos ira r . h ist . )
4. Ausstellung von Kunst-Werken des Mittelalters und der Renaissance
aus Berliner Privatbesitz, veranstaltet von der kuustgescliiclitliehen
Gesellschaft, 20 V bis 3 VIL 1898. — Berlin, G. Groto, 1980; in-iol., vi-
178 p., grav. et (30 pi. (60 m.)
5. AuTRET (Guy). Lettres inédites de Guy Autret, seigneur de Missirien,
correspondant de Pierre d'Hozier en Basse-Bretagne (1635-1600), recueillies
et publiées par M. le comte de Rosmorduc. — Saint-Brieuc, impr. do
Prud'homme, 1899; in-4", vii-232 p. et pi.
6. Bachmann (A,). Geschichte Bôhraens. L Bis 1400. — Gotha, G. A.
Perthes, 1899; gr. in-8°, xvii-911 p. (Geschichte der europaischen Staaten.
59 Lfg.,2 Abth.) (16 m.)
7. Ball\court (C. de). Jehan Le Forestier, seigneur de Vauvert, 1464-
1494. — Nîmes, impr. de Chastanier, 1899; in-8", 47 p.
8. Bardenhewer (O.). Les Pères de l'Église, leur vie et leurs œuvres.
Édition française par G. Godet et C. Verschaffel. — Paris, Bloud et Barrai,
1898-1899; 3 vol. in-8% vii-399, 497 et 320 p.
9. Barnes (A. S.). St-Peter in Rome and his tomb on the Vatican hill.
— London, Swan, Sonnenscliein & C", 1900; in-8". (21 sh.)
10. Baudon (A.). Tablettes gthiéalogiques retheloises. La famille Dubus;
la famille Billaudel; la famille Miroy. — Paris, A. Picard et fils, 1899;
in-8", 14 p. (Extr. delà Rco. hist. tn-dcnnaisr.)
11. Baumker (C). Dominicus Gundissalinus als philosophischer
Schriftsteller. — Munster, Aschendorfî, 1899; in-8°, 20 p. (75 ni.)
12. Bazin (Ilippolyte) et P. Aubin. Une vieille cité de France. Reims,
monuments et histoire. — Reims, F. Michaud, 1899; in-4°, 554 p.
13. BECKiiR (W. M.). Die Initiative bei der Stiftung des Rheinischen
Bundes, 1254. - Gie.ssen, J. Ricker, 1S99; in-8%iv-86 p. (1 m. 60.)
14. Bellouard (L.). Histoire de l'abbaye de Notre-Dame de F'ontgom-
bault. - Paris, H. Oudin. 1899; in-16, 181 p.
15. Bergmann (K.). Die Volksdichte der grossherzogl. hessischen, Prov.
Starkenburg auf Grand der Volkszàhlung vom 2. XII. 1895. — Stuttgart,
106 LUIIES NOLUEAUX
J. Engellioin. 11*00: in-8', 72 p. 1 carte (Forschungen zur deutschen
Landes- und Volkskiinde. XII, 4.) (5 m. 70.)
IG. Berjon y Vazquez (A.). Kstudios criticosacei-ca de las obras de santo
Toiiiâs de Aquino. — Madrid, M. Tello, 1899; in-8". (.'> pes.)
17. Blanc.'^rd (Louis). Sur les monnaies du roi René. Explication de
textes relatifs à ces monnaies, découverts et transcrits par Charlbs Mourret.
— Marseille, impr. de Barlatier (1900) ; in-8', 20 p.
18. Blanchet (Adrien). Les trésors de monnaies romaines et les inva-
sions germaniques. — Paris, Leroux, 1900; in-8% ix-3;}3 p.
19. Blanxhet (Emile). L'art en Flandre. Les musées et les églises de
Belgique. — Paris, impr. de Boullay, 1899; in-16, ix-93 p.
20. Blay de (iaïx (de). Histoire militaire de Baronne . T. V\ De l'ori-
gine de Baronne à la mort de Henri H'. — Bayonne, impr. de Lamai-
gnère,l899:" in -8", v-391 p.
21. Bled (Abbé). Les chartes de Saint-Bertin d'après le Grand Cartulaire
dedom Charles-Joseph Dewitte, dernier archiviste de ce monastère, publiées
ou analysées avec un grand nombre d'extraits textuels. T. IV, 3° fascicule
(fin). — Saint-Oraer, impr. de Homoiit, 1899; in-4°, p. .367-552 (Soc. des
Antiquaires de la Morinie.)
22. Blume (C). Sequentiœ ineditic. Liturgische Prosen des Mittelalters
aus Handschriften und Wiegendrucke. 4 Folge. — Leipzig, 0. R. Reis-
land, 1900; in-8°, 305 p. (Analecta hymnica medii cPvi. XXXIV.) (9 m.)
23. BoiTEL (A.). Collection de tous les sceaux du Grand Cartulaire de
Saint Berlin, reproduits en phototypie au nombre de plus de mille sept
cents, depuis l'année 648 jusqu'à l'année 1600, publiée sous les auspices de
la Société des Antiquaires delà Morinie. — Saint-Oraer, impr. deHoraont.
(1900); in-4°, 4 p., 1 pi.
24. BooR (C. de). Bericht iiber eine Studienreise nach Italien, Spanien
und England zum Zwecke handschriftlicher Studien iiber byzantinische
Chronisten. — Berlin, G. Reimer, 1900; in-8", 13 p. (Extr. des SiUmujsltar.
d. prct/ss. A/.ad. der Wiss.)
25. BoscAWEN (W. Saint-Chad). La Bible et les monuments. Traduit sur
la seconde édition par Clém. de Faye. — Paris, Fischbacher, 1900; in-8'',
xiii-183 p.
26. Boule et A. Vermére. L'abri sous roche du Rond, près Saint-
Arcons d'Allier (Haute-Loire). — Paris. Masson, 1899; in-8", 16 p. (Extr. de
Y Anthropolofiie.)
27. Boyer (Jacques). Histoire des malhémaliques. - Paris, G. Carré et
C. Naud, 1899; in-8", 226 \). (Bibliothèque de la Reçue r/ènèrale des
Sciences.) (5 fr.)
28. Bki.vdeau (Paul). Excursion histori(jue et arcluVilogiquc à Laval et
Château-Gontier (21 juin 1899). - Le Mans, libr. de Saint-Denis, 1899;
in-8", 20 p. (Extr. de la,Rec. hist. et archcoL du Maine.)
29. Brossard (Ch.). Géographie pittoresque et monumentale de la
LIVRES NOIVEAl'X 1( )7
France. I. La Francodu Nord.— Paris, E. Flammarion. 1899; gr. in-8".(::^r) IV. )
30. Bruciikt (Max). — Trois inventaires du château d'Annecy (1393,
ir)19, 1585). - Chambéry, ini])r. de Vv<' Menard, 1899; in-8", 112 p.
(Kxtr. des Mi'in. de la Soc. Saroisicnac d'histoire et d'ai'r/irolof/ic.)
31. Rrumme (F.). Das Dort' und Kirchspiel Friedriciiswertli im Ilcr-
zogtum Sa( hsen-Gotha. — Oot ha, C. F. Windaus, 1899; in-8", xii-593 p. (1 m.)
32. Brutaii.s (.J.-A.). L'archéologie du moyen âge et ses méthodes.—
Paris, A. Picard, 1899; in-8", xii-234 p., 3 \A. (5fr.)
33. Calendar oi' documents illustrative of the history of Great Britain
andlreland. Vol. I. — London, Eyre and Spottiswoode; in-8". (15 sh.)
3L Calonne (Baron A. de). Histoire de la ville d'Amiens. T. IL —
Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8", 630 p.
35. Canat de Chizy (Noël). Étude sur le service des travaux publics et
spécialement sur la charge de maître des œuvres en Bourgogne sous les ducs
de la race de Valois (1363-1477). - Caen, Delesques, 1899; in-8", 83 p.
(Extr. du Bull, moiiuinental, 1898.)
36. Capreolus (J.). Johannis Caprooli Thobjsani, Ordiiiis Pnedica-
toi-um, Thomistarum principis, defensiones theologiae divi Thomas Aqui-
natis. De novo édita cura et studio RR. PP. Ceslai Paban et Thoniae
Pègues. L — Tours, Cattier, 1900, in-l"à 2 col., xxxi-416 p.
37. Casati de Casatis (C. Charles). Villes et châteaux de la vieille
France. Duché d'Auvergne d'après les manuscrits du chanoine Audigier et
du héraut d'armes Revel. Avec une introduction et une étude sur la pre-
mière époque de l'art français.— A. Picard, 1899; in-8", 212, p., 36pl.(15tr.)
38. Chaludet (Abbé M.-D.). Notice sigillographique sur les évoques
d'Auvergne et de Saint-Flour. — Aurillac, Impr. moderne, 1899; in-8", 212 p.
39. Chevalier (Chanoine Ulysse). La Renaissance des études litur-
giques. Deuxième mémoire. — Montpellier, impr. de Firmin et Montane,
1899; in-8», 17 p.
40. Chevalier (U.). Le Saint-Suaire de Turin est-il l'original ou une
copie? étude critique. — Chambéry, impr. de Vve Menard, 1899; in-8", 31 p.
41. Chévelle (C). Jeanne d'Are àBurey-le-Petit ou Burey-en-Vaux. La
famille Laxart. — Nancy, impr. de Humblot et Simon, 1899, in-8", vi-48p.
42. Clemen(P.). Die Kunstdenkmâler des Kreises Euskirchen, in Ver-
bindung mit E. Renard bearb. — Dûsseldorf, L. Schwan, 1900; in-8°.
vii-265 p. (Die Kunstdenkmâler der Rheinprovinz. IV, 4.) (7 m. 50.)
43. Clément (Abbé Joseph-H.-M.). L' « Escu d'or » et l'Ordre de
« Nostro-Dame », institués par Louis II, duc de Bourbonnais. — Moulins.
Grégoire, 1900; in-8", 71 p.
44. CoLLiGNON (Albert). Note sur les monuments, l'iconographie et les
légendes de la bataille de Nancy (1477). — Nancy, impr. de Borger-Levrault,
1899; in-8", 35 p. (Extr. des Annalos dr l'Est.)
45. Coupir.NY (Henri de). Du clia{)itre de brief de mariage encombré,
ou de l'inaliénabilité des biens de la femme mariée, en coutume de Nor-
mandie. Tliése. — Caen, impr. de Valin, 1900; in-8", x-256 p.
lOS LIVRES NOUVEAUX
46. CouRTAUX (Théodore). Généalogie des Vannier, alia« Le Vannier,
Le Vanier, Le Vasnioi*. Le Vennier, Le Venier (Normandie, Maine,
Poitou, etc.) accompagnée d'un index des noms de familles et des localités.
— Paris, 93, rue Nollet, 1899; in-8°, 71 p. (Extr. de VHiMoriiuiraphc,
l'ccuril de notices Jiistoriques sur les /((milles.)
47. Cox (J.-C). Calendar of the records ol ^Mie county of Derby. —
London. Bemrose and sons, 1899; in-8°. (21 sh.)
48. Dacier (M""" Henriette). La femme d'après saint Ambroise. — Paris,
C. Amat, I899;in-12.
49. Daguin (Feruand). Note sur les fouilles exécutées à Vertault (Côte-
d'Or)en 1898.— Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1899;
in-8°, 15 p. (Extr. du Bull, de ht Société des Antiquaires de France.)
50. Daumet (Georges). Lettres des papes d'Avignon se rapportant à la
France, publiées ou analysées d'après les registres du Vatican. N" 2.
Benoît XII (1334-1312). Lettres closes, patentes et curiales. l'' fascicule. —
Paris, Fontemoing, 1899; in-4% 124 p. (Bibliotlièque des Ecoles françaises
d'Athènes et de Rome. 3' série, II, 1.)
51. Dehaisnes (Abbé) et Jules Finot. Inventaire sommaire des archives
départementales antérieures à 1790. Nord. Archives civiles. Série B.
Chambre des comptes de Lille, art. 1 à 652. T. l", première partie. —
Lille, Danel(1900); in-4% xxix-423 p.
52. Delisle (L.). Vente des manuscrits du comte d'Ashburnham. « Cata-
logue of a portion of the collection manuscripts known as the appendix mado
by the late earl of Ashburuham, etc.» (Compte rendu).— Paris, Impr. Natio-
nale, 1899; in-4", 40 p. (Extr. du Journal des Savants.)
53. Denys le Chartreux. Doctoris ecstatici D. Dionysii Cartusiani
opéra omnia in unum corpus digesta ad fidem editionum Coloniensium
cura et labore monachorum sacri Ordinis Cartusiensis. IX. In Jeremiam
et Ezechielem. XL In Matthseum et Lucam (i-ix). — Montreuil, impr.
de Arnauné, 1899-1900; 2 vol. in-8", xii-682 et 742 p.
,54. Depoin (Joseph). Le livre de raison de l'abbaye de Saint-Martin de
Pontoise, xiv' et xv'' siècles.— Versailles, impr. de Cerf, 1900; in-8", 244 p.
55. DiEHL (A.) und K. IL S. Pfaff. Urkundenbuch der Stadt Essling
I. Bd. - Stuttgart. W. Kohhammer, 1899; in-8% lv-736 p. (6 m.)
56. DucHESNE (Abbé L.). Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. IL
L'Aquitaine et les Lyonnaises. — Paris, Fontemoing, 1899; in-8", 491 p.
57. DuvAL (Louis). Inventaire sommaire des archives départementales
antérieures à 1790. Orne. Archives ecclésiastiques. Série H, n"' 3352-4738.
T. III : Abbayes de femmes. — Alençon, impr. Renaut-de-Broise, 1899;
in-4% Lxvin-332 p.
58. Eue (G.). Ai-chitektonische Raumlehre. Entwickelung der Typen
des Innenbaues. I. Von den altesten Zeiton bis zum Abscliluss der gothi-
schen Période. — Dresden, G. Ruhtmann, 1900; in-8°, lx-237 p. 134 grav.
59. Eckart(R.). Urkundliche Geschichte des Peterstiltes zu Nôrten.—
Nôrten, 1899; in-8", v-111 p. (1 m. 80.)
LIVRES NOUVEAUX 109
60. EcKEL (A.). Charles le Simple. — Paris, K. Bouillon, 1899; iii-8".
(Biblioth6quodo l'École des Hautes-Études, CXXIV.) (5 ir.).
01. EcKiiARDT (H.). Alt Kiol in \Vort und Rild. -- Kiel, H. Eckhardt.
1899; in-4". vin-504 p. (25 m.)
62. Efi-mann (^^'.). Die Glocken der Stadt l-'i-eibuitr in dor Srhweiz. —
Strassbmir, J. H. E. Heitz, 1899; in-8", iv-208 p. 31 pi. (9 m.)
63. Effmann (W.). Die Karolingisch-ottonisclien Bauten /u Werden.
I. Stephanskirche, Salvatorski relie, Peterski relie. — Strassbnrir, J. H. E.
Ileitz, 1899; in-8", ix-447 p., 21 pi. (18 m.)
64. FoRRER (R.). Die Odilienberg, seine vorgescliichtliehen Denknuiler
und mittelalterlichen Baurestc, seine Geschielite und seine Legenden. —
Strassburg, K. J. Trûbner, 1899; in-12, vi-90 p.
65. FouRiER DE Bacourt (C' e.). Épitaphes et moiiunionls funèbres
inédita de la cathédrale et d'autres églises de l'ancien diocèse de Toul. X"3.
— Bar-le-Duc, Contant-Laguerre (1900); in-8", p. 87-118, 15 pi.
66. FouRNiER (Chanoine). La Papauté devant l'histoire. — Paris, A. Sa-
vaète, 1899; 2 vol. in-8°. (50 fr.)
67. Fournier(A.). Des noms de lieux ayant pour racine les noms du dieu
Relen, Bel. - Nancy, impr, de Berger-Levrault, 1899; in-8", 19 p. (Extr.
du Bail, de la Soc. de t/ùoi/raphic de ('Est.)
68. Fournier (A.). Les Vosges. 1"' partie; Le Donon, vallées de Celles,
de Senones, de Ravine, de la Bruche. — Paris, P. Ollendorlî, 1899; in-4",
112 p., 26 pi. (12 fr.)
69. Froger (Abbé L.). De la condition des lépreux dans le Maine au
XV" et au xvi" siècle. — Paris, 5, rue Saint-Simon, 1896; in-8", 21 p. (Extr.
de la Roc. des Questions hts(orir/iics.)
70. Froissart. Chroniques de Froissart. Deuxième livre. Publié pour la
Société de l'Histoire de France, par Gaston Raynaud. T. XI (1382-1385).
Depuis la bataille de Roosebekc jusqu'à la paix de Tourna y. — Paris,
Laurens, 1899; in-8", lxxvii-492 p.
71. FuNK (F. X.). Kirchengeschichtliche Abhandlungen und Untersu-
chungen. — Paderborn, 1899; 2 vol. in-8", v-483 et xviii-691 p.
72. Galabert (Abbé). Pratiques religieuses autour de Verdun à la fin du
XIV" siècle. — Toulouse, impr. de Chauvin, 1899; in-8°, 7 p. (Extr. du
Bull, de la Sor. (H'chèol. du Midi de la France.)
73. Gassies (Georges). Coup d'(Tnl sur l'archéologie du moyen âge
d'après les monuments français et en particulier d'après ceux du départe-
ment de Seine-et-Marne et de la région avoisinante (Brie, Champagne,
Limousin, Beauvaisis, etc.). — Meaux, impr. de Le Blondel. 1899: in-8",
171 ]). (Extr. du Bull, de la Soc. littéraire et hist. de la Brie.)
74. Gavrilovitch (M.). Étude sur le traité de Paris de 1259 entre
Louis IX, roi de France, et Henri III, roi d'Angleterre. — Paris, Bouillon^
1899; in-8°, xv-157 p. (Bibliothèque de l'École des Hautes-Études. CXXV).
75. GiRGENSoHN (P.). Die skandinavische Politik der Hansa, 1375-95. —
Upsala, 1899; in-8°, viii-200 p.
110 LIVlîES NOUVEAUX
"TG. (ioLi. (.1.). Bolionio (1895-1898). — Noiieiil-le-Holrou, inipr. de Dau-
peloy-tlouvoniL'ui-. 1899; in-8", 21 p. (Extr. île la Rrr . his(url(juc .)
77. CïREcoRio (Rosai'io). Doi roali archivi di Sicilia, luemoria inorliia,
piibl. G. La Mantia. — Palonno, Reber, 1899; in-8", 8-xv p. (11.)
78. (iiiNDLAcn (W.). Dio l<]ntstehuiig des Kirelioustaates und dei- curialc
Boin-ilî /?*'.s- pahltcd RoiiKdiiiriim. Kin Reiti-ag zum traiik. Kirclien- und
Staatsivelit. — Bi-eslau, M. und H. Mareus, 1899; vii-121 p. (Un(ei-su-
éhuiigen zur deutsclieu Staats -und Reehtsgescliiclite. LIX.) (4 m.)
79. GuNDLACH (W.). Karl der Grosse im Sachssn-Spiegel, eiue Inter-
prétation. — Rreslau. M. und H. Marcus, 1899; in-8", vi-35 p. (Unter-
sucliungen zur deutselien Staats und Rechtsgesehichte. LX.) (1 m. 60.)
80. IIann (F. G.). Kunstgeseliichliiclier Fùlirer durcli den (lurker
Dom. 2- Aufl. - Klagenfurt, A. Raunecker, 1900; in-12, 48 p.
81. Haucour (Louis d'). L'Hôtel de Ville de Paris à travers les sièeles.
— Paris, V. Giard et E. Brière, 1899; in-8", 802 p., pi. (25 fr.)
82. Héricault (C. d'). Les grands saints de France et leurs amis. —
Paris, Blond et Barrai (1900) , in-8", xii-329 p.
83. Hervieux (L.). Les fabulistes latins depuis le siècle d'Auguste jus-
qu'à la fin du moyen âge. V. Jean de Capoue et ses dérivés. — Paris,
Firmin-Didot, 1899; in-8", ii-791 p.
81. Heurtebize (B.) et R. Triger. Sainte Scli()lasti(ini\ patronne du
Mans : sa vie, son culte, son rôle dans l'iiistoir." de la cité. — Paris,
Retaux, 1897; in-4", xii-520 p.
85. Holder(A.). Alt-celtischer Spraehschatz. 12 Lig. — Leipzig, B. G.
Teubner, 1900: in-8", col. 669-1024. (8 m.)
86. Holmes (T. R.). Ca^sar's conquest of Gaul. — London, ;Macmillaii
and C°, in-S". (21 sh.)
87. Jarry (Louis). Histoire de Cléry et de l'église et cliapelle roj'ale
N.-D. de Cléry. — Orléans. Herluison, 1899: in-8", 430 p. (15 fr.)
88. Kaindl(R. F.). Studien zu den ungarisciien (ieschichtsquellen. VIII.
— Wien, C. Gerold's Sohn, 1899; in-8", 109 p. (Extr. de l'A/vA . //?/•
ôsfciT. Gcschirhtc.)
89. Kerviler (René). Répertoire général du bio-biblio.urapliie iMvtoniie.
Livre I" : les Bretons. T. XII. 32' fasc. fl)eni-Dez). — Hennés, Plilion
et Hervé, 1899; in-8', p. 1-160.
90. Kirsch (.1. P.). Die Leliri' von <ler GemeinschafI der Ileiligen im
christl. Alterthum. — Mainz, F. Kirchlieim, 1909; in-8", vn-230 p.
(Forschungenzur cliristlichen Litteratur und Dogmengeschichte. 1,1.) (7m . )
91. Knoke. Das Varuslager beilburg. —Berlin, R. Gartner, 1899; in-8".
92. Kohler (Ch.). Mélanges pour servir à l'histoire do l'Orient latin et
dos croisatles. Fascicule I". — Paris, Leroux, 1900; in-8", 280 p. (l'Atr.
de la Rec. de l'Oricnl latin. IV, 5, 6, 7.)
93. KoRTH (L.) und P. I*. Albert. Die Urkunden des Heiliggeist-
spitals zu P'reiburg im Breisgan. 2 Bd. 1401-1662. Mit e. Anli. und Hegistor
von E. Intlekofer. — Freiburg i. B.. V. Wagner, 1900; in-8", vii-640 j).
LIVIîES NOUVEALX 111
(Vei'ôfîoiitlicliuiiiren ans dcin Aicliix (l(>i' St.-ull I-'ivibur.ir iiii Rrcisiiau.
3 Thl.) (6 m.)
91. Labourasse (H.)- Jandeuivs, abbayo et domaiiio. — Bai-le-I)iic,
impr. de Contant-Laguorre, 1899; in-8", .\v[n-221 p. (l<Atr. des Mrinolrcs
de 1(1 Soc. des lettres, sct'enrns et arts de Bar-le-Diic . 3'' série, VIII.)
95. La Xkolliére-Teueiro (S. de). Saint Mars, évoque de Nantes,
527-531. — Vannes, inipr. de Lafolyc, 1899; in-8", 21 j). (Kxtr. de \-ARev.
hist. de l'Ouest.)
96. Laurensi. Histoire de Castellane, ou Connaissant! exacte des clian-
genients survenus à cette ville, des dillérentes parties qui la composent, des
lieux qui en dépendent et des événements qui la concernent par rapport au
gouvernement ecclésiastique et .séculier, avec une suite chronologique et
historique des ëvêques de Senez. — Castellane. Gauthier, 1899; in-8°, 562 p.
(10 fr.)
97. Lkcomte (Maurice). Note historique sur la seigneurie de Chailly-en-
Bière. — Fontainebleau, 1899; in-18, 24 p. (Kxtr. i\eV Abeille de FoiUai-
neblcau .)
98. Lee (S.). Dictionary of national bini:i'a[)hy LXI. — London,
Smith, Elder & C", 1899; in-8". (15 sh.)
99. Lemcke (H.)- Die Rau- und Kunstdenknuiler des Heg.-Be/.
Stettin. 3 Ilft. Der Kreis Uckermïmde. - Stettin, L. Saunier, 1899;
in-8", IV p. et p. 267-312 et pi. (Die Rau- und Kunstdenknuiler der Prov.
Pommern, hrsg. von der Gesellscliat't f. Pommersciie Geschichte und
Alterthumskunde. II, 3.) (5 m.)
100. Le Pale.nc (C.) et P. Dognon. Lézat: sa coutume, son consulat. —
Toulouse, Privât, 1899; in-8", lxvii-128 p.
101 . Lex (Léonce). Cîulde archéologique du congrès de Mâcon (1899). —
Paris, A, Picard, 1899 : in-8", 24 p. (Extr. du Bail, moninnental.)
102. Lhomel (G. de). Armoriai des maires de Montnniil-sar-Mer. —
Montreuil-sur-Mer, impr. de Arnauné, 1900; in-8", 47 p.
103. Lhomel (G. de). Le livre d'or de la ville de Montreuil-sur-Mer
(Liste des olficiers municipaux, argentiers, procureurs fiscaux et greffiers;
arinorial des maires; ordonnances et édits réglant la forme des élections
communales.) — ■ Montreuil-sur-Mer. impr. de Arnauné, 1900; in-8", 286 ]).
104. Lindner (A.). Die Basler Galluspforte und andere romanische
Rildwerke der Scinveiz. — Strassburg. J. II. Ileitz, 1899, in-8", 116 p.
10 pi. (Studien zur deutschen Kunstgeschiclite. XVII.) (4 m.)
105. LoMiîARD-DuMAS (A.). La sculpture préhistorique dans le départe-
mentduGard. — Nîmes, impr. coopérative la Laborieuse, 1899; in-8", 31 p.
100. Ludwig (K.). Das keltische und rômische Brigantium. Eine
gescliichtl. Studie.- Bregenz, J. N. Teutsch, 1899; in-8", xxviii p. (0 m.60.)
107. LiiTzow (G. von). Die Kunstschàtze Italiens in geographiscli-his-
lorischer Uebersiclit gosdiildert. 2 Aufl. nach dem Tode des Verfassers,
hrsg. vouJ. Dernjac. — Gcra,C. B. Griesbach, 1899; in-fol., xxin-555 p.
108. M.ERCKER (H.), (ieschichteder landlichen Ortschaften und der drei
112 Ll\KES NOUVEAUX
kloiiieroii Stadtedos Kreiscs Tliurii iii seiiiei' Iruheren Ausdehnung vor der
Ab/woigung dos Kroises Briesen i. .1. 1888. 2 Lfg. — l)anzig,T. Bertling,
1900; in-8", ii p. et p. 133-613. (Schril'ton des westpreuss. Gescliiclits-
vereins.) (6 m.)
109. Malo (Henri). Petite histoire de Boulogue-sur-Mer. — Boulogne-
sur-Mer, impr. de Baret, 1899; in-8", 136 p.
110. Manitius (M.). Beitràge zur Gesehiclite des Ovidius uinl anderer
romisciier Schriftsteller ini Mittolalter. — Leipzig, Dietericli, 1000; in-8",
48 p. (Extr. du Philoloi/us. 7 Suppl. Bd.) (1 ni.)
111. M.\RBOT (E.). Notre liturgie aixoise, étude bibliograpiiiquc et histo-
rique. — Aix, Maicaire, 1899; in-16, vni-430 p.
112. Marque (M"). Le Cartulaire d'OIoron. —Pau. Ribaut: Oloron,
Marque, 1900; in-8", xx-91 p.
113. Martin (Henry). Histoire de la Bibliothèque de l'Arsenal. — Paris,
Pion, 1900; in-8".
114. Marzi (D.). Un cancellieresconoseiutodellaRepubblicaFiorentina.
ser Naddo Baldovini, 1335-1340. — Firenze, Franccschini, 1899; in-8;
14 p. (Per le nozze Martini Marescotti-Ruspoli).
115. MEYER-LiiBKE (W.). Grammatik der ronianischen Sprachen. 3 Bd.
Syntax. — Leipzig, O. R. Reisland, 1899; in-8", xxi-815 p.
116. Meyer-Lûbke (W.). Grammaire des Langues romanes. Traduction
française par Auguste Doutrepont et Georges Doutrepont.Tome HI et dernier.
Syntaxe. V partie. — Paris, H. Welter, 1899; in-8°, p. 1-464.
117. MissET (Abbé E.). Jeanne d'Arc Champenoise. Réponse à S. G.
M?r Turinaz. 2'' édition augmentée d'une préface. — Paris, Champion, 1899;
in-8°, 15 p.
118. MooRE (A. H.). Œcumenical documents of the faith : Creed of
Niceae, three Epistles of Cyril, Tome of Léo, Chalcedonian définition. —
London, Mcthuen and C", 1899 ; in-8». (6 sh.)
119. MoREL (Abbé E.). Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de
Compiègne. — Compiègne, impr. de Lefebvre, 1899; in-4", p. 161-210.
(Société historique de Compiègne . )
120. MoRiz-EiCHBORN (K.). Der Skulpturcyklus in der Vorhalle des
Freiburger Munsters und seine St<;llung in der Plastik des Obei-rheins. —
Strassburg. J. H. E. Heitz, 1899; in-8", xvi-439 p. (Studien zur deutschen
Kunstgeschichte. XVL) (10 m,)
121. MoRTET (V.). Étude archéologique sur r('>glise abbatiale Notre-
Dame d'AIet (Languedoc, Aude). — Paris, A. Picard et fils, 1898 ; in-8",
56 p. (Extr. du Bull, monument al.)
122. MoRTET (V.). Note sur l'architecte de l'église des Cordeliers de
Paris, au xiir siècle. — Paris, A. Picard et fils, 1899; in-8", 3 p. (Extr. du
Bull, monumental.)
123. MoRTET (V.). Les piles gallo-romaines et les textes antiques de bor-
nage et d'arpentage. — Paris, A. Picard et fils, 1898; in-8'', 11 p. (Extr.
du Bull, monumental.)
LIVRES NOUVEAl'X 113
124. MiiNTZ (Eugenio). Fireiize e la Toseaiia : imesaggi, inonumenti, cos-
tuini e ricordi storici. Nuova ediziono. — Milanu, Treven, 1899 ;iji-4'', 516 p.
(30 1.)
125. MussAFiA (A.). Dei codici vaticani 3195 e 3196 délie rime del Pe-
trarca. Studio. — Wien, C. Gerold's Sohn, 1899; in-1", 30 p. (Extr. des
Dcnkscliriftcn cl. I, . Ahad. Wiss.)
126. Nagl (F.) und A. Lang. Mittlieiliingeii aus dem Archiv des
deutschen Nationalhospizes S. Maria dell' Anima in Rom. Als Festgabe
zu dessen 50 jàhr. Jubilàum dargeboten. — Freiburg i. B., Herder,1900;
in-8°, xxvin-156 p. (Rômische Quartalschrift. XI Suppl. Hft.)(5 m.)
127. NiMAL (Le P. H.). La Vie de sainte Catherine l'Admirable est-elle
authentique? — Paris, 5, rue Saint-Simon, 1899; in-S", 11 p. (Extr. de la
Rcc. des Questions Jtisfuriqiics.)
128. Noces (Les) d'argent de la Société historique et archéologique du
Périgord (1874-1899). — Périgueux, impr. de la Dordogne, 1899; in-8°, 19 p.
129. NuESCH (A.) und Bruppacher (A.). Dasalte Zollikon. Kulturhis-
torisches Bild einer zvircher LandgiMneinde von den àltesten Zeiten bis zur
Neuzoit. Festgabe. — Ziirich, Zurelier und Furrer, 1899, iu-8", xiv-612 p.
(10 fr.)
130. Oeser (M.). Die Stadt Mannlieim in ihren Sehenswurdigkeiten .
— Mannheim, Haasche Druckerei, 1899; in-8", xxv-114p.
131. Omont (Henri). Bibliothèque Nationale. Catalogue général des
manuscrits français. Nouvelles acquisitionss françaises. IL N"* 3061-6500.
— Paris, Leroux, 1900; in-8°, xv-4G4 p.
132. Ott (G.). Étude sur les couleurs en vieux français. — Paris,
E. Bouillon, 1899; in-8°. (6 fr.)
133. Palander (IL). Die althoc-hdoutschen Tiernamen. I. Die Namen
der Sâugetiere. — Berlin, Mayer und Muller, 1899; in-8% xv-171 p. (4 m.)
134. Papillaud (G.-E.). Une paroisse de l'ancienne Saintonge, Mont-
boyer, du xiv" siècle à nos jours. — Angoulême, Barraud, 1899; in-8",
380 p. (5 fr.)
135. Pascalein (E.). Le pouvoir temporel des évêques de Maurienne. —
Annecy, impr. de Abry (1899) ; in-8°. 12 p. (Extr. de la Ror. Sacotsicnne. )
136. Peltzer (A.). Deutsche Mystik und deutsclie Kunst. — Strassburg,
J. H. E. Heitz, 1899; in-8", vii-244 p. (Studien zur deutschen Kunst-
geschichte, XXI.) (8 m.)
137. Perception d'une aide en Rethélois au xiv^ siècle. — Dôle, impr. de
Bernin, 1899; in-8", 15 p. (Extr. de la R<'v. hist. ardennaisc.)
138. Petit (Joseph). Les premiers journaux à la Chambre des Comptes
de Paris Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1899; in-8'',
5 p. (Extr. de la Bibliothèque de V École des Chartes.)
139. Pfister (Ch.). Pierre Séguin et la vie érémitique aux environs de
Nancy. — Nancy, impr. de Berger- Levrault, 1899; in-8", 48 p. (Extr. des
Mèm. de l'Acad. Stanislas .)
140. Pflugk-Harttung (J. von). Der Johanniter- und der deutsche
Moyen Afie. t. Xlll. 8
111 LIVRES iNOUVKAUX
Oi'dcn iin Kainpfe Lndwigs des Baj'ern mit dom Knrio. — Leipzig, Duncker
und Jluniblot, 1900; in-8", xiii-261 p. (6 m.)
141. Philippon (E.). Note sur la famille du loi Raoul. — Nogent-le-
Rotrou, iiiipr. de Daupeley-Gouverneur, 1899; in-8", 13 p. (Extr. de la
Bibliothèque do l'École des Chartes.)
142. PiETTE (Ed.) et .T. Sacaze. Les Tertres funéraires d'Avezac-Prat
(Hautes-Pyrénées). -Paris, Masson, 1899; in-fol., 27 p., 29 pi. (25 Ir.)
143. A. V. Poésies latines composées à l'École de Brioude au x' siècle. —
Clermont-Ferrand, impr. de Mont-Louis (1899); in-8°, 10 p.
144. PouLANiE (F.). Les tombeaux en pierre de la vallée de la Cure et du
Cousin (Yonne). — Paris, Leroux, 1899; in-8% 24 p. (Rev. ni-rhèolofjif/iir.)
145. PouPARDiN (René). — La Vie de saint Didier, évêque de Cahors
(630-655), publiée d'après les manuscrits de Paris et de Copenhague.— Paris,
Picard, 1900; in-8", 68 p. (Collection de textes pour servir à l'étude et à
l'enseignement de l'histoire. XXIX.)
146. Rahn (J. R.). Das Fraumiinster in Zurich. Unter Mitwirkung von
II. Zeller-WerdniûUer. 1. Ans der Geschichte des Stif tes.— Zurich, Fàsi und
Béer, 1900; in-4", 36p., 3 pi. (Mitteilungen der antiquarischen Gesellschaft
in Zurich. XXV, 1.) (4tr. 50.)
147. Renan (Ernest). Études sur la politique religieuse du règne de Phi-
lippe le Bel. - Paris, C. Lévy, 1899; in-8", ii-489 p.
148. Renneville (Constantin de). Anecdotes bas-normandes rééditées
d'après l'édition de 1724, par Paul Lecacheux.— Évreux, impr. de Odieuvre,
1899; in-8", 33 p.
149. Rey (R.). Louis XI et les États pontificaux de France au xv'" siècle,
d'après des documents inédits. — Grenoble, impr. de Allier frères, 1899 ;
in-8°, x-256 p. (Extr. de VAcadèime delphinale. A' série, XII.)
150. Roy (J.). Corrections et additions à l'histoire de Robert de Clermont,
sixième fils de saint Louis. —Paris, E. Bouillon, 1899; in-8°. (Annuaire de
l'École des Hautes-Études pour 1900.)
151. Saint-Martin (Abbé de). Deux opuscules rarissimes de l'abbé de
Saint-Martin : le Livret des voyageurs de la ville de Caen et le Supplément
au Livret des voyageurs de la ville de Caen, publiés avec une introduction
et un essai bibliographique par Fernand Engerand. — Caen, impr. de
Delesques, 1899; in-8", 120 p. (Extr. du Bull, de la Soc. des Antiquairçs
de Normandie.)
152. Saint- Venant (J. de). Anciens vases â bec, étude de géographie
céramique. — Caen, Delesques. 1899; in-8°, 62 p. et pi. (Extr. du Btdl.
monumental.)
153. Sallustien-Joseph (Le Fr.). La grotte de Seynes, canton de Vézé-
n<jbres, arrondissementd'Alais(Gard). — Nîmes, impr. de Chastanier,1900;
in-8«, 10 p.
154. Sauvage (D' H.-E.). Séjniltures franco-mérovingiennes trouvées à
Boulogne-sur-Mer, — Boulogne-sur-Mer, impr. dcHamain (1899); in-8", 9 p.
1.55. Save (^Gastfm). Les architectes de René II. Gérard Jacquemin et le
LlVni:S NOLVKAUX 115
portail de Toul, — Nancy, inipr. coopérative de l'Est, 1899; in-8", 10 p.
(Extr. du Bull, dos Sociétés artistiques de l'Est.)
156. ScHiFFMANN (K.). Elii Vorlàufor dos àltesten Urbars von Krems-
miinster. ~ Wien, C. Gerold's Solui. 1899; in-8", 19 p. (Extr. de VArc/nc
f. d. ôstcrr. Gesrhirhtc.)
157. Schill(E.). Anleituni: zui- Erhaltuiig und Ausbesserung von Hand-
schriften, durch Zapon-Inipragnirung. — Dresden, F. Hoffmann, 1899; in-8'\
1.58. SrHMiTz(W.). Der niittolalti'i'liclie Profanbau in Lothi'ingen.;Zuzain-
nienstellung der noch vorliandenon Rauworko au.s der Zeit vom xii bis
zum XVI Jahrh. — Du:<seldorf,F. Wolfram, 1899; fol. ,81 pi., xm-23p.(40m.)
159. ScHôNFELDER (A.). Do Victorc Vitcnsi cpiscopo. Dissertatio inau-
guralis historico-theologica. — Broslau, Aderholz, 1899; in-8^52p. (1 m.)
160. Singer (S.). Die mittelliochdeutsclie Scliriftsprache. Vortrag. —
Zurich, E. Speidel, 1900; iii-8", 23 p. (Mittcilnngon der Gcsellschaft f.
deutsche Sprache in Zurich, V.) (1 fr. )
161. Spriet (Léon). Bouvignies et ses seigneurs, l'aniilles de Landas, de
Mortagne-Landas, d'OIlehain, de Nédonehel, Warlaing, — Orchies, impr.
de Rerjo et Balin, 1900; in-8", 191 p.
162. Supplément au dictionnaire du patois de Nuits. — Dijon, impr. de
Jobard (1900); in-8", 8 p.
163. Supplément aux Essais sur les étymologies des noms des villes et
des villages de la Côte-d'Or. — Dijon, impr. de Jobard (1900); in-8", 10 p.
164. Tardif (J.). Tcrritorium penosciac-ense ou senesciacense. — Nogent-
le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1899; in-8", 6 p. (Extr. de la
Bibliotlièque de l'École des Châties.)
165. TiLLOY (Mî?"" Anselme). Traité théorique et pratique de droit cano-
nique en français. — Paris, A. Savaète, 1899, 2 vol. in-8°. (15 fr.)
166. TuRNER (J. M. W.). Liber studiorum reproduced in facsimile by the
autotype process. — London, Sotheranand C", 1899; 2 vol. in-4". (6^:6 sli.)
167. Urvoy de Portzamparc (Louis). Origines et généalogie de la maison
de Trogoff. — Vannes, Lafolye, 1900; in-8», 458 p. (Extr. de la Rer. hist .
de l'Ouest.)
168. Valois (Noël). La prolongation du Grand Schisme d'Occident au
XV" siècle dans le midi de la France. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Dau-
peley-Gouverneur, 1899; in-8", 35 p. (Extr. de V Annuaire-Bnllelin de la
Société de l'Histoire de Feance.)
169. Vaulet (Capitaine). La bataille de Fontanet, près Auxerre(25 juin 841).
— Paris, Charles Lavauzelle (1900) ; in-8", 70 p.
170. Viard (Jules). Date de la mort de Louis X le Hutin. — Nogent-le-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1899; in-8", 4 p. (Extr. de la
Bibliotlièque de l'École des Chartes., LX.)
171 . Vigie (A.). Coutumes inédites de Belvès (Dordogne). — Bar-le-Duc,
impr. de Contant-Laguerre (1900); in-8", 32 p.
172. ViGOUROUX (Abbé F.). Dictionnaire de la Bible... Fascicule 16, pre-
mière partie. — Paris, Letouzey et Ané. 1899; in-8". xii ji. et col. 2305-2428.
116 LIVRKS NOUVEAUX
173. ViTRY (Paul). Les châteaux historiques français. — Melun, Impr.
administrative, 1899; in-8", 16 p. (Ministère de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts. Musée pédagogique, service des projeclions lumineuses.
Notices sur les vues.)
174. VoNDERAU (J.). Pfahll.muten im Fuldathale. — Fulda, Fuldàer
Actieudruckerei, 1899; in-4°, 36 p., 2 plans. 7 pi. (1 Verôffentlichung des
Fuldàer Geschichts-Vereins.)
175. VuiLHORGNE (L.). Notice biographique sur .lean Pillet, historien de
Gerberoy, 1651-1691. — Beanvais, impr. de Lamiablc, 1899; in-8 ", 22 p. etfacs.
176. Waltershausen (A.). Die Gernianisicrung der llàtoromanen in der
Schweiz, volkswirtschaftliche und nationalpolitische Studien. — Stuttgart,
Engelhorn, 1900; in-8", 110 p.; 1 carte (Forschungen zur deutschen Landes-
und Volkskunde. XII, 5.) (5 m. 20.)
177. Way (T. R.). Reliques of old London upon the banks of the Tliames
and in the suburbs South of the River. — London, G. Bell and sons, 1899;
in-8". (21 sh.)
178. Weise(0.). Syntax der Altenburger Mundart. — Leipzig, Breitkopf
und Hârtel, 1900; in-8°, xii-164 p. (Sammlung kurzer Grammatiken
deutscher Mundarten. VL)(5 m.)
179. Weiss. Erzàhlunge in Strassburger Mundart. — Strassburg,
J. H. Heitz, 1899. (Elsâssische Volksschriften.)(GO d.)
180. Weller(K.). Hohenlohisches Urkundenbuch. 1 Bd. : 1153-1310. —
Stuttgart, W. Kohhmammer, 1899; in-8°, vii-632 p. (10 m.)
181. WiTTE (H.). Urkunden und Akten der Stadt Strassburg, hrsg. Unter-
stiitzungder Landes und Stadtverwaltung. 1 Abth. Urkunderbuch der Stadt
Strassburg. 7 Bd. Privatrechtliche Urkunden und Rathslisten von 1332
bis 1340. - Strassburg. K. J. Trubner, 1899; in-4. (56 m.)
182. WoLF (C). Die Kunstdenkmâler der Prov. Hannover. I. Reg.-Bez.
Hannover. 1. Landkreise Hannover und Linden. — Hannover, T. Schulze,
1900; in-8% xvi-138 p., 8 pi. (6 m.)
183. Wolfsgruber (C). Abteien u. Klôster in Œsterreich. 6 Lfg. —
Wien, B. A. Heck, 1900; in-fol.,5 pi.
184. WôRTER (F.). Zur Dogmengeschichte des Semipelagianismus. I.
Der Lehrinhalt der Schrift de vocatione omnium gentium. II : Die Lehre
des Faustus von Riez. III : Die Lehre des Fulgentius von Ruspe. — Mtinster,
H. Schôningh, 1900; in-8'', vii-155 p. (Kirchengeschichtliche Studien,
V, 2.) (3 m. 60.)
185. Zanelli (Agostino). Del publico insegnamento in Pistoia del xiv
al XVI secolo. Contributo alla storia délia cultura in Italia. — Roma,
E. Loescher, 1900; in-8", 160 p. (2 1. 50.)
186. Zettinger (J.). Die Berichte ûber Rompilger aus dem Frankenreiche
bis zum J. 800. - Freiburg i. B., Herder, 1900; in-8", xi-112 p. (Rômische
Quartalschrift. XI Suppl. Hft.) (4 m.)
Le Gérant : V^e E. Bouillon.
CHALON-S-S., IMPR. FRANÇAISE ET ORIENTALK DE L. MARCEAU, E. BERTRAND, s'
LA
SATIRE A ARRAS AU XIIP SIÈCLE
(suite)
Chansons et Dits artésiens du XIII' siècle, publiés avec une Intro-
duction, un Index des noms pro))res et un Glossaire, par Alfred Jeanroy, pro-
fesseur à l'Université de Toulouse, et Henry Guy, maitre de conférences à
l'Université de Toulouse {Bibliothèque des Universités du Midi, fasc. II,
Bordeaux, Féret et fils, 1898; in-8% 165 p.).
Pièce XX, p. 81. — On lit dans le Renaldus vulpes, rédac-
tion primitive de notre grand poème satirique, attribuée
au xii", sinon au xi® siècle :
Gratia non gratis, quando rogatur, adest'.
Ce proverbe déjà vieux au temps de Sénèque', répété de
proche en proche par les moralistes, a traversé tout le moyen
âge et même la Renaissance\ "Lq Roman de la Rose le recueille
au passage et le commente *. Nous le retrouvons ici, traduit
littéralement sauf l'antithèse :
V. 62. N'a pas don pour noient qui roeve.
Sur ce thème classique, un jongleur inconnu, Le Camus
1. Éd. F. J. Mone, Stuttgart, 1832, in-S". -Liv. II, v. 1158, p. 137.
2. « Non tulit gratis qui quum rogasset accepit; quoniam quidem ut
majoribus nostris, gravissirais viris, visum est, nulla res carius constat
quam quse precibus erapta est. » — De Benef., 11,1.
3. M. Jeanroy le signale dans H. Estienne, Précell. (1.579) : « Assez
achète qui demande. » — Chans., p. 163.
4. Car bonté faite par prière
Est trop malement chier vendue
A cuer qui suntde grant value.
Moult a vaillans homs grant vergoigne
Quaut il requiert que l'en li doigue, etc.
(Éd. Jubinal, v. 5433.)
Moyen Age, t. XIII. 9
118 A. GUESNON
d'Airas, dont nous n'avons peut-ôtrc que le sobriquet, a brodé
un dit ou conte moral, auquel il donne pour héros le marquis
de ISIontferrat, personnage alors renommé pour ses hautes
vertus chevaleresques :
V. 5. 11 est sages et bien cloutés.
Le ms. porte « doutés », c'est-à-dire bien morigéné ^
(( Doutés », redouté, ne serait pas, semble-t-il, précédé de
(( bien, » mais de « moult », « très », etc.
Le marquis chevauchait d'habitude un superbe destrier lom-
bard. Or. il y avait à sa cour un chevalier qui convoitait la
monture et laissait paraître en toute occasion l'ardeur de son
désir, espérant qu'un jour ou l'autre elle lui serait spontanément
otïerte :
V. 15. /Sou/'- lui nioroit de jalousie.
11 atendoit le cortesie :
Li cevaus présentés li fust. . .
La ponctuation du second vers est à supprimer, le sens le
rattachant au troisième par un « que » sous-entendu, sans
lequel on ne s'expliquerait ni « fust » ni la phrase.
Las d'attendre, le chevalier surmontant toute honte demande
le cheval; le généreux marquis le lui donne aussitôt.
Le voilà donc qui caracole fier et joyeux sur le coursier de
son seigneur; et comme les passants ébahis manifestaient leur
surprise et l'interrogeaient', sa réponse fut, à leur grand
scandale ; « Il me l'a vendu. »
Informé de ce propos malsonnant, le marquis manda son
1. Je n'ai mie verge cueillie
Por moi chastoier et donter.
Méon, Fabl., I, p. 375.
2. La correction « pour >; proposée en note ne semble pas nécessaire.
3. « L'empescoient, » dit le texte, de « erapeskier », forme picarde :
c dur — A-, imprimé à tort avec cédille, « empesçoient». C'est notre mot
c< empêcher» dans le sens de questionner qu'il avait alors. Cf. « enpeskent »
et « enpesquent » dans Méon^ Rcii; le noiu:., v. 1464, QtFabl. et Contes, III,
p.264,v. 232.
LA SATlllE A AURAS AU XIH' SIÈCLE 119
vassal : « Vous me déshonorez, lui dit-il, en faisant de moi un
maquignon :
V. 50. Jou ne sui mie cauwelaus' ;
Aine ne voil, voir, mon ceval vendre...
Voirs est que je le vous donai. »
Et l'autre de répondre: « Non, monseigneur; ce cheval, je
l'ai acheté, car je vous l'ai demandé !
V. 54. Sire, dist-il, ains l'acatai :
Au rover eue niout grant angoisse;
Ja n'est-il nule poignans raoisse-
Envers' rover ne tel mal face.
Li rovers fait rougir la face [;J '
l.Le Glossaire suppose Cauwelal, dont on ne connaît pas d'exemple. Ce
mot n'est relevé par Godefroy (d'après LaCui'ne)que dans cet unique passage
de notre pièce, où le contexte lui attribue le sens de marchand de chevaux,
maquignon. Le Nècrolof/e de la Confrérie des jongleurs l'enregistre dix
fois, tantôt comme sujet • « Pullarius Jehans li Cauelaus, » 1279, 3^ : tantôt
au cas régime: « Pro Cauwelau Leui-in, » 1280, 1". Ce dernier est « Leurins
li Cauelaus» du Jeu de la fenillèr,\. 820, que tous les éditeurs ont imprimé
« Cauelaus », suivant la faute du ms.l>e nom pouvait prendre le féminin:
« Li Cauwelaue Heluis, ))1265, 1'". Un exemple remontant à 1170 se trouve
dans le pouillé des rentes de l'abbaye de Saint- Vaast inséré au Cartulaivc
de Guiman^ p. 286 de l'impr.: « Guillelmus li Cauuelaus. » Le Guiman de
l'Évêché (procédures) inscrit « Willelmum le Cauwelau » parmi les éche-
vins d'Arras en 1223. Les Hostai/la de l'église N,-D. mentionnent en
1261 « heredes le Cauelaue », f''2 v".
2. Le G/o.s.sof/rdonne Moisse sans l'expliquer, en citant divers exemples
qui l'éclaircissent jieu. Dans celui de Godefroy (au motPÉNiL). « moisse » à
la rime est évidemment pour « mousse». Dans celui de Remacle, Dict.,
« moisse », pierre d'attente (parpaing), rappelle la « moise » des charpentiers,
de mcnsn), traverses plates assemblées et serrées deux à deux par des écrous
pour maintenir les pièces d'un bâti. De là peut-être le sens métaphorique
de contrainte, serrement, torture. Sur l'usage technique de /iicnsa, voir le
mot dans Forcellini et Du Cange. La « broie », instrument de supplice,
était une sorte de « moise ». Voir dans Godefroy, Dict., au mot Broion, un
extrait de Beurcs d'Hanstonc.
3. Le ms. porte « avers rouver », leçon à rétablir, « avers » ayant ici le
sens classique de adrrrsus synonyme de />/•«•. Voir au mot Adversus, For-
cellini, Lcxic. § IV : in conf'i-onto, a para;/oue, et Godefroy, Dict., au mot
Avers.
4. Sur ce verset la suite, cf. Sénèque, De Bcncf , IL 1; L 2.
120 A. GUESNON
En rover a mainte doleur;
Li rovers cange le couleur. »
Li chevaliers dist : « Bien le proeve
N'a pas don por noient qui roeve... »
Si « Bien le proeve » signifie : Je le le prouve bien, les vingt-
six vers du développement formant un discours suivi, « Li
chevaliers » devrait, ce semble, être mis entre virgules, en
supprimant les guillemets. Mais on peut comprendre aussi :
« Li chevaliers dist bien la proeve, » et rattacher le vers tout
entier à la narration.
Quoi qu'il en soit, le marquis^ vaincu par une argumentation
aussi irrésistible, reconnaît qu'il fut grandement coupable de
discourtoisie, et ce n'est pas sans trahir une secrète émotion
que le chevalier entend tomber de ses lèvres cet aveu naïf et
contrit :
v. 78. Ains dist bien c'on le deust fondre
Quant de son don tant demoura' —
Li chevaliers coulor mua.
« C'est vrai, dit-il, j'ai mérité qu'on m'accable pour avoir
ainsi fait attendre une largesse. Ce cheval, je vous l'ai vendu.
Allez donc et choisissez le meillleur de mon écurie; celui-là, je
vous le donne. »
L'auteur nous en avait prévenus et sa conclusion le démontre :
cet amateur de chevaux était véritablement
v. 8. Uns chevaliers de Normandie.
A noter : v.36, « Cascuns se saine ki l'ooit » — ms. rauoit,
de « auïr ». ^
Pièce XXI, p. 84. Les jongleurs avaient d'excellentes rai-
sons pour vilipender nos bourgeois avares et prêcher aux riches
la générosité : ils en vivaient. Sur ce sujet, leur veine est inta-
1 . Dans le Glossaire, au mot Fondre, M. Jeanroy entend : « puisque son
cadeau est ainsi rabaissé, » faisant de « tant » le sujet de « demora », au
lieu de construire : Quant de son don tant il (leraarquis) demora (tarda).
Une distraction semblable intervertit les rôles dans une note relative
au vers suivant, où le chevalier est confondu avec le marquis (p. 83).
LA SATIRE A ARRAS AU XIIl^' SIKCLE 121
rissable. Aussi le conte qui précède a-t-il son pendant immédiat
dans un second apologue du même genre, encadré de préceptes
généraux et d'objurgations satiriques.
Partant de ce principe que la bienfaisance n'est méritoire
que si un élan du cœur l'assaisonne, l'auteur oppose la pitié
charitable d'un saint Martin, coupant en deux son manteau,
aux cinquante-quatre mille livres des dons et fondations
pieuses de Philippe-Auguste, aumône vraiment digne de la
munificence royale,
V. 10 Mais ne fu mie en saison.
Il a droit à toutes nos sympathies celui qui, la main grande
ouverte, fait largesse du peu qu'il possède. L'avare n'a jamais
assez : il est pauvre ; aux libéralités d'un cœur noble et
généreux, ce peu suffit toujours : il est riche.
Au temps jadis, alors qu'il n'était pas rare de voir des mal-
heureux à bout de ressources clore la porte de leurs demeures
et se laisser mourir de faim, deux enfants du même âge, mais
de conditions différentes, s'étaient liés d'une étroite amitié.
L'un était le fils d'un riche bourgeois, l'autre d'un pauvre
paysan.
Le paysan tomba dans une telle détresse qu'il résolut de
« clore » et d'en finir avec la vie. Son enfant s'associait à sa
pensée :
V. 54. Li enfençons ot tel meraore^
Qu'il avoit.
Mais avant de mourir, il voulut faire ses adieux à son com-
pagnon :
v. 56. « A Diu, compains, vos commant gié...
Mes pères doit clore anquenuit ;
De faim mor[r]ons ains mienuit. »
1. Le Glossaire tt&dnit Memore par « intelligence ». La phrase lui
donne le sens de « pensée, dessein ».
122 A. GUESNON
Bouleversé par cette conlidoiicc. rcnfant court à son père et
lui répète ce qu'il vient d'entendre :
V. 71. « Sire, disl il, par Diu cle glorc,
Siro Wibaus doit anuit clore;
Las, j'ai perdu men compaignon ! »
Puis, fondant en larmes, il raconte leur amitié, dépeint
leurs joies communes, leurs ébats champêtres V. et dans son
désespoir il s'écrie :
V. 88. « Foi que doi vos, u je morrai,
U jou men compaignon ravrai. »
L'émotion de l'enfant gagne le cœur du père. Il envoie
chercher le paysan, lui adresse de douces paroles, le récon-
forte, lui offre son assistance et le détourne de son projet :
V . 101 . « De clore ne soies si caus ;
De men bléavrés deus mençaus... »
Tout était sauvé, grâce à l'opportunité de cette charitable
intervention.
Apres cette fiction aussi naïve qu'invraisemblable, l'esprit
satirique du jongleur se donne libre carrière. Ce ne sont plus
les pauvres qu'on voit aujourd'hui « clore »,
V. m. Li plus rice sont si tenant
Ce sont cil qui or vont cloant;
Par mi lor grant trésor d'Arage -
Muèrent de faim et vont a rage.
Ces gros bourgeois d'Arras vivent comme des loups ; ils
1. La bataille des chaumes après la moisson, divertissement que rap-
pellent les vers 81-84, est encore d'usage en Angleterre (Suffolk) : « An
amusement with boys who pelt each other with the stubble of wheat
puUed up vi^ith the earth about the roots. This is called plcujing at
scoitles. » — Voir ce dernier mot dans Halliwell's Z)?'c?!. ofarchaic and
provinc. voi-ds.
2. Ilest difficile de ne pas voir une intention plaisante dans ces « trésors
d'Arage », ou d'Arabie, attribués aux avares Arrageois.
LA SATIRE A ARRAS Ai: XIII« SIÈCLE 123
mangent ù huis clos, laissant les pauvres se morfondre à leurs
portes; ils n'appellent en leur compagnie, — crime impardon-
nable, celui-là,
V. 119. Ne bonnes gens, ne menestreux.
De l'hospitalité même, ils font une spéculation gastrono-
mique :
V. 124. Mais s'iins bourgois fait aportor
Apres lui de deus mes pleniers',
Celui prie aucuns volentiers
De demeurer avoekes lui.
Qu\m des leurs tombe dans l'infortune, ils l'enverront à
l'hôpital Saint-Jean, exploitant ainsi le bien des pauvres au
profit de leur avarice :
V. 131. Car s'il aviont c'uns leur parens ',)
Ait tout perdu et k'il sioce ens-
Etke il n'ait: mais ke despendre,
A Saint Jehan le mainent rendre
C'on dist Saint Jehan en l'Estrêe.
Ce n'est certes pas pour eux que le comte de Flandre fonda
cette maison,
V. 138. Mais pour les enfers recevoir,
Et por feraes gissans d'enfans''
Povres, ki onttros grans ahans*.
1. Le Glossaire traduit Plenier par « précieux » : le mot nous paraît
avoir ici son sens habituel de « complet, entier ». Le « de », assez embar-
rassant comme partitif, s'expliquerait mieux en prenant « aporter »
substantivement.
2. « Seoir ens » que le Glossaire n'enregistre pas, non plus que La
Curneni Godefroy, signifie « faire faillite». — a Item, ne seront pris ne
receu en quelcunques oiBces (de l'échevinage)... personnes qui ayent fait
cession (de biens), sis ens, ou pris dilation. » Charte du 3 mai 1356. Inn-nf.
citron, des ch . de la rille d'Arras. Doc. CV, p. 11.5.
3. La maternité de l'hôpital Saint-Jean, dont cette pièce offre la plus
ancienne mention, comprenait neuf lits au commencement du xiv' siècle.
Arch. du Pas-de-Calais, A, 899,
4. « Povres » s'appliquant à la fois aux « enfers » ou infirmes du premier
vers et aux femmes du second, la virgule qui suit est à reporter après
« en fan s ».
124 A. GUESNON
. Ces clirétions devraient prendre exemple sur l'esprit de soli-
daritô des Juifs, qui, lorsqu'un de leurs amis tombe, le relèvent
jusqu'à trois fois :
V. 158. En çou est moût bone lorfois;
A leur parens lor huis ne cloent.
Et par ce dernier mot, qui est comme la note dominante de
son sermon, le poète conclut :
V. 163. Or nos doinst Dex si en bien clore
K'en paradis nos voelle enclore.
Errata: v. 4, « li premières bontés » — première; v. 20,
« iert a toudis » — ert; v. 25. « en poverte » — enpoverte;
V. 45, « leur » — lor ; v. 54, « Li enfonçons » — enfeçons;
v. 70, ms. « fourbesisse » — corr. _ four fesi'sse; v. 147, « j'en
ait » — j'en ai: v. 141, « diffamer » — dis/amer; v. 1.52,
(( deffaire » — desfaire.
Pièce XXII, p. 87. — La fiction allégorique du Moulin à
vent, dont nous avons déjà vu une première ébauche, reparaît
ici sous une forme plus achevée^ et avec de nouveaux acteurs.
On connaissait la pièce; Scheler l'a incorporée à l'un des
recueils de ses Trouvères belges^ , violation de frontière litté-
raire qu'explique, si elle ne la justifie, le désir de révéler au
public le nom d'un soi-disant poète jusqu'alors ignoré :
V. 1. Leurens Wagons a en couvent
Qu'il fera un molinde vent-
En le rue dame Sarain.
Ce nom en vedette a séduit le savant philologue. Il a vu dans
l'architecte du moulin l'auteur même de la satire, tandis que
Laurent Wagon n'en est en réalité que la première victime,
cette préséance ironique n'ayant pour objet que de mettre au
pilori la haute improbité du personnage et de sa famille.
1. Trouv . helfjf's, nouv. série, 1879, n° 1.3.
2. De même, XVI, 63, « un muelin de vent », ital. « mulino da vento,
d'acqua ».
LA SATIRE A ARRAS AU XIII'^ SIÈCLE 125
Au commencement du ww siècle, les Wagon \ comme leurs
co-associés les Crespin de TEstrée', tenaient le premier rang
parmi les gros bourgeois capitalistes, autrement dit les usuriers
d'Arras. Ils se succèdent dans les actes à partir de 1221'. Gré-
goire IX, en 1228 et 1231, fulmina deux bulles contre les
exactions de Mathieu Wagon*. Plus tard, les échevins de Douai
cherchaient à reprendre sur Tasse Wagone, veuve d'André,
l'argent que leur avait extorqué son mari'. Dès 1225, on voit
Laurent Wagon en négociations financières avec la maison de
Béthune et la comtesse de Flandre'. Après sa mort, en 1244,
les titres continuent de mentionner les Laurent Wagon, l'un
en 1260, parmi les obligataires de Montreuil-sur-Mer, mort
avant 1279', un autre relevé dans l'Index en 1290', comme
créancier de l'abbaye d'Anchin, mais qui ne peut être le nôtre,
la génération précédente rentrant seule dans les vraisemblances
chronologiques.
Après Laurent, prénom héréditaire perpétué dans la famille
1. « Waghes — Wagon » n'était pas un nom de famille, pas plus que
« Wis — Wion », bien qu'ils le soient devenus l'un et l'autre, comme beau-
coup de noms de baptême. Kei'vyn de Lettenhove s'y est mépris très
gravement en rattachant aux Wagon de la bourgeoisie un Waghes d'Arras
de la famille de nos châtelains, chevalier en 1237, dont il fait un usurier
anobli par Philippe-Auguste! Hist. do Flandre, t. II, liv. IX, p. 363. —
C'est à la famille Wion qu'appartient Waghes Wion, classé par \' Index
dans celle des Wagon.
2. Voir pièce XIII, p. 266.
3. Arch. du Nord, Ch. des C, Inc. c/iron. des chartes, n* 345, 360, 377,
381. - Gaillard, Chartes de Flandre, n° 740.
4. J. de Saint-Génois, Inc. Rttpehnonde, n" 27, 43.
5. Tailliar, qui a reproduit cette pièce, datée de déc. 1245, dans son
Recueil d'actes, p. 124, la donne comme se rapportant « à la pêche »! Les
mots du texte « waaigné pàrpéchier », c'est-à-dire gagné par péché (d'usure),
ont donné lieu à ce quiproquo. — Onestacien Wagone (Anastasie), que
l'enquête de 1247 écrit Honestacia, le Nécrolof/e Anestaise (1255, 2^''), les
comptes de Montreuil-sur-Mer Onestasse, devient familièrement Tasse
et Tassain pour nos chansonniers.
6. Arch. du Nord, Ch. des C, Inc. chron. des ch., n"' 400, 414, 416.
7. J. de Laborde, Lajjettes dutrès. des ch., t. III, p. 545, col. B.
8. Arch. du P.-de-C, Inc. sonim., série A, t. V, p. 55, col. B.
V26 A. GUESNON
pendant plus de deux siècles', la satire nomme encore André et
Henri Wagon % trois l)ranches qu'à défaut de précisions généa-
logiques le choix de l'emplacement assigné au nouveau moulin
nous permet de rattacher au même tronc.
Pour M. Guy, la rue Dame-Sarain rappellerait évidemment le
souvenir de Dame Sarain Lansticre citée dans le Congé de
Fastoul'. Nous savons au contraire, par le témoignage de
nombreux documents, qu'il s'agit ici de la rue Dame-Sare-
Wagone, l'ancienne Cruneurue du xii^ siècle^ devenue au xiii'
la rue des Balances, nom qu'elle porte encore aujourd'hui*.
Sare Wagone eut une terre à Wanquetin"'. A sa mort, fin
décembre 1234, elle possédait un immeuble de chaque côté des
Changes, à savoir une halle en la Taillerie" et un hôtel dans la
rue qui portait son nom.
Là fut le manoir familial de Laurent, de Mathieu, de
Henri Wagon^ ainsi que ce dernier nous l'atteste lui-même par
acte du l'^"" avril 1261, n. st., sous le sceau de l'ofïicialité d'Arras :
« ...rétro domum ejusdem Henrici, in qua idem Henricus
[dictus Wagons, civis Attrebatensis,] commoratur, que sita est
Attrebati, in vico qui dicitur Sarre quondam Wagonne". »
Dans la précédente application de cette allégorie, les person-
1. Si le prénom reste, le nom change : les Wagon deviennent des Hauwel.
(( Leurens Hauwiaus », dont le sceau porte Seel Laurent Wagon, cime
son écu d'un hoyau (1326). Un double hoyau se voit de même au-dessus
des armes des Wagon, sur le sceau d'un autre Laurent Hauweb en 1369,
n. st. La nature et la signification de cet accessoire ont échappé à Demay,
Sceaux de Flandre, n"* 4495 et 1033.
2. Vers 113 et 125.
3. V. l'Index, au mot Anstier.
4. Voir nos Orifjines d'Arras, I, p. 15, note 2 (1896).
5. « Decimam de Wanketig Sarre Wagonis. » Bulle conflrmative des
possessions de Saint- Vaast de 1216, dans le Cartul. de l'abbaye, pièce 172.
Arch. du Pas-de-Calais.
6. 0 Domino de Waencourt, pro hala inter duo fora que fuit Sarre Wa-
goune, » B. N., Hostagia, 1871, fol. 21 v". Cette halle occupait l'empla-
cement du n" 4 delà Taillerie, dénommé « Le Saint Esperit », en face du
Petit-Marché.
7. Arch. du Nord, Cantimprè, orig.
LA SATIRE A ARRAS AU XIll" Slf:CLE 127
nages symbolisaient la force motrice du moulin, le vent; ils
constituent dans la seconde les pièces mêmes du mécanisme
avec les accessoires et le personnel de l'exploitation :
r « ataque », la « suele », 1' « arcure », les a dens de la reue »,
la « clapote », les « tourtres », le « fusel », le a poinile »,
r (( arbre », la « tremuie », la « puelie », les « eles », la « mait »,
la « rastiere », Ta aleron », laa maison », la « keue », la « plu-
mete », 1' « atemproire », F« estendart^ »; déplus, le meunier,
Tânier et les voituriers, sans omettre le charpentier et l'entre-
preneur.
Le devis commence par spécifier la nature des matériaux :
V. 4. Mais n'i avra bauke ne rain
Ne soit faite d'un menteeur
Plain de trufïe, fort menteeur'^.
Les articles suivants portent sur trente noms d'Arras, dont
une douzaine ont été plus ou moins identifiés dans V Index. Si
la place ne nous faisait défaut pour discuter un à un les pro-
blèmes que soulève l'homonymie, peut-être les inscriptions du
Nécrologe, rapprochées des épaves de nos listes échevinales et
autres éléments d'information, aideraient-elles à faire quelque
lumière dans cette confusion chronologique. Contentons-nous,
pour abréger, de relever les noms d'Eustache Trauelouce' et
1. Tous ces termes ont persisté, sauf deux : le « poinile » et la « rastiere»
(Cf. Enci/cl. du XVIir siècle, t. X, p. 801. col. A). Le « poinile » est le
hérisson ou le rouet qui s'engrène dans la lanterne. Un titre de Saint-
Vaast fournit un autre exemple de ce mot : « Li mauniers doit livrer le van
et le poinile et fusel et siu au pié del fer » (Cariiil. Giiiinan, ms. de
rÉvêehé d'Arras, suppl. n° 616).
Le Glossaire voit dans la « rastiere » tantôt une « pelle à enfourner (?) »,
tantôt une « vanne ». Comme, dans les deux exemples, cet ustensile accom-
pagne la huche et le pétrin, la « rastiere » me paraît être la râcloire.
2. Corrig. « venteeur ».
3. Trauelouce, Trawelouce, et non Travelouce; c'est un nom composé :
NccroL, 1262, 3*: « Louce trauwée, » cuillère percée. — Eustacius Trawe-
louce, civis Attrebatensis, tenait de Nicholas, seigneur de Fiefs, chevalier,
des terres à Izel, que celui-ci céda à l'abbaye d'Etrun, par acte de février 1239,
V. st. (Arch, du Pas-de-Cal., Etrun, orig.).
128 A. GUESNON
Adam de Vimi, dont la mort en 12G3 limite tout d'abord à
cette date la composition de la pièce.
Ce n'est là d'ailleurs qu'un premier jalon : les vers où il est
fait mention du grand bailli reculent cette limite extrême cer-
tainement jusqu'en 1259, peut-être même au delà de 1250,
selon l'application qu'on en fait :
V. 195. On dist que c'est li grans baillius,
Qui des mauvais fait les alius
En sen païs droit à Viler;
Les gens n'i l'ont fors que giler.
Deux personnages répondent à cette désignation topogra-
pliique : Simon de Villers, grand bailli de 1236 à 1250; son
neveu Achard de Villers, qui lui succéda, de 1250 à 1259'.
Duquel s'agit-il? Le nom manquant au signalement, l'identi-
fication reste indécise, et si la question de date doit jamais être
résolue, elle ne le sera que par une étude minutieuse des autres
syncbronismes.
Ce qu'on peut toutefois affirmer en pleine certitude^ c'est
que le Villers en question n'est pas celui de V Index, à savoir
Villers-Sire-Simon, canton de Saint-Pol, Pas-de-Calais; mais
bien Villers-Saint-Paul, près de Creil, Oise, comme on le
voit dans les titres de l'abbaye de Chaalis^
C'est là, dans son pays d'origine, que le grand bailli est
accusé par la satire de recruter un personnel de fourbes; du
moins, je comprends ainsi « faire les alius des mauvais »,
c'est-à-dire les « aliuer » ou « aloer», les prendre à son service.
Scheler interprète, sans grande conviction, « faire leurs ca-
prices )) ; M . Jeanroy propose « se mettre en frais pour eux » :
à la critique de choisir et de décider \
1. Voir nos Origines d'Arras, I, p. 80. — A la ligne 19, la date mai 1263
doit se lire 1253.
2. Voir ihid., p. 87, une note sur Simon de VilIers-Saint-Paul.
3. « Aliu, alieu, alieuer, » outre leur sens habituel de « dépense,
dépenser », ont aussi celui de « louage, louer ». Adam de la Halle, Confié,
V. 125, emploie» alieu» dans le premier sens; Fastoul, Conijè, v. 166,
LA SATIltE A AURAS AU XIII« SIÈCLE 129
Népotisme de l'oncle ou favoritisme du neveu, on ne peut
qu'être frappé d'une liberté de langage qui s'attaque aussi
directement à la première magistrature du pays, en même
temps qu'elle bafoue les plus hautes personnalités de l'aristo-
cratie bourgeoise : les Wagon, les Crespin, les Faverel, les
Loucliart, etc.
Cette dernière famille est représentée dans la fiction par
Englebert\ le claquet du moulin, un bavard dont la langue
ne s'arrête pas, dont la mâchoire est sans cesse en mouvement,
V. 55. Tout ensement com li papoire.
Le Glossaire traduit ce mot par « crécelle »• La « papoire »
était une figure grotesque, le Manducus des Romains, sorte
de croque-mitaine qu'on promenait dans certaines fêtes du
Nord, et qui se rencontre fréquemment parmi nos enseignes
du moyen âge'.
Le « fuisel », ou l'axe de la lanterne^ ne porte pas de nom; on
est allé chercher son représentant eœtra-muros,
V. 68. Ens en le mote Delevigne.
Ce petit castel ou « mote de le Vigne », — c'est ainsi qu'il
faut lire, — appartenait alors aux Veel, feudataires de l'avoué
d'Arras, qui le tenaient de Saint-Vaast^
le prend dans l'autre. Du Cange, AUocatus, 3, cite : « du louaige ou alieu
de son apprenti/. » Ordoiin. 1382. — Sur « aioer », louer, mettre en ser-
vice, prendre à loyer, voir Godefroy, Dict., I, p. 2.30. Voir aussi Méon,
FabL, lY, p. 210, v. 176, et p. 215, v. 349, et Vers de la mort, cxlix, v. 3.
1. En 1170, Ingelbertus Lucears tenait de Saint- Vaast un fief important
au faubourg de Saint-Sauveur. Robert Loucars, à la même date, occupait
une des maisons de la Petite-Place, vers le n° 33, en face des Changes.
C'est donc sans raison, et par une interprétation illusoire d'un acte de
1298, que Kervyn de Lettenhove fait descendre les Louchart d'Arras d'une
famille juive (!) de Hongrie. Hist. de Flandre, t. II, liv. IX, p. 363.
2. Voir Dom Grenier, Intr. à l'hist. de Picardie, p. 386. On trouvait
l'enseigne de la Papoire sur la Petite-Place d'Arras, à la Halle au pain,
n° 32 {Rentes foraines, 1382); à Cambrai, sur une brasserie de la rue du
Mail (Arch. du Nord, Cantimpré, chirogr. 1336). Cf. Arch. Nat., S., 5208,
n° 45. — Inv. anal, des arch. de Douai, BB, p. 7 et 55.
3. Cette motte était située dans l'angle de la rue des Promenades et du
130 A. GUESNON
Pour les « tourtres » ou plateaux circulaires de cette même
lanterne, le poète a mis en œuvre un « venteur » émérite, son
confrère en ménestrandie :
V. 61. Pour bien soutier fu en cuisine,
U en cornet u en buisine,
En orgheneS en muse u en fretcl.
Ne mis cangier Jehan Bretel.
Les huit sergents héréditaires de Saint- Vaast^ dont Tun,
comme on l'a vu^ était notre Jean Bretel, représentaient les
anciens « famuli coquinrc' ». C'est sans doute à cette domes-
ticité originelle que la satire fait allusion, lorsque, dans sa
revue des instruments « à vent », elle commence par armer
Bretel d'un soufflet de cuisine.
Parlant plus loin de maître Adam de Vimi, qu'il attaque
avec violence : « Jamais, dit le poète, je ne suis allé à son
hôtel, ))
V. 171. Et si m'en proie moût sovent,
Mais li proiere eleest de vent.
Faut-il, avec VIndex\ attribuer ce langage à une attitude
de fierté dédaigneuse? Je n'y vois autre chose que l'ironie du
dépit : la contre-vérité du premier vers éclate manifestement
dans le second.
La a blanque gent » de l'Estrée nous étant déjà connue par
une satire précédente, on peut se reporter aux commentaires',
boulevard Crespel, à gauche en sortant de la ville. Sur les feudataires de
l'avoué d'Arras, voir Tailliar, Rec. d'actes, p. 183.
1. « Orghene » n'a que deux syllabes qui comptent dans la mesure du
vers, la première et la dernière; ici le dernier e est élidé. L'c pénultième
disparait de même sous l'influence de l'accent dans « virgene, ordene,
Estevene », cirr/incin, ordincm, Sicpliannni, etc.
2. Carlul.da Saliit-Vaast (Guiman), p. 346, 347,
3. Au mot Vimi.
4. Cf. v. 4.5. Blans est dehors, blans est dedans.
Cf. v. 107. Me sanle bien oflûsiaus,
De blanke cire est ses seaus.
Les actes de l'Oflicialité d'Arras étaient scellés sur cire blanche; de là
LA SATIRE A ARRAS AU XIII*-" SIÈCLE 131
Notons enlin que les deux derniers vers seraient inintelli-
gibles, si on ne lisait dans le second par au lieu de « por » :
V. 215. Et por atcndre le voiture
Par coi il prenderont meuture.
Errata : v. 12, « lign » — ms. Uikj; v. 16, « ni » — iiH; v. 42,
« Deu » — Dex; v. 47, ms. « ruée » — reua; v. 96, « Sawalôs »
Sawales; v. 130, « quarantaine » — ms. quarentaine; v.l36,
(( Tailleres » — Taillieres; v. 186 « face refaire » sace refaire^ ;
V. 139, (( siere d'un bos » — sieré-.
Pièce XXIII, p. 92. — La satire nouvelle change à la fois
de forme et d'objet. Dans une langue hybride, travestissement
thiois farci d'équivoques, elle présente une parodie des chan-
sons de geste, appliquée à la chevauchée burlesque d'une
guilde ilamande marchant sous la bannière de la commune à
l'assaut d'un château féodal.
La banclocque sonne l'alarme, Fost est crié par les rues. A
cet appel accourent en foule les tisserands de la colonie indus-
trielle. Les paladins de la navette ont revêtu l'armure et
montent en selle. Simon Banin, leur chef, les passe en revue et
les harangue. Trois mille communiers s'apprêtent à marcher
sur Neuville à la suite du châtelain Hugues, précédé de son
ménestrel Grardin et de son sergent Wautier Naimeri, qui
porte l'oriflamme. Et maintenant, â l'assaut du château! à bas
les usuriers !
l'équivoque. Sur les Crespin de l'Estrée, voir Mèin. de l'Acad. d'Arras,
nouv. série, t. XXVI, p. 240 (1895). Tirage à part.
1. La note de Scheler sur le rôle périphrastique de « faire », tombe devant
cette correction. Op. cit., p. 350.
2. Si IV,' final est muet dans « sere, siere », de sera, serrure, il ne l'est
pas dans le part, passé « seré, siéré » qui, comme le part. prés. « serant »,
prend le sens de « près ». Citons à l'appui un arrentement consenti par « le
caritei Saint Jehan » d'une maison au Brulle, « serei l'iretage demisele
Perine Langhardin », le onze « junet » 1317 (Arcli.de Saint-Omer, chirogr.
orig.) Autre exemple a : serey des murs et fossez du castel », 1365 {ibid.j
reg. du XIV' siècle).
132 A. GUESNON
V.69. Si que de grant bailon nous puist tos savoir gré;
\Vi ce jor ert 17«oneur de Tisterant sauvé;
Ces useriers poiant ert ariere boité \
De quels usuriers est-il question? Contre qui et pourquoi
cette chevauchée? Comment l'honneur de la guilde se trouve-
t-il mis en jeu dans cette prise d'armes? C'est une énigme
dont rien ne peut nous faire soupçonner le mot\
Après divers épisodes, ironiquement chantés en laisses mo-
norimes à l'instar des romans de chevalerie, la troupe arrive
enlin sur les champs, quand tout à coup, ô prodige! la foudre
éclate et lui barre le chemin. Elle s'arrête court — et le récit
finit là.
Victor Leclerc, dans {'Histoire littéraire de la France, a
signalé le premier cette bouffonnerie satirique, dont il donne
une analyse et des extraits'. Assimilant notre Simon Banin à
Pierre de Coninck, chef des tisserands de Bruges *j le docte
académicien estime que, par représailles contre les milices
communales souvent victorieuses de la chevalerie, à Courtrai
comme à Bouvines, quelque jongleur aux gages d'une famille
noble a sans doute voulu ridiculiser dans ces vers les bourgeois
des communes flamandes .
L'indication n'est pas restée inaperçue; vingt ans plus tard,
Auguste Scheler enrichissait d'une nouvelle pièce artésienne
la seconde série de ses Trouvères belges, en même temps qu'il
en expliquait l'origine d'après les suggestions du savant
français.
1. « De grant bailon, » le grand bailli. — « Wi ce jor, » aujourd'hui, —
« Poiant, )) puant (note de M. Jeanroy). — « Boité. » bouté (id.).
2. Voir notre Inifod. an Lirrc roiKjf de la Vliitninc, j). 25 (Extrait du
Btdl. hist. et pldloL, année 1898).
3. T. XXIII (1856), p. 498-501.
4. Ihid.^ p. 500. Dans la pensée de l'auteur, il s'agit, je crois, d'un rap-
prochement entre ces deux personnages, et non de leur identification,
comme je l'avais pensé à la première lecture de ce paragraphe quelque peu
ambigu. Introd. au Licre rouge de la Vintaine, p. 26.
LA SATIRE A ARRAS AU XIIl» SIÈCLE 133
Leur conception du sujet diffère d'ailleurs essentiellement.
Selon Scheler, la scène se passerait au village; c'est à une
poignée de villageois flamands qu'il attribue cette tentative
avortée contre on ne sait quel château de Neuville. Des tisse-
rands, il n'en est plus question ; le mot « Tisterant » prend dans
son texte une majuscule et devient le nom présumé d'un grand
bailli quelconque ^ .
On conçoit qu'en présence de ces incertitudes, M. Guy mé-
connaisse à son tour le caractère historique de la pièce, fan-
taisie purement littéraire, pense-t-il, dont le but unique serait
de ridiculiser le lourd patois flamand et d'amuser l'auditoire
en parodiant les chansons de geste * .
Telle n'est pas notre opinion. L'objet politique et personnel
de la satire nous paraît indiqué par la nature même des allu-
sions; sa forme étrange n'est qu'un moyen spécial approprié
à certains incidents de la vie communale dont elle fait son
thème. Ces incidents n'ont laissé aucune trace; on ne peut donc
en contrôler le récit. Mais, quelque part qu'on y fasse à l'in-
vention des détails, la matérialité du fond est liée à la réalité
des personnages, comme à celle du cadre où ils se meuvent.
Ces personnages sont des Flamands, confrères de la guilde
des tisserands de draps; le cadre n'est ni la Flandre ni un
village, c'est Arras, et dans Arras, le quartier des « Basses
rues » habité de tout temps par la colonie industrielle, c'est-
à-dire, en partant de la porte Méaulens et de la Poterne, les
districts ou « pouvoirs )) du Pré et du Jardin, y compris les
rues adjacentes de la paroisse Sainte-Croix.
Toutes ces délimitations se trouvent reproduites dans la pièce:
V. 55. Nos intrames ensanle par purte de Meidens,
Alueques vos dona bon fromage flamenc.
1. Troue, bchj es, deuxième série, Louvain, 1876. Introd., pièce XIV et
note, p. 351. Dans ce même recueil, Scheler insère les chansons de Cara-
saus, que l'on prétend originaire d'Arras (V. Dinaux, Tronc, artcs., p. 125).
Un fait certain, et qu'on n'a pas encore relevé, c'est que ce ménestrel
était, avant 1244, au service de Bauduin III, comte de Guines.
2. Introd., p. 27.
Moyen Age, t. XIII. 10
134 A. GUESNON
V. 61. Je warde de Pusterne et quan k'il i s'apcnt;
La stront min l'iretage et tout min casement.
V. 19. Riqueiore du P/r
V. 15. Le vile s'unt stoumie la jua en ce Gardins.
V. 113. Il fait de eapelier van Sinte Croc mander.
Sur l'attribution à Arras de cet ensemble topographique, il
ne peut y avoir aucun doute.
Le but de Texpédition n'est pas moins nettement indiqué
que son point de départ. Qu'importe, en effet, qu'il y ait dans
le Nord une foule de Neuville? Celui qui nous intéresse n'est à
chercher ni en Flandre, ni sur la Canche, ni sur l'Escaut; les
vraisemblances marquent sa place aux environs d' Arras \ Or,
il n'exista jamais que deux Neuville dans toute la châtellenie,
et, de ces deux, un seul avec castel féodal, celui des Eustache
de Neuville, aujourd'hui Neuville- Vitasse : le choix ne peut
donc s'égarer.
Quant à savoir quel conflit entre le seigneur du lieu et la
commune a pu servir de prétexte au metteur en scène de cette
ridicule épopée, et en quoi le succès de l'expédition intéressait
la candidature des chefs aux honneurs de l'échevinage, c'est un
problème historique dont on chercherait en vain la solution.
Bornons-nous donc à signaler quelques noms dont le sou-
venir n'est pas complètement effacé. Quatre sont inscrits au
Néci'ologe des jongleurs : Hues Audeuare, 1228, V ; Dierequin
li pondères % 1241, 3'% et 1260 2' ; Esconars Wautiers, 1243, 2'' ;
Wautiers Naimeris% 1244, 2''*. Le crieur Grardin rappelle
Gérard, ménestrel du châtelain d'Arras en 1239^ et Hues van
1. Index, au mot Neuville.
2. Ce nom de deux anciens bourreaux d'Arras, inconnus jusqu'ici, est
aussi celui d'une famille de notaires. P. Fournier^ L<>s OlJicuilitrs, p. 303,
note 3, 1248-1278. Arch. du P.-de-C, Trinlt (tires, 1292, orig. — Cf. Baude
Fastoul, Corif/é, v. 677, etNêcrol. Crestelot pendere, 1206, 3-'.
3. Cf. pièce XIX, v. 27.
4. (( Gerardus, ministerellus castellani Attrebatensis, de donc XX sol. ad
Gisortium. » Itinei-a, dona et /lernesla, ann. M. CC. XXXIX, dans le Rcc.
des Histor. de La France, t. XXII, p. 597.
LA SATIRE A ARRAS AU XIIl'^ SIÈCLE 135
Castelain, notre châtelain chansonnier Hugues d'Arras, dont
on ne trouve plus de traces après 1220'. Les autres person-
nages, acteurs ou comparses, sont désignés par des prénoms^
des sobriquets, ou des noms déguisés qui ne nous permettent
pas de les reconnaître'.
L'intelligence du texte n'a pas moins à souffrir de ces bizarres
travestissements. Malgré les gloses de Scheler et les recherches
complémentaires de M. Jeanroy, bien des mots, même des vers
entiers restent encore inexpliqués On peut s'en consoler en
pensant que le déchiffrement de ces rébus ne saurait avoir
qu'un mince intérêt philologique. La preuve en est dans les
remarques qui suivent :
V. 24. S'i fu escacecant William Scovelin,
Au lieu de « chevauchant », le mot ne se rattache-t-il pas
plutôt à « cavéce, caveçon », licou ? — Ital. scaoe;s^are,
secouer le caveçon (Veneroni)'.
V. 26. Que parent de Quemuse et quelarmant cousin.
Je lis « quemuse », nom commun, et je comprends ((chemise»:
parents par alliance et cousins germains*.
1. Si c'est de lui qu'il est question, la composition du poème, ou tout
au moins le fait sur lequel il roule, devrait remonter au temps de Philippe-
Auguste, ce qui n'est guère vraisemblable. D'autre part, il paraît difficile de
s'expliquer le nom et le rôle du personnage, s'il n'est pas le châtelain
d'Arras : on ne sait comment sortir de ce dilemme.
2. Simon Banin ne se rattache ni de près ni de loin à aucun nom que
nous connaissions; c'est peut-être un pseudonyme ou sobriquet, comme
Kaquinoghe, Mordenare, Hondremarc. Bauduin Makesai (Makeset) pourrait
être Bauduin Make inscrit au Ncrrolof/c en 1258, 2'. A défaut de Vinçan
le Barbier, ce même document enregistre sa fille en 1228, 2-' : « Fille Vinçan
Barbiere .» Scovelin, Stalin, Moussekin n'y figurent pas ; ce dernier nom,
Jakemon Musekin, se rencontre à Douai en 1248 (Tailliar, Rcc. d'actes,
p. 162). Boidekin, Claiequin, Oitin, Liepin, Roelin, sont des prénoms :
Baude, Nicolas, Eudes, Philippe (?), Raoul.
3. En cherchant dans le Glossaire « escavecant » (le mot est expliqué au
bas du texte, p. 95, note 24), on rencontre « Esbatre, III, 55; esbatre une
verge, cueillir une ver (je ». — « Esbatre » n'est pas cueillir, mais af/iter
riccmentj comme « s'esbatre » est s'agiter, se donner du moucenient.
4. Si c'est là le sens, l'expression triviale équivaudrait à la définition
136 A. GUÉSNON
V. 38. De frère de saint Jake a ce caperon grant,
Il ont pie(,'a surti, il de troevent lissant,
Jou sera eskepin ains feste saint Joant.
« Les frères de Saint- Jacques au grand chaperon l'ont pro-
nostiqué déjà, ils le trouvent en lisant' (dans le livre): je
serai échevin avant la Saint- Jean . »
V. 105. Mi ne croi corcorié un denier moneé.
La note de Scheler, p. 354, reproduite par M. Jeanroy,
p. 98, explique « corcerié » par « courroucé ». La leçon « corcerie
sorcerie » donne le sens qu'appelle le contexte.
V. 121. Un broque de millier n'i poroit passer mie.
« Graine » proposé pour Tun et « millet » pour l'autre sont
peu satisfaisants. Ne pourrait-on comprendre par « broque »
un clou minuscule (broquette), une pointe de mille à la livre?
V. 170. Et Grardin le kiiere qui l'aloit tuletant
Ce dernier mot me parait une onomatopée imitant l'instru-
ment du ménestrel, comme plus haut « babin balant » le tocsin
de la banclocque communale.
Errata : v.9, « Li ver istront» — Liveri stronV; v. 11, o Ce
fut )) — Ce fa; v. 70, « l'honeur » — l'oneur;\. 87, « d'estré »
— (Vestrés? (abrév.); v. 92, « Baiart fu reveleus » — ruveleus;
V. 110 « sin a )) — s'in a; v. 124, « Aine Deus. . . tant fut » —
Ai7ic Dex... tantfu; v. 139, 137, 171, 166, a Deus » — Dex;
canonique de l'affinité : « Personarum proximitas ex coitu proveniens. » —
Corpus jiiris canon., éd. Aemil. Friedberg, t. I, p. 1434.
1. Cf. XXIV, 206 et Grn/don, f° V v% dans La Curne.
La treuve l'on ceste estoirc lisant.
2. En lisant ici « istront », au lieu de « i stront », M. Jeanroy voit dans
ce mot le futur du verbe « issir », de même que plus loin, annotant « dont
ne stront jo vo niés », il rectifie « n'istrai jo » (p. 97, n. 42). Ce n'est pas à
« issir », mais à « estre » que la satire emprunte cette grossière équivoque
franco-flamande « estront, stront », complaisaniment répétée v. 9, 35,
42, 51, 78, sans parler de l'abréviation « sont», v. 9, et 10, qui pourrait
s'interpréter de même.
LA SATIRE A ARRAS AU XIJI« SIÈCLE 137
V.143, «canovele» — canouele;\. 164, n qui nasquit» — nasqui;
V. 172, « nn fain si grant » — faim; v. 173, « tro pain blanc »
— paim blanc.
Pièce XXIV, p. 97. — Par l'étendue de son cadre, l'entrain
de sa verve railleuse et surtout par sa portée documentaire,
cette pièce se distingue entre toutes dans l'œuvre satirique
dont elle forme le couronnement.
Son objet nous ramène à l'affaire de la taille et au scandale
de ces fausses déclarations qui permettaient aux riches bour-
geois d'esquiver, du moins en partie, la taxe proportionnelle
assise par l'échevinage sur les membres de la communauté.
Le pamphlet revêt la forme d'une contre-vérité humoris-
tique. L'auteur feint de croire que le roi vient de rapporter
ses prohibitions antérieures contre les jeux\ Sont désormais
autorisés la «grieske», les échecs, les tables, le a galet »,
l'escrime, a poire faucon », les billes, la crosse^
V. 13. Or oies con faites lubavea^ :
Li rois veut bien c'on jeté as aves.
Comme plus haut, pièce II, 53 (Cf. remarque sur cr'paves,
1. La Curne, Dict. hist., au mot Gazées, a fait remarquer le premier
l'allusion de cette pièce satirique à une ordonnance de Louis IX au sujet
des jeux (Ord. de 1254).
2. La « griesche, gryache, grijoise » (grégeoise) était un jeu de dés. Les
0 tables » (ms. « a ju des tables ») équivaut au gammon ou trictrac. Le
«galet» était un jeu de palet sur table. L'installation de ces jeux ou
« galetoires » avait donné leur nom à deux rues, dont l'une le porte encore.
Les auteurs des Rues d'Arras, II, p. 13, en ont en vain cherché l'étymo-
iogie. — a Poire faucon» reste inexpliqué; M. Jeanroy corrige : « Escremir
à poire u faucon ». La «crosse» consiste, comme on sait, à lancer contre un
but une « choie », ou boule de cornouiller, avec un bâton ayant pour croi-
sillon une sorte de petit sabot de fer. Sur la « choule » à Arras, voir Arch.
comm. Reg.auxèdits, ILf'lS v°,55r°,98v°. De Laborde, Ducs de Bourg. ^
l, p. 251. Cf. Congé de Fastoul, v. 438.
3. « Con faites lubaues » quelles lubies! — Godefroy, Dict., donne:
« BuBAUE oie, bonheur ; » c'est une fausse lecture avec traduction de
fantaisie
138 A. GUESNON
p. 30, XIX, 31), la leçon correcte est a lubauos » et celle de la
rime «as aues » — ad aucas jacere, «jeter as aues », tirer
l'oie. Ce divertissement populaire de la région du Nord, dans
lequel le Glossaire voit aune sorte de jeu de dés' », était un
exercice de force et d'adresse encore en vogue au xviii'' siècle :
le souvenir en est â peine effacé \
11 n'en est pas de môme du suivant :
V. 22. Il a juré sen doit manel'
K'il veut c'on jut au hrionel.
Ce dernier mot n'a été jusqu'ici relevé nulle part ailleurs et
la signification spéciale en demeure inconnue.
La liberté des jeux est donc proclamée. La bourgeoisie
reprendra ses passe- temps accoutumés ; tous lui sont rendus.
Un seul pourtant n'a pu trouver grâce devant le roi, et celui-là,
il l'interdit sous les peines les plus sévères : c'est le jeu du
(( dire vrai ».
v. 33. Ki voir dira il ert bonis
Et hors de le vile banis .
1. Au mot AvES.
2. 11 consistait à abattre à distance, à l'aide d'un iauchet, d'une serpe,
même d'un simple bâton, une oie ou quelque autre volaille suspendue par
le cou. — « Isti fuerunt qui ad aucas jecerunt super Heilant et fuerunt
quilibeteorum in forisfactodecem solid. judicati per judicium scabinorum. »
Ascens.l280(\Varnkônig, Flandr.Staats a.R>-c/i(s;/.,B. 111,1 Abth.,S.7G).
— « On a défendu les awes et les oiseaus a jeteir dedens la banliewe, sor
LX. s. » xiif s. (Archiv. de Saint-Omer, Re;/. aux bans, t" 4 r"). V. Du
Cange, au mot Anette; Littré, au mot Oie. — Aux environs d'Arras, cer-
tains villageois substituaient à l'oie un petit cochon : c Pour ce que un des
sergens de la gaiende de mond. sg' le duc avoit mis main à un pourchel
pendu à une estacque par pluiseurs des subgetz desd. relligieux (de Saint-
Vaast) en la ville de Pevle pour jecter de fauchilles, comme il est accous-
tumé au lieu et au pays, par manière d'esbatement. . . » Accord en par-
lement du 7 mai 1386 (Arch. du Nord, Deux" cavtul. d'Artois).
3. Le Glossaii-p traduit manel par a annulaire ». Le doigt « de la
main », qu'on étendait en signe de prestation de serment, était l'index,
comme on le voit dans l'enluminure d'un ms. auquel renvoie Haltaus,
Gloss., au mot Finger. On étendait aussi, soit les deux premiers doigts, soit
la main tout entière. V. du Cange, au mot Digitus.
LA SATIRE A ARRAS AU Xlll' SIÈCLE 139
Cette nouvelle provoque par toute la ville des scènes de
désespoir d'un haut comique :
V. 147. En Arras a cinc cens brievès'
Cascuns descire ses huvès
De maltalent, de duel et d'ire
Por (;ou que n'ose nus voir dire. . .
Les honnêtes bourgeois, qu'ils sont à plaindre! Mais, puis-
qu'on n'y peut que faire, ils se résigneront.
Jean le Borgne et Colart Liénart ' donnent l'exemple du
sacrifice; d'un trait de plume, ils biffent de leur brevet la
moitié de leur avoir.
Jean Hukedieu' et Jean Cosset usent d'un stratagème. Ces
deux compères en fourberie, après avoir « juré de cosse en
favet »,
v. 45. En lieu de bon nues'' artisiens
I ont mis de vies doueziens.
Le denier douaisien valait, en 1251, le quart de l'artésien'".
« Nues )) oppose le nouveau type, celui de Robert I'-' et de
Robert II, aux anciennes fabricatior^s surannées, dont plu-
sieurs furent abolies par les réformes monétaires de saint Louis
en 1263 \ Une distinction analogue existait entre les deniers
1 . Ce chiffre est la seule donnée que nous ayons sur le nombre des
notables familles bourgeoises de ce temps-là.
2. [.'un et l'autre moururent en 1270, vers la fin de Tannée. Ce Jean le
Borgne n'est pas celui de Vliidcx, surnommé Biauparésis, qui fut mêlé aux
fraudes électorales de 1304, et mourut en 1311, 3'' (Cf. Nécrol., 1318, 1'').
3. Jean Ilukedieu l'ut échevin en 1265. Il est inscrit au AVr/'o/. en 1287,
1'', et ne peut être celui que VIndcx signale en 1302. Jean Cosset reviendra
plus loin.
4. Corr. « bon[s]nues)) ; l'.s manque dans le ms.
5. Arch. de Douai, ban du 5 juillet 1251 et essai de monnaies de 1265.
Tailliar, Rec d'actes^ p. 193 et 268. Voir ces textes rectifiés et commentés
par M. Prou, dans la Reçue de Nuiniainaiique, 4" série, t. II (1898),
p. 314, 317.
6. Ord. des vois de Frmiee, I, p. 93. Cf. C/woniques de S. Mar/loire :
L'an mil deux ceus soixante trois
Furent abatus 11 Mansois,
Li escuciau, li Angevin,
Ausi furent 11 Poitevin.
(Méon, FabL, II, p. 227.)
\.\Q A. GUESNON
mnnsois a vies » et « noes », c'est-à-dire anciens et nouveaux'.
Appliquer respectivement ces deux termes à l'état de « neuf »
et à l'usure des pièces semble ici hors de propos'.
V. 47. Meïsmc Tumas de CasteP
El parkemin dedens se pel
Quinze cens livres eut vaillant. . .
On dist bien k'il en a trois tans.
Le Glossaire traduit « dans sa bourse ou sur son parche-
min ». On cherche en vain « bourse » parmi les mots ci-dessus;
« pel » veut dire peau : donc « sur la peau de son parchemin ».
Dans le brevet de Heuvin le Clop'', les marcs d'argent se
changent en livres : au prix du métal, c'était une soustraction
de plus de cinquante pour cent.
Audefroi Louchart' ne se contente pas de si peu, — un
banquier ! De vingt mille livres il fait sept cents. Mais ne
voilà-t-il pas qu'une distraction le rend victime de sa propre
fraude! Le voleur volé en est tout abasourdi :
V. 63. Por parezis a mis besans%
S'en est Audefrois trop pesans.
1. Voir M. Prou, loc. cit., p. .317.
2. Index, aux mots Huquedieu 2"; et Doueziens.
3. Inscrit au AVc/'o/. en 1271, vers novembre. Il était fils de Nicolas,
échevin en 1255 (Bibl. d'Arras, ms. 316, p. 189).
4. Mort au commencement de l'année 1273.
5. Audefroi Louchart fut échevin en 1253, selon le ms. de Cl. Dores-
mieux, t. I, p. 407 (Bibl. d'Arras, hors catalogue, jadis aux Arch . comm.).
Ce banquier prêtait à Edouard, fils du roi d'Angleterre, au comte de
Flandre, au comte de Guines, au comte d'Artois, aux villes de Flandre, e^c.
(V. les inventaires de 1260 à 1277). Gillebert de Berneville, dans un jeu-
parti avec Thomas Hérier, parle de la grande a manantie » (richesse) d' Au-
defroi (Scheler, Troiir . beU/es, II, p. 125). Bodel, Corifjè, v. 349, salue
ses deux fils, nommés Jaquemon et Andriu dans les chartes de la Chambre
des comptes de Lille, 1276-1277, mêmes prénoms que ceux des fils d'En-
glebert, Con;jè,v. loi. Audefroi Louchart mourut en 1273, vers septembre.
6. — Au commencement du xiii" siècle, le besant équivalait à sept
sous (Du Cange, Byzanthus). Plus tard, on le voit compté pour huit sous
(P. Fabre, La perception du cens apostol. en France, École fr. de Rome,
Mélanges d'archéol. etd'hist.. 1897, p. 2.33).
LA SATIRH: a auras au XIII'' SIÈCLE 141
De ce personnage, la pièce XIII, 32, a dit de même :
Trop mus
En est sire Audefrois [et trop'] camus.
JosielEsturion^ a-t-il donc si peu de mémoire qu'il ait oublié
vingt mille livres? Omission volontaire, dont lui tiendra
compte la justice du roi.
V, 73. Et sire Jakes de Monchi
Un peu de rente a ainchi.
Or est keùs en povreté
Souvent en pleure de pité.
Outre cjue a ainchi » est une forme inconnue, — car on ne
peut guère, même dans le dialecte artésien, la rattacher à
a ainsi », — le vers se trouve amputé d'une syllabe, ce qui
indiquerait quelque faute de lecture ou de transcription.
M. Jeanroy, sans essayer de justifier « ainchi », cherche à
rétablir la mesure en supposant un hiatus anormal de Ve
muet :
Un peu de rente "^ a ainchi '' .
La solution de cette difficulté est beaucoup plus simple; il
suffit de lire :
Un peu de rente a à Inchi,
Inchy en Artois, canton de Marquion, où l'on sait par ailleurs
que cette famille bourgeoise possédait des terres*.
1. Chans. et Dits, p. 61 et note.
2. Josiel Esturion, échevin en 1255 (Arch. du Nord, Inc. des ch. de la
Ch. des comptes), était créancier du comte de Flandre en 1265 (/ne. des
rli. de Rupelin., n" 116). Il avait marié sa fllie Catherine à « Baude Crespin
li père, bourgois de Cité » (Arch. du P.-de-C, Saint-Vaast, acte orig.
de 1294. Voir Bibl. d'Arras, ms. 333, mai 1294). Josiel Estuiion mourut
en octobre 1267.
3. Chansons et Dits, note additionnelle, p. 32.
4. Jacquemart de Monchi figure en tète de l'échevinage de 1253, d'après
le ms. de CI. Doresmieux, lac. cit. he Nèc/-olofje inscrit son décès en 1269,
après la Pentecôte. Par acte de mars 1270, n. st., le comte d'Artois
confirma la vente faite par Thibaut Crespin à Jean de Monchi, bourgeois
d'Arras, fils de Jacques de Monchi, de dix-huit mencaudées de terre à
142 A. GUESNON
Englebert Louchart', le claquet du moulin symbolique,
pièce XXII, 53, n'a déclaré que quatorze cents livres. On a
informé le roi de ce parjure ; il doit être satisfait.
Willaume as Paus ", autre menteur émérite, n'est pas moins
digne de sa faveur,
V. 87. Car il est fins preudom loiaus :
Tesmoins en a de deus muiaus.
Ce témoignage oral rendu par deux muets rappelle un
autre certificat de loyauté délivré ci-devant sur enquête de
commune renommée, pièce II, 4 :
Jou l'oï dire Floevent.
Le sel humoristique est le même : indice d'une commune
origine.
Henri Wagon % personne ne Tignore, s'est taillé une fortune
dans l'exécution testamentaire d'Adam Esturion*; il la dissi-
Buissy-les-Baralle, dont six près de la terre du seigneur d'Inchy. — Buissy
et Inchy sont contigus. — Arch. du Nord, Prcm. cart. d'Art., pièce 234.
Il existe un autre Inchy dans le Cambrésis.
1. Englebert Louchart est inscrit au A^'éc/'o/or/t' en 1269, vers Pâques.
Par acte du 1" janvier 1285, n. st., « Jakemon Louchart d'Arras, adont
sergant le roy de Franche, fil jadis Englebiert Louchart qui mors est »,
donne cent livres de rente aux pauvres de Lille pour son âme et celle de
Margueritain, sa femme. — Roisin, Couttimes de Lille (éd. Brun-Lavainne),
p. 303. Fastoul, Congé, v. 157, salue ses fils a Jaquemon Loucart et An-
driu ». Un autre Englebert Louchart, échevin d'Arras en févr. 1276, n. st.,
mourut en 1305, vers Pâques. Un troisième Englebert, moine de Saint-
Vaast, est inscrit au Nérrolo;je â la fin de 1340. Ce prénom était porté par
un Louchart dès 1170. Il se perpétua dans la famille; on l'y trouve encore
au XV' siècle.
2. Willaume as Paus^ échevin en janvier 1267, n. st., mourut en 1268,
après la Pentecôte (et non 1269, erreur de ïindcx au mot Paus, reproduite
ci-dessus pièce II).
3. V. sur les Woj/on les notes de la pièce XXII.
4. Adan Esturion, comme nous l'avons dit plus haut, pièce IV, mourut
en 1257, le 3 sept, d'après les obituaires de l'église N.-D. (Bibl. d'Arras,
mss. 305 et 290). Outre son manoir de Bellemotte à Blangy, il en possédait
un autre à Arras près de l'église Sainte-Croix, peut-être d'héritage, car, dès
1170, un Adam Sturiuns figure parmi les habitants du quartier (Guiman,
LA SATIRE A ARRAS AU XIII^ SIÈCLE 143
mule et voudrait faire accroire qu'une spéculation malheureuse
l'a ruiné :
V. 102. En Engletere envoia laine;
Mais li nos fu trop tost perie.
Envoyer des laines en Angleterre! le joli roman! Ce serait
porter l'eau à la rivière. L'invraisemblance choquante de l'im-
posture trahit la fourberie de son auteur. Cela ne signifie donc
pas, comme le dit l'Index, « qu'il prétendit avoir fait passer
une partie de sa fortune en ce pays », ni que « la laine figure
ici des sommes d'argent », pas plus d'ailleurs que dans la
pièce XIX\
Wagon Wion* renchérit sur son devancier, en alléguant
un prétexte ridiculement frivole pour simuler l'indigence :
V. 124. Il est keûs en grant poverte ;
Avant ier perdi deus oisiaus.
Plus avisé, Bertoul Verdière présente, sans dire mot, un
brevet illisible; c'est un grimoire auquel personne ne comprend
rien :
V. 126. Hé Diex, ki est uns damoisiaus
C'on apele Bertoul Verdière. . .
En son brievet eut trop de vent.
Au lieu de séparer, comme on le fait ici, les vers qui pré-
cèdent en deux phrases indépendantes à partir de « Hé Diex »,
Cartnl. de S.-V., p. 238). Dans cette propriété, du consentement de
l'évêque, de l'abbé de Saint- Vaast et de Rémi, curé de la paroisse, Adam
fonda, en 1243, une chapelle qu'il dota d'un revenu annuel de quinze livres
(Charte conflrmative de l'évêque Jacques de Dinant, oct. 1248. Rogist.
cliartar., etc., f° 182 v"). C'est la chapelle Saint-Jacques en Sainte-Croix,
vendue en 1494 par Martin de Rely à la confrérie des pèlerins de Saint-
Jacques et démolie en 1788. Le souvenir du fondateur s'est conservé, sous
un travestissement, dans le nom de Chapellc-dc-l'Escourf/oon, donné à une
maison de la rue Guinegatte : c'était la maison du chapelain, le presbytère,
mais non la chapelle, comme on le prétend dans Les Rues d'Arras,
t. II, p. 87.
1. Index, au mot Wagon, 2°. — Introd., p. 24.
2. Waghes Wion était échevin en 1265; il mourut en décembre 1272
ou le mois suivant.
144 A. GUESNON
la ponctuation du texte imprimé les réunit en une seule. La
raison nous en est donnée par V Index, qui voit dans le rappro-
chement du deuxième et du troisième vers (125-126), une
plaisanterie sur a Verdière », à la fois nom de famille et nom
d'oiseau \
Il est cependant bien difficile d'admettre qu'un seul « damoi-
siaus » puisse être à la fois « deus oisiaus ». On ne s'explique
guère non plus comment Wagon Wion a pu perdre Bertoul
Verdière, puisque celui-ci n'est pas mort, et pas davantage
en quoi cette perte l'aurait éventuellement appauvri.
La rencontre des mots « oisiaus » et « Verdière » est.
croyons-nous, purement fortuite, et ce passage n'éclaire nul-
lement les vers 115-120 de la pièce III, encore que, dans ceux-
ci, le mot (( verdière » paraisse cacher sous un jeu de mots
quelque allusion personnelle encore inexpliquée".
Quant au ki du vers 12G, il ne peut être qu'interrogatif,
à moins d'y voir une faute de copie pour chi, ce qui serait plus
clair, mais n'est qu'hypothétique.
Passons rapidement, pour abréger, sur Jean d'Estanfort,
Ermenfroi de Paris, Jacques JoiCj Hugues le Conte (li Quens)%
Robert Aurri, Etienne de Souches, Grart Faverer, Jacques le
Cornu % nous bornant à citer pour mémoire ces représentants
de l'oligarchie communale.
1 . Index, au mot Verdière. 1".
2. « Ces deux textes rapprochés, ajoute M. Guy, tendraient à prouver
que Bertoul Verdière fut mis en prison. » .le croirais bien plutôt que le
coup de filet de « cil de Givenci » (III, 109) fut une lucrative spéculation
financière,' comme celle de Gui, comte de Saint-Pol, dont elle est le^
pendant.
3. Ermenfroi de Paris mourut en 1276, à la fin de l'année; Jacques Joie
en 1270, vers novembre; Hugues le Conte en 1271. vers septembre.
4. Robert Aurri, échevin en 1267, janv., n. st., est porté au Nècrolof/c
en 1272, après la Pentecôte; Etienne de Souches en février 1273, n. st., et
Grart Faverel « le vieux », en 1278, vers la fin de l'année. Ce « Grars
Faveriaus li ainsnés, bourgeois d'Arras », avait acheté de Jakemon, fils de
feu Gerart Faverel, la vavassorie de Méaulens, qu'il rétrocéda, en 1275, à
l'abbaye de Saint- Vaast (Bibl. d'Arras, ms. 316, p. 131).
5. L'Index, au mot Cornu (Jaques ou Jaquemon), rencontrant ce nom
LA SATIRE A AURAS AU XIll'' SIÈCLE 145
Dans le catalogue des brevets parjurés, la satire n'a eu
garde d'oublier nos riches bourgeoises :
V. 167. Et dame Tasse H Auslierc [,]
Ele seut bien trover manière
De mentir a ceste besoigne. [:]
Li Cakcmare li tesmoigne, [.]
Ces deus coururent d'une laisse. . .
« Courir d'une laisse », c'est-à-dire « couplés à la même
laisse », terme de vénerie, c'est, au figuré, s'associer pour
atteindre un but. Le Glossaire traduit : elles coururent a en
hâte' », d'où M. Guy infère à son tour l'exil volontaire ou
forcé des deux comi)lices ! En histoire, l'exégèse trop subtile
peut mener loin^
L'//ic/ej3 signale deux Tasse Lanstière contemporaines, — ses
références en supposent une troisième, — mais il ne dit rien de
« li Cakemare' », ici vraisemblablement nom de femme, que
l'absence de prénom laisse indéterminé. Ce nom est inscrit
cinq fois au Nécrologe entre 1225 et 1316. On le rencontre
aussi parmi les riches bourgeois de la Cité*.
dans les actes pendant toute la seconde moitié du xiif siècle, en conclut
que le personnage de cette satire fut « mêlé à la vie publique de 1254 à
1302 ». C'est une erreur due à Thomonymie. Deux Jacques le Cornu se
partagent cette longue période, l'un, qui est le nôtre, signalé dès 1253, mai
(B. N., Rcgistrum capelL, f 17 r"), propriétaire d'immeubles contigus au
manoir de Chaulnes en l'Estrée (ildd., t" 106 r"), d'autres maisons reprises
dans un chirogr. de mai 1261 (Arch. de l'hôp. Saint-Jean), de terres à
Gouy, 1254-1268 (Inv. som. du P.-de-C, A, 16, p. 29, col. A), mourut
en 1270, vers novembre. Le second, un des quatre gouverneurs intérimaires
de l'échevinage en 1280, échevin en 1282... 1289, 1290, 1292, 1294...,
mourut peu après la Pentecôte 1301.
1. Au mot Laisse, sans doute expliqué par « eslais ».
2. H. Guy, Essai sur la rie et les œucrcs d'Adan de le Haie, p. 114.
3. L'article /t, masculin et féminin, précédait souvent le nom propre;
exemples tirés du Nécrologe : Li Bretels Jachemes, 1229, 3'' ; Li Ilancarde
Sare, 12.52, 3" ; Li Prée Oede, 1252, 3'^ ; Li Crespins, 1263, 2"^ ; Li Crespins
Ermenfrois, 1277, 1'; L'Esturion Simon, 1263, 3^; Li Doucete Agnes,
1263, 3"; Li Patoule Maroie, 1271, 3^ Li Boinehane Maroie, 1273, 2^";
Feme le Naimmeri Ansel, 1274, 3\ etc. — Au Hesselin Jehan, 1266, 2';
Au Cosset Jehan, 1271, 2' ; Au Turpin Renier, 1272, 3'\ etc.
4. Associé à André Wagon, bourgeois d'Arras, fils de feu Laurent Wagon
146 A. GUESNON
« Dame Marote li Mairesse déclare un chiffre insigniliant:
c'est braver l'opinion, car chacun la sait riche : l'argent remplit
ses coffres, elle mène un train de comtesse^ — qu'importe?
V. 179. Li rois n'a pooir de li nuire
Car ses brievès le doit conduire.
On le Yoitj de par le roi et sous sa sauvegarde, la fraude est
devenue la loi d'Arras; le mensonge y règne en maître, bour-
geois et bourgeoises se parjurent à l'envi. Est-il donc vrai que,
dans ce naufrage de la moralité publique, on ait vu surnager
d'honnêtes consciences, résolues à sacrifier quand même l'intérêt
au devoir? L'auteur le dit; il en cite jusqu'à trois ! Mais à peine
a-t-on lu ces noms, flétris ailleurs comme synonymes de four-
berie^ qu'éclate aux yeux la contre-vérité sarcastique de
l'assertion, trait final d'un genre d'ironie conforme au caractère
de la première partie de cette satire.
V. 189. Hé Dex, con j'en conois teus trois
Dont cascuns est forment destrois.
Il n'ont mie aie au mares :
Robers Crespins et cil Garés
Et li tiers est Henris Nazars ^ ;
Cascuns dit k'il est droit musars,
K'il ont jué au dire voir
Or i tairont de leur avoir ^ .
(V. la pièce XXII), Nicholas Kakemare, bourgeois de l'Évêché, prêtait de
l'argent au comte de Flandre, en 1279 et 1280 {Inx . des ch. dcRupctniondc,
n" 245, 261, 262). Il était échevin de la rue des Maus en Cité, en oct, 1289
(B. N., Moreau, ch. t. 210, f" 30). — La femme d'Adam Kakemare, fut,
mise à l'amende, en 1.308, pour parjureraent de brevet. Voir Note sur le
registre de la Confrérie des Jongleurs dans les Comptes rendus de l'Acad.
des Inscript, et Belles-Lettres (1899), t. XXVII, p. 474.
1. Le A^ècro/o^/e enregistre Robert Crespin en 12.37, 2*. Son fils Robert
continuait ses affaires de finance en déc. 1242 (Du Chesne, Béthune,
preuves, p. 373). C'est apparemment ce même Robert qui figure dans les
échevinages de janvier 1263, n. st. (Hop. Saint- Jean, chirogr.), et de 1265
(Bibl. d'Arras, ms. 316, p. 261). — Sur Garet (Jacques Louchart) et Henri
Nazart, voir ci-dessus la pièce IL
2. Lire d'après le ms. : dist — druis — are.
LA SATIRE A AURAS AU XIII° SIÈCLE 147
« Aller au marais » signifie, d'après le Glossaire « s'em-
bourber », au figuré «ne pas y voir clair dans ses intérêts^ ».
D'où Ton doit nécessairement conclure que, puisque « il n'ont
mie aie au mares », nos trois personnages seraient parvenus à se
tirer d'affaire, — contradiction llagrante avec les deuxième et
dernier vers de la citation.
Le Congé de Fastoul donne à cette expression un tout autre
sens :
Ne doi mais aler au mares,
Servir m'estuet d'un autre mes
Ke de mokier et de cifler,
Car Danekins et Véélès. . .
Mal m'ont apris à behourder.
[Méon,Fahl., I, p. 131).
A Arras, comme ailleurs dans la région, le « marais » c'est
le communal, terrain tout indiqué pour les jeux, luttes, exer-
cices et cbattements populaires. Le lépreux gémit de devoir
y renoncer pour toujours, a Aller au marais » serait donc, au
figuré, folâtrer, se divertir, être en liesse ^
Là s'arrête l'ironie du « dire vrai ». L'auteur jette lemasque^
et renonçant aux détours de la fiction, il attaque de front
les membres d'un échevinage antérieur dont les malversations
ont ruiné la ville et déchaîné la discorde:
V. 199. Li eskevin devant l'abé
Comment k'il nos aient gabé
Ne mené par faumonement,
Et trespassé leur sairement,
1. Au mot Mares.
2. On trouve dans deux jeux-partis « aller au marescoi », que Schcler
interpr(^te par « s'embourber ». L'explication semble très satisfaisante dans
l'espèce, mais elle ne peut convenir à nos deux exemples. Faut-il donc en
conclure, malgré les apparences, que ces deux locutions n'ont aucun rapport
idéologique? Ou bien « aller au marescoi » ne serait-il pas l'équivalent du
« mokier et cifler » de Fastoul ?
3. Aux Additions et corrections, p. 164 : « XXIV, 200, Lire :
conmcnt. » — Le ms. écrit conient.
148 A. GUESNON
S'ont il d'avoir vint el set tans
K'il ne nomaissent en leur tans ;
Eutour vint et set mile livres
Troeve on lisant cns en leur livres.
Autant que l'on peut comprendre, il s'agissait d'une dissimu-
lation ou d'un détournement de vingt-sept mille livres sur le
produit des tailles :
V. 207. Trop maleraent, voir, s'avillierent
Quant a leur tans ensi taillierent :
Par leur mesfais^ren^^ tel taille
Dont Arras est en tel bataille.
Ce scandale mit la ville en grand émoi. Les éclievins furent
cités, enquêtes, confrontés. En fin de compte, l'accusation
aurait succombé; les inculpés parvinrent à se justifier, tout
au moins devant la cour, sinon devant l'opinion populaire. De
là « le deuil et l'ire » au cœur du poète, qui vient à son tour
venger l'opinion, dénoncer les méfaits de la haute bourgeoisie
et rendre le roi responsable des fraudes et malversations que
sa justice laisse impunies :
v. 211. Li abés en fu mal baillis,
Et a le cour trop assaillis ;
S'il avoit cuer de lui deffendre
Il les poroit trestous reprendre.
Quel est cet abbé, a le bon abbé » déjà mentionné dans les
pièces II, 69 et XIII, 58 relatives au même objet? Quel rôle
joue-t-il dans l'affaire? Nos satires sont malheureusement le
seul témoignage qui nous reste sur ce conflit, et l'imprécision
de leur texte ouvre carrière aux conjectures les plus diverses,
sans permettre de rien affirmer.
En revanche, nous trouvons là un document chronologique
d'une importance capitale, la liste des douze membres de
1 echevinage accusé de prévarication :
V. 224. .Jel di por voir et sans cuidier%
1 . Ms. Jiscni .
2. Le Glossaire traduit « sans cuidier » par « sérieusement, pour de
LA SATIRE A ARRAS AU X1II« SIÈCLE 149
déclare l'accusateur, de ces douze, huit sont encore vivants :
Pierre Wion, Jean Cosset, Audefroi, Jacques de Monchi,
Michel le Waidier, Raoul au Grenon, Thomas de Castel et
Colart de Courcelles^; quatre sont morts : Jean le Vinier,
Robert Maraduit, Grard Revcl et Copin Doucet.
La liste de l'éclievinage une fois clouée au pilori de la satire,
le trouvère conclut en lançant une suprême injure à ce « cla-
pier » dont l'effondrement a révélé des dessous immondes et
fait choir Arras dans la. . . « cendrée » :
V. 234. Or ne voel plus parler de ces
K'il sont en estrange pais ;
Se j'en di plus, iere haïs,
Mais nequedenl dirai je : « bouse »
De ces eskevins trestout douze'.
Oreesl II clapoire effondrée^
Dont Arras est en le cendrée ' .
m
C'est Paulin Paris qui a révélé le premier la portée histo-
rique de nos satires, en les rattachant à la biographie d'Adam
bon », ce qui supposerait à « cuidier » uu sens approchant de « rire, plai-
santer » qu'on ne lui connaît pas. Le « cuidier », penser, présumer, est
opposé au « savoir » de science certaine : d'où « sans cuidier », c'est-à-dire
en toute certitude, sans hésiter.
3. Les noms des huit échevins encore vivants sont inscrits au Sécroloçjc
dans l'ordre suivant : Pierre Wion (Guido), 1268, 2' ; Jacques de Monchi,
1269, 1*; Colart de Courcele (Courcelois), 1269, 2' ; Jean Cosset, 1271, 2' ;
Thomas de Castel, 1271. 2"' : Raoul au Grenon, 1272, 3' ; Audefroi Louchart,
1273, 1" ; Waisdier Michel? 1274. 2\
Pierre Wion, Jean Cosset et Colart de Courcele étaient échevins en avril
et mai 1263. Jacques de Monchi, Jean Cosset. Nicolas de Courcele et Aude-
froi Louchart figurent dans la liste échevinale de 1253.
4. Ms. trcstous doiisc.
5. Ms. esfondree.
6. Inapplicable à la pièce ci-dessus, X. 15-18, le sens indiqué par le
Glossaire au mot Clapoire. d'après Texemple de 1398 dans Du Cange,
Claperius, parait convenir à cet endroit. L epithète de « clapoire », X,S.II,
56. j)récise l'euphémisme « cendrée ».
Moyen Age, t. XIII. 1^
150 A. GUESNON
de la Halle \ Monmerqué le suit de près ; comme son devancier,
il essaya de reconstituer à l'aide de ces pamphlets le milieu
politique et social où le célèbre trouvère avait vécu, et comme
lui, il crut y voir l'explication de son exil et de son séjour à
Douai ^
Les biographes suivants n'ont guère fait que tourner dans le
cercle tracé par ces deux initiateurs : ils leur empruntent cadre
et canevas, sauf à combiner et broder de diverses manières les
faits et les dates, sans apporter d'ailleurs aucun élément nouveau
à la solution du problème.
M. Henry Guy vient de reprendre le sujet dans son Essai
sur Aclan de le Hale\ travail considérable, où tout ce qui
touche de près ou de loin â la vie et à l'œuvre du trouvère
artésien est exposé, discuté, développé dans des proportions
inconnues aux notices antérieures. Le contraste de cette abon-
dance avec la pénurie des sources documentaires met en lumière
l'art ingénieux de l'écrivain et la remarquable fécondité de
sa critique historique et littéraire.
Ce n'est pas ici le lieu de soumettre à une épreuve d'ensemble
la solidité de cette brillante évocation biographique. Les satires
n'ayant trait qu'à une des phases de l'existence agitée du poète,
son implication dans l'affaire de la taille, l'examen doit s'en
tenir là pour le moment.
M. Guy consacre à ce sujet deux chapitres de son livre. 11
se demande d'abord comment, au XIll" siècle, se faisait à
Arras la perception de cet impôt communal; en second lieu,
quand éclatèrent les troubles; enfin quelle fut la répression
des fraudes dénoncées dans les pamphlets.
Sur le premier point, nettement déterminé quant au temps
1. Notice sur Adam de la Halle dans ÏEnci/clopcdic caf/iolir/nr, t. I,
p. .337 (1838).
2. Théâtre franrah au fiini/rn fh/c, parL.-.T.-N, Monmerqué et Fran-
cisque Michel (1839).
3. Essai,siir/f( rie cl. les /l'iirrrs lit tri •dires (tu, troiici're Aduiide le H((te,
par Henry Guy, maître de conférences à la Faculté des lettres de l'Univer-
sité de Toulouse. — Paris, Hachette^ 1898, 605 p.
LA SATIKE A ARRAS AU Xlll"^ SIÈCLE 151
et quant au lieu, le biographe a cru pouvoir suppléer aux la-
cunes des documents artésiens de l'époque, à l'aide de témoi-
gnages empruntés à ceux d'un autre temps ou d'un autre pays'.
Nous avons signalé déjà le péril de ces inductions analo-
giques et rétroactives : l'institution desVingt-Quatre, confondue
avec la Vingtaine de la draperie, et par suite antidatée d'un
siècle, en a fourni un premier exemple. Nous en trouvons un
autre dans V Essai sur Adan\ où on lit, non sans quelque
surprise : « Les échevins avaient usurpé ces fonctions (de ré-
partiteurs de la taille) que la démocratique ordonnance du
pieux roi ne leur attribuait aucunement. »
Ces derniers mots visent une prescription réglementaire ins-
tituant dans les villes, — on ne sait lesquelles, — des commis-
sions de répartiteurs élus : acte informe, sans intitulé, sans date,
que de Laurière a classé néanmoins parmi les ordonnances
de saint Louis, en y joignant en note un passage de Beau-
manoir tiré des Coutumes du Beauvoisis. Au point de vue
général^ ces textes ont leur importance; mais en quoi con-
cernent-ils Arras?Les villes privilégiées du comté échappaient
à l'action directe des ordonnances du roi sur la police de ses
domaines. Elles étaient régies par leurs chartes constitution-
nelles, en même temps que par leurs coutumes, celles-ci con-
temporaines de leur première organisation politique. La taille
s'y rattachant devait, comme le reste, rentrer dans les attri-
butions de leur suprême organe administratif. L'échevinage
n'avait donc rien usurpé.
Nos satires, d'ailleurs muettes sur ce grief, ne nous en
1. M. Guy renvoie fréquemment à une charte des Archives du Pas-de-
Calais cotée A, 108, sans en indiquer la date. Le lecteur poui-rait croire
qu'il s'agit d'un document du temps. C'est une ordonnance de Philippe le
Hardi, duc de Bourgogne et comte d'Artois, du 20 avril 1.387, réformant la
perception de la taille communale pour l'adapter aux nécessités budgétaires
du moment.— La C/troniquc de ht cilln d'Arras, du greffier Bâcler, publiée
en 1766, peut encore moins éclairer la question. V. Essai sur Adan de le
Halo, p. 90, note 2.
2. Ch. iiL p. 90.
152 A. GUESNON
disent guère plus sur la nature et l'importance du subside qui
souleva ces débats. Un chiffre de vingt mille livres s'y heurte
à une somme de vingt-sept mille, sans qu'on s'explique d'où
vient la différence. On ne sait pas davantage s'il s'agissait de
la taille ordinaire ou d'une taille extraordinaire. D'après la
charte de 1270' costuma que vintena Docatur, la « vintaine »
de la pièce II, 32, semblerait désigner une taille permanente.
Cependant M. Guy n'hésite pas à la déclarer extraordinaire,
et il part de cette donnée pour expliquer, comme il suit, l'en-
chaînement des faits:
On sait que Louis IX leva des aides en 1267, à cause de la
chevalerie de Philippe, son fils, et de la croisade. En 1268, son
neveu Robert fit à son tour appel aux bonnes villes d'Artois
pour l'expédition d'outre-mer. Ces subsides réclamés d'une
seule fois grevèrent les contribuables et suscitèrent de nom-
breux mécontentements. De là les troubles d'Arras. Ils écla-
tèrent en 1269, et, cette même année, « le fils de maître Henri
fut banni')). Telle est la conclusion.
La date de 1269 assignée par M. Guy à l'affaire de la taille
n'est pas une hypothèse nouvelle; elle avait été proposée par
P, Paris', bien que le savant académicien, ait montré quelque
préférence pour 1260 \ — car on peut néghger la date 1280
qu'il a hasardée plus tard, à la suite d'un historien local mal
informé'. Monmerqué, au contraire, avait fixé son choix sur
1. Inc. chron. des c/i. de (a cille d'Arras, Doc. XXXVII, p. 36.
2. Essai, p. 142.
3. Les Manuscrits français de la Bihl. du roi. t. III, p. 2.35 (1840).
4. Enci/cl. ralhol^, t, I, p. 338 (18.38). et Hist. lilt., t. XX, p. 661.
5. « En 1280, il y eut une taille mal assise, mal distribuée, mal perçue...
Nous gardons encore à la Bibliothèque du Roi de nombreuses pièces sati-
riques sur le scandale de la taille mal assise. » — (V. art. Arras dans
Aristide Guilbert, Hisi. des cilles de France, t. III, p. 322 (1845). P. Paris
emprunte cette date et le reste du paragraphe à Dom Devienne, qui a commis
en cet endroit les plus étranges confusions, prenant Marguerite de France,
comtesse de Flandre, d'Artois et de Bourgogne en 1380, pour Mahaut,
comtesse d'Artois, qu'il place en 1280, et rapportant à celle-ci des événements
qui n'eurent lieu qu'un siècle plus tard (Dom Devienne, Hist. d'Artois,
LA SATIRE A ARRAS AU XIII* SIÈCLE 153
1265-1266', opinion généralement adoptée par les érudits.
Si Arras possédait, comme certaine ville voisine, les séries
de ses échevins pendant la seconde moitié du xur siècle, la
satire nous donnant les noms des inculpés, on aurait vite ré-
solu le problème. Mais jusqu'ici cette longue période n'a fourni
à nos recherches que des fragments clairsemés et très peu de
listes complètes. Encore est-on fort heureux d'avoir à peu près
celle de 1264-65, et, pour chacune des années suivantes,
quelques noms disséminés dans de trop rares chirographes, jus-
qu'en février 1268, n. st. A partir de là, plus rien avant sep-
tembre 1270'.
trois' partie, p. 8). Dans le récit de ces mêmes événements, qu'il emprunte
à son tour à P. Paris, E. Lecesne se contente de substituer ciironologique-
ment Robert II à Mahaut, sa fille (Hist. cl' Arras, t. I, p. 135). Cf. Inc.
chron. des ch. de la rille d' Arras, Doc. CXXXII, charte de Marguerite,
du 23 juillet 1379.
1. Tiicàtre fr. an inoj/pn àf/r, p. 25.
2. Voici les échevins que j'ai relevés de 1260 à 1270 : 1260, rien. — 1261,
mai : Andrieus Louchars et Jehans li Waidiers ; octobre : Henris de Castel et
Ghilebers Belins (Hôp. Saint- Jean-en-l'Estrée, Saint-Jacques).— 12Q2, fév.,
n. st. : Tibaus Reviaus et Andrieus Loucars ; octobre : Andrieus Louchars,
TibausReviaus, Henris de Castel etTumasli Normans. — 1263, janv., n.st.:
Jakemes Trauelouehe, Jakeines li Taillieres et Robers Crespins (ihid.) ;
28 mars : Johannes Cosses, Petrus Guidonis, Nicholaus de Courcellis,
Willelmus Vitulus, Jacobus li Caudreliers, Johannes Parens, Johannes de
Hees (Bibl. d'Arras. Le Pez, ms. 316, p. 204); avril: Jehans Parens et
Tibault du Bos (Inc. des c/t. de la Ville, Doc. XXXVII) ; mai : Nicholes
de Courceles et Jehans Cosses (Hôp. Saint-Jean). — 1264, rien. — 1265,
28 févr., n. st. : Robers Auris et Adans li Markaans ; avril : Hues Louchars
et Adans li Markaans (Hôp. Saint-Jean); avril : Watiers de le Vigne^
Jehans Huquediu. Robers li Normans, Baudes Bêchons, Baudes Fastous,
Waghes Wions, Pierres li Waisdiers, Mahias d'Anzain, Robers Crespins
(Bibl. d'Arras, Le Pez, ms. 316, p. 261). — 1266, juin : Robers li Normans
et Wautiers de le Vigne. — 1267, janv., n. st. : Gilles li Rois, Robers
Auris, Pieres li Anstiers, Willaume as Paus ; juin : Tumas li Normans et
Jehans Naimmeris (Hôp. Saint-Jean).— 1268, n.st., 1'" semaine de février :
Estevenes de Souces, Robers Auris, Jakemes li Caudreliers (Collection Gilet,
chirogr. orig.). — 1269, rien. — 1270, sept. : Jakemes Foubers, Pieres li
"Waisdiers et Tumas li Normans ; octobre : Estievenes de Souces et Pieres
li Waidiers (Arch. de l'hôp. Saint- Jean-en-1'Estrée, Saint-Jacques^
chirogr.).
154 A. GUESNON
Or, de Pâques 1265 à février 1268, période d'ailleurs exten-
sible % nulle part on ne trouve place pour la liste de la satire;
elle est partout en discordance avec les données des cliiro-
graplies. Reste l'intervalle qui suit, où, jusqu'à présent, elle
ne rencontre, de ce chef, aucune fin de non recevoir. Théo-
riquement donc, l'échevinage qu'elle représente pourrait être
supposé à cheval sur 1268-1269, ou, si l'on veut, sur 1269-1270 ;
mais alors surgit une autre difficulté.
On a vu que, lorsque la satire dernière fut composée, l'éche-
vinage en cause avait perdu le tiers de son effectif; quatre
membres sur douze étaient morts. Il avait dû conséquemment
s'écouler un certain laps de temps entre la sortie de charge de
ces douze échevins et les récriminations dont les survivants
sont ici l'objet. D'autre part, saint Louis mourut le 26 août 1270.
Faudrait-il donc renvoyer au temps de Philippe le Hardi une
manifestation littéraire dont toutes les allusions portent le
cachet incontestable du règne précédent? La conséquence
condamne l'hypothèse.
Malgré tout, ce n'est encore là qu'un argument d'invrai-
semblance, qui, s'il était isolé, risquerait fort de laisser des
chances à quelque échappatoire. Mais on n'a pas que des con-
jectures à opposer au choix de l'année 1269; le Nécrologe nous
fournit une preuve directe autrement décisive dans les actes
de décès des personnages mêmes de cette revue satirique.
Voici entre autres dates celles qu'on y relève:
Pierre Wion (Guido), un des huit échevins survivants, mort
vers octobre en 1268 (2"')^; Guillaume as Paus, si souvent men-
tionné dans nos pièces, même année, peu après la Pentecôte
1268 (1') ; Josiel Esturion, qui les précéda, en octobre 1267 (2') ;
1 . La durée de l'échevinage était de quatorze mois ; et, dans les relevés
qui précédent, on ne peut savoir à quelle partie de cette période correspond
la mention.
2. Le chiffre qui suit une date tirée du Nècrologe est celui du terme de
l'année auquel le nom appartient : 1, de la Pentecôte à la Saint-Rémi;
o2, de la Saint-Rémi à la Purification ; 3, de la Purification à la Pentecôte.
Le chiffre minuscule indique le numéro d'ordre.
LA SATIRE A AURAS AT X1II« SIÈCLE 155
enfin Bertoul Verdière, cet usurier que les Vers de la Mort
nous représentent un pied dans la tombe, sinon les deux, tré-
passé vers octobre en 1266 (2*) \
L'autorité des chiffres force donc la composition de la
satire à rétrograder d'un certain nombre d'années, et ce mou-
vement de recul entraînant tout le reste, l'édifice si artistement
construit autour de 1269 s'écroule de fond en comble.
Ce n'est pas tout: après cette première étape en arrière, l'hy-
pothèse va devoir en franchir une seconde. On a lu plus haut
les noms des quatre échevins décédés avant que la satire fût
écrite. De ces quatre décès nous avons les dates, trois cer-
taines et une approximative. La dernière résulte d'une charte
de mars 1265, n. st., où il est fait mention de feu Copin Doucet,
autrement dit Jacques Doucet". Voici, maintenant, dans un
ordre rétrograde, celles des trois autres échevins d'après le
Nécrologe : GrartRevel (Reviaus), 1262, 2''; Robert Maraduit,
1262, 1' ; Jean le Vinier 1260, l^
Donc, à moins de récuser le témoignage du registre de la con-
frérie, ou de s'inscrire en faux contre le caractère nécrologique
que nous lui avons attribué, on sera forcé de conclure : 1° que
l'échevinage incriminé siégea antérieurement à la Pentecôte
1260; 2° que la composition de la satire où on l'invective est
postérieure à la Pentecôte 1262.
l\ nous reste un dernier point à examiner, celui des répres-
sions.
Elles auraient été terribles, d'après le récit dramatique
1, Les douzains CIV et CV des Vers de la mort sont relatifs à
Bertoul Verdière. Le premier nous le montre accablé de vieillesse et fait
allusion à son testament, le second semble dire qu'il est mort. Le poème
serait donc de la fin de cette année 1266.
2. En mars 1259, v. st., Jakemon Doucet reçoit quittance d'une rente
sur son manoir de Demencourt (Duchesne, Bùtlnine, preuves, p. .38.3).
C'est le manoir « ultra pontem de Miaulens », inscrit, en 1261, au nom de
Copinus Douces dans les Hostaf/ia de l'église N.-D., f 38 (B. N., lat.
10972). Le Doc. XXXIl de VInv. chron. des rhartos de Ui ville d'Arras
est un acte de vente consentie par la veuve de Copin Douchet, avec la
garantie de ses enfants, 31 mars 1265, n. st.
156 A. GUESNON
qu'en a fait M. Guy. Non seulement « les inculpés furent pour
la plupart complètement dépouillés ^ », — ce qui est déjà une
singulière aggravation de la pénalité fiscale alors en usage, —
mais ils durent prendre le chemin de l'exil :
(( Une longue caravane de proscrits quittait le territoire.
L'échevin fuyait à côté du membre de la Vintaine et le bour-
geois parjure accompagnait le magistrat partial. Contrôleurs et
contrôlés, taillés et tailleurs subissaient semblable sort, et se
rencontrant hors des frontières du pays, ils se réconciliaient
dans la communauté du malheur, oubliaient leurs griefs réci-
proques afin de maudire et de combattre le même adversaire,
c'est-à-dire le seigneur ou le souverain. — Voilà précisément
ce qui advint à Arras lorsque Adam en fut chassé. La haute
société sévit mutilée d'un seul coup, édiles et contribuables^ »
Il est au moins étrange qu'aucun chroniqueur, qu'aucun
document d'archives ne rappelle un si gros événement, — je
passe sur la conspiration des émigrés, fantaisie historique em-
pruntée, comme accessoire, à des souvenirs beaucoup moins
anciens. Mais la proscription, qui donc en parle ? Ce n'est pas
la satire : l'auteur ne cesse de crier vengeance, il appelle la
répression, il l'annonce, il menace, et la répression ne vient
pas. C'est précisément cette impunité scandaleuse qui^ jus-
qu'au dernier vers, lui a mis « le deuil et l'ire » au cœur et l'in-
jure à la bouche'.
1. Essai sur Adan de le Halo, p. 9.3, note 4.
2. Ihid., p. 94.
3. Je ne vois dans la dernière satire qu'un passage susceptible de fournir
un argument à la thèse de l'exil des échevins, et M. Guy ne l'a pas relevé.
Le voici :
V. 234 Or ne vuel plus parler de ces
K'il sont en estrange païs;
•Se j'en di plus iere haïs.
En se reportant à la lin de notre analyse de la pièce XXIV, on voit que
ces vers suivent l'énumération des douze échevins inculpés, dont quatre
sont morts: « Je ne veux plus parler de ces (coupables), puisqu'ils sont en
pays étranger. » A qui rapporter ces ? Aux huit survivants ou aux quatre
trépassés? — car ce serait un non-sens de l'entendre à la fois des deux
groupes. Dans la première alternative, l'absence des anciens échevins
LA SATIRE A ARRAS AU XIII® SIÈCLE 157
Le Motet d'Adam est-il plus explicite ? Son thème le rattache
au Confié: les doux font pendant, c'est le môme son de cloche.
On les a disjoints, arl)itrairement otàtort; nous verrons pour-
quoi. En attendant, que disent-ils ? Qu'Arras est « fourmenés »,
— quand ne le fut-il pas? — qu'on n'y fait que mentir; qu'il
n'y « court ni droit ni loi » ; qu'on n'y aime que l'argent; que
la convoitise des gouvernants a épuisé la bourgeoisie; que les
riches (Pierre Poucin par exemple) désertent Arras pour la
Cité; que la \'ille dépérit et se dépeuple au profit de sa voisine;
qu'enfin, abandonnant tout, foyer, afïaires, amis, les opprimés
s'en vont tristement, « ça'Meux, ça trois )), chercher hors d' Arras
un séjour moins inhospitalier.
Ce spectacle n'était pas rare dans notre bourgeoisie indus-
trielle. Quand les charges imposées à l'association devenaient
intolérables, une crise éclatait, la lutte des classes passait à
l'état aigu, on rompait le pacte et l'exode commençait \
On comprend qu'émigrant lui-même, le trouvère ait pu forcer
quelque peu la note de l'émigration; il aura sans doute poussé
au noir le fond du tableau pour que sa personnalité ressorte
mieux au premier plan. Mais parle-t-il de bannissement? Nulle
part. Où se voit donc « cette longue caravane de proscrits »
qui semble vouloir rappeler l'expulsion en masse des habitants
d'Arras par Louis XI en 1479 ? Dans l'imagination des bio-
graphes, pas ailleurs.
pourrait s'expliquer par une absence volontaire, sans qu'il soit néces-
saire de les supposer bannis. Dans la seconde, la pensée de l'auteur serait
qu'il se tait, parce que s'acharner contre ceux qui sont partis pour l'autre
monde, « en estrange païs )), peut paraître odieux. L'itinéraire équivoque
tracé par le poète à l'âme d'Adam de Vimi pour ce grand i-o;iagc est dans
le ton de cette périphrase. J'ajoute qu'il n'était pas nécessaire d'aller bien
loin pour être en « pais estrange » ; Baude Fastoul appelle ainsi la mala-
drerie où il doit se rendre, aux faubourgs d'Arras. Courir, v. 519.
1. A partir de 1280, on voit se reproduire les mêmes luttes entre « le
commun et les grands». Nous avons de cette époque des dénonciations où
l'on trouve formulés en prose les mêmes griefs que nos satires exposent en
vers, et contre les mêmes noms de l'oligarchie financière. L'analogie est
tellement frappante, qu'à première vue ces documents semblent se rapporter
à une seule et même affaire.
158 A. GUESNON
Ce sont eux qui, dès le début, ont établi une corrélation
entre les satires, le Motet d'Adam et le Congé de Fastoul ; la
subtilité des commentaires a fait le reste. L'exil du trouvère
artésien et son séjour à Douai, tel est le fait initial qui, par un
groupement artificiel de témoignages disparates, a déterminé
l'orientation de la critique et l'a fourvoyée.
M. Guy consacre à la question de l'exil tout le quatrième
chapitre de son ouvrage. Après avoir établi qu'il eut lieu sous
saint Louis, à une époque que les satires laissent indéterminée,
il trouve cette détermination dans les Vers de la Mort. D'une
part, ces vers font allusion à l'affaire de la taille; de l'autre,
ils ne peuvent être que de l'année 1269 : donc il faut dater
de cette même année le Motet, le Congé de Fastoul, le bannis-
sement des parjures et celui du trouvère.
On connaît déjà la réponse du Nécrologe en ce qui concerne
cette date et l'exil des bourgeois.
Pour celui d'Adam en particulier, une autre question se
posait à son biographe, celle de sa durée. Elle n'aurait guère,
pense-t-il, excédé deux ans. Le nouveau roi Philippe III vint,
en effet, visiter Arras en septembre 1271. Il ne pouvait faire
moins que de gracier le futur ménestrel du comte d'Anjou. Il
fit mieux : tous les bannis furent compris dans une amnistie
générale. Rapprochant de cette date certaines lettres de janvier
1272, M. Guy conclut qu'Adam, exilé en 1269^ gracié en sep-
tembre 1271, dut revenir de Douai entre cette dernière date et
le mois de janvier suivant \
Rien de plus logique. Il n'y a qu'un malheur, c'est que toute
cette histoire est un pur roman. Adam ne revint pas de Douai,
par Texcellente raison qu'il n'y était jamais allé, — en exil,
s'entend. Cette fable répétée depuis soixante ans par tous les
biographes n'a d'autre fondement qu'une méprise. L'erreur
provient de deux strophes du Congé de Fastoul mal inter-
1. Les lettres en question, datées de janvier 1272, sont en réalité de 1273,
date qu'elles portent dans notre Inc. chivnoL, Doc. XLIII. On a omis ici
de rectifier le style.
LA SATIRE A ARRAS AU XIII' SIÈCLE 159
prêtées. Deux personnages différents ont été fondus en un ;
en voici la preuve:
V. 469. Cuers en cui grans anuis s'aaire,
Droit à Douai te convient traire
A ceus ki d'Arras sont eskiu ;
Segneur Henri di mon afaire
Et Adan son fil, puis repaire,
Si pren congiéà Bertremiu.
V. 493. Anuis que je sueffre et endure
Me fait au fil maistre Henri,
Adan, et à Lambert Ferri
Prendre congié
On a cru que, dans ces deux passages, l'auteur se répétait.
Or, nulle part dans les Congés on ne voit Bodel, Fastoul,
ni Adam adresser une seconde fois leurs adieux à un person-
nage précédemment salué. Cette réflexion devait suffire à elle
seule pour faire distinguer les deux Henri ci-dessus et les
deux Adam, leurs fils, malgré l'homonymie.
Mais il y a plus ; la distinction saute aux yeux à la simple
lecture : l'un est seigneur Henri, l'autre maître Henri, le pre-
mier un laïc, le second un clerc. Comment a-t-on pu les
confondre? Le père de notre Adam est connu partout sous
le nom de maître Henri. Ce n'est donc pas son fils qui était
« eskiu » à Douai, c'était un autre. Le trouvère demeurait tou-
jours à Arras, puisque c'est à Arras que Fastoul le salue
en compagnie de Ferri, son confrère en Apollon.
Si l'on demande quels étaient les deux transfuges alors
séjournant à Douai, il sera naturellement impossible, sans le
nom de famille, de répondre avec certitude. On peut cepen-
dant supposer entre autres Henri de Castel et son fils Adam :
le premier, échevin en 1257, poursuivi à cette date par le comte
de Saint-Pol, comme on l'a vu ailleurs, échevin de nouveau en
1262, décédé en 1275, 2' ; le second, reconnu titulaire d'une
créance sur la ville de Gand à la mort de son père, témoin
d'une resaisine en 1277, mort en 1298, 1'.
160 A. GUESNON
Et maintenant que reste-t-il de cet ingénieux échafaudage
d'hypothèses chronologiques s'étayant les unes les autres et
soutenues en l'air par celle d'un bannissement imaginaire ? L'il-
lusion s'évanouit et l'obscurité plane de nouveau, aussi épaisse
que jamais, sur cette période de la vie du trouvère artésien.
La défiance légitime qu'inspire cette constatation étend l'in-
certitude à d'autres points de la biographie. On se demande,
par exemple, si le Congé porte une date plus sûre que celui de
Fastoul, — que celui deBodel surtout; si la paternité du Jeu de
la feuillée est aussi certaine qu'on veut le croire; si le Puy
d'Arras a été « restauré » d'après des données bien incon-
testables.
Il ne saurait entrer dans notre pensée d'examiner incidem-
ment des questions aussi complexes ; elles sont d'ailleurs en
dehors de notre sujet. Mais, puisque maître Henri nous a
entraîné à les poser, nous ne terminerons pas sans donner sur
ce clerc d'Arras un renseignement inédit qui fournira un point
de repère de quelque importance pour reconstituer la bio-
graphie du fils : « Maistre Henri Bochu» mourut en 1291, vers
la fin de mars. Voir le Nécrologe.
Additions et Corrections. — Sous ce litre, M. Jeanroy, revenant
page 163, sur le vers 28 de la pièce XVI :
Nus menestreus ne doit plakier,
Mais as mauvais grans cols dakier,
modifie la ponctuation en ajoutant une virgule après mauvais. Comme
d'autre part le Glossaire traduit (( plakier ») par appliquer, assener, la
dernière interprétation serait : Nul ménestrel ne doit assener, sauf
aux méchants, de grands coups.... Mais que devient dakier, sur
lequel le Glossaire reste muet? Faut-il comprendre //rans cols d'akierf
Xous pensons que la première ponctuation est la bonne ; que dakier
est un verbe à expliquer par daca, dague; que plakier ne signifie pas
« assener », mais recouvrir d'un enduit, au figuré, farder, masquer,
dissimuler. C'est ainsi que Fastoul l'emploie pour affirmer la sincérité
de son affection, Congé, v. 212 :
Car jes aim de cuer sans plakier,
Onques ne seuc amer a gas.
LA SATIPxE A ARRAS AU XIII'' SIÈCLE 161
APPENDICE
LE CONGE DE JEAN BODEL
Le Congé de Bodel, personne n'en doute, fut écrit à la veille
d'une de nos grandes expéditions d'outre-mer, soit celle de
Constantinople, 1201-1204, soit celle d'Egypte, 1248-1250'.
Arthur Dinaux adopte cette dernière date. Paulin Paris^ dans
un travail plus documenté, s'était prononcé en faveur de la
première, et son opinion fut admise par la plupart des cri-
tiques, depuis M. Gaston Raynaud jusqu'à M.Wilhelm Cloëtta.
La question paraissait donc résolue, lorsque M. Henry Guy
a repris dernièrement pour son compte la thèse de Dinaux, en
reportant la date du Congé à 1249 et même 1250'. Voici les
raisons qu'il oppose à l'argumentation contraire :
1° « Avoeresse de Bétlume et dame de Tenremonde » n'est
pas, comme le prétend P. Paris ', une qualification s'appliquant
exclusivement à Mahaut, femme de Guillaume le Roux, avoué
d'Arras sous Philippe-Auguste. On la retrouve identiquement
semblable sur le sceau d'une autre Mahaut, celle-ci femme de
Gui de Dampierre, avoué d'Arras au temps de saint Louis.
2" Ansel de Beaumont, celui du Congé, ne peut être non
plus identifié sans invraisemblance avec Anseau de Beaumont,
cité par Henri de Valenciennes au nombre des seigneurs de
marque qui se croisèrent en 1202.
3** La Pastourelle de Bodel, où P. Paris croit voir des allu-
sions aux dissensions tournaisiennes de 1187, s'applique bien
1 . Moimierqué, Théâtre français au inot/rn âfjr, p. 158, non seulement
fait de Bodel « le contemporain et le rival d'Adam de la Halle et de Baude
Fastoul », mais rattache le Congé à la dernière croisade de saint Louis!
2. Essai sur la cie et les œuvres du trouvère Adan de le Haie, appen-
dice, p. 565.
3. Hist. litt., t. XX, p. 610.
182 A. GUESNON
plus vraisemblablement aux dévastations de la campagne de
Philippe- Auguste dans le Nord en 1213.
4" Les personnages du Congé relevés par M. G. Raynaud
dans divers documents, soit à la fin du xii*', soit au commence-
ment du xiii" siècle, se retrouvent cités ailleurs à des époques
plus récentes, ce qui frappe d'incertitude les identifications
proposées.
Le terrain une fois déblayé par cette argumentation néga-
tive, M. Guy cherche à réunir un faisceau de vraisemblances
favorables à sa thèse, commentant habilement diverses parti-
cularités du texte, invoquant certaine date de fondation de « la
tour du petit marchié' », alléguant surtout la mention d'un
Bretel et d'un Bauduin Fastoul dans le Congé, pour faire de
Bodel le contemporain des deux trouvères leurs homonymes
et ramener à la première croisade de saint Louis la date de
cette composition.
L'examen du problème nous parait conduire à une solution
toute différente.
Sur le premier point, rappelons d'abord que P. Paris a
devancé la critique en corrigeant lui-même en note ce qu'il y
avait de trop absolu dans l'affirmation contestée ^ Mais il n'en
est pas moins vrai que son flair avait rencontré juste. En
dehors des qualifications officielles qui, grâce à l'homonymie,
semblent confondre aujourd'hui la grand'mcre avec sa petite-
fille, l'usage vulgaire des surnoms d'origine permettait aux con-
1. La date vraie de l'érection de cette pyramide est 1200, comme le dit
Paulin Paris, d'après l'antique inscription lapidaire relevée lors de la
démolition de l'édifice, en 1791, et dont le fac-similé est conservé à la Bibl.
Nat., Cabinet des Estampes, topographie du Pas-de-Calais. Arnould de
Raisse (Raissius) l'a publiée deux fois, en 1628 et 1634. Les bénédictins
D. MartèneetD. Durand, lors de leur Voi/ki/c, ont lu comme lui 1200. Dans
cette même inscription, Gazet, prenant l'abréviation onciale de //rrr pour XV,
Imprima 1215. Le p. Fatou a copié l'erreur, et la fausse date, pieusement
recueillie parles modernas historiens de la Sainte-Chandelle, conti'e-balaiice
aujourd'hui la vraie dans la chronologie officielle de l'institution. C'est là ce
qui a trompé M. Guy.
2. Hist. li.t(., t. XX, p. 795.
LA SATIRE A ARRAS AU XIll'' SIECLE 163
temporains de distinguer du premier coup une Mahaut de
Tenremonde d'une Mahaut de Bcthune. C'est d'après cet
usage que l'expression de Bodel nous parait devoir s'inter-
préter.
Est-il besoin d'ajouter qu'il n'exista jamais d'avouerie de
Bétliune, mais seulement une seigneurie de ce nom, titulaire
de l'avouerie d'Arras? « Avoué deBéthune » n'est qu'une abré-
viation courante pour a seigneur de Béthune, avoué d'Arras ».
Le « châtelain de Beaumés », ainsi désigné v. 446, était a sei-
gneur de Beaumés, châtelain de Bapaume ». On disait de
même « le vidame de Picquigni » pour « le seigneur de Pic-
quigni, vidame d'Amiens ». « Avoeresse de Béthune» ne prêtait
alors à aucune ambiguïté.
Pour Ansel de Beaumont, la critique est dans le vrai. Non
seulement l'Anseau en question n'a rien de commun avec la
bourgeoisie d'Arras, ni son Beaumont avec le Beaumont d'Ar-
tois, mais il y a plus : de ce qu'au nom de Wibert de Beau-
mont Bodel accole celui d' Ansel, il ne s'ensuit nullement qu'on
doive joindre au second le complément toponymique du pre-
mier. Wibertus de Bellomonte nous est connu ; il faisait partie
de l'échevinage en 1201. L'autre bourgeois, bien que plus
incertain, parait être Ansel, frère du maire d'Arras Sauwalon,
témoin d'une transaction en juillet 1206, décédé en 1247', l'\
1. M. Wilhelm Cloetta n'admet pas non plus l'identification supposée^
mais pour une raison toute particulière. D'après le critique allemand,
l'Ansel du Conr/ô et l'Anselme ou Anciaume de la chronique porteraient
deux noms « absolument différents » (Die beiden Namen sind durchaus
verschieden. Av chic fur das Stndluin der ncucrcn Sprachen und Littcra-
turcn, t. XCI (1893), p. 30). Cette opinion nous paraît insoutenable; Ansel-
mus, Ansellus, Ansiauine, Aiisicus, An.srl, Anseaa ne sont que les formes
diverses d'un seul et même nom. Il suffit pour s'en convaincre de consulter
le Rec. des Hlstor. de la France^ t. XVII-XXIV, où l'on rencontre notam-
ment Anselmus, Ansellus, Anscaii, évêque de Meaux, 1197. — Anselmus,
Ansiaus, Ansials, Anslel de Kaieu, 1203-1221. — Anselmus de Insula,
Ansiaus, sires de Lille, dans le texte bilingue de Guillaume de Nangis,
1239 (Cf. Mousket en 1234). — Anselmus de Triangulo, Anseau de
Traijnel (Cf. OJim, 1259-1260). — Anselmus de Capriosa, A /iscau de Che^
vveuse, 1304, etc. Les sceaux des seigneurs d'Aigremont, 1227-1330, portent
164 A. GUESNON
L'interprétation de la Pastourelle n'est pas moins sujette à
controverse. Il est incontestable que l'hypothèse de 1187 s'adapte
mal aux allusions historiques et topographiques des deux
couplets :
En ceste contrée. . .
Li François i ont esté
Ki trop l'ont gastée.
Sire, estes vous des eschis
Ki J'iaue ont passée,
Qui de l'autre part le Lis
Font lor assamblée ?
Trecheor et foimentis
Etgent parjurée!
Mais est-il donc nécessaire, pour expliquer ces vers, de des-
cendre avec M. Schultz jusqu'à la campagne de Bouvines, en
1213 et 1214' ? Jene le crois pas. Les événements politiques et
militaires auxquels ils ont trait sont évidemment ceux de 1197-
1198, que relatent tous nos historiens: l'invasion de l'Artois
par Baudouin, comte de Flandre, la prise de Saint-Omer, d'Aire
sur la Lys, de Lillers, le siège d'Arras; puis l'entrée en cam-
pagne de Philippe-Auguste, la délivrance d'Arras, le passage
de la Lys par les Français auprès d'Aire, la tentative sur
Ypres, etc".
indifféremment, comme les textes, Anselmus, Anso.l, Anslel (Demay,
Sceaux do Flandre). — Le frère du maire d'Arras est appelé Anselmus au
Cnrtiil. du chapiire en 1206 et dans un titre de 1225 aux Arch. nat.,
S, 5208, Ansellus à l'obituaire (ms. 305, 23 avril) (ms. .305, 23 avril);
Ansiaus dans un acte original d'entreravestisseraent de 1246 aux Arch. du
Pas-de-C, Ansel axiNècrologc, 1247, 1-*.
1. Zelischriftfur romanischc Philolofjie, t. VI, p. 387-390.
2. Jac. Meyer, Annales reriun Flandr., p. 61. — Hennebert, Hist. ;/ên.
d'Artois, t. II, p. 293. — Dom Devienne, HisL d'Artois, seconde partie,
p. 127. — Achmet d'Héricourt^ Les Sièges d'Arras, p. 34. — E. Lecesne,
Hist. d'Arras, t. I, p. 113. L'opinion de M. Cloëtta, qui fl.<e au printemps
de l'année 1199, la composition de la Pastourelle, n'a donc rien que de très
vraisemblable. V. Archio fur das Stud. d. n. Sprachcn, t. XCI, p. 46.
Cf. Essai sur Adan de le Haie, p. 551.
LA SATIRE A ARRAS AU XlII'' SIÈCLE 16o
Sans s'arrêter à ces discussions collatérales, M. Gaston Ray-
naud a pensé, non sans raison, que la solution directe du pro-
blème doit se trouver dans l'identification des personnages
cités au Congé. C'est dans ce sens qu'il a dirigé ses recherches;
et si elles n'ont pas abouti, du moins quant aux précisions,
la faute en est à l'erreur commune sur le véritable caractère du
Registre de la confrérie.
Reprenant donc l'enquête d'après les nouvelles données
nécrologiques, nous allons demander à une statistique rigou-
reuse quels sont, parmi les personnages du Congé, ceux dont
la mort certaine est antérieure à 1248, et quels sont ceux qui
survivaient à cette date. La balance des chiffres décidera
entre les deux systèmes contraires.
Le Congé comprend, au maximum, cinquante indications
personnelles, dont treize consistent en titres, prénoms et
autres signalements trop vagues pour qu'on puisse reconnaître
et affirmera priori l'identité de ceux auxquels ils s'appliquent '.
Dix autres personnages, plus clairement désignés, n'ont laissé
aucune trace au Nécrologe, non plus que dans les autres docu-
ments du temps : ce qui porte à vingt-trois le chiffre des
récusations préalables".
Reste donc à recueillir vingt-sept témoignages. Ils se répar-
tissent de la manière suivante :
Dix noms inscrits dans les listes mortuaires de la première
1. DansMéon. Vers 26 : L'oncle et le neveu. —V. 218 : Baudeet Tumas.
— V. 229 : Le monoier. — V. 2.5.3 : Baude. — V. .322 : Li markeant. —
V. .3G2 : Bernart. — V. 403 : Signor Mahiu. — V. 424 : Le castelain de
Biaumés. — V. 446 : Le castelain d'Arras et Bauduin son fils. — V. 4.59 :
Le maire d'Arras. — V. 475 : L'avoeresse de Béthune.
2. Vers 73 : Robert Werri . — V. 169 : Waignet. — V. 157 : Waubert le
Clerc. — V. 180 : M'" Renaut de Biauvais. — V. 316 : Pieron Wasket. —
V. 319 : Huon Durant. — V. 350 : Baude Bolard. — V. 362 : Robert al
Dent. — V. 410 : Jofroi le Mire. — V. 437 : Wibert de le Sale.
M' Renaut, ce trouvère ignoré, me paraît être l'auteur du très remar-
quable serventois publié par Jubinal sous le nom de maître Renas {Hist .
lut.,, XXIIl, 705). Waignet rappelle « Caignés vielère » f 1200, 2' et Baude
Bolart pourrait être à « Bodart Baldus » f 1203, 3^
Moyen Age, t. XIII 12
166 A. GUESNON
partie du siècle se retrouvent également dans la seconde, de
sorte que l'homonymie en laisse tout d'abord l'attribution
llottante entre les deux hypothèses \
Deux noms seulement sont postérieurs à 1250'.
En revanche, il y a dans le Cofujc quinze mentions, toutes
antérieures à 1248^ qu'on ne rencontre plus à Arras après cette
date, ni dans le Nécrologe ni ailleurs'. Le poids de cette
1. Vers 16 : Jehan Bosket,i- 1227, 3'*, peut-être oncle ou neveu (v. 26) de
Balduinus Bosket, échevin en 1201. Un autre, échevin en 1247, f 1252,1"'.
— V.37 : Simon Disier, lisez d'Isier(f/r' /.sr7'o,Izel-les-Equerchin), 71245,1'''.
Ms. 740, Obit, 29 août. Un autre -|- 1261, l^ avait des maisons à l'entrée de
la rue de la Warance, d'après les Hostarjia de 1261, f" 22. — V. 121 :
Robert Cosset, cité dans le pouillé des rentes de Saint- Vaast en 1170; dans
le Cartul. du chapitre, acte du 3 avril 1212 ou 1213 (année incertaine) ;
comme clerc dans le Cartul. de l'Évcchè en 1222. Un autre f 1272,
3\ etc. — V. 133 : Warins (li joglere), 1203, T'. Autres f 1234, 3''', 1236, 3',
1271, 1'*. — V. 193 : Nicole le Carpentier -|- 1210, 3-. Autre aux comptes
du bailliage d'Arras, 1300, 1305. — V. 241 : Bertel; Jacques Bretel, échevin
en 1223, f 1229, V\ Jehan Bretel, t 1244, 2'". Jehan Bretel, le trouvère
Y 1272, 1^'. — V. 265 : Baudouin Fastoul et sa femme Marie, bourgeois
d'Arras en 1212-13 (Bibl. d'Arras, Cartul. dcMareull, dans Le Pez, p. 130),
« Bauduwin Fastoul «.échevin d'x\rras en 1213 (Arch. nat., S, 5208). Fasto-
lius Baudes, f 1213, 2'. Autre Bande Fastoul, échevin en 1265 (Bibl. d'Arras,
ms. .316, p. 261). — V. 289 : Robert Piédargent, f 1228, 2-" ; autre, f 1230,
2-« (Cf. Robert Piédargent, dansGuiman, en 1170, f 1196, 3^" (Voir Obit.
ms. 740, 28 nov. et 18 oct.). M. Guy relève un Robert Piédargent de
l'hôtel de Charles d'Anjou, à Naples. — V. .329 : Bertran? Bertran fils
Tieson, 7 1200, 3'\Bertran Nicole, t 1234, 3". Bertran, f 1275, 3^ - V. 400 :
Ansel, Anselmus f rater majoris, témoin avec Robertus Louchars (v. 339),
dans une charte de 1206 {Cartul. du chapitre, f" 156-157). « Ansel frère
le maieur » dans un acte de 1225 (Arch. nat., S, 5208): « Pro Ansel frère le
maieur 1247, V'. » Autres Anselme au Xrcrol.. 1212, 1'''', 1252, 2",
1285, 2\ '
2. Vers 97 : Henri Bougier. — V. 327 : Martin Vredière (voir ces noms
dans l'Es.s<(i sur A'iau de le Haie, p. 559).
3. Vers51 : BauduinSoutemont.Zotemont,tl218, 3"-'' (Zotemonde, 7 1220,
2'). — V.64 : Girartd'Espaigne (Epagne, canton d'Abbeville), « Espaigne
Gérars » 71205, 2'". Cf. ms. 740, l" février, (Jb. Gerardnsde Hispania. —
V.85 : Berart, 7 1220, 2", 12.32, 'S'\ 1240, 3'' (Beiarde, 1270, 3='). -V. 97:
Henri le Noir, 7 1202, 2'. - V. 109 : Jakes au Dent, 1 1217, 1''. - V. 121 :
Mahiu Cosset, témoin de l'acte de 1212-1213 relevé dans la note précédente,
au vers 121, à propos de Robert Cosset. Cosses Matheus, f 12.37, 3'. —
LA SATIRE A AlUtAS Al' XIU" S1K( I.E 1C)7
dernière constatation entraînant logiquement les identifications
indécises dans le sens indiqué déjà par les vraisemblances,, la
croisade de Constantinople obtient, à deux noms près, l'unani-
mité des su tirages.
Les deux noms dissidents sont ceux de Henri Bougier et de
Martin \'redière. M. Guy les a relevés et s'en fait un argu-
ment contre la thèse adverse. Mais il convient de remarquer
que, d'après les manuscrits, HenriBougier n'est qu'une variante,
assez incertaine d'ailleurs, de Henri le Noir, mort en 1202, 2\
Si donc on veut voir là deux personnages distincts, encore
faudra-t-il, malgré tout, les supposer contemporains.
Il en est de même pour « Martin Vredière — de là fors ».
N'habitant pas Arras, il n'a pas dû trouver place au Nécrolorje.
L'inscription de 1261), 3", se rapporterait donc à quelque autre,
peut-être à son iils. Dans les deux cas, l'exception d'homo-
nymie paraît trop I)ien justifiée pour que ce détail équivoque
puisse infirmer les conclusions de rensembie.
V. 115 : \'aast Hucbedeu n'est pas au Xrrroloiji'. Il était fils de Sauwaloii
Huchedeu, VOfficialis du feu comte Philippe de Flandre, et chevalier en
1201, d'après une charte du mois de février de cette même année, n. st.,
datée de Saint-Jean -d'Acre (Arch. nat.. S, 5208, n" 38). — V. 205: Tiebaut
de le Piere était échevin en sept.\2\2 (Cai-f ni. /lu rjt(ipi.(re,\nèee CLXXVII),
témoin de lettres de Névelon le maréchal en avril 1217 (Teulet, Lai/r/(/'s,
p. 178); « Ad Petram Tiebaut, 7 1221, 2''' ». Le a mansus Theobaldi de
Petra » est mentionné en nov. 1233 (Supp. au Guiman de l'Évèché, n" 492).
— V. 277 : Raoul Ravouin, maire de la confrérie. « Rabuin Raol», -1-1204, V^
Cf. Rabuine Hehiis, f 1203, 2'. — V. 303 : Aliaume Piédargent, cité dans
Guiman, p. 204. échevin en 1201. a Alelmes », 7 1217. 2-'? Cf. ms. 740,
4 juin : Ob. Alelmus Pes argenti. — V. 331 : Mahiu le Fort, f 1235, V.
— V. ,339 : Robert Locart ou Louchart, témoin d'une charte de février 1205,
n. st., n° 530 du supp. de Guiman (cf. ms. 31G, p. 110), et avec Ansel d'une
autre charte de 1206 déjà citée plus haut. Loucardus Robert, 7 1222,3''. Voir
ms. 740, y août : Ob. Rob. Loucars et Hugo nepos. — V. 374 : Baude Wis-
tronaue : a Non clericus Raudes Wistrenaue », 7 1240, 2\ Cf. Guiman,
p. 201 : Domus Balduini Wistre. — V. 396 : Gérart Joie, «Gaudium Ghe-
rars », 7 1229, 3'". — V. 400 : Wibert de Biaumont, de Bclloinonte, échevin
en 1201, est cité en 1219 comme témoin d'une convention entre le chapitre
de Saint- Vaast au sujet de Hachicourt (Supp. au Guiman de l'Evêché,
n" 465) : « Montbel Wibers, » f 1234, 2\
168 A. GUESNÔN
Au surplus, il est une dernière date qui domine tout le débat
et tranche souverainement la question, c'est la mort de Bodel.
On s'est prévalu de l'absence de son nom dans les listes du
Nécrologe, ei, de part et d'autre, les raisons n'ont pas manqué
pour en expliquer la cause. Or, le nom s'y trouve inscrit en toutes
lettres, folio 6 verso, à l'avant-dernière ligne de la première
colonne. Bodel mourut peu de temps après la Purification,
c'est-à-dire vers la fin de février ou au commencement de mars
de l'année 1210.
Le Congé est donc bien de 1200 à 1202, comme le pensait
Paulin Paris\ et non de 1248, comme l'avait supposé Arthur
Dinaux.
1. Loc. cit., p. 796.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS
(1486-1521)
F»ar J.-A. BRXJTAILS
CHAPITRE III
LE PERSONNEL ET SES ATTRIBUTIONS
I. — Le personnel : les maîtres d' œuvre de pierre ; ils ne sont
généralement pas Bordelais ; ce qu'était un maçon ; les
divers ouvriers.
II. — La préparation des projets ; les commissions. Les attribu-
tions du maître d' œuvre: ce que Von appelait tailler le moule.
Les attributions des ouvriers, compagnons et manœuvres.
I. — Il serait téméraire de dresser d'après nos documents
un état complet du personnel occupé sur les chantiers. Par
contre, nous pouvons utilement étudier sa condition.
Nous avons vu que le maître d'œuvre du clocher de Saint-
Michel s'appelait Jean Lebas. Il convient de dire dès à présent
que le Jean Lebas engagé en 1464 et à qui revient l'honneur
d'avoir conçu le projet du monument et d'en avoir commencé la
construction, fut, au cours des travaux^ remplacé par son fils,
également appelé Jean Lebas'. Les Lebas étaient de Saintes*.
1. Baurein, Variétés bordelaises, t. V, p. 178 ; nouv. éd., t. III,
p. 102.
2. Voy. à la fin du présent travail l'engagement de Lebas père. — J. Lebas
père était marié à Peyronne Maleta, laquelle est nommée dans une recon-
naissance de dette reçue, le 22 novembre 1469, par Bracony, notaire à
Bordeaux. Le 23 octobre 1479 ("?), Lebas, maître de l'œuvre de Saint-Michel,
170 .I.-A. BRITAH.S
Le fils y roviïit quand il cessa d'être attaché de façon perma-
nente à la fabrique, le 28 septembre 1494. La flèche était alors
terminée depuis deux ans; mais on n'en avait pas fini avec
certaines constructions accessoires. En décembre 1494, Lebas
fut appelé pour donner des épures \ De la construction des
chapelles, des réparations soit de la flèche, soit des Jilloles,
d'autres maîtres furent chargés, Ramonin ou Romanin et un
Bertrand Champdavena, qui devait en réalité s'appeler Champ-
davoine.
Ces divers noms n'appartiennent pas au Bordelais. Aussi
bien notre pays ne fut jamais un foyer de l'art gothique:
ouvriers et formules venaient, celles-ci apportées par ceux-là,
des provinces de langue française; les grands édifices gothiques
ne pouvaient être élevés dans nos régions du Midi que par
des ouvriers étrangers. Pendant la période romane, la contrée
qui répond au département actuel de la Gironde fut tributaire
delà Saintonge: faut-il voir dans l'origine saintongeaise des
Lebas une continuation de ce courant artistique? Est-ce une
coïncidence pure? Je pose la question sans la résoudre.
D'une façon générale, maîtres et compagnons portaient des
noms inusités dans le pays: a GuillermusGeraldi, » Guillaume
Géraud, maître d'œuvre de Saint-André en 1420% Botarel,
maître d'œuvre de Saint-Michel en 1448', étaient peut-être
Bordelais; mais Colin Trenchant, maître d'œuvre de Saint-
André et de Saint-Seurin en 1425'', Henri Colas, Imbert
procéda au partage de ses biens entre ses deux flls^ l'un et l'autre nommés
Jean ; au premier, il attribua les biens de Bordeaux et du Bordelais :
« hostelz, terres, vignes, utenciiles, or et argent; » le second reçut les pro-
priétés de Saintonge. Sur la part de l'aîné, le père se réserva 100 fr. bor-
delais (Dartiguemale, notaire).
1. 2.3 décembre 1494. «A mestre Johan Lobas, demorant à Sanctes, per
certans jorns que abe obrat en l'obre et jjer balhar los treytz per acabar
lo pilar de las letrines et per far l'uteu de !a bouta dedens lo carney, V fr. »
2. 6 août 1420. G 284, f 2 v".
3. L'engagement de Botarel a été publié dans les Arc/ticcs historù/ucs
de la Gironde, t. VL pp- 52-56.
4. G 284, fol. 10 v"; Archioes historiques de la Gironde^ t. VII, p. 439.
DEUX CHANTIERS RORDELAIS (1486-1521) 171
Boaclion, Mathelin Galopin, maîtres de Saint-André dans les
premières années du x vr siècle, appartenaient à d'autres contrées.
On en peut dire autant de la plupart des ouvriers. A Saint-
Michel : Petit Jean do Fougères, Grand Jean de Niort, le
Picard, Miclieau, Georges Clissonneau, Yvonet Alain, André
Balliveau, Huguet Bauducheau, François Bauduclieau, Colas
Baluteau, Guillaume Legay, Jean Moureau. A Saint-André : le
Normand, Jean d'Anjou, le Baron, Pierre de Tours, le Poi-
tevin, Jean Gomet, Antoine, maître Jacques, maître Boileau,
Bortheau, Simon Meschin, maçons; Jean de la Saussaye^
et Robert Paperoclie, verriers ; Jean Savoy e, Rochelle, le More,
faiseurs de mortiers, etc.VImbert Boaclion employait, à un
moment donné, un compagnon allemand^
Les maîtres d'œuvre étaient qualifiés m«r?o/?s; «Maistre Ma-
thelin Galopin, maistre masson de ^esglise^)) Ce mot n'avait
pas une signification aussi précise qu'à présent, ou plutôt,
suivant la marche habituelle de la spécialisation du travail,
le maçon de nos jours a des occupations beaucoup moins variées
que le maçon de jadis. Les maçons payés par P. du Grava
étaient employés tantôt à tailler les pierres, tantôt à les poser:
l'un d'eux, en 1487, était chargé de faire l'arc de l'orgue,
« tantper tailhar que pousar* )), Ainsi en est-il â Saint-André,
où les mêmes ouvriers sont dits maçons et tailleurs de pierres:
les comptes nous montrent indifféremment des « massons »
occupés à tailler la pierre' et des « latomi » qui maçonnent des
1. Les registres des notaires du temps signalent à Bordeaux d'autres
ouvriers qui sont d'origine française, par exemple: Jean Ravel et Jean Le
Bargavel, maçons, de la paroisse Saint-Michel (24 janvier 1466; Jouan,
notaire); Jolîrion Taupin, maçon, Gervais de Melin, charpentier (26 mars
1478; Dartiguemale^ notaire); Jean Giraud, alias de Saumur, charpentier
(12 avril 1480; Dartiguemale, notaire).
2. .31 mai 1510. G 505.
3. 11 février 1521. G 509.
4. 21 juillet 1487.
5. 21 mars 1518. « Lors les massons ne faisoit que tailler la doelle »
(G 508).
172 J-A. BRUTAILS
fondations'. Ces ouvriers étaient, en d'autres termes, à la fois
tailleurs de pierre et maçons, à la façon de ces artisans dont
les armoiries portaient un marteau, une bretture, une équerre
et une truelle*. Botarel, maître d'œuvre entré au service de
Saint-Michel en 1448, est également qualifié maçon, et cepen-
dant son apprenti devait, pour être agréé, « savoir tailler suffi-
samment». Au XVII'' siècle encore, les maçons àoni M. Roborel
de Cl i mens a recueilli les seings manuels ' signaient en
dessinant une bretture, un profil mouluré, une équerre, un
compas ou enfin des signes étranges, qui étaient peut-être la
marque de tâcheron qu'ils traçaient sur la pierre".
Les maîtres d'œuvre étaient donc des tailleurs de pierre
ou plutôt des appareilleurs. Dans la construction gothique,
dont l'ossature, savamment équilibrée, est réduite au volume
minimum, la perfection du trait constitue une qualité essen-
tielle. Aussi le chef du chantier est-il tailleur de pierre, lato-
mus, suivant le terme appliqué à Jean de Chelles'; tailleur de
1. 24octobre 1511.«Magister Imbertus et sex latomi qui fecerunt pillare
usque ad summitatem terrarum o (G 505). — 5 janvier 1512. Ibid., etc.
— Aux termes des statuts de juillet 1673, quand un compagnon maQon
se présentait pour faire un chef-d'œuvre, on lui donnait « une pièce
de trait et une pièce de main ». Les maîtres étaient dits « maistres massons
et architectes» (Anciens et nouceaux Statuts de Bordeaux, éà. àQVlQil^
p. 119).
2. Lance, Dictionnaire des architectes français, t. L introduction.
pi. VI et VIII, flg. 42 et 54. — M. Schneegans a cependant noté à Strasbourg
la distinction entre maçons et tailleurs de pierre {Annales archéologiques,
t. VIII, p. 149).
3. M. Roborel de Climens, qui a publié partie de ces signatures curieuées
dans le t. XXXI des Archices historiques de la Gironde (pi. V), a bien
voulu me communiquer celles de ces signatures qu'il n'avait pas repro-
duites.
4. On trouve des marques de tâcherons bien en deçà de la date assignée
à leur disparition. Il y en a, sur l'abside de la cathédrale d'Aire, qui doivent
être du xviii' siècle.
5. VioUet le Duc, Dictionnaire d'architecture, t. IV, p. 347. — Pour
tout ceci, cf. V. Mortet, Maurice de Sully, pp. 112 et suiv. — Je n'ai
qu'une réserve à faire: à Bordeaux, Voperarius, obrer, n'est pas un em-
ployé, mais un délégué de Vœurre, de la fabrique.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 17.3
pierre ou a maître en géométrie », comme s'intitule, en 1425,
Colin Trenchant'. Lorsque, en 1416-1417, le chapitre de
Girone convoqua les maîtres d'(uuvre de la contrée pour prendre
leur avis en vue de l'achèvement de la cathédrale, tous ces
maîtres d'œuvre, sauf deux, dont la profession n'est pas spéci-
fiée, sont dits lapicida. Canet, le maître d'œuvre de la Séo
d'Urgel, taillait non des blocs deconstruction, mais des statues*.
11 est vrai que la cathédrale d'Urgel était à cette époque
terminée depuis longtemps, et le rôle de Canet devait se borner
aux travaux d'entretien \
Dans un passage du commentaire qu'il a consacré à l'Album
de Villardde Honnecourt*, Lassus distingue du maître d'œuvre
l'apparcilleur, et de celui-ci le tailleur de pierre: le premier
aurait arrêté et dessiné les projets ; le second aurait tracé les
épures; le troisième aurait donné aux blocs la forme prescrite
par le maître et Tappareilleur. En réalité, le maître d'œuvre
était lui-même un ouvrier.
Le personnel du chantier de Saint-Michel comprend, d'une
part^ un chef maçon, qui est le maître d'œuvre ; d'autre part,
des maçons. Nous ne voyons pas à Bordeaux cette hiérarchie
des maîtres mages, maîtres de pierre et peyrers que l'on
trouve, par exemple, à Montpellier\ Toutefois, dans lenombre
des maçons de Saint-Michel, il en est qui sont vraisembla-
blement l'âme du chantier : les deux calets de Lebas, comme
l'apprenti et le maçon de son prédécesseur Botarel, doivent
être des façons de contre-maîtres, communiquant autour d'eux
la pensée du chef ouvrier et veillant à ce qu'elle soit fidèlement
1 . Cf. Renouvier et Ricard, Dos Maîtres de pierre de Montpellier,
p. 19.
2. Espana saf/rada,t. XLV, pp. 227-244.
3. Il y eut, il est vrai, des remaniements opérés à la cathédrale romane:
on ajouta, par exemple, des arcs-boutants. Je n'ai plus les détails assez
présents à la mémoire pour juger si ces arcs-boutants peuvent être du
xv" siècle et du temps de Canet.
4. P. 148.
5. Renouvier et Ricard, Des Maîtres de pierre de Montpellier, p. 26.
174 J.-A. nUUTAILS
interprétée. Parmi les compagnons maçons, certains avaient
leur valet ^: d'autres avaient été amenés par le maître d'œuvre,
tel son neveu \ ou étaient depuis longtemps embauchés. Ils
devaient maintenir les traditions du cliantier, comprendre les
ordres à demi-mot et avoir sur le reste des ouvriers une
certaine autorité de fait. C'est le cas d'Huguet Bauducheau,
que Baurein' et l'abbé Corbin '' ont pris, celui-là pour un archi-
tecte, celui-ci pour un entrepreneur. Bauducheau était un
compagnon maçon aux gages de l'œuvre; il était particuliè-
rement courageux et dévoué, et de son zèle il donna une preuve
le jour où il consentit à maçonner le faîte de la flèche avec
GuiHaume Le Reynart, que l'abbé Corbin donne, j'ignore
pourquoi, comme un appareilleur''. Le jour où futclos le dixième
exercice de la gestion de P. Du Grava et de Grimon Eyquem,
le 31 août 1496, Bauducheau reçut une gratification, en
reconnaissance des services par lui rendus pendant dix ans, « de
nuit et de jour ».
Les comptes de Saint-André ne m'ont pas laissé l'impression
d'un chantier aussi fortement organisé. Ils mentionnent une
fois le « garson » du maître de l'œuvre^; mais nous ne savons
ni ce qu'était ce « garson )),ni à quel titre il est partie prenante.
Quant aux servitores du maître, si souvent nommés dans ces
comptes, ce sont simplement les compagnons dont était com-
posée l'équipe travaillant sous ses ordres. Quelquefois, assez
1. 21 juillet 1488. « Au veylet de Pyerres Charretier, masson,per V jorn.
que ave obrat en l'obre. » — 8 janvier 1497. « A Colas, per son veylet, per
aber talhat LXIll pes de queyria, monta I fr. II (sic) ard. »
2. 16 décembre 1488. « Au nebot de mestre Johan Lobas, per XVII jor-
naus. »
3. Variétés bordelaises, t. V, p. 159; nouv. éd., t. III, p. 90.
4. Saint-Michel de Bordeaux, p. 132.
5. Ibid.
6.11 février 1521. a A maistre Mathelin Galopin, maistre raasson de
l'esglise, pour son garson, » 15 liv. tourn. (90fr.).(G 509). —Le 15 sep-
tembre 1511, le 16 du m('me mois et le 16 du mois suivant, le registre de
comptes de Saint-André signale le charretier de maître Imbert, maître de
l'œuvre, et le charretier de maître Henri, ancien maître de l'œuvre (G 505).
DEi;x CHANTIERS RORDELAis ( 1-186-15::21) 175
rarement d'ailleurs, les registres signalent d'autres maçons en
dehors de ce^servitores^; peut-être le maître avait-il embauché
ceux-ci et non ceux-là; peut-être aussi les premiers travaillaient-
ils aune autre besogne que celle qui retenait le maître et ses
servants.
Parmi les ouvriers des autres corps d'état il faut énumérer
un chaufournier, qui fut employé â Verteuil à faire la chaux
pour la fabrique"; des baradiers ou terrassiers', chargés de
creuser les fosses de fondation; les manœuvres, manobras, ma-
nobveys; les ouvriers de bois, qui se distinguaient en menuisiers
et en charpentiers, à rencontre de ce qui se passait dans certaines
provinces, où les uns et les autres étaient confondus sous la
dénomination de fastiers * ; les plombeurs , recouvreurs de
plomb ou estaigniers, qui faisaient les couvertures de plomb "";
les recouvreurs de tible, couvreurs de tuile, bien distincts des
plombeurs et des couvreurs d'ardoise, etc.
II. — L'élaboration du projet de construction était le premier
travail du maître d'œuvre. Le 28 juin 1429, le chapitre de
Saint-André adopta le dessin qui lui était soumis par le maître
d'œuvre pour le clocher dit de Pey-Berland\ Quelques années
auparavant, en 1416, Tévêque et le chapitre de Girone avaient
décidé de confier le soin de tracer un dessin pour l'achèvement
de la cathédrale à deux des maîtres d'œuvre qu'ils appelaient
à donner leur avis sur cet achèvement'.
1. 1511. G 505, passim.
2. 28 août 1511. G 505.
3. 17 juillet 1519. « A six baradiers, qui avoient besoingné à faire la
fosse du pilier » (G 509).
4. Renouvier et Ricard, Des Maîtres de pierre et des autres artistes
t/ot /i if/ lies de Montpellier, Tp. 57. — Cf. mon Étude arc/iéoloi/ique sur le
Cdstillet de Notre-Dame de Perpignan, p. 65.
5. 1515-1516. Pierre Biguet, « maistre plumbeur » (G 508). — T' sep-
tembre 1519. « Au plumbeur, en déduction de son marché » (G 509).
6. G 284, fol. 15. — Le 7 février 1511, le chapitre de Saint-André décide
de payer un écu d'or à l'ancien maître d'œuvre « pro certis laboribus per
ipsum adhibitis in ordinacione pillarium fiendorum in ecclesia » (G 505).
7. Espaiia sar/rada, t. XLV, p. 229.
176 J.-A. BRUTAILS
Quand le problème à résoudre était délicat, on recourait aux
lumières d'un ou plusieurs maîtres étrangers; on provoquait
Tavis d'un constructeur ayant fait ses preuves ou de plusieurs.
En 1521, on paya 16 livres tournois (96 fr.) « au maistre de
Condon pour la visite qu'il avoit faicte en l'esglise » de Saint-
André'. En 1493, trois maîtres reçurent mandat de vérifier la
solidité du clocher de Saint-Michel, au sujet de laquelle des
bruits fâcheux couraient dans le public. Les chanoines de
Saint-André nommaient très fréquemment des commissions
de ce genre : le 18 mai 1508, commission de trois charpentiers,
de trois maçons et du maître d'œuvre pour visiter un échafau-
dage'; le 8 avril 1510, commission de quatre maîtres maçons
pour examiner la rosace du transept nord et les arcs-boutants ;
le 6 juin de la même année, commission de cinq maîtres pour
voir la même rosace; le 26 novembre, commission de trois
experts pour évaluer un échafaudage ; le 4 janvier 1511, com-
mission de deux maîtres pour fixer la place d'une pile d'arc-
boutant ; le 14^ commission de cinq maîtres pour juger le
projet, « patronum », de pilier dressé par le maître d'œuvre :
ils proposent d'élever deux piliers, et ils les estiment, fonda-
tions non comprises, à 1,400 livres tournois (8,400 fr.); le 24,
commission qui amène le chapitre à construire trois piles;
le 9 octobre 1511, commission de quatre maîtres et du maître
d'œuvre pour examiner une fosse de fondations ; le 1"'' juin 1512,
commission pour évaluer les travaux exécutés par l'entrepre-
neur des piles en dehors du devis.
Enfin, le clergé, pour le compte de qui étaient faits les tra-
vaux, pouvait intervenir et décider par lui-même. Dans la nuit
du 2 décembre 1511, un éboulement se produisit dans la tran-
chée faite pour fonder une pile à Saint- André; le lendemain^
1. 9 avril 1.521. G 509.
2. Ces dates sont celles des mentions qui sont laites desdites commissions
dans les registres des comptes. Il faut ajouter, en ce qui concerne Saint-
Michelj une commission donnée à Jean Lebas et à un maître charpentier
pour visiter le beffroi des cloches (l::^ décembre 1495).
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 177
les chanoines se rendirent sur le chantier et prescrivirent
d'engager vingt-quatre hommes pour hâter l'épuisement'.
Le traité conclu en 1448 entre Bolarel et la fabrique de
Saint-Michel spécifie qu'il était chargé d'embaucher les maçons.
Il en était vraisemblablement de même des autres maîtres
d'oeuvre, dont certains paraissent avoir payé la main-d'œuvre,
qui leur était ensuite remboursée ^ Pour la surveillance des
travaux, le pointage des fournitures à l'entrée, etc., on délé-
guait un homme de confiance \
Les divers corps d'état n'étaient pas soumis a une direction
unique, comme ils sont aujourd'hui soumis à la conduite de
l'architecte : Jean Lcbas, par exemple, était « maître après
Dieu des œuvres de pierre de Saint-Michel»; charpentiers,
couvreurs, fondeurs, besognaient indépendamment de lui.
V^ioUet le Duc a signalé ce manque d'unité dans les chantiers
du xv" siècle, où « chaque corps de métier travaille de son
côté » sur un projet préalablement dressé dans ses grandes
lignes*. C'est un maître menuisier au service de Saint-Seurin,
maître Thierry du Proys, qui fit deux dessins pour les boiseries
du chœur de Saint-Michel ' .
1 . G 505 .
2. 9 août 1511. En marge, après l'indication du prix de la journée des
manœuvres: « Imbertus dabat lasd. manobres illo precio » (G 505). —
17 avril 1517. « Compté les maneuvres à Xard. pour journée, que maistre
Mathelindit en payer aultant » (G 508). — C'est au maître d'œuvre qu'on
paye le salaire de ses compagnons. .30 juin 1508. a Magistro Henrico, ma-
gistro operis, pro quinque jornalibus per ejus servitores factis » (G 504). —
Cf. 18 janvier 1511, G 505; etc.
3. 17 octobrel511. Arnaud de Basterot a visité de nuit et de jour les ouvriers
travaillant à fonder les piles des arcs-boutants; son serviteur a passé des
nuits à compter les charretées de sable et de terre apportées ou enlevées
par les charretiers (G .505). — C'est le portier du chapitre qui fut chargé,
en 1511, de suivre la fabrication de la chaux à Verteuil(G 505).
4. Dictionnaire d'archtfrctiwe, t. 1, p. 11.3.— Cf. Lance, Dictionnaire
des architectes français, introduction, p. xi.
5. 12 octobre 1494. « A mestre Tierri du Proys, menuzey, mestre de
Sanct-Seurin, per aber feyt dos pertreytz per le cor de la gleysa de Sanct-
Miqueu, monta I [escut] ausorelh, II fr. XXV arditz. »
178 J.-A. BRUTAILS
Toutefois, le maître des œuvres de pierre était par excellence
le maître d'œuvre. Ayant élaboré le projet d'ensemble de l'édi-
fice, il était consulté quand il s'agissait d'en exécuter les di-
verses parties ' : lui seul savait exactement la raison d'être des
formes auxquelles il s'était arrêté, et il devait avoir, en fait,
la haute main sur tout le chantier".
Le maitre n'avait pas seulement à faire fonction d'architecte.
Lebas était astreint par son contrat, sauf le cas de maladie, à
travailler de ses mains, à faire œuvre d'appareilleur : il donnait
le trait, et quand il ne fut plus là, les maîtres d'œuvre qui le
remplaçaient ordonnaient les molles'.
Quicherat a écrit sur les molles, dans l'architecture du
moyen âge, une page fort curieuse''. Il s'agissait d'expliquer
un dessin et d'interpréter une légende de Villard de Honne-
court. Le dessin représente des demi-cercles concentriques;
les deux demi-cercles extérieurs sont
inachevés et ils sont réunis par une
Jauge en bois. La légende porte :
« Par ehu tail om le mole d'on grant
arc dedens 111 pies de tère '. »
« Ainsi taille-t-on le mole d'un grand arc dedans 3 pieds de
terre. »« Tailler le mo?^/e, dit Quicherat, c'est découper avec
ses élévations et profils, c'est sculpter un claveau qui pourra...
1. C'est ainsi que Jean Lebas fut, nous l'avons vu, adjoint à un mattre
charpentier pour visiter le beffroi (12 décembre 149Ô). — Il existe à Bor-
deaux une église récente dont le clocher est menacé parce que les charpentiers
ont établi le beffroi un étage plus haut que ne l'avait prévu l'architecte.
2. Le maître d'œuvre pouvait aussi être chargé des achats de matériaux
f3 juillet 1.519. G 509). — 8 août 1519. « Au maistre masson pour avoir
du ribotpour lespiliers, «20 liv. tourn. (120 ir.). (G.509). — Le maître d'cnuvre
de Saint-André était, au xv" siècle, chargé d'entretenir l'iiorloge (9 oc-
tobre 14.31, 1.3 février 1432, etc. G .503).
3. 5 novembre 1495. « A mestre Rauionla et mestre Bertrau Chanip-
dabena, per ordenar la place deu pilar qui se fey devert Sancta-Susanna et
perordenar lo molle deud. pilar. »
4. Mèlanf/es, t. H, p. 260. — Cf. l.cnoxwVArchlterini-cmonasdiinc,
t. n, p. 272-273.
5. Cf. Lassus, Alhwndc ViUard de Honnccoiirt, pi. XXXVIII.
DEUX CHANTIERS RORDELAIS (1486-1521) 179
servir de modèle à tous les autres claveaux du même arc.
Maintenant, que les mots dedans trois pieds déterre indiquent
la surface ou le volume de terre suffisant pour l'exécution du
modèle; que trois pieds soit une quantité réelle ou seulement
un indéfini synonyme de peu considérable ; que les trois demi-
cercles concentriques de la figure^ placés sous le segment que
l'opération a pour but de produire, soient là pour enseigner la
marche de l'opération ou à toute autre fin : peu importe; l'exé-
cution du modèle en relief est mise hors de doute. » En consé-
quence, Quicherat considère comme acquis « le fait d'un relief
préliminaire... La figure le prouve par \iijaiir/e qui est appli-
quée sur son segment extérieur » .
Il me semble que dans cette dissertation Quicherat s'est
mépris et sur le sens des mots et peut-être sur la signification
du dessin. Débarrassons-nous d'abord de la difficulté philolo-
gique.
Tailler le mole peut se dire de l'opération qui consiste à
découper un panneau pré.sentant le profil adopté pour un
membre de construction. Le 10 décembre 1495, la fabrique de
Saint-Michel payait « maitre Gilet », Gillet Barau, menuisier,
« per talhar lo molle deu pilar qui es devert S*'-Susanna »,
pour tailler le molle du pilier placé du côté de la chapelle de
Sainte-Suzanne. Tous les molles dont il est question dans ce
compte de Saint-Michel sont faits par le menuisier \ ce qui
indique bien que c'étaient des panneaux de bois. Ce mot se
retrouve d'ailleurs à plusieurs reprises dans l'Album de Villard
de Honnecourt, et je ne crois pas qu'il ait jamais là le sens de
modèle en relief : les « molles des chapiéles» de Reims', par
exemple, sont les patrons des membrures de ces chapelles.
1. 14 octobre 1487; 10 décembre 1495; 2 janvier 1496; 11 août 1496:
6 novembre 1496. — Les prix sont de 13 liards (0 fr. 97), 54 liards (4 fr. 05),
10 liards (0 fr. 75) et 12 liards (Ofr. 90). Le salaire d'un menuisier étant
de 24 liards (1 fr. 80), le prix de 54 liards est bien élevé pour un simple
patron de bois. Sans doute, le menuisier fournit plusieurs exemplaires
d'un molle.
2. Lassus. pi. LXII; Quicherat, Mélanges, t. II, p. 279.
180
J.-A. HHL'TAILS
Encore au temps do Philibert de L'Orme, les ouvriers appe-
laient moules des panneaux « suivant lesquels, dit cet auteur,
ils trassent le pourfil d'une corniche, d'un architrave, d'une
basse, ou autre sorte de moulures' )). Et pour qu'il n'y ait pas
d'erreur, Philibert de L'Orme ajoute que « se font lesdicts
moules de cuivre, de bois, de fer blanc ou papier de charte ».
Ainsi donc, tailler le mole exprime tout autre chose que sculpter
un modèle en relief.
La présence de HJaitge sur le croquis de Villard n'implique
pas davantage la nécessité d'un relief. Quicherat a compris que
le petit côté de l'angle donné par
l'évidement de la jauge est appliqué
sur la face d'extrados du claveau, tan-
dis que le grand côté adhère à la face
de tête. Je ne vois pas du tout pourquoi
la jauge serait ainsi placée au lieu
d'être posée à plat.
D'autre part, rien dans les traditions de nos chantiers n'ap-
puie l'explication de Quicherat. Un pareil modèle en relief
n'aurait été d'aucune utilité. En un mot, toutes les raisons sont
contre cette théorie. Aussi Lassus et Darcel se sont-ils, sur ce
point, séparés du maître ^
Quelle est donc la pensée que Villard a voulu exprimer?
Quel est le procédé dont il a fixé le souvenir par ce croquis
mnémotechnique? Voici ce que j'ai compris.
La jauge indiquée dans ce croquis n'est pas un biveau à
branche courbe, comme le verrier en a figuré un sur le vitrail
de Chartres où sont groupés les outils des ouvriers de pierre' :
la branche courbe serait beaucoup plus développée, et d'ailleurs
le texte ne s'accommode pas de cette explication. Cherchons
donc autre chose.
1. L'Avchito.cturc, liv. III, ch. iv, Rouen, 1648, f. 56 i>".
2. Album de Villard dp Honnccourt^ p. 146.
3. Publié dans les Annales nrchcologir/iu>s,t. VIII, p. 49. — Cf. Philibert
de L'Orme, op. cit., t. 56 v°.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 181
Il faut se rendre compte d'abord que dans ses « estrasces de
géométrie )), dans ses recettes empiriques à l'usage des appa-
reilleurs, Villard se préoccupe à plusieurs reprises des moyens
de décrire l'une des courbes du voussoir, l'autre courbe et les
rayons étant connus : fol. 20 v", moyen de tailler les voussoirs
« par esscandelon' » ; fol. 21 r°, moyen de donner au voussoir
« se tumeie' », sa courbe, ou, pour serrer le sens de plus près,
sa courbe convexe, sa courbe d'extrados. La première de ces
deux formules est particulièrement intéressante : la courbe
intérieure et les rayons étant donnés, on parvient à tracer un
arc de cercle concentrique à cette courbe en se servant d'une
règle, d'une jauge de longueur égale à la distance ménagée entre
Tune et l'autre courbe.
Cela étant, si un traceur en possession de ce procédé veut
obtenir l'épure d'un claveau dans une aire très restreinte,
« dedens 3 pies de tère », comment s'y prendra-t-il? Il com-
mencera par décrire un arc avec un rayon aussi grand qu'il 'e
pourra sur cette aire; c'est ce qu'indiquent dans le croquis les
demi-cercles achevés. Après quoi, à l'aide de la formule dont
il vient d'être question, il décrira un segment de cercle con-
centrique à cet arc; puis un second segment concentrique au
précédent, un troisième con- »
cen trique au second, et ainsi
de suite jusqu'à ce qu'il soit
arrivé à la courbure convenable
pour l'intrados de son claveau;
il fera alors une dernière fois
la même opération, en prenant
soin de laisser entre les deux
segments concentriques un intervalle exactement égal à l'épais-
seur du claveau. Tout cela peut être faitdans un très petit espace,
parce que rien n'oblige à conserver sur le terrain tous ces seg-
ments. Si, par exemple, on procède de droite à gauche, quand on
1. Lassus, pi. XXXIX et p. 158 ; Quicherat, p. 261.
2. Lassus, pi. XL et p. 163; Quicherat, p. 261.
Moyen Age, t. XIIL 13
182 J.-A. BRUT AILS
manquera de place, on reportera le dernier tracé AB à l'extré-
mité droite de l'aire, et on poursuivra. Dira-t-on que c'est un
amusement, une devinette^ plutôt qu'une méthode pratique et
courante ? Tel n'était pas l'avis de VioUet le Duc, qui fait
observer « que lorsqu'il s'agissait d'élever une cathédrale
comme celle d'Amiens ou de Reims, il eût fallu pour tracer,
grandeur d'exécution, toutes les épures simultanément néces-
saires, un emplacement plus vaste que n'était la surface occupée
par le monument... L'album de Villars de Honnecourt, dit-il
ensuite, indique plusieurs procédés propres à tracer des pan-
neaux de claveaux d'arcs sans le secours d'une épure
d'ensemble' ». Au surplus^ je n'ai pas trouvé d'explication qui
répondît de façon aussi satisfaisante au croquis et à la légende
qui l'accompagne.
Le maître d'œuvre de Saint-Michel, quand il ordonnait le
molle, arrêtait donc les profils et en traçait l'épure; après quoi,
le menuisier taillait le molle, c'est-à-dire que suivant cette
épure il découpait dans des planches des panneaux destinés à
être remis aux maçons.
Ces maçons, nous l'avons vu, étaient à la fois tailleurs de
pierre et maçons.
Quant aux manœuvres, on les employait à éteindre, estuyav,
la chaux, à détremper le mortier, à le faire, à servir les maçons,
à ramasser la pierre, à descendre les échafaudages, à tordre
les liens d'osier pour les lier, sans aucun doute aussi à manœu-
vrer les engins pour le levage des pierres, ce qui explique
pourquoi ils sont si nombreux quand on maçonne haut. Ils sont
également chargés de tirer l'eau des tranchées, d'en extraire
les pierres et la terre, de passer les terres à la claie, de combler
les fosses quand les fondations sont faites, etc.
1. Dictionnaire d'arc/iitcclurc, t. VI, p. 439.
DEUX CIIANTIEKS BORDELAIS (1486-1521) 183
CHAPITRE IV
SITUATION SOCIALE ET CONDITION DES OUVRIERS
I. — Situation sociale: difficulté de V information; quelques
faits ; avances aux entrepreneurs.
II. — Conditions du contrat: différences suivant les chan-
tiers ; une grève. Le maître d'œuvre: engagement viager ;
obligation en matière de résidence ; la maison de l'œuvre;
garantie contre un renvoi arbitraire ; retraite pour la
vieillesse; assurance en cas de maladie. Compagnons et
manœuvres ; condition inférieure des manœuvres.
I. — Avant de rechercher hi condition faite au personnel du
chantier, il serait d'un incontestable intérêt de déterminer
quelle était la situation sociale des ouvriers \
Siméon Luce a fait un tableau très riant de la vie des mi-
neurs au xv^ siècle^; il dit notamment que les mineurs
possédaient des biens-fonds. En était-il de même des ouvriers
dont nous nous occupons? A priori, ce n'est guère probable,
étant donné les habitudes nomades des compagnons de jadis,
qui voyageaient de chantier en chantier.
Huguet Bauducheau^ Yvonet Alain étaient des fidèles du
chantier de Saint-Michel : le premier était embauché avant
septembre 1485, puisque le précédent trésorier lui devait 6 fr.b.
10 liards (27 fr. 75); il reçut, le 16 juin 1497, 27 fr. b. 24 liards
(123 fr. 30) pour solde de son compte. Mais bien des ouvriers
ne font qu'apparaître dans les registres: on les embauchait,
1. Des comptes plus anciens signalent le recrutement des charpentiers
parmi les lépreux. « [("ar]penteriis, videlicet leprosis, » dit un compte de
l'Archevêché, de 1383 (G. 236, f. 228 v"). Je n'ai rien trouvé d'analogue
pour les chantiers de Saint-Michel et de Saint-André.
, 2. La France pendant la Guerre de Ccnt-Ans, 2' édition, pp, 374-375,
184 J.-A. BRUTAILS
ils travaillaient quelques jours ou quelques mois, et ils conti-
nuaient leur voyage.
J'ai déjà fait observer que les noms des ouvriers décèlent une
origine étrangère à nos provinces. Ils pouvaient avoir des
biens chez eux : Colas Baluteau était propriétaire dans le
diocèse de Poitiers, d'où il était sans doute; il était fixé dans
le Bordelais, et il y mourut. Un certain nombre parmi les ou-
vriers avaient évidemment une résidence stable à Bordeaux :
Botarel, le prédécesseur des Lebas, était tenu d'employer de
préférence les maçons de la paroisse.
Ceux-là surtout devaient subir la force d'attraction qui^ dans
Tancienne France, retenait l'homme au sol. Pour eux, la terre
devait exercer la mission de paix et de stabilité sociales qui
lui fut si longtemps dévolue. C'est un instinct naturel que
celui de la possession : or, la fortune mobilière n'avait pas
acquis le développement énorme que nous lui voyons présente-
ment ; on ne connaissait pas ces combinaisons trop savantes
qui permettent à tant d'oisifs agités de percevoir les revenus
de valeurs en papier sans arrêter leur perpétuel exode. On ne
possédait pas sans un objet réel, tangible, de possession, et
c'est pourquoi tout le monde ou presque, propriétaire ou te-
nancier, puissant baron ou laboureur, était par des liens divers
attaché à un fonds. Nombre d'artisans bordelais avaient une
maison, et avec la maison un jardin et une petite vigne \
Il est malheureusement difficile d'arriver à un résultat précis
en ce qui concerne les ouvriers d'un chantier déterminé; sur
ceux même qui résidaient à Bordeaux nous n'avons que des
moyens d'information très limités.
Dans le testament du 17 avril 1504, par lequel il institue la
fabrique héritière, Colas Baluteau, l'un des maçons employés
par la fabrique de Saint-Michel^ dispose de divers biens dans
les diocèses de Bordeaux et de Poitiers".
1. Voir mon introduction au Ca/'^w/ai/'c de Salnt-Scurin de Bordeaux,
p. XLI.
2. G 2171. — Cf. du même un legs à la confrérie N.-D. des Maçons»,
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 185
Jean Lebas, qui avait sa maison d'habitation et son jardin
du côté de la rue Colombeyre\ possédait d'autres pro-
priétésj (( hostelz, terres, vignes, utencilles, or et argent »,
tant à Bordeaux et en Bordelais qu'en Saintonge'. Jean Lebas
fils nous apparaît en 1485 comme créancier de deux marchands
auxquels il avait vendu cinq tonneaux, soit vingt barriques de
vin'.
Les registres du notaire Pierre Dubosc renferment plusieurs
actes sur Harry Avelot, le maître charpentier et un au
moins concernant Guillaume Gauteyron, ce maçon qui tailla et
posa l'arc des orgues de Saint-Michel. Gauteyron acquit, le
27 février 1497 (n. st.), un jardin sis rue Permentade. Ce
paraît être le même Guillnume Gauteyron, mort dans les pre-
mières années du xvi'' siècle, qui, « à la fin de ses jours,
estoit vestu de plusieurs beaulx biens, tant meubles que in-
meubles*)).
Quant cï maître Harry Avelot, c'était un homme aisé, un
personnage. Il était, dès 1491, vistor, regardeur, visiteur de la
villes c'est-à-dire inspecteur chargé de veiller à l'observation
des règlements de police municipale en fait de charpenterie\
érigée en l'église des Carmes de Bordeaux (l"" mai 1504 ; G 2185) ; uu
échange de biens immeubles (7 décembre 1487; G. 2266, fol. 6 v°); enfin,
un acte relatif au contrat de mariage de sa femme avec un précédent mari
{ibid., in fine).
1. 27 juillet 1471. G 2266, fol. 15 v". — C'est sans doute le même jardin
qui est signalé, le 16 janvier 1484, n. st., parmi les confronts d'une maison
de la rue des Menus (G 2653). — La maison de Jean Lebas est également
indiquée dans des actes de 1474-75 et du 7 mars 1477, n. st., que renferment
les registres du notaire Dartiguemale.
2. Voy. plus haut p. 168, note 2.
3. G 2266, fol. 27.
4. 19 juillet 1513. G 2172.
5. 30 avril 1491. a Raymon Macip et Hanrri Havelot, mestres vistors de
la ville de Bordeu » (Registre du P. Dubosc, notaire). — 4 et 5 juin 1495.
« A mestre Harry Havelot et a mestre Guilhemin, carpenteys, vistors de
la ville . »
6. Sur les attributions des vistors, voy. les serments des cistors du cor-
dage et du merrain {Registres do la Jurade, t. I, p. 6), et surtout les
Anciens et nouveaux Statuts de Bordeaicx, passiin.
180 J.-A. RRITAILS
Il lit les pèlerinages de Rome et de Jérusalem, d'où il rapporta,
nous le savons, des indulgences pour l'œuvre. Enfin, il laissa
55 fr. b. (247 fr. 50) aux bénéficiei^ de Saint-Michel pour la
fondation d'un anniversaire \
Ces données se réduisent malheureusement à bien peu de
chose, et j'ignore si, même en tenant compte des lacunes iné-
vitables de l'information, elles légitiment une conclusion ^ Nous
savons que les maîtres d'œuvre n'avaient pas grand crédit et
que le chapitre de Saint-André, par exemple, faisait des avances
de fonds à son maître d'œuvre quand il avait traité avec lui
pour un travail de quelque importance'. Cela résulte sans
1. 24 avril 1493. Registre de P. Dubosc, notaire, — Le 25 mars 1495,
Harry Avelot fit un échange d'immeubles : il céda une échoppe et une
soulte de 100 fr. b. (450 lv.).{tl>id.). — d janvier 1496, n. st. Reconnaissance
pour une maison sise rue des Menus et touchant par derrière au jardin
d'Henri Avelot, charpentier (G 2653). — 13 avril 1507. Reconnaissance
par l'héritier de Henri Avelot (G 2615, fol. 131).
2. Voici, dans le même ordre d'idées, quelques faits glanés au hasard et sans
recherche préalable : 23 mars 1411, n. st. Mention de la vente d'une maison
par "Vidal de Martres, maître d'œuvre de Saint-André (G 1176, fol. 37 v").—
10 février 1448, n. st. Mention d'une aubarède appartenante Robert Bertran,
maçon (G. fonds de Saint-Pierre de Bordeaux). — 1497-98. Mention d'une
vigne appartenant aux héritiers de Pierre Charretier, tailleur de pierre de
la paroisse Saint-Michel; d'une maison avec jardin, tenue par Jean Du
breuil, tailleur de pierre: d'une maison tenue par Pierre Sourget, tailleur
de pierre (G 491). —3 mai 1508. Vente d'une moitié indivise d'une maison,
par Jean de Pout, menuisier (G 2727, f. 65). — 18 juin 1513. Reconnaissance
pour une vigne par Masse Boyn, maître menuisier (G 2615, fol. 22). —
11 juin 1517. Reconnaissance par Nicolas Baudroux, maçon, de la paroisse
Saint-Michel, pour des biens sis à Tresses (G 2798). — J'ai eu sous les yeux
un exemple de cette alliance de la vie industrielle et de la petite propriété
rurale : mon enfance s'est écoulée dans une gare de chemin de fer où bien
des employés étaient petits propriétaires. L'équipe de nuit était en grande
■ partie fournie par un village voisin ; ces hommes prenaient sur leur journée
quelques heures pour cultiver leur bien.
3. 24 décembre 1511. Avance de 100 livres à maître Imbert, en vue
d'acheter des pierres pour la construction des piles d'arcs-boutants (G 505).
— 16 juillet 1515 et suiv. Avances à maître Imbert Boachon et Mathelin
Galopin pour acheter de la pierre, pour payer les ouvriers, du bois, etc.
(G 507). — 22 décembre 1516. Avance d'un écu soleil â maître Fichon,
menuisier, pour acheter du bois (G 507).
DEUX CIIANTIEHS nORDELAIS (1186-1521) 187
doute, d'abord de ce que tel était l'usage, ensuite de ce que la
fortune manquait totalement de souplesse et de mobilité : les
institutions de prêt n'existaient qu'à l'état rudimentaire; la
rente constituée elle-même ne parait pas être entrée dans les
mœurs avant le xvi*' siècle, et pour gager une dette le pro-
priétaire foncier n'avait guère d'autre ressource que de
convertir un alleu en censive au profit du créancier' .
A un autre point de vue, les tendances égalitaires des an-
ciens chantiers provoqueront peut-être quelque surprise. Ces
admirables maîtres d'œuvre, qui ont produit tant de merveilles,
sortaient des rangs, et ils restaient ouvriers: l'église Saint-
André a\^ait en 1515-1517 deux maîtres associés, dont l'un resta
seul à dater du 0 juillet 1517'. C'était Mathelin Galopin, ou,
comme on disait couramment, maître Mathelin. Je trouve en
1512 un manœuvre qui portait le même prénom dans le chantier
de la même église', et, comme ce prénom est rare'', on peut se
demander avec vraisemblance si le manœuvre de 1512 et le
maître de 1517 ne sont pas le même personnage. Ses fonctions
avaient pris de l'importance, sa rétribution avait augmenté
sensiblement; mais sa situation sociale n'avait pas beaucoup
changé, et, en 1519, le trésorier payait 3 livres 18 deniers tour-
nois (18 fr. 45) « à la femme de maistre Mathelin, maistre
masson, pour avoir faict gecter la terre et aultres ordures
qu'estoient au-devant du logis de l'œuvre jusques à l'Arce-
vesché' ».
TI. — Le registre de compte de la fabrique Saint-Michel
laisse entrevoir la cordialité des rapports entre employeurs et
1. Voir mon introduction au Caiiulairo do Saint-Sourin, p. lxxix
2. G 507 et 508.
3. H août 1512. G 506.
4. Les registres signalent cependant, à la date du 12 février 1517, a maistre
Matlielin le charpentier » (G 507). Ce dernier ne peut pas d'ailleurs être
confondu avec le maître d'œuvre, qui était maçon : 1515-1517. Imbert
Boachon et Mathelin Galopin, « maistres massons » (G 508).
5. 29 juin 1519. G. 509.
188 J.-A. BRLTAILS
employés, le dévouement de ceux-ci, la bienveillance de ceux-
là. Il était d'usage que l'œuvre traitât les ouvriers le jour de
l'Ascension', qui est encore la fête des compagnons maçons';
elle invitait parfois « les Messieurs qui entretiennent les ou-
vriers )). Le 2ô octobre 1492, quand furent démontés les écha-
faudages de la flèche, elle convia le maître d'œuvre, le maître
charpentier, le maître fondeur de cloches et les compagnons
maçons et charpentiers.
Ici encore les documents de Saint-André laissent une im-
pression moins favorable : le chapitre respecte les usages reçus;
il donne aux maçons un mouton et même le pain et le vin, le
jour de l'Ascension, « parce que c'est leur feste^ » ; il paye à
boire aux ouvriers, soit qu'ils aient une tâche pénible'', soit
qu'ils commencent un ouvrage '. Mais des difficultés se produisent
trop souvent sur ce chantier : en 1517, les chanoines plaident
contre le maître d'œuvre' ; en 1511, une véritable grève
éclate parmi les manœuvres. On était en novembre, et on
creusait une tranchée pour le fondement d'une pile d'arc-bou-
tant. La tranchée s'emplissait d'eau; le travail était dur en
même temps que périlleux. Les manœuvres refusèrent, le 10 no-
vembre, de continuer au prix ordinaire; on porta, le 12, de 10
à 15 liards (0 fr. 75 à 1 fr. 12) le salaire des hommes qui
tiraient l'eau nuit et jour. Le 23 novembre, l'équipe n'eut à
travailler qu'une partie de la nuit ; le trésorier diminua le sa-
1. 1487. « Au mestre et aus compagnons massons, lo jorn de Ascencion,
per ung dinar, com es de bona costuma. » — 1493. « Lo jorn de Assen-
sion, per lo dynar qui fo feyt a mess" qui tenen los massons a l'obra et
aus compa[n]hons massons, et argent que donney aus carpenteys de mestre
Harry, monta IlII fr. XXXVI arditz. »
2. C'était aussi le jour de la fête des maçons à Montpellier (Renouvier et
Ricard, Des Maîtres de pierre, etc., pp. 17 et 18).
3. 15 mai 1518. G 508. — 16 mai 1520. G 509. Etc.
4. 6 octobre 1511. Vin donné aux hommes qui tiraient de l'eau (G 505).
5. 10 octobre 1511. Don de 2 fr. 28 liards b. (11 fr. 10) donnés, « pro eorum
vino », aux maçons qui commencent à fonder une pile d'arc-boutant
(G 505).
6. G 507.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 189
laire pour ce jour-h'i. Les ouvriers mécontents brisèrent nuitam-
ment la machine établie pour épuiser la fosse. Les chanoines
achetèrent, le lendemain, des bottes de paille pour les ouvriers
qui passaient la nuit, et ils paj'èrent à part ce travail de nuit\
Il est un ouvrier pour qui les chanoines furent très bons,
parce qu'ils avaient besoin de lui: celui-là fut réellement choyé.
C'était un chaufournier très habile, Menjolet de Poey, « qui
bene scit calcem facere » : on l'envoya chercher chez lui, on le
défraya pendant son séjour à Bordeaux, on lui paya le voyage
dans son pays pour aller prendre ses outils et son fils, on
l'installa enfin à Verteuil avec des provisions*.
Mais passons de ces indications un peu vagues que four-
nissent les comptes aux renseignements plus positifs et plus
précis qui sont donnés par les contrats de louage. Ce qui frappe
le plus dans le contrat de Lebas, c'est la rigueur de son en-
gagement, c'est le lien étroit qui l'attache à l'œuvre. Non
seulement il promet de rester au service de l'entreprise jusqu'à
la mort; mais encore il s'astreint à résider sur le territoire de
la paroisse, sans pouvoir s'absenter, sauf une fois par an, pour
visiter sa famille à Saintes. En 1425, le chapitre métropolitain
de Bordeaux avait été plus loin : il avait imposé à Colin Tren-
chant, son maître d'oeuvre, l'obligation d'habiter la maison de
l'œuvre et avait spécifié qu'il y devait coucher \ Il existait à
Saint-Michel une maison de l'œuvre : mais elle servait, à ce
qu'il semble, de dépôt de matériaux et d'atelier*. Lebas n'était
1. G 505.
2. Juin-septembre 1511. G 505.
3. G 284, fol. 10 v"; Avcldces historiques de la Gironde, t. VII, p. 439. —
Cf. Lassus, Album de Villard de Honnecoiirt, p. 17. — Des articles des
comptes de Saint-André aux dates des 9 septembre 1517 et 11 décembre 1519
permettent de constater que le « maistre-masson » habitait « la maison
de l'œuvre » (G 508 et 509). — Dès le XIV siècle, cette maison de l'œuvre de
Saint-André est signalée : « In gisqueto hostii quod est inter offic[ialatum]
et domum magistri operis ecclesie Sancti Andrée » (G 236, f . 252 v°). Le
6 mars 1396, n. st., l'archevêque entra « in hospicio magistri operis Sancti
Andrée ad videndum operari » (G 236, f. 310 v°).
4. 31 octobre 1488. Dépenses pour journées de manœuvres occupés à porter
190 .i.-A. nniTAiLs
pas tenu, aux termes de son contrat, à y faire son domicile; il
résidait, nous l'avons vu, à proximité du chantier, vers la rue
Colombeyre.
Le maître d'œuvre n'avait pas toujours des devoirs aussi
étendus. « Chargés seulement de la direction, moyennant un
traitement fixe, les maîtres de l'œuvre pouvaient conduire
plusieurs enti'eprises à la fois\ «En 1410, le maître d'œuvre de
Minorque, qui avait mission de bâtir une église à Manresa,
songeait à solliciter de cette ville l'autorisation nécessaire pour
se mettre à la tête des travaux de la cathédrale de Girone^
Colin Trenchant lui-même dirigeait simultanément la cons-
truction de Saint-André et de Saint-Seurin'' ; Guillaume Géraud
y ajoutait l'église Saint-Michel*; mais ces trois églises étaient
à Bordeaux, et on pouvait les surveiller sans quitter la ville.
Martin de Lonay, l'architecte de Saint-Gilles en Languedoc,
en 1281;, avait la liberté de s'absenter depuis la Saint-Michel
jusqu'à la Pentecôte, pourvu qu'il se rendît à tout appel des
moines'. Jacques de Favières, l'architecte narbonnais chargé de
la cathédrale de Girone vers 1320, était mieux partagé encore,
puisqu'il lui suffisait de visiter le chantier cinq ou six fois
l'an". Lebas se réservait la faculté de conduire d'autres tra-
vaux à Bordeaux, à condition de n'y pas consacrer plus d'une
heure par jour; mais il s'interdisait d'abandonner l'entreprise
pour une autre plus rémunératrice : il contractait un engage-
ment viager, comme avait fait Botarel avant lui, en 1448.
Le traité de Lebas règle diverses difficultés qui sont aujour-
d'hui encore l'objet des préoccupations législatives : garantie
le bois à la maison de l'œuvre. — 24 novembre 1494. Port de pierres de
ladite maison au cimetière.
1. Lassus, A//ya^/* (/e Villat-d dr Honm-rouH, p. 17.
2. Espana sagrada,t. XLV, p. 237.
3. 8 juin 142.5 (G 284, fol. 10 v°; Arcldces Jiistofi'/ucs do la Gironde,
t. VII, p. 439).
4. G 284, fol. 2 v°.
5. Quicherat, Mélanrjcs, t. II, p. 181.
6. Viollet le Duc, Dictionnaire d'architecture, t. I, p. 112.
DEUX CHANTIF.RS BORDELAIfi (1486-1521) 191
de l'employé contre un renvoi arbitraire, retraite pour la
vieillesse, assurance contre la maladie. Sur le premier point,
la solution est très humaine : tant qu'ils feront leur dû, Lebas
et ses deux valets ne pourront être congédiés; si, par vieillesse
ou maladie, Lebas est trop faible pour travailler et pour ins-
pecter les chantiers et s'il n'a pas de quoi vivre, la fabrique
devra en conscience pourvoir à son entretien. Sur le troisième
point, la fabrique est un peu moins généreuse : si Lebas con-
tracte sur le chantier une maladie qui Tempêche de travailler,
mais non de surveiller, lui et ses valets conserveront leur salaire
pendant trois semaines ou un mois. En 1448, Botarel avait été
plus favorisé : un article un peu obscur, il est vrai, de son
contrat, portait que ses gages lui seraient servis pendant ses
maladies, à moins qu'il ne fût malade par sa faute. C'est le prin-
cipe de \?k faute lourde, dont Tapplication est si malaisée ^
J'ignore quelles étaient, en cas d'accident et de maladie, les
obligations de l'employeur envers les simples ouvriers. Un
maçon de Saint-Michel ayant été tué par une pierre, le tréso-
rier déboursa 1 fr.b. (4 fr. 50) pour le faire ensevelir'. Les
registres de Saint-André signalent aussi deux accidents; mais
les victimes furent des ouvriers aux gages d'un entrepreneur :
l'un était « une maneuvre des massons qui ceestoit gasté et
rompu les espaules à la besonhe de lad. église » ; on lui donna
10 sols tournois (3 fr.) « pour charité du pouvre home' ».
L'autre était le servant du chaufournier, lequel était tombé
dans la fosse de la chaux ; on lui donna 3 fr. b. (13 fr. 50) « pour
l'amour de Dieu* ».
Parmi les ouvriers maçons, les manœuvres étaient moins
considérés que les compagnons : ils n'étaient pas, comme ces
1. En 1579, Henri Maubr un, maçon et superintendant des travaux de
Saint-Michel, demanda qu'on lui payât les gages de deux ans, « en consi-
dération de sa vieillesse et longue maladie». Il fut fait droit à sa requête
(G 2241).
2. 22 août 1490.
3. 4 décembre 1517. G 508.
4. 22 octobre 1511. G 505.
19? J.-A. BRUTAILS
derniers, invités au repas de l'Ascension; on les louait parfois
au marché'; ils avaient un salaire journalier et moins élevé;
enfin, les comptes les traitent comme des unités anonymes :
ils ne les nomment presque jamais. Il est fait rarement exception
à cette règle; ainsi, deux manœuvres de Saint-Michel sont
désignés par leur nom : Pierre Goudalez ou Goudalem et
Etienne GueheP. Ces deux noms ont une physionomie étran-
gère^ espagnole peut-être. Les comptes plus récents montrent
des Morisques employés à des travaux de peine ' : il y a peut-
être entre les deux faits une corrélation.
Nous savons peu de chose sur la condition des ouvriers
autres que les maçons. C'est qu'en effet, si les maçons étaient
au service de l'œuvre, sous la surveillance d'un maître ouvrier,
la fabrique s'adressait, pour la charpenterie, par exemple, à un
patron. Le patron charpentier de Saint-Michel, Harry Avelot,
avait ses ouvriers: « les charpentiers de maître Harry *^ » comme
dit le compte. Avelot, comme le couvreur et le forgeron, four-
nissait généralement les matériaux et la main-d'œuvre.
Pour que ces notes sur la situation des ouvriers fussent
moins incomplètes, il faudrait encore étudier dans les statuts
des confréries et corporations les institutions d'assistance mu-
tuelle, les gages de sécurité et de solidarité qui tenaient une
place importante dans l'organisation des classes laborieuses;
mais les statuts ne sont pas arrivés jusqu'à nous et cette
recherche est impossible.
1. 19 octobre 1486. « Per V manobras qui toren logadas au marcat,
XLII arditz. »
2. 16 mai 1490. —Pierre Goudalez est, de plus, cité eu juillet 1488, le
6 octobre 149.3 et en avril 1494 .
8. 1629. G 2256, fol. 64 et 65. - 12 octobre 1488. Réconciliation du
cimetière de Saint-Michel, « qui era estât polut per lo Moro. » — L'un des
faiseurs de mortier avec lesquels le chapitre Saint-André passa marché,
le 22 juin 1512, s'appelait lo More (G 500).
4. 1491. « Paguey, lo jorn de Assencion, que donneren aus massons et
carpenteys de mestre Harry, com es de bona costuma», 2 fr. b. 50 liards.
COMPTES RENDUS
Bertrand de Brolssillon. — Cartulaire de l'abbaye de Saint-
Aubin d'Angers. T. I et II. — Angers, Lachèse, 1896-1899;
2 vol. in-S", 454 et 428 p. Documents historiques sur l'Anjou, publiés
parla Société d'agriculture, sciences et arts d Angers. I-II).
Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers est un de ceux
que les historiens ont le plus anciennement utilisés. Des extraits en
ont été donnés soit dans les glossaires, depuis celui de Du Cange, soit
dans les recueils de chartes, tels que les Miscellanea de Baluze ou le
Spicilegium de d'Achery, soit encore dans les histoires du droit; mais
ce n'était que pour en faire souhaiter la publication intégrale. Des
documenls, isolés de l'ensemble dont ils font partie, n'ont jamais toute
leur valeur ; il arrive même qu'on en donne une interprétation erronée,
faute d'avoir les documents qui les complètent et les éclairent. On ne
saurait donc trop louer la Société d'agriculture, sciences et arts
d'Angers, d'avoir fait place au cartulaire de Saint-Aubin, si impor-
tant pour l'histoire de nos institutions, dans sa précieuse collection de
documents historiques, et d'en avoir confié la publication à un savant
que ses études sur les chartes de la région mettaient à même d'en
dresser un texte correct et d'en donner une excellente édition. Nous
ne connaîtrons l'économie du recueil formé par M. Bertrand de
Broussillon, que lorsque l'introduction aura paru. En attendant, l'on
peut dire que le premier volume correspond au cartulaire du xn^ siècle,
et que le second comprend les chartes de Saint-Aubin qui ne figurent
pas dans ce cartulaire et que l'éditeur a recherchées dans les archives
ou dans les recueils manuscrits et imprimés. Le classement suivi
dans ce volume complémentaire est méthodique et géographique,
comme celui qui avait été adopté par le compilateur du cartulaire du
XII® siècle.
La plupart des chartes, en tout 946, datent du xi® siècle, quelques-
unes des ix% x<^ et xn"^ siècles. Les renseignements de toutes sortes
194 COMPTES RENDUS
abondent, et d'autant plus intéressants que les chartes du cartulaire
se présentent le plus souvent sous la forme de notices, relatant toute
la suite d'une affaire. Et si les actes de vente et de donation sont
nombreux, je ne sais s'ils le sont plus que les actes judiciaires.
Au X'' siècle, l'église de Saint-Aubin était desservie par des cha-
noines. En 966, le comte d'Anjou, Geoffroy Grisegonelle, y établit des
moines à la tête desquels il plaça comme abbé un certain Widbod ;
mais après la mort de celui-ci, son successeur devait être élu par les
moines, réserve faite de l'assentiment du comte : « post obitum
quandoque ipsius cum nostro generisque nostri futuri assensu, suc-
cessorei,qui afratribusejusdem locielectionis privilegioaptusinventus
fuerit, subsiituatur » (n^ II). Cependant, à la mort de l'abbé en 970,
ce fut le comte qui désigna lui-même son successeur : « delegamus
abbatem (dit le comte) in monasterio sancti Albini, nomine Albertum,
salva voluntate monachorum ibidem degentium eisque licentiam
concedimus talem ut post obitum ejus quemcumque melius voluerint
abbatem eligendi habeant potestatem » (n" XXI). Ainsi c'était le
comte qui désignait l'abbé et les moines qui donnaient leur assen-
timent à ce choix, au lieu que ce fût le contraire. Il est vrai
que la charte qui constatait la désignation de l'abbé était en môme
temps une charte de non-préjudice : « post obitum, etc. » Le môme
fait se renouvela en 977 (n" XXII). En 988, il n'y eut pas encore
d'élection régulière ; l'abbé Gontier devant se rendre à Rome et à
Jérusalem, se choisit lui-môme un successeur, avec le consente-
ment des moines et celui du comte Foulque (n° XXlIIj. En 994
:n« XXIV), en l'an 1000 (n« XXV), en 1027 (n" XXVI), nous voyons
le comte d'Anjou désigner l'abbé et continuer à reconnaître pour
l'avenir le droit des religieux à élire leur abbé. Il faut venir à l'année
1038 pour trouver une élection régulière. Les moines obtiennent
d'abord de l'évoque et du comte, et avec l'assentiment des nobles, des
clercs et des laïques notables de l'un et l'autre sexe, la permission de
procéder à l'élection ; ils élisent un de leurs frères, Gautier, puis ils
adressent une pétition (probablement au comte) pour que l'élection soit
ratifiée et implorent l'évêque afin qu'il consacre l'élu (no XXVII). Une
autre élection a lieu en 1056, avec l'intervention de l'abbé de Mar-
moutier. Le procès-verbal de cette élection est intéressant (no XXVIII),
car il nous donne la raison de l'intervention du comte, seigneur tem-
porel du monastère, en même temps qu'il nous offre une solution de
B. DE BROLSSILLON : CARTULAIRE DE ST-AUBL\ d'aNGEHS 195
la querelle des investitures, celle-là même qu'Ive de Chartres proposera
quelques années plus tard. L'abbé de Marmoutier présente l'élu au
comte Geoffroy, u sub cujus ditione locus ipse consistit, a quo etiam
donum rerum temporalium ad idem pertinentium,cenobium suscepit».
Puis il le présente à l'évêque, « ut oui cornes exterius tradiderat aucto-
ritate sua dominium, episcopus débita benedictione consecrans ex
more ecclesiastico curam committeret animaruni ». On ne peut pas
mieux distinguer le temporel du spirituel ni délimiter plus nettement
les droits du comte et ceux de l'évâ^que.
Les moines devaient défendre pied à pied leurs domaines contre
les envahissements des laïques et contre les exactions des seigneurs
et de leurs officiers. De là, d'incessantes comparutions en justice. Les
chartes de Saint-Aubin fourniraient matière à une étude intéressante
de l'administration de la justice. Lorsqu'on étudie la procédure du
haut moyen âge, il faut d'abord se défaire des idées modernes sur la
justice. Il semble qu'on ne peut conclure à priori de la nature d'une
cause au tribunal devant lequel elle devait être portée. En d'autres
termes, la compétence des cours de justice n'était pas nettement déter-
minée. 11 semble que le plaignant pouvait choisir entre diverses cours
pour déposer sa plainte. Le plus souvent, les deux parties convenaient
de soumettre leur procès à tel ou tel tribunal ; par exemple un différend
s'étant élevé entre les chanoines de Saint-Martin d'Angers et les moines
de Saint-Aubin, à propos de la possession d'une curds, les chanoines
demandèrent à l'abbé de Saint- Aubin de soumettre leur cause à un
tribunal ecclésiastique. L'abbé y consentit (i\° CLXXX). Il était
essentiel que les parties fussent d'accord sur le choix des juges, car
une sentence n'était définitive que si la partie condamnée en recon-
naissait la validité (Voy. Esmein. La chose jugée, dans Noucelle Revue
histor. du droit, t. XL. Aussi les juges s'assuraient-ils d'avance, avant
d'entamer la procédure, que demandeur et défendeur se soumettraient
au jugement. Ainsi, en 1074, les moines de Saint-Serge contestaient à
ceux de Saint-Aubin la propriété de la curtis et de l'église de Cham-
pigné. L'abbé et la congrégation de Saint-Aubin consentirent à aller en
jugement devant les abbés de la province de Tours; il fut convenu
que le plaid se tiendrait dans le monastère de Saint- Florent de Saumur.
Cinq abbés furent choisis comme juges, qui s'entourèrent de conseillers.
Les juges demandèrent aux deux adversaires s'ils voulaient croire au
jugement qui serait rendu par toute l'assemblée : « interrogaverunt
196 COMPTES RENDUS
ambos abbates et monachos eorum quorum causa erat, utruin vellent
utrumque credere judicamento quod ibi concordantor lotus ille
conventus judicaret. » La question fut posée non seulement aux abbés,
mais aux moines qui s'étaient joints à eux pour représenter les deux
monastères. Et tous répondirent : « Sachez que nous sommes prêts à
suivre et à tenir la sentence de votre jugement. Nous vous le pro-
mettons, parce que nous sommes venus pour cela. » La notice nous fait
ensuite assister au développement de la procédure et en rapporte les
moindres détails jusqu'à la sentence avec ses considérants. I! y a un
point dans ce procès qui ne manquera pas d'intéresser les diplomatistes
et qui prouve que les juges de ce temps-là avaient plus d'esprit critique
qu'on ne serait généralement porté à le croire. Les moines de Saint-
Serge pour soutenir leurs droits produisaient deux chartes. Les juges
se retirèrent pour les examiner et prirent avec eux deux experts, l'un
que la notice qualifie « gramaticus Andecave civitatis », et qui n'était
autre que Rainaud, archidiacre de Saint-Maurice, auteur d'une
chronique, le second, Robert, doyen de la même église, tous deux
jurisconsultes d'expérience. L'une des chartes produites était un
diplôme du roi Robert, où il était question de la donation de Campi-
niacus. Les juges, après avoir délibéré revinrent dans le lieu où se
tenait le plaid et s'adressant aux moines de Saint-Serge, dirent :
« Vous nous montrez deux chartes, l'une récente (celle du roi Robert),
l'autre ancienne. Celle-ci vous ne la produisez qu'à l'appui de la plus
récente. Mais il y a une grande difficulté. Dans la plus ancienne est
mentionné le nom d'un de vos prieurés, c'est à savoir Campaniacus
que vous possédez ; dans la plus récente il est question de Campiniacus ;
une lettre a été changée, i pour a. Puisque dans l'ancienne charte
nous voyons Campaniacum et dans la nouvelle, Campiniacum, nous
sommes obligés de penser que l'erreur de la nouvelle charte a été
commise sciemment « ex industria » ou qu'elle provient de l'ignorance
du scribe. » Puis les juges examinaient l'affaire au fond et concluaient
en déboutant Saint-Serge de ses prétentions (n° CVI).
Ily adanslecartulairede Saint -Aubin un autre procès qu'il convient
de signaler à l'attention des diplomatistes'. Cette fois, il s'agissait de
la propriété d'un bois sis à Pruniers et que l'abbaye de Saint-Nicolas
1. Le regretté M. Giry a consacré au diplôme de Charlemagiie dont nous
allons parler un mémoire qui paraîtra prochainement dans les Mémoires de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
B. DE BrxOUSSILLOX: CARTILAIUÉ DE ST-AL BIX DAXGEUS lî)7
contestait à Saint-Aubin (iv> CVIII . Les moines de Saint-Aubin pro-
duisirent un diplôme de Charlemagne qui fut reconnu authentique.
Cela se passait en 1098. Quelques années après, en 1104 n" CX), un
moine fugitif de Saint-Aubin, à l'instigation de certains clercs d'An-
gers, qui voulaient troubler l'accord entre les deux abbayes, alla
trouver le comte Foulques et son fils Geoffroy, et leur présentant
la charte royale qu'il avait soustraite, se fit fort d'en prouver la
fausseté. Les comtes obligèrent l'abbé de Saint-Aubin et ses moines
à comparaître à un plaid qu'ils devaient tenir avec l'évêque d'Angers,
l'archevêque de Tours, d'autres évoques et abbés. Au jour fixé, ni le
moine fugitif, ni aucun autre accusateur ne se présenta. La charte fut
donc déclarée bonne. Adiré vrai, le moine fugitif devait avoir raison,
et si nous revisions aujourd'hui le procès, il est probable que nous
devrions conclure sinon à la fausseté du diplôme, tout au moins à son
interpolation. En efïet, le compilateur du carlulaire nous a conservé
deux textes du diplôme de Charlemagne, l'un sous le n" X dans le
chapitre des actes royaux, l'autre sous le n° CIX qui est le texte
produit au plaid de 1098, (( cujus exemplum infrascribendum judica-
vimus ». Or, les deux textes diffèrent, et en un point essentiel. Dans
le premier texte, les cillœ données à l'abbaye sont énumérées som-
mairement (p. 22) : « Maironnus, Clementiniacus, Papirius, Pra-
nariuH... » et dans le second, leurs dépendances sont indiquées :
« Maironus, cum silva qua* vocatur Lanthoniuni ; Priinarius, cum
silca adjacente, quantum ionet unam leqam^ qufn deserviat coquine
fratrum. » 11 est possible que les moines réclamaient justement le
bois de Pruniers, parce que le diplôme portait que les fillœ étaient
données « cum omni integritate «, mais ils ne pouvaient fonder leur
prétention sur un texte interpolé.
Le cartulaire de Saint-Aubin nous offre au moins un exemple de
jugement faussé. Un procès s'était élevé entre un certain Roaldus de
Luigné et les moines de Saint-Aubin. La cause vint devant la cour
de l'évêque d'Angers. Roaldus commença par exiger de l'évêque la
promesse de lui faire droit contre les abbé et moines. La sentence
une fois prononcée, Roaldus chercha à s y soustraire. L'évêque et les
juges qu'il avait choisis, se déclarèrent prêts à jurer qu'ils avaient fait
droit jugement, « rectum judicamentum ». Comme Roaldus protestait,
deux des juges laïques s'offrirent à prouver par le combat la rectitude
Moyen Age, t. XIII. 14
198 COMPTES RENDUS
du jugement. Mais ni l'adversaire ni aucun des siens ne se leva pour
soutenir par le combat la fausseté du jugement (n» CCIII).
Ces quelques analyses de chartes suffisent, croyons-nous, à montrer
la précision et la variété des renseignements que fournit le carlulaire
de Saint-Aubin sur l'administration de la justice au .\i« siècle.
Nous signalerons encore quelques documents relatifs à des fon-
dations de bourgs. De tout temps l'on a cherché à peupler les lieux
inhabités et à provoquer la formation de nouveaux groupements.
Ainsi, à l'époque mérovingienne l'on rencontre des bourgs appelés
Nocus vicus et dont la fondation remonte soit à la période gallo-
romaine, soit au vi"^' ou VII" siècle. 11 y a eu des villes neuves établies
au ix^ siècle. Le mouvement s'est continué jusqu'au xii'' siècle, oîi il a
eu son plein épanouissement, lui 97G, l'abbé de Saint-Aubin acheta
d'un chevalier une terre, sise sous les murs d'Angers, tenue en
arrière-fief du comte, pour y fonder un bourg; le comte ratifiant la
cession, autorisa les moines à y recevoir comme hôtes tous ceux qui y
viendraient (n» XXXl'Vj. Entre 1098 et 1106, Gandin de Malicorne,
qui devait aux moines trente livres de deniers qu'il ne pouvait rendre,
acquitta sa dette en cédant à ses créanciers une terre, libre de toute
coutume, sise devant la porte de son château pour y créer un bourg.
Gaudin n'imposait aux hôtes que l'obligation de moudre leurs grains
à ses moulins (n" CCCXXVI). En 1097, Bellay, seigneur de Montreuil,
donna à Saint-Aubin, une terre à Brossay avec faculté d'y élever une
église, une maison pour les moines, un bourg pour leurs hommes. Il
déclare que les hommes seront libres de toute coutume et de vicavia ;
s'ils achètent quelque objet pour leur usage, ils ne payeront aucun
droit; ils ne devront de péage que s'ils vendent quelque chose; et si
dans ce cas ils ne payent pas le droit, ni le prévôt ni le viguier de
Montreuil ne pourra les arrêter ni mettre leurs biens sous sa main ;
mais l'officier du seigneur devra s'adresser au moine, administrateur
de la terre de Saint-Aubin à Brossay, qui fera rendre le péage sans
amende. Ce nouveau bourg devait s'appeler Francheville. Il y a là
comme une ébauche des chartes de coutumes et de franchises du
XII'' siècle.
Xous ne saurions multiplier les extraits de ce beau (^artulaire sans
empiéter sur l'introduction que M. Bertrand de Broussillon imprimera
dans un troisième volume. Il nous promet aussi une table alphabé-
tique. Xous nous permettons d'exprimer un souhait, c'est que l'éditeur
F. DAllN : DIE KU.NIGt: DIÎK GKlîMANEN 199
n'omette pas de dresser la table des mots techniques et non pas seule-
ment des vocables rares, en d'autres termes, un index rerum dont on
regrette l'absence dans un trop grand nombre de recueils de documents.
M. Prou.
Félix Dahn. — Die Kônige der Germanen. Achter Band. Die
Franken unter dcr Kai-oiingen. Zweite, drittc, vierte, fûnfte
Abtlieilung. — Leipzig, Breitkopf und Hârtel, 1899; in-8", xvi-265,
296, vni-260, vi-359 p.
M. Félix Dahn a publié la fin du huitième volume de son ouvrage
considérable intitulé : lea Rois des Germains. Nous avons annoncé
précédemment la première partie de ce huitième volume qui traitait
de l'histoire politique des Carolingiens.
Les autres parties sont consacrées aux institutions. Et comme le
titre pourrait faire croire que l'action seule de la royauté dans ce
domaine y est étudiée, il est utile de faire remarquer que nous sommes
en présence d'un tableau complot du droit public aux vni*î et ix" siècles.
L'auteur est au courant de la plupart des travaux récents, encore que
l'on puisse signaler dans sa bibliographie générale des lacunes impor-
tantes et aussi des erreurs, comme par exemple cette étrange mention
de la nouvelle édition de l'Histoire de Languedoc : « Robert, Histoire
de Languedoc. Nouvelle édition » (2' part., p. xni) ; mais ce sont là
des fautes de peu d'importance, puisque M. Dahn a fait des documents
une étude directe. Ses références aux textes sont nombreuses, presque
aussi nombreuses que ses assertions ; dans une matière aussi vaste il
ne pouvait songer à transcrire en note les textes eux-mêmes ; il n'a
donné que les passages des documents ou très caractéristiques, ou
dont il proposait une interprétation nouvelle, différente de celle qu'a-
vaient donnée les auteurs les plus autorisés, et spécialement Waitz et
M. H. Brunner. Un livre aussi considérable échappe à l'anah'se ; car
le résumer ce serait ne rien apprendre de nouveau à nos lecteurs,
parce que les grandes lignes de l'histoire constitutionnelle de l'Empire
carolingien n'en sont pas changées et que les nouveautés ne portent
que sur le détail.
M. Dahn a pris un soin tout particulier de la définition des termes
techniques. Aussi est-il à désirer qu'il dresse un index alphabétique
des mots latins dont il a déterminé la signification.
La deuxième partie traite des divisions territoriales, de la condition
200 COMPTES RENDUS
des personnes et des terres; et spécialement la question, capitale
pour l'intelligence de la société du moyen âge, du bénéfice et de la
vassalité y est examinée à fond ; il semble que l'obscurité du sujet
ait eu quelque influence sur l'exposition qui n'est pas aussi précise —
les phrases incidentes et les parenthèses s'y multiplient — que dans
le reste du volume; on peut se demander encore si M. Dahn n'a pas
donné une importance trop grande à la sécularisation des biens d'église
pour l'origine ou plutôt le développement du système bénéficiaire.
La troisième partie est consacrée aux officiers, les provinciaux et
ceux de la couronne, et à l'organisation militaire.
La quatrième partie est consacrée à la justice, à la procédure, au
droit pénal et au droit privé. Enfin la cinquième partie traite des
finances et de l'Église.
On n'examinera ici que les paragraphes relatifs aux monnaies.
M. Dahn s'en tient à l'hypothèse d'après laquelle le sol d'argent,
monnaie idéale ou de compte, équivalant à douze deniers d'argent,
aurait remplacé le sol d'or de quarante deniers. C'est là une théorie
que nous avons déjà essayé de réfuter. D'abord, on sait que le sol d'or
de quarante deniers ne figure que dans la loi Salique ; et que le sol
de douze deniers, qui apparaît dans la loi des Ripuaires, s'est perpétué
jusqu'à nos jours.
Le sol de la loi Salique et celui de la loi des Ripuaires sont une
même monnaie. Les deniers de la loi Salique sont, au contraire,
différents de ceux de la loi des Ripuaires. Si le sol de la loi Salique,
estimé à quarante deniers, et le sol de la loi des Ripuaires estimé à
douze deniers, étaient deux monnaies différentes, l'on ne s'expliquerait
pas comment l'on aurait pu transporter dans la seconde de ces lois
une partie du tarif d'amendes de la première. Il s'agit du solidus
romain, qui, aussi longtemps qu'il a été frappé, l'a été en or. Pour
déterminer la nature des deniers de la loi des Francs Saliens, il
importe de ne pas perdre de vue que cette loi représente un état de
choses bien antérieur à l'époque de sa rédaction, et qu'en ce qui touche
le tarif des amendes elle n'est que la consignation par écrit d'une
ancienne coutume. Waitz a établi l'antériorité du compte en deniers
par rapport au compte en sols; nous croyons avoir ajouté quelques
preuves à celles qu'il avait données.
Les compositions et amendes sont toujours exprimées de la façon
suivante : « Tant de deniers qui font tant de sols. » Ce n'est donc que
F. DAIIN : DIK KÔMGK DER GEUMANKN 201
lorsque les Francs établis sur les rives de l'Escaut et de la Meuse se
sont trouvés en contact direct et en relations suivies avec les Romains,
et même établis sur le territoire de l'Empire, qu'ils ont été obligés de
convertir les deniers, dans lesquels d'ancienneté s'exprimaient leurs
amendes, en sols d'or, c'est-à-dire à substituer à une ancienne unité
monétaire, l'unité monétaire nouvelle. Or, si l'on admet que le tarif
des compositions de la loi Salique reflète d'aniiques usages, les mon-
naies qui y sont mentionnées ne peuvent être que celles dont on se
servait dans la Germanie indépendante, les deniers de la République
romaine et de l'Empire, de l'ancien système, taillés à raison de 96 à
Ja livre, et qui chez les Francs restèrent en usage jusqu'au temps de
Childéric, comme en témoigne le trésor du tombeau de ce roi.
Lorsqu'il s'est agi de convertir en monnaies courantes les deniers de
la loi Salique, l'on a pris pour base le rapport de l'or à l'argent. L'on
m'objectera qu'une équivalence de 40 deniers d'environ 3 gr. 40 pour un
sol d'or de 4 gr. 55 donne un rapport singulier de 1/30. Mais l'écart
réel entre la valeur de l'or et celle de l'argent n'était pas si grand que
l'indique ce chiffre. Car les deniers impériaux n'ont pas toujours été
taillés à raison de 96 à la livre ; de plus, à la fin du ii^ siècle ce n'étaient
plus que des pièces de billon; enfin ceux dont se servaient les Francs au
v« siècle devaient être très usés. Ajoutons que ces vieux deniers n'avaient
plus cours dans l'Empire, que leur cours limité aux régions habitées par
les Francs devait les déprécier ; qu'au contraire le sol d'or venait
d'apparaître chez les Francs, qu'il y était d'autant plus rare que les
Romains évitaient le plus possible de payer les Barbares avec des
monnaies d'or. 11 n'y a jamais eu de système monétaire oîi le sol ait
valu quarante deniers ; c'est une simple équivalence propre au tarif
d'amendes de la loi Salique et qui répond à une situation particulière
et temporaire.
Cette estimation du sol à quarante deniers a continué d'être usitée
entre Saliens pour le payement des amendes jusqu'au ix"^ siècle ; nous
avons montré ailleurs qu'on n'en comprenait plus la signification.
C'est qu'en effet dès le vu^ siècle paraît dans la monarchie franque
un sol de douze deniers. Ce n'est pas un nouveau sol ; c'est le sol
romain, mais avec une valeur différente. De plus, le sol, eu tant que
monnaie réelle, devient rare dans la seconde moitié du vu» siècle ; on
ne frappe plus guère en Gaule que des tiers de sol. Le compte de douze
deniers au sol se rattache au système monétaire romain du iv" siècle ;
202 COMPTES RENDUS
dans lequel la pièce d'argent dite miliarense, valant deux siliques,
était le douzième du sol. Comme la silique rappelait par son module
l'anciiMi denier. \o po|)ulaire lui conserva ce nom. Il est probable
même que ce nom fut appliqué aussi au miliarense et sûrement à la
demi-silique ; faire la différence entre la silique et sa moitié était à
première vue très difficile. Une fois établis en Gaule, les Francs n'ont
pas modifié le système monétaire, qui était siliqual. Les preuves ne
manquent pas qu'ils ont connu la silique, le nom et la chose. Mais ils
n'ont pu entrer dans les finesses compliquées de la monnaie romaine.
Ils n'ont retenu que ceci, que le sol valait douze monnaies d'argent ;
et quand eux-mêmes, après avoir imité les siliques au vi<^ siècle, ont
commencé de frapper des monnaies d'argent d'un type nouveau, ils
les ont appelées deniers, parce que c'était, même dans l'Empire, le
nom générique des monnaies d'argent.
Au cours du vn'' siècle, la frappe du sol d"or devint en Gaule excep-
tionnelle. Le sol resta l'unité de compte ; mais on put le payer en
donnant soit trois triens, soit douze deniers d'argent. Au vni« siècle,
l'or se raréfia. Alors, comme le débiteur devait craindre que son
créancier n'exigeât le payement en or, il avait soin de faire spécifier
dans les actes qu'il pourrait s'acquitter en argent. De là l'expression
sol d'argent.
Nous pouvons apporter diverses preuves de l'existence d'une seule
espèce de sol. C'est d'abord ce fait que, dans la plupart des actes du
viii^ et du ix° siècle, les sols ne sont pas qualifiés. En second lieu,
dans un acte de vente de l'an 785, il est question de sols d'or et de sols
d'argent; mais le vendeur après avoir déclaré qu'il a reçu un premier
payement de cinq sols d'or, puis un second de douze sols d'argent,
remarque que ces deux sommes ajoutées l'une à l'autre font dix-sept
sols. On ne saurait additionner des sols d'espèces différentes. Dans les
formules des vue et vni« siècles, il est question de sommes évaluées en
sols et payées tant en or qu'en argent. Pour nous, sol d'argent « solidus
argenteus » ou a solidus argento » est l'équivalent de (( solidus argento
adpretiatus ». D'une façon analogue, la loi des Bavarois mentionne
les Holidi aura adpretiati.
Il ny a donc eu dans la monarchie mérovingienne qu'un seul sol,
d'abord monnaie d'or réelle, puis qui, par une série d'étapes, s'est
réduite à n'être plus qu'une monnaie de compte exprimant une somme
de douze deniers d'argent.
F. DAllX : DIE KO.NIGE DEU GERMANEN 20'i
Les Arnulfings auraient, d'après M. Dahn, étendu à tout leur empire
l'antique usage du compte en argent restreint jusque là aux Francs
du littoral de la mer du Nord et des rives du Rhin. Les Arnulfings
n'ont rien à faire dans la substitution progressive des monnaies d'argent
aux monnaies d'or. Et d'ailleurs, c'est en Austrasie que paraissent les
plus anciens sols et tiers de sol d'or mérovingiens ; et dans la seconde
moitié du vii^ siècle ce sont surtout des ateliers du Centre et de l'Ouest
de la Gaule qui ont émis des deniers. La disparition des monnaies
d'or est un phénomène purement économique. M. Dahn dit que l'on
ne conclut à la raréfaction de l'or dans l'Empire franc au vii« siècle
que parce que l'on constate la frappe exclusive de l'argent. C'est
imputer gratuitement aux numismatistes une pétition de principe. Il va
d'autres indices que l'or devint rare en Gaule au yuV' siècle ; cela
devait être, car la Gaule recevait de l'Orient plus qu'elle ne lui donnait ;
les marchands byzantins pour les denrées qu'ils livraient n'acceptaient
en payement que des monnaies d'or. Il y a même à ce sujet des lois
impériales. L'or était drainé. Et il n'y avait pour les Francs aucun
moyen de renouveler leur provision : la (îommunication directe avec
les mines d'or était coupée. Ne faut-il pas aussi tenir compte de la
quantité considérable d'or transformée en reliquaires et vases sacrés?
M. Daiin ne fait qu'effleurer la réforme pondérale de Charlemagne,
intimement liée à la réforme monétaire.
Charlemagne substitua, dit- il, à la livre romaine de 327 grammes,
une livre de 367 ou une livre de 408 grammes. Le chiffre de 408 gr.
proposé par Guérard est à laisser de côté. Restent en présence la
solution proposée jadis par Le Blanc, reprise par Soetbeer, et récem-
ment par M. Blancard, de 367 gr., c'est-à-dire d'un poids égal à celui
de la livre de 12 onces du poids de marc ; et la solution proposée par
M. Desimoni et par l'auteur du présent compte rendu, de 489 gr.
environ, c'est-à-dire d'un poids égal à celui de la livre de 16 onces du
même poids de marc. Si M. Dahn ne voulait pas examiner cette
question au moins eût-il pu indiquer les principaux ouvrages de
l'abondante littérature à laquelle elle a donné lieu.
En revanche, M. Dahn a justement insisté sur le lien qui unissait
la monnaie et le marché. Il a exactement défini le caractère des conces-
sions de monnaies faites par les souverains carolingiens aux églises
épiscopales et monastiques. Enfin, il a dégagé des capitulaires la
législation pénale relative aux faux-monnayeurs, et il a bien expliqué
204 COMPTES RENDUS
la signification des capitulairos prescrivant des châtiments contre ceux
qui refusaient les bonnes monnaies. Les gens du peuple ne voulaient
recevoir que les monnaies qu'ils connaissaient, celles des ateliers établis
dans la région oîi ils habitaient ; l'empereur dut donner cours forcé à
toutes les monnaies portant son nom. Des peines sévères étaient pro-
noncées contre ceux qui refusaient les bons deniers impériaux. Et
parce que dans une même situation des gouvernements différents sont
amenés à prendre des mesures législatives analogues, nous trouvons
quelques lumières pour expliquer ces capitulairesdans un codejaponais
du vin'' siècle dont la traduction a été publiée par M. G. Appert dans
la Nouvelle Revue historique de droit, en 1893. Je me contenterai de
signaler une ordonnance de l'an 714 portant : « Celui qui refusera les
monnaies du Gouvernement, les sachant de bon aloi, recevra 100 coups
de bâton. » M. Prou.
1). Rafaël Altamira y Crevea. — Historia de Espana y de la
civilizacion espanola. Tomo I. — Barcelona, 1899.
M. Altamira, professeur à la Faculté de droit de l'Université
d'Oviédo, vient de publier le premier volume d"un manuel classique
d'histoire d'Espagne, dont le besoin se faisait impérieusement sentir
dans les Instituts de la Péninsule. Ce manuel mérite d'être signalé
aux lecteurs du Moyen Age qui y trouveront des notions exactes et
précises sur la législation et l'état social de l'Espagne, depuis le vi^
jusqu'au xv^ siècle. La partie juridique du livre de M. Altamira est,
à notre avis, la plus soignée et la meilleure.
L'auteur étudie avec soin la formation du premier code national, le
Forum Judicum, qui resta la loi des Mozarabes jusqu'au moment de
la réoccupation chrétienne, et que saint Ferdinand fit traduire en
langue vulgaire, sous le nom de Fuero Juzgo.
Du vni* au xiu* siècle se créent les différents États chrétiens de la
Péninsule : Oviédo, Léon, Castille, Portugal, Navarre, Aragon, Cata-
logne. M. Altamira nous renseigne sur l'état des terres et des per-
sonnes, sur le caractère que prit le régime féodal dans les différents
États de l'Espagne, sur le droit nouveau qui se dégagé des innom-
brables privilèges, /«eros locaux, etcnrtas pueblas émanés des petits
souverains régionaux.
Au xiir- siècle, l'Espagne moderne est déjà esquissée dans ses
o. PROCKSn : butijaciik ni:i ni:\ vorn.sLAMisfUKN auabern 205
grandes lignes ; l'expulsion des Mores est certaine, la suprématie de
la Castille s'affirme, le Portugal est rejeté vers l'Océan, l'Aragon vers
la Méditerranée ; les Etats hispaniques s'organisent, Alphonse X
réintroduit le droit romain en Castille iivec les Sietc Partidas; un
peu plus tard, Philippe d'Evreux publie le Ftwro r/enerai de Navarre,
la Catalogne a déjà ses U.satges. Un état social compliqué par l'exis-
tence de trois religions et de cinq ou six races sur le même territoire,
une vie municipale très intense, une variété inouïe de coutumes et de
législations font de l'Espagne de cette époque un des pays les plus
intéressants de l'Europe, et le résumé de M. Altamira est très propre
à attirer sur les origines espagnoles l'attention des historiens du droit.
G. Desdevises du Dezert.
0. Procksh. — Ueber die Blutrache bei den vorislamischen
Arabern und Mohammeds Stellung zu ihr. — Liepzig, Teubner,
1899; in-8", 92 p. (Leipziger Studien aus dem Gebiet der Geschichte.
Funfter Band, vierter Heft).
La vendetta ou droit du talion résume presque tout le droit criminel
des tribus nomades ou même des groupements sédentaires qui vivent
sous le régime du patriarcat. L'essence de la justice et de l'arbitrage
est de ne pouvoir régler les différends qu'à la condition expresse d'être
reconnus par les deux parties ou tout au moins de leur être imposés
par l'opinion d'une majorité contre laquelle elles ne peuvent songer à
lutter ; leur exercice suppose une organisation sociale, dans laquelle,
la famille ou la tribu, qui n'est que la plus grande famille, ne jouissent
pas d'une autonomie complète et du droit de haute et basse justice sur
leurs membres, en d'autres termes, il exige l'existence d'un État
qui ait depuis longtemps substitué son autorité à celle du pater-
familias.
Bien que l'on connaisse fort peu de chose de l'histoire des tribus
arabes avant l'Islamisme, et que les récits des chroniqueurs soient
pour cette époque aussi vagues qu'incomplets, il est certain que la fa-
mille arabe, dont le groupement formait la tribu, vivait sous le régime
du patriarcat le plus sévère, avec un culte du foyer aussi intense qu'à
Rome ou que dans l'ancienne Chine; le matriarcat des tribus du
Yémen ou de Hadramaut n'a jamais existé que dans l'imagination des
islamisants. Les tribus arabes, qui cependant reconnaissaient toutes
20fi COMPTES RENDUS
une origine commune, n'avaient guère de rapports que pour se voler,
se tuer des hommes ou s'enlever des femmes; la tribu lésée ne
pouvait songer à remettre la défense de ses intérêts à un arbitre ou à
un juge qui n'existait pas et force lui était de recourir à la lutte à
main armée pour tirer vengeance de l'attentat dont elle avait été la vic-
time. Quelle que fût l'issue de cette lutte, on comprend que le conflit
devait fatalement s'éterniser, et que l'agresseur cliàtié ne manquait pas
de se considérer à son tour comme la victime de ceux qu'il avait
dépouillés, et qu'il n'attendait que le moment de prendre une revanche
souvent terrible. Cela explique comment les tribus arabes éparses dans
l'immensité du désert, et qui, commeon le saitdéj.à par Hérodote, n'ont
jamais voulu reconnaître l'autoritéd'unohef quelconque, vivaient dans
un état de guerre continuel, à peine interrompu par quelques trêves
qu'elles employaient à aiguiser leurs lances. L'étude de M. Procksli
est une bonne contribution à l'histoire de ces mœurs barbares qui
ensanglantèrent si fréquemment le désert pierreux de l'Arabie. Après
avoir exposé la constitution intime de la famille arabe, sur laquelle il
y a encore tant à dire, l'auteur étudie la vendetta en elle-même, e la
place que Mahomet dut lui faire dans la nouvelle religion qu il venait
imposer au nom d'Allah aux populations errantes du Yémen. Ces cou-
tumes violentes et sauvages répugnaient visiblement au prophète de
l'Islam, et tout comme le Christ, il eût voulu apporter aux hommes une
loi de paix et de miséricorde; mais là encore, comme sur tant d'autres
points, il ne pouvait obliger les farouches pasteurs du désert à aban-
donner du jour au lendemain des coutumes séculaires qu'ils consi-
déraient comme la seule sauvegarde de leur honneur.
E. Blochet.
Arsène Darmesteter. — A historical french Grammar, edited
by Ernest Muret and Leopold Sudre. Authorized english
édition by Alphonse llartog. — London Macmillan and C», 1899;
in-8", XLVIH-93G p.
La grammaire d'Arsène Darmesteter vient d'avoir l'iionneur d'être
traduite en anglais. Elle le méritait à tous les points de vue : d'abord
parce qu'elle est extrêmement simple, claire tout en étant scientifi-
quement faite, et parce qu'elle est bien supérieure à celle de Brachet,
dont jusqu'ici les étudiants anglais devaient se contenter.
L'éloge de cette grammaire n'est plus à faire, surtout ici où elle a
A. i.RRorx : MAS«;jF centrai. 207
6ié l'objet do comptes rendus aussi bienveillants que justes. Quant à
l'édition anghiiio, elle est supérieure à Tédition française et — ceci n'est
pas un mince éloge pour le traducteur — beaucoup plus agréable à
lire que l'édition Delagrave. D'ailleurs, elle se présente avec un air plus
aimable, ce qui tient aux caractères de Macmillan, et ensuite elle est
plus commode, parce qu'elle contient quelques additions très ingé-
nieuses, et quelques modifications que M. Muret ne pouvait, comme
il le dit lui-même page ix, faire sur le manuscrit de Darmesteter,
mais que l'on pouvait introduire dans une traduction. Et c'est pour-
quoi, comme le dit encore M. Muret, page x, on peut dire que la
Phonetics est une troisième édition de la phonétique, soigneusement
revue et corrigée.
La partie la plus délicate, celle qui concerne la traduction des
exemples, a été faite avec beaucoup de tact par M. Hartog : il n'a pas
voulu, ce qui eût été absolument insipide, les rendre tous en anglais :
et d'ailleurs l'étude de la grammaire historique présuppose une
connaissance déjà étendue du français. Il ne l'a fait que pour les
mots peu familiers dans le livre I, et dans les livres II et III de très
rares passages sont seuls traduits. Au contraire, dans la syntaxe
(livre IV), tout est traduit avec la plus grande précision.
M. A. Hartog a dressé, avec l'aide de MM. M. et P. Hartog, une
bibliographie tenue à jour et plus complète que celle de l'édition
Delagrave. Un index des mots et des phrases très complet et très
pratique clôt d'une façon heureuse cette traduction de toute première
valeur.
Louis Brandin.
Alfred Leroux. — Le Massif central, histoire d'une région de
la France. — Paris, E. Bouillon, 1898; 'A vol. in-8", xxvii-432,
387 et 311 p.
Si quelqu'un était capable de faire un excellent livre sur le Massif
central, c'est à coup sûr M. Alfred Leroux. Il a des idées person-
nelles, son érudition est très vaste, et il écrit d'une langue facile et
claire. Par les archives, par les livres, par les voyages, il a tâché de
connaître son sujet aussi complètement que possible. Avec toutes ces
qualités, avec tous ces efforts, il n'a pas fait un bon livre, et il ne l'a
pas fait parce que personne ne pouvait le faire.
On peut en effet étudier le Massif central au point de vue géologique
208 COMPTES RENDUS
et gt^ograpbique, parce qu'il constitue à cet égard, par sa formation
comme par sa disposition, un entité réelle ; on ne peut le considérer
comme une région historique, car les populations qui l'habitent ne
sont pas de même race, ne parlent pas la même langue, ne se ressemblent
ni par leurs mœurs ni par leurs usages, ont eu enfin des destinées
historiques différentes et sou\ent opposées.
La montagne ne réunit pas, elle sépare. Nulle part cette observation
ne se vérifie plus exactement que dans le Massif central de la France.
Il est absolument artificiel de réunir dans une même région Idstorique
le Limousin et le Gévaudan, le Forez et le Quercy. En tant que sujet,
au sens où l'entend M. A. Leroux, le Massif central n'en est
pas un.
C'est la raison essentielle de l'échec final de son très grand et très
méritoire effort; il y en a une autre secondaire. C'est que les travaux
faits sur les différentes parties du Massif sont très inégaux comme
nombre et comme valeur. Telle province, tel pays, a été l'objet de
publications nombreuses et sérieuses; sur d'autres, tout est à faire ou
peu s'en faut.
En choisissant comme sujet d'une étude historique, le Massif central
de la France, M. Alfred Leroux se condamnait donc d'avance à écrire
un livre sans unité, un livre où les répétitions et les inégalités étaient
fatales, et c'est en effet ce qui est arrivé.
Malgré tous ses mérites et tout son travail, M. Alfred Leroux n'a
ni tout lu, ni tout vu, comme il en convient lui-même de bonne grâce.
Il en est résulté que son livre est trop détaillé pour une vue d'ensemble
sur une région géographique, et qu'il est forcément incomplet au point
de vue de l'histoire locale des subdivisions historiques de cette région.
Les érudits spéciaux de chaque province, de chaque pays, pourront
y relever et y relèveront de nombreuses erreurs de détail. L'auteur n'a
pas vu qu'en dehors d'une série d'aquarelles minutieuses et précises,
il ne pouvait songer qu'à une sorte de fresque à larges traits, ne visant
à donner qu'une impression générale des éléments essentiels ; il a
peint — avec quelle conscience et quel labeur ! — un de ces grands
tableaux à l'huile, — que délaissent les collectionneurs et qui déses-
pèrent les conservateurs de musées, — où tout est si bien traité avec un
égal souci de la perfection, que l'idée générale disparaît tandis que le
détail reste encore insuffisamment soigné et poussé.
Car, c'est le cas pour M. A. Leroux ; il n'a ni tout lu, ni tout vu, et
HONNEU HEITUaGI': /i i< angi.istik •20f)
comme il a voulu parler de tout, les inexactitudes abondent. Je n'en
citerai que quelques exemples, empruntés à l'exposé géographique.
« Encore aujourd'hui couverts de forêts, » dit-il des monts d'Aubrac
(p. 29 , et l'impression qu'on rapporte de ce pays — les forets garnissant
des vallées plutôt encaissées — est au contraire celle d'une immense
étendue dénudée, couverte de pâturages, sans un arbre, sans un
buisson, où les routes sont jalonnées, en prévision des neiges d'hiver,
de hautes bornes de granit ; paysage d'un aspect désertique, dont la
tristesse infinie n'est du reste pas sans grandeur.
Il parle du cirque du Cantal et la caractéristique du Cantal est d'être
un cône très surbaissé.
Il place la région des puys dans la Haute-Auvergne, tandis que ce
dernier pays n'a jamais compris, même administrativement, que le
massif du Cantal (p. 68j, laissant en dehors la région du Cézallier et
du Luguet, à plus forte raison la chaîne des Dômes, qui constitue
essentiellement la région des puys.
Il méconnaît limportance du vignoble du Puy-de-Dôme (p. 77).
Je ne parle pas d'erreurs de moindre importance, comme celle qui
consiste à placer sur la Dordogne la cascade formée près de Bort par
la Rhue.
Toute la partie géographique serait ainsi à reviser.
J'arrête là ces observations qu'on pourrait appliquer à tout l'ouvrage.
M. Alfred Leroux a écrit : « Quand on a serré de près l'étude de
chacun de ces pays, on aperçoit encore mieux combien l'histoire et la
géographie tendent à diverger » (p. 1.30).
On ne saurait mieux dire, et il est permis de regretter qu'il n'ait pas
dès lors renoncé à un sujet qui n'en était pas un, et auquel il a
consacré, pour un résultat vraiment en disproportion avec ses efforts,
infiniment de science, de conscience, de labeur méritoire et intelligent.
Louis Farges.
Donner Beitràge zur Anglistik, Hefte III-IV. — Bonn, P. Han-
stein, 1899; in-8^
Nous avons précédemment rendu compte [Moyen Afje, t. XII,
p. 432) des deux premiers fascicules de la collection dirigée par
iM. le professeur M. Trautmann ; il vient d'en paraître deux autres,
intéressant tous deux la lexicographie anglo-saxonne.
210 COMPTES RENDUS
L'un lleft III; 164 p.i a pour auteur M. Richard Simons ;
c'est un lexique des œuvres pouvant être attribuées avec le plus haut
degré de probabilité à Cynewulf. Les mots anglo-saxons sont accom-
pagnés de leur traduction allemande, et de renvois au texte de Cyne-
wulf. Ce travail nous a paru fait avec soin. Mais il eût été infiniment
plus instructif do donner une traduction latine et non allemande des
mots cités. C'est sur un fond latin que s'est modelé le vocabulaire de
toutes les langues de l'Occident : cela est vrai surtout (mais ne l'est
pas seulement des textes ecclésiastiques comme ceux dont il s'agit
ici. Une traduction allemande ne répond pas à la nature des choses ;
elle ne serait à sa place que dans un lexique manuel à l'usage des
étudiants.
L'auteur reconnaît dans sa préface ce qu'il doit à la direction et aux
conseils de M. Trautmann. Nous regrettons que le savant directeur
de la collection n'ait pas usé de son autorité pour empêcher M. S. de
livrer à un jeu fort à la mode chez les érudits, et qui est vraiment
agaçant : M. S. renvoie au texte de ItxBibliothek der niu/elsàchsischen
Poésie de Wiilcker, mais il en modifie la numérotation; c'est ainsi
que l'indication A 1777 renvoie non pas au poème qui porte chez
Wûlcker le titre d'Andréas (A), et qui ne comprend que 1722 vers,
mais à la pièce immédiatement suivante, qui a chez Wûlcker un titre
différent (Die Schicksale des Aposiels) et une numérotation indé-
pendante. Il faut faire la soustraction 1777 — 1722 pour retrouver le
passage en question au vers 55 des Schicksale.
Le fascicule IV (xii-112 p.) a pour titre Old english musical
Ternis, by Frédéric Morgan Padelford. C'est un glossaire alphabé-
tique des termes anglo-saxons se rapportant à la musique, avec renvoi
aux sources et citations in-extenso. Le glossaire est précédé d'une
introduction étendue sur l'histoire de la musique en Angleterre et
d'une étude sur les différents instruments en usage. M. P. signale
avec raison l'influence prépondérante de la musique irlandaise ; il eût
pu, sans risquer de l'exagérer, y insister encore davantage.
Des lexiques partiels d'une langue, tels que celui-ci sont singuliè-
rement instructifs, tant pour l'histoire de la langue que pour celle de
la civilisation. Ils le sont autant par ce qu'ils contiennent que par ce
dont ils révèlent l'absence : c'est ainsi qu'on notera que l'anglo-saxon
làc, d'où l'on a voulu tirer le français lai, ne figure pas — et à juste
titre — dans le glossaire de M . P. Làc en effet n'a pas en anglo-saxon
U. POIPAKDIN : VIE DE SAINT UlDiEU 211
tous les sens de son congénère allemand leiJt ; il lui manque en parti-
culier ceux qui caractérisent le français lai.
L'ouvrage de M. P. se termine par deux listes qui seront fort utiles;
elles donnent l'équivalent anglo-saxon, la première, des termes latins,
la seconde, des termes de l'anglais moderne, relatifs à la musique.
L. D.
Uené PoupARDiN. — La Vie de saint Didier, évêque de Cahors
(630-655), publiée d'après les manuscrits de Paris et de Co-
penhague. — Paris, A, Picard et (ils, 1900; in-8", xx-64 p.
Les sources particulières de l'histoire de la Gaule méridionale sont
très peu nombreuses pour l'époque mérovingienne; de là vient l'im-
portance de la Vie de saint Didier. Ce texte qui complète si heureu-
sement le recueil des lettres du saint n'ayant pas été comme ce recueil
l'objet d'une édition excellente dans les Monumenta Germaniœ, et, en
attendant que les BoUandistes atteignent le 15 novembre, M. Poupar-
din a pensé, avec raison, qu'il y avait lieu de substituer à l'édition
médiocre de Labbe une édition, revue sur les manuscrits, particuliè-
rement sur un ms. de Paris, provenant de Moissac, qui suffirait
presque à lui seul, à fournir un texte correct. M. Poupardin, néan-
moins, a pris la peine de reconstituer par ses succédanés le manuscrit
utilisé par Labbe, manuscrit aujourd'hui perdu, et de consulter direc-
tement un manuscrit du xiv^-xve siècle, provenant de Saint-Géry de
Cahors, et conservé à Copenhague. Pour la date de la rédaction de la
Vie, au lieu de formuler une opinion de pur sentiment fondée sur le
style et la langue, critérium auquel on est trop souvent réduit pour
l'hagiographie mérovingienne, M. Poupardin a pu proposer une dé-
monstration tendant à fixer cette date à la fin du vin" ou au commen-
cement du ix« siècle; cette démonstration, dont la conclusion est sinon
d'un certitude complète, du moins très vraisemblable en l'état de la
question, est fondée sur la date qu'il convient d'assigner à un évoque
de Cahors, Agarnus, mentionné dans la Viia . Quanta l'auteur, il
semble qu'il faille y reconnaître un moine anonyme de Saint-Géry de
Cahors. L'intérêt de la Vita n'est pas seulement de nous faire con-
naître la vie d'un grand évêque du vu'' siècle, ami et conseiller de
Clotaire II et de Dagobert I^»", mais aussi de nous transmettre le texte,
d'un certain nombre de documents reproduits en entier ou analysés
212 COMPTES RENDUS
par l'auteur. Telles sont les lettres d'Hcrkanfreda à Didier, son fils,
un précepte de Dagobert T'" relatif à la consécration de Didier comme
évoque de Cahors, un indiculus du même roi à Sulpicius de Bourges
ayant le même objet, le testament de saint Didier, un catalogue épis-
copal. Grâce aux sources connues et bien utilisées par le biographe,
la Vie de Didier, quoique n'étant pas contemporaine, est une des plus
dignes de foi et des plus intéressantes parmi les Vies de saints qui se
réfèrent au règne de Dagobert V. L'abus que l'édification fait des
textes hagiographiques a pour conséquence d'inspirer une extrême
défiance aux érudits à l'égard de ces mêmes textes, mais cette défiance
très légitime ne doit pas tomber dans un excès tel qu'elle fasse sacrifier
le bon par crainte du mauvais, conséquence trop fréquente d'une cri-
tique excessive. 11 faut préférer évidemment les sources contempo-
raines des événements auxquels elles se réfèrent, à des sources de
date postérieure à ces événements; mais ce principe général est loin
d'être absolu ! D'abord, c'est à nous qu'incombe le soin de dé-
terminer si le texte est contemporain ou non, et l'on sait que les
questions de date sont de celles sur lesquelles les érudits tombeiit le
moins facilement d'accord; en outre, un texte contemporain rédigé
par un auteur ou mal informé, ou désireux d'induire en erreur, ou
plus inspiré par la rhétorique que par l'histoire, est de portée nulle, ou
même dangereuse; au contraire, un texte postérieur rédigé avec soin
et conscience d'après des sources contemporaines, souvent difficiles à
déterminer pour nous, mais dont l'influence est visible, constitue une
excellente source historique. Avec des ouvrages de ce genre, la cri-
tique ne doit pas être tranchante et absolue, elle doit distinguer le
bon, le mettre en lumière, le faire passer dans le domaine acquis de
la science historique, et elle fait ainsi œuvre féconde. Le travail de
M. Poupardin fournit un excellent exemple de cette méthode appliquée
avec prudence par un esprit très fin et très bien informé. L'origine do
la publication de ce volume dans la Collection de Textes pour servir
à Vétitde et à V enseignement de Vhistoire , est une conférence faite
par l'auteur, à l'École des Hautes-Études, sous la direction de
M. A. Molinier. A. V.
CHRONIQUE
M. H. -F. Delaborde a publié en 1880, d'après les documents originaux
conservés aux Archives de Palerme, un recueil de chartes de l'abbaye de
Notre-Dame de la Vallée-de-Josaphat en Terre-Sainte (BibUoih(-<iiu> des
Écoles françaises d'Athènes et de Rome, XIX). C'est en effet en Sicile, à
Messine, que les Bénédictins de Palestine s'étaient réfugiés à la fin du
xui' siècle. Mais les archives du monastère de Sainte-Madeleine de Messine
ont subi de nombreuses déprédations, et M. Delaborde n'a pu connaître
de nos jours qu'un nombre de documents assez restreint. Heureusement, au
début du xvif siècle. Antonio Amico avait fait une copie des documents
conservés dans les archives de Sainte- Marie-Madeleine, émanant de l'abbaye
de Notre-Dame de la Vallée-de-Josaphat ou la concernant; de cette copie
conservée à la bibliothèque de Palerme, une transcription avait été exécutée
pour feu le comte Riant; c'est de cette transcription que M. Kohler vient
de se servir pour nous faire connaître les chartes non publiées par M. De-
laborde (Reçue de l'Orient latin, VU, p. 108-222). Ce travail comprend
l'analyse, avec extraits, souvent copieux, de 88 documents (1108 à 1291),
qui sont du plus haut intérêt non seulement pour l'histoire de l'abbaye
même, mais encore pour la topographie de la Terre-Sainte, pour la chrono-
logie et pour la généalogie d'un grand nombre de familles. M. Kohler a
rédigé ses analyses avec le plus grand soin, commenté les dates quand il
y avait lieu, identifié les personnages ; il ne considère cependant pas son
travail comme définitif et nous fait espérer une publication in-extenso
des documents lorsqu'il aura pu consulter directement le ms. de Palerme.
A. V.
* *
M. H. Pirenne, l'éminent professeur d'histoire du moyen âge à l'Université
de Gand, vient de publier Tédition française de la remarquable Histoire de
Belf/ique ( Tome I. Des origines au commencement duXIV' siècle. Bruxelles,
H. Lamertin, 1900; in-8°, 431 p.), dont l'édition allemande a été l'objet d'un
compte rendu dans notre fascicule de septembre-octobre 1899. Cette édition
française ne diffère de la précédente que par quelques légères corrections de
détail et par Tadjonction en appendice de tableaux chronologiques. A la fin
de l'avant-propos une note est à relever; M. Pirenne annonce qu'une seconde
édition considérablement augmentée de sa Bibliographie de l'Histoire de
Belgique est sous presse.
* *
Moyen Age, t. Xlll. l5
214 CHRONIQUE
Pierre BuUioud, magistrat, puis jésuite de la première moitié du
xvii' siècle, a compilé un Lii(/dimiini sacra prophanuni en 9 volumes
dont les érudits lyonnais font quelque cas. Cet ouvrage, après la dispersion
de la bibliothèque La ^'alette. échoua à Auxerre avec le Liif/daniiinpiisctiin
de Claude Bellièvre et les Titres et Gèncaloi/ios de Guichenon ; il lut ensuite
envoyé à la Faculté de médecine de Montpellier par Chaptal, désireux de
témoigner de son attachement à son ancienne Université. Là, ne s'arrêta
pas l'infortune des érudits lyonnais, toujours en peine du fameux recueil;
le liasard voulut que le rédacteur du Catalogue des mss. de Montpellier
l'ayant vu trop rapidement le crût incomplet du tome VIII, que M. Allut,
bien qu'ayant utilisé le même recueil dans ses Titres de Guichenon, l'eût,
après ledit catalogue, déclaré également incomplet, et que Monfalcon dans ses
notes manuscrites conservées à la Bibliothèque de Lyon eût reproduit la
même assertion. M. l'abbé Sachet, s'est rendu à Montpellier, pour examiner
le recueil page à page, et il confond aujourd'hui ceux qui, avant lui, ont
vu ou prétendu voir le Liif/danum de Bullioud (Les Manuscrits dit « !.?<//-
diinum sacro prophaniun )) de Pierre Bullioud, S. J. — Montbrison, impr.
de E. Brassart, 1899; in-S", 75 p. Extrait du Bulletin de la Diana, X). Si
le tome II est relié à la suite du tome I, de même le tome VIII est relié à la
suite du tome VII; l'ouvrage est donc complet et forme 9 toiues reliés en
7 volumes. L'étude de M. l'abbé Sachet n'aboutit pas seulement à corriger
ceux qui l'ont précédé; comme il a pris la peine d'analyser page à page
chacun des neuf tomes, il a reconnu que Montpellier ne possède qu'une copie
annotée par l'auteur, copie dont Lyon possède les matériaux, les minutes,
un peu incomplètes sur certains points, mais plus complètes sur d'autres.
En concluant, M. l'abbé Sachet doit reconnaître que, quant au fond, les
manuscrits de Bullioud, minutes et copie annotée, sont d'un intérêt limité
et d'une valeur très relative. A. V.
Gachard, en 1864. a publié une notice des manusciits relatifs à l'Histoire
de la Belgique, conservés à la Bibliothèque de Berlin. Les collections de
cet établissement s'étant notablement accrues depuis cette époque, il a paru
à M. Huisman qu'il utiliserait fructueusementun séjour à Berlin en mettant
au courant le travail de Gachard (Inrentctirc des nouccauj- niaiiuscrits
concernant l'histoire de la Belgique acquis par la Bihliothèque roi/ale de
Berlin. Bruxelles, 1899; in-8", 68 p. Extrait du t. IX, n" 3, 5'= série, des
Bulletins de la Conutdssion roj/a le d'Histoire de Belgique). LeS manuscrits
décrits par lui sont pour la plupart des compilations historiques postérieures
au moyen âge ou des recueils de documents du xvf siècle, A signaler des
Annales de Rolduc (xii" siècle), une Cronica hrecis pontijlcuni Leodien-
siuhi, abrégée de Gilles d'Orval (xv" siècle); le Chevalier délibéré, d'Olivier
de la Marche; le Pawillart liégeois (xv" siècle); la. Cronica Clirensiiiin
et Marchiœ D oininorant (xv'siècle) ; le Bréviaiie d'Alaric(vn'-viii' siècles) ;
CHRONIQUE 215
la Loi Salique (x" siècle); les Grandes Chroniques (xiv'-xv" siècles); le
Voyage de Jean de Mondeville (xv'' siècle) ; un Évangéliaire de Stavelot
(viii'-ix" siècles) ; un Froissart, troisième livre (xv" siècle). Les plus remar-
quables parmi les mss. qui viennent d'être cités appartiennent aux col-
lections l^hillipps et Hamilton. A. V.
* *
La collection de manuscrits de Peterhouse est restée jusqu'ici assez mal
connue. T. James, en 1600, a publié un inventaire sommaire dans son
Eclof/a Oxonio-Cantabrùjiensis ; cet inventaire a été réimprimé assez
incorrectement par Bernard dans ses Catalof/t mss. Anrjliœ et Hiherniœ en
1697; depuis, M. Schenkl a décrit quelques volumes de cette bibliothèque
dans sa. Bihliot/icrd Patmin hitinorKin lirHannicc . M. M. R. James, à qui
l'on doit déjà tant de bons inventaires de manuscrits, vient de publier un
catalogue définitif de cette collection qui compte 439 numéros (A descriptive
Catahf/ite oft/te manuscripts in the librartj of Peterhouse. Withan Essai/
on the hisiori/ ofthe Hhrarrj bi/ J. W. Claris. Cambridge, at the University
Press, 1899; gr. in-8", xxxii-391 p.). Les volumes décrits contiennent les
ouviages qu'on rencontre le plus communément ; à signaler cependant des
comptes du xiv'^ siècle, des mss. de la Légende dorée, de Virgile, Juvénal,
Perse, de THistoire tripartite de Cassiodore, des Tragédies de Sénèque et
surtout le ms. bien connu de Maugis d'Aigremont et des Quatre fils Aymon
(n° 281). L'introduction historique est accompagnée de concordances avec
les inventaires publiés antérieurement et avec un inventaire ms. rédigé en
1760: l'on y trouve aussi le texte d'un catalogue de 1418. A. V.
if. ^
M. E. Hubert, archiviste de l'Indre, à qui l'on doit déjà entre autres
publications, un Recueil des chartes françaises du xiii' siècle des archives
de l'Indre, un Obituaire des Cordeliers de Châteauroux, un Dictionnaire
historique de l'Indre, un Répertoire des documents concernant ce département
conservés aux Archives nationales, vient de publier, à l'usage de ceux qui
s'occupent de l'histoire du Berry, un JRecneil (jènèral des chartes intéressant
le dcpartenient de l'Indre, VP-XP siècles (Châteauroux, A. Mellottée; Paris,
A, Picard et fils, 1899: in-8", paginé 81-272. Extrait de la Rmie archrido-
f/i>litc du Berri/). M. Hubert a reproduit dans ce volume tous les textes
imprimés antérieurement dans les ouvrages les plus divers, il les a traduits
et longuement commentés, il a emprunté à d'anciens inventaires l'analyse
d'actes perdus ; il a en outre publié pour la première fois un certain nombre
de documents restés inédits, notamment des bulles de Jean XI, Léon VII,
Etienne VIII, Léon IX, Grégoire VII et Urbain II, pour Déols, des actes de
Robert et Eudes deVatan pour le chapitre de Saint-Laurian deVatan, d'Eudes,
de Raoul V de Déols, d'Audebert et Léodegaire, archevêques de Bourges, et de
divers autres personnages pour Déols, d'Aimon, archevêque de Bourges pour
Saint-Pierre de Meobec, de Giroire de Vatan pour le prieuré de Reuilly,
216 CHRONIQUE
de Durand, prOtrede Crozon, d'Elie de Sainte-Sévère, de Ganelon et Hervé
de Saint-Aignan, de Bernard, meunier d'Ardentes, pour Marmoutiers, de
Gcraud de Rongères pour Aigurande, d'Audebert, archevêque de Bourges,
pour Saint-Jean-d'Aureil en Limousin, de Robert de Buzanoais et de Lucie de
Mézières, pour Fontgombault. Ces documents sont pour la plupart publiés
d'après des originaux conservés aux Archives de l'Indre et aux Archives
Nationales, ou d'après des copies de la Biliothèque Nationale. On doit savoir
gré à M. Hubert d'avoir misià la disposition des érudits un recueil général de
textes relatifs à une région déterminée, et aussi de leur avoir fait connaître un
nombre assez considérable de documents intéressants antérieurs au xii" siècle.
A. V.
* *
Sous le titre : Yulc and Chris/mas, t/ieir Place in the Germanie Year
(Londres^ D. Nutt, 1899; petit in-4°. 218 p.), M. Alexander Tille, que nous
connaissons comme l'auteur d'une bonne traduction allemande delà Gunn-
lau(/ssatja ornistun;/u (Leipzig, 1890), traite une des questions les plus
controversées de l'histoire de la civilisation germanique, la subdivision de
l'année en deux, trois, ou quatre saisons, et en mois, et la date des principales
fêtes païennes, de celle en particulier qui s'est confondue avec la Noël
chrétienne, le Jôl des anciens Scandinaves. Les documents ne manquent
pas : mais ils sont ou obscurs ou contradictoires : le calendrier des Goths
n'est pas exactement celui des Anglo-Saxons, et celui-ci n'est pas identique
au calendrier Scandinave. Chez tous, un fonds commun a été altéré par
différentes causes. Il est dans la nature des choses que le commencement
des saisons ait été fixé à des dates différentes suivant les climats. D'autre
part, le calendrier romain, influencé lui-même par des traditions nouvelles
venues de l'Orient, a pu, de très bonne heure, modifier dans une certaine
mesure le calendrier de certaines tribus germaniques, mais non pas de
toutes, ni toujours de la même façon. Enfin, dans tout le cours du moyen
âge, la fusion partielle de certaines fêtes chrétiennes avec quelques-unes des
anciennes fêtes romaines s'est compliquée de confusions avec les fêtes du
paganisme germanique qu'elles supplantaient. Malgré une exposition parfois
un peu lâche, on lira avec intérêt le travail de M. Tille, moins pour ses
conclusions, qui restent sujettes à controverse, que pour les matériaux qui
y sont réunis et commentés. L. D.
*
* 4(
La bibliothèque d'Orléans possède une dizaine de nécrologes de l'église
Sainte-Croix, — le plus ancien écrit en 1421, — qui n'avaient été jusqu'à
présent que très imparfaitement utilisés. M. Charles Cuissard, le laborieux
conservateur de la bibliothèque, a été bien inspiré en dressant un état de
tous les chanoines et dignitaires de la cathédrale mentionnés dans ces
différents manuscrits {Les Chanoines et Dif/nitaires de la cathédrale d'Or-
léans, d'après les nècrolorjes manuscrits de Sainte-Croix . Orléans,
Herluison, 1900; in-8°, 197 p.). On trouvera dans cette publication autre
CHRONIQUE 217
chose qu'une pure et simple nomenclature de noms propres; M. Cuissard,
en effet, a rédigé des notices plus ou moins étendues sur ceux de ces chanoines
et dignitaires qui ont joui de quelque célébrité, et indiqué, quand il y avait
lieu, leurs ouvrages imprimés ou manuscrits, ainsi que les sources où l'on
devra puiser sur ces peisonnages de plus amples renseignements; c'est là
comme l'amorce d'une bio-bibliographie orléanaise depuis longtemps
projetée et dont on ne peut que souhaiter l'achèvement. Parmi les notices
qui méritent d'être signalées, je citerai, pour le moyen âge, celles d'Amisius
ou Ami d'Orléans, de Jean des AUeuds, d'Etienne de Garlande; pour les
temps modernes, celles des deux Jacques Alleaume, de Jacques Amyot, de
Jean Bruneau, du fougueux prédicateur Hugues Burlat, du P.Campigny,ce
Célestin dont la vie fut si agitée, de Marin Groteste Desmahis, de l'abbé
A. Dubois, bien connu par son Histoire du sirr/r d'Orléans, de l'historien
Orléanais Charles de La Saussaye, de Jean Rousse. M. Cuissard a publié,
à la suite de ses notices, un certain nombre de documents intéressant le
chapitre de Sainte-Croix, — un acte de Charles le Chauve, de 856, un diplôme
de Louis VI, de 1116, plusieurs actes de confraternité, de 1060, 1312, 1603,
un catalogue de reliques, de 1329, etc., — qui, à vrai dire, n'étaient pas
tous inédits, L. A.
*
* n^
Il est parfois utile de savoir pour quelle raison un certain mot manque au
vocabulaire d'un auteur donné : on arrivera à des conclusions fort différentes
pour l'étymologie, la critique, etc., suivant que l'auteur n'aura pas eu à
exprimer l'idée représentée par ce mot, ou bien qu'il l'aura exprimée par
un autre mot. C'est à ce point de vue que le petit Lexù/tie aUrmand et.
l'ieux-has-allemand de M. Osker Priese {Der Wortschatz des Hâliand,
Sarrebruck, 1899 ; in -8°) pourra rendre des services aux germanistes
et aux linguistes. L'auteur, il est vrai, se place à un point de vue assez
différent : son but est surtout de lutter contre la Venrelschiinr/ de la langue
allemande, en remettant en honneur les vieux mots germaniques abolis.
Qu'il nous soit permis alors de regretter pour lui-même qu'il ait dû employer
dans sa préface un mot comme Bresche qui est, quelle que puisse être son
origine en français, un mot welsch en allemand. — Rappelons, en terminant,
que M. P. avait précédemment fait paraître un Lexique allemand fjothiquc
{Deutsch-Gotisches Wôrterbiich, Leipzig, 1890), fondé sur le même principe
que son Lexique bas-allemand, et qui peut rendre les mêmes services.
L. D.
* *
Gust. Rydberg, Zur Geschichte des fransôsischen d. I. Die Entstehung
des d-Lautes. II. Ûbersicht der f/eschichtlichen Entivickelunf/ des a in
ait- und nenfran.;ôsischer Zeit bis Ende des 17 Jahrunderts. Leipzig,
O. Harrasowitz, 1896-1897; in-8% 202 p. II. 2. Ûbersicht der fjeschicht-
lichen Enticickelunfj des i> in ait- und neufran.-ôsischer Zeit. Die Vorlit-
218 CHRONIQUE
trrarisr/ic Enfirir/.rlun;/ (1er fv.::. MonoajiJJdba. Upsala, 1898; in-8°,
p. 203-408. Nous avons là les deux premières parties de l'excellent travail
de M. Rydberg. Nous attendons les deux dernières (III et IV), annoncées
dès 1896 comme devant paraître, soit en l'an 1896, soit en 1897, pour
donner de cette étude un compte rendu général et qui complétera les critiques
déjà nombreuses parues sur chacun des fascicules de l'ouvrage en question.
L. B.
Dans son édition des Goita Karoli {GcstaKitroli Mdfjni ad Carcassonaw
et Narhonam, lateinischer Text und provenzalische Einleitung. Halle,
1898: in-12, 75-270 p., Rommnschc Bibliote/,-, n" 15) M. Schneegaris
représente les idées qu'il avait exposées dans sa thèse de docteur : Die
QucUcn des sofjcnannteti Pseiido-P/iiloineiui und des Olficinins von
Gerona ;;n Ehren Karls des Grosscn (Strasbourg, Heitz, 1891 ; in-8°,
85 p.), où il essaye de distinguer l'élément monacal et l'élément épique
de ces Gesta. Cf. p. 21 de cette dissertation. Bien que l'auteur n'ait pas
toujours réussi — ce qui est particulièrement difficile — à séparer ces deux
éléments, il a partout fait preuve d'une grande pénétration d'esprit et s'est
montré très bien informé sur tout ce qui concerne ces Gesta.
L'étude sur la langue est trop écourtée. Le texte est généralement bien
établi. Et l'édition est très commode, nous donnant le texte latin en face du
provençal. Le glossaire, p. 249-263, est très court, mais suffisant, d'après
la méthode suivie par l'auteur (Cf. note de la p. 249). Un recueil des noms
propres se trouvant dans les Gesta termine le livre (p. 263-270).
L. B.
* *
M. Rich. Eduard Ottmann, dont nous avons analysé ici-même (Moyen
Af/Cf t. III, p. 217) un intéressant travail sur les prétérits germaniques à
redoublement, vient de faire paraître une adaptation en vers allemands
modernes de la Chanson d'Alexandre du prêtre Lamprecht (Das Alexan-
dcrlled des Pfaffen Lamprecht, in neuhochdeutscher Uebertragung, nebst
Einleitung und Kommentar. Halle a. d. S., O. Hendel, in-8°, lxvii-436 p.
et 1 facs.). L'indigence poétique de Lamprecht n'est rendue que plusf
apparente par les chevilles introduites par M. O. pour remplir la
mesure du vers moderne : une simple traduction en prose n'eût-elle pas
mieux valu ? Quoi qu'il en soit, on lira avec profit l'introduction développée
qui précède l'adaptation de M. O. et les notes abondantes qui l'accompagnent.
L'aspect du volume ne manque pas d'élégance. L. D.
LIVRES NOUVEAUX 219
LIVRES NOUVEAUX
187. Abraham (F.). Cbor Quellen und Munclart des dolphinatisclien
Mysteriums Istoria Pétri et Pauli. — Halle, M. Niemcyer, 1900; in-8„,
66 p., 4 pi. (3 m.)
188. André (Marius). Le Rienheui-eux Raymond LuUe (1232-13Ï5). —
Paris, Lccoffre, 1900; in-18, iv-220 p. (Les Saints.) (2 fr.)
189. Arbellot. Vie de saint Martial, apôtre de l'Aquitaine. — Limoges,
impr. de V^« Ducourtieux, 1899; in-16, 17 p.
190. Ariès (Abbé Saturnin). Histoire du Bourg Saint-Bernard. 2" éd. —
Toulouse, E. Privât. 1899; in-8", 455 p.
191. AsHLEV (W. J.). Histoire des doctrines économiques de l'Angleterre.
n. La fin du moyen âge. Traduit sur la 3'' édition anglaise revue par l'au-
teur, par Savinieu Bouyssy. —Paris, V. Giard et E. Brière, 1900; in-8".
(Bibliothèque internationale d'économie politique.) (10 fr.)
192. AvALLE (Giuseppe). Le antiche chioseanonime ail' Infernodi Dante,
secondoil testo Marciano. — Città di Castello, S. Lapi, 1900; in-16, 188 ]i.
(CoUezione di opuscoli danteschi. 61-62.) (1 1. 60.)
193. Bahrfeldt (E.). Das Miinz- und Geldwesen der Furstenthiimer
Hohenzollern. - Berlin, A. Weyl, 1900; in-8% vu-184 p., 11 pi.
194. Bar (M.). Gesehichte de kônigl. Staatsarehiv zu Hannover. — Leip-
zig, S. Hirzel,190Û; in-8". 83 p. (Mitteilungen derk. preussischen Arcliiv-
verwaltung, IL) (1 m. 60.)
195. Barbier DE Mont.\ult (H.). La tapisserie des saints Gervais et
Protais à la cathédrale du Mans. —Laval, A. Goupil, 1900; in-8", 38 p.
196. Bardon (Acliille). Un registre de M' Eustache de Nîmes, notaire à
Nîmes (1380-1388). — Nîmes, impr. de Chastanier, 1900; in-8", 52 p.
197. Batiffol (P.). Tractatus Origenis de libris SS. Scripturarum,
detexit et edidit Petrus Batiffol, sociatis curis Andrese Wilmart. — Paris,
A. Picard et fils, 1900; in-8°, xxiv-226 p.
198. Baumont (IL). Histoire de Lunéville. Préface de Ch. Pfister. —
Lunéville, Bastien, 1900; in-8", xiii-769 p. et plan.
199. Bayet (C). Précis d'histoire de Tart. Nouvelle édition. — Paris,
May (1900); in-8", 352 p. (Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.)
200. Becker (J.)- Gesehichte der Pfarreien der Dekanates Mûnstereifel.
— Bonn, P. Hanstein, 1900; in-8", xxii-356 p., 2 cartes. (Gesehichte der
Pfarreien der Erzdiôcese Koln, hrsg. von K. Th. Dumont. XXXIV.) (5 m.)
201. Bédier (J.). Spécimen d'un essai de reconstruction conjecturale du
Tristan de Thomas. —Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8°, 40 p. (Extr. de la
Zcitschviftfûr votnanische Philologie.) (1 m. 20.)
220 LIVRES NOUVEAUX
20:2. Berliner (A.). Aus dem Leben doi-deutschen Juden ini Mittelalter
zugleich als Beitrag fiir deutsche Culturgeschichte nach gedruckten uiid
ungedruckten Quellen. — Berlin, N. Poppelauer, 1900; in-8", v-142 p.
(4 m.)
203. Berthou (P. de). Inventaire sommaire des archives communales de
Nantes antérieures à 1792, rédigé par S. de la Nicollière-Teijeiro, t. II,
Séries EE, FF, GG. Compte rendu. — Vannes, impr. de Lafolj^e, 1900;
in-8°, 27 p. (Extr. de la Rcv. de Broiafjvc, do. Vendée et d'Anjou.)
204. Besson-Léaud (T.). La coutume du Poitou, son passé, ses vestiges
dans le droit français. — Niort, impr. de Mercier, 1900; in-8°, 19 p.
205. Beyssac (J.). Notes pour servir à l'histoire de l'Église de Lyon. Saint
Ismidon de Sassenage, chanoine de Lyon, évêque de Die. — Lyon, impr.
deVitte, 1900; in-8", 14 p.
206. Blanquart (Abbé F.-M.-A.). La Chapelle de Gaillon et les fresques
d'Andréa Solario. — Évreux, impr. de Herissey, 1899; in-8°, 31 p. (Extr.
du Bull, de 1(1 Soc. des Amis des arts de VEure.)
207. Bligny-Bondurand. Inventaire sommaire des archives départemen-
tales antérieures à 1790. Gard. Archives civiles. Série E.T. I-II. Seigneu-
ries. Familles. Notaires. — Nîmes, impr.de Chastanier, 1894-1900; 2 vol.
in-4". xi-461 et xi-475 p.
208. Boisgelin (De). Alayer, seigneurs de Champourcin, Costemore, le
Poil. — Digne, impr. de Chaspoulet, V^*^ Barbaroux, 1899; in-8% 9 p,
(Extr. du Bidl. de la Soc. scientifique et littéraire des Basses- Alpes.)
209. Bonaventura (A.). La poesia neolatina in Italia dal sec. xiv al
présente. — Città di Castello, S. Lapi, 1900;in-16. (4 1.)
210. Bonnet (Emile). Bibliographie du diocèse de Montpellier. Anciens
diocèses de Maguelone, Montpellier, Béziers, Agde, Lodève et Saint-Pons-
de-Thomières . — - Montpellier, impr. de Firmin et Montane, 1900; in-8",
150 p.
211. Borrmann (R.). Die Alhambra zu Granada. — Berlin, W. Spe-
mann, 1900; in-fol., 18 p., 6 pi. (Die Baukunst. 2" Série, 3 Hft.) (4m.).
212. BossEBŒUF (L.-A.). Comptes de Louis XI, Louis XII et Catherine
de Médicis. — Tours, impr. de Bousrez, 1900; in-8°, 24 p. (Extrait du
Bull, de la Soc. archéol. de Tour-aine. — La Touraine historique. Do-
cuments inédits.)
213. Boudin (Abbé Jean-Louis). Renseignements divers sur la foire de
Beaucaire, marchandises qui s'y vendaient, voies par lesquelles on y arri-
vait. — Caen, impr. de Delesques (1900); in-8°, 8 p. (Extr. du Compte
rendu du 64' Congrès archéologique.)
214. Boulanger (C). Les monuments mégalithiques de la Somme,
2' édition. — Paris, Leroux, 1900; in-16, 139 p.
21.5. Boulanger (C). Les Muches d'Heudicourt. — Paris, Leroux, 1900;
in-8", 42 p., 5 plans.
216. Boullenger (G.). Les sépultures gallo-romaines de Pierrepont-sur-
Avre (Somme). — Paris, Lechevalier, 1900; in-8°, 48 p.
LIVRES NOUVEAUX 221
217. BouRNON (Fernand) et Gaston Duval. Bibliographie des travaux de
M. A. de Montaiglon, professeur à l'École des Chartes. Supplément. —
Paris, H. Lee 1ère, 1900; in-8°. (4fr.)
218. Braune (W.). Abriss der althochdeutschen Grammatik, mit Be-
rûcksiehtigung des Altsâchsischen. 3' Aufl. — Halle, M. Niemeyer, 1900;
in-8°, 64 p. (Sammlung kurzer Grammatiken germanischer Dialekte. I.)
(1 m. 50.)
219. Braune (W.). Die Handschriften Verhàltnisse des Niebelungen-
liedes. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8% 222 p. (Extr. des Bcitrdrje x;ur
Gcschichtc der dcutsch. Sprache iind Litteratur.) (6 m.)
220. Bréard (Charles). Vieilles rues et vieilles maisons de Honfleur, du
XV siècle à nos jours. — Mâcon, Sescau, 1900; in-16, 354 p. (Publica-
tions de la Soc. normande d'ethnograpliie et d'art populaire « le Vieux Hon-
neur ». N''2.)
221. Brun-Durand (J.). Dictionnaire biographique et biblio-icono-
graphique de laDrôme. I : A-G. — Grenoble, H. Falqueet F. Perrin, 1900;
gr. in-8°.
222. Buisson (G.). Le canton de Donnemarie. Aperçu d'ensemble, —
Lagny, imp. de Colin, 1900; in-18 Jésus, 75 p.
223. Bulletin de la Société littéraire et historique de la Brie, 1" série. —
Meaux, impr. Laffltteau, 1894; in-S", xxxiv-123 p.
224. Campagne (Maurice). Histoire de la maison de Madaillan, 1076-1900.
— Bergerac, impr. de Castanet, 1900; in-4% xi-440 p.
225. Canzoni d' amore e madrigali di Dante Alighieri, di M. Cino da Pis-
toia, di M. Girardo da Castelfiorentino, di M. Betrico da Reggio, di
M. Ruccio Piacente da Siena, riproduzione délia rarissima edizione del
1518, per cura di Jarro. Nuova edizione. — Milano, G. Agnelli, 1900;
in-8". (5 1.)
226. Cartailhac (Emile). Quelques souvenirs de la Société archéologique
du Midi. — Toulouse, impr. de Chauvin, 1900; in-8°, 11 p.
227. Cazauran (Abbé). Ville de Mirande. Topographie-toponymie de
la voirie urbaine. — Paris, Maisonneuve, 1900; in-8°, 50 p.
228. Chadeyras (F.). Superstitions et légendes d'Auvergne. — Draguignan,
impr. de Olivier- Joulian, 1900; in-18, 45 p.
229. Chauvet (G.). Sépultures préhistoriques de la Charente et de l'Egypte
(comparaison). — Angoulême, inij^r. de Chasseignac, 1900; in-8°, 9 p. (Extr.
des Proccs-vcrbaux de la Société ai'c/téologiqtie et historique de la Cha-
rente, 1899.)
230. Chevalier (Abbé Ulysse). Répertoire des sources historiques du
moyen âge. Topo-bibliographie, 3" fascicule : E-J. — Montbéliard, Société
anonyme d'imprimerie Montbéliardaise, 1889; in-4°, col. 1057-1592.
231. Colomb (Christophe). « Lettera rarissima » de Christophe Colomb
sur la découverte de la terre ferme, accompagnée de l'itinéraire de Diego
de Porras et d'une partie de la relation de Diego Mendez. Traduction nou-
velle extraite des Documents de la Colombie, — Angers, impr. de Burdin,
1899; in-4°. 42 p.
22~ LIVRES NOUVEAUX
232. CoRLiEu (D'A.). Les Bâtiments de raucieiine Faculté de médecine
de Paris, rue do la Bucherie. — Nogent-le-Rotrou, irapr. de Daupeley-^
Gouverneur, 1900; in-8% 14 p. (Extr. du Bull, de In Société de F Histoire
de Paris et de l'Ile-de-France . )
233. CouRTAUx (Théodore) et C" de Lantivy de Trédion. Histoire
généalogique de la maison de Lantivy, de ses alliances et des seigneuries
qu'elle a possédées (Bretagne, Maine, Anjou et Languedoc), suivie des gé-
Déalogies des maisons de l'Estourbeillon (Bretagne) et de Richemont de
Richard'son (Ecosse et France). — Paris, Cabinet de a l'Historiographe »
1899; m-i\ 451 p.
234. Coutil (L.). Les figurines en terre cuite des Éburovices, Véliocasses
et Lexovii. Etude générale sur les Vénus à gaines de la Gaule romaine.
— Évreux, imp. de Hérissey, 1899; iu-8°, 84 p. et atlas de 23 pi.
235. Cramer (F.). Inschrlften auf Glàsern des rômischen Rheinlandes.
— Diisseldorf, E. Lintz, 1900; in-8", 35 p. (Extr. du UJahrb. d. Diissel-
dorfor Geschichtstereins.)
236. CzoBOR (B.). Die historischen Denkmàler Ungarns un der Mille-
niums-Ausstellung. 9-10 Lfg. — Wien, Gerlach und Schenk, 1900; p. 161-
200, 8 pi.
237. Davidsohn (R.). Forschungen zur Geschichte von Florenz. 2 Thl.
Ausden Stadtbùchern und Urkunden von San Gimignano. —Berlin, E. S.
Mittler und Sohn, 1900; in-8% iv-352 p. (9 m.)
238. Davis (H. W. C). Charlemagne. — London, G. P. Putnam's
sons, 1900; in-8». (5sh.)
239. Déchelette (Joseph). Inventaire général des monnaies antiques re-
cueillies au mont Beuvray de 1867 à 1898. — Autun, impr. de Dejussieu
(1900); in-8'', 45 p. (Extr. des Mèm. de la Soc. Êduenne.)
240. Delisle (L.). Fragments d'un poème historique du xiv' siècle. —
Nogent-le-Rotrou, impr.de Daupeley-Gouverneur (1900); in-8", 6 p. (Extr.
de la Bibliothèque de V École des Chartes.)
241. Despatys (Pierre). Les Musées de la ville de Paris. — Paris, Bou-
det(1900); in-4", 104 p. (12 fr.).
242. DiDiOT (Chanoine Jules). Saint-Thomas d'Aquin est-il socialiste? —
Paris, Sueur-Charruey, 1900; in-8", 15 p. (Extr. delà Rec. de Lille.)
243. Diplomatarium Veneto-Levantinum, sive Acta et diplomata res ve-
netas, graecas atque Levantis illustrantia, 1331-1454. Pars 2. — Venezia,
F. Visentini, 1900; in-4°. (25 1.)
244. DoBENECKER (O.). Rcgcsta diplomatica necnon epistolsitia historiée
Thuringise. II Bd. 2 Thl. 1210-1227. - lena, G. Fischer, 1900; in-4°, vi p.
et p. 273-556. (15 m.)
245. Douais (C). La Procédure inquisitoriale en Languedoc au xiv' siècle,
d'après un procès inédit de l'année 1337. — Paris, A. Picard et fils, 1900;
in-8% 89 p.
246. DuLON (J.). Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). Capitaines et
gouverneurs; maîtrise et gruerie. — Saint-Germain, Lévêque, 1899; in-16,
xvi-210 p.
LIVRES NOUVEAUX 223
247. Du Pin de La Guériviére (V" E.). Une famille d'épée sous
l'ancien régime. Maison de Russy d'Ogny (1203-1696). — Vannes, impr.
de Lafolye, 1900; in-8°,78 p. (Extr. delà Rmic des Questions liéraldù/acs.)
248. Durand (Vincent). Excursion archéologique de la Société de la Diana
à Saint- Germain-Laval, Notre-Dame de Laval, Grezolles, Aix et Saint-
Marcel-d'Urfé, le 18 juillet 1894. Compte rendu. — Montbrison, impr. de
Brassart, 1899; in-8°, 94 p. et pi. (Extr. du Bull, de la Diana,)
249. Durand (Vincent). Trois sceaux inédits de la cour de Forez, des
xiif, xv' et XVI'" siècles. — Montbrison, impr. de Brassart, 1899; in-8", 8p.
1 pi. (Extr. du Bull, de la Diana.)
250. DuvAU (L.). « Formation de la mythologie Scandinave. Sophus
Bugge, Studier over de nordiske Gude-og Heltesagns oprindelse, Anden
Raokke : Helge Digtenei den aeldre Edda, deres Hjem og Forbindelser.
(Études sur la formation de la mythologie norroise, 2" série: le cycle de Helgi
dans l'ancienne Edda, sa provenance et ses .sources.) Copenhague, G. E.
Gad, 1896. » (Compte rendu.) — Paris, Impr. Nationale, 1899; in-4°, 15 p.
(Extr. du Journal des Savants.)
251. Église (L') de Montmorency, ses verrières. — Montmorency, impr.
de Gaubert, 1900; in-18, 24 p.
252. EiTNER (R.). Biographisch-Bibliographisches Quellen-Lexikon der
Musiker und Musikgelehrten der christlichen Zeitrechnung bis zur Mitte
des 19 Jahih. 1 Bd. : Aa-Bertali. — LeijDzig, Breitkopf und Hartel, 1900;
in-4°, 480 p. (12 m.)
253. EsMEiN (A.). Trois documents sur le mariage par vente. — Paris,
Larose (1900); in-8% 11 p. (Extr. de la Noue. Rec. hist. de droit français
et étranger.)
254. Espérandieu (Capitaine E.). Inscriptions antiques du musée
Calvet d'Avignon. — Paris, A. Picard et fils; 1900; in-8% 265 p. (10 fr.)
255. Eubel (K.). Die avignonesi.sche Obedienz der Mendikanlen-Orden,
sowie der Orden der Mercedarier und Trinitarier, zur Zeit des grossen
Schismas. Beleuchtet durch die von Clemens VII und Benedikt XIII an
dieselben gerichteten Schreiben. — Paderborn, F. Schôning, 1900; in-8°,
xx-231 p. (Quellen und Forschungen aus dem Gebiete der Geschichte, in
Verbindung mit ihrem historischen Institut in Rom, hrsg. von der Gorres-
gesellschaft. I Bd., 2 Thl.) (9 m.)
256. Fabre (Abbé François). Notes historiques sur Servières, près Saugues,
— Le Puy, impr. de Prades-Freydier, 1900; in-8% 38 p.
257. Fester (R.). Hegesten der Markgrafen von Baden und Hachberg,
1050-1515. Hrsg. von der bail, histor. Commission. 9-10 Lfg. — Innsbruck,
Wagner, 1900; in-4°, v p. et p. 529-661 (du t. l"). (10 m. 40.)
258. Forschungen zur romanischen Philologie, Festgabe fur Hermann
Suchier zura 15, 111, 1900. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8%
V-646-XXXVI p. (18 m.)
259. FoRSTEMANN. Altdeutsches Namenbuch. Bd. I. 2'- Aufl. 1 Lfg. —
Bonn, P. Hanstein, 1900. (4m.)
224 LIVRES NOUVEAUX
260. FouRNiER (A.). Topographie ancienne du département des Vosges.
V : Bassin de la Moselle, 2" partie. VI : Des noms de lieux dans le dépar-
tement des Vosges. VII-VIII : La Plaine. — Épinal, impr. de Klein (impr.
de Hugnenin), 1896-1899, 4 vol. in-8°, 196, 249, 61 et 207 p. et carte. (Extr.
des Annales de la Sociètc (rènuilatioa dos Vosi/cs.)
261. FouRNiER (A.). Les Vosges. Illustrations par V. Franck. II : Sainte
Odile. — Paris. P. OUendorf, 1900; in-4", 88 p. (12 fr.)
262. Fr.^nklin (A.). La Vie privée d'autrefois... Les Animaux. T. IL
Du xv° au XIX" siècle. — Paris, Pion et Nourrit, 1899; in-8% xix-307 p.
263. Freixe (Jacques). Charte du roi de France Charles le Chauve en
faveur du monastère d'Arles (année 869). Extrait du cartulaire du monas-
tère d'Arles. Texte latin, traduction française. Réimpression textuelle. —
Perpignan, impr. de 1' « Indépendant n, 1900; in-8% 7 p.
264. FRiEDENseaRG (F.). Nachtrâge und Berichtigungen zu Schlesiens
Miinz-Geschichte im Mittelalter. — Berlin, A. Weyl, 1900; in-8", 36 p.,
2 pi. (2 m.)
265. Fùhrer durch das historische Muséum in Basel, hrsg. von der
Verwaltung des Muséums. — Basel, Historisches Muséum, 1900: in-8°,
v-66 p.
266. Gastoué (Amédée). La Tradition ancienne dans le chant byzantin.
— Paris, bureaux de la Schola cantorum^ 15, rue Stanislas, 1899; in-8%
16 p. (Extr. de la Tribune de Saint-Gcrvais.)
267. Gatin (L.-A.). Essai historique. Un village. Saint-Martin-la-Garenne
(Seine-et-Oise). — Paris, Soc. d'édition et de librairie (1900); in-8%
xviii-247 p.
268. Geigy (A.). Katalog des historischen Muséums in Basel. IL Katalog
der Basler Mûnzen und Medaillen der im historischen Muséum zu Basel
deponierten Ewig'schen Sammlung. — Basel. Historisches Muséum, 1900;
in-8% xvii-171 p., 44 pi.
269. Géographie (La) gauloise du Bas-Poitou, principaux points archéo-
logiques des cantons de Sainte-Hermine et de l'Herm^enault, par A. B. —
Vannes, impr. de Lafolye, 1900; in-8% 10 p. (Extr. de la Revue du Bas-
Poitou.)
270. Girard (E. de). Histoire de l'économie sociale jusqu'à la fin du
xvi" siècle. Antiquité. Moyen âge. Renaissance. Réforme. — Paris,
V. Giard et E. Brière, 1900; in-8".
271. GoiFFON (Abbé). Monographies paroissiales. Paroisses de l'archiprêtré
du Vigan. 2° édition. — Nîmes, impr. de Ducros, 1900; in-8% 441 p.
272. GoTTHELF (F.). Das deutsche Altertum in den Anschauungen des
16 und 17 Jahrhundert. — Berlin, A. Duncker, 1900; in-8% vii-68 p.
(Forschungen zur neueren Litteratur-Geschichte. XIII.) (1 m. 50.)
273. Graxdidier. Nouvelles œuvres inédites publiées sous les auspices
de la Société industrielle de Mulhouse. V : Ordres militaires et Mélanges
historiques (Strasbourg). — - Colmar, H. Hùffel, 1900; in-8% ix-446 p.
(6 m.)
LIVRES NOUVEAUX 225
274. Grettis Saga Asraundarsonar, hrsg. von R. C. Boer. — Halle,
M. Niemeyer, 1900; in-8", lh-348 p. (Altnordische Saga-Bibliothek. Vlll.)
(10 m.)
275. Grosse-Duperon (A.). Souvenirs du vieux Mayenne. Les sieurs de
Beauchesne et les Calvairiennes de Mayenne. — Mayenne, impr. de
Poirier-Bealu. 1900 ; in-8% 483 p.
276. Queneau (Victor). Dictionnaire biographique des personnes nées en
Nivernais ou revendiquées par le Nivernais. — Nevers, Mazeron, 1899;
in-4\ 184 p.
277. GuÉRY (AbW C). La Conimanderie de Chanu (Eure). — Évreux,
impr. d'Odieuvre, 1900; in-8", 47 p.
278. GuiLLAUD (D' J.-A.). De l'emplacement du « Castrum Facta-
botura ». — La Rochelle, impr. de Texier, 1900; in-8^ 7 p. (Extr. du
Bull, de la Soc. des Avchicc.s hist. de la Sainionge et del'Aiinis.)
279. GuMBix (Th.). Geschichte des Fiirstent. Pfalz-Veldenz. — Kaisers-
lautern, E. Crusius. 1900; in-8", vi-378 p. (4 m. 50.)
280. H.^-:bler (K.). Sur quelques incunables espagnols relatifs à Chris-
tophe Colomb. —Besançon, impr. de Jacquin, 1900; in-S", 24 p. (Extr. du
Bt'hliorjraphe moderne.)
281. Hagen (P.). Der Gral. — Strassburg, K. .1. Triibner, 1900; in-8",
v-124 p. (Quellen und Forschungen zur Sprach- und Culturgeschichte der
germanischen Vôlker. LXXXV.) (3 m.).
282. Harnack (A.). Geschichte der kônigl. preussischen Akademie der
Wissenschaften zu Berlin. Im Auftrage der Akademie bearb. — Berlin,
G. Reimer, 1900; 3 vol. in-S", vii-vi-1091, xii-660 et xiv-588 p. (60 m.)
283. Harnack (A.). Die Pfaifschen Irenâus-Fragmente als P'àlschungen
Pfafis nachgewiesen. Miscellen zu den apostol. Vàtern, den Acta Pauli,
Apelles, dem Murator. Fragment den pseudocyprian. Schriften und
Claudianus Mamertus. — Leipzig, J. C. Hinrichs, 1900; in-8°, iii-148 p.
(Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Litteratur.
N. Folge. V, 3; der ganzen Reihe, XX, 3.) (5 m.).
284. Hauser (K.). Winterthur zur Zeit des Appenzellerkrieges. — Win-
terthur, Alb. Hoster, 1900; in-8°, 132 p.
285. Heldmann (K.). Der Kôlngau und die Civitas Kôln. Historisch-
geographisch Untersuchungen ûber den Ursprung des deutschen Stadte-
wesens. Mit geograph. Index und eine Karte. — Halle, M. Niemeyer,
1900; in-8% vii-136 p. (6 m.)
286. Herluison (H.). Coup d'oeil sur le musée historique d'Orléans. —
Orléans, Herluison, 1900; in-8°, 15 p. (Extr. du Bull, de la Soc. archèol.
et hist. de l'Orléanais.)
287. Hermet (Abbé). Statues-menhirs de l'Aveyron et du Tarn. — Paris,
Impr. Nationale, 1899; in-8", 39 p. (Extr. du Bull, archèol. du Comité
des travaux hist.)
288. Hommey (Abbé L,). Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de
Séez. T. III, — Alençon, impr. de Renaut-de-Broise, 1900; in-8", 482 p.
2-26 LIVRES NOUVEAUX
289. Hubert (Eugène). Bulletin histoiiquo de la Belgique. — Nogent-le-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8", 50 p. (Extr. de la
RocKC historique.)
290. HuET (P.) et A. de Saint-Saud. Généalogie de la maison de La Paye
en Périgord. — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-4", 306 p., 7 pi. (25 fr.)
291. IIuRTAUD (Le P. Jourdain). Lettres de Savonarole aux princes chré-
tiens pour la réunion d'un concile, étude doctrinale. — Paris, impr. de
Levé, 1900: in-8% 50 p. (Extr. de la Rcr. thomiste.)
292. Ibn Ibischam (Abd el-Malik). Das Le?)cn Muliammed's nach Muhara-
med Ibn Ishàk bearb. Aus den Handschrit'ten zu Berlin, Leipzig, Gotha und
Leyden hrsg. von F. Wùstenfeld, 1 Bd. 2 Thl. und 2 Bd. (Anastatischer
Xeudruck). — Leipzig, Dieterich, 1900; in-8^ 480 et Lxxn-286 p. (20 m.)
293. Jacoby (A.). Ein neues Evangelien-Fragraent. — Strassburg,
K. J. Trûbner, 1900; in-8", v-55 p. et 4 pi. (4 m.).
29 i. Kahn (Salomon). Les juifs de Tarascon au moyen âge. — Paris^
Cerf, 1899; in-8% 59 p. (Extr. de la Rer. des Études jtiircs.)
295. Katcheretz (G.). Notes d'archéologie russe, monuments chrétiens de
Chersonèse. — Paris, Leroux, 1899; in-8% 7 p. (Extr. de la Rcv. archèol.)
296. Keiffer (Jules). Précis des découvertes archéologiques faites dans le
grand-duché de Luxembourg de 1845 à 1897. —Paris, Leroux, 1899 ; in-8°,
14 p. et carte (Extr. de la Rer. archéolof/ique.)
297. Keh.er (W.). Die litterarischen Bestrebungen von Worcester in
angelsàchsische Zeit. — Strassburg, K. J. Trûbner, 1900; in-8'', vm-104 p.
(Quellen und Forschungen zur Sprach- und Culturgeschichte der germa-
nischen Vôlker, LXXXIV.) (2 m. 50.)
298. KoHLER (Charles). Chartes de l'abbaye de Notre-Dame de la Vallée-
de-Josaphat, analyses et extraits. —Paris, Leroux, 1900: in-8", 119 p. (Extr.
de la Rer. de l'Orient latin, VII, 1-2.)
299. KosER (R.). Ueber den gegenwârtigen Stand der archivalischen
Forschung in Preussen. — Leipzig, S. Hirzel, 1900; in-8% 40 p. (Mittei-
lungen der k. preussischen Archivverwaltung, 1.) (0 m. 80.)
300. Labat (Gustave). Le vieux la Teste et le château des eaptaux de
Buch. — Paris, Libraires associés, 1900; in-8°, xiii-97p.
301. La Bessière (L.-F.). Chalonnes-sur-Loire, un mariage de grands
seigneurs en 1422. — Angers, Germain et Grassin, 1900: in-8", 19 p. (Extr.
de la Rev. de l'Anjou.)
302. La Bouraliére (A. de). L'imprimerie et la librairie à Poitiers
pendant le xvi" siècle, précédé d'un chapitre rétrospectif sur les débuts de
rimprimerie dans la même ville. — Paris, Paul et fils et Guillemin, 1900;
in-8°, Lxx-399 p.
303. Lafenestre (G.). La peinture italienne. T. 1". Depuis les origines
jusqu'à la fin du xv' siècle. Nouvelle édition. — Paris, May (1900); in-8°,
360 p. (Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.)
304. Lang (A.). History of Scotland from the roman occupation. Vol. I.
— London, Blackwood, 1900; in-8°. (15 sh.)
LIVRES NOUVEAUX 227
305. Langlois (Ernest). Anciens proverbes français. — Nogcnt-le-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1899; in-8°, 33 p. (Extr. de la
Bibliothèque de l'Ecole des Chartes . )
306. Lapixi (Agostino). Diario fiorentino,dal 252 al 1596, ora per la prima
volta pubbl. da Gins. Odoardo Corrazzini. — Firenze, G. C. Sansoni,
1000; in-16. (3 1. 50.)
307. Lehfeldt (P.). Einfiihrung in die Kunstgeschichle der thûringischen
Staaten. - lena, G. Fischer, 1900; in-8", viii-199 p. (4 m.)
308. Lessing (J.). Wandteppiche und Decken des Mittelalters in Deut-
schland(In 5 Lfgn). 1 Lfg. - Berlin, E. Wasmuth, 1900; gr. in-fol. 10 p.
et 10 pi. (10 m.)
309.LEVITICUS (F.). Laut- und Flexionslehre der Sprache der St. Serva-
tius-Legende Heinrichs von Veldeke, nach dem Leidener Ms. Mit Heran-
ziehung der iibrigen handschriftlichen Fragmente. — Haarlem, de erven
F. Bohn, 1900; in-8".
310. LixDET. Les origines du moulin à grains. — Paris, Leroux, 1899';
in-8", 12 p. (Extr. de la Rec. arehèolof/i'/ue.)
311. LuTHMKR (F.). Gothische ornamente in Beispielen aus Baudenkma-
lern des xiii bis xvi Jahrh.— Frankfart a. M., H. Keller, 1900; gr. in-fol,,
30 pi, (30 m.)
312. Mackinnon (J.). History of Edward 111. — Longmans & C\ 1900;
in-8". (10 sh,)
313. Mailhet (André). Observations sur une Histoire de la ville de Die.
— Valence, impr. Valentinoise, 1900; in-8°, 79 p,
314. Maître (Léon). Beauvoir-sur-Mer au xf siècle, d'après un décret
épiscopal inédit d'Isambert, évoque de Poitiers vers 1040. — Vannes, impr.
deLafolye, 1900; in-8", 15 p. (Extr. de la Rer . du Bas-Poitou.)
315. Marchand (Alfred). Moines et nonnes. Histoire, règles, costume et
statistique des Ordres religieux. Nouvelle édition. — Paris, Fischbacher,
1900; in-18 Jésus, vi-305 et 4.34 p. (7 fr. 50.)
316. Marcou (Edmond). De l'autorisation maritale au xiif siècle, com-
parée à celle du Code civil, thèse. — Paris, Rousseau, 1899; in-8", 182 p.
317. Markisch (R.), Die altenglische Beaibeitung der Erzâhlung von
Apollonius von Tyrus Grammatik und latein. Text, — Berlin, Mayer und
Millier, 1900 ; in-8% 62 p. (Palaestra, VI.) (1 m. 60.)
318. Martin (AbbéJ.-B.). Incunables de bibliothèques privées, 2° série.
— Paris, Le Clerc et Cornuau, 1899; in-8", 24 p. (Extr. du Bull, du
bibliophile.)
319. Marucchi (Orazio). Éléments d'archéologie chrétienne. Notions
générales. — Roma, Desclëe, Lefebvre e C, 1900; in-8" (6 1.)
320. Maurel (Abbé M.-J.). Le Péage de Peypin et les péages des Basses-
Alpes. — Digne, impr. de Chaspoul et V^e Barbaroux, 1900; in-8°, 91 p.
(Extr. du Bull, de la Soc. scienti/u/ue et littéraire des Basses- Alpes.)
321. MÉLY (F. de). Les Reliques de la sainte couronne d'Aix-la-Chapelle
et de Saint-Denis. — Paris, Leroux, 1899; in-8% 7 p. (Extr, de la Rec.
archéologique.)
228 LIVRES NOUVEAUX
322. Mentienne. Mémorandum ou guide nécessaire à ceux qui voudront
écrire les monographies des communes du département de la Seine. —
Paris, Champion, 1899; in 18, 143 p.
323. Meyer (A. G.). Die Certosa di Pavia. — Berlin, W. Spemann,
1900;in-fol..20 p. ,7 pi. (Die Baukunst, 2' Série. 2 Hft.) (4 m.)
324. Meyer (Paul). Notice sur trois légendiers français attribués à Jean
Belet. — Paris, Impr. Nationale, 1900; in-4°, 82 p. (Tiré des Notices et
Extraits des manuscrits de la Bibliot/irr/iic Nationale et antres biblio-
thèques.)
325. Millet (Gabriel). Monuments de l'art byzantin. 1 : Le Monastère
de Daphni, histoire, architecture, mosaïques. — Paris, Leroux, 1899;
in-4", 204 p., 19 pi. (25 fr.)
326. MoNTESsoN (G" Charles-Raoul de). Vocabulaire du Haut-Maine.
3' édition.— Paris, E. Paul et fils et Guillemin, 1900; in-8", 541 p.
327. MooRE (Edward). Gli accenni al tempo nella Divina Commedia e
loro relazione con lapresunta data e durata délia visione. Versione italiana
di Cino Chiarini. — Firenze, G. C. Sansoni, 1900; in-16. (1 1. 20.)
328. MoREL (Abbé E.). Le mouvement communal au xii" siècle dans le
Beauvaisis et aux environs. — Beauvais, impr. de Avonde et Bachelier,
1899; in-8°, 24 p. (Extr. du Bull, de la Soc. académique de l'Oise.)
329. MoREL (Octave). La grande Chancellerie royale et l'expédition des
lettres royaux, de l'avènement de Philippe de Valois à la fin du xiv' siècle.
— Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8% xiii-592 p., 2 pi. (Mémoires et
documents publiés par la Société de l'École des Chartes, III.) (20 fr.)
330. MoRO (Gi.). S. Antonino in relazione alla riforma cattolica nel
sec. XV. — Firenze, B. Seeber, 1900; in-8». (1 1. 50.)
331. MouRRET (Charles). Documents inédits sur le chcâteau deTarascon.
— Caen, Delesques, 1899; in-8°, 16 p. (Extr. du Compte rendu du
64* Conf/rès archcolof/ique de France.)
332. MiJLLENHOFF (K.). Deutsche Altertumskunde. 4 Ed. 2 Hàlfte. —
Berlin, Weidmann, 1900; in-8», xxiv p. et p. 385-751. (10 m.)
333. MûLLER (J.). Untersuchungen zur Lautlehre der Mundart von
Aegidienberg. — Bonn, P. Hanstein, 1899; in-8°, v-62 p. (1 m. 50.)
334. Naegle (A.). Die Eucharistielehre des hl. Johannes Chrysostomus
des Doctor Eucharistiae. — Freiburg i. B., Herder, 1900; in-8°, xiii-308p.
(Theologische Strassburger Studien, III, 4-5.) (5 m. 40.)
335. Palmieri (D.). Commento alla Divina Commedia di Dante Ali-
ghieri. — Prato, Giachetti, 1900; 3 vol. in-8°. (15 1.)
336. Paquier (J.). De Philippi Beroaldi junioris vita et scriptis (1472-
1518). - Paris, Leroux, 1900; in-8°. 127 p.
337. Paris (Gaston). Les Danseurs maudits, légende allemande du
xr siècle. — Paris, Bouillon, 1900; in-4", 17 p. (Extr. du Journal des
Savants, lSd9.)
338. Pellot (Paul). Fragment généalogique et Documents sur les
familles de Creil et d'Auquoy. — Vannes, impr. de Lafolye, 1900; in-S",
15p. (Extr. de la. Reime des Questions héraldiques.)
LIVRES NOUVEAUX 229
339. Perez-Villamil (E.). Estudios de historia y arte. La catedral de
Sigiienza erigida en el sigio XII. — Madrid, Murillo, 1900; in-4°. (8 pes.)
340. Petit (Ern.). Les Bourguignons de l'Yonne à la Cour de Piiilippe
de Valois. — Paris, A. Picard, 1900; in-8", 91 p., 1 pi. (4 fr.)
341. Petit (Joseph). Mémoire de Foulques de Villaret sur la Croisade.
— Nogent-le-Rotrou (1900); in-8", 9 p. (E.xtr. de la Bibliotliôqac de l'École
des Chartes.)
342. Peyron (Abbé Edouard). Histoire de Vieil-Biioude, depuis les ori-
gines jusqu'à nos jours. — Vieil-Brioude, l'auteur, 1900; in-18, xvii-400p.
(3 fr. 50.)
343. Photius. Photii, Constantinopolitani patriarchœ, operum pars
prima. Exegetica. In Amphilochia Photii prolegomena. — Paris, Garnier
(1900); gr.in-8",v iii-648 p. (Patrologite Cursus completus.Patrologiae grœcae
tomus CI.)
344. PiRENNE (H.). Histoire de Belgique, des origines au commencement
du XIV' siècle. — Bruxelles, H. Lamertin, 1900; in-8% xii-430 p.
345. Plumptre (E. H.). Life of Dante. Edited by A. J. Butler. — London,
Isbister and C°, 1900; in-12. (2 sh. 6 d.)
346. Poli (V" Oscar de). La Royauté de la fève. — Paris, 45, rue des
Acacias, 1900; in-8", 23 p. (Extr. de la Reçue des Questions /léi-aldlques.)
347. Porée (Abbé). Le premier Président Boivin-Cham peaux, historien
normand. — Brionne, Amelot, 1899; in-8", 22 p.
348. PouL.\iNE (F.). Le Camp de Chora à Saint-Moré (Yonne). — Paris,
Leroux, 1900; in-B*", 8 p. (Extr. de la Rcc. archéologique.)
349. Poupardin (R.). Les grandes familles comtales à l'époque carolin-
gienne. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 19(X); in-8",
24 p. (Extr. delà Reo. historique.)
350. Prior (E. s.). History of gothic art in England. — London,
G. P. Putnam sons, 1900 ; in-fol. (31 sh. 6 d.)
351. Prothière (E.). Les Armoiries de Tarare. — Charlieu, impr. de
Charpin, 1899; in-8°, 15 p., 2 pi. (Extrait du Bull, delà Soc. des sciences
naturelles .)
352. QuESVERS (P.) et H. Stein. Inscriptions de l'ancien diocèse de Sens,
publ. d'après les estampages d'Ed. Michel. Tome II : Inscriptions de la
banlieue de Sens, des doyennés de Vanne, de l'rainel et de Saint-Florentin.
— Paris, A. Picard, 1900; in-4°, 787 p. (25 fr.)
353. Recueil d'actes et de documents concernant la famille dite d'Eeckhout,
du xii' au commencement du xvn' siècle. — Saint-Omer, impr. de Homont,
1900; in-4% vii-332 p.
354. RÉGNIER (Louis). Brionne : le donjon, les églises, le musée. — Caen^
Delesques, 1899; in-8°, 38 p. (Extr. de V Annuaire de l'Association nor-
mande.)
355. RÉGNIER (Louis). La chapelle de la coramanderie de Chanu (diocèse
d'Évreux). — Évreux, impr. d'Odiouvre, 1899; in-S", 10 p. et pi.
356. RÉGNIER (Louis). Pont-Audemer et Quillebœuf . Notes archéologiques.
'230 LIVRES NOUVEAUX
— Caen, Delesques, 1899 ; in-8",65 p. (Extr. deïAnnufdrc de l'AssocîaCioa
norniai}dr.)
357. Rcii (P.)- Die Facultatsstatuten und Ergiinzungen zu den allgemeinen
Statuten dei' Universitiit Frankf urt a. O.— Breslau, M. und H. Marcus. 1900 ;
i»-8% v-100 p. (Akten uud Urkuuden der Universitiit Frankfurt a. O.,
hrsg. von G. Kaufmann und G.Bauch unter Mitwirkung von P. Reh. III.)
(3m.)
358. Relave (Abbé). Notes historiques sur le prieuré, la société de prêtres
et la paroisse de Sury-le-Comtal. — Montbrison, impr. deBrassart, 1899;
iu-8% 49 p. (Extr. du Bull, de la Diana.)
359. RiGAULD(Jean). La Vie de saint Antoine dePadoue,par JeanRigauld,
frère Mineur, évêque de Tréguier. Publié pour la première fois, texte latin
et traduction, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Bordeaux, avec
une introduction sur les sources de l'histoire antonienne et un appendice
sur les légendes de saint François et de saint Antoine^ du frère Julien de
Spire, par le P. Ferdinand-Marie d'Araules. — Ligugé, impr. de Bluté,
1899; in-8% XL-206p.
360. RiGAUx (E.). Quelques noms de lieux du cartulaire de Folquin. note.
— Boulogne-sur-Mer, impr. de Hamain (1900); in-8", 8 p.
361. Sachet (Abbé A.). Les manuscrits da Litf/dnnnm .sacro-prop/iainiia
de Pierre BuUioud, S.J. — Montbrison, impr. de Brassart, I899,in-8",7y p.
(Extr. du Bull, de la Diana.)
, 362. ScHLÂGER (G.). Ueber Musik und Strophenbau der franzôsischen
Romanzen, mite, musikal. Anhang. — Halle. M. Niemeyer, 1900; in-8%
46-xxvii p. (Extr. des Forsclnin(jen .:nr roman. PJiilolotjie, Festfjahe J'ur
H. Such{er.)\2 m. 40.)
363. ScHMiDT (F.). Namen- u. Sachregister zur Geschichte der Erziehung
der pfàlzischen Witteisbacher. — Berlin, A. Hofmann, 1900; in-8", 81 p.
(Monumenta Germanise pcodagogica, XIX.) (1 m. 50.)
364. ScHMiDT (J. von). Die Altâre des Guillaume des Perriers und ver-
wandte Werke,ein Beitrag zur Geschichte der rom. Quattrocento Plastik. —
Saint-Pétersbourg, R. Jaflé, 1900; in-4°, v-36 p., 20 pi.
365. ScHôxE (A.). Die Weltchronik des Eusebius in ihrer Bearbeitung
durch Hieronymus. — Berlin, Weidmann, 1900: in-8'', xiii-280 p. (8 m.)
, 366. ScHREiBER (W. L.). Manuel de l'amateur de la gravure sur bois et
sur métal au xv" siècle. Tome VIII, contenant la deuxième partie des fac-
similés des livres xylograpliiques. — Berlin, A. Cohn, 1900 ; in-fol , xi p.,
32 pi. (12 m.)
367. Schuchardt (H.). Romanische Etymologien, II. — Wien, Cari
Gerold's Sohn, 1900; gr. in-8", 222 p. (Extr. des Sit.;nn;i.'ibci-lchtc der kôn.
A /.ad. der Wiss.) (3 m. 10.)
368. SÉBiLLOT (Paul). Légendes locales de la Haute-Bretagne II. L'histoire
et la légende. — Nantes, Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de
la Bretagne, 190O; in-18, iv-212 p. (Petite Bibliothèque bretonne.)
:569. Seymour de Riccl Répertoire épigraphique des départements de
UVKES NOUVEAUX 231
l'Aisne et de l'Oise. — Paris, Leroux, 181)9; in-S", 23 p. (Extr. de la lîev.
archruloi/ifjiic.)
370. Simon (Joseph). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de la
ville de Nimes. T. II. — Nîmes, impr. de Chastanier, 1899; in-4\ 172 p.
371. Smith (J. H.). Troubadours at home.— London, G. P. Putnam's sons;
2 vol , in-8".
372. SoMMERVOGEL (Le p. C). Bibliothèque de la (-ompagnie de Jésus.
Bibliographie, tome IX. Supplément : Casalicchio-Zweisig, anonymes, pseu-
donymes, index géographique des auteurs et domiciles. — Paris, A. Picard,
1900; in-4'', 1816 coï. (10 fr.)
373. Stkyert (A.). Note sur l'histoire de Lyon. I : les noms de lieux dans
la région lyonnaise aux époques celtique et gallo-romaine^ par l'abbé
A. Devaux. Réplique et observations. — Lyon, Bernoux et Cumin, 1899;
in-8", 114 p. avec cartes.
374. T.'\BARii';s df. Graxds.\ignes (E.). Étude sur l'origine du nom de lieu
« Auteuil ». — Paris, impr. de Andrieu, 1900; in-8", 18 p.
375. Thomas (Stanislas). Études rétrospectives. Nancy avant et après
1830. — Nancy, impr. de Crepin-Leblond (1900); in-8°, 336 p.
37G. ToBLER (A.). Der provenzalische Sirventes : Senher n'eniants s'il
vos ])latz (Barthschs Grundriss 461, 219). — Berlin, G. Reimer, 1900: in-8",
8 p. (Extr. des Sit^un;isber. cl. prcuss. A/iad. dcr Wiss.)
■ 377. TuETEY (Alexandre). Inventaire analytique des livres de couleur et
bannièies du Chàtelet de Paris. I" fascicule: Livre.s- de couleur. — Paris,
Impr. Nationale, 1899; in-4", 135 p. (Ministère de l'Instruction publique.
Archives Nationales.)
378. Uslar-Gleichen (E. Frhr. von). Die Abstammung der Grafen von
Northeim und Katlenburg von den Grafen von Stade, nebst biogiaph.
Xachrichten liber die àlteren Glieder dieser Hàuse. — Hannover, M. und
H. Schaper, 1900; in-8°, 64 p. (Verofîentlichungen zur niederschiisischen
(Jescliichte. — P]xtr. des Htinnur. Grsc]iiscldbJ'"(tier.) {\ m.)
379. Vaesen (J.). et Jos. Vingtrinier Une commune du Lyonnais.
ÉcuUy; son histoire depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,
publ. d'après les notes et documents recueillis par G. Poidebard. — Paris,
A. Picard et fils, 1900; in-8", .374 p. (7 fr. 50.)
380. VmAL (A.) et Jeanroy (A.). Comptes consulaires d'Albi (1359-1360).
— Toulouse, E. Privât: Paris, A. Picard et (ils, 1900; in-16, (1-271 p.
(Bibliothèque méridionale. 1" série, V.)
381. Vietor. Das angelsâehsische Runenkastchen. — Marburg, N. G.
Elwert, 1900; in-8". (6 m.)
382. Voretzsch (C). Zur Geschichte der Diphtongierung iui Altproven-
zalischen. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8", vi-79 p. (Extr. des Foi-
sr/iuiu/cn .;ur roman. l'/i((olo;/i(', Fcitr/abe JTi/- H. Sifcliier.) (2 m. 40.)
383. Wadstein (E.). Kleineie altsachsische Sprachdenkmaler, mit
Anmerkungen und Glossar. — Norden, D. Soltau, 1900; in-8", xv-250 p.
(Niederdeutsche Denkmàler, hrsg. vom Verein fur niederdeutsche Sprach-
[orschung, VI.) (7 m. 20.)
232 LIVRES NOUVEAUX
384. Wallon (H.). Notice sur la vie et les travaux du comte Jacques-
Mario-Joseph-Louis de Mas-Latiie, membre libre de l'Académie des inscrip-
tions et Itelles-lettres. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur,
1899; in-8°, 23 p. (Extr. de la Bibliothèque de l'École des Chartes.)
385. W.ARNKE (K.). Die Quellen der Esope der Marie de France. — Halle,
M. Niemeyer, 1900; in-8", iv-123 p. (Extr. des ForschuiKjcn fur roman.
Philolo;/i(\ Fcstfjabc fur H. Suc/u'rr. (3 m. 60.)
386. Weber (C). Italienische Màrchen in Toscana, aus Volksmund
gesammelt. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-S", 40 p. (Extr. des Forschun-
;jt'n ^ur romanischcn Philologie, Fcstf/abc fur H. Suchier. (1 m. 20.)
387. \Vechssler(E.). Giebtes Lautgesetze"? — Halle, M. Niemeyer, 1900;
in-8°, ni-190 p. (Extr. des Forschiin;jen .:ur roiuanlsc/ien Philolor/ie,
Fesfrjabefiir H. Suchier. (5 m.)
388. WiESE (A.). Die Cistercienser in Dargun, von 1172 bis 1300. Ein
Beitragzur mecklenburg-pommerschen Colonisationsgeschichte. 2" Aufl. —
Gustrow, H. Kitzing, 1900; in-8", 96 p. (1 m. 40.)
389. WiTTMANN (M.). Die Stellung deshl. Thomas von Aquin zu Aven-
cebrol (Ibn Gabirol) untersucht. — Munster, Aschendorlï, 1900; in-8°, vii-
79 p. (Beitràge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters. HI, 3.)
(2 m. 75.)
390. WûLFiNG. Die Syntaxe in den Werken Alfreds des Grossen. 2 Bd.
2 Abthlg. — Bonn, P. Hanstein, 1900; in-8".
391. WiiscHER Becchi (H.). Italische Stàdtesagen und Legenden nach
alten Quellen neu erzàhlt. — Leipzig, W. Friedrich, 1900; in-8", 210 p.
(3 m.)
Le Gérant : V^e E. Bouillon,
CHALON-S-S., impr. française et ORIE.NTALE de L. MARCEAU, e. BERTRAND, s'
LES STATUTS D'ADALHARD
Par L. LEVILLAIN
L'abbé de Corbie, Aclalhard, avait été exilé en 815 par
l'empereur Louis le Pieux. Il ne revint qu'en 821 du mona-
stère de Noirmoutier, où il avait été relégué. Dans l'intervalle,
l'abbaye de Corbie avait été gouvernée par Adalhard le Jeune,
qui prit le titre d'abbé alors qu'il en exerçait les fonctions.
L'administration de Tabbé intérimaire fut sans doute mauvaise :
un relâchement préjudiciable à la vie régulière des moines et
au bon renom de la maison s'introduisit dans l'exercice des
fonctions journalières et dans les mœurs. A son retour,
Adalhard le Vieux voulut remédier au mal, remettre chaque
chose en sa place et chacun à son rang. Il promulgua au mois
de janvier 822 (xv^ indiction et 8*^ année de l'empereur) un
bref que les érudits ont accoutumé d'appeler les Siatuta
Adalhardi.
Ce bref fut publié pour la première fois par dom Luc
d'Achery d'après une copie très défectueuse \ Les savants
qui entreprirent de donner une seconde édition du Spicilège
eurent à leur disposition de meilleurs manuscrits qu'ils trou-
1. D'Achery, Spicilcgium,\^^l-\%11 , ïn-A", t. IV, p. 1-20. Mabillon, qui
cependant fut moine à Corbie, n'a pas connu d'autre texte que celui-ci
(Annalfs urdinis S. Bcncdicti, liv. XXIX, c. 16, t. II, p. 465 et 466). —
Il nous a fourni sur le manuscrit des renseignements qui nous ont permis
d'affirmer que nous ne le possédions plus. « In eodem codice membraneo, ex
quo hsec statuta descripta sunt, habentur Capitula doinni Adalhardi
abbatis de admonitionibus in con;jrc(jationc. .. (Acta Sanctorum ordinis
S. Benedicli, sœc. IV, t. L p. 308, Obsercationcs prœciœj.
Moyen Age, t. XIII. 17
334 L. LEVILLAIN
vèrent dans la Bibliothèque de Corbie, mais qu'ils ne dési-
gnèrent pas autrement'. Ils rejetèrent en note les mauvaises
leçons de la publication antérieure. L'abbé Migne se contenta
de réimprimer les statuts d'après cette nouvelle édition'; mais,
je ne sais pourquoi, dans la courte notice qu'il mit en tête de
cette reproduction, il attribua à Canisius la révision de l'œuvre
de dom Luc d'Acliery '. Enfin M. Benjamin Guérard publiait
en 183G un texte des statuts beaucoup plus étendu '' , d'après
deux manuscrits inédits.
Toutes ces éditions n'ont point une égale valeur. L'exem-
plaire du Spicilège (édition de 1723), mis à la disposition des
lecteurs au département des manuscrits de la Bibliothèque
Nationale, porte des notes marginales au crayon écrites pro-
bablement au XVIII*' siècle par un moine de Saint-Germain
pour prévenir le lecteur que le texte des statuts est partiel : on
a signalé les endroits où d'Achery, et, après lui, Louis de la
Barre et ses collaborateurs, dom Edmond Martène et Etienne
Baluze, auraient fait des coupures. Peu après, un Bénédictin
dressait pour dom Martène le texte des passages omis, d'après
deux manuscrits de Corbie'. Ces deux manuscrits furent uti-
1. D'Achery, Spicilegiuni, édit. Louis-Fr.-Jos. de la Barre, 1723, in-f°,
t. I, p. 586-592.
2. Migne, Patrolo;/ic latine, t. CV^ p. 537 et suiv.
3. Canisius n'a pas composé un Spicilège, mais des Antiquœ Lcctiones,
et ces Antiquœ Lectioncs ne contiennent pas les Statuts d'Adalhard. En
outre, Canisius n'a pas collaboré à la nouvelle édition du Spicilège entre-
prise sous la direction de Louis de la Barre. L'abbé Migne a nécessaire-
ment commis une erreur d'attribution.
A. B. (ju.éïa.td, Polijptrj'juc de l'abbù Irininon, 1" livraison^ partie latine
(Paris, 1836, in-4 j; appendice, p. 306-335. Cette édition a été, pour ainsi
dire, perdue dans cette publication et a passé presque inaperçue. A. Potthast
ne signale que l'édition de Migne ; James Darling (Cijclopœdia hibliofjtv.-
phica, 1854, in-4") ne mentionne que la seconde édition du Spicilcfje ; l'abbé
Ulysse Chevallier ne parle même pas des statuts.
o.BiM. Xat., lat. 17190, fol. 66 (anc. Blancs-Manteaux, n" 84 b): Addenda
ad antiqua statuta S. Adalhardi abbatis Corbeiensis édita Spicilegii tomo4.
— En marge : ex duobus mss. Corbeiensis monasterii. — Indiqué par
M. H. Cocheris, Notices et Extraits. . ., 1. 1, p. 47. — On ne trouve toute-
LES STATUTS DADALIIAKIJ 335
lises par B. Guérard, qui se contenta de fondre en une seule les
rédactions connues, sans se préoccuper de leur valeur respec-
tive'. C'était, je crois, une faute grave.
Si nous ne connaissons pas le manuscrit dont s'est servi
d'Achery et qu'a vu Mabillon, ni ceux de La Barre, nous avons
heureusement conservé les deux manuscrits anciens dans un
volume de la Bibliothèque Nationale*. Venu de Corbie à Saint-
Germain-des-Prés au xvii" siècle, ce volume passa avec tous les
autres documents de cette abbaye à la Bibliothèque Nationale,
où il reçut d'abord la cote : anc. Saint-Germain, 964% puis,
lors de la refonte des fonds, lat. 13908.
Dans son état actuel, le ms. lat. 13908, est formé de 116 folios
de parchemin in-4*' et contient :
1° Une rédaction des Statuts cV Adalhavd (fol. 2 — fol. 26 v°)\
2° Une série de règlements relatifs au miel, à la cire, à
l'huile que l'abbaye doit recevoir'.
3" Un livre des pastes^
4*^ Une liste des abbés de Corbie (fol. 27 v°)'.
fois pas trace de cette copie faite pour lui dans les travaux de Martène
( Amplissiina Collcctio, — Comme ntarl us in rcrjulam S . P. Bcnedlcti —
De antiquis EcclesiœRUibus, t. VI: de antiquis monachorum ritibus).
1. « HaecAdalhardi statutabis fereque continuatim scripta sunt in nostro
codice; prior transcriptio cum lacunis, posterior cum itinerationibus, im-
perfecta tamen, utraque parum congruens et inordinata. Ideoque modo
unam modo alteram secuti sumus, prout haec aut illa magis genuina prae-
bere videbatur, spuriis ad oram conjectis cum variantibus ex Acherio lec-
tionibus, quas tamen ipsas quoque in textum interdum inseruimus. »
B.Guérard, op. cit., p. 306, j'ajouterai même que, à cet égard, l'édition de
Guérard n'est pas à l'abri de la critique.
2. Les deux manuscrits ont été reliés ensemble au xvii" siècle, lorsque
les moines firent « envoluminer » leurs documents.
3. C'est sous cette cote que M. H. Cocherisle signale dans ses Notices et
Extraits. La description qu'il en donne est insuffisante.
4. Le ms. lat, 17190 de la Bibl. Nat., indique bien que là s'arrêtent les
statuts (fol. 73).
5. B. Guérard, Pobjptijque de l'abbù Ivmiiion, p. 335.
6. Ibid., p. 336.
7. Ibid., p. 338.
336 L. LliVlLLAIN
5° \5ïiQ Narratio litis inter comitem Ambianensem ctmonas-
ierium Corbeiense composita (fol. 28) \
' 6" Une seconde rédaction des Statuts d'AdalIiard{io\. 29 —
53 v°)'.
7° Un traité de musique.
C'est un recueil factice formé de trois parties difïérentes.
Les cinq premiers numéros appartiennent à un même manus-
crit (A). La seconde rédaction du bref d'Adalhard constituait à
elle seule un autre manuscrit (B). Le traité de musique était
primitivement indépendant {C)\
Les manuscrits A et B, à en juger par l'écriture, sont con-
temporains. L'écriture est, en effet, dans l'un et dans l'autre,
une belle minuscule Caroline régulière; elle n'est pas cependant
du ix*^ siècle, comme on pourrait le croire de prime abord et
comme le dit M. Coclieris; elle est au plus tôt de l'extrême
fin du x*^ siècie\ Il est facile de le prouver. Le manuscrit A
renferme le livre des pastes, et ce livre des pastes contient une
charte du camérier Jean, datée de 986 et portant création de
Tanniversaire de l'abbé Ratold^ C'est l'indication chronolo-
gique extrême fournie par cette partie du manuscrit : nous en
pouvons conclure légitimement que le livre des pastes a été
composé sous l'abbatiat de Maingaudus, successeur de Ratold,
et peut-être même par le camérier Jean en personne. D'autre
part, la Narratio litis nous a transmis deux chartes du comte
d'Amiens, Vautier V^; ces chartes seigneuriales sont l'une
1. B. Guérardj Polupturiue de t'ahbè Irminon, p. 339-340.
2. Les folios 41 v% 42 et 42 v" sont en blanc.
3. Dans ce qui va suivre, nous laissons de côté la liste des abbés, qui est
une addition du xii" siècle faite sur un feuillet resté en blanc. J'ai montré,
dans ma thèse d'archiviste aujourd'hui sous presse, que cette liste avait été
composée entre le 23 juillet 1184 et le 11 février 1187. Je ne m'occuperai pas
non plus de C, dont l'écriture est du xiii" siècle.
4. Cela prouve que dans l'école calligraphique de Corbie, déjà célèbre
au viii' siècle, les traditions de la renaissance Caroline se conservèrent très
longtemps.
5. B. Guérard, op. cit., p. 336.
LES STATUTS D'ADALIIAUn 387
de 985 et l'autre do 987, entre le 1"'' juin et le 31 décembre'.
Dès lors, le manuscrit A a été écrit après 987 et â une date
voisine de celle-ci.
Si nous comparons entre eux les textes des statuts donnés par
les manuscrits A et B, et chacun d'eux avec celui du Spicilège
(édit. de 1723), nous constatons sans peine que nous sommes
en présence de trois rédactions qui olïrent des divergences de
texte, des variantes de mots et des différences dans l'ordre
des chapitres ^ La moins étendue des trois est celle du Spicilège,
et dans la partie qui lui est commune avec les deux autres,
elle fournit généralement les meilleures leçons; elle se donne
pour les statuts rédigés en 822, et Mabillon lui dénie cette
valeur'. Les deux autres se donnent aussi pour les statuts
composés par Adalhard. Pour résoudre le problème ainsi posé,
nous déterminerons tout d'abord quelle est celle des deux ré-
dactions fournies par les manuscrits qui est la plus ancienne,
et nous comparerons celle-ci avec le texte imprimé qui jus-
qu'alors, et malgré l'opinion de Mabillon, a passé généralement,
à tort ou à raison, pour la rédaction authentique des statuts
d' Adalhard. Nous pourrons alors savoir si nous possédons
encore le bref d' Adalhard tel qu'il fut publié en 822.
Les manuscrits A et B ne dérivent pas l'un de l'autre ; ils
ne dérivent même pas d'un manuscrit commun: tous deux
présentent des fautes inintelligibles de copie, mais ce ne sont
pas les mêmes; ils bouleversent l'ordre des chapitres ; enfin
chacun d'eux contient des passages qui font défaut dans
l'autre. C'est l'examen attentif de ces passages qui nous
permettra de nous prononcer sur la question de l'ancienneté.
1. B. Guérard, op. c//., p.340. J'ai établi ces dates dans ma thèse d'archiviste.
2. B. Guérard n'a pas tenu compte de tout cela, ou n'en a pas vu l'impor-
tance pour l'établissement de son texte. Voy. plus haut, p. 335, note 1.
3. « Exstat in Spicilegii tomo 4 liber de Statutis Monasterii Corbeiensis
Adalhardi mandato conditus, in editis imperfectus interpolatusque...»
Acta Sanctoruui ordiais S- Bmedictl, sœc. VI, t. I, p. 308 (observationes
prsevise).
338 L. LEVILLAIN
Le ms. Anous en donne quatre omis dans B. L'un n'a aucune
importance \ Un second qui commence par De laicis autenv,
a été remplacé dans B par une série de chapitres qui dé-
butent par les mots: De vino autem^; nous y reviendrons plus
loin. Enfin les deux autres doivent nous arrêter présentement.
En voici la teneur :
Tecta vero et cooporiura tectoram, ubi annone reconduntur ,
ad prepositum pertineat qui disponat qualiter congrue haec
Jîevi possint ; Jiobis quoque videtur quod aptissime ex Verno
et Saliaco et Cirisiaco et GaliacoJieiH possit nisl melius aliter^
invenen't.
Et:
De molendinis, que habet Lupus in suo ministerio, possunt
omnibus annis venire inpinguati porci XLI. Freskingias ad
donaun injirmoruni danius a missa sancti Johannis Babtiste
usque ad missam sancti Maj^tini.
L'omission dans B du premier de ces deux passages ne peut
s'expliquer que de cette façon: ou bien, ce serait une inter-
polation de A, ou bien la disposition prise ici n'ayant plus sa
raison d'être fut volontairement supprimée par B. Mais pour
admettre cette seconde hypothèse, il faudrait croire que les
granges n'étaient plus placées sous la surveillance du prévôt,
ce que rien ne légitime, ou encore que Ver, Sailly, Cerisy et
Gailly n'appartenaient plus à l'abbaye, ce que tout contredit*.
Il semble donc préférable de voir là une interpolation de A.
Cette conclusion me paraît étayée par l'examen du second texte
1. P. 381 : c'est une incise que le scribe a laissé tomber par suite d'un
bourdon occasionné par la répétition en un de phrase du même mot,
ludioi.
2. P. 363.
ï [3. P. 355.
4. Deux autres passages que nous trouvons dans le Spicilèfjc et dans B
rendent cette hypothèse inadmissible: « Et veniat ipsa annona de illis
villis quas praepositus specialiter in ministerio habet... » (p. 356). —
« Si ipse aliara rationem meliorem ad hoc probandum invenire potest,
cum Dei gratia, faciat » (p. 358).
LES STATUTS d'aDALHARD 339
transcrit ci-dessus. Si le rédacteur de B avait de parti pris omis
ce texte, c'est qu'il n'eût plus su de quels moulins on parlait,
Loup étant mort depuis longtemps déjà. Mais alors pourquoi,
au début des statuts, eût-il cité nommément des personnages
qu'il n'aurait pas dû connaître davantage? En outre, pourquoi
eût-il supprime la donation faite à rinfirmerie?Si,au contraire,
le rédacteur de A a interpolé cette mention, tout s'éclaire. En
la replaçant dans le contexte, nous sommes amenés à nous
demander pourquoi l'on a inscrit spécialement cette redevance
des moulins que Loup avait dans son ministerium. En effet, le
chapitre où se trouve ce passage est intitulé \Hic est numerus
et haec est divisio porcoram qui occiduntur in anno ad cella-
rium nostrum. Le nombre total des porcs tués chaque année
était de 600 au moins; on en faisait quatre parts : 60 porcs
étaient attribués au service de la porte, 370 au cellier, 120 aux
provendiers, et les 50 derniers étaient réservés à l'abbé, qui en
pouvait disposera son gré. Les statuts spécifient comment et
dans quelle mesure le cellerier distribuera la viande de
porc.
Nulle part il n'est dit comment l'abbaye s'approvisionnait de
cochons. Il est vraisemblable que les meuniers, avec les déchets
de la mouture, nourrissaient des porcs et contribuaient ainsi
doublement à l'alimentation de l'abbaye. Pourquoi donc fut-il
nécessaire de fixer le nombre de têtes à fournir par les moulins
que Loup avait dans son ministerium, sans en même temps
déterminer la part contributive des autres moulins? C'est que
les moulins de Loup devaient avoir été récemment établis ; ils
n'existaient pas très probablement à Tépoque d' Adalhard ; ou
du moins à l'époque où B fut écrit. Les moulins de l'abbaye
avaient été sans doute détruits à l'époque des invasions nor-
mandes et des guerres civiles'. Le livre des pastes rapporte que
1. Diplôme de Charles le Simple en faveur de Corbie, 10 nov. 901. —
Bulle du pape Christophe, en faveur de la môme abbaye. La rédaction B
nous apprend que l'abbaye possédait 15 moulins.
310 I.. LEVILLAIN
les abbés Francon', Bodo* et Bérenger^et le prévôt Grimold*,
qui vécurent au x'' siècle, construisirent des moulins.
Il est à noter, d'autre part, que Loup n'était pas moine de
Corbie au temps d'Adalhard. Il est dit que les moulins sont
dans le ministerium de Loup. Le mot ministerium, qui a
donné le vieux mot français mesiier_, aie sens d'office, de
service public. Loup est donc un moine de l'abbaye auquel on
avait confié l'administration des moulins : pour qu'on l'ait
chargé d'un service, il était sans doute assez âgé et devait
depuis longtemps faire partie de l'abbaye. Or^ nous ne trouvons
pas dans la liste des moines de Corbie que nous possédons
pour l'époque d'Adalhard, un personnage de ce nom\
En résumé, les deux mentions relatives aux granges et aux
moulins me paraissent être des additions dues à A. Ce dernier
texte des statuts aurait donc subi des remaniements.
Cette conclusion est confirmée par l'examen des passages
que B est seul à nous donner. De ces pas.sages, au nombre de
deux^ l'un (p. 378) manque dans A, probablement par suite
d'un bourdon, et ne peut nous servir. L'autre est la longue
suite de chapitres qui commence par De vino autem.
Les deux manuscrits A et B contiennent ici des versions tota-
lement différentes. La partie commune aux deux textes s'arrête
au milieu du règlement relatif à l'hospice des pauvres. Après
avoir parlé de la nourriture à donner aux indigents, les statuts
passent à la boisson: on faisait communément des distributions
1. Kal. augusti, ad vincula sancti Pétri, debent habere pastum deduobus
molendinisquos construxitabbas Franco super fluvium Corbeie, in locoqui
vocatur Pons Petrinus, unum superius, alterum inferius. — B. Guérard,
op. cit., p. 337.
2. In transita sanctç Mariç debent habere pastum pro abbate Bodone de
molendino quem construxit in villa que Vallis dicitur. Ibid.
3. In nativitate sanctç Mariç pascere debetur pro Berrengario abbate de
molendinis quos çdificavit et construxit ad portam sancti Albini. Ibid.
4. In festivitate sancti Martini pastum habere debent pro Grimoldo
preposito de molendino quem construcxit (sic) in Cerisiaco. Ibid.
5. Liber confraternitatis S. Galli, da.na Mon. Germ. Hist., in-4\
LES STATUTS d'aDALHARD H41
de bière. Le manuscrit B ajoute: Devino autem, erit in arbi-
trio prioris; puis il continue: le portier chef {senior por tarins)
sera chargé de pourvoir à la nourriture et à la boisson des
malades. au\ besoins des voyageurs (peregrini) ; comme le
nombre de ceux-ci peut dépasser les prévisions et que l'on ne
doit pas prélever leur nourriture sur la quantité journalière
attriljuée à chacun, on ajoute du pain, des légumes^ du fromage,
du lard, etc., pour faire face aux nécessités urgentes. Enfin, le
portier chef donnera à l'hôtelier la 5^ partie de l'argent qui
revient au service de la porte, pour que l'aumône journalière
faite par ses soins s'élève à quatre deniers au moins ; il pour-
voira au bois, au linge de couchage, aux vases, etc., que
l'on a accoutumé de distribuer aux pauvres. En outre, le
camérier remettra à l'iiôtelier les vieux vêtements et les vieilles
chaussures des frères qui seront, selon lacoutume, répartis entre
les pauvres. L'auteur delà rédaction B termine ainsi: «Nous
prions tous ceux à qui dans ce monastère incombera le soin
d'ordonner les largesses et distributions de se conformer à la
volonté de Dieu plutôt qu'à l'exemple de notre pauvreté,
puisque chacun doit rendre compte à Dieu de ses actes \ »
On voit que B expose les choses dans un ordre logique;
et si je comprends bien la pensée de l'auteur, la prière
adressée aux abbés qui peuvent seuls décider et ordonner a
pour but de proportionner les aumônes à la richesse de l'ab-
baye ; autrement dit, les statuts ne prétendent pas fixer une
fois pour toutes le tarif de la charité. Mais il est bien certain
que, pour satisfaire aux exigences d'une charité large et hono-
rable, l'abbaye devait être riche. Il dut nécessairement arriver
que, aux époques difficiles de son histoire, quand le monastère
fut détruit et ses terres ravagées, quand les revenus ne ren-
trèrent plus, ces prescriptions charitables devinrent un fardeau
que l'abbaye ne put porter. On fut conduit à supprimer les
charges les plus lourdes ou le superflu, c'est-à-dire les distri-
î. V. plus loin, 356.
342 L. LEVILLAIN
butions de vin, d'argent, de vêtements, de linge. Or, ne
semblc-t-ii pas que la rédaction A traduise un état précaire des
atïaircs de Corbie? Elle remplace toute la fin du chapitre
relatif à Thospice par des prescriptions moins onéreuses et qui
ne font pas corps avec le reste du chapitre^ comme nous pou-
vons nous en convaincre par une succincte analyse : on fait un
don annuel de deux setiers de bière ou d'un setier de vin aux
vassaux de l'abbaye, c'est-à-dire aux laïcs, qui pro beneficio
quem tenent abbati aut priori vclprepositis, intus autforis, vel
equitando vel aliud servitium Jaciendo serviunt; encore, ce
don est-il purement gracieux; le vassal n'y a pas droit\ On
doit observer le silence à l'église et au réfectoire. Enfin, on
édicté un règlement pour le cliaufïage, pour le dortoir et pour
le séchoir'. Si nous ne nous trompons pas, nous sommes amenés
à conclure que le manuscrit A nous reporte à l'époque où
l'abbaye eut à soulïrir des invasions normandes et des guerres
civiles, où les moulins avaient été détruits. Il y a, comme il
semble, corrélation évidente entre les additions que nous avons
signalées dans A et les modifications apportées ici par l'auteur
de ces statuts remaniés.
Restent les quatre chapitres suivants de B, auxquels rien ne
correspond dans le manuscrit A : l*' le chapitre intitulé : Ratio
veliiumerus annone seupanis, qualiter vel unde vel quantum
ad monasterium debeat annis singulis venire vel qualiter
custos panis illud debeat dispensare; — 2° le chapitre De
molinis vel cambis talis volumus ut sit ratio; — 3° VOrdi-
natio hortorum; — 4" VOrdinatio refectorii sive coquine fra-
truni^. Nous ne voyons pas de raisons valables pour que B les
1. Non hcredttario jure, sedpro carltate, seu loci honore, p. 363.
2. Nous traduisons le mot pisclus ou piseluni par séchoir, comme cela
ressort du contexte. Du Cange (Plsalts,piscUo, piseluni) traduitpar vestiaire.
Cf. Du Cange au mot Gjjneceu/n. Guérard l'interprète par poêle.
3. Je signale pour mémoire les trois additions : Isii sunt dics..., —
De raeiris , — ConiinemorcUio de refectionibus, que nous donne le manus-
crit B, et qui ne font pas partie intégrante des statuts, comme cela est
évident. M. B. Guérard les a, à tort, introduites dans son édition.
LES STATUTS d'aDALHARD 343
ait ajoutés; nous en trouvons, au contraire, d'acceptables pour
que A les ait supprimés. D'après le Ratio oel numerus annone,
les quinze moulins de l'abbaye doivent fournir 750 corbeilles
de farine, chaque corbeille contenant douze muids, bene coa-
gitataet rasaadistumnoviun modium quem domnus inipei-ator
posuit. Suit un long calcul pour établir le nombre de pains
dont on pourra disposer annuellement. Ce calcul assez em-
brouillé, parce qu'il n'est pas rigoureux, mais approximatif,
n'était assurément plus compris à la fin du x'' siècle, quand le
scribe qui a copié les statuts (B) l'a reproduit: les erreurs de
chiffres que nous avons relevées prouvent suffisamment cette
assertion. Le fait même de le trouver transcrit avec des erreurs
qui vicient le résultat plaide en faveur de l'authenticité du
chapitre. La mention répétée du nouveau muid impérial me
paraît être un argument non moins sérieux à l'appui de l'au-
thenticité de ce passage. Voici ces textes : Volumus ut
annis singulis veniantde spelta bene ventilata atque mundata
corbi DCCL, unusquisque corbus habens modia XII, bene
coagitata et rasa, ad istuni novum modium quem domnus im-
perator posuit\ Et plus loin : Volumus etiam ut illa modia
anteriora coram illis molinariis ad istum novum modium esti-
mare Jàciat\ Ce serait là une indication précieuse, si nous
possédions tous les capitulaires des empereurs carolingiens.
Quoi qu'il en soit, les capitulaires de Charlemagne nous font
savoir que, avant 794, peut-être même dès 789, Charles avait
établi un muid royal dont l'étalon était déposé au palais, et
qu'il insista pour qu'on usât dans tout le royaume de mesures
et de poids uniformes^ La nouvelle mesure supplanta diffici-
1. P. 356.
• 2. P. 359.
3. Admonitio geiirralts (23 mars 789), c. 73: Omnibus. Ut aequales
mensuras et rectas et pondéra justa et aequaha omnes habeant, sive
in civitatibus sive in monasteriis, sive ad dandum in illis sive ad acci-
piendum, sicut et in legeDomini praeceptum habemus, item in Salomone^
Domino dicente: pondus et pondus, mensuram et mensuram odit anima
mea (Boretius, CapituL, t. I p. 60). — Cap. Francofurt. (794), c. 4 :
844 L. LF.VILLAIN
lement l'ancienne, parce qu'elle avait à vaincre les habitudes
prises. De nos jours, où l'instruction pénètre jusqu'au fond des
campagnes, le système métrique, après cent ans d'existence, n'a
pas encore triomphé complètement des anciennes mesures. Au
IX® siècle, a/o/"//o/7, le système carolingien des poids et mesures
dut rencontrer de nombreuses résistances. Les souverains ont
eu sans doute à confirmer et à renouveler les décrets antérieurs
qui en prescrivaient rétablissement. « L'abbé Adalhard, écrit
M. Maurice Prou, l'abbé Adalhard, dans les statuts qu'il ré-
digea pour l'abbaye de Corbie vers 822, prescrit de substituer
à tous les anciens muids le muid nouveau établi par l'em-
pereur. Louis le Pieux aurait-il introduit de nouvelles modifi-
cations dans le système des poids et mesures établi par Charle-
magne ? Cela est possible; mais il est plus probable qu'il n'avait
fait que confirmer et renouveler les décrets de son père. En
mars 856, l'empereur Louis II, roi d'Italie, ordonne à ses missi
de rechercher dans chaque cité la mesure ancienne et d'en
prescrire l'emploi; or^ que pouvait être cette ancienne mesure,
sinon celle qu'avait établie Charlemagne' ? » Nous pensons
avec M. Prou, que les mots quein domnus imperator posuit
font allusion à un capitulaire de Louis le Pieux, renouvelant et
confirmant le capitulaire de Charlemagne. C'est là un indice
que le passage entier appartient à la rédaction primitive des
statuts.
Statuit piissimus domnus noster rex... ut nuUus homo... nunquam carius
vendat annonam... quam modium publicum et noviter statutum... (IbicL,
p. 74). — Cap. de Villis, c. 9: Volumus ut unusqui^que judex in suo
ministerio mensuram modiorum^ sextariorum, et situlas per sextaria octo,
et corborum eo tenore habeant sicut et in palatio habemus. — C. 44: Ut
aequales mensuras et rectas et pondéra justa et aequalia omnes habeant
(Ibid., p. 84 et p. 104). Tous ces textes ont été cités par M. Maurice Prou,
à qui je les emprunte, dans son étude La Licre de Charlemagne, in-8°,
1895, tirage à part, p. 1 et 2, en note (Extrait des Mémoires de la Société
nationale des Anti/iuaircs de France, t- LIV). — Le muid nouveau était
au muid ancien comme 3 est à 2; il valait donc 1 muid 1/2 (ancienne
mesure), a Et qui antea dédit très modios, modo det duos» (Boretius,
op. cit., t. I p. 104). Cf. Prou, op. cit., p. 2.
1. M.Prou, ojo. cit., p. 3, et note 1.
LES STATUTS d'aDALHARD 345
Une mention commune aux deux manuscrits va nous per-
mettre de préciser la date de rédaction de B; il s'agit de la ré-
partition de la viande et du lard chaque mois : .Sï aulem aiiquid
defuerit ei, addat de illo tertio mense, qui tune est, quantum
necesse Juerit\ Les mots qui tune est appliqués au troisième
mois ne peuvent appartenir au bref qui fut rédigé par Adalliard
au mois de janvier, quel que soit le comput utilisé. Le ms. B
antérieur à A ne donne donc pas, lui non plus, le texte authen-
tique des statuts. Mais parmi les nombreux domaines que
mentionnent les deux manuscrits^ un est à retenir : le domaine
de Wailly. Il ne peut s'agir ici des biens sis à Wailly en Sois-
sonnaisj que Charles le Chauve donna aux moines de Corbie
entre le 8 septembre 843 et le mois d'avril 844% mais de la
terre de Wailly^ mentionnée dans le diplôme de fondation
concédé à l'abbaye de Corbie par Clotaire IIP. Comme le
rédacteur du bref ne spécifie pas de quel Wailly il s'agit, et
qu'ailleurs il ne parle que des biens de l'abbaye situés dans
les trois pagi d'Amiens, d'Arras et de Beauvais, on en peut
conclure que Wailly en Soissonnais n'appartenait pas encore
à l'abbaye et que la rédaction B fut composée avant 844.
Je crois avoir établi : 1" que le manuscrit A ne nous donne
pas une rédaction antérieure au x® siècle; 2° que le ms. B^ qui
ne nous donne pas les statuts authentiques d'Adalhard, nous
fournit une rédaction qui ne peut être postérieure à 844.
On n'invoquera pas contre cette dernière conclusion l'auto-
rité du passage qui contient une liste des repas commémoratifs
auxquels le cellerier doit subvenir. Voici ce passage :
« De Curtilis, unam [pro] Hilmerado episcopo et fratre suo
[Isjengario, xvi kal. junii. Altéra autem, pridie nouas junii,
pro He[ir]rado et Gundrad[a]ne. xni kalendas maii, anniver-
sarius ludit. Idus junii, nativitas Karoli régis, xiii kal. junii,
antiiversarius Lodowici imperatoris. »
1. Cf. p. 380.
2. Diplôme de Charles le Chauve, Compiègne, entre 8 septembre 843 et
avril 844.
3. Wailly, canton et arrondissement d'Arras (Pas-de-Calais).
346 L. LEVILI.AIN
Constatons en premier lieu que Louis le Pieux, qui mourut
le 20 juin 840, et l'impératrice Judith, qui mourut en 843 (le
19 avril, d'après notre texte), sont morts, puisqu'on célèbre
leur anniversaire. Il est évident aussi que le roi Charles dont
il est ici question est Charles le Chauve, qui naquit le
13 juin 823. Nous savons que les moines de Corbie avaient
une dévotion spéciale à Charles le Chauve, et qu'ils avaient
institué une messe quotidienne en sa faveur. Le sacramentaire
qui nous l'apprend avait été rédigé par Rodrade vers 853\
Quand cette mention du repas comméraoratif fut écrite, Charles
n'était pas mort; bien plus, il n'était pas encore empereur,
puisqu'il est qualifié rex : or, il prit la couronne impériale le
25 décembre 875. En outre, dans un diplôme de Charles le
Chauve des premiers mois de 843, diplôme, il est vrai, suspect
sous la forme où il nous est parvenu, mais dont le fond me paraît
authentique, le roi demande des prières pour lui et sa femme'.
Dece quelenom delà reine Irmentruden'estpointaccoléàcelui
du roi, il semble en résulter que Charles le Chauve n'était pas
encore marié ; son mariage eut lieu le 13 ou le 14 décembre 842.
Enfin le nom de Tévêque Hilmerade fixe notre attention.
Hilmcrade fut évêque d'Amiens. Élu vers le mois de juin 849',
il siégeait encore en 871. On ne trouve mention de son succes-
seur Geroldus qu'en 875. Il nous faut admettre qu'Hilmerade
n'était pas encore mort à la date où fut rédigée cette mention :
le livre des pastes place son anniversaire le 17 des kalendes de
janvier (16 décembre), et non pas le 16 des kalendes de juin
(17 mai). Le repas que l'on prenait le 17 mai commémorait un
bienfait quelconque dont l'abbaye était redevable à Hilmerade
et à son frère Isengarius. A la mort d'Hilmerade, ce repas dut
1. Bibl. Nat., lat. 12050. Cf. Léopolcl Delisle, Méin. sur d'anciens
sacrameniaires, p. 124.
2. Donation du ton lieu prélevé sur le pont de Daours, en faveur de
Corbie.
3. Lettres de Loup de Ferrlèrcs, éd. Baluze, n" 79; éd. Desdevises du
Dezert, n° 81.
LES STATUTS D ADALHAUD 347
être transporté, comme c'était la coutume, au jour anniversaire
du décès. Il ressort évidemment de ces considérations que cette
commémoration fut inscrite entre le mois de juillet 849 au plus
tôt et le 16 décembre 874 au plus tard, date extrême qu'on peut
attribuer à la mort de l'évoque Hilmerade. En conséquence,
cette liste de repas est le résultat de notes inscrites au jour le
jour, et nous sommes en présence d'une de ces nombreuses
mentions que les moines avaient accoutumé de transcrire dans
les blancs des manuscrits pour économiser le parchemin. Cette
liste a passe dans le texte par l'inadvertance d'un scribe; nous
n'avons pas le droit d'arguer de cette interpolation maladroite
pour contester que la rédaction B soit antérieure à 844. Mais
nous pouvons légitimement inférer de ce qu'elle est transcrite
tout au long dans le manuscrit B que ce manuscrit a été copié
sur un autre qui la contenait, soit à l'état de notes, si c'était
l'original, soit déjà à l'état de transcription, s'il y a un inter-
médiaire entre B et l'originar.
Ce qui est plus important à retenir, c'est que cette liste se
trouve aussi dans le texte du Spicilège. Le manuscrit connu
1. La mention d'Heirradus et de Gundradana ne nous est d'aucune utilité.
On pense tout d'abord à identifier Heinadus avec Herradus, 22° abbé de
Corbie qui régit le monastère du 21 février 911 au 21 février 914. Cette
identification me parait impossible. Il faudrait admettre qu'Herradus n'était
pas mort, car son anniversaire était célébré par une paste le 21 février, et
non au mois de juin ; que le repas dont il s'agit ici avait pour but de rap-
peler aux moines un bienfait de leur abbé; ne serait-il pas étonnant qu'on
eût omis sa qualité d'abbé? Je ne vois pas en outre qu'on ait célébré eu
l'honneur d'un abbé vivant une fête de ce genre. Selon toute vraisemblance,
il ne s'agit pas de l'abbé Herradus. Une autre identification s'offre à nous :
celle d'Herradus, le correspondant de Loup de Ferrières, qui fut archevêque
de Tours de 855 environ à 871 {Lettres de Loup de Ferrières, éd. Baluze,
n" 118 et 124 ; éd. Desdevises du Dezert, n" 107 et 122. — Cf. Gallia Chris-
tiana, t. XIV, 39). Si elle était admise, elle restreindrait les limites chro-
nologiques dans lesquelles la liste fut rédigée. Toutefois, quel que soit notre
désir d'arriver à une détermination plus exacte du temps, nous la repous-
sons comme la précédente. Ce nom (Heirradus ou Herradus) devait être
assez commun au ix' siècle, et je suppose qu'il s'agit ici d'un bienfaiteur de
l'abbaye autrement inconnu, que Gundradana était sa femme associée, selon
l'usage, à l'œuvre pie de son mari.
348 L. LEVlLLAIiV
par d'Acliery etMabillon n'était pas par conséquent l'original ;
parmi les manuscrits dont se servirent les auteurs de la nou-
velle édition du Spicilècje, il n'y avait pas l'original, car je
ne pense pas que ces savants eussent été capables d'introduire
dans le texte ces notes, presque contemporaines, il est vrai,
mais faciles à dater \
Cette constatation a une très grande importance, car le texte
du Spicilège nous donne à la suite l'un de l'autre le passage De
vùio autem de B et le passage De laïcis autem de A. Je ne vois
pas de raison pour que, si ce texte est le plus ancien, B ait
laissé tomber le chapitre De laïcis autem : il faudrait sup-
poser que la règle de saint Benoît n'était plus suivie, relati-
vement au silence à observer dans l'église, dans le réfectoire et
dans le dortoir, et que les prescriptions des statuts^ devenant
par le fait même lettre morte, le rédacteur du texte A les aurait
supprimées. Combien cela serait invraisemblable ! Si l'hypo-
thèse était vraie, n'eût-il pas été au contraire nécessaire d'in-
troduire des prescriptions nouvelles dans les statuts primitifs
muets sur ce sujet? Et c'est là, je crois, qu'il faut en venir.
Les statuts rédigés en 822 ne devaient point traiter ces ques-
tions, parce que l'abbé Adalhard en faisait l'objet de ses
admonitions aux moines \ C'est après coup qu'on a introduit
le passage De laïcis autem, et B qui ne le contient pas repré-
sente donc, dans le cas présent, l'état ancien des statuts.
Mais, d'autre part, le début de ce passage n'est pas semblable
1. Je dois rappeler ici que le texte du Spicilèfje donne comme A et B les,
§§/s^t suni dies, — De meiris, comme s'ils faisaient partie intégrante des
statuts.
2. Capitula doinni Adalhardl abbatis de Adnwnitionibus in Congrega-
iione, dans Mabillon, Acia Sanctorum ordinis sancti Benedicti, sœc. IV,
t. I (Monumenta historica, XI), p. 757 et 758 (ex ms. codice Corbeiensi) ;
et particulièrement § III : De silcntio in secrctario, seu in ecclcsiis...
§ XXIV : De dor-mitorio ; % XXV : De alla locutione; % XXVI : De concentu
duoruia tel triumj% XXVII : De oinni strcpitu cel excussione, siccsonitu;
§ XXVIII : De refectorio; § XXXIV : De silcntio in domo [infwniovum],
tel quando aliquis moritur; § XLIII : De horis incompetentibus, id est de
silcntio.
LES STATUTS d'aDALHARD 340
dans le Spicilcge et dans A\ Tandis que le Spicilège rappelle
par ses formules les Capitula Adalhardi, A fait intervenir les
vassaux de l'abbaye. Il me semble dès lors que le Spicilège
nous présente un texte intermédiaire entre B et A. Il est vrai
que le passage Depane autem qui nous est fourni par les deux
manuscrits A et B manque dans le Spicilège ;m?i\^ c'est là
nécessairement une omission imputable à un scribe, car le
texte du Spicilège reprend à la phrase : His ita eliam specia-
liler de lig/io/'uni provideiitia, i/rinseanius ad cetera, qui est
la conclusion naturelle du paragraphe omis, comme on peut
facilement s'en convaincre à la simple lecture ^ Ce passage
appartient au chapitre De porta monasterii, dont toute la fin
manque dans le Spicilège.
Nous possédons dans le Spicilège un texte « imparfait et
interpolé », comme l'avait très justement dit Mabillon. Il était
bon, n'est-il pas vrai? de déterminer en quoi il était imparfait
et où il était interpolé. Le manuscrit qui le contenait fut écrit
entre 844 et la Un du x® siècle. Il est possible que A soit un
remaniement de ce manuscrit et de B, avec des interpolations
nouvelles.
En résumé, des trois rédactions que nous possédons, la plus
ancienne est celle de B écrite entre 822 et 844; celle du Spici-
lège fut composée entre 844 et le x° siècle; celle de A date du
courant du x" siècle. Nous n'avons plus, en conséquence, les
statuts authentiques d'Adalhard.
Note relative au texte
Nous avons distingué, par des procédés typographiques, les trois
rédactions : la rédaction B est représentée par des caractères romains ;
les passages communs au Spicilège (S.) et à A sont en plus petits
caractères ; les additions de A sont en italiques. Quant aux passages qui
n'appartiennent pas au texte des statuts, nous les avons mis en petit
texte et entre crochets. Nous avons conservé les divisions établies par
1. Cf. p. 363. Ce passage de A paraît avoir été récrit d'autre main.
2. Cf. p. 370.
Moyen Age, t. XIII. Ig
350
L. LE VILLA IN
d'Achcry et par B. Guérard, bien qu'elles ne nous paraissent pas
toujours fondées. Les chapitres du livre I sont les mêmes dans les
deux éditions. Ceux du livre II sont disposés et coupés difléremment.
II est nécessaire d'en établir ici la concordance.
Livre II
[Édition d'Achery)
Ch.
I.
Ch.
II.
Ch.
III.
Ch.
IV.
Ch.
v.
Ch. VI.
Ces chapitres manquent dans
d'Achery.
[Edition B. Guérard)
Ch. I.
Ch. II.
Ch. III et la majeure partie du
ch. V.
Fin du ch. v et ch. vi.
Ch. vu, VIII (moins la fin), 1'° par-
tie du ch. IX.
Ch. IV.
Fin du ch. ix, ch. x, ch. xi,
ch. XII, ch. XIII, cil. XIV, ch. xv,
ch. XVI, ch. XVII.
TEXTE DES STATUTS D'ADALHARD
Sources. R, Bibl. Nat., ms. lat. 13908, anc. Saint-Germain, n" 964,
fol. 29-53 v°, xe siècle.
S, édition du Spicilège (éd. 1723), t. I, p. 586 et sq.
A, Bibl. Nat., ms. lat. 1308, fol. 2-26 v», x^ siècle.
C, Bibl. Nat., ms. lat. 17190, fol. m et sqq. (partiel),
d'après B et A.
ÉDiT. a)d'Achery, Spicilegium, in-4'" (1667-1677), t. IV, p. 1-20
(d'après un ms. de Corbie perdu).
b) d'Achery, SpicHef/ium, in f" (1723), d'après a et des manus-
crits de Corbie perdus.
c) B. Guérard, Polyptyque de l'abbé Irminon, partie latine
(1836, in-4''), p. 306-335, d'après A et B.
d) Migne, Patrologie latine, X. CV, p. 537 et sq., d'après 6.
B. S.A.
Brevis" quem Adaluardus senex 'j, ad Corbeiam regressus, anno
incarnationis domini dcccxxii, mense (^ januario '' , indictione
QUINTA DECIMA, IMPERII VERO GLORIOSI ChLUDUICI AuGUSTI^^ VIII",
FIERl JIJSSIT.
I. — Isti sunt provendarii qui omni tempore aequaliter et plcniter
in nostris diebus esse debent; et si unus exeis mortuus fuerit, statim
alter restituendus est, ut ille numerus semper sit plenus, et nullus
amplius in illo numéro addatur. Et quamvis modo sint alii clerici
superllui, sicut est Savaricus c et aliquanti alii ad illam cellam, vel
laïci aliqui sicut sunt/ ibi ad ipsam cellamry et sicut sunt l^ illi Vui-
a. Brève, B. — b. omis dans B. — c. mensis januarii, S. — d, Agusti, A. —
c. Salvaricus, A. — /. omis dans S et B. — g. omis dans B et A. — h, omis
dans S.
352 L. LEVII.LAIX
nedi et Gorola" et Bruningus Saxo vel Gcrnianus Biluradi ; vel, si
alii adhuc raittaniur '' clerici vel laïci, non tamen ad illum nume-
rum CL adjungendi sunt; sed semper separatim habendi et tune c
liberandi sunt, secundum quod tune temporis ille qui praeesf^' eis
singulis dare jusserit. Isti vero CL uno semper tenore in nostris die-
bus liberandi sunt, sicut hodie per singulas officinas liberantur. Alii,
sic; alii vero sic. Quod ideo hic scribere necesse non fuit, quia ex
usu quotidianof tam dantibus quam accipientibus notissimum est, et
ipsi ministeriales habet inde singuli brèves suos, id est camerarius /",
cellerarius 3 et senescalcus.
De CLERicis. Puisantes, duodecim. Alii clerici, septem; ex bis, ad
cellarium^', duo; ad laveudariam fratrum,unus; ad curticulam abba-
tis, unus; ad domum infirmorum, très. Aliae vero nécessitâtes, quas
clerici facere ^ debent S per puisantes fiant. Et ideo necesse est, ut
taies ibi ponantur, qui omnes nécessitâtes interiores facere possint, et
de familia nostra sint ne 7 contradicere quicquam audeant, et, juxta
quod esse potest, ut officiales sint et de ipso ofïîcio ''• vel religione sua
post praepositum et decanum ad custodem ^ sancti Johannis respi-
ciant, nec omnino sine custodia relinquantur, ne, propter aliquam
turpitudinem illorum, religio monasterii blasphemetur.
Item de laïcis. Matricularii, duodecim. Laïci, triginta. Ad primam
canQeram"^, sex; sutores, III; cavalarii ", II; fullo, I. Ad secundam
cameramo, decem et septem /'; ex bis, ad cameram f', unus; fabri-
grossarii, sex; aurifices, duo; sutores, duo; scutarii, duo; pargamina-
rius, I; saminator?, I; fusarii, très. Ad tertiam cameram », III. Ad
cellarium et dispensam; partarii duo. Ad domum infirmorum ; I ;
gararii, duo. Ad liguarum in pistrino, unus. Ad portam medianam,
unus. Ad portam sancti Albini, unus''. Carpentarii «, quattuor.
Mattiones ^ quattuor. Medici, duo. Ad casam vassallorum ", duo.
ISTI SUNT INFRA MONASTERIUM.
IsTi VERO EXTRA MONASTERIUM : ad molinum, duodecim; ad pisca-
a. Geriola. S. — b. milluntur, A. — c. omis dans B, A. — d. proest, B, A.
— e. cotidiano, B, A. — /. camararius, B, A. — g. cellararius, B, A. — h. cella-
rarium, -S", B. — i. faceiebcnt, A. — j. nec, S, B. — U. offitio, A. — l. cus-
torem, A. — m. camaram, B, A. — n. cavalos, B, A. — o. camaram, A. —
p. quatuordecim, S. Il faudrait à n'en pas douter deccm et octo avec l'addition
de A. — g. samiator, A. — r. cet article manque dans S et dans B. — s. car-
pentatarii B. — t. mationes, A. —a. vasallorum, B; vasalsallorum, A.
LES STATUTS DADALHARn 85)i
riam, sex; ad stabulum, duo; ad bortos", octo; ad buriam septem ;
ad vineam, unun^; ad arboretam novam, duo. Berbicarii, duo. Ad
vivarium, quinque<".
II. — Isti autem sunt dies tredecim in quibus eis, propter amorem
Dei et honorera f^ sanctorura dierum, excepto provenda sua, si non
amplius, vel talis consolatio danda est; id est, inter duos, panis unus
vasallorum talis qui fiunt ex raodio uno triginta et unicuique cujus-
libet genoris pulmenti média libra et unicuique plenus calix, si fuerit
unde, de vino ; sin autem, de cervisa fratrum :
Nativitas Domini. Theophania^. Missa domnae/ Balthildae, et
ipso die de ministerio caraerarii. Purificatio sanctae .7 Mariae 0. Die
dominica, initium^^ quadragesimae '. Cena Domini. Paschay As-
censio Domini. Pentecoste /•'. Missa sancti Johannis Baptistae ^;
sancti Pétri; sancti Martini; sancti Andreae'".
Similiter etiam ", isti sunt dies quibus eis ab opère dominico par-
cendumo est, excepto illud quod/* ad victum praeparandum 9 per-
tinel '■ : Nativitas Domini; sancti Stephani; sancti Johannis. Natale
Innocentum. Octabas Domini. Sancto Theophaniae -". Missa dom-
nae^ Balthildae ^. Purificatio sanctae 3 Mariae. Primo die lunis in
quadragesimae ', ideo ut spatium « habeant confessiones suas reno-
vare. Cena Domini. Parasceven. Sabbato sancto. Quarta feria in
Pascha. Rogationes triduo. Ascensio Domini. Sancti Johannis Bap-
tistae' Sancti Marcellini. Sancti Firmini. Sancti Martini. Sancti
Andreae"^. Vigilia natalis Domini ; et illos dies de quattuor temporibus.
III. — Haec" sunt quae clericis nostris canonicis suprascriptis,
qui specialiter puisantes •» dicuntur dari debeut : de vestimento, tuni-
casi/ duas albas et tertiam- de alia colore, et caligas IIII, femoralia
duo, soccos filtrinos II, calcearios «' IIII cum solis novis, exceptis ^'
a. ortos, B. — b. mauque dans S et B. — c. ces trois derniers mots sont
placés après ad cineam unus dans A. A et B donnent unus au lieu de qulnque.
— d. horum, A, B, — e. sancto Teophaniae, B. A. — /. domnç, B. A. —
g. sancto Marie, B, A. — A. inicium, B. —i. quadragesimç, B. — j. sancto
Pasche, B, A. — k. Pentecosten, B, A.— t. Baptistç, B. —m. Andrée, B. —
n. aetiam, A. — o. peut-être vaudrait-il mieux dire : pascendum que donne B.
Nous avons conservé la leçon parcendum, parce que plus loin B dans un cas
analogue la donnera comme le.s autres sources. — p. omis dans S. — q. pre-
paraudum, B. A. — r. <• donne ici une variante que nous retrouverons plus loin,
p. b61, et rejette la bonne leçon en note. — s. Theophauiç, B, Teophanie, A.
— t. domuç Balthildç, A; domue Bathilde, B. — u. spacium, B. — c. Hçc, B. —
œ. pulsanti, A, B, C— y. tonicas. A, B. — s. terciam, B. — a', calciarios. A;
caltiarios, B. — b'. exceptis, B.
354 L. LEVILLAIX
denariis VII « ad calciamentum '', wantos ^ II et mulfolas f^ II,
Haec^ omnio, aniio. Cappam vero de sago et pelliciani/, cottum
aut lectariuni sive sagum, in tertio anno accipiant. Ista omnia de illo
vestimento debcnt accipere quod fratres redduiit dura accipiunt
novum;et taliatf de his eligantur illis qualia inveniri possunt uti-
liora. Ceterum cappella /', hroccus sive cucuUa de sago nnde hroccus
fieri possit, ad arbitrium prioris erit.
IV. — Constituimus ad hospitalem ' pauperum quotidien dare
panes de mixtura factos XLV, libraruni trium et dimidiae et de fru-
mento vel spelta panes quinque quales vassalli ^-^ accipiunt ut fiant
simul L. Ipsi vero panes isto modo partiantur ^, ut XII pauperes qui
supra nocteui ibi manent, accipiant singuli unusquisque panemsuum
et in crastino'" unusquisque dimidiura ad viaticara. Hospitalarii
autem duo qui ibi deserviunt, de suprascripto numéro unusquisque
panem unum. Nam panes V frumentarii «■ debent partiri inter pere-
grinos clericos « qui in refectorium ducuntur ad viaticum et infirmes
qui ibi sustentantur. Ipsam tamend istributionem panum arbitrio com-
mittimus hospitalarii; ea videlicet ratione ut, si venerit major numerus
pauperum aut plus aut minus indigentes sicut inedia P defecti aut
pueruli '7 parvuli, ipse discernât juxta quod oportet, Quod si conti-
gerit aliquo tempore minus venire pauperes, ipse hospitalarius et
magister ejus, senior portarius, in memoriam omnimodis habeant,
quanto '" de suprascripto numéro, propter paucitatem venientium,
minus dispensatur ut iterum, cum plures venerint, quod remansit
dispensetur. Ceteris « vero pauperibus venientibus et eadem die rece-
dentibus solet dari quartarius, vel, sicut diximus, juxta quod hospita-
larius ^ praeviderit " in majori vel minori numéro aut necessitate
corapedire ". Conpanaticus autem ^ sccundum consuetudinem tri-
buatur. De potu autem quotidie II detur cervisia[e] ^ modius dimidius
id est f*' sextarii ^' VIII de quibus dividuntur sextarii Ilil inter
illos XII suprascriptos, ita ut unusquisque accipiat calices II. Ex
a. VIII, B. — b. caltiamentum, B. — c. vaiitos, A. — d. muffolas. A. —
e. Hçc, B. — /. pelliliam, A. — g. tali, B. — h. capelle, S, A. — i. ospi-
talem, A. — /. cotidie, A, B. — I:. vasalli, B. — l. parcianlur, B. — Ce mot
est suivi daus A de : id est qui est inutile. — m. crastinum, B. — n. frumen-
laoii, B, S, c. frumeutatii, A. — o. clericos peregrinos, A. — p. S place avant
ce mot sunt; B le fait suivre de de qui n'a pas de sens. — q. pueroli, A. —
/•. quantum, A. — s. cçteris,A. — t. hospitularius, B. — u. previderit, B; prç-
viderit, A. — c. expedire. A. — œ. aut, S, B. — y. colidie, B; cotidie, A. —
z. omis daas S. — a', sunt, B, A. — b'. se.vtaria. S, C.
LES STATrTfi n'ADALHARD 355
aliis quoquo quattuor sextariis «, datur « clcricis quibus pcdes
lavantur a fratribus unicuique calix unus, et Vuillerauno servitori
calix unus. Quod residuum fuerit, in arbitrio hospitalarii ^ relin-
quinuis, quomodo illud sive infirmis sive aliis pauperibus dividat.
De vino autem, eril in arbitrio prioris. Infirraorum autem necessi-
tatem senior portarius débet juxta possibilitatem providere sive in
cibo sive in potu, in his rébus quae hospitalario desunt ad opus infir-
naorum. Si conligerit venire peregrinos de longinquis provineiis qui
suprascriptum numerum excédant, portarius provideat eis quae ^
necessaria sunt, ita ut non minuatur quidquam'^^ de his quae « quo-
tidianis^ diebus deputata sunt.
V. — Addimus etiam de companatico in cibos pauperum adpensas
XXX quae '' dantur inter caseum et lardum, et modios XXX de legu-
minibus, quintam partem de décima quam accipit portarius a cellera-
rio/ de anguillis vel caseo récente, qui constitutus est dare de decem
berbicariis a, necnon et de illo qui de villis dominicis datur in deci-
mam; similiter oranem quintam decimae/i de pecudibus, id est in
vitulis, in berbicibus vel omnibus que dantur de gregibus portario,
etiam in caballis ''. Insuper disposuiraus dare ipsi./ supra comrae-
morato hospitalario de omni argento quidquid ^■' ad portam venerit
quintam partem per manus portarii senioris; de quo argento talem
voluimus ^ fieri distributionem "^ ut non minus quotidie "- quam
IlIIoro denarii dentur; et, si minor fuerit numerus de ipsa quinta,
quam suffîccre possit ad hanc distributionem quotidianam/" facien-
dam, abbas, si vult, suppléât aliunde; et, si ultra creverit, non subtra-
hatur. Ligna autem provideat portarius pauperibus, secundum consue-
tudinem, vel cetera quae (7 hic scripta non habentur, sicut sunt panni
in lectulis vel vasa et cetera quaeque ''. IIaec~'" omnia suprascripta
de his quae 9 ad portam veniunt, propter illud supplementum argenti,
sicut supra commemoratum est, dentur. Insuper accipiat hospitala-
rius a camerario vestimenta vel calciamenta fratrum vetera paupe-
a. sex dautur, S; sex datur, B. — b. ospitalarii. B. — c. quo, 6. — cl. quic-
quam, B. — e. cotidianis, B. — /'. cellarario, B. — g. berbicariciis, B, C. —
/;. décime, B. — l. caballo, B. — j. ipso, B. — h. quicquid, B. — l. volumiis, S.
— m. disposilioiiem, S. — n. cotidie, B. — o. quatuor. S; quattuor, A. — /). coti-
diauam, fî, C. — q. que, B. — /•. queque, B. — .-*. Hçc, B.
'AÔG I,. I.F.VILLAIN
libus tiibuenda secundum consuetudinem, Obsecramus igitur omnes
quibus ordinandi" fuerit officiuni in hoc monasterio, vel^ in largi-
tate ac distributione, Dei pocius attenda[n]t voluntatem quam nostrç
parcitatis exeniplum. (juoniam unusquisquc est pro so redditurus
rationeni .
VI. — Ixatio vol numerus annonae seu panis, qualiter vel unde vel
quantum, ;kI monasterium dcbeat aanis singulis venire, vel qualiter
custos panis illud dcbeat dispensare. — Volumus ut annis singulis
reniant de spclta bene ventilata atque mundata corbi DCCL, unus-
quisquc corbus liabens niodia XII bene coagitata et rasa, ad istum
novum modiuni quem domnus imperator posuit' ; et veniat ipsa
annona de illis villis quas prepositus specialiter in ministerio habet;
si necesse fuerit, do omnibus; sin autem, de illis quibus ipse cura
abbate consideraverit. Istum numerum ideo taliter ordinavimus ut
per dies singulos anni qui sunt CCCLXV seraper duos corbos habeat
qui simul sunt corbi DCCXXX. Ideo autem XX addere fecimus ut
antea supercrescat quam deficiat. Et quamvis ipsa annona inter-
dum melior, interdum deterior, et aliquando amplius, aliquando
minus, de farina reddere soleat, nos tamen mediocriter estimantes
speramus quod de illis duobus corbis semper X haberi modia
possint. Sic « ergo singula modia XXX panes CGC. Quia ergo
certi sumus quod omni tempore non minus quam CGC et aliquid
amplius semper intus assidue manentes et supervenientes in monas-
terio erimus, cum tantummodo «^^ non magis quam GGCL simus,
nos tamen, quia aliquando minus, aliquando amplius, quam GGGG
fortasse sumus, ita ordinare volumus, ac si omni tempore GGCG
simus, ut, ex eo quando minus quam GGGG sumus, supercrescit,
habeat unde abundantiam <^ dari possit quando amplius sumus. Rare
tamen fit quod amplius simus, cum hoc saepissime o/' fiât quod multo
minus quam GGGG simus. Addamus ergo ex eo quod de molinis
venit quotidie 5 modia lll!'^'' et fiunt panes GXX. Junge simiil
etiam /*, sunt panes GGGGXX. Ecce habemus non solum ad GGGG
qui raro sunt sed etiam quotidie 9 ad XX supra qui rarissime fiunt;
a. ordinatum, S. — h. ut, B, C. — c. si, D, corr. de B. Guérard. — d. tamen
modo, C. — e. habuadant[er], B; abundaûter, C. — /. sçpissirae, B. — g. co-
lidie, B. — h. et C.
1. Sur la valeur du muid, voy. B. Guérard, Polyptyque de l'abbé Irminon,
prolégomènes, p. 183-185; et A. Longnon, Polyptyque de l'abbaye de Saint-
Germaln-dee-Prés rédigé au temps de l'abbé Irminon, t. 1, introduction, p. 26.
LES STATUTS n'ADALUARn 857
sed, quia omnis substantia nostra quae"^ per rainistios nostros dis-
pensanda est, semper magis volumus ut supercrescat quam deficiat.
Addimus adhuc ex eo quod de molinis venit modium I. et fiunt quo-
lidie ^ panes CCCCL de molinis XV. Collecto igitur numéro per sin-
gulosdies, fiunt iutotum in annomodiaV, CCCCLXXV '-. Addamus
etiam XXV illis molinis et fiunt VD '" ex quibus IIIDCL de speita.
Reliqua vero TdCCCL molinis venire debent, quia ergo, sicut supra-
diximus, magis ut supercrescat quam deficiat volumus. Idcirco primo
corbos XX et insuper quotidie ^ panes supra illos CCCC provenda-
rios et adhuc modia XXV addere feciraus. Cum tamen, supradictum
est, saepius '' minus quam aut CCCC aut certe ultra CCCC esse so-
leamus ; et quia ad ipsum molinum boves, porci, aves diversae e,
canes et intordum caballi pascendi sunt, addimus adhuc de ipsis
molinis, modia CL et fiunt in totum quod de molinis venire débet
modia W /. Haec r? intérim ita dicta atque servata sint quousque
pariter considerare valeamus utrum addere aut subtrahere aliquid
necesse sit, verumtamen monemus atque obsecramus custodem
panum ut quidquid 1^ exinde per mensuram vel numerum dierum,
septimanarum vel totius anni mensium '• sciri potest, cum ouini
diligentia scire non neglegat j quemadmodum cum lempus muta-
tionis venerit I', nobis renuntiare sciât qualiter presentem annum
administrando transeat. Et ut hoc levius scire possit, separei inde
primo illos provendarios qui perpensas semper aequaliter et haben-
tur et liberantur quorum numerus semper aequalis est, nisi forte ali-
quando minor, nam nunquam fit l major, deinde perpendat panem
fratrum quando semel vel quando bis in die manducant, et ponat
semper semotim illum qui ad illorum opus deputatus est, et consi-
deret quantum eo tempore quando semper semel quantum eo quando
semper bis in die manducant et quantum in una septimana in utroque
tempore quando minime et quantum in una maxime inpendit "^; et
arbitremur prope eum invenire posse de quanlo valeat pane vel
modus ad eorum opus transire. In isto numéro ponendi sunt omnes
qui panem fratrum accipiunt, excepto hospites"^ qui hune quotidie^
a. que. B. — b. cotidie, B. — c. la barre placée sur le premier chiffre romain
signifie 'mille. B et S ne la donnent pas. B. Guérard l'interprète bien. — d. se-
pius, B. — e. diverse, B. ~ /. B porte simplement II. C'est aussi ce qu'on
trouve dans 5. B. Guérard a restitué justement miilia. — g. hçc, B. — h. quic-
quid, B. — /. mensuum, B. — /. pour negligat. — /.'. n erit, B. — l. sit, A . —
m. C a lu impendit. — n. ospites, B.
358 L. I.KVILLAIN
non accipiunt. Observot autom ne tanlum pariter de pane fratrum
faciat ut remanendi uimium obdurescat; quod si fecerit, eo tempore
quando ille illum numerum^robat, ipse panis tollendus est et aller
pro eo ponendus; quia vero, ut diximus, modo semel, modo bis in die
manducamus, et nunc plurcs nunc pauciores sumus et numerum
nostrum quanti esse debeamus definire nunquam possumus. Si ipse
aliam rationem meliorem ad hoc probandum invenire potest, cum
Dei gratia faciat. Similiter de vasallis nostris; similiter*^ etiam ad
portam quorum numerus certus esse non potest, sieodem sensu, quem
supra diximus, per dies, per septimanas, per menses, quando minime,
quando mediocriter, quando maxime dat, estimare cçperit, putaraus
cum omni non invenire posse unde per totum annum valeat transire.
Nam de pulsanti[bus] ^, de scolariis, de reliquis clericis seu laïcis
nostris vel extraneis, facile sciri potest qualiter eos liberare potest.
Monemus etiam ut lioc considerare non neglegat <^ quod panis ille
qui datur non ad unam mensuram omnibus sed quibusdam major,
quibusdam vero minor datur. Et ob hoc necesse est ut de singulis
mensuris panum consideret, quanti de majoribus, mediocribus vel
minoribus, de uno modio fieri possunt; et speramus quod hoc facto
ei cuncta aperte patebunt. Ecce ut potuimus, non ut ita semper
tenendo firmemus, set ut incipiendo probare valeamus, qualiter
inanlea tenere debeamus hoc quod ad monasterium de annona venire
débet; sub has divisiones quas supra possumus hoc bene invenire
posse speramus: id est, prima famulorum nostrorum et matricula-
riorum ^'' qui semper aequaliter habendi sunt, secunda fratrum,
tertia vasallorum, quarta hospitum f, quinta pulsantium/ et scola-
riorumû', sexta singulorum hue illucque provendariorum ; ex quibus
tamen, ut diximus, nullum qui semper aequaliter habeatur definire
numerum possumus.
VII. — De molinis vel cambis, talis volumus ut sit ratio. Primo,
ut unicuique molinario mansus et VI bonuaria de terra dentur,
quia volumus ut habeat unde ea quae ei jubentur perficere valeat et
illam molturam salvam faciat; id est, ut boves etreliquam pecuniam
habeat cum quibus laborare possit unde^* et ^ ipse et omnis familia
ejus possit vivere, porcos, aucas et puUos nutrire, molinum compo-
a. semiliter, B. — b. pulsanlis, fi, C. — c. pour nogli,//at. — d. matricula-
tiiorum, B. — e. ospitum, B. — /". pulsatura, B. — g. vel scolar. récrit sur
grattage dans B. — A. ut de, B. — i. omis dans fi.
LES STATUTS DADALIIARI) 359
nere et omne matriamen « quod ad illud molinum cmendandum
pertinet adducere, sclusara emendare, molas adducere et omnia qiuc '^
ibidem ad habendum vel facicndiim necessaria suiit et habere possit
et facerc. Et ideo nolumus ut uUum alium servitium, Dec cum carro,
nec cum caballo, nec manibus opérande nec arando nec seminando,
nec messis <^ vel prata colligendo, nec braces faciendo, nec hum-
lonem, nec ligna solvendo nec quicquam aliud ad opus dominicum
faciat, sed tantum sibi et suo molino serviat. Porcos autem, aucas et
puUos quos de suo molino incrastiare f^ débet de suo nutriat et ova
solvat, et ea, ut diximus, quae ^ vel molino necesse est facere vel
qua3 ^ de molino debent exire, illa tantum studeat procurare. Quod
vero supra diximus, ut II « modiorum ad opus nostrum de molinis ad
monasterium venire debuissent, non hoc ideo diximus ut illam aliam
molturam ab illo granario separemus, sed ut ipse hoc anno probare
studeat, utrum addere vel subtrahere necesse sit, et ad tantos proven-
darios et ad ea opéra qua?/ omni anno in monasterio fiunt, ut sunt
vendemiae 9, orti, prata /' et his similia, cum tanto numéro per
totum ' annum transire valeat. Volumus etiam ut illa modia ante-
riora coram illis molinariis ad istum novum modium estimare faciat
cum omni aequalitate quanta modia de illis faciant istaeJ et secundum
haec/'' modia quantum cis convenit sic solvant inanteaeorumcensum
sivc de annona sive de brace. Volumus autem ut ipsi molinarii singuli
integram causam habeant ad providendum cum rôtis VI ; quod si
noluerint habere VI, si medietatem de illa causa, id sunt rotae ^ III,
non habeat nisi medietatem de illa terra que ad illum mansum
pertinet, id est bonuaria III, et socius ejus alia III, et inter illos
duos et integram molturam reddant et integrum servitium faciant
quantum ad illum unum molinum pertinet, vel de opère, vel de
sclusa, vel de ponto, vel de omnibus quantum singulis molinis
deputatum est.
Livre II
I. — IIec est ORDiNATio HORTORUM. Ut fratrcs, qui eos laborare
debent, sine moleslia vel aliqua incommoditate inhonesta possint in
eis officium sibi commissum ad communem explere utilitatem, cons-
a. ce mot a le même sens que materiatio. — b. quç, B. — c. pour messes.
- d. pour incrassiare. — e. II. S, B. — J. que, B. — g. vendemie, B. —
h. parata, B. — i. tantum, JB. — /. ista, B, C. — h. hçc, B. — l. rôle,' B.
360 I-- LEVILLAIN
tituimus ut mansiones, quœ ibi neccssariae « sunt, et sepes faciant
quaudocumquc necesse fuerit et emendent majores de bis villis : ad
primum ostium ^ qui"^ est juxta vivarium, de Waniaco' et Cipiliaco-;
ad secundura, de Villa^; ad tertium. de Albiniaco* et Cerisiaco'; ad
quartum, de Vernis* etTaziaco'. Et idem ipsi dent unusquisque ad
hortum"' oui deservit, in tertio anno aratrum I, jugum cura amblacio
et conjuuclis quando necesse fuerit et in quarto erptiam in hortum ^^
excolendum seraper ad missam sancti Marcellini. Et postquam tem-
pus venerit quo necessarium fuerit hortos c a noxiis purgare herbis,
id est a medio apreli, usque médium octobrium omnimodis absque
negligentia / vel aliqua subtractione semper finitis viginti diebus,
veniat unusquisque de ipsis majoribus ad illum fratrem hortolanum 9,
cui ipse adjutorium facere débet, videre et interrogare quando necesse
fuerit sarculatores in illo mittere. Porricini autem et porri postquam
transplantati fuerint, ascoloniae ''^ quoque allia ^ atque cepaeJ, haec /•"
tantum debent majores quandocumque necesse fuerit, sicut dictum
est, purgare; et quandocumque familia ad eandem convenerint ^ pur-
gationem, major ipse per se sive decanus, unus ex illis duobus, omni-
modis ibi sit ad providendum ut studiose et utiliter operarii expleant
opus suum. Carra vero accipiant hortolani '" de bura" omni anno
secundum consuetudinem. Omnia utensilia ferrea'^ debent acci père
ex 0 camerario qui fabros providet secundum consuetudinem commu-
nem. Idem si fracta fuerint, ostendat illa camerario et ipse faciati"
ea reparare aut det illi aliud ferramentum î et recipiat illud fractura.
Similiter quocunque modo necesse fuerit reparari ea, a camerario
requirantur. Et unusquisque habeat, ad hortum '' excolendum sive
a. necessarie, D. — b. hostium, B. — c. pour quod. — d. ortum, B. —
e. ortos, B. — /. ueglegenlia, B. — g. orlolaiium, B. — h. ascolouio, B. —
i. alii, B; corr. de li. Guérard. — j. cèpe, B. — /c. hçc, B. — l. 11 laudrait
logiquement cunoenerit mais le sujet JdniUia étant un mot collectif, le pluriel
concencrint s'explique suffisamment pour que nous n'ayons pas proposé de
corriger la leçon du manuscrit. — m. ortolani, B. — n. ferre, B. — o. a B, et C.
— p. faciet, B. — (j. audet illi allud ferrameiitum, B. — r. ortum, B.
1. Gagny, dépendance de Moyencourt. canton de Poix, Somme.
2. Chipilly, canton de Bray-sur-Somme, arr. de Féronue, Somme.
3. Vilie-sous-Corbie, canton de Bray-sur-Somme.
4. Aubigny, canton de Corbie, arr. d'Amiens, Somme.
5. Cerisy-Gailly, canton de Bray-sur-.Somme.
6. Ver ?'
7. The.sy-Glimont, canton de Sains, arr. d'Amiens, Somme.
8. Sur le sens de ce mot, voir B. Guérard {Polyptyque de l'abbé Irminon,
1" livraison, p. 449) de préférence à Du Gange.
LES STATUTS d'aHALHAUD 361
ad alias nécessitâtes explendas, fussorios « VI, bessos II, secures II,
dolatoriam I '', aratra «^ II majus et minus, scalprum I, gulbium I,
falcilia II, falcem I, truncos II, cultrum I, serra ^^ I, cetera autem
vasa ad ipsum officium pertinentia sicut sunt vanni, banstae^ vel
alia quaelibet/ hujusmodi. Quandocumque vetera defecerint, dicat
hortolanus .7 abbati et ipse det ei adjulorium unde possit alia ad-
quirere. Constiluinius etiani illis dare ad conducendos homines qui
areas levant in autumno et plantationes primo tempore facere adjuvent,
necnon et sarcolare herbulas ^' in ajstate '" cum necosse f uerit, uni-
cuique fratri horlolanoy per vices panes C provendaricios quos panes
débet dare frater qui panem providet fratrum; et non simul, sed /-^
juxta quod hortolanoJ nece[s]se fuerit. Sic distribuât dispensator illi
ipsum panem donec numerus, si necesse fuerit hortolano./, completus
fiât. Detur etiam unicuique hortolano y a cellerario, de ccrvisa mo-
dium I. Eodem modo sicut et panis datur, id est non simul, sed per
partes, quando et quantum hortolano 7 necesse fuerit, et ipse eam
requisïerit, donec mensura predicta compleatur. Et débet unusquisque
modium I accipere de legumine. Et unicuique debent dari ab abbate
solidi V per annum, ad conducendos homines, sicut diximus, qui
conducticii non sunt necessarii quaerere ^ aliubi nisi infra monaste-
rium. De cetero, unusquisque frater quidquid de horto "^ suo potuerit
adquirere supra servidas quas fratribus facere debent, pleniter absque
aliqua deminoralione déférant oportuno tempore abbati. Bovem dis-
posu[i]mus habere unumquemque suum, quibus sine impedimento
hoc solum excolant quae"^ ad hortos o necessaria sunt. Hoc precipuc
commonemus hortolanos /', ut lucri facere aliquid turpiter, aut petere
vicinos omnimodis déclinent.
[Isti 9 sunt dies in quibus provendariis nosti'is, piopter amorem Dei et
horum sanctorum dierum, excepte provenda sua, si non arapliusvel talis,
consolatio danda est. Idest: inter duos, panis unus vasallorum qui fiunt,
a. pou r/ossor/os. — b. t, B. — c. Du Cauge et B. Guérard ont rapproché de
ce mot le t qui suivait le mot dolatoftam et qu'on doit interpréter par un I ro-
main. Ils ont donc lu taratra (tarière), ce qui est inadmissible. Le mot cul-
tram que l'on trouve plus loin permet d'expliquer leur commune erreur. —
d. sccrurn, B. Cette forme n'est pas signalée dans le Glossaire de Du Cange. —
e. banste, B. — /. quelibet, B. — g. ortolanus, B. — h. herbolas, B. — i.
osiate, B. — J. ortolano, B. — k. set, B. — /. quçrere, B. — m. orto, B. —
n. que, B. — o. ortos, B. — p. ortolanos, B. — q. Pour tout le passage qui suit,
M. B. Guérard écrit : « Post haec proxime succedit in Cod. cap. ii lib. I, quod
jam supra, w 11 y a là une erreur.
362 I.. LEVII.LAIM
ex uiodio I. xxx, et unicuique plenus calix, si fuerit inde, de vino ; sin
auteai, de cervisa fratruni; et unicuique libra cujuslibet generis pul-
menti.
Nativitas Domini. Sancto Teophanie. Missa domne Balthildis et ipso
die de ministerio camerarii. Purificatio sancte Marie. Die dominica, ini-
tium quadragesime. Cena Domini. Sancto Pasche. Ascensio Domini.
Pentecosten. Missa sancti Johannis Baptiste; sancti Pétri; saneti Martini;
sancti Andrée.
Et isti sunt dies in quibus eis ab opère publiée, excepte necessitate
preparandi victus, parcendum « est; diesxxini.
Nativitas Domini. Sancti Stephani. Sancti Johannis. Innocentura.
Octavas Domini. Teophanie. Missa domne Balthilde. Puriflcatio sanct<;
Mariv. Dieiunis primo in quadragesimo, ut etiam moniti sintet habeant
locum omnes confessiones suas renovandas. Cena Domini. Parasceven.
Sabbato sancto, si non amplius mi feria infra ipsa ebdomada. Très dies
rogationes. Ascensio Domini. Sancti Johannis Baptiste. Sancti Pétri et
Pauli. Sancti Mathei vel sancti Marcellini qui uno die b sunt. Sancti
Firmini. Sancti Martini. Sancti Andren. Vigilia natalis Domini.
IL— De meiris in festivitatibus sanctorum. Innativitate Domini, III.
In sancti Stephani, II. In sancti Johannis, II. In natale Innocentum^ I.
In sancti Silvestri, I. Octavas c Domini, I. In Epiphania, d \i. Octavas
Epiphanie, I. Sanctç Agnetis^ I. Dedicatio sancti Johannis et Baltildis, I.
Puriflcatio sanctç Marie, II. Sanctç Agathe, I. Sancti Vedasti, I. Sancti
Gregorii. I. Sancti Benedicti, I. Adnuntiatio sancte Marie, I. Philippi et
Jacobi, II. Sancti Johannis Baptiste, I. Sancti Pétri, II. Sancti Pauli, I.
Sancti Martini, I. .Sancti Jacobi, I. Dedicatio sancti Pétri, I. Dedicatio
sancti Stephani, I. Sancti Laurenti[s], I. Assumptio sanctç Mariç, I.
Sancti Bartholomei, I. Sancti Johannis, I. Nativitas sanctç Mariç, I,
Sancti Mathei, I. Sancti Mauritii, I. Sancti Firmini. I. Sancti Michaelis,
I. Sancti Dionisii, I. Symonis et Jude, I. Omnium Sanctorum, II. Sancti
Quintini, I. Sancti Martini, I. Sanctç Ceciliç, I. Sancti Andrée, I. Fus-
ciani et Victoris, l. Sancti Thome, I. In Cena Domini, II. In sabbato
sancto, I. In sancto Pascha, III; et per totam ebdomadam, meros II. In
Ascensionem Domini, II. In Pentecosten, III. Post vindemias, I. Dies
Domi[niJci, XLVIII. Sabbatum, similiter. Festivitates sanctorum, L.
III. — COMMEMORATIO DE REFECTIONIBUS QUAS CELLERARIUS DEBET FACERE.
De curtilis, unam ]pro] Ililmerado^ episcopo et fratre suo Isengario f^, xvi
kai. junii. Altéra autem, pridie nonas junii, pro Heirrado/'et Gundra-
a.ll faudrait peut-être lire : pascendum. — h. B porte dies. — <•. octava, S.
— cl. Theophania, S. — e. Heiigario, 8. — t'. Hcrirado, S.
1. Év. d'Amiens 849 — 16 déc. 874.
LES STATUTS D ADALllAKl) 363
dane 'ï. xiii kalendas maii, anniveisaiius Judit'. Idus junii, nativitas
Kaioli- régis, xii kal. julii, anniversaiius Lodowici^ imperatoris'.]
S* A
IV (Guérard). — De laicis autem. De laïcis autem qui pro hcnoficio
Haec quoque breviter de his quae qucin tencnt ahbati aut priori tel
infia ecclesiani horis quibus opus prcpositis, intus autforis tel, equi-
Dei celebratur strictim commemo- tando tel aliud scrvitium facicndo
ratis, salva ut semper et antcposita scrtiunt, constituimus ut in Natali
diligentiore, seu praestantiore, cui Domini et Pascha habeant aut duo
Dominus dedeiit, ratione vel ordine, scxtaria'' certise aut unuin sexia-
haec non ab re adjungenda videntur. riuin vini, non hereditario jure scd
pro caritate seu loci honore. Hoc
tamen sit in voluniate abbatis, ra-
tione vel ordine, haec non ab re ad-
jungenda videntur.
S et A
Si aestivum tempus fuerit, peractis his horis post quas continue in refec-
torio generaliter eundum est, oportet ut onines cum silentioin ecclesia sub-
sistant quousque, audito signe, caute reverentiam Deo dantes exeant; et
cum praefato silentio intrantes et résidentes et exeuntes de refectorio sin-
guli ad ea quv tune secunduna tempus ratio docuerit vel jussum fuerit ad-
tendant. Si autem hyems c fuerit et calefaciendi f^ nécessitas ingruerit prout
ei qui proest visum fuerit, sive ante seu post peractum officium aliquod
intervallum fiât quando se calefacere possint; sin autem, in ecclesia ex-
pecîent *', ut supra. Haec etiam de his.
De dormitorio. In hoc omnia apud eos qui hoc digne intellegere /' volunt,
complecti possunt, quod nullo tempore aliquid ibi inhonestum vel inho-
a. Gundradoue, S. — b. Ce chapitre est le vi« du livre II dans S. Nous avons
pu sans incouvéuieut le mettre ici pour conserver à notre texte la physionomie
du manuscrit A; nous indiquerons par uu renvoi la place qu'il occupait dans S.
— C'est à tort que B. Guérard a laissé tomber, sans nous en avertir, la rédaction
de A. — <;. hyeraps, A. — d. calefatiendi, A. — e. expectent, A. — d. pour
intelUr/erc.
1. Judith de Bavière, femme de Louis le Pieux, mourut à Tours le 19 avril
843.
2. Charles le Chauve, né le 13 juin 823.
3. Louis le Pieux, mort le 20 j uni 840 à lugelbeim.
4. M. B. Guérard fait remarquer que ce chapitre n'appartient pas aux statuts.
Cela est trop évident. Il eût dû étendre cette remarque aux deux précédents.
5. Sur la valeur du setier, voy. B. Guérard, op. cit,^ p. 185, 187 ; et A. Lon-
gnou, op. cit., p. 27.
o61 L. LEVILLAIX
neste lieri débet et ut aliqua ex his ad memoriam reducantur per quo ce-
tera his similia nequaquam obliviscendo contempnantur ; quando loqui
licet. quia locutio semper ibi servanda est, sive duo, seu très otiam plures,
sicuti fleri solet quando de capitule surgunt, conjungantur. Quando vero
dorniiendi tempus fuerit, sive iii die, sive in nocte, sicut silentium fun-
ditus in ore, ita in incessu ut nullus injuiiam patiatur, summa cautela esse
débet. Nemo vestimenta sua excutere, nemo incaute ascendere vel des-
cendere de lecto débet; vel cetera his similia, quo strepitu vel cujuslibet in-
commodum sonitum reddat incaute agere débet. Sed et omni tempore, ut
predictum est, omnis ibi cautela servanda» est, vel propter honestatem
vel propter infiruiorum requiem, ne si forte aliquis ibidem nccessitate
coactus requiescere obtat '' , alterius iu piobitate turbetur. Quod si
aliquis etiam ad legendum in lectulo suo resederit nequaquam alterum
sibi ibidem ad colloquium conjungat. Sed si necessitatem loquendi
diutius habuerint, exeant foras et ibi loquantur. Nani longe alterum c
ab aliero positum propter sonum nec duos consedentes vel stantes,
propter domus ipsius honestatem vel consuetudinem, colloquium ha-
bere nequaquam oportet. Haec etiam inter cetera plurima que in
dormitorio servanda sunt breviter dicta ne quasi pro nichilo a quibus-
libet insipientibus vel ultra quam debent premeutibus contempnantur,
non solum a preposito,decano seu ceteris decanis, omni tempore, non medio-
criter, sed ab ipsis etiam circinnatoribus, horis quibus vacant fratres lec-
tioni'^ observanda et inventa artius castiganda sunt. In piselo^ vero,
tempore quando illo uti necesse est, eadem pêne in omnibus, excepte quod
addormiendum pertinet, cautela ethonestas servanda est,quç de dormitorio
diximus; et si forte quedam ad eandem domum spetialiter <" pertinent, ut
est de pannis infusis qui suspenduntur, de pigritantibus et somnelentis et
propter caloris suavitatem minus adtente /'legentibus; etsiqua his similia,
ex usu quotidiano? quid exinde faciendum sit nullus ignorât, qui hujus-
modi/î^ ad previdendum sollicitudinem impositam i quantulamcumque
portât. Cum vero horç incompétentes transierint, et iamJ colloquendi
quam conjungendi tempus licitum advenerit, semper tamen ibi, sicut et in
ceteris omnibus locis, sive pauciores sive plures fuerint, iu loquendo et
agendo saepe ^ commemorata honestas servanda est, nequaquam ' postpo-
nendaaut contempnenda.
a. servandum, A. - b. pour optât. — c aller, A. — d, lectionem, A. —
e. pour speciallter. — /". pour attente. — g. cotidiano, A. — h. le ms. porte huis
(pour hujus) régi. La correction est de B. Guérard. — i. impositam, A. —
j. etiam, A; corr. de B. Guérard. — k. sepe, A. — L B. Guérard a lu nec
unquam .
1. Sur la signification de ce mot, voir plus haut, p. 342, note 2.
LES STATUTS DADALFIAUn 365
D, S et A
V (Guérai'd). — Oudinatio refectorii sive coquine fratuum'*.
In administrationc '^ aute ni refectorii. intérim quousque aliter, sicut
et in ceteris habitaculis nostris diximus, melius aliquid invenitur
talis fortasse non inconvenienter débet servari ratio. In primir,
cellerarius junior omnibus fratribus eminam '' suam sub equali
mensura anteponat. Deinde si propter aliquam necessitatem cujus-
libet temporis, hospitum, et inaequalitate^^ aeris, necesse fuerit, de-
putetur ei talis frater^ maturus de cujus conscientia onines securi
sint ut nuili quicquam debeat nisi legit.imam/ mensuram/ addere
vel subtrahere. Si vero domnus abbas aut prepositus vel decanus,
propter cujuslibet infirmitatem, die, duobus, tribus vel aliquando.'/
amplius, ei potum mutare preceperit, non tamen ullo modo ipse junior
cellerarius aut ille qui ei solatium prestat aut alteri dare /* aut ultra
denominatos dies eidem id ipsum dando protendere présumât. Cetera
autem omnia ad legitimam honestatem pertinentia que f- vel causa
hospitum vel mensç7 seniorum vel generaliter fratrum omnium ad-
ministranda vel procuranda sunt, ad ejusdem curam junioris celle-
rarii pertinere debent, ne aliquid ibi intrantes, exeuntes aut commo-
rantes, sive, ut dictum est, supervenientes, in usu vel qualibet minus
digna procurata munditia offendat. Ea autem que^-^ specialiter ^ ad
cocos pertinent, ipsi quidem cum summo studio eadem providere
debent. Si "^ tamen prefatus cellerarius nequaquam predictam >^ sol-
licitudinem potsponere débet, sed semper caute providere et admo-
nere ne praefati coci ea quç ^ sibi commissa sunt nullatenus présu-
mant quousque ebdomada expleta, secundum quod Régula precipit,
vasa ministerii sui munda et intégra restituant.
Senior autem cellerarius, tam interius quam exterius, id est, vel in
refectorio, vel in coquina, vel in his habitaculis, quç ed coquinam
a. Ce litre nous est fourni par A seul. — Li. amministralione, B. — c, gemi-
iiam, B. — d. iuequalitate, B. — e. fater, .4. — /. ligitima meusura. B, —
g. aliquaulo, B. — h. A répète le mot darc. — i. que, A. — j. mense, B. —
/.■. que, B. — l. spetialiter, A. — m. sed, A, C. — n. prefatam, B.
Moyen Age, t. XIII. 10
3(l(î L. LEVILLAIN
pertinent, in omnibus" et pro omnibus soUicitudincm gerat, ne* quis
ibi aliter agendo '", loquendo intemperanter, vol se vel ea que f' agit,
tractare présumât nisi secundum quod religioni nostrae^ omnino con-
veniat. Nec querendum nec exigendum ab eodem cellerario est, ut
ipse acsi propria devotione/ in 9 preparandis ,9 pulmentis se ingérât,
et prefatam soUicitudinem ob hoc in aliquo^^ postponat, sed '• potius
secundum regulae./ auctoritatem aliud solatium, si opus fuerit, re-
quirat ut ipse quidem semper'''" hinc et inde ad ea que ^ Dei sunt pro-
videnda liber remaneat.
IV (d'Achery). — Haec "^ non ideo dicimus ut ejus devotioni,
quando absque offendiculo prefati'^ sollicitudinis fieri potest, obsis-
tamus, sed nedum se in his que ^ ad eum eo tempore non pertinent,
acsi devotius o inmergit certam sibi inpositam providendi necessi-
tatem postponere présumât.
VI (Guérard). — Sed ne cellerarius P dicat nescire se de qui-
bus et in quibus prefati ceci admonendi sint'y, ut agant vel non
agant, haeC" inter cetera principaliter observanda sunt. In primis,de
omni re que ^ ad hoc officium eo tempore non prodest ut silentium te-
neatur. Deinde ut ipsum silentium cum fructu alterius mercedis ab om-
nibus illis ibi servari possit, psalmi '' sine -" intermissione ^ cantandi
sunt, et, quamdiu duo ex " illis adsunt, numquam idem psalmi prç-
termittendi "; et cum contigerit ut aliqui ex ipsis propter quamlibet^
necessitatem administrandam longius discesserit etob hoc solus fortasse
inchoatum psalmum cantarenon poterit, mox ut reversus fuerit in loco
in quo ceteros psallentes invenerit ingrediatur, et cumeis quamdiu cum
ipsis est cantare studeat. Similiter quoque, si i/ aller tertiusve ^ dis-
cesserit"', revertens psallentibus se conjungat. Quod si etiam talis
evenerit causa, sicut nonnunquam fieri solet, ut omnes quidem ita oc*^
cupentur ut nullus memoria *' cantando percurrere liceat, mox [ut] cui-
libet vacaverit inlermissum psalmum in loco quo eum dimiserit, repe-
a. inooinib, A. — /*. nç, B. — c. agenda, A. — d. omis dans A. — c. nostre,
B. — /. devotionem, B. — q. increpandis, A. — /i. alico, A. — L set, B. —
7. régule, B. — k. super, B. — L que, B. — m. Hec, B. — n. praefatae, S. — o.
devotus, A. — p. cellarius, A. — q. sunt, A. — /-. psalmis, B. — s. inter me,
B. — t. intermissione, A. — u. et, A. — c. pretermitendi, B. — ce. qualibet, B.
— y. omis dans B. — <. tertius de, B. — a', similiter quoque alter terlius, si inde
decesserit, S. — b'. nuUius memoriam, Ai B. Gorr. de B. Guérard.
LI£.S STATUTS l/ADALHAIin 367
tat, et ceteri « omncs quibus vacat cum eo pariter iii laude Domini
ora '^ permoveant. Sed etsi ita forte evenerit, ut nulli occurrat quo
Ipco inchoatum "^ psalnium dimiserit, ubi vicinius rétro cecinisse
memoriae''^ oceurrit, ibi incipiat, et opus coeptume non neglegant/
quoiisque consumraalis omnibus cum quibus .7 et in quibus idem
studium servari poluit; et tune singuli, prout ratio docet, ad ea quç'*
restant, servato semper, quantum possibile fuerit, silentio S redeant.
Sed ne oui haecy propter priorem sermonem a mente ceciderint, idcirco
breviter repetimus tria esse in quibus haec^ omnia constant ^-^^ : id est,
ut aut a non ^ necessariis lacère aut necessaria dicere aut psalmos
cantare. Sed et hoc nequaquam quasi propter servandum ordinem
neglegendum '" est. Cum fortasse "• idem ordo juniores omnes, aut
etiam minus sapientes vel constantes, in coquinam mittere » po-
poscerit /' ut, pretermisso eodem loco, aliquis? junioribus senior
constans addatur qui et '" se et ceteros, zelo Dei ductus, custodire
studeat; et transacto servitutis sue tempore, iterum ille qui tune
propter talem rationem transilitus est, mixtus cum *' senioribus in-
grediatur, ac sic omni tempore omnimodis observetur, ut nunquam
tantummodo, sive propter defessam aetatem ^ fatui, sive propter ju-
ventut»m minus « perfecli, illi solummodo mittantur de quibus in
nullo ejusmodi conservandi justitiam^' fiducia habeatur. Sed semper,
ut premissum est, unus aut duo ita maturi ^ ebdomadis singulis
mittantur, ut et interius voluntas Dei y et exterius condigna semper
sobrietas custodiatur. A[tJ^ si quis dicere voluerit non ita oportere
fieri, sed secundum ordinem quomodo per mensas sedent, ita semper
ordo tenendus est : nequaquam"' ille audiendus est, sed fortiter cur
aliter ''' sentiat objurgandus; et, si non ab hac temeritate quieverit '■'.
et patienter obocdiens fuerit, acrius coerceatur '^' quousque saniori
consilio ^ oboediat. Haec j idcirco, propter simpliciores/' vel, quod
majus est, ut ita dicam, stultiores, sic aperte et multipliciter dicimus,
ne quis se de ignorantia excuset. Ut autem haec y' ita servari possint,
a. ceteri, B. — b, hora, A, B. — c. inichoatum, A. — d. memoriç, B; me-
moria, S. — e. ceptum. A. — /. pour negligant. — g. que, A. — li. que, B. —
/. silentium, B. — j. bçe, B. — /.'. constrant, A. — l. omis dans B. — m. pour
negligendum. — n. coinfortasse, A; — coufortasse, B. — o. mitte, B. — p. po-
poscerat, A. — q. aliquem ex, B. — r. omis dans A. — s. com A. — t. etatem,
B. — u. manus,A. — c. justiiia, fî. — œ. matures, B; maturis, A. — y. B. ajoute
ici les mots tu fili qui n'ont pas de sens. — s. Ad, A, B. — a', nequam, B. —
b'. quuraliter, A. — c' . quiesceret, S, quiescerit, B. — cl', cohercealus, A. —
e'. consio, A. — /'. simpliores, B. — g', hrc, B.
3G8 L. LliVlLLAlN
senper decanus et celleravius per plures dies antea provideant, quo-
niodo ista disposition nullatenus turbetur, neque per occasionem
infirmitatis alicujus, neque propler, si evenerit, itineris causam, vel
propter quamlibet novam surgentem necessitatem, vel etiam propter
domni abbatis aut prepositi quamcuraque jussionem. His ita propter
perpetuam custodiam premissis, illud quoque postponendum non est,
ut cellerarius semper, quando ei vacat, illas administrationes manu
propria singulis anteponat; ne aller ei iiiajus minusve quam debeat,
propter cujuslibet gratiam dando, excédât. Et ipse, qui ^ singulorum
infirmitates vel nécessitâtes scire débet, prout certa et recta néces-
sitas poposcerit, cuncta '" distribuât. Si vero ei non vacaverit, tune
ille^^ cui ipse jusserit vice sua hoc faoiat s, cavens semper ne aliquid
vitium ibi oriri incipiat, Haec/etiam;? de bis^'.
V (d'Achery); VII (GuérardJ. — De laïcis autem haec ^ est una
et definita sententia. Ut, quaradiu ibi aut pulmentaria prepa-
rautur aut preparata ministrantur, sive quando fratres prius gene-
raliter sive quando postmodum ministri reficiuntur ,/, nullus ingre-
diatur. Si vero talia aliqua aut prius preparanda aut postmodum
mundanda vel curanda fuerint que^'' laïcis deputata sint, fenestra
aut locus aut ostium ^, extra coquinam talis constitutus sit, ubi
fratres vel preparanda suscipiant vel mundanda référant ubi ea
illi vel ponere vel posita recipere possint, ut tamen nullam
occasionem ^, pro qua coquinam ingrediantur, habeant '^. De
quibus haec '' intérim memoriae » occurrunt, ut sunt herbç P cujus-
libet generis unde pulmentarium fîeri debeat afïerendç <?, mundandç ^,
ordinandç «; similiter pisces, quando opus fuerit exinterandi, exqua-
mandi; ligumina diversi]^ generis lavanda vel preparanda, sive
cetera vel his similia quç tamen omnia extra coquinam, in locis sibi de-
putatis, plenissime et honestissime, quotiens necesse fuerit, agere stu-
deant; et in loco apto ubi a fratribus congrue suscipi possint studio-
sissime ponere vel cumponere studeant ; et tamen, ut dictum est, ab
ingressu coquinç" predictis temporibus funditus abstineant. Ligna
quoque similiter quç'' conportanda, scindenda-» vel congrue i/ prçpa-
a. dispotitio, A. — b. que, B. — c. omis dans fî et S. — d. ei, A, B. — e.
fatiat, A. — ./'. hec, A. — (j. eliam a, B. —U. les mots Haec etiam de his man-
quent dans S. — i. hec, B. —j. refitiuntur, B, A. — h. que. B. — l. hostium. A,
B. — m. occansionen, B. — n. habeamns, A. — o. memorie, B. —p. herbe, i5.
— q. adferende, B.c. — r. muudande, B. — s. ordinande, B. — t. diversis, .4,
B. — u. coquine, B. — c. que, B. — x. sindeuda, A. —y. congruç, A.
r.RS STATUTS D'AnAF-IIARn 869
randa sunt, per fenestrani, ut diximus, aut per oportunum introitum
ita habundanter « inmittantur'^ ut nec illis introire ad fratres nec
fratresobc hoc ad eos exire necesse sit. Forsitan enim haec f' alicui
tam niultipliciter dicta increscunt, sed nos ^ magis elegimus singula,
prout necessaria videntur, singulariter ordinando dicerc quam alicui,
acsi nescial quid/ facere dobeat, occasionem y excedcndi relinquere.
Cellerarius autoin haec ''' omnia, prout ei vacaverit, diebus singulis,
ne quid ibi vitium nascatur, providere studeat quousque, Deo auctore,
quicquid ibi rite et honeste agendum est in consuetudinem veniat, ut
nullus quamlibet novitius propter ignorantiam excédât. Idcirco aulera
haec^'î omnia ad providentiam cellerarii reflectinms/' quia ei nullumin
ipso offîcio vel ofiicina rebellem aut contradicentem esse volumus
aut permittimus. Sed et si, quod absit, contigerit ut ipse cellerarius,
senior aut ^ junior, haec^^ et his similia quae^ ad hoc pertinent caute
non servaverit, et secundum^'' regulam^ admonitus non se correxerit,
ipse quidem, si ad permanendum dignus non fuerit, cura condigna
invectione exeat, ordo vero inconfusus et imperturbatus"* permaneat.
VIII (Guérard). — De provendarhs «. De porta autcm monasterii,
vel que ad eam pertinent.
Idcirco inter haec quço superius conplexa sunt, nil inserere volui-
mus, quia quçcumque/' ad eam vel ministres ejus pertinent de deci-
mis. Domino insinuante, per se semotim disponendum judicavimus;
unde primo loco illud commemorandum est, ut de provendariis, qui
ibi servire debent, certa discretio ? servetur, ut et sufficienter '" sint,
et ultra quam necesse est nuUo modo sint, quia ipsi de eadem
décima et pascendi et vestiendi sunt, ea mensura que eis com petit,
ita ut nec penuriam patiantur ** nec aliqua superlluitate disten-
daniur. Visum est igitur nobis in decem ^ provendariis ad eos
qui hospites suscipere et eis servire debent sufficere posse; si-
militer ut ipsi provendarii eadem qualitate et quantitate cibi et potus,
sicut ceteri provendarii nostri, sustetitentur ", id est ut " pensam "
quidem secundum ceterorum consuetudinem per mensem ^, similiter
panem et potum, secundum eorumdemi/ consuetudinem, accipiant.
a. pour abundanter. — b. iumiUanter, A. — c. ah, A. — d. bec, B. — S ajoute
devant le moi non. — e. Ut si nos, S. — f. qui, B. — g. occassionem. A. —
II. refectimus, A; tleclimus, B, — i. au, A. — j. que B. — h. secundo, S.
— l. omis dans B et S. — m. inperlubatus, A. — n. Ce titre manque dans
B et A. — o. quç, B. — p. quçcumque, B. — q. discrecio, B. — /•. sufficient, 6;
suftitienter, A. — .s. paciantur, B. — t. decim, A. — u. suslentur, B, A. —
c. inpensa, B. — x. meuse, B. — y. eorundem, B.
MtO L. I.EVILLAIN
Veslimenta autem et calciamenta, sicut supradictum est, mensurate
accipiaut, ita ut nec « nudilate '^ nec aliqua turpitudine squaleant,
nec tamen contra ^ ultra mensuram suam exigere présumant. Haec c
de provendariis.
BetA
Do pane autem et cervisa ista erit consideratio '', ut, sicut ipsi
portarii de decimis que '^ eis dantur annonam et braces de suo dant,
ita quoque ligna/ similiter dent, juxta quod in utroque ad suum opus
preparandi ipsi cum ceteris ministris consideraverint necessarium
esse. Undc necesse erit ut omnia ligna, quç « familia nostra genera-
liter ad annualem necessitatem admonasteriumadducit, sicut cetera 5'
omnia, decimata fiant et semotim f^ ponantur in ipsa tamen clausura.
Et hoc ideo, ne forte cum portariis ligna ad alios ' usus quç «^ ipsi ex
sua J soUicitudine providere debent, deficere ceperint, ipsi ad ea que
supradiximus manum mittantetin utraque parte decepti^ fiant, sicut
hoc anno factum vidimus. Et ideo ligna que « ad- suscipiendos hos-
pites vel ad ceteras omnes nécessitâtes ad totius anni spatium ^ ad
portam necessaria fuerint, estivo tempore erga portam monasterii ^'^
conparata fiantetinlocis oportunis servanda collocata, utsemper eis qui
nierilo accipere debent in omnihcspitio'^ sufficiant^ et tamen ab omni
fraude tuta permaneant. Idcirco autem eadeni ligna, licet carius sit,
circa monasterium comparare diximus, ne vagandi acsi ad/' con-
ducendum et hoc levius conparandi occasionem ç dédisse vidercmur.
His ita etiam specialiter '" de lignorum providentia dispositis, tran-
seamus ad cetera *=.
B,SetA
IX (Guérard). — Videtur igitur nobis, si omnis décima de omnibus
et in omnibus, sicut ^ constitutum est, datur, ut omnino ad omnes
hujusmodi nécessitâtes divitum vel pauperum sufiicere debeat ; id est,
vel de his que" ad monasterium, elemosyne '' causa, ecclesiis ^ vel fra-
a. necdum deitate. B. — b. e contra, B. — c. hec, B. — d. consideracio, B.
— e. que, B. — /. ligni, A. — g. celerara, B. — h. semoti, B. - L alias, B.—
j. [sjua, B. — k. decepta, A. — /. spacium, B. — m. monasteriis, B. — n. hos-
picio, B. —o. suffitiant, A.— /j. omis dans A. —q. occassionetn, A, occansioaem'
B. — r. spetialiter, A. —s. cetçra, A. — t. si, A.— u. que, B. — c. elimosinç,
B. — 00 ecclçsiis, B.
LES STATUTS d'aDALHARD 371
tribus in diversis corporalibus speciebus « vel mobibilus rébus sponte
condonanlur '', similiter quicquid in diversis laborationibus quolibet
modo adquiritur, vel in variis pcculiumc generibus enutritur vel in
ipsis peculiis, Deo dispensante sine humana providentia, sponte pro-
ducitur, ut est lac et lana; similiter fenum vel quç in arboribus gratis
nascuntur ut est pastio ^^ vel diversi generis fructus, quantum possi-
bilitas admittit, data fuerint, secundum qualitatem vel quantitatem
singularum rerum, juxta quodtempus permiserit, sufficere possint. Et
ut manifestius quod dicimus ^ elucescat, primo de nostris villis, quae /
in Ambianensev \ Atrapatinse*. seu Belvacense ^'^ sitç^ sunt, pleni-
ter omnia, sicut supra commemoratum est, denture ; deinde ^% si forte
propter longiorem viam, possibilitas adducendi familiae ^ non fuerit,
bonum exinde restât, Domino insinuante, consilium ut propter hoc
nec décima remaneat nec uUum in pauperibus generetur peccatum;
{Ici se place dans S le chapitre VI que nous aoons reproduit p. 302.)
B eiA
idest, ut omnis illa quantitas vel qualitas iaborationis, quae'" in
longioribus '^ locis adcreverit et ob hoc, quamvis in spelta ficri possit,
in garbas tamen et feno impossibile fuerit, restât '' tamen, Deo inspi-
rante, ex alia parte salubre/^ consilium, ut nec familia conteratur
nec décima retrahatur. Sed antequam id ipsum quomodo rationa-
biliter*? fieri possit dicamus, obsecramus bonitatem omnium qui hec
administrarc debent, ne ea illis aut inpossibilia appareant, aut in
fastidium veniant. Si aliquid propter satisfaclionem presontium \el
futurorum paulo longius dicendo et ratiocinando '' extendimus dum
premissam est, per hoc qualiler et secundum [regulam] •' sine ^ pec-
cato et secundum seculum sine aliquo detrimento fieri possit satisfacere
querimus. Videtur igilur nobis nullum esse malum, immo propter
rationem " superius premissam, non modicum es^e bonum, si omnis ''
a. spetiebus, A, Fi. — b. condonamur, .A. — r. peculum, S. — ri. partio. B. —
e. dilimus, B. — f. que. B. — .7. Ambiaainse, S. — h. Belvacinse, B. — i. sito, B.
— j. dantur, c. — /.-. denique, B. — l. familie, B. — m. que, B. — n. langiori-
bus, B. — o. rectat, B. — p. salubrae, A. — g. racionabiliter, B. — r. ratioli-
uando, B. — .?. Deum, C. — t. sene, A. — u. racionem, B. — r. illa, A, C.
1. Pagus d'Amiens.
2. Pagus d'Arras.
3. Pagus de Beauvais.
X
372y L, LEVILLAIN
hiboralio. quae '^ per nianipulos decimari potest, ut pleniter singule ^
annoiK; '" in suo génère deciniate fiant et insuper per veram exac-
tionem f' probata fiant quanli nianipuli niodium ''reddant, [decimetur].
Similiter illud omnino observanduni est ut de singulis campis sin-
gulae '' annone'' per se deciniate/ fiant, quia, quamvis, sicut omnes
novimus unius gencris sint, non tamen equaliter bonç r/ vel fructuose
in omnibus campis fiunt. Et idée necesse est ut homines, in villis sin-
izulis. ad hoc agendum, Deum timentes eligantur eisque a raagistris
suis fortissimo precipiantur ut nullara hinc aut inde fraudem facere
présumant ut vel majus vel minus quam sicut veritas est dicant. Hœc
auteni ideo prosecuti sumus ut, cum per veram rationem /' probatum
fuerit quanta modia de singulis annonis, si omnes manipuli decimati
excutiuntur, ad decimam venire debuissent, nuUa remaneat dubi-
tatio ' qualiter in alio loco restaurari possint. Similiter de feno dili-
p-enterJ et equaliter considerandum et numerandum est quanta carra
ad decimam veniant ut ea[njdem/f qualitatem ^ in alio loco restitui
valeant. Quur ^ autem talem rationem ^\ que « forsitan quibusdam su-
perflua videri potest, describendo premisimus? Melius oslendimus si
per villas nominatas "^ id ipsum plenius demonstramus. Ecce etenim
cuncti ^^ novimus quod, de Waliaco ' et Monciaco « % de Haiono quoque
Villare'' et Domno Aglino/'^ sicut et in ceteris quibusdam locis, non
solum grave sed etiam'i pêne inpossibile est ut illç '' annonç-*^ que f'
in manipules colliguntur aut fenum quod ibidem collectum reconditur
ad monasterium deduci possit sine gravi valde afflictione" familiae.
Quod si ibidem excutitur et tantummodo annona aut venundatur aut
adducatur, palea omnis, que eis similiter in hieme secundum suam
qualitatem, necessaria est, inutilis remanet cujus, ut diximus, pro-
fectus pêne '" similiter necessarius esset. Quamobrem si hinc et inde,
vel juxta villarum magnitudinem, vel singulorum annorum frugum
a. que, B. — b. singule, B. — c annone, B.— d. exaccionem, B. — e. rao-
dicum, A. — /. décimale, B. — g. boue, B. — h. racionem, B. — i. dubi-
tacio, B. — j. répété dans A. — /.. eadem qualitatem, A; eadem qualitate, B.
l. pour cur. — m. den[o]minatas, B. — n. omis dans B. — o. Montiaco, B.
— p. Aglano,B. — q. eciam, B. — /■. ille, fî. — s. annone, B. — t. que, B. —
u. adflictione, B. — o. penç, B.
1. Wailly, canton et arr. d'Arras, Pas-de-Calais.
2. Monchy-aux-Bois, canton de Beaumetz-les-Loges, ;irr. d'Arras, Pas-de-
Calais.
3. Hainvillers, canton de Ressous, arr. de Compiègne, Oise,
4. Le Donacre, comm. de Wimille, canton et arr. de Boulogne-sur-Mer, Pas-
de-Calais.
LES STATUTS D'AnALIlARD 373
quantitatem, causa perpenditur, fortasse non inconvenienter « de
propinquioribus villis duplex décima dalur, et illa supra onumerata
\el décime deniinoratio '-' vel familiçadliclio facillime decliuatur. Sed
ne obscurum sit (|uod dicimus, aut ad '' quem finem dicendo perve-
nire volumus, necesse est ut villas aliquas denorainemus intcr quas
talis conimutatio sine detrimento fieri potest. Jungamus ergo W'alia-
cum </ et Vernum ut, cum illa décima data fuerit et perducta ad
monasterium quç de Verno ^ est, tune veniat ille missus et brevis qui
illam decimara in Waliaco dinumeravit et faciat/ de ipsis manipulis
per diversa gênera 7 annone probationem^i in Vernis quantum ad
aequalitatem ' ejusdcm décime 7 que ^^ ad Waliacum dinumerata
est cum veniat ^ et tune ipsa décima ad monasterium deducta, sive in
manipulis integris et non excussis sive in feno pleniter, veniat. Hoc
tamen sciendum '" quia ^ nullatenus volumus ut illa familia per
imperium ipsam secundam decimam ad monasterium deducat, sed
ipse portarius sibi carra cum pretio o conducat, secundum quod tune
tempus fuerit, et ipsa carra locare potuerit. Et haec non ita dicimus ut
ipse portarius aut illam decimam ad Waliacum examinandam vel
ad istam iterum ad equalitatem ejus estiraandam/* perse ipsumvadat
et faciat, sed ut per prepositum et per actorem villarum taies ministri
Deum timentes et fidem in omnibus fideliter servantes eligantur qui
hoc et ibi et hic absque uUa fraude perfitiant, et portarius inde nullam
sollicitudinem, excepto ad suscipiendum ^, habeat. Per brevem tamen
de singulis locis omni anno semper omnia suscipiat, ut, si necesse
fuerit, cognosci possit utrum ipsi ministri hoc fideliter peregissent.
Haec'', exempli^ causa, de his duabus villis dicta sufRciant ^ ut ad
hanc similitudinem cetere ville" due (^ et duc'", una ^ longius ^ et
altéra vicinius posita, conjungantur, prout.*/ oportunius et aptius
conjungi possunt ^, ut eo modo, sicut supra intimatum est, de vici-
nioribus duplex décima detur ut et«' eadem sepedicta décima pleniter
ad monasterium absque uUo detrimento vel deminoratione '^' perdu-
catur et familia nullatenus affligaturC. Id est : Montiacus <^' et Albi-
a. inconvenientur, B. — b. deminoracio, D. — c. a, B. — cl. Walliacum, A . —
e. Verna, B- — f- fatiat, A. — g. geaara, B. — h. probaciouem, B. — i. equa-
litatem. A. —y. décime, B. — h. que, B. — /. conveniat, B. — m. sieodum, B.
— n. qi, B. — o. precio, B. — p. aestimandaiu, A. — q. susscipieudum, B. —
r. Hec, B. — s. exempla, B. — t. suffitiaut, A. — u. ville, B. — c. due, B.
— X. una logiu, B. — y. hut, B. — s, possint, A. — a', omis dans A. —
b' . deminoracione, B. — c'. adfligatur, B. — d. Motiacus, B.
374 L. LEVILLAIN
niacus, Templum Martis' et Villa, Habronaslus^ cum Campania'
et Waniacus, Fortiaca «-Villa < cum Walhono-Curte et Saliacus',
Filcono-Villaris " ctTittonomontis, Haiono-Villaris et Tanedas', Dom-
nus Aglinus et Domnus Audoinus'. Paliortus vero, Alas, Haiono ''-
Curtis^'et* Arvilaris ^ ^*, Cipiliacus, Cirisiacus, Galliacus'^"^', Wa-
doni-Curtis^\ unusquisque tantum decimam suam simplicem solvat.
Ideo autem easdem villas ita diraisimus quia nec tam longe sunt, ut
décimas suas adducere non possint, aut, si forte in aliquof' loco e
laboratio/noncreveritettempestas abstulerit et in ipsis remanseritut
aliquid semper supersita', unde hoc restaurari possit- Quod si alius
ordo vel alia conjunctio predictarum villarum melius inveniri potest,
non recusamus^i ut fiât, ita tamen ut, sicut supradiximus, predicta
ratio ' firmiter permaneat et, quantum esse potest, ipsa duplex décima
in propinquioribus villis fiât, propter gravationem portarii, qui ipsa
carra, sicut premissum est, conducere débet. De pretio j autem unde
illa carra conduci debent, portarius per discipulum suum quicquid
agendum est agat, quia turpe est ut ipse hoc per se faciat^'^ quasi
nullum hominem invenire valeat cui merito credere debeat. Spelta
autem [et] ' ordeum, qui similiter cum medula sicut spelta colligitur,
de singulis villis ubi "^ nascuntur, ex jussione dominica, adducantur;
similiter linum, lana, naves et omnia ligumina quç "^ universa, prius-
a. Forciaca, B. — b. omis dans B. — c. Galiacus, B. — d. alico, A. — c. omis
dans A qui ajoute : aut. — f. laboratus. A, B, c. — (j. swmpsit, B. — h. recus-
samus, A. — L racio, B. — /. precio, S. — k. fatiat, A . — /. omis dans A ;
aut, B. — m. ibi, A. — n. que, B.
1. Talmas, canton de Domart, arr. de Doullens, Somme.
2. Havernas, canton de Domart.
3. Campagne, dépendance de Quesnoy-le-Montaut, canton de Moyenneville,
Somme.
4. Forceville, canton d'Acheux, arr. de Doullens, Somme.
5. Sailly-aux-Bois, canton de Pa«, arr. d'Arras, Pas-de-Calais : ou. de préfé-
rence, .Sailly-le-Sec, canton de Bray, arr. de Péronne, Somme.
6. Fienvillers {i] canion de Bernaville, Somme.
7. Thennes, canton de Moreuil.
8. Demuin, canion de Moreuil.
9. Hénencourt, canton de Corbie, arr. d'Amiens, Somme.
10. Arvillers, canton de Moreuil.
11. Gailly, hameau dépendant de Cerisy-Gailly.
12. Vadencourl, canton de Villers-Bocage, arr. d'Amiens, Somme.
LES STATUTS D ADALIIARD
375
quam inde sementia « separetur ^, decimanda sunt ut nihil in
singulis locis non decimatum remaneat. De hortis « vero juxta ''^ quod
consuetudo in singulis locis f laborandum est, sicut sunt porri, asca-
loniç/, algi, vel cçtera.7 his similia quç'* rationabiliter ^ venundari
possunt, venundetur7 aut contra denarios aut contra annonam^»' et
ad portarium deferatur. De fructuquoque, ubi et unde rationabiliter '■
fieri potest, similiter fiât, vel si quç aliœ ^ quocunque 'n minute "
laborationes ^ fiunt similiter ex eis faciendum est.
Tecia vero et cooportura iectorum, ubi annonç recojiduntur, ad
prepoaiium pertineat qui disponat qualiter congrue haec fieri possint;
nobis quoque videtur, quod aptissime ex Verno et Saliaco et Cirisiaco
et Galiaco fieri possit nisi melius aliter invenerit.
B et A
X (Guérard). — Haec intérim de his satis dicta sunt/'. Nunc de
omni poculio et nutrimento videndum est. Sed antequara aliquid inde
specialiter 7 de singulis pecudibus discernatur, hoc generaliter de
omnibus servari volumus ut quanto'' decadç « de omni nutrimento
quadrupedum fuerint ^ decimus detur. Si vero ultra decadas novem
remanserint, nonus detur. Similiter si octo, octavus ; si septem,
septimus; atque ita usque ad unum. Et si amplius ultra decadas quam
unus non fuerit, ipse unus detur. In qua decimatione, illud pre-
ceptum domini diligenter servandum est ut non eligatur] nec mu-
tetur u alter pro altero, id est, nec bono inferius, nec inferiore melius,
sed quale; unum post unum per foramenf' cujuslibet clausure trans-
euntes decimum occurrerit, illud detur. Si vero decim non fuerint,
detur nonum, vel octavum vel ipsum unum, si amplius non fuerit,
sicut supradictum est.
a. semencia, B. — h. separet, B. — c. ortis, A, B. — d. dans le seus de si-
militer. — e. 6 répète non decimatum remaneat qu'il a pris dans la phrase
précédente, à tort certainement. — /. ascolonie, B. — g. cetera, B. — h. que
B. — t. racionabiliter, B. — j. venundeutur, A, B,C. — k. annona, A, B. — l.
alie, B. — m. quecunque, B. — n. minuta, A. — o. laboraciones, B. — p.
sint, B. —q. spetialiter, A. — /•. quante, B. — s. décade, B. —t. fierint,A, C. —
u. mutatur, B. — c. perforamus, B.
376 L. LEVILLAIN
Primo autem de jumentis. Mox ut omnes«- ejusdem anni puUetri
nati fueriïit, decimandi sunt; et ita a pastore gregis usque dum
annuni habeant, sicui ceteri ^ diligenter servandi, Siiniliter si por-
tarius voluerit usque dum duos annos liabcant f^, custodiendi sunt. Si
vero prius eos portarius toUere voluerit, in ejus potestate sit. Ultra
tamen duos annos eos ibi non dimittat, sed, aut venundando aut quo-
libet modo commutando, in obsequium prefate porte convertere studeat.
Idcirco aulem eos non multo postquam nati f uerint decimari volumus
ut, si forte aliquis ex eis per humanam neglegentiam^'' perierit, sciât
ille per cujus neglectum evenerit, quia portario hoc componere^ et
non actori vel majori débet. Similiter autem in decimando vel per
biennium in nutriendo vel conservando, de vitulis omnibus agendum
est. Lactis vero fructus ad monasterium decimandus est. De agnis
quoque decimandis/ vel usque biennium nutriendis, similis per
omnia forma serveturr/. Lana vero illorum tota portario reddatur.
Reliqua autem lana in ipsa tonsura ovium, sive majorum sive mi-
norum, seu agnorum, absque ulla electione^^ bonitatis vel coloris vel
magnitudinis, mox per ipsa vellera decimetur ei portario ad monas-
terium ' deferatur. Lac autem, ut supra de vaccis diximus, ad mo-
nasterium decimetur. De[haedulis]y quoque decimandis et nutriendis,
similis ratio, sicut de agnis diximus, per omnia servetur; et si lac
caprarum ad monasterium defertur ibi decimetur. Sin autem, in ipsa
villa ubicumque câpre f uerint actor et major provideantutomnino per
caseos juste decimatum fiât, et quicquid inde decimum adcreverit
simile ''s mensibus ad portam delatum fiât. Nec ^ ultra servatum
inutile proveniat.
De porcis autem, quia '" difïicilis ratio " est, propter necessaria et
incerta tempora illorum generandi et pariendi, ut ita ordinari possint
sicut de ceteris pecudibus supra ordinatum est; ideo bonum nobis
visum est ut, in hac ordinatione o, magis P ad necessitatem totius
anni considerandam animum convertamus, et prout estimamus sufïî-
cere posse numerum certum, statuamus quantum annis singulis de
porcis non minus quam bene mediocritcr crassis ad portam dentur,
a. omnis, B. — b. et celere, A. — c. abeant, B. — d. neglegenciara, B. —
e. conpouere. B. — /. de decimaudis, A. — g. servet, B. — h. eleccione, B. —
i. monasterio, A, B. — j. edibus, A; hçdibus, B. Nous avons préféré le dimi-
nutif hœduLus à hœdus, parce que hœdulis a pu être lu par un scribe ignorant
/uf'(HI/Uf>. B. Guérard a imprimé hwdibus. — k. similis, A, B. — l. ne, B. —
m. qi, B. -- n. racio, B. — o. ordinacione, B, — p. magnis, A.
LES STATUTS D'ADALIIAIîn 377
sive sit paslio, sive non sit. Quod si pastio abundantcr fuerit et
porci pleniter incrassali, pleniter ctiam ad portara incrassati donentur.
Quia igitur, sicut omnibus notura est, quinquaginta etdue cbdomades
in anno sunt, videiur " nobis quantum ad hanc rationem '^ pertinet
duo poi'cos'" per septimanas singulas sufficere posse, exceptis his
quos ipse sibi portarius nutrire voluerit.
De porcellis autera, qui" annonam, Deo auctore, pleniter habebit,
ipse sibi provideat et prcvideat ut juxta quod esse potest de suo nutri-
mento unde hospitibus hujusmodi honorandis sufficienterc habeat.
De agnis auteni, dum tempus illoruni fuerit, in sua potestate erit
quantum de /" décima sua sumere voluerit.
De arielibus vero, dum similiter tempus illorum utendi fuerit, ipse
de decem .7 berbicariciis /', unde fratribus estivo tempore caseum
procuratur, quantum voluerit suraat. Quia de ipsis, sicut de ceteris
omnibus, decimus agnus ipsius est; et cum de ceteris gregibus ipsi
dccimi agni absquc matribus sine dctrimento vivere possunt, in ipsius
potestate sunt, si aliquos ex eis ante biennium illorum tollere voluerit
ut eos infra decim prefatos grèges qui ad monasterium deserviunt
mittere voluerit ut eos ad manura habeat, et quando vel quantum
voluerit tollat. Intérim vero quousque prefati agni qui hoc anno
decimandi sunt, bimi vel trirai facti fuerint, ipse de decim supradictis
gregibus, secundum quod inter se et magistrum gregum convenerit S
tollat, ita tamen ut nec ultra mensuram desolentur grèges nec neccs-
sitatem nec indigentiam contra rationem patiantur hospites.
De décima j autem agnorum de cunctis gregibus, ideo illos in
illos decim grèges mittere diximus, qui estivo tempore ad monaste-
rium de caseo serviunt -''', ut ibi semper ad manum sufRcienter habeat
unde hospitibus abundanter ^ ministrare possit, et non sit nécessitas
propter longitudinem villarum, aut portarium autpastorem autquem-
cumque hominem pro hoc sepius fatigari. Ipsa autem adductio agno-
rum non ad portarium sed ad majorem pertinere débet, ut ipse, cum
portarius jusserit, eos ad prefatos grèges adducere faciat'". Si autem
cum ad bennium vel triennium venerint, ipsi predicti decimati agni
plus creverint quam ipsi decim grèges aut"' pastores sustentare,
a. videmur, C. — b. racioiiem, B. — c. porci, A, B, C. — d. quia, A.
— e. sufficieut, B. — f. omis dans B. — g. decim, B. — h. bervicariciis, £«'.
— i. B oïïre uue rédaciioa diSérenle : secundum quod port (lisez : portario)
et maistro gregum convenerit. — j. decim, A. — k. deserviunt, B. — L, liabun-
dauter, B. — m. fatiat, A. — n. ad, A.
378 L. LEVILLAIN
possint. consideret portarias cura magistro « grcguin quid exinde
fat.iat, aut venundando aut occidendo et suspendcndo aut ccrte porcos
comnjutando, unde iterum co tempore quando berbices non prosnnt
friskingas habere possit, sicut de ceteris friskingis supradictum est.
Vel si annonam tantum non habuerit unde eos per totum hiemem
pascere possit, partira ex eis occidat et suspendat, partira ut seraper
aliquid de friskingas habere possit, Aavos reservet. Ita faciat^ quali-
ter omnia quçf vel ad necessitateni vel honestatem prefate porte^ et
monasterii in susceptione hospitum providenda vel previdenda sunt,
tempore congruo procurentur f' ut semper tempore congruo habean-
lur/. Et quamvis forsitan aliquibus haec,'/ superflua videantur, nos
tamen magis elegimus minus intellegentium/' verba patienter ferre
atque per hoc quod scribimus ^ omnes occasiones; non necessarias
auferre, quam portarium in aliquam non necessariam et incongruam
religioni nostrae ^' occasionem ^ incurrere. Et ideo prefatum magis-
trura decem'" gregum eidem portario in hac parte conjungimus ut
omnem utilitatem, que " congrue de ipsis decimis ordinare possunt,
cum communi consensu, disponant atque », una cum discipulis laicis
ejusdem portarii, cuncta perficiant, ut non sit nécessitas prefatum por-
tarium vel quemcumque monachorum pro hac re extra monasteriuui
hue illucque discurrere, sed, secundum prefatas rationes/J, universa
ordinare et ordinale recipere et Ipsum tamen ab hoc exteriore tu-
multu in monasterio quietum residere.
XI (Guérard). — Hic est numerus et haec? est divisio porcorum
qui occiduntur in anno ad celiarium nostrum. Numerus ut minus si
uUatenus habentur quam DC non'" occidantur ''; divisio in quattuor
partes erit. In primis ad portam dentur LX cum « omni « integri-
tate, excepto sungias; ad cellarii dispensationem ^ CCCLXX; ad
provendariorum opus qui pensas accipiunt CXX; L vero qui super-
fuerint ad quod abbas voluerit reserventur. De tribus autem partibus
quç cellarario ^ rémanent talis erit dispensatio ; de CCCLXX, inde
débet cellararius " omnia providere, quantum ad carnem pertinet f',
infirmis, vasallis et cetera-^, ut diximus, omnia, excepto ad portam et
a. maistro, B. — b. fatiat, A. — c. que, B. — r/. porte, B. — e. procurrentur,
A. — /. habeant, A. — 7. hec, B. — h. pour intellù/entium. — i. sribimur, B.
— j. ocoansioues, B. — k. nostrç, B. — L. occassionem, A; occansionem, B. —
m. decim, B, — n. que B. — 0. utque, C. — /i. raciones, B. — q. hec, .1. —
r. omis dans A ,C. — s. cummuni, A. — t. dinspensationem, B. — u. cellerario,
cellerariuSi A. — c. omis dans A. — £g. ci;tera, B.
LES STATITS nADAI.IIARn 379
ad illos provendarios qui pensas « accipiunt. Ideo autora CCCLXX
ad hoc dcputati sunt, ut per singulos dies in anno qui sunt CCCLXV
singulos baccones cum minutia eorum habeat; et insuper quinque
ut CCCLXX compleantur addere fecimus, quia magis volumus ut
remaneat quam deficiat. Sed et ipsi CCCLXX taliter volumus ut dis-
pensentur. Quando primitus suspensi fiunt, separentur sempcr XXX
baccones cuni ^ plena minutia eorum, ita ut per duodecim^ menses
semper unusqwisque mensis XXX habeat cum minutia eorum semotim
suspensa; et, si esse potest, volumus ut semper per singulos menses
cum illis XXX baccones d cum minutia eorum liberet et secundum
quod illi homines fuerint quibus dare débet aut lardum aut carnem
ita provideat ut eis congrue donare studeat. Si autem ei lardus de-
fecerit, toUat de illis L porcis quos ad opus nostrum servari '^ jus-
simus et impleat illum mensem /.
B
Similiter si ei minutia defecerit, tollat ex ipsa per numerum et
impleat ipsum mensem.
D Qi A
Observet autem ne ad illam aliara carnem vel lardum transeat qui
ad sequentem mensem deputatus est ante kalendas mensis sequcntis.
Si autem ei lardus vel minutia remanserit de illo primo mense, dimit-
tatfl' eam in ipso loco esse et ad illas alias /« kalendas incipiat de illo
alio mense, et, sicut supradiximus, liberet ipsum mensem; et si, ei
defecerit, répétât iterum quod ei necesse fueritaut lardum aut carnem
aut ^ [etiam] J utrumque de illo mense anteriore quod remansit.
Quod si etiam ibi satis non habuerit, recurrat iterum ad illos L qu[i] '^
separatim positi sunt ad opus abbatis. Expleto autem secundo mense ^
si viderif^ inter duos menses qui rétro sunt hoc sibi remansissc
aut de lardo aut de carne aut de utroque unde tertium mensem libe-
a. dispensas, A, C. — b. com, A. — c. XI, B. — cl. baccouibus, B. La variante
provient de ce que le copiste de /3 a pris ciiin pour une préposition, alors que
c'est le conjonciif. ce qui prouve évidemment qu'il copiait sans comprendre.
B. Guérard l'a reproduite. — e. servare, B. — /. mensen, A. — (j. demitlal,
B. — //. alios, B. — i. autem, B^ A. — j. Nous avons restitué ce mot parce
que les mss. portent autem pour aut. — />,■. que, A, fl, C. — l. meuse, B. -^
m. videris, A.
38Ô L. LEVILLAIN
rare possit, accipiat et faciat. Si autcm aliquid defuerit ei, addat de
illo tertio mense, qui tune est, quantum necesse fuerit, et quod de
tertio remanet servet adquartuni; de quarto ad quintura, atque ita
inantea semperper singulos menses faciat: hoc omnino observans, ut
numquam de future mense in preteritum sed de" preterito si ei rema-
net accipiat in futurura. Nec volumus ut illam carnem aut illum
lardum qui ei remanet, per singulos menses de loco ad locum eat
pendendo, sed ut in suo loco ubi^ fuit tamdiu pendere permitiat,
donec illam in secundo aut in tertio mense future, sicut supradictum
est, expendat. Nec volumus ut ipse«ellararius hocquaerat<^ ut equa-
liter (l^ per singulos menses aut minutia cum lardo aut lardus cum
minutia currat. Sed lardus secundum suam et minutia secundum
suam rationem currat, quia hoc aliter bene esse non potest. Scimus
enim quod lardum et minutiam unius anni non débet equaliter '^ vel
simul ad dispensandum incipcre qui illam débet providere, quia mi-
nutia, statim cum facta fuerit, ad dispensandum bona est, et quantum
plus servatur semper deterior habetur. Lardus vero nec statim cum
factus fuerit bene coctus, nec ante Pascha bene comedi potest cru-
dus ; et ideo etiam exinde talis volumus ut sit ratio, utille cellararius
qui intrat kal. januarii sic incipiat illam novam carnem dispensare
per illos UU°^ menses et tamen illum novum lardum non tangat ante
kal. maii sed habeat reservatum ab anno priore de veteri ^ lardo,
unde illos 1111°^ menses, sicut supradictum est, secundum uniuscu-
jusque mensis rationem dispensare possit usque kal. maii. A kal.
autem maii per illos VIII menses usque iterum kal. januarii,
utrumque/' simul et carnem et lardum novum dispense!, et ita fiât
ut semper minutia de kal. in kal. januarii, lardus vero de kal. in
kal. maii currat. Nec volumus ut ille lardus vel illa minutia que de
illis porcis fit, qui de molinis veniunt, nec illa minutia quç de illis
porcisfit unde alabum fit, in isto numéro ponantur; similiter nec illa,
si secundum consuetudinem, quando porci de pastione boni sunt,
minutia supercrescere solet super illum numerum qui de singulis
porcis redditur. Haecû' autem omnia ideo separatim superesse vo-
lumus, si forte necesse fuerit, ut cellararius /^ habeat unde cum omni
plenitudine ministrare quibuscumque débet possit, et tamen ipsa
administratio in omnibus locis semper cum ratione sit, ut, cum tem-
a. omis dans B.—b.C ajoute sui. — c. querat, B. — d. equaliter, B. —
— t'. vçteri, B. — f. utrumque que, A. — g. Hec, B. — h. pour cellerariug.
LES STATUTS DAnALHARD 381
pus miitationisa fuerit ^, pleniter de singulis rationein dediicere
possit, quantum vel '^ qualiter in'' preterito'^ expeudit vel quantum
ex veteri ad futurum annum rcservatum habet <?.
Excepta novo quod tune vel in carne vel in larda susceptum habet.
BeiA
Et illud omnino volumus, sicut supradiximus. Observet ne f iHo
numerus qui sequenti cellarario reddi débet aut de veteri aut de novo
Inrdo vel carne ullatenus confusus sit, sed quicquid inde fuerit et per
ordinem per brevem dicatur, et per ordinem ubi et ubi sit demons-
tretur.
XII (Guérard). — Scdr/ autem''' de ipsa carne in quocunque loco
dispensanda est etiam aliqua ratio quam volumus, ut minisîeriales
nostri intendant atque studiose intellegant. Si enim computamus
illos XL dies in quadragesima quando nemo carnem manducat S et
insuper illas sextas ferias que extra quadragesimam XLVI quando
etiam vix ullus carnem manducat, invenimus./ dies LXXXVI. Est
etiam consuetudo multishominibus ante natalem Domini, et vix ullus
est perfecte aetatis ^^ qui non aliquantam a carne abstinentiam faciat.
Haec l idcirco ad memoriam reducere "^ voluimus rt quia, si eve-
nerit aliqua nécessitas aut ad iter aut ado opéra aut ad aliam quam-
libet necessitatem, ut integri baccones P aut minutia detur, aut ut cel-
lararius O* ad'" amplius dispensandum quam supra ordinavimus
aliqua necessitate constringatur, non tamen necesse esse[t] -^ aliqua si
non nimis datur ut ratio quam supra ordinavimus destruatur. Quod
si talis nécessitas aut parva aut nuUa evenerit, multo minus ut des-
truatur necesse erit, sed magis ad fructum futurum crescere po-
terit. Hoc iterum atque iterum monemus ut quicquid exinde qui-
cumque débet facere quantum potest, et Deo placite '^ et hominibus
a. mutacionis, B. — b. veuerit, B. — c. et S. — d. omis daus A. — e. ha-
betur, A. — /. nec, A, B. — g. Est, A, B, c. — Ii. aut, A. — i. omis dans A.
— j. iuveniemus, A. — /e. çtatis, B. — l. Hçc, B. — m. redure, A. — n. volu-
mus, A. — 0. omis dans A. — p. bacories, B. — q. pour cellerarius. — /•. id, B.
— .s. les mss. et c portent esse, ce qui nous a conduit à adopter la correction
esset. Erit vaudrait peut-être mieux. — t. placitç, B.
Moyen Age, t. XIII. 20
382 L. LEVILLAIN
grate« studeat agere. Et semper ex singulis divisionibus singulas
noverit rationes deducere.
De secunda '^ au te m <^ parte ubi CXX sunt ad opus provenda-
riorum'^' qui illas pensas accipiunt débet per singulos menses X bac-
conos accipere ad decem pensas faciendum. De singulis bacconibus
singulas pensas facere, et si illi baccones singuli singulas pensas non
faciunt postea ei dicturi sumus unde illas compleat. Si autem aliquis
plus habet, toUat et mittat ad illum qui non habet; sic faciat per sin-
gulos menses ita ut numerum suum numquam perdat. Quem tamen
lardum secundum superiorera rationem a kal. maii incipere débet, et
ita per singulos menses X et X dare qualiter post illam mutationem ^
remaneat sequenti cellarario unde ille iterum usque ad kal. maii
habere possit. Illam minutiam vero/ de ipsis CXX porcis salvam
faciat doncc ei ab abbate aut preposito vel decano precipiatur quid
exinde faciat. Quodr/ si forte talis fuerit causa, ut ei minutia^'
sua et insuper de illis L porcis defecerit, dicat hoc magistris suis et
quantum necesse fuerit accipiat exinde per numerum. Idcircovero
istam minutiam, nisi necessitate cogente, nullo loco deputamus quia,
si nobis, Domino donante, aliquid superfuerit, magis istam ^ dispen-
sationem de veteri / lardo aut de veteri minutia facere speramus
quam de novo.
De tertia parte ubi L sunt, si ad aliquem mensem, secundum quod
supradictum est, necesse fuerit, accipiat i\ Sin autem, cum omni
integritate, ad ^ abbatis arbitrium serventur.
Prima autem portio "^ que ad portam esse débet. Omnes quidem
LX infraipsumlardarium suspendantur. Et secundum illam rationem
quomodo cellararius facit de mense in mensem per XXX et XXX,
ita portarius per singulas septimanas faciat " per unum et unum ; et,
sicut cellararius non im pendit '^ quod/^ roraanet? de loco in locum,
ita nec portarius faciat, sed quod necesse fuerit ad portam portet et
quod remaneat ^ ibi dimittat. Ideo autem VIII porcos supra nu-
merum septimanarumanni quç sunt LU addere fecimus, ut si necesse
fuerit, inde accipiat et illas futuras septimanas non tangat.
a. gratp, B, — b. secundo, B. — c. aut, A, B. — d. prowandariorum. B.
— e. mutacionem, B. — ,/'. voro, A. —g. Quo, A. — h. minua, A. — i. islis, B.
— j. vçteri. — /.'. accipiatur, B. — L aut, A. — m. porcio, B. — n. fatiat, A. —
o. pendit, A. ~ /). omis dans A. — g. omis dans A. — r. remanct, B.
LES STATUTS DADALHARD 383
De molendinis, que habet Lupus in suo ministerio, possunt omnibus
annis cenire inpinguati porci XLI. Freskingias ad domum injir-
morum damus a missa sancti Johannis Babtiste usque ad missam
sancti Martini.
Ba QiA
XIII (Guérard). — Haec ita de berbicibus dicta. Non idem de pul-
letris ^, de vitulis et de c haedulis^^ ordo servandus est. Sed lantura-
raodo, si non ante, post biennium portarius eos non servando, sed, ut
dictum est, venundando vel comrautando ad utilitatem e hospitalis,
prout ratio docuerit et melius potuerit, eos convertere studeat. Aucas
autem et pulli quç/ in tuninis dominicis nutriti fuerintr?, semper
deciiiius portario^* reddatur. De ceteris ^ pullis quos familia solvit y,
si ad raonasterium deducuntur, decimus ibidem portario detur; si
autem pretio redimuntur, de ipso pretio decimum eidem reddatur.
Similiter, quantum esse potest, de ovis fiât, sive ad monasterium
deducantur, sive in villis redimantur. Precamur autem ut nemo haec ^
aut superflua aut non necessaria ad ^ conservandum judicet, quia in
hoc nihil superfluum queritur; ubi non tantum hominis quantum Dei
causa exigitur, sicut ipse auctor humani generis phariseis de decima-
tione mente et aneti inter cetera dicere dignatus est : Et haec ^' opor-
TuiT FACERE ET iLLA NON OMITTERE ^ ; quç quia omnibus legentibus
et intellegentibus "^ cur ^ dicta sint o nota sunt. Ideo a nobis non
prolixe/' extendi sed breviter tangi debuerunt, unde magis oportet ut
hoc cujusque sapientis et intellegentis 9 sludium provideat, nealiquid
a. Dans B tout le passage qui suit jusqu'aux mots sLcut de reliquis oillis
nostris ordinatuin est obscrcetur est rejeté à la fin des statuts. Nous l'avons
reproduit ici où il paraît mieux à sa place. — b. pulleris, A. — c. omis dans B,
— d. et de edibus, A.hçdibus, C, C. — e. ultilitatem, A. — /, que, A. — g. Cette
phrase est mal construite; nous avons répété la leçon des 2 manuscrits : il
faudrait corriger: De aucis et pullis quae in tuninis dominicis nutrita fuerint.
— h. portarius, A, B. — i. cçteris, B. —j. omis dans A. — Ar. hec, B. — l. aut,
A, B. — m. pour intelligentibus. — n. quur, A. — o. sunt, B. — p. prolixe, B,
— q. pour intelligentis.
1. Matth., xxni, 23.
384 L. LEVILLAIX
inde remaneat «, quam ut de bis que dari Deo jubentur vel admo-
nentur ac si ridiculosa sint subsannare présumant.
XIV (Guérard). — Insuper etiam volumus omnino, quamvis usque
modo consuetudo non fuisset, ut de omnibus molendinis nostris ad
portam '' décima pleniter detur, et semper prius detur quam aliquid
inde, vel propter viduas, vel propter quamlibet aliam utilitatem aut
comparationem vel '^ venundationem seu cujuslibet provendam, distri-
buatur; sed quicquid agendum est, in aliis partibus postea''^ agatur.
De adductione autem ^ ejusdem décime/ ad portarium propriç 3
pertinebit ut ipse discipulum suum mittat qui banc aut cum bubus
suis ^i adducat aut certe alia sibi carra cum pretio suo conducat.
XV (Guérard). — De cambis quoque et bracibus, quae ^ de cambis
fiunt, similiter volumus ut decimus modius de bracibus, postquam
factçi fuerint, portario dandus, priusquam monasterio 1^ deducantur
separetur; et si forte tantum non restât unde illa servita dominica plena
sit nec de ipsis cambis ^ impleri possit^ de annona dominica quae '
decimata est compleatur, et inde portario décima non detur. Portarius
autem, ut supradictum est, demalatura braces suas persuam soUici-
tudinem ad se venire faciat. Si vero ibi satis non habuerit ipse sibi
scientem hominem conducat qui tantum ei braces faciat quantum
sufïiciat. De bumlone quoque, postquam ad monasterium venerit dé-
cima, ei portio de singulis servidis per singulos menses detur. Si vero
hoc ei non sufïîcit, ipse, vel comparando vel quolibet alio modo, sibi
adquirat "^ unde " ad o cervisas suas faciendasP sufficienter habeat.
Similiter prepositus, si ei necesse fuerit, de dominica substancia faciat
ut propter hoc nequaquam ipsam familiam supra suum legitimum
censum affligat 7. Hoc tamen sciendum quod omnem panem, quantum
ad portam necessarium est, ipsi pistores dominici coquere debent.
Similiter ad omnes cervisas bratsare '' bratsatores '' dominici «. Por-
tarius autem annonam et braces de suo dare débet, et quotiens aut in
cervisa aut in panibus numerus ejus quem ^ dédit " consumptus fuerit,
iterum alium augeat ut semper de suo et non de dominico fiât.
XVI( Guérard). — De vestiario autem fratrum de bis villis quç aut in
a. ramaneat, A, B. — b. porta, B. — c. omis dans A. —cl, postaea, A —
e. omis dans A. — /. deoime, A. — g. proprie, A. — h. suus, B. — i. quç,
B. — /. facte, A. — * /.■. monasterium, B. — l. carapis, A. — m. adquurit, A.
— n. inde, A. — o. at, A. — p, faiiendas, A. — g. adfligat, B. — r. bartsare,
bartsatores, B. — s. domini, B. — t. qun, B. — u. dédit cum consumptus, B.
LES STATUTS d'aDALHARD 385
Ambianense aut Bellovacense « aut in Atrapatinse sita[e]^ sunt, ita
per omnia, sicut de reliquis villis nostris ordinatum est, observeiur.
XVII (Guérard). — De decimis autem quas vassi vel casati c
homines nostri dare debent, talis est ratio. Omnia enim quocumque^^
ad opus suum in terra laboraverint, sicut est annona, vinum, legu-
niina^ horti /, vel ceteral/, quçque majora vel minora laboraverint ex
omnibus décimas et dare et ad monasterium adducere debent. Simi-
liler etiam ea que sponte nascuntu)-, sicut sunt poma, fenum I'
vel reliqua, in quibus homo non tantum laborare cernitur quantum
omnipotentis Dei providentia non solum homines sed etiam pecudes
pasci voluit, decimare studeanl et, ut dictum est, ad monasterium sua
etiam pia voluntate ante '■ perducant. De omni génère autem diver-
sorum; animalium simile studium mittant ut, a jumentis usque ad
pullos vel ova, quicquid vivum nutrierint, aut a familia sua eis '•',
sive l de bis que supra enumeravimus sive de istis que nunc dicimus,
ex annali debito datur ; nihil in sua domo, quantum provideri et
rationabiliter fieri potest, non decimatum remaneat. Si quis vero hçc
pleniter non intellexerit, vel animus ejus dubitaverit quo ordine
vel qualiterhaec"^ impleri debeant, veniat ad monasterium et interroget
magistros monasterii quomodo ibi de rébus monasterio servientibus
impleri jussa sunt, sic et ipse de rébus suis faciat. Si vero beneficium
ejus paulo longius positum f^ fuerit quam ut manipuli aut fenum »
sine nimio labore adduci possint, sciât quantum de décima est et
convenientia cum portario faciat quo tempore hçc eadem utiliter
venundare possit et absque ulla fraude vel subtractione venundatum
pretium P ejus portario deferatur. Si vero portarius cum suo magis
carra conducere Q voluerit unde hoc ad monasterium perducat quam
ibi venundatum fiât, in ejus potestate sit. Sciendum etiam quod illi
decimam suam, eo ordine quo supradictum est, ad monasterium
solvere debent qui usque quattuor mansos de beneficio habent; nara
qui minus habent, eodem quidem ordine, décimas suas pleniter dare
debent non tamen ad monasterium sed ad illam ecclesiam '■ vel
presbiterum ubi illa « familia, quam habet, decimam suam dare
consueverunt ^.
a. Belloacense, B, c. — b. sita, A, B. — c. cassali, A. — d. quecumque, B. —
e. ligumiaa, A, c —y. orti, A, B. — g. cçtera, A. — h. fenum, B. — i. omis dans
B. — j. diversarum, A, B. — k. ei. A, B. ~ l. omis dans B. — m. hec, B.
— n. possitum, A. — o. fçaum, B. — p. prçciura, B. — q. cumducere. — r.
çcclesiam, B. — s. omis dans A.— t. c corrige consueverit.
386 L. LEVILLAIN
Istum brevem tantum omnes beneficiarii sancti Pétri habere debent,
ut sciant quomodo facere debeant et nuUus se^ de ignorantia excu-
sare possit. Si quis^tamen, ut premissum est, dubitaverit, ad monas-
terium recurrat ubi illa omnia que de decimis ordinata sunt per
ordinem digesta sunt, et ibi discat quomodo facere debeat ^■
a. omis dans B. — b. quid, A, B, C. — c B donne pour la seconde fois les
passages Istisunt dies... et Et istl sunt dies que l'on trouvera ci-dessus, p. 361
et 362.
COMPTES RENDUS
Cari Albrecht Bernoulli. — Die Heiligen der Merovinger. —
Tùbingen, Freiburg in Brisgau und Leipzig, Mohr, 1900; in-S»,
xvi-336 p.
La littérature hagiographique a été extrêmement abondante durant
l'ère mérovingienne ; des centaines d'écrivains, pour la plupart ano-
nymes, ont composé la biographie d'une foule de saints, évêques,
abbés et solitaires, et enregistré les miracles opérés autour des tom-
beaux ou par les vertus de tous ces bienheureux. Les chroniques étant
alors assez rares et pour la plupart fort sèches et concises, c'est à
cette source, d'un emploi difficile, qu'ont dû puiser le plus souvent
ceux qui ont raconté l'histoire des temps barbares. Malheureusement
on n'a pas encore fait la critique de toutes ces productions ; les uns les
utilisent sans trop rechercher quelle date il faut assigner à chacune
d'elles: c'est leur accorder trop de confiance; d'autres, par compensa-
tion; font montre d'une sévérité excessive et sont trop enclins à sus-
pecter la sincérité de tous ces pauvres écrivains, et à ne voir dans leurs
compositions que des faux littéraires. C'est là un excès contre lequel
il faut réagir, et M. l'abbé Duchesne, dans de nombreux articles sur
les éditions de M. Bruno Krusch, a donné à tous les érudits un excel-
lent exemple. Les Vies de saints peuvent rendre à l'historien les plus
grands services, s'il sait les utiliser et ne pas y chercher ce que les
auteurs n'ont pas voulu y mettre. La plupart, ceux-là même qui étaient
contemporains, n'ont que rarement eu le souci de l'exactitude maté-
rielle ; leur objet a été tout autre, ils ont voulu édifier leurs lecteurs,
montrer la Divinité et ses disciples toujours prêts à défendre la vertu
persécutée, terrifier les méchants en rapportant les châtiments réservés
au vice. De là cette abondance de traits miraculeux qui remplissent
leurs récits, et mille traits utiles pour peindre l'âme humaine durant
les premiers siècles de l'ère moderne.
388 COMPTES RENDUS
C'est à ce dernier point de vue que s'est exclusivement placé M. Ber-
noulli ; il s'est attaché à rechercher les causes de ce développement
du surnatuiel. et il a voulu étudier à travers tous ces écrits les senti-
ments et les idées de la société mérovingienne. Il n'a utilisé qu'un
nombre limité de textes, et ceux-là seulement dont l'authenticité
n'était point douteuse. Il en a extrait tous les traits un peu saillants
et composé du tout un livre à la fois utile, intéressant à lire et fort
bien présenté.
L'Église franque mérovingienne n'a jamais travaillé aux progrès de
la science théologique; elle n'a produit à peu près aucun ouvrage dog"
matique de valeur, et pourtant elle a eu sur la société de son temps une
inllueuce extraordinaire. C'est par les saints que cette influence s'est
exercée ; le saint, en efïet, est la complète antithèse du vice triomphant ;
il incarne l'idéal de justice et de vertus que s'est forgé le peuple, et qui
reste ignoré des puissants du monde. Des théologiens experts au-
raient sans doute hésité à favoriser l'éclosion de ces créations sponta-
nées de l'âme populaire, n'auraient pas encouragé cette fâcheuse habi-
tude de faire intervenir la Divinité et ses ministres dans les actions les
plus ordinaires de la vie et n'auraient pas fait de leurs ouailles un
troupeau de païens ayant changé de dieu, mais non d'esprit. Le clergé
mérovingien, dont la culture était en somme assez faible, ne vit à ce
mouvement aucun danger et s'y associa sans réserve.
L'ouvrage de M. Bernoulli se divise en deux livres : le premier, la
Vie des saints, traite de la littérature hagiographique ; le second, la
Tombe des saints, du culte posthume des bienheureux. Cette littérature
hagiographique compte plusieurs genres d'écrits. Tout d'abord, les
mémoires ou souvenirs personnels et les panégyriques, puis les Vies
proprement dites, les recueils de miracles, les légendes étrangères ou
indigènes, enfin la biographie de quelques saints historiques. La pre-
mière classe comprend notamment les écrits de Sulpice Sévère sur
saint Martin. Le célèbre historien a moins voulu composer une bio-
graphie complète de son ami défunt, que tracer le portrait idéal d'uu
héros du Christ à opposer aux héros du paganisme ; mais incapable,
malgré sa réelle habileté littéraire, de faire la psychologie de son héros,
il a eu recours à l'anecdote et a raconté, sans aucun ordre, en reve-
nant plusieurs fois sur chaque point, tous les faits dont il se souvenait,
prouvant la sainteté, l'influence exercée par saint Martin, la puissance
miraculeuse du thaumaturge. Il connaissait probablement les écrits
C. A. BERNOULLI : DIE IlEILIGEN DER MEROVINGER 389
analogues do saint Jérôme sur la vie des solitaires d'Kgypte; il était
comme hanté par ces réminiscences, et il a voulu faire de l'évêque de
Tours le moine idéal tel qu'on se le figurait alors. L^ouvrage, de forme
excellente, ne fut pas tout d'abord goi^té de tous ; le monachisme comp-
tait déjà beaucoup d'ennemis, et c'est pour répondre à ces critiques
que Sulpice ajouta à la Vie même de saint Martin ses fameux dia-
logues, visiblement imités de ceux de Cicéron. Mais ces dissentiments
furent vite oubliés, et plus tard l'œuvie de Sulpice jouira d'une vogue
extraordinaire, servira de modèle à quantité d'écrivains et inspirera
une foule de poètes et de prosateurs. De nos jours cette vogue n'a point
entièrement cessé, mais on a eu trop souvent le tort de prendre l'écrit
de Sulpice pour une œuvre d'histoire; c'est avant tout un ouvrage
d'édification, et dans un certain sens de polémique, où l'auteur a
montré un dédain absolu de la réalité.
Plus historiques sont les panégyriques, imités des anciens ouvrages
de ce nom, dont nous avons un recueil célèbre, formé en Gaule.
Le plus connu est dxi à un rhéteur gaulois, Ennodius, qui a raconté
avec recherche et emphase la vie du célèbre Epiphanius, évêque de
Pavie. C'est une œuvre bien composée, malgré un style ampoulé et qui
abonde en renseignements précis. Beaucoup plus historiques encore
sont des écrits comme les Vies de saint Séverin de Norique, par Eugyp-
pius, ou de saint Césaire d'Arles, par les amis et disciples de ce grand
évêque; toutes ces biographies ont, il est vrai, le caractère apologé-
tique, il n'y a pas lieu de s'en étonner, mais les auteurs parlent de
choses, de pays, de personnes qu'ils ont connus, et on y trouve des
tableaux toujours cités de la vie des derniers colons romains dans les
terres de l'Est lors des invasions et de l'existence des Gaulois proven-
çaux au temps de la domination burgonde.
Sincères et bien informés, c'est ainsi qu'on peut qualifier ces der-
niers ouvrages ; ces qualités manquent aux œuvres en prose du célèbre
Fortunat. Il serait malaisé de faire la critique détaillée de toutes ces
biographies^ mais on peut comparer l'une d'elles, celle de sainte Rade-
gonde, avec ce que le même Fortunat nous a dit de la célèbre abbesse
dans ses œuvres en vers. M. Bernoulli montre combien banale et inco-
lore est cette Vie en prose ; Fortunat, rhétoricien émérite, imitateur de
ses devanciers, notamment de Sulpice Sévère, s'y est montré inférieur
à lui-même, et qui veut connaître Radegonde, l'une des rares figures
sympathiques du vi« siècle, doit lire les poésies du bel esprit italien ;
390 COMPTES RENDUS
c'est à ces poésies que l'auteur emprunte les éléments d'un excellent
portrait de cette princesse thuriiigicnne, élevée sur le sol gaulois, qui
sut se montrer à la fois chrétienne zélée, sage directrice d'un couvent
de femmes, amie dévouée et cœur délicat.
Autrement utiles pour l'histoire sont les (envres hagiographiques de
Grégoire de Tours ; l'auteur partage tous les préjugés de ses ouailles;
commeeux, il croit vivre au milieu du surnaturel, mais il est historien
et il est sincère, il enregistre avec le même soin les faits merveilleux
qu'on lui rapporte ou dont il a été témoin et les actions sauvages des
princes francs. Il a l'esprit curieux, et en dépit de sa faible culture lit-
téraire, il est bien supérieur à un Fortunat et même à un Sulpice
Sévère. C'est aux Virtutes S. Martini et S. Juliani que M. Bernoulli
Remprunté les éléments de son second livre. De plus en plus, d'ail-
leurs, l'hagiographie tend à devenir un genre historique, et la plupart
des biographies de saints du vu® siècle ont le caractère de mémoires,
de souvenirs personnels des auteurs sur leurs héros ; toutes ces com-
positions n'ont pas la même valeur, il en est de banales et de vides,
faites sur patrons, simples décalques de biographies célèbres ; quelques-
unes constituent même de vrais faux littéraires, celle de saint Agile de
Rebais par exemple, mais l'ensemble est imposant et utile; il faut
faire le départ entre tous ces matériaux bruts, mais ce sont des maté-
riaux historiques.
Dans les chapitres suivants, M. Bernoulli étudie ce qu'il appelle les
légendes. Tout d'abord des légendes transportées d'Orient en Europe ;
elles concernent saint Georges, que certains mythographes identifient
avec Mithra et dont le culte fut d'ailleurs beaucoup moins répandu en
Gaule qu'en Italie et en Angleterre ; le bon géant saint Christophe,
qu'on rattache à Anubis, le dieu à la tête de chien; les sept Dormants
d'Épbèse, dont Grégoire de Tours atraduit la légende, celle-ci se retrouve,
un peu partout et jusqu'en Chine; enfin saint Kiimraerniss, saint
honoré en Tyrol, en Suisse et sur les bords du Rhin ; M. Bernoulli
estime que c'est une transformation du dieu de la guerre et du ton-
nerre. Le fait est possible. On retrouve en Gaule une légende ana-
logue, ayant pour héroïne une femme qu'on appelle Liberata, et ici
la fable paraît avoir été suggérée par la vue de vieux crucifix à l'an-
cienne mode, où le Christ, muni d'une longue barbe, est vêtu d'une
robe talaire d'apparence féminine. Peut-être l'auteur aurait-il pu à
cette occasion insister sur le rôle des monuments figurés dans le déve-
C. A. BERNOULLl : DIE HEILIGEN DER MEROVINGER 391
loppementde la mythologie chrétienne; de même qu on a fait du Nep-
tune antique, à l'aspect un peu hirsute, à la barbe limoneuse, un néton
ou lutin, un démon familier, des représentations d'Atlas portant le
ciel, ont pu vulgariser la légende de saint Christophe, porteur du
Christ.
Sans insister sur les pages très intéressantes oh. l'auteur parle de
saint Maurice et de la Légion thébaine, nous passons au chapitre ix,
relatif aux légendes ayant pour objet des personnages historiques,
sainte Geneviève, par exemple; àcc propos, nous avons quelques réserves
à faire; l'auteur admet avec M. Bruno Krusch que la biographie de cette
sainte fille est assez récente, et il tire de ce fait des conclusions à notre
avis exagérées. L'opinion du savant éditeur des Monumenta n'est pas
aussi universellement acceptée que le suppose M. Bernoulli, et les
répliques de M. l'abbé Duchesne et de M. Kohler méritent à tous
égards d'être prises en considération. La biographie de la patronne de
Paris est sans doute bien altérée, mais le fond en paraît bon et pour-
rait bien remonter au début du vi^ siècle. Par contre, nous signalons
comme fort intéressantes et fort suggestives les pages sur saint Oswald,
personnage historique, qu'on a confondu en Tyrol avec Wotan, le
dieu de l'orage, et sur la confusion entre les différents saints Martin,
qu^on a assimilés au plus célèbre de tous, à celui de Tours ; on sait en
effet qu'il y a eu au moins quatre saints du nom de Martin : saint
Martin de Tours, de Drives, de Vertou et de Braga; nul doute qu'à la
longue tous ces homonymes n'aient été assimilés les uns aux autres, et
les pages consacrées par Lecoy de la Marche à l'histoire du culte de
l'évêque de Tours auraient besoin d'être entièrement récrites.
Le livre II, moins étendu, est intitulé : le Tombeau des saints. Ces
une étude sur la formation et les manifestations du culte. Il
est organisé par le clergé, mais celui-ci ne fait que mettre en
œuvre les créations naïves de l'âme populaire. Le peuple ne connaît
guère et certainement ne peut comprendre les dogmes catholiques, et
il s'en tient à une sorte de fétichisme, attribuant à chaque acte pieux,
prière ou signe, une vertu mystérieuse ; sa religion est tout extérieure
et purement formaliste. Qu'on réfléchisse un instant et on reconnaîtra
qu'il n'en pouvait être autrement. La source principale pour cette
partie de l'ouvrage est Grégoire de Tours, qui enregistre dans ses Vir-
iutes mille traits miraculeux, produits de l'imagination populaire ;
l'auteur, au surplus, est aussi crédule et aussi superstitieux que la
392 COMPTES RENDUS
moindre de ses ouailles, et dans les faits les plus insignifiants il voit
l'intervention de la puissance divine et des bienheureux.
Quels ont été les saints les plus vénérés à l'époque mérovingienne?
M. Bernoulli étudie les vocables des églises, province par province,
et arrive à cette conclusion que le plus grand nombre avaient pour
patrons des saints locaux. Quelques-uns sont honorés un peu partout,
tel saint Martin de Tours, patron de la Gaule mérovingienne; mais
d'autres, presque aussi souvent implorés, ne sont connus que dans un
rayon assez restreint; tel saint Julien de Brioude, que les Arvernes
honorent autant que les dévots de Tours leur saint évéque, mais dont
le renom n'a guère franchi les limites de la province; si Grégoire de
Tours prend plaisir à raconter les vlrtutes de ce bienheureux, c'est
qu'il est lui-même Arverne et qu'il a appris dès l'enfance à le vénérer.
A ces saints, pour ainsi dire nationaux, s'ajoutent des saints étrangers
dont on a importé les reliques en Gaule, martyrs et confesseurs d'Orient,
d'Italie ou d'Espagne, Puis les Gaulois missionnaires transportent à
leur tour le culte de leurs saints dans les pays étrangers ; il y a là
comme un double mouvement d'échange, qui deviendra plus actif au
ix^ siècle, quand on recourra à tous les moyens, licites ou non, pour
doter les églises gauloises de corps saints, pris pour la plupart à Rome,
réservoir inépuisable de reliques.
Après ces préliminaires, M. Bernoulli cherche à rendre compte de
l'idée que les fidèles de l'époque mérovingienne se faisaient de la puis-
sance surnaturelle des saints; cette puissance repose dans leurs re-
liques. Souvent ces reliques ont une histoire ; on sait ou l'on croit
savoir quand et comment on apporta à Bazas quelques gouttes du sang
de saint Jean-Baptiste; on appelle reliques des souvenirs rapportés de
Terre-Sainte par des pèlerins, ou des objets quelconques ayant touché
le sépulcre d'un saint renommé. Mais il y a aussi des reliques pour
ainsi dire anonymes ; certains fidèles portent toujours sur eux des
fragments dont ils ignorent la provenance, et qui n'en ont pas moins
de vertu. Ce sont alors des fétiches, dans le sens le plus étroit du mot,
et l'auteur à ce propos rapporte quelques traits particulièrement cu-
rieux. Toute cette étude minutieuse est fort intéressante, et les faits
cités prouvent absolument le caractère païen de ce culte.
La vénération, dont sont l'objet les moindres reliques ou souvenirs
du saint, s'étend également à l'église qui renferme la dépouille ter-
restre du même saint. De là l'idée de sacrilège et le droit d'asile. Tout
C. A. BERNOULLI : DIE HEILIGEN DER MEROVINGER 393
Aol commis, toute action mauvaise, perpétrée au détriment d'une
église sont doublement criminels et sont miraculeusement punis ; l'en-
ceinte de l'église devient un lieu sacré comme le temple antique, et
pénétrer de force dans cette enceinte, en arracher un suppliant, c'est
commettre un crime contre le saint et contre la Divinité. Au fond, le
nom seul du dieu a changé ; les anciens rapportent maints exemples
analogues de punitions infligées parles dieux aux pilleurs de temples,
et arracher un suppliant de l'autel passait déjà aux yeux des Grecs et
des Romains pour un crime abominable.
Le miracle est une manifestation de la puissance du saint, et il
affecte les formes les plus variées. Le bienheureux commande aux élé-
ments, arrête la pluie, apaise les tempêtes; il fait cesser les fléaux, les
incendies et les inondations; la neige et la grêle épargnent le tombeau
et les reliques. Cette puissance se manifeste encore sur les êtres ani-
més : plantes qui fleurissent merveilleusement, animaux sauvages qui
dépouillent leur férocité native; des bêtes brutes, divinement inspi-
rées, guident les fidèles dans la recherche de saints ignorés. Enfin
cette même vertu est attribuée à de véritables amulettes : eau puisée
à une fontaine miraculeuse à Bethléem, poussière ramassée sur le tom-
beau d'un saint, terre recueillie en Terre-Sainte, etc. Mais il est une
limite que l'Église ne permet pas de franchir ; si elle autorise les fidèles
à consulter la Bible pour connaître l'avenir, elle proscrit d'autres
pratiques superstitieuses ; elle défend de recourir à la science diabo-
lique de ces specidarii, qui, à l'aide de certaines formules mysté-
rieuses, font apparaître dans un miroir la figure souhaitée par leur
client du jour.
Cette puissance surnaturelle se manifeste surtout dans la guérison
des maladies ; celles-ci sont dans les idées d'alors soit une punition
de Dieu, soit une marque de la puissance des mauvais esprits. Cette
croyance existait déjà à l'époque antique, et prend une nouvelle force
aux temps mérovingiens. Au lieu de voir par exemple dans leurs maux
d'estomac la suite d'excès de vin ou de victuailles, les fidèles préfèrent
les attribuer à un sorcier qui leur a jeté quelque sort, et pour se guérir
ils implorent l'aide d'un saint. Le tombeau de saint Martin est ainsi
fréquenté par une foule de malades qui attendent la guérison, et nul
doute que cette guérison ne se soit souvent produite. Tantôt elle a lieu
subitement, tantôt elle suit une vision, une apparition surnaturelle ;
comme le vieil Esculape, saint Martin daigne parfois se déranger à la
394 COMPTES RENDUS
prière de ses fidèles, et par un simple attouchement, calme un pos-
sédé, redresse un membre tordu, rend la vue à un aveugle et l'ouïe à
un sourd.
Enfin, dans un dernier chapitre, l'auteur détermine le caractère
de la croyance ; elle n'a rien de bien original en Gaule, et elle est à peu
près la même partout dans le monde chrétien. L'ancien paganisme
n'a pas disparu ; d'une part, la croyance au surnaturel est commune
aux deux religions^ à la nouvelle comme à l'ancienne, et d'autre part,
le panthéon ancien a survécu; les dieux sont devenus les démons.
L'humanité se trouve ainsi pour de longs siècles soumise à cette double
action surnaturelle, et les hagiographes avouent naïvement qu^il est
souvent bien difficile de distinguer les unes des autres ces manifesta-
tions contraires. Cette croyance aux démons survivra au moyen âge,
et elle donnera lieu aux plus cruels excès ; les procès de sorcellerie,
dont le dernier n'a pas cent ans, sont un exemple des maux qui
peuvent naître d'une fausse conception philosophique. Mais il y aurait
VI aiment une certaine injustice à reprocher au seul catholicisme ces
lamentables pratiques ; elles survivront sans doute sous une forme ou
une autre à toutes les religions et à toutes les philosophies, car elles ont
leurs racines au plus profond de lame humaine ; on ne peut guère se
figurer l'universalité des hommes se soumettant sans murmure aux
lois fatales de la nature et renonçant à cette croyance au merveilleux
et au surnaturel, consolante sans doute pour les âmes faibles, mais bien
dangereuse pour la société et pour la morale \
A. MOLINIER.
1. Ce bref compte rendu indique suffisamment en quelle estime nous tenons
l'ouvrage de M. BernouUi. Nous sommes d'autant plus à l'aise pour signaler
deux points que l'auteur n'a point traités : tout d"abord, la nature même des
miracles. 11 y a des miracles-types, qui piesque tous sont imiiés de, ceux de
l'Écriture; le fait a été depuis longtemps indiqué; il eut été curieux de l'étudier
scientifiquement. L'auteur aurait pu également montrer d'une façon plus expli-
cite les ressemblances entre les croyances populaires païennes et les pratiques
superstitieuses de l'époque mérovingienne ; il lésa indiquées plusieurs fois; il
eût été intéressant d'expliquer dans un chapitre spécial comment la petite dévo-
tion se manifeste toujours sous la même forme, quel que soit l'objet du culte.
A. HÉVILLE ET Cil. PETIT DUTAI LUS : LE SOULÈVEMENT DE 1381 395
André RÉVILLE et Ch. Petit-Dutaillis.— Le Soulèvement des tra-
vailleurs d'Angleterre en 1381. — Paris, A. Picard, 1898; in-S»,
cxxxvi-346 p. (Mémoires et documents publiés par la Société de
l'École des Chartes).
Le xiye siècle est la grande époque des luttes sociales. Les campa-
gnards comme les citadins se soulèvent contre la classe dirigeante, et
c'est un fait caractéristique de voir la population agricole se révolter à
des intervalles rapprochés dans trois pays distincts : en Flandre, en
France, en Angleterre. Partout on s'attaque aux châteaux, on les
pille, on les brûle. On s'empare des rentiers, des censiers, des titres
de propriété, pour les entasser sur un même bûcher, comme si leur
destruction suffisait à Tinauguration d'une ère nouvelle. En Flandre,
les paysans électrisés par les succès des démocrates urbains se révoltent
contre le comte et la noblesse. Ils sont écrasés à la journée de Cassel,
en 1328. En 1358, ce sont les excès de la Jacquerie, qui désolent la
France. En Angleterre, c'est le cataclysme de 1381, qui sème la ruine
dans le royaume.
C'est à cette dernière révolte que le présent ouvrage est consacré. Il
constitue l'œuvre posthume d'un hisiorien, André Réville, enlevé
à la fleur de l'âge et du talent, le 22 juillet 3894. M. Petit-Dutaillis n'a
cru pouvoir rendre un meilleur hommage à la mémoire de son ami
qu'en publiant le livre qu'il n'avait pu achever.
André Réville était allé faire, en Angleterre même, une vaste
enquête sur le mouvement insurrectionnel de 1381. Il était revenu
chargé de documents, et déjà il s'occupaitde la rédaction de son œuvre,
il avait terminé l'exposé de la révolte dans trois comtés, ceux de Nor-
folk, de Sufïolk et de Hertford, quand la mort vint le surprendre.
M. Petit-Dutaillis a continué et achevé l'étude interrompue. Dans une
longue introduction historique, il donne un tableau d'ensemble des
premiers commencements de l'insurrection, de sa propagation rapide,
de sa fin, de son inutilité.
Il semble que le mouvement éclata, à la fois, dès le mois de mai 1381,
sur les deux rives de la Tamise, dans le Kent et i'Essex. Il se répandit
comme une traînée de poudre, et le 15 juin, il envahit la capitale.
Quelques jours plus tard, les paysans du Herts se soulevèrent contre
l'abbé de Saint- Al ban pour obtenir leur émancipation. Et bientôt après
les comtés de Norfolk et de Suffolk furent le théâtre d'une sanglante
révolution.
396 COMPTES RENDUS
M. Potit-Dutaillis recherche longuement les causes du soulèvement
des travailleurs anglais en 1381. On a prétendu jusqu'ici que la cause
principale gisait dans un retour aux corvées et aux prestations en
nature, qui avaient été transformées en redevance pécuniaire. M. Petit-
Dutaillis conteste que le remplacement du service effectif en rentes
fût déjà un fait accompli à l'époque de la révolte. Ce mouvement de
conversion n'avait fait que commencer; il ne peut dès lors expliquer à
lui seul l'insurrection de 1381. Selon M. Petit-Dutaillis, la cause de la
grande émeute résidait surtout dans le désir qu'éprouvait la classe agri-
cole de se débarrasser du joug des multiples charges qui pesaient sur
elle et de conquérir la liberté. Les paysans voulaient supprimer le mer-
ehetum, le hériot, et se transformer en tenanciers libres. A eux vinrent
se joindre les mécontents des autres classes sociales, les artisans, les
marcliands et les membres du bas clergé.
A côté de cettecause d'ordre économique, il y a une cause politique :
l'impopularité du Gouvernement, qui avait pris position contre les
travailleurs, et avait mis en campagne une légion de fonctionnaires et
de collecteurs, uniquement soucieux d'exploiter et de piller le peuple,
au profit du Trésor. L'irritation fut à son comble quand le Parlement
eut décrété, le 5 novembre 1380, une Poil Tax, ordonnant la levée de
12 pences sur chaque personne laïque âgée de 15 ans.
Cet ensemble de causes mi-économiques, mi-politiques, firent éclater
la révolte. Les insurgés furent aussitôt secourus par quelques hardis
meneurs, dont Jack Straw et surtout Wat Tyler furent certainement
les plus écoutés.
L'insurrection ne se prolongea pas longtemps. La réaction se fit
sentir, et tout le mouvement populaire se termina brusquement sans
avoir changé en rien la condition de la classe agricole.
Un résultat favorable était d'ailleurs impossible. C'est qu'à part les
rebelles du Kent, tous étaient privés d'idées politiques générales. La
plupart ne songeaient qu'à satisfaire des haines personnelles, d'autres
ne voyaient dans la révolte qu'une occasion de se livrer impunément au
brigandage. Dans le Suffolk et le Norfolk, le mouvement ne fut en
somme, comme le remarque l'auteur, qu'une attaque frénétique des
pauvres contre les riches, un pillage désordonné, sans résultat possible.
Aussi, faute de cohésion et de solidarité, la réaction ne tarda pas à
triompher de la révolution, et à réimposer à la classe populaire le joug
auquel elle avait cru un instant échapper.
R. REY : LOUIS XI ET LES ÉTATS PONTIFICAUX DE FRANCE 397
Tel est le livre d'André Réville et de M. Pelit-Dutaillis, livre aussi
attachant par la lecture qu'intéressant par le contenu. On y poursuit la
révolution des travailleurs anglais pas à pas, jour par jour, heure par
heure. Un ensemble de pièces inédites ajoute encore à la valeur histo-
rique et scientifique de ce remarquable ouvrage.
G- Des Marez.
R. Re\. — Louis XI et les États pontificaux de France au
XV»-' siècle, d'après les documents inédits. — Grenoble, A. Gratier,
1899; in-8^ 256p. (Extrait de l'Académie delphinalo, 4^ série. T. XII).
C'est surtout à l'aide de documents inédits qu'a été fait, comme
l'indique l'auteur dans son titre, cet intéressant mémoire, contri-
bution fort précieuse à l'histoire de Louis XI ou plutôt à l'his-
toire du xv*^ siècle, toute la première partie étant consacrée à la
période qui s'étend de 1395 à 1462. Mais c'est surtout en ce qui
concerne les visées de Louis dauphin sur Avignon que M. R. apporte
du nouveau : des négociations secrètes qu'on n'avait fait jusqu'ici que
soupçonner, furent conduites en 1444 par le dauphin, qui aspirait à
obtenir d'Eugène IV « le gouvernement et l'administration » du
Comtat. Le légat Pierre de Foix ayant fait révéler aux États ce projet
redoutable, leur protestation solennelle provoqua de la part de la cour
de Rome un démenti qui coupa court aux pourparlers. Louis en
conçut un grand dépit. La question assez confuse de l'héritage des
Boucicaut (qui alléguaient une donation de Benoît XIII) lui fournit le
prétexte d'infliger aux Avignonais mille vexations : il fallut porter
plainte à Charles VII; mais la tranquillité ne reparut vraiment que
le jour où Louis eut été contraint par son père de fuir en Bourgogne.
Le dauphin, devenu le roi Louis XI, continue la même politique
envahissante : il profite de la vieillesse et de la mort de Pierre de
Foix (17 décembre 1464), pour essayer d'étendre l'influence française
dans le Comtat en dictant le choix du légat, son successeur. Paul II
refuse de désigner son candidat, Biaise de Coëtivy, et préfère laisser
la légation vacante de 1464 à 1470; à cette dernière date, fut nommé
un protégé de Louis XI, Charles de Bourbon; encore fut-il dès 1476
remplacé par Jules de la Rovère. Les abus de pouvoir de ce dernier
provoquent aussitôt une intervention armée de la France; mais la
souplesse de l'habile légat en détourne les mauvais eJÏets, grâce à
Moyen Af/e, t. XIII. 21
398 COMPTES RENDUS
l'entrevue de Lyon (juin 1176 . A la fin de son règne, Louis XI a
vis-à-vis des Avignonais une politique équivoque; tandis qu'il
multiplie les protestations d'amitié et même les privilèges commerciaux,
il encourage ou tout au moins tolère les brigandages d'aventuriers,
tels que Tinteville.
Tel est, rapidement résumé, l'exposé de M. R. Il est à la fois très
clair, très bien conduit et très documenté. On n'y saurait guère faire
que des critiques de détail. Ainsi, c'est sans doute par inadvertance
qu'à la page 126, on trouve cité à deux reprises Henri d'Aragon, alors
qu'il s'agit évidemment de Jean II. Bernard de Sono, vicomte d'Evola,
à la page 39, doit être lu Bernard de Sors, vicomte d'Evol. Tout cela
est assez insignifiant. Ce qui l'est un peu moins, c'est de faire de
Pierre de Foix, né en 1380 ou 1387, un fils de Gaston de Foix et
d'Éléonore d'Aragon ;p. 59, n. 3), attendu que Gaston de Foix est né
seulement le 26 février 1423 et Éléonore le 13 février 1426, leur
mariage ayant été célébré le 12 octobre 1434. Il y a eu en réalité
confusion avec Pierre de Foix le jeune, né en 1449- Le légat
d'Eugène IV était fils d'Archambaud de Grailly et d'Isabelle de Foix.
Les pièces justificatives de M. R. sont bien choisies et intéressantes;
mais pourquoi ne donner de la pièce n° XIII qu'une traduction, alors
surtout que le texte provençal est signalé (p. 112, n. 1) comme étant
« au point de vue littéraire un précieux spécimen de l'idiome parlé à
Avignon au cours du xv^ siècle » ?
Il y aurait beaucoup à discuter sur le rôle du Cardinal de Foix.
Tantôt M. R. le fait « louvoyer ))entre le pape et ses puissants voi-
sins, tantôt il le donne comme un « agent tout dévoué » du
dauphin ou de la France. Mais M. R. prouve lui-même com-
bien Pierre de Foix mit, en 1444, d'habileté au service du Saint-
Siège; peut-être même fut-il plus habile qu'il ne le représente : sa
révélation aux États paraît avoir été uniquement une manœu\ re
destinée à permettre au pape de se dégager par une déclaration
publique, péremptoire à la fois pour le présent et pour l'avenii-.
Enfin je crois que M. R. tire des conséquences exagérées d'un
acte qu'il cite à la page 126. Il s'agit d'une lettre de Louis XI à Pierre
de Foix pour l'inviter et pour inviter les Avignonais à ne pas fournir
de vivres aux Barcelonais révoltés contre le roi d'Aragon, allié de la
France, faute de quoi il sera procédé contre eux comme ennemis. Celte
« défense au comte de Foix » est heureusement donnée parmi les pièces
E. petit: ducs de bourgogne 399
justificatives, sous le n» XIV (p. 239 et suiv.) : elle est en réalité
conçue dans les termes les plus amicaux. Au demeurant, Pierre de
Foix (qui fut toute sa vie très porté à favoriser la maison dont il était
issu) était l'oncle de Gaston IV, gendre du roi d'Aragon : Louis XI
savait donc que nul ne pouvait voir d'un plus mauvais œil le ravi-
taillement de Barcelone. De plus, nous remarquons qu'en cas de
connivence avec les Catalans, les Avignonais sont menacés d'une
rupture : il en résulte que les Avignonais ne sont pas, en l'espèce,
traités en regnicoles, ainsi que M. R. semble vouloir en trouver
l'indice dans cette lettre; ils sont traités au contraire comme des
étrangers que l'on accuse de violer la neutralité en faveur de l'un des
belligérants. Il faut donc renoncer à s'appuyer sur cette pièce et à lui
demander dans une mesure quelconque la clef de la politique suivie
par Louis XI.
Je me suis étendu un peu longuement sur ces quelques obser-
vations : c'est que le travail de M. R. vaut la peine d'un examen
attentif. Dans un compte rendu du genre de celui-ci, les critiques
tiennent nécessairement la plus grande place, parce qu'elles seules
demandent un développement ; mais je tiens à redire en finissant tout
le bien que je pense de ce mémoire, fruit de recherches patientes, et à
féliciter l'auteur de nous avoir révélé tout un côté, à peu près ignoré
jusqu'à lui, de la politique royale au xv® siècle.
J. Calmette.
Ernest Petit. — Histoire des Ducs de Bourgogne de la race
capétienne. Tome VI. — Paris, Picard, 1898; in-8'\ 558 p.
Le sixième volume de l'Histoire des Ducs de Bourgogne est consacré
au règne de Robert II (1272 à 1306). Il est aussi largement et
fortement documenté que les précédents. C'est là une œuvre dont les
historiens ont déjà reconnu le mérite; il est donc inutile d'insister sur
les qualités qui la distinguent. Cependant il convient de rappeler que
ce n'est pas là une suite de biographies des ducs, mais véritablement
une histoire de la Bourgogne. Ainsi dans le volume que nous avons
sous les yeux, M. E. Petit ne s'est pas contenté de retracer la vie de
Robert II, de le suivre dans ses voyages, ses ambassades, ses guerres,
intimement liées à la politique royale. Il a présenté le tableau de la
vie interne de la province à la fin du xiii^ siècle. Il a expliqué le
400 COMPTES RENDUS
fonctionnement de l'administration ducale et exposé ses relations avec
les villes, les campagnes et le clergé. On lira avec profit les pages
relatives aux communes, et l'on verra comment le duc profita des
luttes intestines qui divisaient les villes pour restreindre leur
autonomie. L'administration financière a été particulièrement appro-
fondie. Et spécialement, les documents que M. E. Petit a réunis sur
la fabrication et l'administration des monnaies sont parmi les plus
intéressants. Leduc Robert, à l'exemple des autres princes souverains,
comblait les déficits de sa caisse à l'aide de fréquentes mutations de
monnaies. Les populations, lasses de cette espèce d'exaction qui plus
qu'aucune autre leur était immédiatement préjudiciable, obtinrent du
duc qu'il s'engageât à maintenir sa monnaie à un titre et à un poids
déterminés; déjà d'autres seigneurs, par exemple les comtes de
Nevers, à la fin du xii^ siècle, avaient pris de semblables enga-
gements; mais comme le droit de monnaie, qui n'était pas contesté,
comportait implicitement le droit, pour le seigneur, de fixer le titre et
le poids, et conséquemment de les changer, l'abandon de ce droit
n'allait pas sans une compensation; les renonciations à la mutation
des monnaies ont donné naissance à un impôt, monetagium, ordi-
nairement perçu par feu, et qui de là a été désigné sous le nom de
focagium, fouage. Il n'en fut pas autrement en Bourgogne. Et si
nous ne connaissons pas les termes de l'accord intervenu entre
le duc Robert et ses sujets, au moins savons-nous, par une bulle de
Martin IV, du l^'" juin 1282, que le duc « s'était engagé à fabriquer
une monnaie d'une valeur et d'un poids immuables, sous la caution
du pape et du roi, moyennant une décime semblable à celle de la
Terre-Sainte, levée sur les ecclésiastiques, les nobles et les hommes
libres, et une taille de cinq sols sur les mainmortables du duché». En
juillet de la même année, le roi confirma cette convention. M. E.
Petit a retrouvé et analysé (p. 330) un rôle de 1285 pour la levée de la
(( disme de la monoie » dans le bailliage de Beaune. Ce document pré-
sente aussi un intérêt de statistique en nous renseignant sur le chiffre
de la population. Mais le monnayage ducal touchait à sa fin. Nous
sommes au temps de Philippe le Bel, qui élève cette prétention
qu'au royaume de France, au roi seul appartient de frapper monnaie.
Philippe le Bel chercha à limiter et même à supprimer les monnaies
seigneuriales. Ses revenus domaniaux ne suffisaient plus aux dépenses
qu'entraînaient l'administration du royaume et les guerres d'intérêt
E. matzke: lois de Guillaume le conquérant 40l
général. Il trouvait dans les mutations de monnaies un moyen d'aug-
menter ses ressources; mais pour que cet expédient fût avantageux, il
fallait que tout le métal précieux vînt aux Monnaies royales. Aussi
manda-t-il aux seigneurs qui avaient le droit de monnaie, de cesser la
frappe des espèces, au moins pour quelques années; il leur promettait
une compensation et leur délivrait des chartes de non-préjudice.
Ainsi agit-il vis-à-vis du duc de Bourgogne; et en l'an 1300, il obtint
pour trois ans la substitution dans le duché de Bourgogne de la
monnaie royale tournois à la dijonnaise. Le métal à monnayer fut
transporté de Bourgogne en France.
Les archéologues devront consulter le chapitre dans lequel M. Petit
a rassemblé, analysé et commenté les documents qu'il a réunis sur les
travaux d'art en Bourgogne, sous le règne du duc Robert H. Il a
dressé deux listes alphabétiques des mentions relatives à des cons-
tructions d'églises et de forteresses. Il y a là de précieux rensei-
gnements pour dater ceux de ces monuments qui sont encore debout.
Ajoutons que l'illustration du volume est copieuse; ce sont surtout
des reproductions de dessins anciens, vues d'églises, ruines de
châteaux, tombes, vitraux et nombre d'écus empruntés aux sceaux.
Comme pour les règnes précédents, M. Petit a dressé un catalogue
d'actes, empruntés, soit à des ouvrages imprimés, soit, et surtout à
des manuscrits ; et non pas seulement les actes des ducs, mais les
chartes, de quelque autorité qu'elles émanent, relatives à l'histoire de
la Bourgogne. Pour la période de 1273 à 1306, ce catalogue comprend
plus de 1800 numéros (n°' 4084 à 5966). Enfin deux appendices
présentent la généalogie des sires de Grancey et celle des sires de
Frolois. M. Prou.
Lois de Guillaume le Conquérant en français et en latin. Textes et
étude critique publiés par John E. Matzke, avec une préface histo-
rique par Ch. BÉMONT. — Paris, A. Picard et fils, 1899 ; in-8°, liv-
33 p. (Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement
de l'histoire').
Les lois de Guillaume le Conquérant ne sont pas authentiques; elles
1. Cette collection s'est considérablement accrue depuis que nous avons donné
la liste des 17 volumes qu'elle comprenait en 1894 (Moyen Age, 1896, p. 41, n. 1).
Ont paru depuis cette époque : Annales Gandenses (1295-1310), publiées par
402 COMPTES RENDUS
sont une compilation postérieure au règne du duc-roi, faite de bribes
de Tancien droit anglais, du droit romain et des dispositions législatives
de Cnutle Grand.
Nous possédons une rédaction latine et plusieurs rédactions fran-
çaises de ce texte. Selon l'opinion la plus vraisemblable et la plus
généralement acceptée, la rédaction latine est la traduction d'un texte
français, aujourd'hui perdu, qui dérivait de l'original. Sous la forme
française, ces lois sont conservées aujourd'hui dans un seul manuscrit.
Mais des érudits des xvii^ et xyiii^ siècles avaient utilisé d'autres
manuscrits (six au moins). M. Matzke, après une étude laborieuse du
manuscrit et des éditions antérieures, est arrivé à distinguer deux
grandes familles dans les copies, la meilleure représentée par l'unique
manuscrit [n° 22S delà collection du comte de Leicester).
Par un examen approfondi de la langue de ce manuscrit qui fut
écrit, à en juger par l'écriture, vers 1230, et, par une coînparaison
attentive avec la langue d'autres documents bien choisis du xii'^ et du
xiiie siècle, M. Matzke note un certain nombre d'archaïsmes qui lui
permettent de fixer la rédaction de l'original perdu entre 1150 et 1170,
plus probablement vers 1150. Nous accepterions très volontiers cette
conclusion, si nous savions bien exactement quels étaient les rapports
de l'original et de la copie; M. Matzke croit qu'il n'y a pas eu d'inter-
médiaireentreeux; sa démonstration n'est pas absolumentconvaincante,
et s'il y a eu, fût-ce même un seul intermédiaire, les remarques linguis-
tiques de M. Matzke perdent quelque peu de leur force probante : la
rédaction originale pourrait être plus ancienne que M. Matzke le dit.
Les textes sont édités avec un soin méticuleux; c'est là une très
bonne édition qui fait honneur à son auteur et à la Collection de Textes.
F. Funck-Brentano (compte rendu, Moyen Age, 1896, p. 69); Chronique de
A'anie.s (570 environ-1046), publiée par RenéMerlet (C. R. Ibidem, 1896, p. 156);
Adhémar de Cha/jannes, Chronique publiée par Jules Chavanon ; Liber mira-
culorum sancte Fidis, publié par l'abbé A. Bouillet; Documents relatifs d
l'histoire de l'industrie et du commerce en France, publiés par G. Fagniez
fasc. I" : I" siècle av. J.-C. — fin du xiii' siècle ; Les grands traités du règne
de Louis XIV, publiés par H. Vast, fasc. II-III (1B58-1714); Philippe de Bcau-
rnanoir. Coutumes de Beauvaisis, lexte critique publié par Am. Salmon, 2 vol.;
Chronique artésienne (1295-1304), nouv. éd., et Chronique tournaisienne (1296-
1314), publiées par F. Funck-Brentano; Guillaume de Saint-Pathus, Vie de
saint Louis (C. R. Ibidem, 1930, p.6j); ^'^ie de saint Didier, ccèque de Ca/iors'
publiée par R. Poupardin (C. R. Ibidem. 1900, p. 211) — (N. de la R.).
A. CHOISY : HisTomK DE l'architecture 403
La préface historique de M. Bémont est un résumé intéressant des
travaux de M. I^iebermann sur les tentatives de codification des lois
anglaises faites au xii" siècle. L. L.
Auguste Choisy. — Histoire de l'Architecture. — Paris, Gauthior-
Villars, 1899; 2 vol. gr. in-8o, 642 et 800 p., grav.
L'ouvrage de M. A. Choisy est un livre admirable par la somme de
science qu'il renferme, par la somme de travail qu'il a nécessité, par
la manière claire, logique et synthétique qui caractérise le texte et les
dessins. 11 est impossible de dire plus et mieux en moins de mots et
en moins de traits. Le premier volume expose magistralement l'évolu-
tion de l'art de bâtir depuis ses premiers essais préhistoriques jusqu'à
la fin de l'antiquité romaine ; le second est consacré au moyen âge
et aux temps modernes, c'est donc le second volume seul qu'il convient
d'analyser ici.
C'est une bonne fortune pour l'histoire de l'art du moyen âge que
M. Choisy ait analysé l'art de bâtir chez les Français des époques
romane et gothique comme il l'avait fait pour les Romains et les
Byzantins. Au point de vue de l'analyse des procédés et de la structure,
ilestimpossiblederéaliser un travail plus compétent, mieux documenté,
exposé sous une forme plus parfaite. Au point de vue de l'histoire, la
critique do l'auteur ne paraît pas avoir toujours eu la mémo sûreté ;
il semble, du reste, qu'il ait eu des doutes sur certaines hardiesses et
sur quelques opinions et qu'il en ait cité les auteurs surtout pour
dégager sa responsabilité.
Parmi les noms des fondateurs de l'archéologie française, il est un
oubli qu'on pourrait prendre pour une injustice (p. 138) : le nom de
Quicherat avait le droit de figurer avec ceux de Caumont, Lassus et
Viollet le Duc, de préférence même au premier, qui fut un vulgari-
sateur incomparable et un homme d'un incontestable mérite, mais quia
surtout popularisé deux erreurs : la distinction des styles roman et
gothique d'après le tracé des arcs, erreur dont M. Choisy fait justice,
et le nom de l'arc ogive ou arc diagonal appliqué par contresens à
l'arc brisé, contresens aujourd'hui presque oublié et que V Histoire de
l'Architecture ressuscite le plus malencontreusement du monde.
Parmi les créateurs de notre archéologie il fallait aussi citer Félix de
Verneilh, et avant plusieurs des auteurs contemporains qui sont pom-
401 COMPTES RENDUS
mes. on eût aimé trouver les noms de M. de Lasteyrie et du professeur
Dehio, dont l'auteur semble adopter l'opinion sur les origines de la
croisée d'ogives. Une bibliographie aurait complété utilement l'ou-
vrage et aurait évité à l'auteur de paraître ne pas rendre justice à
chacun .
M. Choisy se prononce formellement et même hardiment pour les
origines orientales de l'art roman : selon lui, les architectures byzan-
tine, arménienne et syrienne sont trois sœurs issues de la souche
persane ; l'art byzantin s'est propagé sur le littoral nord de la Médi-
terranée, et c'est de Venise qu'il a gagné le Périgord, à la faveur des
relations commerciales ; l'art arménien est remonté de la mer Noire
jusqu'en Scandinavie par la voie des fleuves et de la Baltique, et de
Norwège il est redescendu en Irlande, en Amérique et en Normandie.
L'art syrien s'est propagé sur les côtes du sud de la Méditerranée ; il
s'est fait arabe et musulman; il a passé en Sicile, ce qui est incontes-
table ; en Fouille, ce qui est au moins prouvé par le tombeau de
Bohémond ; à Ravenne, où le tombeau de Théodoric serait de style
syrien ; enfin, dans les vallées du Rhône et de la Loire, par où les
commerçants arabes se rendaient en Angleterre pour y chercher de
l'étain. C'est à cette influence que nous devrions non seulement Saint-
Philibert de Tournus et la cathédrale du Puy, édifices dont le caractère
persan ne fait pas de doute pour l'auteur, mais toutes les églises à
trois nefs voûtées et sans fenêtres hautes au vaisseau central, type
qui pullule dans les vallées du Rhône et de l'Allier et dans tout le
Languedoc : les berceaux et arcs brisés de ces églises seraient persans;
persanes leurs coupoles sur trompes ; enfin, il ne serait pas admissible
qu'une disposition aussi obscure n'ait pas été conçue dans un pays de
grand soleil.
A des affirmations aussi catégoriques on pourrait objecter que c'est
surtout dans le Midi, et surtout par raison d'équilibre et faute de trouver
mieux que les architectes français ont usé de telles combinaisons, que
le tracé brisé et les dispositions de Tournus et du Puy peuvent être le
résultat de calculs qui amènent aux mêmes solutions des gens qui ne
se sont pas donné le mot lorsqu'il s'agit de résoudre des cas identiques
par des moyens dont le nombre n'est pas infini. La coupole sur
trompes pourrait être dans ce cas ; toutefois, il est plus simple de
croire qu'elle a été vue en Orient par des Occidentaux qui l'ont imitée
au retour : combien de pèlerins n'ont-ils pas visité alors les sanc-
A, choisy: histoire de l'architecture 405
tuaires du Levant et parmi eux combien de moines instruits dans l'art
de la construction? D'autre part, quelle valeur et quel crédit les mar-
chands arabes qui traversaient la France purent-ils y avoir comme
architectes? On conviendra que toutes les présomptions sont en faveur
des pèlerins occidentaux. Du reste, pour parler d'une école étrangère
dont l'intluence est certaine, bien que restreinte en France, l'école
lombarde, a-t-on jamais vu que les commerçants lombards qui pullu-
laient chez nous y aient eu une influence artistique? Non, celle que
l'on constate est venue par quelques maçons migrateurs de Côme.
C'est par les routes des pèlerinages plutôt que par celles du commerce
que se répandent les types d'architecture. M. l'abbé Bouillct l'a
démontré pour Conques et Compostelle, et l'on sait combien le Saint-
Sépulcre a fait école en Occident.
Quant au courant arménien qui remonte en Norwège, nous aime-
rions saisir sa trace au passage en Suède. Il est vrai que l'Ile de
Gotland possède deux églises romanes de plan incontestablement
oriental, Saint-Laurent et Sainte-Dorothée de Wisby, et l'on peut faire
crédit d'une étape au courant arménien, puisque les églises de bois de
Norwège sont des édifices très évidemment inspirés aussi de données
orientales. On trouve aussi des traces de rapports de la Norwège avec
l'Irlande et l'Amérique; de Norwège en Normandie, c'est autre chose :
les monuments romans de Normandie sont antérieurs aux premiers
édifices de Norwège, et dansceux-ci ce quiestnormand est bâti par des
missionnaires anglo-saxons (églises de Stavanger, Bergen, Thrond-
jem). C'est donc en sens inverse que le courant s'est produit, en
passant par l'Angleterre. Les sculptures de la cathédrale de Bayeux
n'en sont pas moins des copies manifestes de motifs orientaux, mais
en ce pays de navigateurs, dans cette église dont le trésor possède un
coÉEret arabe du xiii'' siècle, tous les courants ont pu à toutes les
époques amener les quelques épaves comme celles dont l'apport suffi-
rait pour l'auteur à justifier l'origine asiatique de l'art américain
(p. 207). L'affirmation de la plus grande précocité ou du plus
fréquent usage de l'arc brisé dans les églises romanes de Palestine
mériterait discussion. La plupart de ces églises sont du xii«^ siècle
avancé ; elles sont bien identiques à celles de la vallée du Rhône, d'où
le mouvement se fit ici encore en sens inverse du courant indiqué.
Pour les églises périgourdines à coupoles sur pendentifs, leur
origine vénitienne ne fait pas de doute pour M. Choisy. Il remarque que
406 COMPTES RENDUS
leurs coupoles sont en pierre, tandis que les modèles byzantins sont en
brique ; il est regrettable qu'il n'ait pas connu les églises byzantines
en pierre de l'île de Chypre : Saint-Barnabe prèsFamagouste, Saint-
Lazare de Larnaca, avec leurs piliers refendus, Hieroskypos avec ses
cinq coupoles sur tambours, Stavro-Vouni, etc.
Quant à la date originelle des coupoles périgourdines, il croit pou-
voir proposer le début du xi*" siècle, mais Saint-Asticr, qu'il cite à la
date de 1010 n'est qu'un débris trop infime pour qu'on eu puisse rien
conjecturer; Saint-Jean de Côle, qui vient ensuite, est un monument
sur lequel on peut au contraire s'appuyer, mais il nous fait des-
cendre à 1080, date de fondation, et semble élevé sensiblement après.
Le style de l'école bourguignonne est, selon M. C, lestyledeCluny;
les Clunistes, il est vrai, l'ont propagé en Espagne, mais ailleurs
nous voyons presque toujours ces moines adopter l'art du pays où ils
se trouvent; lidée d une école clunisienne, dont Viollet le Duc est
responsable, doit être abandonnée : dès longtemps MM. Antbyme
Saint-Paul et Virey l'avaient démontré.
Sur les origines du style gothique, noustrouvons encore des théories
aventureuses et des points de chronologie discutables, mais là aussi
l'auteur n'a fait que se fier à ceux dont il utilisait les travaux, et l'on
ne saurait le rendre personnellement responsable.
11 est certain que Saint-Ambroise de Milan a été bâti au ix^ siècle ;
qu'il n'ait pas été rebâti depuis, c'est l'avis de M. de Dartein, avis que
rendent suspect la mention d'un incendie et une reconstruction de
voûte en 1196, les constatations faites par Cattaneo sur l'édifice, et par-
dessus tout la structure gothique des voûtes et des piliers.
Pour M. Choisy comme pour MM. Dehio, de Dartein, Moore,Cloquet,
l'église gothique de Saint-Ambroise date bien du ix^ siècle. Comment
expliquer dès l-ors que la croisée d'ogives soit restée confinée dans le
Milanais jusqu'au xW siècle, puis ait été imitée tout à coup alors dans -
le nord de la France pour revenir de France en Italie et y produire
des monuments rappelant tout à fait Saint-Ambroise, comme Sainte-
Marie de Corneto, consacrée en 1208? C'est là une évolution singulière
et pour laquelle on aimerait la confirmation de quelques documents
d'histoire. Pour l'origine de l'arc-boutant, M. Choisy le place sans
hésiter en Bourgogne, parce que c'est là qu'il était le plus urgent de
l'appliquer; un raisonnement de logique suflHt-il à trancher un pro-
blème d'histoire sans l'appui de nul document?
A. CHOISV : HISTOIRE DE l/ARCHITECTUnE 407
Parmi les premières voûtes d'ogives françaises, celle de Morienval
est citée comme la plus ancienne. Il est bien imprudent d'assigner
une date à ce travail de reprise en sous-œuvre exécuté dans des condi-
tions tout à fait gênantes par quelque maçon rural et dont l'histoire
ne nous laisse rien deviner, à moins qu'il coïncide avec une installation
de reliques en 1122.
Quant à Bellefontaine, monument bâti en 1125 et révélant» une expé-
rience qui ne s'improvise pas », cette appréciation juste et qui est une
citation infirme la date dans le sens où elle est prise. Le document de
1125 n'est qu'une permission de bâtir ; le style est celui de 1150 ; cela
est si vrai qu'il y a similitude complète avec les parties anciennes du
transsept et des bas-côtés d'Ourscamp, qui est à deux ou trois kilo-
mètres ; or, ces morceaux qui sont manifestement de la môme main,
appartiennent à une église commencée en 1154.
Quant à 1 expansion du style gothique français dans toute la chré-
tienté, difïusion autrement certaine que celle du style syrien sur les
rives de l'Allier et de la Loire, l'auteur l'a traitée très sommairement,
pour l'Italie notamment, où il semble croire encore à l'origine allemande
de l'importation gothique, et pour Chypre, où il ne connaît que la
cathédrale de Faniagouste, qu'il rajeunit d'un siècle.
J'ai surtout insisté ici sur les passages discutables du beau livre de
M. Choisy, parce que ses incomparables qualités se recommandent
d'elles-mêmes et frapperont quiconque l'ouvrira. Pour faire la part des
qualités, qui sont ici fort au-dessus de la moyenne des livres d'histoire
de l'art, et des défauts, inséparables de tout ouvrage de cette importance
et d'une telle universalité, je note un singulier contraste entre la partie
technique et la partie historique. Dans la démonstration technique,
terrain dont il est le maître incontesté, M. Choisy est d'une sûreté
absolue, n'avoue rien qu'avec des preuves évidentes ; dans la partie
historique, au contraire, il s'est trop fié à autrui et peut-être aux
hardiesses de sa propre imagination. A tout prendre, son livre est un
instrument indispensable et fondamental pour qui s'occupera désor-
mais d'histoire de l'architecture, c'est le meilleur et le plus complet
que l'on puisse jamais faire sur l'évolution de la technique architec-
turale, et c'est l'un des plus importants que l'on ait publié dans toute
l'histoire de l'art. C. Enlart.
408 COMPTES RENDUS
André G. Ott. — Etude sur les Couleurs en vieux français,
thèse présentée à la Faculté de philosopliie de Zurich pour l'obten-
tion du diplôme de docteur. — Paris, Bouillon, 1899, in-8°,
xii-186 p.
Le titre choisi par M. Ott est un peu décevant. Sa monographie
n'est pas en réalité une étude sur les couleurs : l'auteur a écarté, — il
le dit, du reste, dans son introduction, — les côtés psychiques et phy-
siologiques de la question pour se renfermer dans la nomenclature
étudiée historiquement. Même ainsi restreint, le champ de l'explora-
teur était encore vaste. Certes, il reste à glaner, cependant la moisson
a été abondante et les résultats sont intéressants à constater.
La méthode suivie était, d'ailleurs, excellente et bien appropriée au
sujet. M. 0. prend chaque couleur primitive, énumère les termes latins
correspondants à cette couleur et à ses nuances, recherche s'ils ont
survécu en français et analyse les dérivés auxquels ils ont donné nais-
sance ; c'est ce qu'il appelle la cr^éation romane basée sur la tradition.
Puis il se demande si le français s'est contenté de ce que lui apportait
le latin et^ poursuivant ses investigations sur les langues avec les-
quelles le gallo-roman a été en contact, l'auteur montre qu'ici, comme
dans les autres régions de l'activité humaine, à des besoins nouveaux et
des perceptions nouvelles correspondirent des termes nouveaux, que ces
termes, non toujours trouvés dans la dérivation de la langue fonda-
mentale, le français est allé les chercher à l'étranger. C'est ce que
M. 0. appelle la création romane non basée sur la tradition. Un
résumé constate les résultats et groupe les termes propres à chaque
couleur et à ses variétés. Une brève étude sur les mots servant à ex-
primer les sentiments de la beauté et de la laideur termine l'ouvrage.
L''étymologie, la lexicologie et la sémantique en forment donc, et dans
cet ordre, les bases.
Pour chaque mot, M. 0. donne un type étymologique latin. C'est
un excellent moyen d'investigation, qui coordonne les idées sous une
forme visible à la fois pour l'œil et pour l'intelligence, et absolument
légitime en phonétique. Mais il est dangereux de l'étendre outre mesure
à l'étymologie, car la plupart du temps on s'est donné une satisfaction
stérile en déplaçant simplement la difficulté.
Voici un primitif oarmm (p. 49), d'où vair ; les dérivés sont nom-
breux: vairet,vairé, vairié, vairi, vairelé, vairon, vaironne (^. 50-51).
M. 0. reconstitue pour chacun d'eux un type à forme latine, en prenant
ott: les colleurs en vieux françals 409
la forme récente, c'est-à-dire française, et en lui accolant le suffixe
sous sa forme latine. Il aboutit ainsi à un produit hybride, formé de
fragments d'époques différentes, par suite invraisemblable, et finale-
ment inutile. Il fallait mettre ou vair -\- et, cair -f- é, etc., ou
cary -\-ittu, cary -\- atu, etc. Mais dans beaucoup de cas, ces types
à forme latine n'auraient pas donné le résultat auquel il fallait arriver :
le procédé est donc mauvais quand la généralisation est excessive.
Vairé et vairié, par exemple, ne sont que deux formes chronologique-
ment différentes d'un même type, comme cAaacî'e et chaussé, et comme,
mais par un processus différent, irié et iré. Les difficultés sont dépla-
cées ; elles ne sont pas résolues. Examinons quelques-uns des types
étymologiques de AI. 0.
P. 2, albariu^ aubier (= viorne) est au moins douteux. Le mot
s'écrit obier et n'a très vraisemblablement aucun rapport avec album;
aubiem^est qu'une faute de graphie. P. 3, albaritu >> auberit est très
aventuré. Auberit est bien invraisemblable, et je le considère comme
une faute du ms. pour «habit' ». Existe-t-il d'ailleurs un suffixe«riïa,
ou plus exactement arî/!;;f<, puisque le t final est persistant? P. 25,
noiretne vient pas directement de *nigrïttu. Il fallait indiquer la forme
première et directe neret, comme à nigraceu, plus bas. P. 28, nigritione
a-t-il pu donner nerçon sans l'intermédiaire d'une forme nereçon qui
existerait forcément encore au xif siècle? C'est douteux. D'ailleurs, le
mot est à supprimer. Le ms. de l'Arsenal, dont M. 0. aurait pu voir le
texte dans la Zeitschrifl fiir rom. PhiL, II, 450, v. 1060, porte noireté,
et comme le ms. publié par F. Michel porte nerçun, je crois volontiers
à une faute de copiste pour nerçur ou nerçure-- P. 28, norois ne vient
pas de nord, qui aurait donné nordoîs, mais de Nor (cf. Normant dans
Wace), et il ne signifie pas autre choseque Norvégien. Il est impossible
de voir dans noiroia une confusion populaire avec un dérivé de noir. Les
deux exemples de cette forme cités par Godefroy sont de simples fautes
1. C'est pour cette raison que M. Bouuard et moi ne l'avons pas inséré dans le
Lexique de l'ancien français.
2. M. O. s'est, soit dit en passant, beaucoup trop souvent contenté d'enregis-
trer les mots sans vérification critique. Le Dictionnaire de l'ancienne langue
française n'est pas et n'a pas là prétention d'être parfait, et il ne faut pas
oublier que. quand la publication eu a commencé, l'édiliou définitive de la
Grammaire de Diez venait seulement d'apparaître. M. O. s'est servi aussi d'édi-
tions surannées, telles que celles de Petitot qu'il n'est plus permis d'employer.
11 aurait facilement trouvé dans les autres Universités de Suisse ou à Paris des
confrères qui, gracieusement, lui auraient fait les vérifications nécessaires. Cela
lui aurait évité les fautes de la citation de Villehardouio, p. 5, par exemple.
410 COMPTES RENDUS
de scribes parfaitement compréhensibles. P. 30, Morekin n'a rien à
voir avec maariun; c'est une autre forme de maroquin ou marocain.
Carpentier. dans Du Cange, v" morelus, cite d'après A. N, JJ 183,
t*^" 160 r'\ une lettre de rémission où il est question d'un vol de « cinq
aulnes de drap noir appelé morekin ». Le larcin fut commis k
Montreuil, diocèse de Sées'. Moreqain n'est donc pas particulier à la
Flandre française, comme on semblerait autorisé à le croire par
l'unicité d'auteur dans les citations de Godefroy et par la terminaison
^m. Et d'autre part, l'épitliète (( noir )) écarte l'idée de « brun ».
p. 31. Il n'était pas seulement « plus juste » de rattacher moré ou
mieux mouré à morum : c'était indispensable. Moriun, en latin
vulgaire *mora, a un o, maurum a un o. P. 37, comment canûtire et
canutare donneraient-ils cJtenair et chenaer:' Est-ce que la protonique
non initale non en position n'est pas tombée avant le t intervo-
calique? CosCdûra aboutit à couture, matûtinu à matin. Canûtire,
adcanûtire, canûtàre ne peuvent arriver qu'à chantir, acJiantir,
cJianter*. P. 37, canitiura >• chenissure. Je ne comprends pas
un suffixe -ûra s'ajoutant à un autre -ïlia (lequel aboutit à -ece:
canitia >• chenece) pour donner -is>iure. M. 0. suppose Itia, sans
doute d'après M. Mussafia, Romania, XVIII, 531, mais il faut ajouter
à cet article les remarques de iM. G. Paris, mémetome^p. 551. P. 38,
canesciïûra ne peut donner que cAenes^are et non chenisture. P. 4P,
hijseïtu > biset, et hysiellu > bisel. Que devient le yod dans ces
dérivations? M. 0. s'est bien rendu compte qu il ne pouvait le sup-
primer du radical (où il le note une fois par e et l'autre par i), mais il
n'hésite pas à faire disparaître des dérivés un phonème, le plus résis-
tant de tous et qui a toujours exercé une influence sur ceux avec
lesquels il s'est trouvé en contact. P. 42, gris -\- mè/e>-grimelé. Mais
1. Doue probablement Moutreuil-au-Houlme, dans l'Orne.
2. En admettant même la chute du t comme plus ancienne que celle de la pro-
ionique, on aurait ^/(anuir.c/janrercommeiîencc ■< teiiuem, ani'el <C.annualein.
3. J'omets */;f/.'?e«.«. p. 40, parce que la discussion de cette hypothèse, d'ailleurs
ingénieuse, nous entraînerait trop loin, et je remarque seulement que M. O. n'a
pas tenu compte de be/'f/e, qu'on ne peut séparer de bis et pour lequel je ne
puis admettre l'étymologie proposée par M. Horning, Zeitsclirilï fur roina-
nisclœ P/iilolof/ie, XXII, 482. cette étymologie reposant principalement sur des
textes bourguignons du xiV siècle où la graphie ai pour e n'a aucune valeur
phonétique ni morphologique et, par contre, M. Horning ayant négligé le plus
ancien exemple de beif/e (Gautier de Coinci), dans le complément de Godefroy,
qui, par la date et par la rime (bcges : plerjes] me paraît exclure bombajia. ie
reviendrai sur cette étymologie.
OTT: les COLLEURS EN VIEL'X FRANÇAIS 411
grimelee (qu'il faudrait peut être lire f/ruvelee) est une variante d'un
ras. pour grivelee. La bonne leçon est d'ailleurs piolee et l'idée
superstitieuse attachée aux poules grivelées est bien connue. Il est
impossible qu'à cette époque on ait melee ; ce serait meslee, inevlee,
medlee ou mellee, et l'épithète serait écrite en deux mots : gris meslee.
Le poitevin-saintongeois grimelé cité par Godefroy se rapporte à
grime. P. 44, Grisile > grisle, grille. Je comprends bien que M. 0.
a conservé l'accent sur l'i du radical ; même ainsi, d'où provient l'e
féminin? si ne forme pas un groupe de consonnes postulant un e
d'appui. L'un ou l'autre des éléments disparaîtrait. Mais comment
l'accent ne serait-il pas sur \'i du suffixe? C'est tout à fait impossible
autrement' et grisile ciurah donné g risil ou grisel. Grisle est évidem-
ment en rapport étroit avec l'anglais grizzle et a comme lui une origine
anglo-saxonne. P. 52. ViriolatiC> virole. M. 0. n(> tient aucun compte
ni de la valeur brève du premier i, ni du yod, et au fond il a bien raison,
car viriolé n'est qu'une faute de scribe à supprimer. L'établissement
du texte critique pour ce passage, facile à dresser au moyen de
variantes de l'édition Rolin, montre qu'il faut lire caironnez^ . P. 59,
PalUtate > paleté. Le suffixe -ittatem n'existe pas et paleté non
plus; c'est une lecture erronée en fait, mais justifiée par la nécessité
de la mesure dans un vers faux, pour palece, et celui-ci est probable-
ment à son tour une faute de scribe pour pâleur : Ne de pâleur ne
de megrece (Rose, 297). Un autre scribe, ayant aussi pour original
la famille à laquelle manquait le ne initial, a iorgé palisseur (Godefroy,
palissor) que M. 0- cite sans étymologie. P. 60-61, M. 0. estime
(( qu'il n'y a pas lieu de mettre en doute » l'origine Scandinave bldmi
de blêmir que M. Darmesteter (et non M. Thomas) a repoussée, et il
croit que l\s' provient d'un rapprochement avec blesser. C'est très
ingénieux, mais aussi douteux, car il faudrait attribuer à ce rappro-
chement une antiquité bien haute pour une origine Scandinave. Us ne
trouve dans les plus anciens textes; elle est donc primitive. Comment
aussi se ferait-il qu'aucun de ces plus anciens textes n'ait conservé l'a
atone de ^-blamir, dont on devrait avoir encore quelque trace? L'analogie
des Ibrmes accentuées sur la terminaison avec celles qui sont accentuées
sur le thème ne peut pas être aussi ancienne ni aussi générale. Enfin
blâmi signifie « bleu foncé », blesmir veut dire " rendre livide en bles-
1. Habilein ^ a,h\e, fragile ni > frôle, sont dans une situation toute diilérenie.
2. Cf. dans Fierabrac, v. 4114 :« Tôt esloit comme pie par devant vaironnes. »
412 COMPTES RENDUS
saut ». La sémantique et la phonétique donnent en faveur de la thèse
de M. Darmesteter des raisons assez fortes pour mériter une discussion
sérieuse de la part de celui qui met cette thèse en doute. P. 62, je
laisse bure pour les mêmes raisons que hia, mais p. 63 je ne vois pas
comment buveu peut donner buire à côté de varium > vair, corium
> cuir, etc. P. 64, Buvione >■ buiron est à supprimer. CeBuironest
un nom propre et non un adjectif {Roi., ms. Châteauroux, p. 232,
Fœrster). Le passage correspond au v. 1215 du /?o/ancZ d'Oxford ; il
s'agit d'Abiron.P. 71, Galbas >■ gaus, jaus. « M. Godefroy, dit M. 0.,
voit dans /auce [Rose] un abus de la rime pourjaane, explication qui
offre toujours une échappatoire devant une difficulté, » et à son tour
il explique que « dans galbas devenu gaus, Jaus, l'on a regardé l's
finale comme partie intégrante ; on a formé un féminin par l'adjonction
d'un e )'. C'est tout aussi invraisemblable. Jauce a été étudié deux fois
déjà par M. Gaston Paris, Romania, XVIII, 149, et XX, 285; on ne
peut le séparer àejance, et, avant de lui chercher une étymologie, il
faut attendre le texte critique de la Rose. P. 78, Blend >> blond. Si
l'étymologie de M. Nigra, Romania, XXVI, 555, « soulève bien des
objections », celle de M. 0. en soulève une qui est péremptoire. Dans
les plus anciens exemples, Roland entre autres, blond est écrit par un u;
ceci, sans compter le sens, exclut un étymon avec e. P. 8d,falu
>> fauve. Évidemment M. O. ne considère pas dans/a/a l'a comme la
voyelle de la désinence flexionnelle, mais s'il avait été plus précis et
s'il avait écrit/a/?cu, il n'aurait siirement pas constitué pour les dérivés
defalw des types qui ne pouvaient ni exister ni aboutir aux mots qu'ils
sont censés représenter. Il les a, en effet, tous tirés d'un radical falb
que falw n'a pu donner, et réciproquement b après l ne peut passer à
V. P. 86, C/«a&^am est singulier. 11 n'y a pas de vin châtain. Ce passage
me paraît être une interpolation maladroite du ms. B. N. 24432,
que M. Kressner a eu le tort d'accepter. P. 107, Ostrînum >> osterin.
M. Gaston Paris nous a annoncé avoir l'intention de donner l'étymo-
logie et le sens de ce mot qui ne désigne pas une couleur. Remarquons
donc seulement ici qu^ostrea ne peut donner naissance à un
trissyllabe dont les formes sont : ostarin, ostorin, osturin, etc. P. 115,
rubeïttu^ rougi, et rouge -|- ire, rougir. Pourquoi traiter différemment
deux formes d'un même mot? P. 115, Ruhicellu donne roucel et non
rouvecel. Je suis aujourd'hui porté à voir dans roacece/ une faute, soit
du lecteur qui n'a pas vu le tilde surmontant le premier e, soit du
ott: lks colleurs en vieux français 413
scril)e qui a omis ce tilde. La forme exacte est rouvencel qui est dans
le second exemple et qui dérive naturellement de rouvent. P. 117,
Ruesele est une faute d'ailleurs incompréhensible du ms. unique de
Mousket. Il s'agit d'Ingeburge, fcnmie de Philippe P'', et le vers est
faux. Le mot est à supprimer. P. 123, pourquoi badiittu > baiet et
baliita >• baillet? M. Darmesteter, dans le Dictionnaire fjénéral, a
parfaitement expliqué baillet de badins par l'analogie de Egidium
~> Gilles. P. 129, Sakirlàt > escarlate est à rejeter. L'arabe et le
persan viennent du français ou de l'espagnol et de l'anglais.
Il serait trop facile de multiplier les exemples; ceux-ci suffisent
pour montrer la fragilité du système étymologique de M. 0. Les
autres parties de l'ouvrage prêtent aussi à bien des remarques. P. 6,
Flori a dû prendre le sens de blanc non pas tant à cause des prés oix
les fleurs blanches ne sont pas les plus nombreuses, mais à cause de
l'aspect que présente au printemps un verger en fleurs; le rappro-
chement s'impose alors à tous les esprits. Targe Jlorie est bien targe
(( peinte à fleurs ». Dans Pasques fleuries qui est le dimanche des
Ra.meRux, Jlearies n'a rien à faire avec la notion de couleur. Pasques
blanches pour désigner les Rameaux est une erreur de l'auteur du
Couronnement de Louis. Pasques blanches est la Quasimodo,le di-
manche in albis (depositis),SL\nsi appelé, de même que les autres jours
de la semaine, à cause de la robe blanche que les néophytes, baptisés
le samedi saint, portaient pendant toute la semaine après Pâques et
qu'ils quittaient ce dimanche-là. La traduction de M. Desmaisons pour
ame fleurie est plus exacte et plus conforme aux sentiments religieux
du moyen âge. P. 11, Blanc dans les deux exemples de Y Evangile aux
femmes et de la Rose est différent de blanc, couleur. C'est un féminin
par confusion populaire de blant, blonde << blandura, blandam, qui
signifie « flatteur, caressant ». P. 13. blanc ne signifie pas« heureux »
dans le Miserere. Il est simplement en opposition à noir. P. 15,
pourquoi à P) de 5) dire « purifié, pardonné » et à P) de 6) « purifié,
net » ? La situation est identique dans les deux cas. P. 25, le sens
de poleté est douteux comme son étymologie'. P. 26 et 27, M. 0.
a séparé noirci et noircir; aussi y a-t-il contradiction entre ses défi-
nitions et ses exemples. Dans celui de VEscouJle, au participe
1. M. O. répète en l'altérant un peu la définition donnée par M. P. Meyer.
Je vois difficilement dans cet aTiaï stpriixîvov une désignation de couleur et le
rapprochement avec pullatus ne me parait pas convaincant. Je crois plutôt à
un procédé de fabrication.
Moyen Atje, t. XIII 22
414 COMPTES RENDUS
passé, il est obligé de traduire noirci par « rendu noir », ce qui montre
bien qu'il xi'y a pas moyen de comprendre le mot autrement que
comme un participe passé inséparable de lauxiliaire qui indique le
temps et le mode. Dans l'exemple de Hugues Capet, l'action est encore
plus évidente : Droguet se noircit le visage pour ressembler à un
pèlerin arrivant de Jérusalem. L'exemple d'Aiol, placé sous nigrescitu
est identique comme construction et comme sens à celui de Bartsch,
Langue et Littéral, fr., placé sous n/r/re.s'ci>e. Sous celui-ci, à la subdi-
vision jî, on trouve encore un exemple de noirci qui est un participe
passé à l'ablatif absolu. P. 26:
Herniers l'entent; s'a la coulor noircie (Raoul de Cambrai, 1883)
ne signifie pas que Dernier devient « triste » ou « fâché », mais que
de mécontentement son teint devient sombre : il change de couleur (ou
de visage), dirait-on aujourd'hui. On ferait sur les différents termes
par lesquels le moyen âge exprimait les changements de physionomie
et les altérations du teint dues à des sensations physiques ou à des
passions une étude qui ne manquerait pas d'intérêt. Tous les élé-
ments s'en trouvent dans le travail de M. 0., mais par la nature
même de son exposition ils y sont dispersés. Ils gagneraient à être
rapprochés et comparés entre eux. P. 27 :
Sen don noirchist ki le detrie [Miserere, LUI, 9)
ne signifie pas « enlaidir», mais « diminuer l'éclat, la valeur de ». —
Nigrire <■< devenir noir, pâlir». Il y a quelque contradiction. P. 28,
Neroier est une variante sans valeur. P. 29. Pourquoi, dans le
passage cité des Fabliaux, noir signifierait-il seulement c domes-
tique » et non pas «domestique noir », comme le propose l'éditeur?
Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un grand seigneur eût alors comme
serviteur un Maure. M. O. a une tendance un peu trop accuentée à
rejeter, sans raison suffisante, les explications données par d'autres
que lui. P. 31, M. 0. cite un passage de VEncou/le assez curieux
duquel, à son sens, il résulterait que la zibeline connue au moyen âge
était blanche et qu'on la teignait en noir'. Mais il ne saurait y avoir
de doute. Il s'agit d'une robe d'hermine (v. 5765), et c'est par un de
1. « On sait, dit à ce propos, M. O., qu'anciennement les boucliers étaient
recouverts de fourrures de couleurs diverses, et c'est de là que le vocable sable
est arrivé à désigner, en langage héraldique, la couleur noire. » J'aime à
croire, pour l'autorité de la source inconnue sur laquelle M. O. a b=""^ sou
ott: les coulelrs en vieux français 415
ces jeux d'esprit entortillés qui lui sont familiers que l'auteur de
V B SCO ujle écrit " sebelins » pour « hermine » au v. 5784'. P. 35,
1) Chenim gri^; brillant », et p. 36,2) Chenu, « aux poilsgris ». Pour-
quoi celte différence V les cheveux de Blancandin étaient-ils plus
brillants que ceux de Charlemagne, ou ceux d'Évandre que ceux de
Julien de Saint-Gille? Cruelle énigme! Et aussi pourquoi — dans
toute la famille au reste — « gris » plutôt que (( blanc »? En français
moderne chenu signifie « devenu blanc par l'âge », et en latin canutus
comme c(tnus, signifie « blanc, blanc brillant, argenté ». Il ne peut
donc pas y avoir d'interruption du latin au français dans la signifi-
cation de ce mot si simple. P. 41, M. 0. pense que bisel a sûrement
existé comme adjectif. Cette assertion est un peu aventurée, car rien
ne la justifie. En tous cas, l'article est à refaire entièrement dans Gode-
froy, car aucun des deux exemples n'a de rapport avec bis. Dans le
premier, «escu de bisel», bisel = biseau, et l'expression équivaut à celle
si fréquente : escu de chantel. Dans le second que M. Darmesteter,
Dictionnaire général, a considéré comme une forme de biseau'-, je
vois plutôt soit une faute du ms. pour 6 es m as, soit même une forme
de 6e6-iaa6' = 6at6e«u, signifiant baisure (d'un pain). Cotgrave, v^beseau,
Kichelet, Kuretière, Trévoux, v" baisure, donnent beseau ou bisiau
comme une locution parisienne équivalente de baisure. Or, l'exemple
provient de la pièce parisienne le Dit des Boulangers. — Biset te au
sens de « dentelle » n'a pas de rapport avec bis. Cf. Dictionnaire
général, s. v». P. 43, 1^) Gris et V') Gris sont expliqués différemment.
Je ne puis voir de différence entre « Escaimans li gris » d'Aliscans et
asseniou, cju il a confondu ici « fourrure » avec « peau», car si certains peuples
employèrent des tjoucliers de bois, ils les recouvrirent non de fourrures,
dont le cuir toujours mince eût eu trop peu de durée et de résistance, mais de
peaux de bêtes au cuir épais et solide. C'est d'ailleurs une erreur de croire que
les plus anciens boucliers connus fussent en bois; sans remonter jusqu'aux
descriptions d'Homère, on peut citer de très anciens boucliers de bronze
appartenant à l'Europe centrale et occidentale (Voyez Maurice Maindron,
les Armes, Bibliothèque de l'enseignement des Beaux-Arts). Ce sont bien les
peintures emblématiques dont on recouvrait les boucliers qui ont donné
naissance à l'art héraldique, mais la chose fut, en réalité, de tous les peuples et
de tous les temps (Voyez une remarque de M"" Jane Dieulafoy dans A Suse,
Joui-nal des fouiUes, Tour du Monde, 1887, t. LIV, p. 85). Enfin, c'est à une
époque récente que sable a été employé pour noir dans la nomenclature, et,
à mon sens, uniquement sous l'influence de cette tendance qu'ont eu les héral-
distes à singulariser et particulariser l'art qu'ils créaient.
1. Peut-être même lui donne-t-il tout simplement le sens de fourrure ?
2. Je ne suis pas de l'avis de M. Darmesteter, parce qu'il ne s'agit pas de
pains coupés, mais de pains entiers.
416 COMPTES RENDUS
les « vios gris » de Mousket. P. 46, M. 0. attribue à liart dont le
rapport avec lie (( sédiment » est loin d'être assuré, une série de
nuances qu'il ne paraît guère avoir eues. Il a par contre tout à fait
raison quand il se refuse à voir dans ce mot, comme Du Gange et
Littré un synonyme de (( gris pommelé ». On trouve en effet liart
pommelé {Goàekoy^ et leai^do po7nelato (Cf. Cl. Corte, dans Du Cange).
Pommelé ne s'applique pas seulement à la robe des chevaux ; il se dit
aussi des ■ nuages. « Ciel pommelé et femme fardée Ne sont pas de
longue durée » est un proverbe connu'. P. 55, je ne comprends pas à
P^îZe, subdiv. p, la citation de 7)oo??. Il s'agit d'un Sarrazin (( noir
comme pois». 11 a visage de traître et « couleur de pendu». Tout cela
exclut l'idée de pâle. P. 56, Descoloré signifie simplement là comme
ailleurs « qui a perdu sa couleur (naturelle) ». P. 58, Empalissement
dans l'exemple de Doon est bien singulier. P. 59, la subdivis. p de
Pers 1 est à supprimer. P. 60, M. 0. cite deux passages où teint
paraît signifier (( pâle ». Mais l'article teindre de Godefroy montre
que le sens de ce mot est uniquement « changer de couleur ». Aux
exemples cités dans Godefroy, on peut ajouter celui-ci :
Quant Ferrans l'oï, si lainst comme charbon. (Ga//f/o«, 7708).
On pouvait donc teindre de manière à devenir noir. P. 60,
nam. ne signifie pas « privé de couleurs, pâle », mais (( privé de forces,
faible, abattu ». P. 60, Esmarhrè ne doit pas avoir de rapport avec
marbre, quel que soit le sens. Une telle composition ne se compren-
drait pas. La traduction donnée par M. 0. ne s'accorde d'ailleurs pas
avec esmarhre qui est inséparable du premier. P. 62, hure ne
signifie pas « rouge feu », mais « brun ». L'ital. bujo ne signifie pas
davantage « rouge », mais «obscur, ténébreux». P. 66-67, Brunir
signifie uniquement ^ frotter pour polir, rendre poli». La notion de
couleur n'existait pas plus autrefois dans ce mot qu'elle n'existe au-
jourd'hui dans le brunissage de l'or. P. 73, subdiv, p, l'exemple de
Robert de Blois est au sens matériel. P. 76, dans aucun passage
auborne ne signifie <{ jaune » plutôt que a blond ». M. 0. s'est laissé
entraîner par le sens donné à ce mot depuis qu'il a été repris à l'anglais.
Mais en anglais auburn signifie châtain clair et en français aujour-
d'hui il qualifie des cheveux tirant sur le fauve plutôt que jaunes.
1. On ne le trouve pas dans les textes avant Cramail, Comédie des procerbes,
III, 2. Mais il est évidemment plus ancien que les XVP-XVIP siècles.
OTT : LES COULEURS EN VIEUX FRANÇAIS 417
P. 76, Blau, « jaune brillant, jaune». Il s'agit de la couleur du visage
du comte de Flandres Baudouin! — BLoi est un mot difficile; il y a
eu des confusions, peut-être seulement graphiques, avec hlea; mais
quand il s'agit de personnes, bloi est plutôt « blond » que « jaune ».
En tout cas, la subdiv. coniparaiHon Iir/perboliqae est k supprimer.
Quelle que soit la personne ou la chose dont il s'agisse, elle ne peut
pas être plus Jaune ou plus blonde que la /leur de lis ou la neige! La
comparaison repose sur blanche et non sur bloie. P. 83, pourquoi
soroient ne serait-il pas l'imparfait de soverf II est en corrélation
avec ot de la première proposition. P. 92, l'ordonnance rappelée par
M. 0. ne prouve pas que pers soit bleu foncé. Les rois de France ont
porté le deuil en rouge. A l'enterrement de Renart le corps est recouver t
d'un paile rert (XVII, 1061). — « Persellu, persel. Ce dérivé de pers
ne se trouve que dans un substantif du genre féminin la perselle, nom
du bleuet. » Le Dictionnaire Godefroy hésite entre bleuet et saxifrage,
M. 0. penche pour le bleuet. Mais tout d'abord /)e/-se//e a unsynonyme
que M. O. n'a pas vu, bienqu'il soit dans Godefroy; o'estperceau (Mé-
nagier de Paris), etle passage nous donne expressément et exactement
le sens de ces deux mots qui désignent la nielle des blés paroir laper-
selle ou vert bleif, Sot. Chans., P. Meyer, dans Godefroy) dite aussi
passe-rose [Agrostemma githago). La fleur de la nielle des blés est
mauve; l'étymologie proposée par M. 0. est donc très vraisemblable
si sa traduction est inexacte. — « Persoier, être bleu foncé. » Dans le
passage cité par M. 0. comme dans ceux de Godefroy auquel il fait
allusion, persoier ou perçoier est une forme de peçoier dont le sens
général est « mettre en pièces », forme due peut-être à l'influence de
percer, mais sans rapport avec pers. P. 94, Violete dans l'exemple de
la Clef d'Amers est, comme brunete, un subst. fém. désignant une
sorte de drap. P. 95, si sorinde désignait une couleur, il serait apposé
à drap et non joint par de. P. 98, Azur n'est pas été adj. en
ancien français pasplusqu'il ne l'esten français moderne. A l'exemple
de la Clef d'Amors, il faut lire azuré et reporter ce passage p. 99,
no4. P. 108, dans les trois exemples san^/an^ a son sens ordinaire.
P. 109, Boil. Les traductions ne montrent pas « accomplie l'évo-
lution de rutilas « rouge » à « brillant ». En pallor d'or traduit
ex auro flavo et non rutilantes; c'est ce qu'avait mieux com-
pris M. 0., p. 56, où il cite le même passage avec la signification
de « pâleur ». Dans l'exemple des Bois, rutilât n'est pas davantage
418 COMPTES RENDUS
traduit. P. 109, Pourpre. On peut voir dans le Complément de
Godefroy que M. Bonnard et moi avons (lompris un peu autrement
que M. 0. l'évolution sémasiologique de ce mot. L'article a été rédigé
peu après la publication de sa thèse à laquelle nous avons fait quelques
emprunts. P. 115, Enrougier. L'exemple de Godefroy est du xv^ siècle
et dépasse la limite que s'est fixée M. 0. ; il aurait pu en indiquer un
autre dans la Naissance du Chevalier au Cygne, v. 472. P. 122,
note 4, enireroser : a La traduction de Godefroy, mêler de roses, fait
de ce second vers une répétition inutile. » Est-ce bien une répétition?
M. Van Hamel n'a pas été de cet avis, puisque c'est lui qui a donné
dans son Glossaire cette traduction qui s'accorde parfaitement avec
les coutumes connues du moyen âge. P. 128, Granat et grenate
se rapportent bien à grenat et non à graine. P. 138, Vert. La
traduction « bon à rien, sans valeur » est forcée. Elle ne s'appuie que
sur la citation à'Aliscans. Or, les fèves se mangent très bien en
gousses vertes, et celles dont il s'agit doivent être vertes, c'est-à-dire
« fraîches », puisqu'elles ne sont pas dérobées. Dans vert alie, vert
est une épithète de remplissage. P. 149, dans l'exemple de Gui de
Couci, le sens est « agréable, heureux ». P. 162, les trois exemples
rangés dans la subdiv, « expressions désignant des qualités morales »,
ont un sens purement physique-
De cette longue et pourtant incomplète revision, il se dégage l'impres-
sion d'un travail très intéressant, fait sur un plan bien conçu, mais
exécuté avec une précipitation qui n'a pas permis à l'auteur de se relire
et de coordonner des éléments dont beaucoup sont excellents. M. 0. se
doit et nous doit une nouvelle édition de laquelle il éliminera ce qui,
dans celle-ci, est douteux ou inexact, où il complétera ses recherches,
ajoutera nombre de mots omis\ étudiera d'autres textes, par exemple
\e Renart où certains noms d'animaux lui apporteront une contribution
utile, examinera chaque couleur par rapporta l'objet qualifié, et nous
donnera une monographie définitive sur un sujet des plus curieux
pour le philologue et pour le philosophe. Am. Salmon.
1. Citons : garance, cramoisi, inimuin, alezan, tniitè, tigre, olice,
bronze, bronzé, baiart, inauce, safrin, rcnigol, heigr, pie, rouan, Unis,
fochelè, tacheiè, tacheus, rergelr, rergiè, jacintin, les termes composés,
etc., etc. La syntaxe aussi devrait être étudiée.
CHRONIQUE
La Société bibliographique a provoqué, comme elle le fait tout les dix ans,
la réunion d'un Congrès bibliographique, qui s'est tenu à Paris au mois
d'avril 1898. Les actes de ce Congrès viennent de paraître en deux volumes.
{Conf/rcs blblio(/i'ap/ii'/i(c iafet'natiàna/ fc/ui à Ptirtadit 13au 16 an-ll 1898,
sous les auspices de la Sorirtr bildiof/rap/iit/iic. — Paris, 5, rue Saint-
Simon, 2 vol. in-S", vi-601 et 496 p.). Nous devons signaler dans ce recueil
les mémoires suivants : Tome I : Chan. Mangenot : Rapport sur les
traraux' de rrifif/uc et d'cTci/rsc hihiiques depuis dix ans (p. 1-19); comte
Domet de Vorges : L(( Philosop/iie thomiste pendant les années 1888-1898
(p. 81-108); A. Arcelin : Les Progrès de l'ant/u-opolof/ie et de l'areheoluçiie
préhistorique, 1888-1898 (p. 177-188); P. Allard : Les Antiquités chré-
tiennes depuis dix ans (p. 419-433); Le P. Largent : Les Tracaux sur
l'histoire ecclésiastique en France (p. 434-450); M. Prou : Paléor/rap/iie
et Diplomatique de 1888 à 1897 (p. 498-601). — Tome II : A. Blanchet :
La Numismatique de 1889 à 1897 (p. 1-26); Anthyme Saint-Paul :
L'Archéolo;/ie du moijen ih/i- en France (p. 27-45) ; abbé E. Millier :
L'Archéototjie chrétienne en Allenia(/ne, 1890-1898 (p. 46-58); comte de
Marsy : Les Congrès historiques et scientijiques (p. 59-69); chan. Pisani :
Les Conf/rès scientijiques internationaux des catJioliques (p. 70-75);
L. Mirot : Les Inrentaires d'arcJiires (p. 186-210); Claudin : Travaux sur
l'histoire de l'imprimerie (p. 220-241); Ch. de La Roncière : La Conférence
d'études historiques de la Société bibliof/i'aphique (p. 253-255); P. Four-
nier: Rapport sur les publications relaticcs à Vldstoire du droit, 1888-1897
(p. 328-390); G. Kurth : Les Études franques (p. 400-416); E. Déprez :
Les Sources de l'histoire de France, 1888-1898 (p. 417-449).
* *
M. Omont^ conservateur du département des manuscrits à la Bibliothèque
Nationale, a décrit dans le Journal des Sacants de mai 1900, un manuscrit
grec nouvellement acquis par lui. Ce volume d'une valeur considérable est
un spécimen unique de très ancien texte grec écrit en onciales d'or sur
parchemin pourpré, avec miniatures au bas des pages; seuls, la Genèse de
Vienne et les Éranfjiles de Rossano peuvent lui être comparés, encore ces
deux manuscrits célèbres sont-ils écrits en lettres d'argent; les 43 feuillets
gr. in-4", que compte actuellement le manuscrit renferment une partie de
•120 CHRONIQUE
l'Évangile selon saint Matthieu, qui devait en occuper 144 dans le ms.
complet. Une étude sommaire de récriture et des peintures a permis à
M. Omont de dater approximativement le ms. des dernières années du
l'ègne de Justinien. Le tirage à part de cet article est accompagné de deux
planches contenant la reproduction de quatre des cinq miniatures, la cin-
quième, est trop endommagée pour avoir été reproduite à propos de cette
notice provisoire, mais la totalité du ms. ne tardera pas à <Hre facsimilisée,
et M. Omont annonce qu'il consacrera à l'étude de ce monument unique un
mémoire beaucoup plus ample que l'article sia;nalé ici.
A. V.
* *
Le principe de la conservation des monuments historiques posé dans
l'article 257 du Code pénal en 1809 qui punit d'un emprisonnement d'un
mois à deux ans et d'une amende de 100 à 500 fr., « quiconque aura détruit,
abattu, mutilé ou dégradé des monuments, statues et autres objets destinés
à l'utilité ou à la décoration publique », n'a reçu d'application pratique
que sous le gouvernement de Louis-Philippe, qui a inscrit au budget
de 1831, une somme de 8().000 fr. pour la conservation des monuments
historiques, et chargé Vitet d'inspecter à ce point de vue les diverses parties
de la France; en 1837, une Commission des monuments historiques qui
fonctionne toujours fut chargée de désigner les monuments auxquels les
libéralités du Gouvernement devaient être accordées, et dont la disparition
serait le plus regrettable. Une première liste de classement fut dressée
en 1867, à l'occasion de l'Exposition universelle; une seconde a été publiée
en 1875; le texte des circulaires ministérielles relatives à la conservation
des monuments historiques et le catalogue des archives de la Commission
furent joints à cette liste. Depuis cette époque, les opérations de la Commis-
sion ont trouvé une sanction dans les dispositions de la loi du 30 mars 1887 •
le classement des monuments a été revisé, le nombre de ceux qui ont été
jugés dignes d'être conservés comme documents archéologiques ou comme
objets d'art a été considérablement accru, enfin les archives de la Commis-
sion se sont beaucoup enrichies. Cette œuvre éminement digne d'intérêt a
donné lieu â plusieurs publications. En 1895, M. A. Perrault-Dabot a
publié le catalogue de la Bibliothèque de la Commission (Ministère dc;
l'instruction publique, des beaux-arts et des cultes. Catalogue de la
Bibliothèque de la Commission des monuments historiques. Paris, Impr.
Nationale; in-8", 331 p.); en 1899, le même auteur a donné un catalogue des
archives (Ministère de l'instruction publique et des beaux-arts. Archives
de la Commission des monuments historiques. Catalogue des relevés,
dessins et aquarelles. Paris, Impr. Nationale; in-8'', 435 p.), puis entrepris
avec M. de Baudot la publication de ces mômes archives (voy. Le Moyen
Age, XI, 246; XII, 450; le 1" fascicule du tome III vient de paraître).
Enfin tout récemment a paru une nouvelle liste des monuments classés avec
texte des loi et décrets à eux relatifs [Ministère de l'instruction publique
CHRONIQUE 421
et des beaux-arts. Monnnwnts historiques. Loi et décrets relatifs à la con-
sercation des inonuinents histori'/ues, liste des monuments classes, Paris,
Impr. Nationale, 1900; gr. in-8", 61 p.). Cette nouvelle liste témoigne par son
ampleur du labeur considérable et éclairé auquel se sont livrés les membres
de la Commission, les fonctionnaires qui y sont attachés et les architectes
chargés de la représenter dans les départements. A ceux de nos lecteurs que
cette question intéresserait particulièrement nous signalons, outre les ou-
vrages indiqués plus haut, une thèse de doctorat en droit, par M. Paris et
intitulée : Les Monuments his(u/-iques (Paris, 1891 ; in-S", 223 p.); un article
deM. J. Challamel paru dans VAnniudre de la législation française,
t. VII, qui contient d'utiles indications sur les mesures prises à l'étranger
pour la conservation des monuments historiques, et l'ouvrage plus récent
de M. J. A. von Helfert (Denhnialpflefjc, ôjlentliche Obsorf/efiir Gegen-
sfdnde der Kunst und des Altertluuns nachdem neuesten Stande Geset.:-
ifcbung in den rerschiedenen Culturstaaten (Wien, 1897; in-8°, 202 p.),
plus complet encore à ce dernier point de vue. A. V.
*
* *
M. Emile Bonnet, à qui l'on doit déjà d'intéressants travaux relatifs à
l'histoire et à l'archéologie du sud de la France, vient de publier une biblio-
graphie historique et religieuse du diocèse de Montpellier, y compris les
régions correspondant aux anciens évêchés réunis à celui de Montpellier.
Cette bibliographie disposée méthodiquement n'est pas une simple énumé-
ration de titres; l'auteur, qui connaît bien l'histoire religieuse de cette région,
a pu indiquer Tobjet réel de chaque ouvrage^ l'esprit qui a présidé à sa
rédaction, le point de vue où s'est placé l'auteur; enfin cette bibliographie
a encore un autre mérite et non des moindres, elle coniient. outre une
notice sur les livres imprimés, la mention des manuscrits rentrant dans le
cadre bibliographique de chacun des chapitres traités. Après un chapitre
consacré aux ouvrages généraux^ M. B. a pour chacun des diocèses anciens
de Maguelone, Montpellier, Béziers, Agde, Lodève et Saint-Pons-de-Tho-
mières établi les subdivisions suivantes : 1. Histoire du diocèse et des
évèques; 2. Abbayes, couvents, établissements hospitaliers et charitables,
confréries; 3. Paroisses, églises, chapelles; 4. Hagiographie; 5. Liturgie;
6. Enseignement religieux^ catéchismes; 7. Conciles, synodes, conférences,
règlements et affaires ecclésiastiques ; 8. Biographies ecclésiastiques ;
9. Polémiques religieuses (Réforme, Jansénisme). On ne saurait trop
souhaiter de voir suivre l'exemple de M. Bonnet dans d'autres régions de la
France; nous possédons déjà quelques bibliographies locales et quelques
catalogues des fonds d'histoire locale conservés dans des bibliothèques mu-
nicipales, mais en trop petit nombre; encore ces ouvrages sont-ils de
valeur très inégale, celui-ci comptera parmi les meilleurs; il resterait
maintenant à faire un dictionnaire bio-bibliographique montpelliérain.
A. V.
422 CHRONIQUE
* *
Pour faire suite au Catalogue général des manuscrits français de la Biblio-
thèque Nationale dont nous avons rendu compte précédemment {Le Moyen
Age, XII, p. 279), M. Omont a publié les deux premiers volumes du fonds
des nouvelles acquisitions franc^-aises ouvert en 1863 aux accroissements de
cette collection (Bibliothèqiw Naflonale. Catalorjiie f/cnè/-al des manuscrits
français. Xoiirrlles ac(/iiisif ions françaises, I-II : n"" 1-G508. — Paris,
E. Leroux, 1809-1900; 2 vol. in-8°, xxii-520 et xv-464 p.). Un troisième
volume paraîtra ultérieurement. Cette série comprend naturellement les mss.
les plus divers, textes littéraires et historiques, chartes, notes d'érudils, etc.,
et le catalogue échappe à toute analyse.
\. V.
Le tome I" des Mèlctnçjrs de littérature et d'/u'stoire rr/ir/iciises publiés
à l'occasion du jubilé épiscopal de Mgr de Cabrières, évoque de Montpellier,
1879-1899 (Paris, A. Picard, 1899; gr. in-8"). contient les études suivantes
qui se réfèrent au moyen âge: C. Douais : Les 0/-i(/iiies de l'èpiseopai ,
p. 1-48. — P. Batiffol : Hisloria acep/iala Arianuruni, p. 99-108. — Doni
Morin : Un écrit de saint Cèsaire d'Arles renfernauit un iè/noipnaf/e sur
les fondateurs des églises des Gaules, p. 109-124. — Abbé L. Duchesne:
Le Forum chrétien, p. 125-143. — Baron Desazars de Montgailhard :
Deux Wisigoths {saint Benoit d'Aniane et Guillannte de Toulouse,
fondateur de Gellone), p. 145-164. — Dom Du Bourg : Ahhage d'Aniane,
p. 165-194 . — L. Roche: Une Chronologie inédite des abbés de Saint-Guilhem -
du-Désert, p. 195-229. — Dom Cagin : Note sur le Sacrainentaire de
Gellone, p. 231-290. — J. Gay : Saint Adrien de Calabre, le monastère
basilien et le collège des Alb((nais, p. 291-305. — L. Couture: La Vie de
saint Luperc, p. 307-328. — A. Auriol : Sainte Cécile et la cathédrale
d'Albi, p. .329-342. — Cauvet : Entrée du serf dans les Ordres, p. 343-350.
— Doussot : Bernard Gui, écêque de Lodére, son opuscule inédit « De
ordinc offtcii niissa' >), p. 351-377. — Granier : Les Frères PrècJieurs de
Béliers j XI 1 1' -X VII' siècles ,Jortdat ion et réforme, p. 379-431. — L. Noguier :
L'Église Saint-Naiaire de Béliers, p. 433-445. — L. Noguier: L'Église
Saint-Étienne d'Agde, p. 447-4.53. — H. Denifle: Arnaud de Cercole, son
incasion en Prorence, p. 455-481. — J.-M. Vidal : La poursuite des
lépreux en 1321, p. 483-518. — Cassan : La Confrérie delà Sainte-Vraie-
Croix de Montpellier, ses statuts romans, 1294-1338, p. 519-541. —
Poujol -.Les Dominicains et les Domiidcaines au XIII' siècle à Montpellier,
p. 543-571.
LIVRES NOUVEAUX 423
LIVRES NOUVEAUX
392. AcHF.Lis (H.). Die Martyrologien, ihre Geschichte und ihr Wert. —
fîerlin. Weidniann, 1900; in-4°, viii-247 p. (Abhandlungen der kônigl.
Gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingon. Philol. liistor.-Klasse. Neue
Folge. III Bd. N'3.) (16 m.)
393. Altmann (W.). Regesta Impeiii . XI. Die Urkunden Kaiser Sig-
uuinds (1410-14.37). II Bd. 3 Lfg. Nachtiàge und Register zu Bd. I und
II. — Innsbruck, Wagner, 1900; in-4», iv p. et p. 433-.588.
394. Andrk-Pontier (L.). Histoire de la pharmacie (origines, moyen
âge, temps modernes). — Paris, Doin, 1900; in-8", xxi-730 p.
39,'). Anclade (Joseph). Notice sur un livre de comptes de l'église de
Fournes (Aude). — Montpellier, Hamelin frères, 1900; in-8^ 44 p. (Extr.
de là Ror. drs Lariffurs r^ornnnes.)
396. Appert (J.). LaVerderie de la Ferté-Macé au commencement du
xv' siècle d'après le grand Coutumier des forêts de Normandie, par Hector
de Chartres, chevalier^ maître et enquêteur des eaux et forêts pour le roi en
Normandie et Picardie. — Caen, Delesques, 1900; in-8", 16 p.. carte. (F.xtr.
de V Aiintuiiro dr l'Association normande .)
397. Arbois de Jubainville (H. D'). Les bas-reliefs gallo-romains du
musée de Cluny. — Paris, Leroux, 1900; in-8", 10 p.
398. Arbois de Jubainville (H. D'). Étude sur la langue des Francs à
l'époque mérovingienne. — Paris, Bouillon, 1900; in-16, xi-342 p.
399. AuBRY (Jean-Baptiste).— Œuvres complètes. T. VIII: Cours d'his-
toire ecclésiastique et théologie de l'histoire de l'Église, II. — Paris,
Retaux, 1899; in-8", 467 p.
400. AuiiRY (Pierre). Mélanges de musicologie critique. La musicologie
médiévale. Histoire et méthodes. Cours professé à l'Institut catholique de
Paris, 1898-1899. - Paris, H. Welter, 1900; in-4", vi-136 p. (20 fr.)
401. AvENEAU DE La Granciére. Lcs Romains dans le centre de la Bre-
tagne Armorique. La villa gallo-romaine de Guilly en Malguénac, canton
de Cléguérec (Morbihan). — Vannes, impr. de Galles, 1900; in-S", 7 p.
(Extr. du Bull, de la Soc. poli/ ni. du Morbihan.)
402. AvENEAu DE La Grancière. Les Romains dans le centre de la Bre-
tagne Armorique. Le Bain romain de Kerven-Lapaul en Melrand, canton
deBaud (Morbihan). — Vannes, impr. de Galles, 1900; in-8°, llp.,2 plans.
(Extr. du Bull, dr la Soc. polijm. du Movhihan.)
403. Babelon (Ernest). Guide illustré au Cabinet des médailles et
antiques de la Bibliothèque Nationale. Les antiques et les objets d'art. —
Paris, E. Leroux, 1900; in-18, xv-369 p. (5 fr.)
404. Baer (J.). Monumenta typographica vetustissima. Incunabein
CCCCXXIV: Lagerkatalog von J . Baer & C°. Meistaus den Bibliotheken
424 LIVRES NOUVEAUX
des Predigerklosters in Frankfurt, des Kai-meliterklosters in Hirsch-
horn, des Praemonstratenklosters in Weissenau und des Predigerklosters
in Wimpfen. — Frankfurt a. M., .1. Baer, 1900; in-8", 121 p. (1 m.)
405. Bamberger (S.)- Ilistorische Berichte liber die Juden der , Stadt
und des ehemaligen Fiirstent. Aschaffenburg. — Starssburg, J. Singer,
1900; in-8», v-112p.(3ra.)
106. Bardy (H.). Hache en silex poli, découverte à la Madeleine près
Saint-Diô, en décembre 1899. — Saint-Dié, impr. de Cuny (1900); in-S",
3p.
407. Baron (J.) et E. Soyez. Description de l'église cathédrale Notre-
Dame d'Amiens. — Amiens, impr. de Yvert et Tellier, 1900; in-8% ix-
253 p. 1 plan.
408. Baudot (A. de) et A. Perrault-Dabot. Archives de la Commis-
sion des monuments historiques. T. III, 1'' fasc. — Paris, H. Laurens et
C. Schmid, 1900; gr. in-4°.
409. Bazin (A.). L'alimentation à Compiègne. Les boulangers et les
poissonniers. — Compiègne, impr. deLefebvre, 1900; in-16, 104 p.
410. Bazin (A.). Le Petit Margny. — Compiègne, impr. de Lefebvre,
1900; in-8", 39 p.
411. Beaumanoir (Philippe de). Coutumes de Beauvaisis. Texte cri-
tique publié avec une introduction, un glossaire et une table analytique
par Am. Salomon. T. II. — Paris, A. Picard et fils. 1900; in-8°, xlviii-
5.55 p. (Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de
l'histoire.) (14 fr.)
412. Beauquier (Charles). Traditions populaires. Les mois en Franche-
Comté. — Paris, Lechevalier, 1900; in-S", 184 p.
413. Bezold (G. von), B. Riehl und G. Hager. Die Kunstdenkmale
desKônigr. Bayern vom 11 bis zum Ende des 18 Jahrh. IBd. Reg.-Bezirk
Oberbayern. 18 Lfg. — Munchen, J.Albert, 1900; in-lol. p. 1406-1532,
12 pi. (10 m.)
414. BiLLEL (H.). BaujolaisForez-Dombes. Thizy et les environs. Ar-
moriai et notes généalogiques, rédigés d'après les notes éparses laissées par
Etienne Mulsant. 2° vol. — Lyon. impr. de Rey, 1899; in-4% 364 p.
380grav. (40 fr.)
415. Blanc (Alphonse), l.e rappel du duc d'Anjou et l'ordonnance du
25 avril 1380.— Paris, Impr. Nationale, 1900; in-8% 24 p. (Extr. du Bull,
historique et philolof/iqiœ du Comité des tracaux historiques.)
416. Bobeau (Octave). Fouilles dans un cimetière antérieur au x" siècle,
à Langeais (Indre-et-Loire). — Paris, Impr. Nationale, 1900; in-8°, 20 p.
(Extr. du Bull, arcliroloiilquc du Comitr des traraux historiques, 1899.)
417. Borckel (A.). Gutenberg und seine beriihmtesten Nachfolger im
ersten Jahrhundert der Typographie, nach ihrem Leben und Wirken dar-
gestellt. — Frankfurt a. M., Klimsch. 1900; in-8°, xii-211 p. (3 m.)
418. Bories (Edmond). Notice historique sur Orgeval (Seine-et-Oise). —
Paris, impr. de KauSmann et Sausseret (1900); in-8". 32 p.
LIVRES NOUVEAUX 425
419. BoRRMANN (R.)- Aufnahmen mittelalterlicher Wand- und Decken-
malereien in Deutschland. 7 Lfg. — Berlin. E. Wasmuth, 1000; gr. in-fol.
6 pi . (20 ra . )
420. Douillet (A.) et L. Servikres. .Sainte Foy, vierge et martyre. —
Rodez, Carrère, 1900;in-4% xii-782 p.
421. BotRAssÉ (Abbé J.-J.). Abbayes et monastères de France (histoire,
documents, souvenirs et ruines). — Tours, Marne, 1900; in-4°, 224 p.
422. BouRDERY (Louis). Note sur un souterrain, refuge situé à Liviers,
commune de Jumilhac-le-Grand (Dordogne). — Limoges, V''« Ducourtieux,
1900; in-8%8 p., 1 plan.
423. BouTRON (F.). L'architecture aux Pays-Bas. — Paris, C.Schraid,
1900; in-4", 112 p. (5fr.)
424. Breidknbach (H.). Zwei Abhandlungen liber die tironischen Xoten.
— Darrastadt, H. L. Schlapp, 1900; in-8", 39 p. (1 m.)
425. Brissaud (J.). Manuel d'histoire du droit français (sources, droit
public, droit privé). 4' fascicule. — Paris, Fontemoing, 1900; in-8',
p. 769-1000.
426. Brossard (Joseph). Samuel Guichenou, historien de Bresse^ de
Bugey, de Bombes et de Savoie. — Bourg, impr. de Allombert, 1899; in-8%
1.39 p. et pi. (Extr. des Annales do la Soc. cVéunilation de l'Ain.)
427. Bruel (Alexandre). Inventaire d'une partie des titres de famille et
documents historiques conservés dans les papiers Bouillon, aux Archives
Nationales, pour faire suite aux inventaires rédigés par Baluze. — Paris,
Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8°, 62 p. (Extr.
de V Annuaire-Bulletin de la Sue. de l'histoire de France.)
428. Brune (Abbé). Les Reliques de l'abbaye de Baume-les-Messieurs
(Jura) et leurs anciens authentiques. — Paris, Impr. Nationale, 1899; in-S",
10 p. (Extr. du Bull, arcliùologique du Comité des trnraux historiques.)
429. Capeille (Abbé J.). Étude historique sur Millas. La seigneurie, la
commune et l'église depuis leurs origines jusqu'à la Révolution. — Céret,
Roque, 1900; in-8% xi-336 p. (2 fr. 50.)
430. Cartellieri (A.). Philipp II August, Konig von Frankreich.I Bd.:
116.5-1189, 3. Buch. Philipp August und Heinrich II von England (1186-
1189). - Leipzig, Dyk, 1900; in-8°, xviu p. et p. 193-322, 113-161, 4 pi.
(4 m. 50.)
431. Caudel. Les Premières invasions arabes dans l'Afrique du Nord, les
Byzantins, les Berbers, les Arabes avant les invasions. — Paris, Leroux,
1900; in-8", ii-213 p. (Extr. du Journal asiatique.)
4.32. Chardon Du Raxquet (H.). Cours d'art roman auvergnat, professé à
l'Université de Clermont-Ferrand (Faculté des lettres). — Clermont-Fer-
rand, impr. de Mont- Louis, 1900; in-8°, 51 p.
433. Châtelain (Emile). Paléographie des classiques latins. 14° livrai-
son : Valère-Maxime, Cornélius Nepos, Florus, Suétone, Justin, Quinte-
Curce, Histoire Auguste, Aurélius Victor, Ammien-Marcellin. ^ Paris,
Hachette, 1900; gr. in-fol., 15 pi. (15 fr.)
426 LIVRES NOUVEAUX
434. Chauvet (G.). Statistique et bibliographie des sépultures pré-ro-
mainesdu département de la Charente.— Paris, Impr.Nationale, 1900 ; in-8%
56 p. (Exfr. àuBiill. archéologique dit Coniité des (/■arat(,r his(orif/iies,\8^9.)
435. Chélaro (Raoul). La civilisation française dans le développement
de TAllemagne (moyen âge). — Paris, Société du « Mercure de France »,
1900; in -8", 359 p.
436. Chev.\lier (Chanoine U.). Sacramentaire et martyrologe de l'abbaye
de Saint-Rémy, martyrologe, calendrier, ordinaires et prosaire de la métro-
pole de Reims (viif-xiii'' siècles), publiés d'après les mss. de Paris, Londres.
Reiras et Assise. — Paris, A. Picard et fils, 1900 ; in-8", i.xxii-418 p., 9 pi.
(Bibliothèque liturgique. VII.) (10 fr.)
437. CoLLOMBET (Séraphin) et Emile Wailliez. Monographie de Four-
neaux, Modane-Garré. — Havre, impr. de Lemale, 1900; in-18, 112 p.
438. CoLLOx (Abbé A. ). Fouilles à la cathédrale de Poitiers. — Poitiers,
impr. de Biais et Roy, 1900; in-8% 31 p. (Extr. du Bn/I. de /,, Sur. des
Antijuaires de rOnest.)
439. CoRDiER (Richard). Francastel et ses environs à travers les siècles.
— Beauvais, impr. de Avonde et Bachelier, 1900; in-8% TZ p.
440. CouDERC (C). Documents inédits sur Guillaume Fichet et sa famille-
— Paris, Leclerc, 1900; in-8", 13 p. (Extr. du Bidl. du hildioplnle.)
441. CouppEY (Abbé Louis). Notes historiques sur le prieuré conventuel
d'Heauville, à la Hague. — Évreux. impr. de Odieuvre, 1898; in-B", 151 p.
442. CuRSCHMANN (F.). Hungersnôtc im Mittelalter, ein Beitrag zur
deutschen Wirtschaftsgeschichte des 8 bis 13 Jahrh. — Leipzig, B. G.
Teubner, 1900; in-8% vii-217 p. (Leipziger Studien aus dem Gebiete der
Geschichte. VI, 1.) (7 m.)
443. Darsy (F.-J.). Le Santerre. Etymologie de ce nom —Amiens.
impr. de Yvert et Tellier, 1900; in-8°, 9 p.
444. Daux (Camille). La Barque légendaire de saint Antonin, apôtre et
martyr de Pamiers. — Paris, 5, rue Saint-Simon, 1900; in-8°, 57 p.
11 dessins (Extr. delà Reçue des Questions /listorii/iies.)
44Ô. Dauzat (Albert). Études linguistiques sur la Basse -Auvergne, mor-
phologie du patois de Vinzelles. — Paris, E. Bouillon, 1900; in-8".
446. Decombe (Lucien). La Société archéologique d'IUe-et-Vilaine. Son
passé, son présent, notice lue à la Société le 13 février 1900, à l'occasion de
la tenue de sa cinq-centième séance. — Rennes, impr. de Prost, 1900 ;
in-8% 21 p.
447.DELISLE (L.). Un troisième manuscrit des sermons de Saint-Bernard
en français. — Paris, Impr. Nationale, 1900; in-4", 17 p. (Extr. du
Journal des Sarants.)
448. Deloche (Maximin). Etude historique et archéologique sur les
anneaux sigillaires et autres des premiers siècles du moyen âge. Description
de trois cent quinze anneaux, avec dessins. — Paris, Leroux, 1900; gr. in-8%
Lxv-402 p.
449. Demaison (L.). Les chevets des églises Notre-Dame de Châlons et
LIVRES NOUVEAUX 427
Saint-Rémi de Reims. — Paris, Impr. Nationale, 1899; in-8°, 28 p. (Extr.
du Bnll . archcnloriiqne du Comité des (raraiia- histoi'ù/ucs.)
450. Didier-Laurent (Dom E.). Un document à ajouter à l'iiistoire de
l'abbaye de Senones. Rôle de D. Thirion d'Antlielupt. — Saint-Dié, impr.
de Cuny. 1900; in-8'. IT) p. (Extr. Bull, dr la Snc. prdi/nitit/iiritic ms-
f/imnc.)
451. DiKHL (Charles). Introduction à l'histoire de Byzance. — Paris,
Leroux, 1900; in-8", 23 p. (Extr. do la Rrr. arrhro/oi/ii/iic.)
452. Discours prononcés sur la tombe de M. Arthur (ïiry, membre de
l'Institut, professeur à l'École des chartes, directeur adjoint à l'Ecole des
Hautes Etudes, le 15 novembre 189i). — Nogent-le-Rotrou. impr. de Dau-
peley-Gouverneur. 1900; in-8", 23 p., 1 portr. (Extr. de la Bililiol/i. dr l'Ecole
des chartes.)
453. DuBARAT (Abbé V.). Mélanges de bibliographie et d'histoire locale.
T. IV. - Pau, impr. de Maurin, 1900; in-8", viii-415 p.
454. DuBRix'iL (Abbé Louis). Sainte Rufine et saint Léobon, patrons de
l'ursac; l'église Saint-Pieire de Fursac; les prieurs-curés de Chambon-
îSainte-Croix. — Guoret, impr. de AmiauU, 1900; in-lO, 174 p.
455. DuFOURCQ (A.). De manichieismo apud Latinos quinto sextoque
stcculo atque de latinis apocrypliis libris (thèse). — Paris, Fontemoing,
1900; in-8", 122 p.
456. DuFOURCQ (A.). Etude sur les Gesta innrii/riini romains. — Paris,
Fontemoing, 1900; in-8". (12 fr. 50.)
457. Dujarric-Descombes. Le Guilanneu en Périgord. — Paris, Impr.
Nationale, 1900; in-8'', 8 p. (Extr. du Brdl. Instorique et p/iilol(>;/iqi(c du
Comité des Ttncatix liistofiques.)
458. Durand (Abbé Albert). Les monuments de Saint-Laurent-des-Arbres.
— Caen, impr. de Delesques, 1899: in-8°, 12 p. (Extr. du Compte rendu
du 64" Corif/rès arcliùolofjique de France, tenu en 1897 à Ximes.)
459. Durand (J,-P.). Notes de philologie auvergnate. — Paris, Maison-
neuve, 1900; in-8', 215 p.
460. Dzi.vrzKO (K.). Beitragezur Kenntnis des Schrift-, Buch- u. Biblio-
thekswesens. V. — Leipzig, M. Spirgatis. 1900; in-8% xi-84 p. (Samm-
lung bibliothekswissenschaftlicher Arbeiten. Xlll.)(5 m.)
461. Eberstadt (R.). Der Ursprung des Zunftwesens und die iilteren
Handwerker-Stiinde des Mittelalters. — Leipzig, Duncker und Humblot.
1900; in-8", v-201 p. (5 m.)
462. EiGNER (O.). Geschichte des aufgehobenen, Benedictinerstit'tes Ma-
riazell in Oesterreich mit Beniitzung des Ignaz Franz Keiblinger'schen
Nachlasses. — Wien, H. Kirsch, 1900; in-8°, xv-533 p. 5 pi. (7 m.)
463. Engels (M.). Die Kreuzigung Christi in der bildenden Kunst. Eine
ikonogr. und kunsthistor. Studie. — Luxemburg, St-Paulus-(iesellschaft,
1900: in-4'", 96 p.
464. Esnault (Abbé Gustave-René). Dictionnaire des artistes et artisans
manceaux. Notes et documents. — Laval, Goupil, 1899; 2 vol. in-8%
111-311 et 314 p.
428 LIVRES NOUVEAUX
465. Fabre (Abbé François). Notes historiques sur Saugues (Haute-Loire).
— Saint-Flour, impr. de Boubounelle, 1899; in-8", 368 p.
466. Farcy (Louis de). La broderie, du \i' siècle jusqu'à nos jours d'après
des spécimens authentiques et les anciens inventaires. Supplément. —
— Angers, impr. de .losselin-Belhoranie. IDOO; in-iol., p. 139-148, 34 pi.
467. Forestier (J.-J.). Curiosités patoises recueillies dans un coin du
Rouergue. — Paris, impr. de Merscli, 1900; in-16, vin-119 p.
468. FouRNiER (A.). Les Vosges, du Donon au Ballon d'Alsace.— Paris,
Ollendorff (1900) ; in-4°, 117 p.
469. Gabeau(A.). Le Prieuré de Montoussan. —l'ours, impr.de Bousrez,
1900; in-8°, 11 p. (Extr. du Bull, de la Soc. archèol. de Touraine.)
470. Gauthier (J.). L'Université de Besançon, des origines à la Révolu-
tion (Gray, 1287;Dôle, 1422; Besançon, 1691). De la Révolution à nos jours.
Organisation actuelle. — Besanoon impr. de Dodivers, 1900; in-8",
55 p.
471. Geispitz (Abbé G.). Notre-Dame de Paris, guide du visiteur. 3' édi-
tion entièrement revue, corrigée et augmentée. — La Chapelle-Montligeon,
libr. de N.-D. de Montligeon, 1900; in-32, iii-122p.
472. GÉRiN-RicARD (Henry de). Monographies des communes de Peypin,
la Destrousse, Belcodène, Gréasque, Saint-Savournin, la Bourine, Mimet
et Fuveau (archéologie et histoire), 1" série. Peypin. la Destrousse, Bel-
codène, et Gréasque. — Avignon, Seguin, 1900; in-S", vii-68p. (Matériaux
pour servir à l'histoire de Provence.)
473. Germer-Durand. Les Sceaux de la Maison-Carrée d'après les notes
de M. Germer-Durand. Mis en ordre par M. l'abbé François Durand. —
Nîmes, impr. de Chastanier, 1900; in-8% 39 p.
474. Gilliéron (J.) et E. Edmont. Atlas linguistique de la France. (Spé-
cimen.) — Paris^ H. Champion, 1900; in-fol.
475. Givelet (Ch.), H. Jadart et L. Demaison. Répertoire archéologique
de l'arrondissement de Reims. X : canton de Beine. — Reiras, Michaud,
1900; in-8°, 397 p.
476. Godefroy (Frédéric). Dictionnaire de Tancienne langue française.
T. X, fasc. 95: Permettre-Précieusement. — Paris, E. Bouillon, 1900;
in-4», p. 321-400.
477. Goldschmidt (P.). Gutenbergbuch. Festgabe fur das deutsche Volk
zur 500 Jàhr. Geburtstagsfeier des Erfinders der Buchdruckerkunst am
24 VL 1900. — Halle, Graphische Verlags-Anstalt, 1900; in-fol. 56 p.
(1 m. 50.)
478. Gosset (Alphonse), Basilique de Saint-Rerai, à Reims, histoire et
monographie complète précédées de la Vie de saint Rémi. — Paris, C. Bé-
ranger, 1900; in-fol. (50 fr.)
479. Grande (La) Encyclopédie. T. XXXVII: Poincarré-Rabbin. — Paris,
61, rue de Rennes (1900) ; in-4% 1208 p. 7 cartes.
480. GuiMET (E.). Les Isiaques de la Gaule. —Paris, Leroux, 1900; in-4°,
16 p. (Extr. de la Rce. archèol.)
LIVRES NOUVEAUX 429
481. Haenselmann (L.). Urkundenbuch der Stadt Braunschweig, ioi
Auftrage der Stadtbehôrden hrsg. II Bd, 3 Abth.:1316-1320. —Berlin,
C. A. Schwetske uiid Sohn, 1900; in-4", xviii p. et p. 441-749 (16 m. 40.)
482. Hamel (H.). UnteisLichungen zia- iilteren Territorial-geschichte des
Kirchen-Staates, — Gôttingen, Baudenhock uiid Riiprecht, 1900; in-8%
111-98 p., 1 carte (2 m. 50.)
483. Hartmann (L. M.). Geschiehte Italiens im Mittelalter. II, 1. Hôraer
und Langobarden bis zur Theilung Italiens.— Leipzig, G. H. Wigand
1900; in-8% ix-280 p. (9 m.)
484. Haseloff (Arthur). Les Psautiers de saint Louis. — Nogent-le-Ro-
trou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8". 25 p. E.xtr. des Mé-
moires de la Soc. nat. des Antiquaires de France.)
485. Hauck (A.).Kirchengeschichte Deutschlands. IL Die Karolingerzeit.
2° Aufl. 2" Hâlfte. — Leipzig, J. C. Hinriclis, 1900; in-8°, ix p. et p. 401-
842. (8 m. 50.)
486. Heinemanx (0. von). Die Handsciiriften der lierzogl. Bibliotliek zu
Wolfenbiittel. II Abth. 4Th.: Die Augusteischen Handschriften. IV.—
Wolfenbuttel, J. Zwissler, 1900; in-8°, iu-380 p., 23 pi. (20 m.)
487. Heinrich(A ).Geschichtliche Nachrichten uberNaumburga. B.,Frei-
waldau und Halbau. Aus den Quellen zusammengestellt — Sagan, R.
Schœnborn, 1900; in-8", iv-129 p. (1 m. 20.)
4î^8. Henry (Victor). Lexique étymologique des termes les plus usuels du
breton moderne. — Rennes, Plihon et Hervé, 1900; in-S" xxix-350 p.
(Bibliothèque bretonne-armoricaine. III.)
489. HoussAYE (A.). Moncon tour-de-Bretagne et ses environs. — Saint-
Brieuc. Guyon, 1900; in-8% 91 p.
490. Ilgen (Th.). Die westfàlischen Siegel des Mittelalters. Mit Unter-
stûtzung der Landrftànde der Provinz hrsg von Verein fiir Geschiehte und
Altertumskunde Westfalens. IV Hft. 3 (Schluss-) Abtig. : Die Siegel von
Adlingen, Bûrgern und Bauern der Bistùmer Minden, Osnabriick und
Paderborn. — Munster, Regensberg, 1900; in-iol., iu-38-75 p., 44 pi.
(20 m.).
491 . Imbart de i.a Tour. Les origines religieuses de la France. Les pa-
roisses rurales du iv'' au xi' siècle. — Paris, A. Picard, 1900; in-8°, 354 p.
(5fr.)
492. James (M. R.). Western mss. in the library of Trinity collège
Cambridge. Descriptive catalogue. Vol. I. — London, C. J. Clay and Sons,
1900; in-8". (15 sh )
493. Jérôme (Saint). Lettres choisies. Texte latin. Traduction nouvelle
et introduction par M. J.-P. Charpentier. — Paris, Garnier frères (1900);
in-18, xxiv-632 p. (Bibliothèque latine-française.)
494. Joanne. Angers et ses environs. Guide Joanne. — Paris, Hachette,
1899; in-16, 168 p.
495. Joanne. Chartres. — Paris, Hachette, 1900; in-16, 174 p. (Collection
des Guides Joanne.)
Moyen Age, l. XIII 23
430 LIVRES NOUVEAUX
496. JoANNE. Paiis, les environs. — Paris, Hachette, 1900, in-lG. (Collec-
tion des Guides Jeanne.) (5 fr.)
497. JoANNE. Plombières, Bains-les-Bains, Luxeuil, Bussang et leurs
environs. — Paris. Hachette, 1900; in-lG, 212 p. (Collection des Guides
Joanne.)
498. Joanne. Reims. — Paris^ Hachette, 1900; in-16, 178 p. (Collection
des Guides Joanne.)
499. JuRiTscH (G.). Der 3 Kreuzzug gegen die Husiten (1427). Ein
Beitrag zur Geschichte Kaiser Siegmunds und des Kônigr. Bôhmen, nach
den Quellen bearb. — Leipzig, G. Freytag, 1900, in-8", iii-52 p. (1 m. 50.)
500. Keuffer (M.). Beschreibendes Verzeichniss der Handschriften der
Stadtbibliothek zu Trier. 5 Hft. Die ascet. Handschriften, n'" 523-653 des
Handschriften-Katalogs- —Trier, Fr. Lintz, 1900; in-8°, vn-112i p. (3 m.)
501. KocH (H.). Pseudo-Dionysius Areopagita in seinen Beziehungen
zuui Neuplatonismus und Myterienwesen. Eine litterarhistorische Un-
tersuchung. — Mainz, F. Kirchheim, 1900; in-S", xii-276 p. (Forschun-
gen zur christlichen Litteratur und Dogmengeschichte. 1, 2-3). (8 m.)
502. Krause (A.). Zum Barlaam und Josaphat de Gui von Cambrai.
2 Tl: zur Mundart der Dichtung. — Berlin, R. Gartner, 1900; in-4°, 27 p.
(Progr.)(l m.)
503. Krohn (A.). Beitràge zur Geschichte der Saargegend. H. — Saar-
briicken, C. Schmidtke, 1900; in-S", iv-;î{65 p. (Mitteilungen des hist.
"Ver. f. die Saargegend. VII.) (3 m. 50.)
501. Labande (L.-H.). Fragment d'un inventaire estimatif du Trésor
royal de France (premier tiers du xv' siècle). — Paris, Impr. Nationale,
1900; in-8°, 8 j). (Extr. daBiill. archcolo;i'ti[ae du Comité des trucaux his-
toriques.)
505. La Forest-Divonne (C'° Henri de). Notes sur le château et le
mandement de Rumilly- sous-Cornillon (Haute-Savoie). — Annecy, Abry,
1900; in-8°, 16 p. (Extr. de la Rev. Scwoisiennc.)
506. Lahondès (de). Une statue de saint Louis à l'église de Saint-Vin-
cent de Carcassonne. — Paris, Impr. Nationale, 19J0; in-S", 12 p. (Extr.
du Bull, archéologique du Comité des travaux historiques .)
507. Laigue (Louis de). Découverte d'une sépulture antique dans l'île de
Wight. —Paris, Leroux, 1909; in-8", 4 p. (Extr. delaiîcf''. arc/iéolofjiqu.e.)
508. Laigue (C" René de). Le Temple gallo-romain de Leheroen AUaire.
— Vannes, impr. de Galles, 1900; in-S", 7 p.
509. Landry (Abbé Ch.). La mort civile des religieux, dans l'ancien
droit français. — Paris, Picard et fils, 1900; in-8'', xii-174 p.
510. Laroche (Ernest). A travers le vieux Bordeaux. — Bordeaux, Gou-
nouilhou, 1900; in-8% xii-322 p.
511. Lasteyrie (Robert de). Bibliographie des travaux historiques et ar-
chéologiques publiés par les Sociétés savantes de la France. T. 111, 2'' livrai-
son. — Paris, Impr. Nationale, 1899; in-4% p. 177-403.
512. La Tour (Henri de). Catalogue de la Collection Rouyer, léguée en
LIVRÇS NOUVEAUX 431
1897, au département des médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale
I : Jetons et mereauxdu moyen âge. — Paris. Leroux, 1899; in-8", xviii-.301
p. et pi.
513. l.AUER (Ph.). Annales de l'histoire de France à l'époque carolin-
gienne. Le règne de Louis IV d'Outremer.— Paris, E. Bouillon, 1900; in-8°,
379 p. (12 fr. ) (Biblioth. de l'École des Hautes-Études. 127.)
514. Le Court (Henri). Généalogie des branches normandes et perche-
ronnes de la maison du Buat (seigneurs, barons, comtes et marquis du Buat).
— Lisieux, impr. de Lerebour, 1895; in 4", 74 p.
515. Lefebvre (Charles). Leçons d'introduction générale à l'histoire du
droit matrimonial français (cours de doctorat). — Paris, Larose, 1900; in-8",
ix-502 p. (6 fr. 50.)
516. Legré (Ludovic). Un pliilosophe provençal au temps des Antonins.
Favorin d'Arles, sa vie, ses œuvres, ses contemporains. — Marseille, Au-
bertin et RoUé, 1900; in-16, vii-359 p.
517. Leidrade. I: Lettre de Leidrade, évoque de Lyon, à Charlemagne, sur
la réorganisation du clergé et la restauration des églises (vers 813-814),
publiée d'après les manuscrits de la bibliothèque de Lyon (Vidimus du
18 octobre 1447), par F. Desvernay. II: Lettre de Leidrade, traduction de
l'abbé H. Favier ; III: Bibliographie de Leidrade, évêque de Lyon, par
l'abbé J.-B. Martin; IV: Ouvrages ayant appartenu à Leidrade et portant des
notes autographes de dédicace, description par Félix Desvernay. V : Liste
des chanoines de l'église Saint-Étienne de Lyon vers l'an 830. — Lyon,
impr. de Vitte, 1899; in-8°, 32 p., facs.
518. Livre (Le) des miracles des saints de Savigny, d'après le ms. original
contemporain du roi saint Louis, et composé aux années 1213 et 1244, tra-
duit pour la première fois avec préambule par Hippolyte Sauvage. — Mor-
tain, impr. de Leroy, 1899; in-8°, 40 p.
519. LoEwiNSKi (H.). Die Lyrik in den « Miracles de Notre-Dame ». —
Berlin, R. Gccrtner, 1900; in-8", 27 p. (Progr.) (1 m.)
520. Loi et décrets relatifs à la conservation des monuments histo-
riques. Liste des monuments classés. — Paris, Impr. nationale, 1900; in-8",
65 p. (Ministère de l'instruction publique et des beaux arts.)
521. LoisNE (C" A. de). Anciennes chartes inédites en langue vulgaire
reposant en original aux archives du Pas-de-Calais (1221-1258). — Paris,
Impr. Nationale, 1900; in-8", 16 p. (Extr. du Bull, historique d p/iitoloi/i'/na
du Comité des Traraux historiques . )
522. Marchand (Abbé F.) La découverte archéologique d'Izernore. —
Bourg, impr. de Villefranche 1900; in-8°, 30 p. (Extr. du Bull, de la
Société, des sciences naturelles et d'ùrchéolofjic de l'Ain.)
523. Marquet de Vasselot (J.-J.). La croix reliquaire du trésor de
Reichenau. — Paris, Leroux, 1900, in-8°, 8 p., pi. (Extr. de la Rev.
archéolo(jique.)
524. Marsy (C" de). Notre bibliothèque locale. Oise et départements
voisins. II: 1897-1900. — Compiègne, impr. de Lefebvre, 1900; in-16,
147 p. (Extr. de la Dépêche de l'Oise.)
432 LIVRES NOUVEAUX
525. Martens(W.). Johann Gutenbei-g und die Erfindung der Buch-
druckerkunst. Ein Kulturgeschichtl. Bild zur 500 jàhr. Gedenkfeier von
Gutenbergs Geburtstag. — Karlsruhe, J. Lang, 1900; in-8", 46 p.
526. Marucchi (O.). Éléments d'archéologie chrétienne. II : Les cata-
combes romaines. — Roma, Desclée, Lefebvre e C°; 1900; in-8°, 452 p.
(61.)
527. Maurice (Jules). De la classification chronologique des émissions
monétaires de bronze sous le Bas-Empire romain, et en particulier au
iv" siècle, — Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900;
in-8°, 30 p. (Extr. des Mém. de la Soc. nationale des Antiquaires de
France.)
528. Mayer (E.). Hansa und Hasbannns im nordfranzôsischen Recht.
— Leipzig, A. Deichert, 1900; in-b", 47 p. (Extr. de Festijahc f. Heinrlch
Dernburg ^iiin Doktor-Juhilâum.){\ m. 60.)
529. Mazerolle (F.). Raymond Serrure. Biographie et bibliographie
numismatique. — Chalon-sur-Saône, impr. de Bertrand, 1899; in-8°, 18 p.
(Tirage à part de la Galette numismatiqtie française .)
530. Meynial (E.). Des renonciations au moyen âge et dans notre ancien
droit. — Paris, Larose (1900); in-8°, 35 p. (Extr. de ia, Noue elle Reçue
hist. de droit français et étranger.)
531. Michelet (J.). Les Croisades. — Paris, Calmann-Lévy, 1900; in-18.
(3 fr. 50).
532. Michelet (J.). Origines du droit français, avec une étude par Emile
Faguet. — Paris, Calmann-Lévy, 1900; in-18. (3 fr. 50.)
533. MoHL (F. G.). Les origines romanes. Étude sur le lexique du latin
vulgaire. — Prag, Fr. Rivnâc, 1900; in-8°, 144 p. (Extr. des Sit^ungsber.
cl. k. bôhm. Gesellsch. der Wissenschoften.)
534. MoREL (Abbé). Aperçu de la liturgie des diocèses de Beauvais,
Noyon etSenlis, du xiii' siècle au xvii'. — Paris, Impr. Nationale, 1900;
in-8°, 19 p. (Extr. du Bull. Instorique et philologique du Coniitc des tra-
vaux histor^iques.)
535. MoROSiNi (G.). La leggenda di Dante nella regione Giulia, nel vi cen-
tenario délia visione divina. — Triest, F. B. Schimpff, 1900; in-8", 31 p.
(Extr. daV Arclieografo Tricstino.)
536. MosxiER (Abbé S. -M.). Les saints d'Auvergne. Histoire de tous les
personnages de cette province honorés par l'Église d'un culte public. — ,
Paris, Lethielleux (1900); 2 vol. in-8", 794 et 768 p.
537. MuLLER (Chanoine). L'église et l'abbaye de Boscherville. — Beau-
vais, impr. du « Moniteur de l'Oise », 1900; in-8", 12 p. (Extr. des Mèin.
de la Soc. académique de l'Oise.)
538. Musées (Les) de départements et les objets d'art et d'archéologie
relatifs à Paris. — Nogent-le Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1903;
in-8", 10 p. (Extr. du Bull, de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-
de-France.)
539. Nanglard (Abbé J.). Pouillé historique du diocèse d'Angoulême.
T. III. — Angoulôrae, impr. de Despujols, 1900; in-8", vin-582 p.
LIVRES NOUVEAUX 433
540. Neudeggkr (M. J.). Geschichte der bayerischen Archive. III b.
Ba5'erische Archivrepertorien und Urkundenregister im Reichsarchiv zu
Miinchen von 1314-1812. Mit Abhandlung : System und Systematisierung
der Papst-, Kaiser- und Landes- Register, auch Inventare, Bûcher und
Akten. Ein Beitrag zur Lehre vom Urkunden-Kanzlei- und Behôrden-
wesen. — Munchen, T. Ackermann, 1900; in-8", vi-243 p., 1 pi. (7 m.).
541. NûBLiNG (E.). Ulms Handel im Mittelalter. Ein Beitrag zur
deutsclien Stàdte- und Wirtschafts-Geschichte. Kleine Ausg. 1 Lfg: Ueber-
sicht liber die Entwicklungsgeschichte der Handelswege. — Ulm, Gebr.
Nùbling, 1900; in-8% vi-354 p. (6 m.)
542. Omont (Henri). Inventaire sommaire des nouvelles acquisitions du
département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale pendant les
années 1898-1899. - Paris, Leroux, 1900; in-8", 93 p.
543. Otto (P.), Das àlteste Geschichtsbuch der Stadt Wiesbaden. —
Wiesbaden, J. F. Bergraann, 1900; in-8°, xi-116 p. (Verôffentlichungen
der histor. Commission f. Nassau. II. Quellenschriften zur nassauischen
Rechts- und Verfassungsgeschichte, I.) (3 m.)
544. Pagart d'Hermansart. Documents inédits contenus dans les
archives de Saint-Omer. — Paris, Irapr. Nationale, 1900; in-8% 7 p. (Extr.
du Bull, historique et p/iilolof/if/i(c du Ci^mitè des travaux historiques.)
545. Paris (Gaston). Poèm.es et légendes du moyen âge. — Paris, Soc.
d'édition artistique, 1900; in-8°. (6fr.)
546. Paul (J. B.). Heraldry in relation to Scottish history and art. —
Edinburgh, D.Douglas, 1900; in-8". (10 sh. 6d.)
547. Payan d'Augery (Abbé). Le Refuge des filles repenties. Notice
historique sur la maison de Marseille depuis le xiv" siècle jusqu'à nos jours.
2' édition. — Marseille, Impr. marseillaise, 1900; in-S", 72 p.
548. Pelé (Armand). Courville. Essais historiques. — Vannes, Lafolye,
1900; ln-8», 155 p.
549. Pérot (François). Silex taillés de la période néolithique donnant
des profils humains ou d'animaux. — Autun, Dejussieu, 1899; in-8% 19 p.
et pi. (Extr. du Bull, delà Soc d'histoire naturelle d' Autun.)
550. Perroni-Grande (L.). Délia varia fortuna di Dante a Messina.
— Messina. V. Muglia, 1900; in-8% 24 p. (1 m.)
551. Pfeilschifter (G.). Die authentische Ausgabe der 40 Evangelien-
homilien Gregors des Grossen. Ein erster Beitrag zur Geschichte ihrer
Ueberlieferung. — Miinchen, J. J. Lentner, 1900; in-8% xii-122p. (Ver-
ôffentlichungen aus dem kirchenhistorischen Seminar Miinchen. IV.)(3 m.)
552. Philippe de ThaOn. Le Bestiaire de Philippe de Thaiin, texte cri-
tique publié avec introduction, notes et glossaire par E. Walberg. — Paris,
Welter, 1900; in-8". (7 fr.)
553. Pierfitte (Abbé). L'ancien Vittel. — Saint-Dié, impr. de Cuny,
1900; in-8", 31 p., 2 pi. (Extr. du Bull, de la Soc. p/iilonioth. ros;jienne.)
554. PoGGE. Les Facéties de Pogge, Florentin. Traduction nouvelle et
intégrale accompagnée des Moralitez de Guillaume Tardif, suivie de la
434 LIVRES NOUVEAUX
Description des bains de Bcade (xv'= siècle) et du dialogue « Un vieillard
doit-il se marier? » Édition annotée, précédée d'une notice sur Pogge, sa
vie, son œuvre et ses traducteurs par Pierre Des Brandes. — Paris, Garnier
frères (1900); in-8% lxix-481 p. (3 fr.)
555. PouLiiNC (V.-A.)- La Coutume de Paris. — Paris, impr. de Jourdan,
1900: in-8°, 149 p.
556. Prarond (E.). Les mœurs épulaires de la bourgeoisie provinciale,
xv'-xviu" siècle. Abbeville à table et les convivialités de l'échevinage. —
Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8% 113 p. (Extr. de ta PicarxUc.)
557. Quentin (Le P. Henri). Jean-Dominique Mansi et les grandes col-
lections conciliaires. Étude d'histoire littéraire, suivie d'une correspon-
dance inédite de Baluze avec le cardinal Casanate et de lettres de Pierre
Morin, Hardouin, Lupus, Mabillon et Montfaucon. — Paris, E. Leroux^
1900; in-8%272 p. (5 fr.)
558. QuiLGARS (Henri). Exploration dans la commune de Pénestin et
fouilles du tumulus de Méarzein. — Vannes, impr. de Galles, 1900; in-8%
10 p. (Extr. du Bull, de la Société pohjinaihiquc du Morbi/ian.)
559. Raymond (P.). Histoire du Hainaut français depuis les temps les
plus reculés jusqu'à nos jours. - PariS;, Lechevalier, 1899; in-4°,822-xxxi p.
(8fr.)
560. Raynaud (Gaston). La complainte de Paris en 1463. — Nogent-le-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8°, 8 p. (Extr. du Bull,
de la Soc. do Vlnsloire de Paris et de l'Ile-de-France.)
561. Reichert (B. m.). Acta capitnlorum generalium ordinis Praedica-
torura. Vol. III: Ab a. 1380 asque ad a. 1498. — Stuttgart, J. Rotli, 1900 ;
in-8", xiii-437 p. (Monuraenta ordinis Fratrum Praedicatorura historica.
VIII. )(8 m.)
562. Reichert (B. M.). Litterae encyclicae magistrorum generalium
ordinis Praedicatorum ab a. 1233 usque ad a. 1370. — Stuttgart, J. Roth,
1900; in-8", ix-347 p.(Monumenta ordinis Fratrum Praedicatorum historica.
V.)(7m.)
563. Remy (Emile). Le Dauphiné pittoresque. Monographie de la ville
de Njons. — Grenoble, Gratier, 1900; in-8°, 83 p.
564. RiEDEL (\V.). Die Kirchenrechtsquellen des Patriarchats Alexan-
drien zusammengestelit und zum Teil libers. — Leipzig, A. Deichert,
1900; in-8", iv-310 p. (7 m.)
565. Rituel de Saint-Martin de Tours (xiii" siècle), par A. F. Troisième
partie. — Mesnil (Eure); impr. de Firmin-Didot. 1900; in-8", p. 49-93.
.')66. Robert (Ulysse). Les origines du théâtre à Besançon. — Nogent-le-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8°, 19 p. (Extr. des
Mèin. delà Soc. nationale des Antiquaires de France.)
567. Robert-Garils (E. de). Monographie d'une famille et d'un village.
La famille de Robert et les gentilshommes verriers de Gabre. — Tou-
louse, E. Privât, 1899; in-8", 427 p.
568. RosENTHAL (J.). Incunabula biblica. Catalogue d'une collection d'in-
LIVRES NOUVEAUX 435
cunables, décrits et ollerts aux amateurs à l'occasion du cinquième cente-
naire de Guttenberg.— Mûnehen, J. Rosenthai, 19(J0; in-H", 232 p.,, 80 lacs.
(3 m.)
569. RosEROT (Alphonse). Les abbayes du département de l'Aube.
Abbayes de Montieramey^ de Bar-sur-Aube (Saint-Nicolas), de Clairvaux
et de Larrivour. Additions et corrections à la Gallia christiaua, tomes IV
et Xli, 3" partie. — Paris,, Impr. Nationale, 1900; in-8", 16 p. (Extr. du
BuU.htst. et philol. du Condtc dcntracaux liisloriqiws .)
570. Saint-Paul (Antliyme). Note archéologique sur Saint-Sernin de
Toulouse. — Paris, Impr. Nationale, 1900; in 8", 20 p. (Extr. du £«//.
aic/u'o/o(/ifjue du Comité des travaux historiques.)
571. Sabatier (Paul). Collection de documents pour l'histoire religieuse
et littéraire du moyen âge. T. II: Eratris Erancisci Bartholi de Assisio,
Tractalus deindulgentia S. Mariae de Portiuacula. — Paris, Eischbachcr,
1900; in-8°, clxxxiv-204 p.
572. Salembier (L.). Une double élection pontificale à la tin du xiv" siècle:
Urbain VI et Clément VII. — Paris, Sueur-Charruey, 1900; in-8", 47 p.
(Extr. de la Bec. de Lille.)
573. ScHLUMBERGER (Gustave). L'épopée byzantine à la fin du x'' siècle.
II :Basile II, le tueur de Bulgares. — Paris, Hachette, 1900; in-8". (30 fr.)
574. ScHNÛRER (G.). Die Verfasser der sogenannten Fredegar-Chronik.
— Freiburg, Universitàts-Buchhandlung, 1900; in-4% v-264 p. (CoUec-
tanea Friburgensia. IX.)
575. ScHOPFER (Jean). Documents relatifs à l'art du moyen âge contenus
dans les manuscrits de N. C. Fabri de Peiresc, à la bibliothèque de la ville
de Carpentras. — Paris, Impr. Nationale,, 1900; in-8°, 68 p. et pi. (Extr.
du Bull, arclièolofjiqne du Comité des tracau.v Instoriqucs.)
576. ScHucHHARDT (C). Das Rômer Castell bei Haltern an der Lippe. —
Berlin, G. Reimer, 1900; in-8°, 14 p., 1 pi. (Extr. des Sit.zun/jsber. d,
preuss. Alatd. der Wissenschaften.) (0 m. 50).
577. Serbat (Louis). Une inscription du xi" siècle. — Caen, impr. de
Delesques, 1900; in-8", 7 p. (Extr. dnBidl. monumental.)
578. Sery (Chanoine A.). Une léproserie de Nevers. Saint-Lazare-lès-
Nevers. — Nevers, impr. de Vallière, 1900; in-8°, 20 p. (Publication de
la Soc. nivernaise des lettres, sciences et arts.)
579. Sire (Les) de Narcy. Extraits des documents concernant la maison
deNettancouit. —Paris, Firmin-Didot, 1899; in-8",x-127 p.
580. Société archéologique du Gers. Soirées archéologiques aux archives
départementales. VIII. Année 1899. — Auch, impr. de Foix, 1899; in-8",
xv-206 p.
581. SoLYMA(Domenico). Osservazioniletterarie, délia origine délia lingua
italiana flno alla « Vita uuova » di Dante Alighieri. — Roma, tipogr.
Agostiniana. 1900; iu-16, 115 p.(l 1. 25.)
582. Thibault (F.). Les impôts directs sous le Bas-Empire romain. —
Paris, A. Fontemoing, 1900; in-8", 116 p. (4 fr.)
436 LIVRES NOUVEAUX
583. Thoison (Eugène). Notes sur cinquante-quatre fondeurs de cloches.—
Paris, Impr. Nationale, 1899; in-8", 16 p. (Extr. du Bull. archi'olo(ji(/uc
du Comité des travaux historiques .)
584. Trostorff(J. von). Beitràge zur Geschichte des Niederrheins mit
besond. Berùcksicbt. der Kirchen- und Klostergeschichte und der Ge-
schichte einzelner Adelsgeschlechter. 4-5 Tl. — Dusseldorf, Schmitz &.
Olbertz, 1900; in-8% iv-121 et 111-86 p. (6 m.)
585. Ueberhorst (W.). Fûhrer fur die bayerischen Konigsschlosser.
Eingehende Beschreibung der Schlosser Herrenchiemsee, Berg, Linderhof,
Hohenschwangan, Neuschwanstein sowie der Reisewege dahin. Zugleich
Fùhrer fur Mùnchen und Umgebung, Starnbergsee, Chiemsee, Plansee,
Fiissen, Partenkirchen-Garmisch. 4' AuH. — Leipzig, Amthor, 1900;
in-12, iv-84 p. (1 m. 50.)
586. Vallée (Eugène). Cartulaire de l'abbaye du Ronceray d'Angers.
Introduction et table alphabétique des noms. Imprimé sous les auspices et
aux frais du comte Bertrand de Broussillon. — Paris, A. Picard et fils,
1900; in-8% p. i-xv,et 385 à 495. (4 fr. 50.)
587. Valois (Noël). Note sur l'origine de la famille Jouvenel des Ursins.
— Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900 ; in-8% 14 p.
(Extr. des Mèm. de la Soc. de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France.)
588. ViARD (Jules). Les journaux du Trésor de Philippe VI de Valois,
suivis de l'Ordinarium Thesauri de 1338-1339. — Paris, Leroux, 1899; in-4°,
Lxxiv-1026 p. (Collection des documents inédits sur l'histoire de France.)
(25 fr.)
589. Weis (J. C.). Julian von Speier (f 1285). Forschungen zur Fran-
ziskus- u. Antoniuskritik, zur Geschichte der Reimofïlzien und des
Chorals. — Miinchen, J. J. Lentner, 1900; in-8°, vni-155 p. (Verôffen-
tlichungen aus dem kirchenhistorischen Seminar Miinchen. 111.(3 m. 60.)
590. Wirtembergisches Urkundenbuch, hrsg. von dem kônigl. Staats-
archiv in Stuttgart mit Unterstutzung der Koramission fur Landesge-
schichte. VII Bd. -Stuttgart, K. Aue, 1900; in-4", xxxii-553p. (10 m.)
591. Wutke(K.). Codex diplomaticus Silesiae, hrsg. vom Vereine fur
Geschichte und Alterthum Schlesiens. XX : Schlesiens Bergbau und Hùt-
tenwesen. Urkunden (1136-1528). - Breslau, E. Wohlfahrt, 1900; in-4%
vii-302 p. (10 m.)
Le Gérant : V^e E. Bouillon.
CHALON-S-S., impr. FRANÇAISE ET ORIENTALE DE L. MARCEAU, E, BERTRAND, s'
DEUX CHANTIERS BORDELAIS
(1486-1521)
Far J.-A.. BRUTAILS
(suite)
CHAPITRE V
TRAITEMENTS ET SALAIRES
/. — Traitement du maître d' œuvre) combinaison habi-
tuelle d'un traitement annuel et d'un salaire journalier ;
quelques chiffres comparatifs.
II. — Salaii'e des ouvriers : maçons., divers modes de rétribu-
tions et chiffres; salaires moindres l'hiver; les chômages;
gratifications. Manœuvres et ouvriers des divers corps
d'état.
I. — Dans son introduction au Dictionnaire des Architectes
français, M. Lance a réuni sur les honoraires des maîtres
d'œuvre une série de renseignements \ En voici quelques
autres qui pourront être ajoutés à ceux-là.
Le contrat de 1464 assure à Lebas 24 liards (1 fr. 80) par
1. T. I, pp. XXI et suiv. — La présente étude était rédigée et mise au
net quand a paru le t. III de l'ouvrage de M. d'Avenel sur les salaires ; je
me bornerai à prévenir que ce volume renferme un certain nombre d'indi-
cations relatives aux matières qui ont été traitées ici. Je n'entends pas d'ail-
leurs prendre à mon compte les assertions de M. d'Avenel; cet auteur est,
on le sait, un de ces guides qui ne dispensent pas de consulter fréquemment
la carte et la boussole, si l'on tient à éviter crevasses et précipices.
Moyen Age, t. XIII. 24
438 J. A. BRUTAILS
journée de travail effectif, à condition de ne pas consacrer
plus dîme heure à une autre entreprise, et 20 liards (1 fr. 50)
à chacun de ses valets.
Il est à présumer que le traité écrit était incomplet, et qu'aux
termes d'une clause orale Lebas jouissait d'une allocation
complémentaire. Cette allocation ne figure pas, il est vrai, sur
les comptes de P. du Grava et de Grimon Eyquem; mais elle
pouvait être payée par d'autres que la fabrique. « Un salaire
quotidien joint à une indemnité annuelle, tel fut généralement,
durant plusieurs siècles, le mode de rémunération adopté pour
les architectes. L'artiste était payé tant par jour pour son
travail effectif, et il lui était alloué en outre, à titre d'hono-
raires, pour la direction des travaux et la surveillance des
ouvriers, une pension annuelle ou mensuelle \ »
Les maîtres d'oeuvre de Saint-André pouvaient gagner à la
fois leur salaire journalier de 20 liards ou 5 sols tourn. (1 fr. 50) ',
leurs « gages comme maistre », soit 10 livres tourn. ' (60 fr.)
par an, enfin les bénéfices des travaux par eux entrepris à
forfait.
En 1261, l'abbaye de Saint-Gilles promettait à Martin de
Lonay : la nourriture pour lui et son cheval tous les jours, un
salaire de 2 s. tourn. (2 fr. 02) par journée de travail, enfin
une pension annuelle de 100 s. tourn. (101 fr.) pour robes''.
Vers 1320, le maître d'œuvre de la cathédrale de Narbonne
traitait avec le chapitre de Girone: il devait au chapitre six
mois par an et recevait 1.000 sous de tern' (environ 720 fr.) \
En 1448, les avantages accordés à Botarel, architecte de
1. Lance, op. cit., t. I, pp. xxii. — Cf. pour les gages d'Eudes de Mon-
treuil, en 1286, V. Mortet, dans le Bulletin monumental de 1899, p. 77, et
pour les gages d'Hugues Morel, architecte de la Chaise-Dieu en 1344, Miintz,
dans la Reruc des Questions historir/iies du 1" juillet 1899, p. 31.
2. 30 mai 1.510. G 505. - 31 mai 1510. Jbid. — 24 juillet 1519. G 509. - Etc.
3. 1508-1509. G 504. - 20 janvier et 14 juin 1511. G 505. — Etc.
4. Quicherat, Mélanges, Archéologie du moyen âge, p. 177.
5. V. Mortet, dans les Annales du Midi, 1899, pp. 275-276.
6. Voir mon Étude sur la condition des populations rurales du Rous-
sillon, p. 62.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (14861521) 439
Saint-Michel, sont les suivants : 22 liards par jour l'été,
20 liards par jour Thiver, comme son compagnon, un peu
plus que son apprenti, à qui on donnait 16 liards ; mais
Botarel jouissait, en outre, d'appointements fixes de 40 livres.
Le franc bordelais valant 25 sous\ en supposant 250 jours
de travail effectif, le total annuel du salaire quotidien
atteignait
99 4_ OQ
^^^~ X 250 X 1.25 = 109 1. b. 7 s.
2 X 60
Le traitement fixe valait plus d'un tiers en sus'.
Lebas fils reçut, pour la période qui s'étend du troisième
dimanche d'août 1486 au dernier dimanche de septembre 1494,
une somme de 1.575 fr. b. 22 liards {7.089 fr.l5)^ Seulement,
ce chiffre comprend aussi les salaires des valets et même
d'autres payements, qui faisaient l'objet d'un mémoire : « Tant
pour 2 francs [bordelais] qu'il reçoit chaque dimanche que
pour autres payements, comme il apparaît article par article, et
cela tant pour ses journées que pour ses valets. » Les hono-
raires de Lebas, pour 425 dimanches montent à 850 fr. b.
(3.825 fr.). Deux francs bordelais (9 fr.) par semaine, en sup-
posant six journées de travail, cela met la journée à 20 liards
(1 fr. 50). Nous voyons quelques salaires plus élevés figurer au
compte des menuisiers (24 liards, soit 1 fr. 80) et des valets
charpentiers {22 liards, 1 fr. 65): c'est une raison déplus pour
penser que Lebas recevait par ailleurs une indemnité complé-
mentaire. Un autre argument à faire valoir à l'appui de cette
opinion, c'est qu'en règle générale les honoraires des architectes
étaient plus élevés. Sans reprendre les chiffres indiqués par
Lance, voici quelques exemples que cet auteur n'a pas connus :
1. 17 juin 1497. « Quarante francs, coraptatz cascun per vint et sincq
sodz de la moneda corssabla a Bordeu. » (G 2262).
2. En 1478-1479, le sous-maître de l'œuvre du Castillet Notre-Dame, à
Perpignan, cumulait des appointements fixes de 100 s. par an et un salaire
de 2 s. par journée de travail (Voir mon Étude ai-chéologique sur le Cas-
tillet,^. 63).
3. G 2252, fol. 110.
440 J.-A. BRUTAILS
Martin de Lonay, qui n'était cependant pas un artiste de
talent, recevait, ainsi qu'il vient d'être dit, 2 s. tourn. (2 fr. 02)
par jour de travail et 100 s. tourn. (101 fr.) par an, et ce en 1261,
c'est-à-dire à un moment où le pouvoir de l'argent était plus
fort qu'au temps des Lebas , Guillaume Géraud , maître
d'œuvre de Saint-André, Saint-Seurin et Saint-Michel de
Bordeaux, touchait, en 1420, à la seule caisse du chapitre
Saint-Andréj 100 guiennois d'or par an'. Colin Trenchant,
maître d'œuvre de Saint-André et de Saint-Seurin, avait, en
1425, 70 livres par trimestre du même chapitre Saint-André :
or, il ne devait que la moitié de son temps à l'œuvre de la
cathédrale, et il était convenu que, s'il trouvait un architecte
pour Saint-Seurin, on élèverait son traitement jusqu'au chiffre
habituel.
Il convient de dire qu'en outre des 850 fr. b. de ses gages,
Lebas reçut encore quelques menues sommes à titre de frais
de déplacement. Quand il allait à la carrière du Tourne, il lui
était alloué une indemnité de 12 liards (0 fr. 90) à 30 liards
(2 fr. 25)'.
Les chanoines de Saint-André accordaient de même à leur
maître d'œuvre des indemnités : 14 fr. b. (63 fr.), parce
qu'il avait pris beaucoup de peine et usé ses vêtements^;
2 livres tourn. (12 fr.), le jour où il commence un travail
important"; 10 sols tourn. (3 fr.), « pour faire les despens, et
ce pour aller quérir de la chaulx en Fronsadès' », etc.
IL — Tous les ouvriers de Saint- André étaient à la journée.
1. 6 août 1420. « Domini decanus et capitulum ordinaverunt quod ,de
cetero dentur magistro Guillelmo Geraldi, magistro operis et fabrice istius
ecclesie, pro salarie suo centum guianenses auii, computando XXV solidos
rnonete currentis Burdegale, annuatim ad beneplacitum capituli, ita quod
ipse faciaf, debitum suurn et quod non recipiat alia opéra in aliis locis,
exceptis ecclesiis Sancti-Micbaelis et Sancti-Severini Burdegale, quas ipse
a principioquando fuit receptus excepit » (G 284, fol. 2 v").
2. 19 février 1487; 21 juillet 1487 , 17 mai 1488; 6 septembre 1489.
3. 24 décembre 1511. G .505.
4. 1519-1Ô20. G 509.
5. 3 juillet 1.519. G 509.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS 1486-1521) 441
A Saint-Michel, les compagnons maçons pouvaient être à
l'année, au mois, à la journée ou aux pièces; tel était au
mois qui demeura peu sur le chantier' ; tel autre qui fut long-
temps fidèle à la fabrique, resta employé à la journée, comme
Yvonet Alain, ou aux pièces^ comme Guillaume Gauteyron.
Ces divers modes de rétribution étaient successivement usités
pour un même compagnon: il i)Ouvait traiter pour un an, être
ensuite à la journée pour un temps plus ou moins long, et de
nouveau se louer à l'année. Guillaume le Reynart travaillait
à la journée en 1489% au mois ou à l'année en 1491 et 1492' ;
il s'engagea pour un an^ qui finit le 15 mars 1493, toucha, le
6 avril suivant, le salaire de 12 journées, et le 16 avril 1494,
le traitement d'un an. Guillaume Gauteyron fut à la journée
en juillet 1488; plus tard nous le voyons tailler des pierres
aux pièces\ puis de nouveau travailler à la journée'.
La paye avait lieu à Saint-Michel, même pour les ouvriers
à la journée, à des intervalles inégaux. Nous ne voyons pas
que l'usage existât alors, comme il a existé depuis à la môme
église% de payer les maçons tous les samedis soir.
Les compagnons à l'année ou au mois avaient d'ordinaire
60 fr. b. (270 fr.) par an, 5 fr. b. (22 fr. 50) par mois. Ces
chiffres n'étaient pas invariables. Les parties les débattaient
parfois: le 30 novembre 1495, Huguet Bauducheau recevait
60 fr. b. pour treize mois, « marcat feyt », marché conclu.
Le même avait en 1488-1489' 56 fr. b. par an (252 fr.). En
décembre 1490, janvier et février 1491, Guillaume le Reynart
était aux gages de 4 fr. b. (18 fr.) par mois; il passa dès le mois
suivant à 5 fr. Colas Baluteau travailla en 1496 et 1497 à
raison de 40 fr. b. (180 fr.)'.
1. 16 novembre 1491. Payement de sept mois à Mathelin Victot.
2. 5 octobre 1489.
3. 1" février, 28 février, fin mars, 16 novembre 1491 ; 29 février 1492.
4. 5 octobre 1489.
5. Septembre 1493.
6. Instructions pour les ourricrs de Saint-Michel (G 2223).
7. 24 décembre 1488; 4 avril 1489.
8. 29 août, 31 décembre 1496; fin décembre 1497. .
442 J. A. BRUTAILS
Quand les maçons de Saint-Michel étaient à la journée,
leur rétribution était moindre l'hiver que l'été. Cet usage était
fréquent': les journées de Botarcl lui étaient payées l'hiver
les 10/11 de ce qu'elles lui étaient payées l'été.
Pour les compagnons maçons de Saint-Michel Jes variations
de prix s'étendent de 20 liards (1 fr. 50) à 12 liards (0 fr. 90).
Ces deux salaires sont exceptionnels: le premier est celui de
deux maçons qui, en septembre 1489^ élevaient la flèche; le
second, qui est, je crois, unique dans ce registre, fut payé, le
13 mars 1496^ à un ouvrier qui maçonnait des fondations.
Pendant l'hiver de 1490-1491, il y eut des journées à 13 liards
(0 fr. 97) ^ On en trouve dans le registre de comptes un assez
grand nombre à 15 liards (1 fr. 12) : GLillaume Gauteyron
fut rétribué sur ce pied, de même que so:i valet, en juillet 1488;
Bernard le Bigourdan reçut, en novembre 1493, le prix de
18 journées à 16 liards (1 Ir. 20) et 6 journées à 15 liards
(1 fr. 12); Guillaume le Reynart lui-même est couché sur le
compte, à la date du 6 avril 1493, pour 12 journées à 15 liards.
Il faut dire que pendant les premières et les dernières années
de la période 1486-1497, les salaires furent sensiblement plus
élevés: pendant les années intermédiaires, le taux habituel était
de 16 liards (1 fr. 20) l'été, au lieu de 18 liards (1 fr. 35),
et de 15 liards (1 fr. 12) l'hiver, au lieu de 16 liards.
Les maçons de Saint-Michel gagnaient, hiver comme été,
une journée constamment égale, 16 liards, 4 sols tourn.
(1 fr. 20)*. Il est bien entendu que, sur tous les chantiers, le
1 . Quicberat signale un fait analogue à Troyes (Mèlnnr/es, Archéologie
du moyen ûtje, p. 199). — Cf. ce qu'a écrit M. Mùntz dans la Revue de
Questions historiques du 1" juillet 1899, p. 31.
2. 5 octobre 1489.
.3. 18 décembre 1490; 1'' janvier 1491; 1" février 1491; 15 février 1491:
28 février 1491.
4. G 50Ô-50Q, passiin. — A titre de comparaison, voici les salaires du
personnel employé à la même époque, en 1516, à la cathédrale d'Angers :
maître charpentier, 7 s. 6 d.^ (ce qui équivalait à 30 liards bordelais);
ouvriers charpentiers, 4 s. (16 liards bord.); maître maçon, 7 s. 6 d.;
ouvrier maçon, 5 s. (^0 liards) ou 4 s. 3 d. (17 liards); valet, 1 s. 3 d.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (14861521) 443
chiffre des salaires était proportionné à l'habileté des ouvriers,
à la peine qu'ils prenaient. Le 21 mai 1518, on ne paya aux
maçons de Saint-André que trois sols tournois par jour(0 fr. 90),
parce que, dit le comptable, « lors les massons ne faisoit
que tailler la doelle^ ». En décembre 1511, les maçons de la
même église eurent jusqu'à 24 liards (1 fr. 80) pour travailler
jour et nuit à maçonner les fondations d'un pilier'. En juin-
JLiilletl512, on éleva leurs gages à 20 liards (1 fr. 50), parce
qu'ils travaillaient dans l'eau ^
Les salaires inférieurs ne paraissent pas subir de diminution
l'hiver. Pendant Tété de 1497, par exemple, Pierre Rambaud
touchait 16 liards (1 fr. 20), tandis que le reste de l'équipe avait
18 liards (1 fr. 35) : l'hiver, tous étaient traités de la même
façon, à 16 liards (1 fr. 20).
Les maçons étaient quelquefois aux pièces sur le chantier de
Saint-Michel, pour la taille des pierres*. La taille était payée
1 liard (0 fr. 075) le pied; il s'agit, je pense, du pied linéaire,
du pied en longueur, la hauteur d'assise étant fixée à environ
1 pied. Le mètre courant était payé 0 fr. 21 .
Taille des pierres d'angle, 6 liards 2/3 (Ofr. 50) ^
Taille des pierres de piédroit de la lanterne, 12 liards
(0 fr. 90)\
Taille des boutons, sans doute les pierres ouvragées sur les
faces de la flèche, 20 liards (1 fr. 50) ^
(5 liards); manœuvres, 2 s., 15 d., 10 d. (8 liards, 5 liards, 3 liards 1/3).
(Congrès d'Angers, 1841, Bulletin monumental, t. VII, p. 506-507.)
1. G 508.
2. G 505.
3. 23 juin 1512. « Quia multum aqua habundabat in fovea » (G 506). —
28 juin. « Eo quia erant in aqua » (IbicL),
4. Encore trouve-t-on des tailleurs de pierre à la journée (10 février 1493).
5. 27 juin 1487; 6 juillet 1487.
6. 23 juin 1487; 30 juillet 1487. — Il s'agit, je crois, des piédroits mou-
lurés des arcs qui ajouraient le bas de la flèche. En octobre 1488, on couvrit
de tuiles cette lanterne, parce qu'on voulait arrêter les travaux ; quelques
jours après, on descendit les échafaudages.
7. 30 juillet 1487; 17 août 1487; 17 juillet 1489. - Baurein pensait
441 J.-A. BRUTAILS
Taille des crestas et hareUjeras, qui paraissent être les cro-
chets disposés sur les arêtes de la pyramide et sur les pinacles^
18 à 36 liards (1 fr. 35 à 2 fr. 70^).
Le rapprochement de ces divers chiffres suggère bien des
réflexions. Les traitements annuels ou mensuels donnent, pour
chaque jour de l'année ou du mois, un chiffre très inférieur
aux salaires journaliers : 5 fr. b. (22 fr. 50) par mois équi-
valent pour chacun des 30 jours du mois^ à 10 liards (0 fr. 75),
et nous savons que le salaire du maçon ne tombait pas aussi
bas. Cette constatation nous conduit à rechercher si les chô-
mages ne rétablissaient pas l'équilibre.
Il est de fait que^ sauf le cas d'urgence, où le calendrier était
oublié', fêtes et chômages étaient fréquents. On a souvent
signalé le grand nombre des fêtes célébrées par nos pères :
même à s'en tenir au côté matériel, comme certains écono-
mistes qui évaluent l'être humain en kilogrammètres, quand
l'ouvrier trouve en dehors du travail des distractions saines, il
est bon qu'il se repose souvent. Peut-être la France n'aurait-
elle pas été capable de l'effort gigantesque qu'elle a fourni à la
fin du xviiio siècle et au commencement du xix®, si les géné-
rations précédentes avaient été surmenées, comme une grande
partie de notre population actuelle, par un labeur sans trêve.
On voit l'importance de la question et qu'il n'est pas inutile de
reproduire une partie des renseignements que renferme, dans
cet ordre d'idées, le compte de la fabrique Saint-Michel :
Octobre 1489 31 jours
Yvonnet Alain, maçon, travaille..., 21 jours
que les boutons étaient les crochets d'angle, et que les crestas étaient les
pierres ouvragées des faces de la pyramide ; les crestas sont plus petites
en haut, et elles coûtent moins cher dans les articles les plus récents
[Variétés bordeloises, t. V, p. 169-170; nouv. éd., t. III, pp. 96-97).
La remarque est ingénieuse; mais la conclusion est-elle juste? Crestas et
harctijeras vont ensemble dans le texte; or, sur le sens de ce dernier
terme, il n'y a pas de doute possible.
1. 28 juillet 1489; 25 septembre 1489; 13 juillet 1490.
2. 12 octobre 1511; 7 décembre 1511; 7 août 1512, etc. (G 505 et 506).
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (14861521) 445
Novembre — 25 décembre 1489 55 jours
Le même 40 jours
Du 25 mars au 10 avril 1490 17 —
Léonard Bernet, maçon 13 —
Du 25 mars au 10 avril 1490 17 —
François Bauducheau, maçon 13 —
Du 11 avril au 28 mai 1490 48 —
Léonard Bernet 28 —
Du 11 avril au 31 mai 1490 51 —
François Bauducheau 31 —
Du 2 avril au 24 juin 1492 83 —
Pierre Torlet, maçon 58 —
Du 10 mai au 24 juin 1492 46 —
Yvonet Alain 29 —
Du 13 juin au 6 juillet 1492 24 —
Guillaume Vincent, maçon 8 —
Du 18 avril au 8 août 1492 113 —
Jean David, maçon 70 —
Du 9 août au 16 septembre 1492 39 —
Le môme . 24 —
Du 18 février au 15 avril 1493 57
Le même 43 —
Du lei" avril au 15 septembre 1493. 168 —
Guillaume Gauteyron, maçon 93 —
Du 4 juillet au 15 septembre 1493 74 —
Louis Mailhot, maçon 45 —
Du 4 juillet au 30 octobre 1493 119
Jean Prumir, maçon 85 —
Du 4 mai au 30 octobre 1493 180 —
Pierre Torlet 115 _
Du 1er novembre au 31 décembre 1493 61 —
Le même 35 —
Du le"- novembre au 31 décembre 1493 61 —
Jean Prumir. 31 _
Du 1er janvier au 23 février 1494 54 —
Le même 35
446 J-'A. BRUT AILS
J'ai pointé pendant près de deux ans les journées de l'un des
maçons déjà nommés, Yvonnet Alain. Il a travaillé :
En avril 1493, soit pendant une période de 30 jours, 20 jours
— mai —
— juin —
— juillet —
— août —
— septembre —
— octobre —
— novembre —
— décembre —
— janvier 1494
306 — 204 —
En 1493, le même travaillait avec deux, puis avec trois
ouvriers. L'équipe fournit :
31 -
- 17
—
30 -
- 18
—
31 -
- 23
—
31 -
- 19
—
30 -
- 23
—
31 -
- 23
—
30 -
- 21
—
31 -
- 19
—
31 -
- 21
—
11
En mars,
qui compte
31 jours
23 journées
— avril.
—
30 —
24 —
— mai,
—
31 —
21' —
— juin.
—
30 —
20 —
— juillet.
—
31 —
22 —
— août,
—
31 —
19 -
— septembre,
—
30 -
22 —
— octobre.
—
31 —
22 —
— novembre,
—
30 —
21 —
— décembre,
—
31 —
306 — 202 —
Pendant ces deux périodes, les ouvriers sur lesquels a porté
mon enquête se reposèrent, à très peu de chose près, 1 jour
sur 3, et ils gagnèrent plus que les maçons au mois ou à
l'année. Il est vrai qu'il fallait compter avec les interruptions,
avec les chômages, causés notamment par les intempéries' et
par le manque de travail^
1. Yvonnet Alain ne fit personnellement ce mois-là que 18 journées.
2. 18 décembre 1511 et jours suivants. Chômage des maçons, à cause du
froid (G. 505). — 31 octobre 1511. On ne paye que la moitié de la journée à
cause de la pluie (G 505).
3. Les statuts des maîtres maçons prévoyaient ces chômages; quand l'un
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 447
Les comptes de l'œuvre portent trace de quelques gratifica-
tions supplémentaires : une robe à Huguet Bauducheau et à
Guillaume le Reynart, pour avoir^ au péril de leur vie, maçonné
le faîte de la flèche de Saint-Micher ; une robe au même Bau-
ducheau, pour reconnaître les services par lui rendus pendant
dix ans ' ; deux paires de chausses à deux ouvriers d'un
couvreur de plomb, pour avoir avec grand danger « nectoyé les
conduicts des arcz-boutans et enduitz les joinctz des pierres'' ».
Quicherat* avait signalé l'usage « de fournir d'habits ceux qui
dirigeaient les travaux du bâtiment ». A Saint-Michel comme
à Saint-André, ce n'est pas au maître d'œuvre, mais à dés
ouvriers, que les présents de ce genre étaient faits; c'était
une façon de remercier pour leur zèle les serviteurs dévoués ;
c'est ainsi qu'il fut donné une robe au bordilier qui tenait le
bourdieu ou domaine de la fabrique Saint-Michel, à Quinsac'.
Les manœuvres étaient « de divers prix » : plusieurs d'entre
eux, payés en même temps, recevaient des salaires différents.
A Saint-Michel, les salaires, quand le prix est spécifié, vont de
8 liards (0 fr. 60) à 12 liards (0 fr. 90) ; mais nous savons
qu'ils étaient parfois supérieurs. C'est ainsi que 20 journées
de manœuvres « de divers prix » valent 4 fr. b. 4 liards, soit
244 liards, le 20 juin 1490; 10 journées valent 2 fr. 24 liards,
soit 144 liards, le 3 juillet 1491.
A Saint-André, le chiffre courant est de 10 liards ou 2 sols
6 deniers tourn. (0 fr. 75); mais les écarts sont nombreux et
assez considérables, surtout pendant les dernières années. En
novembre 1519, 3 journées furent portées sur le registre de
comptes pour 4 sols tournois : c'est 1 sol 4 deniers tournois
d'entre eux manquait de travail, il avait le droit d'être employé de préfé-
rence à tout autre ouvrier {Anciens et nouccaux Statuts de Bordeaux, éd.
de 1701, p. 121).
1. 28 septembre 1492.
2. 31 août 1496.
3. 1516-1517. G 507.
4. Mèlanijcs, Archéologie du nioj/en âf/e, p. 189.
5. 18 novembre 1494.
448 J- A. BRUT AILS
(0 fr. 40) par journée \ Le maximum est de 3 sols 4 deniers
(1 fr.)*. En 1519, on paya, le même jour, certains manœuvres
3 sols 3 deniers tournois (0 fr. 97), et d'autres 1 sol S deniers
(0 fr. 50) '. Je trouve des salaires de 3 sols 3 deniers (0 fr. 97), au
mois d'août 1520* ; de 3 sols (0 fr. 90), en septembre 1519' ; de
2 sols (0 fr. 60), en novembre de la même année'. J'omets les
variantes intermédiaires.
Parfois la rétribution des manœuvres était supérieure à la
moyenne, parce qu'ils fournissaient des heures supplémen-
taires : tels ces manœ.uvres à 12 liards (0 fr. 90), qui arrivaient
à 3 heures du matin''; ou bien parce qu'ils couraient des
risques : un homme de peine qui nettoyait les piliers et les
verrières à l'aide d'un appareil suspendu à des cordages, reçut
15 liards (1 fr. 12)', et môme 30 liards (2 fr. 25)'.
La rémunération du travail de nuit des manœuvres de Saint-
André donna lieu, ainsi que je l'ai exposé plus Jiaut, à un
conflit violent. Il s'agissait d'épuiser des tranchées où l'eau
arrivait en abondance. On résolut d'abord la question en
confiant à l'équipe de jour le soin de surveiller la fosse et de
faire le nécessaire ; mais il y eut désaccord sur la tarification
de ces heures supplémentaires ; elles furent payées d'ordinaire
6 liards (0 fr. 45)'" par nuit. Une autre ditficulté ne tarda pas
à surgir sur le point de savoir s'il était juste de rétribuer les
hommes qui gardaient la tranchée, lorsque l'eau ne sourdait
pas. Après divers tâtonnements, on en vint à embaucher pour
la nuit des équipes qui se reposaient de jour et qui étaient
1. 20 novembre 1.519. G 509.
2. 22 avril 1520. G 509.
3. 2 juillet 1519. G 509.
4.12 août 1520. G 509.
5. 4 septembre 1519. G 509.
6. 27 novembre 1519. G 509.
7. 2 octobre 1511. G 505.
8. Mars 1508, 22 et 31 août 1508. G 504.
9 Semaine sainte 1513. G 50G.
10. 4, 5 et 8 décembre 1511. G 505.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 449
même plus favorisées que les autres sous le rapport du salaire :
en 1519^ la « nuictée » se payait environ 3 sols 6 deniers
tournois (1 fr. 05) \
Les gages des charpentiers étaient plus élevés que ceux des
maçons : leurs journées étaient comptées à maître Harry Avelot^
le maître charpentier de Saint-Michel, de 16 liards (1 fr. 80)*
à 22 liards (1 fr. 65)'. Le taux habituel était de 18 liards
(1 fr. 35).
A la cathédrale, on embaucha des compagnons charpentiers
à 20 liards (1 fr. 50) en 1479; — ce prix était inusité et Vou-
vriev prit, avant de traiter, l'autorisation du chapitre' ; — à
22 liards (1 fr. 65) en 1492'. De 1508 à 1520, le tarif constant
est de 20 liards ou 5 sols tournois (1 fr. 50). Je ne trouve guère
à cette règle que deux exceptions : en 1508, des journées sont
comptées 10 liards (0 fr. 75)% ce qui doit être une erreur du
scribe; en décembre 1512, d'autres journées valent 24 liards
(1 fr. 80)\
Les couvreurs de Saint-Michel avaient 15', 16' et 18 liards'"
(1 fr. 12, 1 fr. 20 et 1 fr. 35). Ceux de Saint-André étaient assi-
milés aux maçons : leur journée montait à 16 liards ou 4 sols
tournois (1 fr. 20). Celle des servants était de 8 k 10 liards
(0 fr. 60 à 0 fr. 75); ce dernier prix est exceptionnerV Un
couvreur de plomb, maître Nolot, gagnait 20 liards (1 fr. 50)".
En 1517, cinq journées de couvreur ne coûtèrent au chapitre
1. Août-octobre 1519. G 509.
2. 17 octobre 1488.
3. 17 avril 1495.
4. 12 janvier 1479. G 285, fol. 151 v .
5. 1492. G 490.
6. 1" juillet 1508. G 504.
7. 4 décembre 1512. G 506.
8. 10 janvier 1493.
9. 7 août 1487; 15 avril 1493.
10. 24 décembre 1496.
11. 8 juin 1510. G 505.
12. 1508-1510. G 504 et G 505,joasst»i.
450 J.-A. BUUTAILS
que 18 sols 9 deniers tournois \ ce qui met la journée à 3 sols
9 deniers ou 15 liards (1 fr. 12).
Le cliiiïre ordinaire de la journée du baradier ou terrassier
est de 13 liards ou 3 sols 3 deniers tournois (0 fr. 97). Il est
parfois an peu plus bas\
Enfin, j'ai noté à Saint-Michel des journées de menuisier à
24 liards (1 fr. 80)% et à Saint-André des journées de verrier à
16 liards ou 4 sols tournois (1 fr. 20*), de charretier à 7' et à
8' sols tournois (2 fr. 10 et 2 fr. 40), de tonnelier à 15 liards
(1 fr. 12), plus la nourriture, et à 20 liards (1 fr. 50)', et des
vacations d'experts à 16" et 20 liards' (1 fr. 20 et 1 fr. 50).
Si nous récapitulons ce qui précède, nous constatons, abs-
traction faite des chiffres exceptionnels, qu'il était alloué :
En 1486-1497, sur le chantier En 1508-1520, sur le chantier
de Saint-Michel. de Saint-André :
Au maître d'œuvre :
Probablement une rente annuelle. Une pension annuelle de 60 fr.
Plus 1 fr. 50 par jour de travail Plus 1 fr. 50 par jour de travail
effectif. effectif.
Aux compagnons maçons :
Soit, par mois, 15 fr. à 22 fr. 50. 1 fr. 20 par jour de travail.
Soit, par jour de travail, 1 fr. 12
à 1 fr. 30.
1. 25 novembre 1517. G 508.
2. 31 juillet 1519. Trente journées pour 4 livres 11 sols tourn. (G 509).—
Le même registre porte, à la date du 9 octobre 1519, un article qui est
surchargé : il a été déboursé 4 livres 4 sols 6 deniers tournois pour 30 bu
pour 42 journées (G 509). Cette donnée est trop incertaine pour servir de
base à un calcul.
3. 8 octobre 1487.
4. 30 avril 1516. G .507.
5. 20 septembre 1.519. G 509.
6. Juillet-août 1519. G 509.
7. 6 et 7 septembre 1497. G 491.
8. 18 mai 1508. G 504.
9. 8 avril et 31 octobre 1510. G 505. — 9 octobre 1511. G 505. -Etc.
DEUX CHANTIERS BORDELAIS (1486-1521) 451
Aux manœuvres :
0 fr. 60 à 0 fr. 90 par jour de tra- 0 fr. 60 à 0 fr. 90 par jour de tra-
vail, vail.
Aux charpentiers :
1 fr. 35 par jour de travail. 1 fr. 50 par jour de travail.
Aux couvreurs :
1 fr. 12 à 1 fr. 35 par jour de tra- 1 fr. 20 par jour de travail.
vail.
Aux terrassiers :
0 fr. 97 par jour de travail.
Aux menuisiers :
1 fr. 80 par jour de travail.
Aux verriers :
1 fr. 20 par jour de travail.
Aux charretiers :
2 fr. 10 et 2 fr. 40 par jour de tra-
vail.
Ajoutons, comme terme de comparaison, que l'organiste de
Saint-André recevait 24 fr. b. (108 fr.), plus tard 30 fr. b.
(135 fr.), et le prêtre chargé de la sacristie, 28 fr. b. (126 fr.) et
plus tard 30 fr. b. (135 fr.).
L'architecte de la tour de Saint-Michel était assurément un
artiste de beaucoup de mérite. Je ne vais pas jusqu'à dire avec
les Bordelais du xviii^ siècle que les Lebas ont élevé le plus
beau clocher de France^; mais ils se sont révélés comme des
constructeurs de talent. Or, il n'y a pas entre leur traitement et
le salaire des compagnons ou des manœuvres l'écart qui existe
aujourd'hui entre les appointements d'un ingénieur ou les
honoraires d'un architecte et les journées de ses ouvriers.
Même à ce point de vue, l'égalité était plus grande dans les
chantiers des xv« et xvi* siècles que dans les chantiers de
notre époque.
(A suivre.)
1. 30 janvier 1752. « Le plus beau clocher qu'il y ayt dans le royaume. »
(G 2303, fol. 3).
COMPTES RENDUS
C. Enlart. — L'Art gothique et la Renaissance en Chypre. —
Paris, Leroux, 1899; 2 vol. in-S", xxxii-756 p.
L'île de Chypre est une terre privilégiée pour les archéologues,
leur offrant un développement complet de la civilisation médi-
terranéenne depuis la première apparition du travail humain jusqu'au
xvi® siècle. L'art grec y coudoie l'art byzantin et le gothique.
Cependant les difficultés de l'exploration ont fait que jusqu'en 1878,
jusqu'à ce que l'administration anglaise eut introduit l'ordre et la
justice en Chypre, les rares archéologues qui y ont séjourné n'ont que
glané dans ce champ qui a depuis fourni une moisson abondante.
L'on s'était préoccupé surtout de la recherche des antiquités
grecques. Cependant le comte de Mas- Latrie avait fait ressortir, dans
son Histoire du royaume de Chypre sous les Lusignan. l'extraordi-
naire prospérité de ce pays qui pendant trois siècles, du xiii* au
XV* siècle, fut comme un prolongement de la France. Mais pour les
monuments, qui cependant proclamaient la puissance des Lusignan,
peut-être plus haut encore que leurs exploits guerriers, il s'était
contenté de les signaler. M. le marquis de Vogué en avait brièvement,
mais excellemment dégagé les caractères généraux; enfin M. le baron
Rey avait décrit quelques châteaux. II appartenait à M. Enlart, qui
a fait de l'étude de l'architecture gothique hors de France sa spécialité,
qui a montré la part qui revient aux artistes et ouvriers français dans
les constructions de l'Italie et de l'Espagne, de montrer une fois de
plus l'expansion de notre architecture dans un des centres les plus
brillants de l'Orient latin. Le livre qu'il nous offre est le fruit d'une
mission qu'il a reçue du Ministère de l'instruction publique en 1896.
Pendant cinq mois, il a exploré Chypre en tous sens, et il ne paraît
pas qu'aucun monument de la période gothique, église, abbaye ou
château, lui ait échappé. Son livre est fortement documenté, et il est
orné de 34 planches et 421 figures, tous ces dessins, à la réserve de
ENLART : LAltr GOTHIQUE EN CHYPRE 451^
dix, exécutés sur place ou d'après des photographies et des croquis
(le l'auteur. Il suffît de regarder l'illustralion pour reconnaître qu'on
est à Chypre en terre française. Les cathédrales de Nicosie et de Fama-
gouste se trouveraient bien à leur place dans l'Ile-de France ou en
Champagne, n'était l'absence de toiture qui les [)ri\e di' la légèreté
des édifices similaires de France.
L'architecture gothique fut importée en Chypre; entièrement
constituée. Elle n'y est pas le résultat d'un développement progressif
de l'architecture romane. Elle y apparaît avec tous les caractères
qu'elle avait en France à l'extrême fin du xn" siècle. En France
même, les églises gothiques n'ont pas toutes le même aspect; il y a
des différences de détail dans l'ornementation, et même des diffé-
rences essentielles dans le plan ou la construction, entre les
églises des diverses régions. M. Enlart ne s'est pas borné à constater
l'influence générale de l'architecture française sur les monuments
cypriotes; il a pousse plus loin l'analyse. Il a d'abord déterminé dans
une série de chapitres, qui contribueront à l'avancement de notre
connaissance des styles régionaux en France aux xni'^ et xiv*" siècles,
les caractères distinctifs de l'école de l'Ile-de-France, de l'école de
Champagne, de l'école commune au Languedoc et à la Provence,
il les a recherchés et retrouvés dans les églises de Chypre. Il a
également reconnu les influences de l'Espagne et de l'Italie. Chacun
des monuments religieux, militaires ou civils de Chypre est l'objet
d'une monographie. Nous ne saurions ici résumer ces descriptions
minutieuses qui d'ailleurs, privées des figures qui les accompagnent,
seraient peu intelligibles. Il faut au moins reproduire les conclusions
générales formulées par M. Enlart.
L'art gothique, de 1209 jusque vers 1280, a produit des œuvres d'un
beau caractère : le château de Cérines, la partie orientale de la cathé-
drale de Nicosie, l'église de Lapais, la grande salle de Saint-Hilarion
et une partie des portails de Saint-Pierre- Saint-Paul de Famagouste.
La construction présente jusqu'au milieu du xni® siècle quelques
traces d'archaïsme. C'est ainsi ciuedans les voûtes, les doubleaux sont
plus larges que les ogives, comme c'est le cas en France pour les
édifices de transition ; les absidioles voritées persistent dans le
transept de Sainte-Sophie de Nicosie; le transept de Lapais est voûté
en berceau; enfin la voûte de l'abside de Sainte-Sophie de Nicosie
porte sur des branches d'ogives qui viennent s'appuyer sur la clef de
Moyen Age, t. XIII. 25
454 COMPTES RENDl'S
farc-doubleau du sanctuaii'e. Le château de Cérincs n'a que des
\oûtes d'arêtes ou en berceau. Pendant cette première pêi'iode, les
proportions des édifices sont belles, mais trapues; les églises doivent
ce caractère trapu à l'absence du tnCorium entraînée par la substitution
de la teri'asse à la toiture. L'ornementation est sobre.
La seconde période s'étend du milieu du xin" siècle jusque
vers 1350. L'art s'inspire surtout de modèles champenois et quelque
peu du Midi de la France. Comme types de monuments cypriotes, il
faut citer Saint-Georges-des-Latins à Famagouste, les parties hautes
de la nef et le porche de Sainte-Sophie de Nicosie, la cathédrale de
Famagouste, commencée en 1300 et achevée avant le milieu
du xiv« siècle. Cet édifice est un modèle de proportions heureuses et
de sveltesse. Les mêmes qualités de grâce et de légèreté se retrouvent
dans le réfectoire de Lapais, dont l'élégance contraste avec la lourdeur
de l'église du même monastère.
Vers le milieu du xiv^^ siècle, s'arrête l'imitation des modèles
français. L'art gothique va désormais se développer sur lui-même.
Les édifices élevés par les Francs seront copiés par des architectes et
des ouvriers du pays. C'est la troisième période, la fin du xiv'' siècle,
dont les monuments sont lourds et monotones ; l'ornementation est
moins intéressante, moins élégante, et les édifices n'ont plus que le
mérite de présenter un ensemble bien proportionné et une construction
soignée.
Au xve siècle, enfin, on revient à la construction et à la décoration
(le l'époque romane; le byzantinisme réapparaît. L'église de Morphou,
par exemple, gothique dans son appareil et dans sa sculpture, mais
byzantine dans sa forme et son système de voûtes, est le premier type
et le meilleur échantillon du genre. L'harmonie entre les diverses
parties d'un même édifice disparaît; c'est la même lourdeur, la même
gaucherie que dans les édifices construits au xiv^ siècle en Grèce et
au XV* siècle dans l'île de Rhodes. Une partie seulement des œuvres
que la Renaissance édifiera en Chypre saura retrouver l'élégance
dans les proportions.
Nous n'avons guère cité dans ce trop court résumé que des églises.
Il ne faudrait pas en conclure que ce genre d'édifices a seul retenu
l'attention de M. Enlart. Il n'a pas étudié avec moins de soin les
constructions militaires, les palais, les maisons particulières. Il a
consacré un chapitre aux monuments funéraires, qui sont très remar-
G. DE MANTEYER: les origines de la maison de SAVOIE 455
quables. Et dans les monographies il a décrit avec soin les sculptures
et les peintures. 11 a même donné un apen^u des arts mineurs.
L'art gothique cypriote a eu son point de départ dans l'art gothique
fran(;ais; mais il a pris un caractère propre; il n'est pas une imitation
servile et maladroite, mais une imitation souple et raisonnée- (( Le
gothique de Chypre peut donc être considéré comme une variété
complétant le tableau des écoles françaises : c'est notre art national
colonial. » La cathédrale de Famagouste, si elle rappelle la cathédrale
de Reims, l'église Saint-Urbain de Troyes et quelques édifices du
Midi de la France, a cependant la valeur d'un monument original, tel
que la France n'en offre aucun pour le xiv^ siècle. Il faut reconnaître
toutefois que l'art gothique de Chypre a eu une décadence, dont les
causes principales sont la copie inintelligente de modèles anciens et le
mélange de deux styles hétérogènes, le gothique et le byzantin.
Le livre de M. Enlart. par la précision et le nombre des obser-
vations, par la mise en œuvre des matériaux, par la méthode, par les
rapprochements entre les documents écrits et les monuments, par les
comparaisons continuellement établies entre les édifices français et
ceux de l'ile de Chypre, par les principes d'esthétique qui y sont
développés et justifiés, par les vues d'ensemble sur l'art du moyen
âge, est une œuvre remarquable et qui jettera de nouvelles lumières
sur le développement général de l'art occidental du xiii*^ au xv^ siècle.
C'est en outre une réponse à ceux qui refusent aux Français le génie
colonisateur. Les monuments gothiques de Chypre « sont l'attestation
réconfortante de la valeur et de la puissance de notre art national
autant que de notre colonisation ».
M. Prou.
Georges de Manteyer. — Les Origines de la maison de Savoie
en Bourgogne (910-1060). — Rome, 1899; m 8°, 284 p., 2 pi.
[Extxaiiides Mélanges d'ai'chéologie et d'histoire publiés par l'École
française de Borne. T. XIX).
Dans un savant mémoire publié sous les auspices de l'École fran-
çaise de Rome, M. G. de Manteyer vient de reprendre l'étude de la
question si débattue des origines de la maison de Savoie. Le système
absolument nouveau qu'il présente est basé sur la publication qu'a
faite ^L Giry, dans ses Etudes carolingiennes, des fragments inédits
d'un cartulaire de Montiéramey aujourd'hui perdu, mais dont il existe
456 COMPTES RENDUS
à la Bibliothèque nationale (coll. Baluze, t. XXXIXj des extraits
dus à André Duchesne.
On a pendant longtemps rattaché la dynastie savoyarde aux Boso-
nides ; cette thèse soutenue pour la première fois, à ma connaissance,
par le savant Dubouchet, contemporain de Guichenon, a été adoptée
et défendue avec talent par l'érudit suisse Gingins la Sarra, dans un
Mémoii^e sur rovigine de la maison de Savoie, inséré au t. XX des
Mémoires et Documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse
romande{^. 211-247). Par contre, Guiclionon, pour des motifs qui
n'ont sans doute rien de scientifique, lui a préféré la thèse de l'origine
saxonne, alors fort en faveur à la cour de Turin. Depuis cette époque,
plusieurs autres systèmes généalogiques ont été proposés, parmi
Icscjuels le dernier en date, avant la publication de M. de M., était
celui de l'historien italien Domenico Carutti, qui rattache la maison
de Savoie à Amédée le Vieux, vassal de Rodolphe II, roi de Bour-
gogne. Ni les uns ni les autres de ces systèmes n'emportent la convic-
tion ; aussi, ayant eu à les examiner incidemment à l'occasion de mes
recherches sur les Origines du diocèse et du comté de Belley, j'en
étais arrivé à cette conclusion qu'avec les documents qui nous sont
parvenus, c'était poursuivre une véritable chimère que de vouloir
remonter, dans l'histoire de la dynastie de Savoie, au delà d'Humhert
aux Blanches-Mains.
J'ai donc lu l'étude très documentée et très consciencieuse de M. de
M. avec le plus vif intérêt et avec l'espoir de tenir enfin la clef d'un
problème généalogique auquel les hautes destinées de la famille qui
en fait l'objet donnent un attrait tout particulier. Je dois dire, malheu-
reusement, que j'ai été complètement déçu dans mes espérances :
pas mieux que ses nombreux prédécesseurs, M. de M. n'a réussi à
trouver le mot de l'énigme.
Voici, résumée à grands traits, sa thèse généalogique : la tige de la
maison de Savoie serait un certain Garnier, né entre 870 et 880, qui
aurait été vicomte de Sens et comte de Troyes (?) et qui serait mort à
Chaumont-en-Bassigny, le 6 décembre 925. Tout ce qu'on sait de lui
se réduit à bien peu de chose, et encore ce peu de chose est-il fait de
simples conjectures, ainsi que M. de M., lui-même, le reconnait
prudemment. Garnier aurait eu pour fils un comte Hugues qui appa-
raît avec sa femme Willa dans un acte de Montiéramey d'avril 927 ;
mais la preuve qu'en allègue M. de M., basée uniquement sur l'homo-
G. DE MAXTEYKPv : LES ORIGINES DE LA MAISON DE SAVOIE 157
nymie, nie paraît des plus fragiles. En 948, Manassès, archevêque
d'Arles et neveu de Hugues, alors roi d'Italie, donna à l'abbaye de
Cluny des biens situés au comté de Clialon-sur-Saône qui lui venaient
de son père Waruier ; en faisant celte donation, le prélat provençal
s'était proposé pour but d'assurer le salut des âmes de son porc War-
nier, de sa mère Theudberge, et de ses frères Hugues, Boson et Ri-
chard'. Rien dans l'acte que nous venons d'analyser ne permet de dire
que Warnier ait été comte et encore moins comte de Troyes; si tant est
qu'il ait eu réellement la charge de comte, il semblerait plutôt, eu
égard à la situation des bien donnés par Manassès, qu'il gouvernait le
comté de Chalon*. Il n'est donc nullement prouvé que Hugues, frère
de l'archevêque d'Arles, et le comte Hugues qui fit avec sa femme
Willa une donation à Montiéramey, en 927, aient été un seul et même
personnage. L'identification de ce dernier avec Hugues, comte palatin
du royaume de Bourgogne et probablement frère de Rodolphe II, est
encore moins plausible.
Jusque-là, par conséquent, tout est incertitude dans la généalogie
établie par M. de M. ; ce sont do simples hypothèses, basées unique-
ment sur l'homonymie, et qui ont d'autant moins de valeur que les
noms de Hugo et de Warnier étaient, comme on sait, extrêmement
répandus aux ix® et x« siècles. La suite est encore plus hasardée. Il
ressort des deux actes du cartulaire de Montiéramey cités par M. de
M-, que le comte Hugues et sa femme Willa avaient eu un fils du
nom de Hucbert qui prend le titre de comte dans le second des actes
auxquels je viens de faire allusion. C'est ce Hucbert qui serait la tige
des comtes de Savoie; Hucbert de Troyes ne serait autre qu'IIuinbert
de Belley. C'est ici qu'apparaît le vice capital du travail de
M. de M. Ce que j'appellerai le système des homonymies demande à
être manié avec une rigoureuse précision philologique ; il faut, si l'on
ne veut pas s'exposer à tomber dans des erreurs irrémédiables, avoir
une connaissance approfondie, tout au moins de la grammaire comparée
des langues germaniques et de celle des langues romanes ; or,
M. de M. semble étranger aux règles les plus élémentaires de l'une
et de l'autre : c'est ainsi qu'il s'est laissé entraîner à des traduc-
tions onomastiques absolument inattendues. Pour lui, le nom de
1. A. Bernard et A. Bruel. Recueil tlc.< c/uirtes de l'abbaye de C/uni/, t. I.
2. C'est l'opinion à laquelle s'est arrêté Gingias la Sarra dans sou Mémoire
sut- les Hugonides, p. 18 et tableau IV.
458 COMPTES RENDUS
Chun rad ou Cluion-rad a donné en roman Gondrand et celui de
Burg-hard ou Burc-hard, Bouchard \ Je ne connais pas de forme
germanique ayant pu aboutir à Gondrand : Gund-chramnus qui n'a
rien à voir d'ailleurs avec Conrad, a donné Gontran et quant à
Gundo-land, Gund-land, le souvenir de la composition a empêché
17 de passer à r--. Pour ce qui est du nom actuel de Bouchard, il ne
vient nullement de Burg-hard, comme le croit M. de M.'', c'est tout
simplement l'analogue des formations françaises telles que bât-ard,
nasill-ard, vein-ard, train-ard, etc.
Ces erreurs n'ont pas d'autre résultat que de rendre plus difficile la
lecture d'un travail qui par lui-même exige déjà une attention soutenue:
pour peu que l'on soit familier avec l'histoire de la Bourgogne caro-
lingienne, on a bien vite reconnu Conrad et Burchard sous leurs
déguisements aussi étranges qu'inutiles de Gontrand et de Bouchard.
Par malheur, l'erreur onomastique qu'il me reste à signaler a une
bien autre importance, puisque, à elle seule, elle suffirait à ruiner la
thèse généalogique si laborieusement édifiée par M, de M.
Nous venons de voir que l'auteur des Oriçiines de la maison de
Savoie en Bourgogne, identifie le comte Hucbert, fils de Hugues et
deWilla, avec le comte Humbert de Belley ; l'unique raison qu'il
invoque pour ce faire, c'est l'homonymie qui existait, d'après lui, entre
ces deux personnages. Or, cette homonymie n'a jamais existé : comme
j'ai déjà eu l'occasion de le remarquer dans mes Origines du diocèse et
du comté de Belley (p. 12, n. 1;, Hucbert est un nom absolument difïé-
rent de celui d'Humbert. Le nom solennel Pîuc-bert comprend deux
éléments; 1° Hug-, got. hug-a-s ((esprit», v. h. a. hug-u, huk-u,
V. sax. hug-i. r. nor. hug-r, gén. hug-ar pour *hug-as; cf.sanscr. çank
« conjecturer », lat. cog-it-are^ 2° Bert, got. bairlit (( clair, brillant,
sonore » (Ulfilas, Corinlh., 15, 27), r. h. a. bëraht, bëreht, m. h. a.
përht, bërht. ang.-s. beorht, v. nor. bjart-r « brillant»; cf. sanscr.
bhârg-as (( éclat », grec cpXsY-w, lat. fulg eo, forme réduite ffag-ra-re.
Voici maintenant les formes anciennes du nom actuel de Hubert :
1. Cf. Fôrsteraaiin, Personennaincn, col. 311 et 991, vis Chun et Rad. et
col. ii93 et 604, v'» Burg et Hard.
'<l. Fôrs'eraanii, loc. cit., col. 565 et 566.
3. On sait que le groupe môdial /r persiste eu français arche, marché,
porcher , fourchfi, etc.
4. Schade, Altdeutsckes'Wnrterbuch, 1,428, et A. Fick, Vergleichcndes Wôr-
terbuck dur Indo-çiermanUchen S/irac/ien, 3' édit., t. III, p. 77.
a. nF. MANTRYKK : I.IsS ORIGINES DR LA MAISON DR SAVOIR 459
Hucbert(us), Hncbrcht. Ilacproht, IIng(>br('t, Iliigibrrht (P. Pipor,
Lihri confraternifnlum S. Galli oic, p. 4fi4); Huborlus (Longnon,
Polr/pt. de Sa{nt-Germain.'de.s-Prén, p. 411): Chugobert, Mngubort,
Hugiperht, Ilugbort, Ilaki-pi^rht, Fîncperht, Huobort, Hubert (ForsKî-
mann, c. 732).
Le célèbre abbé Hubert, frère de la reine Theudberge, que M, de M.
donne pour grand-oncle et pour homonyme de Hucbertou Hubert, fils
du comte Hugues et de Willa', est appelé Hacbertus dans deux
diplômes de 862, dans les Annales Uertiniani et dans tous les chroni-
queurs du ixe siècle qui parlent de lui; il est nommé Hubertus dans
un diplôme de 931 qui rappelle son souvenir^
Le nom de Hum-bert comprend également deux éléments : 1 " hûn,
forme prise en r. h. a. par l'ethnique Xoùv-o'. de Ptolémée (III, v, lOj.
Chuni ou Huni dans Ammien Marcellin (édit. Gardthausen, t. II,
p. 339); 2" r.h. a. bëraht.
Voici les formes anciennes du nom de Humbert; on verra qu'elles ne
ressemblent en rien aux formes anciennes du nom de Hubert : Chuni -
bertus, Conibertus. Unibertus, Hunibertus dans Frédégaire (édit. B.
Krusch, p. 534^, Humbreht, llumpret. Hunebret, Humbert(us) (P.
Piper, p. 465), Humbertus {Poiypt. de S^-Germain-des-Prés, édit.
Longnon, II, 411), Hunbraht, Hunbreht, Humbreht, Humbert
(Forstemann, c. 758).
Ainsi, aucun doute n'est possible, Hubert et Humbert sont deux
noms différents; dès lors, il n'y a plus aucune raison pour rattacher le
comte Humbert de Belley à la famille de Garnier, comte de Troyes (?)
Il n'y en a pas davantage pour voir dans Humbert aux Blanches -
Mains, tige de la maison de Savoie, le fils du comte de Belley. L'habi-
tude constante, dans la maison de Savoie, de donner au fils aine le
nom de l'aïeul paternel est déjà une sérieuse raison de douter de cette
filiation, mais ce doute se change en certitude à la lecture de la série
d'hypothèses aussi peu vraisemblables que peu démonstratives sur
lesquelles s'appuie M. de M. (p. 483) pour faire de Humbert, comte de
Maurienne, et non pas, comme il le dit à tort, comte de Savoie, le fils
du comte Humbert de Belley.
1. La charte de Fouchères (967-986) emploie la forme Hwherti, au géuiiif,
mais sur la liste de souscriptions, on lit : S. Hul)erli comitis (De Manteyer,
p. 4;S5).
•i. D. Bouquet. VIII, 074,576; Vil, 742; IX, 575.
•IGO COMPTES RENDUS
Je no pousserai pas plus loin la critique d'un ouvrage d'ailleurs fort
estimable h. bien des égards; il me suflit d'avoir établi l'impossibilité
de rattacher la maison de Savoie à la famille des comtes de Troyes.
Le travail de M. de M. n'en constitue pas moins une tentative des
plus intéressantes et des i)lus méritoires ; le savant pensionnaire du
palais Farnèse s'est eiïorcé de jeter quelque lumière sur l'histoire si
obscure de la France orientale aux x<* et xi'^ siècles ; s'il n'a pas toujours
réussi à soulever le voile qui nous cache ce lointain passé, si, sur bien
des points, ainsi qu'il le reconnaît lui-même, le doute subsiste encore,
cela tient surtout à l'insuffisance et à la pénurie des documents
qui sont venus jusqu'à nous.
E. Philipon.
J.-A. Brutails. — L'Archéologie au moyen âge et ses mé-
thodes. Études critiques. — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-S»,
234 p.
M. Brutails a publié pendant mon long séjour en Espagne un livre
sur l'archéologie et ses méthodes. Il me fut signalé à Santiago-de-Com-
postelle par mon savant ami, M. le chanoine Lopez Ferreiro. Dès mon
arrivée en France, j'ai lu avec intérêt le livre de M. B., et je n'ai qu'un
regret, c'est celui de l'annoncer si tard aux lecteurs de la Revue.
Ceci dit, analysons le livre de M. Brutails. C'est un travail d'une
lecture attachante, remplie d'ironie, et qui montre une connaissance
approfondie du développement architectural de la France au moyen
âge. M. B. a étudié avec soin les différents systèmes de voûtes, les
perfectionnements apportés par les maîtres d'œuvres gothiques. Je
crois même découvrir entre les lignes que ce qui intéresse surtout
M. B., cest la voûte et ses transformations. Il se montre là d'une cri-
tique très pénétrante et fait preuve d'une très grande érudition. Ses
hypothèses sont toujours ingénieuses, les croquis qu'il trace précis et
siirs. Son esprit est ouvert à toutes les nouvelles recherches, et il pré-
voit le jour oîi les monuments seront l'objet d'une sévère revision. Il
cherche, chemin faisant, à donner quelques conseils aux jeunes
archéologues et à établir la méthode à suivre pour arriver à une meil-
leure chronologie. Il se méfie des dates fournies par les chroniques ou
par des inscriptions conservées dans les églises (p. 187). Il en est de
même des fondations mentionnées dans les Annales : « Pour attribuer
à une église la date de la fondation du monastère, il faut supposer la
J.-A. BRUTAILS: LARCllÉOLOGIE AU MOYEN AGE 461
concomitance de l'un ou l'autre fait et de la construction. Or, cette
hypothèse n'est rien moins que certaine. Pour la fondation, elle n'est
même pas probable. » Anthyme Saint-Paul l'avait dit si justement:
« Les dates de fondation ne fournissent que des dates limitatives. » Que
dire aussi des procès-verbaux de consécration? Il faut se garder,
ajoute M. B., de l'erreur qui consiste, les églises ayant parfois
été réédifiées sans que les textes mentionnent le fait, à attribuer à
l'édifice existant la date de l'édifice qui l'a précédé. On le voit, M. B.
est très méfiant à l'égard des dates indiquées soit par les chroniques,
soit par des inscriptions, il veut — et en cela il n'a que trop raison —
qu'on soumette la construction de l'édifice à un examen rigoureux.
Il a écrit des pages charmantes au sujet des faux historiens de l'art.
(( Pour prendre enseigne de perruquier, il faut savoir couper les che-
veux; pour se dire archéologue, il suffit d'avoir l'air de savoir faire de
l'archéologie. Pompilius a navigué, il a vu des sauvages vêtus d'un
diadème de plumes, armés d'une hache de pierre, et il s'est donné la
mission de dévoiler à ses contemporains les mystères de l'époque loin-
taine où nos ancêtres allaient en semblable équipement. Il s'est donc
fait inscrire à la société locale, et dès les premières séances il a pris
une part brillante aux discussions qui accompagnent l'adoption du
procès-verbal et la fixation de l'ordre du jour. Mais un esprit alerte
a vite fait de passer du préhistorique au gallo-romain et au moyen
âge. Au bout de six mois, Pompilius traite aussi pertinemment du
gothique flamboyant et du magdalénien. »
Les conseils que M. B. donne aux archéologues sont toujours
sages. Il faut faire appel à la sculpture des chapiteaux, et je dois le
remercier en particulier d'avoir attiré l'attention sur mes études sur
l'école de Provence. Il ajoute même que la contrée méditerranéenne
paraît avoir été en retard, et indique pour Carcassonne, pour Elne,
pour Perpignan, régions que M. B. connaît fort bien, des exemples
en faveur de ma thèse (p. 200, 211). M. B. désire qu'on fasse des
recueils régionaux des marques de tâcherons qu'on retrouve sur les
pierres des édifices religieux, pour voir s'ils ne peuvent fournir aucune
donnée chronologique. Mais, pour l'auteur, le travail est souvent
malaisé et le résultat fort douteux.
Au sujet de la naissance de l'art gothique, M. B. a des pages qui
dénotent une critique très pénétrante. Il combat avec une certaine élo-
quence l'opinion qui veut que l'art gothique ne soit tout simplement
462 COMPTES RENDUS
quo \c développeraonl lent et régulier de l'art roman. Anthyme Saint-
Paul l'avait indiqué avec soin : « La transition ne s'est opérée qu'une
fois et dans un seul pays. Ailleurs, le style roman ne tend pas de
lui-même à la métamorphose gothique, il n'en contient pas le germe.»
M. B. approuve ces conceptions et ajoute même : « Ce qui est erroné,
c'est de croire que le style roman est une transition des styles anté-
rieurs au style gothique, ou bien que celui-ci est un simple perfection-
nement de celui-là, et que tout le progrès du premier est un achemi-
nement vers le second. Le gothique ne résulte pas de la sûreté ou de
l'ampleur avec lesquelles on appliqua les formules romanes, il con-
siste en des formules nouvelles, qui ont été fixées dans des provinces
où le roman avait à peine pénétré. » Je retiens avec soin ces affirma-
tions, et je demande à M. Brutails si Courajod n'était pas en droit de
rechercher les éléments ethniques qui avaient formé les régions oîi est
né l'art gothique, et s'il n'était pas autorisé à voir dans les principes
généraux de l'architecture en bois, si employée dans ces régions, les
ferments de l'art nouveau. La critique que fait M. B. de la théorie de
Courajod, au sujet de l'influence de l'architecture en bois sur l'art
gothique, prouve qu'il n'a pas très bien compris la pensée du maître.
11 aurait dii lire les quelques pages que j'ai écrites à ce sujet (Louis
Courajod, p. 122'.
On le voit, cette seconde partie du livre est en tous points excellente
et d'un intérêt capital pour tous ceux qui veulent étudier l'archéologie
du moyen âge. Je ne saurais formuler aucune critique. Il n'en est pas
de même de la première partie où M. B. attaque avec une certaine
vivacité mon ami Courajod. Je regretteque M. B. ait écrit cette phrase:
(( L'erreur de Courajod a été, ici encore, de faire de l'archéologie à vol
d'oiseau, avec son imagination plus qu'avec ses yeux, au moyen de
théories abstraites, plutôt que de faits concrets. « C'est méconnaître
l'œuvre de Courajod. Non, ce n'est pas au moyen de théories abs-
traites qu'on arrive à nous donner la grammaire décorative de l'art
syrien etmérovingien,cen'est pas par des théories abstraites qu'on écrit
l'histoire de la statuaire française au XI V^ siècle, qu'on fournit une doc-
trine si juste et si vraie sur notre art français à l'époque de Charles V
et des ducs de Bourgogne Non, ce n'est pas par des théories abstraites
qu'on publie et commente le Journal de Lenoir.
Pour bien comprendre la position que prend M. B. dans le débat,
il faut connaître les conceptions esthétiques de l'auteur. M. B. se
déclare un romaniste convaincu. Laissons-le résumer lui-même sa
J.-A. BHUTAILS: LARCHÉOLOGIE AU MOYEN AGE 463
pensée : « En un mot, les constructeurs et les ornemanistes des siècles
qui ont suivi l'arrivée des Barbares se sont presque toujours inspirés
des traditions, des procédés et des modèles que leur avait légués Fart
gallo romain. L'élément byzantin, qui s'est mêlé dans une très faible
proportion à ce fonds classique, est arrivé dans nos pays non par les
incasions ou par la conquête, mais par le commerce, par l'importation
des produits de l'art oriental, n Ou le voit, pour M. B., l'art romain
sert de base à l'art chrétien, et les influences byzantines sont d'une
importance secondaire.
Cette partie du livre témoigne d'une information insuffisante. Le
problème est mal posé. M. B. englobe dans sa critique toutes les
branches de l'art mérovingien. Il faut au contraire distinguer entri; la
main-d'œuvre et l'ornementation. Courajod a été le premier à recon-
naître que les procédés, la manière de bâtir étaient restés les mêmes. —
à cette différence que les constructions en pierre étaient de plus en plus
fréquentes et remplaçaient la brique avec revêtements de marbre : on
ne saurait admettre une opinion opposée à celle-là {Louis Courajod,
p. 23). M. B. la partage du reste. Inutile de dire cependant que le
plan des édifices se trouve modifié par des influences orientales. Le
chevet avec son abside principale, flanqué de deux absidioles, le
plan de la basilique en forme de croix ne sont-ils pas dus à ces
influences orientales? J'établirai dans mon Histoire de la civilisation
carolingienne la filiation des églises bénédictines avec celles du Saint-
Sépulcre et des Apôtres de Constantinople.
Courajod avait proclamé hautement l'influence do la main-d'œuvre
antique sur la construction des églises franques, et a résumé sa
pensée quand il dit : (( Quoi qu'on puisse dire, il faudra cependant
reconnaître qu'une véritable action primordiale de l'art romain latin
d'origine païenne se manifeste d'une manière indiscutable : 1'^ par le
choix du type de la basilique à Jile de colonnes ; 2'^ par le maintien
dans les ne/s de l'ordonnance basilicale, même après l'abandon de
cette ordonnance par l'école byzantine et après le schisme architec-
tural de Byz,ance; 3"^ par V imitation assez durable du chapiteau corin-
thien à feuillages de C architecture romaine, bien que r exécution de
la sculpture relève d'un esprit différent; 4° par la conservation très
prolongée de quelques-unes des anciennes méthodes de construction,
par la survivance des procédés, par la nature et l'emploi des maté-
riaux » [Louis Courajod, p. 23). Courajod accepte donc avant M. B.
464 COMPTES RENDUS
rinlluonccdela main-d'œuvre antique sur la construction des églises
franques, mais ce qui sépare M. Brutails des théories de mon ami,
c'est l'origine de l'ornementation de cette période. Courajod l'avait
écrit en termes excellents : (( C'est presque uniquement à cette
source d'informations qu'on a puisé en archéologie des renseigne-
ments sur les vicissitudes de l'architecture, et on a cru que cela
suffisait. J'estime qu'il faut concurremment analyser le stijle, la. forme,
l'apparence, Vexpression, le décor. » Et c'est cette expression, ce décor,
pour employer l'expression de Courajod, qui est sous l'influence de
l'art gréco-oriental.
Les recherches poursuivies durant ces vingt dernières années ont
modifié les vues d'ensemble que les historiens avaient formulées sur
les origines de l'art chrétien. M. l'abbé Duchesne a montré soit dans
ses leçons si érudites et si nouvelles faites jadis à l'Institut catholique,
soit dans les études publiées dans la Revue des Questions historiques,
combien fut rapide l'évangélisation des contrées situées aussi bien
en Asie-Mineure, en Phrygie, qu'en Syrie et en Egypte. Là, sous
l'influence des évêques, dans ces contrées si peuplées, le noyau des
fidèles du Christ augmentait sans cesse, là les inscriptions chrétiennes
n'étaient même plus dissimulées, mais étalées au grand jour. Aussi
tout porte-t-il à croire que ce n'est pas à Rome, mais dans ces villes
orientales, où l'art gréco-romain s'était développé et qui avaient créé
un art si aimé à l'époque impériale, que se trouve le berceau de l'art
chrétien. N'est-ce pas à Alexandrie que Clément indique pour la pre-
mière fois aux fidèles ces symboles qu'ils peuvent accepter pour l'or-
nementation de quelques objets de luxe tolérés par l'Eglise? La thèse
soutenue autrefois par M. Bayet, à savoir que l'art chrétien naquit en
Orient, se trouve de plus en plus confirmée.
Mais ce n'est pas seulement par les textes que nous pouvons voir le
rôle important joué par la Syrie dans l'ornementation chrétienne. J'a^
fait avec un soin minutieux la grammaire décorative de ces contrées
bien avant la venue du christianisme. J'ai analysé l'ornementation des
tombeaux juifs épars dans les musées d'Europe, et en particulier au
Louvre. J'ai prouvé que cette décoration consiste en niarguerites. pal-
mettes, tresse, fleur de lis, entrelacs, simple ou double crossette, en
as de pique, en étoiles à six rais, etc. C'est celle qu'acceptèrent les
chrétiens de ces contrées, et le livre de M. de Vogiié peut fournir une
base sijre et précise à ces travaux. A mesure que cet art se développe,
I
J.-A. RRUTAILS: LABCHÉOLOGIE AU MOYEN AGE 465
il prend à l'art gréco-romain certains éléments, tels que le chapiteau
corinthien, les petits pilastres, etc. Mais ce qui est évident et désor-
mais acquis, ce sont les nouvelles conceptions de cet art syrien. Le
sculpteur a iiorreur de la ronde-bosse, son faire est plat, les motifs
décoratifs empruntés à la flore, d'autres sont purement géométriques.
Et si même quelques-uns de ces motifs avaient déjà été acceptés par
une branche de l'industrie romaine, c'est que les artistes qui travail-
laient aux mosaïques étaient pour la plupart des Orientaux. C'est sur-
tout en Espagne qu'on se rendra compte de cette invasion. Les musées
de Madrid, de Tarragone, de Séville, etc., les mosaïques d'Italique
nous prouvent les relations incessantes de ces régions avec l'Afrique.
M. Mùntz a été le premier à étudier les mosaïques en les rapprochant
des miniatures. Il a vu un des côtés du problème. Mais il faut pour-
tant reconnaître que c'est l'industrie de la mosaïque qui, seule, a accepté
les motifs décoratifs néo-grecs. Aussi n'est-on pas en droit de pré-
tendre que c'est par l'intermédiaire de l'art romain que s'est opérée
celte transmission au monde occidental. Non, ce n'est pas l'art gréco-
romain qui a propagé cette ornementation si fréquente, devenue si
banale, qu'on la retrouve à chaque pas dans chaque ville importante
de l'Italie, de la France et de l'Espagne.
Il y a plus. Les études récentes prouvent encore la grande influence
de ce milieu syrien. C'est vers la Syrie, en effet, que nous conduit
l'analyse des premiers manuscrits ornés de figures dont la Genèse de
Vienne et le Codex Rossanensis dérivent. On verra même que les
peintures des C;;iacombes, celles qui appartiennent à une époque anté-
rieure à l'édit de Milan, sont dues au pinceau des artistes orientaux
comme celles des maisons pompéiennes. Ne savons-nous pas que du
i«i" au iv« siècle, le noyau des fidèles de l'Église romaine et napolitaine
était surtout composé d'éléments divers où l'oriental dominait? Nous
en avons pour preuve les inscriptions funéraires, la liturgie, la langue
même de l'Église. On le voit, c'est bien sous des Jormes gréco-orien-
tales que s'est propagée la nouvelle foi.
Un seul point pour moi reste encore obscur. Peut-on dire que les
scènes religieuses connues après la paix de l'Église, à Rome, soient
nées sous l'inspiration des artistes romains? Peut-on affirmer au con-
traire que ces représentations réunies en album, montrées aux fidèles
par les marchands, étaient empruntées à ces livres luxueux, sans nul
doute orientaux, que saint Jérôme reproche aux jeunes filles de pos-
466 COMPTES RENDUS
sôder ? Je le croirais volonticjs, mai^, je le répète, la question ne peut
encore recevoir aucune réponse affirmative.
Ce qu'on peut dire, c'est que celte décoration, qui accepta les scènes
bibliques, dura à peine deux siècles. L'influence gréco-orientale se fait
bientôt sentir en Occident. Non, ce n'est pas l'effet du hasard, ce n'est
pas à cause du ciseau naalhabile du sculpteur que la ronde-bosse est
proscrite, que les conceptions esthétiques gréco-romaines sont modi-
fiées. Et si la sculpture n'admet plus la figure, si les motifs déco-
ratifs de la Syrie, acceptés par Byzance, se répandent aussi bien en
Grèce, en Egypte, en Asie-Mineure, ce sont d'impérieux motifs reli-
gieux, de nouvelles conceptions qui défendent pour un temps à la
sculpture gréco-romaine de s'étaler au grand jour. Feuilletez un ins-
tant les planches de l'ouvrage de M. de Vogué, voyez la belle publi-
cation du musée de Boulaq, regardez les photographies du musée et
des églises d'Athènes, ainsi que celles de Conslantinople, et vous
comprendrez alors que ce n'est pas l'inhabileté du sculpteur qui a pu
contribuera l'homogénéité de cette décoration.
Un fait est donc bien acquis, c'est la naissance de cette grammaire
décorative néo-grecque. Commentées motifs décoratifs ont-ils pénétré
en Occident? M. B. se fait des premiers siècles du moyen âge une
idée qui me paraît abandonnée. Il nous dit que l'on constate tout
d'abord l'impénétrabilité relative de l'art médiéval aux influences
étrangères (p. 46) ; <> l'homme du moyen âge, qui a tiré de son cerveau
de si admirables créations, était, pour lui, fermé à la vie extérieure »
(p. 49;. 11 pense que les écoles du moyen âge étaient difficilement acces-
sibles aux idées qui lui venaient du dehors. « Ces idées glissaient sur
elles sans les entamer. » Il insiste surtout sur l'impossibilité oij l'on
était pendant la période latine et romane de copier h distance les
œuvres d'une école étrangère. Cette conception d'un Occident fermé,
divisé en régions isolées, me paraît désormais rejetée. J'ai luontré ail-
leurs avec quelle rapidité les légendes orientales arrivaient en Occi-
dent, avec quelle célérité les nouvelles circulaient et combien les
routes étaient sillonnées de voyageurs. Je crois même de plus en plus,
par l'étude des différents musées de l'Europe occidentale que j'ai ana-
lysés, qu'on peut parler pendant la période du vi« au ix^ siècle d'un
art cosmopolite, international. Il n'y a qu'à étudier les monuments
que la France, l'Italie, l'Istrie possèdent, et dont j'ai dressé le cata-
logue, pour voir que les artistes copient des modèles depuis longtemps
J.-A. BHUTAILS; LARCHÉOLOUIE AU MOYEN AGE 467
créés et qu'ils obéissent aux mômes lois esthétiques. M. B. peut
ajouter à cette liste déjà longue les plaques des cancelli conservées
aux musées de Cordoue et de Madrid, à celui de Séville, etc., enfin
les fragments wisigothiques encastrés dans les murs de Tolède. J'ajou-
terai que les villes des bords du Rhin, les églises de Cologne, celles
de Trêves, de Ratisbonne, etc., possèdent encore des sculptures qui
prouvent une influence orientale, et les transennes découvertes naguère
à la cathédrale de Metz nous indiquent la suprématie de cette gram-
maire décorative. On le voit, et M. B., après une étude patiente des
monuments chrétiens du vT' au x*^ siècle, le reconnaîtra lui-même, les
archéologues romanistes ne sauraient expliquer par quelques modèles
transmis en Occident les nombreux monuments épars sur le sol de
l'Europe. La propagation de cet art oriental a été surtout facilitée par
des conceptions religieuses. Rome n'a pas échappé à cette influence.
Le catalogue des monuments du vi'' au x*^ siècle, que j'ai dressé,
prouve le bien fondé de cette thèse. Je renvoie M. B. aux belles ti'an
sennes qui sont conservées au musée d'Arles, et aux tombeaux placés
si maladroitement dans la cour de l'église des Aliscamps.
Pour expliquer la rapide propagation des motifs décoratifs gréco-
orientaux, Courajod avait admis que les Goths les avaient fait con-
naître soit à l'Italie, soit à l'Aquitaine. Il avait étudié en détail les sar-
cophages de Ra\enne et ceux épars sur le sol aquitain, et montré
l'importance du séjour des Goths en Gaule. M. B. s'élève énergique-
ment contre ces conceptions. Les Wisigoths sont pour M. B. des Bar-
bares qui n'ont rien donné et qui ont été rapidement vaincus. J'ai
montré l'importance de l'invasion wisigothique dans mon livre sur la
Civilisation mérovingienne. J'ai pu, à l'aide des études si importantes
de M. Longnon, affirmer que la colonisation de l'Aquitaine par les
Goths était loin d'être insignihante, et M. Barrière- Flavy a relevé avec
soin les cimetières wisigothiques de cette partie de la Gaule : les
fibules même de cette région sont loin de ressembler à celles des Bur-
gondes et des Francs au point de vue de l'ornementation. D'où pro-
viennent en efïet ces motifs décoratifs qui nous sont aujourd'hui si
connus : étoiles à six rais, as de pique, palmettes, roses, croix dans
un cercle, etc. , qui ornent les fibules de cette région? Et ce n'est pas
seulement en Aquitaine que nous pouvons voir l'influence des Wisi-
goths, mais en Espagne. Je donnerai bientôt la liste des monu-
ments de cette période.
468 COMPTES RENDUS
Y a-t-il une école de sculpture toulousaine? Ce n'est point douteux.
Quand on a étudié avec soin les ateliers de l'école d'Arles et qu'on
visite ensuite les musées de Toulouse et certaines villes de cette
région, on remarque la dilTérence profonde qui existe entre ces deux
écoles. La décoration des sarcophages de Toulouse n'a aucune ressem-
blance avec celle des cités placées sur le littoral méditerranéen. Et ce
n'est pas seulement à Toulouse qu'est concentrée l'action de cette
école, elle rayonne au contraire à Bordeaux, elle s'étend jusqu'à Poi-
tiers, elle se montre à Moissac, Béziers, et àSaint-Guillem-du-Désert.
Courajod a prouvé que tous ces motifs sont empruntés à la gram-
maire syrienne et ne diffèrent en rien des monuments de la même
époque qui sont à Venise ou à Ravenne. C'est pour moi l'héritage le
plus solidement établi, la preuve en est désormais faite, et c'est ce qui
restera de plus inébranlable de la doctrine de mon ami.
Et M. B. ne s'est pas demandé d"où venaient ces Wisigoths.
Avaient-ils, comme les Francs, habité les régions septentrionales?
J'ai fait l'histoire de ces Goths domiciliés depuis longtemps sur les
bords de la mer Noire, fatalement voués aux doctrines comme aussi à
l'art byzantin. Comment expliquer alors la propagation de la verroterie
cloisonnée, cette orfèvrerie barbare qui apparaît désormais comme
une émanation de l'orfèvrerie orientale et byzantine et dont Courajod
avait raconté l'histoire? Et M. B. est bien près de la solution quand il
nous dit : « C'est l'un des caractères les plus frappants de cette période
que l'adaptation à la pierre des procédés de l'orfèvrerie. )) Quelques
monuments de Poitiers attirent même son attention, mais sans qu'il
en recherche l'origine. (( L'incrustation de verroterie, dit-il, dans l'hy-
pogée de Poitiers est un exemple curieux de cette pratique. » Tous
ces phénomènes nouveaux sont expliqués par M. B. par l'inhabileté
des artistes. « Plus tard, l'art baissa encore : même ces rinceaux, ces
enroulements de lierre et de pampres étaient d'une exécution trop dif-
ficile. On les remplaça par une décoration géométrique, qu'on substitua
aux moulures décrites par le P. de la Croix, où des Barbares, égale-
ment dépourvus d'imagination et d'habileté, ont traité la pierre comme
un bijou, et décoré les tombeaux comme des fibules, à l'aide des croix,
des cercles, etc., rehaussés de verroteries. » Ce serait vraiment trop
facile d'expliquer ainsi la décoration du baptistère de Poitiers, les sar-
cophages de Saint-Sernin de Bordeaux, les fragments de cancclli, si
fréquents dans nos musées de province.
J.-A. BRUTAILS : LAUCIIÉOLOGIE AU MOYEN AGE 469
Ce n'est pas seulement par les motifs décoratifs qui ornent les tran-
sennes, les autels, les tombeaux de l'époque franque que l'influence
byzantine se fait sentir. Ce n'est pas seulement par l'orfèvrerie dite
barbare qu'on peut prouver cette influence. Mon ami Prou a montré
que l'ornementation des monnaies de l'époque franque est empruntée
à celle de Byzance, et je suis heureux d'invoquer le témoignage de
mon ami qui a étudié avec soin ces époques si complexes. Il croit à
un art international du vi« au viii'^ siècle, quand il écrit : « Il y eut en
somme une grande unité dans les manifestations artistiques des diffé-
rents peuples du vi« au viiio siècle. La source de l'art était l'Orient et
spécialement Byzance, où s'était opérée la fusion entre le monde asia-
tique et le monde gréco-latin. » Ce seront toujours les conclusions de
tous ceux qui étudieront sans parti pris les monuments épars sur
notre sol.
Non, ce n'est pas seulement par le commerce réduit alors quasi à
un simple colportage, par la vente des objets de luxe que pouvait
s'exercer cette domination intellectuelle. J"ai montré ailleurs que les
monastères étaient, pendant cette période, cosmopolites; des moines
grecs chassés par la Perse, des seigneurs venus en Gaule, des artistes
byzantins, des ambassades apportaient aussi bien des exemples que
jes procédés de l'art néo-grec. Ajoutez à cela les conceptions religieuses
qui facilitaient la propagation de ces motifs. Leur domination fut si
longue que nous les retrouverons sur les chapiteaux de l'époque
romane.
On le voit, les chapitres qui traitent des influences orientales sont la
partie faible du livre si intéressant de M. Brutails. Je crois môme que
M. B. a attaché une importance relative à cette étude, qui aurait
exigé une description plus longue et une plus grande ampleur.
J'aurais pu montrer que les négations de M. B. sur la survie des
motifs décoratifs de l'art gaulois ne reposaient pas sur l'observation
patiente et longue des monuments mérovingiens, mais il est temps de
terminer ce compte rendu déjà trop long.
J'exprime un seul regret, — et M. Brutails me le pardonnera, —
c'est que cette attaque des théories de mon regretté ami, basée sur une
information incomplète, ait fait le sujet de deux conférences à l'Uni-
versité de Bordeaux. L'erreur se propage plus vite que la vérité.
A. M.
Moyen Age, t. XIII. 26
470 COMPTES RENDUS
Alfred Schœne. — Die Weltchronik des Eusebius in ihrer
Bearbeitung- durch Hieronymus. — Berlin, Weidmann, 1900 ;
iu-8°, xiii-280 p.
En 1866 et 1875, M. Schœne a donné une édition bien connue de
la fameuse Chronique universelle d'Eusèbe de Césarée. On ne possède
que des fragments du texte grec original, mais on a une traduction
arménienne des deux livres et une traduction en latin par saint Jérôme
des Chronici Canaries ou livre II, avec continuation par le traducteur
jusqu'à l'an 378. L'ouvrage est de grande importance. La chronique
d'Eusèbe, oeuvre de polémique, destinée à prouver l'antiquité de la vraie
religion, a exercé, grâce à saint Jérôme une influence extraordinaire
sur les historiens du moyen âge. De plus, Eusèbe était un grand érudit;
il avait dépouillé ou extrait une foule d'auteurs antiques perdus, et
notamment quantité de chronographes et de chronologistes. Le premier
livre renferme l'exposé et l'examen critique des différents systèmes
chronologiques, le second, fruit de ce vaste dépouillement, range les
faits principaux de l'histoire sous forme de tableaux synoptiques. Il
serait donc extrêmement utile de pouvoir reconstituer l'ouvrage grec
primitif.
Mais ici les difficultés sont particulièrementnombreuses. Saint Jérôme
déclare expressément avoir fait au texte original de nombreuses addi-
tions; comment les reconnaître? En second lieu, il dit qu'il a dicté sa
traduction à un librarius, d'où très certainement, dans ces tableaux
synoptiques compliqués, de nombreuses erreurs. Enfin la transcription
de ces longues colonnes de chiffres, flanquées de notes tantôt longues,
tantôt courtes, devait être assez laborieuse pour des copistes du haut
moyen âge, gens ignorants et peu soigneux. Le problème à résoudre
est donc assez compliqué; fort heureusement les éléments pour opérer
cette restitution du texte original sont nombreux et variés. On pos-
sède beaucoup de manuscrits très anciens de l'œuvre de saint Jérôme,
et ces manuscrits sont en partie indépendants les uns des autres. Par
suite, en classant et en éliminant les fautes, on peut assez souvent
remonter à la leçon primitive du traducteur. Cette leçon une fois
retrouvée, il suffit de connaître la disposition matérielle des manuscrits
primitifs et d'appliquer les règles de la stichométrie, pour écarter les
additions malencontreuses des transcriptions plus récentes, reconstituer
à peu près sûrement le texte dicté par saint Jérôme et rétablir la dispo-
sition adoptée par lui. Enfin, la comparaison entre les deux versions
E.-j. tardif: chartes de noirmoutier 471
arménienne et latine indique assez exactement ce qui a été ajouté par
saint Jérôme au texte d'Eusèbe.
Ce sont là les règles de critique que M. Schœne formule et qu'il
applique à l'étude d'un certain nombre de passages pris comme
exemples. On ne saurait dans un compte rendu analyser ces petites
dissertations, toutes très convaincantes et conduites avec une rigueur et
une précision remarquables. Les résultats sont tout à fait inattendus.
Une foule de passages de saint Jérôme, traités par les anciens éditeurs
de loci desperati, en sortent pour ainsi dire restaurés; quantités de
dates fautives sont rectifiées, et toujours M. Schœne indique la cause
de l'erreur commise : inattention du librarius, qui n'a pas saisi ce que
saint Jérôme lui dictait à la hâte; lourdes bévues des copistes suc-
cessifs; mauvaise interprétation des signes de renvoi ; déplacement de
quelques-uns des brefs paragraphes dont l'ouvrage se compose.
De ce long et minutieux examen se dégagent les conclusions sui-
vantes : saint Jérôme a dicté sa traduction à la fin de 381 ; Eusèbe
avait fait deux éditions de ses Canonefi chronici, avant et après la
publication de son Histoire ecclésiastique ; la traduction arménienne
représente la première, la traduction de saint Jérôme la seconde de ces
deux éditions. Ainsi, grâce à M. Schœne, le critique qui voudra
reconstituer l'ouvrage grec a dès maintenant en mains les moyens de
le faire, la comparaison des deux traductions et l'examen des anciens
manuscrits lui permettront de reconnaître à peu près à coup sûr la
provenance de tel ou tel passage suspect, et il pourra, à 1 aide de
caractères différents, marquer l'origine de chaque paragraphe : l^'^ et
2*^ édition d'Eusèbe, additions de saint Jérôme, enfin additions plus
récentes. M. Schœne tiendra sans doute à honneur d'exécuter lui-
même l'édition dont il vient de tracer le plan et d'établir l'économie ;
antiquaires et médiévistes lui en seraient également reconnaissants.
A. MOLINIER.
E.-J. Tardif. — Les Chartes mérovingiennes de l'abbaye de
Noirmoutier avec une étude sur la chronologie du règne de
Dagobert II. — Paris, Larose, 1899; in-B», 64 p. (Extrait en
partie de la Nouvelle Revue historique de droit français et étranger,
t. XXII, p. 763-790). — Territorium Penesciacense ouSenes-
ciacense (Extrait delà jKi6/io^Aèg'Me c?e /'£'co^e c?e6' Chartes, t. LX,
472 COMPTES RENDUS
1899, p. 491-496). tir. ;\ pari, s. l. s. d., paginé de 65 à 71, en sup-
plément au précédent.
M. Léon Maître avait eu la bonne fortune de retrouver toute une
série do documents, en originaux ou en copies, provenant des archives
du prieuré de Cunaud. De ces documents, quelques-uns étaient
inédits, entre autres une charte épiscopale mérovingienne, une pro-
curation pour faire insinuer cette charte et le procès-verbal d'insinuation
dans les registres de la curie de Poitiers. M. Maître avait consacré à
ces trois derniers textes une élude sommaire dans la Bibliothèque de
rÉcoledea Chartes (t. LIX, p. 233-261) où il les publiait; mais il
avait laissé quantité de points obscurs. M. Tardif a très heureusement
complété ou rectifié ce qu'avait d'imparfait ou d'inexact le travail de
son devancier; il l'a fait avec un esprit de finesse et une abondance
de documentation que je me plais à louer. En particulier, je partage
l'opinion de M. Tardif sur la nature de la charte d'Ansoald : elle n'est
pas, comme le croyait M. Maître, l'acte de fondation du monastère de
Noirmoutier qu'Ansoald avait fondé, mais elle est « l'acte constitutif
de la dotation en biens-fonds que celui-ci assurait, suivant l'usage, à
l'abbaye qu'il fondait ». Et le véritable argument, le seul que l'on
puisse faire valoir, c'est que la charte n'indique pas la donation, dans
l'île d'Heri (Noirmoutier) \ des terres sur lesquelles s'éleva le monas-
tère. Il faut aussi, avec M. T., maintenir dans le texte la leçon Penes-
ciacenae que M. Maître avait corrigé en Senesciacense.
Il n'y aurait qu'à adopter presque toutes les autres conclusions de
M. Tardif, si vraiment la charte de l'évêquede Poitiers, Ansoald, était
authentique- Je suis bien obligé de faire cette restriction. M, Tardif,
pas plus que M. Maître, ne met en doute l'authenticité de ce docu-
ment. Les arguments qu'ils donnent sont plus séduisants que forts.
L'un et l'autre de ces érudits admettent même que la copie du xi' siècle
(M. T. la place dans la seconde moitié du xi*" siècle) retrouvée par
M. Maître a été prise directement sur l'original. Je suis étonné de
cette assertion qui n'est qu'une hypothèse impossible à vérifier et qui
1. Je ne crois pas qu'il faille dire que la charte ne peut être l'acte de foudatioo,
parce que la communauté a déjà à sa tête un abbé, a des bâtiments construits
et une église iilacée sous le vocable de saint Pierre, saint André et saint Paul.
C'est mai se rendre compte de ce qui se passait, Le fondateur pouvait en elïet
commencer par élever les bàtimenis, placer le monastère futur sous tel vocable
qui lui plaisait, choisir son abbé avant même que la communauté existât. Cela
résulte de textes qui ue me paraissent pas pouvoir être interprétés autrement.
LE PALENC ET P. DOGNON : LEZAT 473
a contre elle toute vraisemblance ; et c'est précisément parce que cette
copie nie semble venir d'ailleurs que j'ai des doutes sur son authen-
ticité parfaite, doutes qu'une simple lecture du document avait déjà
fait naître dans mon esprit : j'avais relevé des traces d'interpolation
évidente, et j'ai eu le plaisir de trouver dans les Chartes mérovingiennes
de M. Tardif des arguments qui légitiment mon impression et mes
remarques. Je développerai tout au long l'examen diplomatique du
document qui n'a point encore été fait. Il n'est pas jusqu'à la date
même fournie par la charte qui ne puisse donner lieu à revision de
V Étude sur la Chronologie du règne de Dagohert IL Mais là je reste
présentement sur une réserve prudente, mon examen n'étant pas assez
avancé pour me permettre dédire qui de M. Tardif ou de moi a raison,
parce que la question soulève subsidiairement, comme l'a bien vu
M. Tardif, la fixation des limites du royaume soumis à Dagobert II,
Quoi qu'il en soit, les deux mémoires de M. Tardif font bien augurer
de la série des Études mérovingiennes qu'ils ouvrent.
L. Levillain.
Ch. Le Palenc et P. Dognon. — Lezat, sa coutume, son con-
sulat. — Toulouse, E. Privât, 1899; in-8°, lxvii-125 p., fac.-sim.,
carte.
Sous ce titre, MM. Le Palenc et Dognon donnent une excellente
édition de la Coutume de Lezat, précédée d'une préface fort inté-
ressante qui est consacrée à l'histoire administrative de la ville, depuis
ses origines jusqu'à 1789, — d'après V Histoire générale de Languedoc,
le cartulaire de Lezat, le volume 102 de la collection Doat.
Lezat doit son existence à l'abbaye du même nom dont l'origine est
obscure, embarrassée de légendes, spécialement en ce qui touche son
fondateur saint Antoine 'ou Aton), mais qui remonte au moins à
l'année 944. Une « salvetat » qui se peupla rapidement autour de
l'abbaye fut « le berceau » de la ville, à la naissance de laquelle il est
naturellement difficile d'assigner une date; MM. P. et D. croient que
la sauveté de Lezat a précédé celles des églises et prieurés de Cog-
Morta et Bérat, de Padern, de Mont Sabaoth, qui appartiennent
pourtant à une époque assez reculée, au dernier tiers du xi® siècle.
MM. P. et D. indiquent les limites de la sauveté depuis le
xHie'siècle avec des identifications précises et une carte qui font bien
474 COMPTES RENDUS
connaître les lieux. Ils donnent aussi une description topographique
de la ville de Lezat, dont un tiers environ était couvert par les bâti-
ments de l'abbaye; cette description est accompagnée de la repro-
duction phototypique d'un plan du xv*' siècle.
L'abbé de Lezat était seigneur de la ville. Si, en 1241, Pierre de
Dalbs, alors abbé, fit un contrat de pariage pour Lezat et son terri-
toire, le castrum excepté, avec le comte de Foix, ce fut, d'après
MM. P. et D.. pour se prémunir contre une attaque armée du comte
qui menaçait l'abbaye. Cependant Pierre de Dalbs n'invoqua pas cet
argument quand plus tard on lui reprocha ce pariage comme un acte
d'aliénation des biens de son monastère\ Les comtes de Foix, à la
faveur du pariage et, par une progressive absorption, firent entrer
Lezat dans leur comté. « Les meilleurs auxiliaires de leur autorité »
ont été les consuls de Lezat qui ont accru leur influence pour en
profiter. Ils existaient déjà en 1241, et se liguèrent contre « le seigneur
abbé » avec le comte qui obtint de Philippe IV, le 3 juin 1299, que la
sauvegarde royale, accordée en 1290 à l'abbaye, lui fiit retirée. « Restés
seuls et nus, l'abbé et les moines tentèrent sans doute de désarmer
leurs sujets en leur octroyant de larges satisfactions, et la coutume fut
rédigée : » la cérémonie de concession eut lieu le 11 novembre 1299.
MM. P. et D. sont en possession de documents des xvii« et
xviiie siècles qui montrent la persistance delà coutume jusqu'en 1789:
les abbés qui voulurent en restreindre les libertés eurent à livrer de
très vifs combats contre leurs sujets. Cette histoire de la ville est
solidement déduite, documentée ; on peut toutefois y relever cette
généralisation peu fondée : MM. P. et D., parlant des 25 sous de
Morlaas que le comte devait annuellement à l'abbaye en signe de
vassalité, disent que la somme fut « régulièrement payée », bien que
deux actes seulement en fassent foi, pour les années 1412 et 1451.
L'édition du texte latin de la Coutume a été préparée avec un
soin minutieux; le manuscrit qui la contient est d'ailleurs excellent
et à peu près contemporain de la concession. Un appendice contient
sept pièces relatives à la Coutume, comprises entre les années 1242 et
1631. MM. P. eiD. ont voulu, disent-ils, « travailler, non au bénéfice
des seuls érudits, mais aussi pour les habitants de Lezat, nos compa-
1. Cf. l'Affaire de Pierre de Dalhs dans Moyen Age, janvier-février 1900
(t. XIII), pp. 38-56.
G. paris: la littérature normande avant l'annexion 475
trioles »; ils ont su atteindre ce double but, et c'est chose fort rare. Ils
ont traduit entièrement en français la Coutume, a besogne épineuse »
qu'ils ont menée à bien. Leurs notes, écrites avec la connaissance des
lieux et des institutions locales, éclaircissent chacun des articles, et
ne s'adressant pas exclusivement aux « savants » précisent certaines
difficultés que les « savants » évitent généralement.
La Coutume, avec ses 70 articles, est vraiment un tableau complet
de la vie sociale. Elle fixe d'abord les conditions et les limites de l'asile
que la ville accorde à tous venants, confirme l'exemption de toute leude
et tout péage pour les habitants de Lezat et ses dépendances dont elle
indique les limites, fixe les droits utiles des habitants et les impôts
. dus par eux à l'abbé, confirme les marché et foire, règle la forme de
l'élection des consuls, dont 3 sont choisis par cooption indirecte, et le
quatrième par l'abbé qui les investit tous les 4; quelques articles
déterminent les droits et attributions des consuls au point de vue
administratif et judiciaire, et des officiers de l'abbaye : viguier et
sergents. Les autres articles fixent pêle-mêle les pénalités et les
impôts. Sans être entièrement originale, la Coutume de Lezat n'est
pas une « filiale ».
On souhaiterait que, sur le modèle de l'édition de MM. P. et D., les
autres Coutumes, en langue vulgaire ou en latin, qui se sont
conservées en assez grand nombre, fussent définitivement publiées.
Ainsi se trouverait étendu le champ des études comparatives entre
Coutumes, telles que MM. P. et D. en ont esquissé une, entre la
Coutume de Lézat et celle de Saint- Ybars — qui est publiée en appen-
dice — qui fut concédée à cette ville, dépendance de l'abbaye de
Lezat, par les deux seigneurs « pariers », l'abbé et le comte de Foix.
F.-E. Martin.
Gaston Paris. — La Littérature normande avant l'annexion
(912-1204\ discours lu à la séance publique de la Société
des Antiquaires de Normandie, le 1*^^ décembre 1898. — Paris,
Emile Bouillon, 1899; in-8», 57 p.
L'abbé de La Rue, qui avait émigré à Londres pendant la Révolution ,
est un des premiers savants de Normandie qui ait exploré les biblio-
thèques et les archives anglaises au point de vue des antiquités de son
pays; ses études portèrent particulièrement sur l'ancienne littérature. Il
ne cherchait pas à distinguer le dialecte normand del'anglo-normand.
476 COMPTES RENDUS
et, de plus, incapable de distinguer la langue d'un auteur de la langue
des copistes de manuscrits, dont la plupart avaient été copiés en Angle-
terre, il fut amené à rattacher à la littérature normande un nombre
considérable d'œuvres qui lui sont étrangères; la critique a peu à peu
remis bien des choses à leur place, mais le livre de l'abbé de La Rue,
qui a rendu des services, a exercé une longue influence sur les
travaux de ses successeurs. Un maître parmi les romanistes contem-
porains, ISI. Suchier, directeur dune collection d'éditions de textes, la
Bihliotheca normannica, a semblé à M. Gaston Paris ne pas entière-
ment échapper à l'exagération de ses devanciers et avoir fait à lalitté-
rature normande une place qu'elle ne mérite pas, et le discours que
M. Gaston Paris a composé pour la Société des Antiquaires de Nor-
mandie a pour but de restreindre encore les limites de ce qu'on peut
appeler la littérature normande. De la fusion des envahisseurs du
Nord et des anciens habitants, est sortie une nationalité nouvelle qui
resta longtemps étrangère et même hostile à toute relation avec le
reste de la France ; les œuvres littéraires composées dans ce milieu
spécial qui disparut en 1204, méritent seules d'être appelées normandes :
ainsi le Rolant, bien que probablement composé dans l'Avranchin,
mais dont l'inspiration est toute française et féodale, ne peut être attri-
bué à la société normande peu disposée à s' enthousiasme!' pour la
royauté de Laon ou de Paris; M. Paris montre, d'ailleurs, que si les
Normands ont connu et propagé beaucoup de chansons de geste, ils
sont restés entièrement étrangers à la vaste production épique du
moyen âge; ils ne semblent pas davantage avoir joué un rôle spécial
appréciable dans la transmission de la matière de Bretagne; on ne peut
leur attribuer qu'un roman d'aventure, Athis et Porphirias, et, à une
exception près, Henri d'Andeli, ils n'ont pas cultivé et ont fort peu
goûté la poésie lyrique courtoise; ils semblent avoir eu une poésie
lyrique satirique, l'es^A-arnôo!;; il n'en reste aucun spécimen, mais ils
ont dû transporter ce genre en Sicile, où le nom de stramhotti est
resté à une forme de poésie populaire. On peut attribuer à la Nor-
mandie deux branches importantes du Roman de Renard, mais ce qui
semble le plus caractéristique de la littérature normande, ce sont ses
tendances didactiques; plus tôt que partout ailleurs, la société laïque
a aimé à s'instruire, et les ouvrages sur les sciences, l'histoire, la
morale et la religion composent ce qu'il y a de plus remarquable
dans la littérature qui lui était destinée. Ce fut de Normandie que
L. JARRY : HISTOIRE DE CLÉRY 477
vinrent les plus anciennes traductions du Lapidaire de Marbode, du
Bestiaire par Pliilippe de Thaon, qui composa aussi un poème sur
le Comput. L'iiistoire est brillamment représentée parWace, Ambroise,
auteur de VEstoire de la guerre sainte, Guillaume de Saint- Pair, les
poèmes sur l'abbaye de Fécamp et la compilation en prose qui sert
de noyau à la Chronique de Normandie ; il faut remarquer que
M. Paris élimine Benoît de Saint- More, né en Touraine, et l'histoire
de Guillaume le Maréchal, plus particulièrement anglo-normande.
Citons encore des traductions d'ouvrages religieux et moraux, comme
certaines parties de la Bible, la règle de saint Benoît, VElucidarius
d'Honoré d'Autun, la Disciplina clericalis de Pierre Alphonse, qui
furent de bonne heure traduits en Normandie, enfin des Vies de
saints, et au premier rang la Vie de saint Alexis, cet admirable
poème, dit M. Gaston Paris, qui suffirait à la gloire poétique de la
Normandie médiévale. J. C. P.
Louis Jarrv. — Histoire de Gléry et de l'église collégiale et cha-
pelle royale de Notre-Dame de Clèry, etc., précédée d'une
notice sur l'auteur, par M. le comte Baguenault de Puchesse. —
Orléans, Herluison, 1899; in-8, xxv-430 p.
La publication de l'Histoire de Cléry, à la rédaction de laquelle
M. Louis Jarry avait consacré les dernières années de sa vie, était le
plus bel hommage que la piété filiale pût rendre à la mémoire d'un
érudit dont l'activité scientifique s'était surtout et continuellement
exercée sur l'histoire et les antiquités de l'Orléanais. Et s'il arrive que
les œuvres posthumes font souvent tort à la réputation des écrivains,
ce ne sera pas celte fois. Car le livre de M. Louis Jarry était au point;
et s'il demandait quelques retouches de détail, de ces retouches qu'ap-
pelle l'impression de tout manuscrit, c'est un soin dont son fils s'est
acquitté en héritier de la science de son père et en érudit qui déjà a
fait ses preuves.
L'histoire de Cléry est intimement liée à celle de la collégiale qui,
grâce au culte que Louis XI lui avait voué, a porté le renom de cette
ville bien plus loin que ne l'eût fait son importance comme groupe
urbain. Aussi voyons-nous que l'histoire même de la ville tient peu de
place dans le livre de M. Jarry, non pas que l'auteur l'ait négligée,
mais parce que, à vrai dire, le sanctuaire était le centre et comme la
raison d'être delà ville. Sans compter que les archives sont pauvres et
478 COMPTES RENDUS
que celles même de l'église Notre-Dame ne nous sont parvenues qu'à
IVtal de débris. C'est en dehors des archives que M. Jarry a retrouvé
la charte de franchise accordée en 1229 par Jean de Meung, seigneur
de la Salle, aux hommes de sa terre voisine de Cléry, et qui est cal-
quée sur la charte de Cléry. elle-même copiée sur les coutumes de
Lorris. Voilà donc une charte à ajouter aux filiales de Lorris.
Cléry remonte au moins, comme villa, à l'époque romaine ; la forme
de son nom l'indique. Mais la plus ancienne mention qui en soit faite
se trouve dans la charte de Léodebod pour le monastère de Fleury -sur-
Loire, en l'an 651. Léodebod donne à l'église de Fleury villam Cam-
heron quœ est juxta terminum Clariacenae vel Uccello inco. Cam-
beron n'a pu être localisé : mais M. Jarry a retrouvé la véritable
position d' Uccello, qui ne doit pas être identifié avec Huisseau-sur-
Mauves, comme on l'a cru, mais bien avec Saint- André-les-Cléry,
Saartus Andréas de Ussello jnxta Cleriacnm. .-Vinsi, dès les pre-
mières pages de son livre, l'auteur, faisant preuve d'esprit critique,
rectifie ses devanciers. Et il en est ainsi tout le long de son ouvrage ;
car il n'avance rien qu'il ne le fonde sur des documents authentiques
judicieusement discutés.
La ville de Cléry doit son développement à la découverte faite vers
1280 par des laboureurs, d'une statue de la Vierge cachée dans un
buisson. On la déposa dans un sanctuaire, mais le bruit des prodiges
dus à son intercession s'étant répandu rapidement, et le sanctuaire où
elle avait été déposée ne pouvant plus contenir la foule des pèlerins,
on construisit une chapelle mentionnée pour la première fois en 1283.
Le maréchal de France, Simon de Melun, seigneur de la Salle-les-
Cléry, tué à Courtrai en 1302, fonda par testament cinq prébendes. Ce
fut l'origine de la collégiale dans laquelle le roi Philippe IV établit
cinq nouvelles prébendes canoniales. Dès lors, les seigneurs de Cléry
et les rois de France ne cessèrent d'augmenter la dotation de Notre-
Dame de Cléry.
Spécialement ils firent de nombreux dons et assignations de rentes
pour aider à la construction d'une église digne de la Vierge. M. Jarry
a soigneusement relaté tous les travaux d'agrandissement et de restau-
ration dont l'édifice fut l'objet, de sorte que l'église de Cléry, encore
debout, est un de ces rares monuments dont les diverses parties sont
datées et qui pourra désormais fournir des points de comparaison pour
déterminer la date d'autres édifices dont les comptes de construction
L. JARRY : HISTOIRE DE CLÉRY 479
ne nous sont pas parvenus. Si nous en croyons un document du
temps de Louis XI, ce fut Philippe le Bel qui fît jeter les fondations
de l'église destinée à remplacer la chapelle primitive. Des construc-
tions de ce roi, il ne reste que la tour. Cependant, dans des lettres de
1340, le roi Philippe VI rappelle qu'il avait posé la première pierre du
nouvel édifice. En 1428, Salisbury livra Cléry au pillage et détruisit
l'église. Grâce aux générosités du Bâtard d'Orléans, de Charles Vil,
du Dauphin et de quelques autres personnages, l'église ne tarda pas à
se relever de ses ruines.
Le portail était en partie reconstruit en 1449, et l'on y avait mis en
place d'honneur une statue de Charles VII détruite au commencement
du siècle. Sous Louis XI, les travaux furent poussés activement, sous
l'impulsion et avec l'aide du roi qui avait choisi cette église pour lieu
de sa sépulture. Il écrivait à Bourré, le 9 septembre 1482: «Monsieur
du Plessis, j'ay délibéré de faire accroistre l'église de Nostre-Dame de
Cléry de quatre piliers ; et pour ce, enquérez-vous incontinent ce
qu'ils pourront couster. » L'église actuelle est pour la plus grande
partie de la seconde moitié du xv' siècle. Malheureusement les des-
tructions opérées par les Huguenots, spécialement par l'armée de
Condé en 1562, ont rendu nécessaires de nombreuses réfections. Le
monument funéraire de Louis XI fut détruit tout le premier, et remplacé
en 1622 par un autre, dont la statue fut exécutée par Michel Bourdin,
d'Orléans. Ce nouveau monument fut démoli en 1792, mais la statue,
grâce à Lenoir, trouva un asile dans le Musée des Petits-Augustins
jusqu'à sa réintégration dans l'église de Cléry en 1818.
Les lignes qui précèdent ne donneront qu'une idée imparfaite du
livre de M. Jarry ; car nous n'avons parlé ni des vicissitudes de la sei-
gneurie que l'auteur a cependant suivies dans ses moindres détails, ni
des seigneurs eux-mêmes, dont quelques-uns, sans compter les rois de
France, tinrent un rôle important dans notre histoire, ni des événe-
ments de guerre dont Cléry fut le théâtre. Mais nous ne pouvons
omettre les pièces justificatives, ni les reproductions de monuments
qui sont à leur manière des pièces justificatives. Le plus ancien docu-
ment publié par M. Jarry est une charte de la fin du XI P siècle, par
laquelle Hugues, évêque d'Orléans, confirme l'abandon d'une dime
consentie par Adam et Giraud «Languille» en faveur des Bonshommes
(de l'Ordre de Grandmont) de Cléry. Signalons encore la charte de
coutumes accordée par Jean de Meung à ses hommes de la Salle-les-
480 COMPTES RENDUS
Cléry ; les lettres-royaux de Louis XI érigeant la seigneurie de Cléry
en baronnie et châtellenie ; d'autres lettres du même roi donnant cette
baronnie au chapitre de Cléry; le devis de la fortification du bourg
en 1583 ; un devis pour la fermeture du chœur de l'église en 1626; un
autre devis, de 1633, de travaux à faire dans l'église; les statuts de la
collégiale de 1654 et de 1663, etc. Quant aux quatorze planches, qui
forment l'illustration de l'ouvrage, et qui sont la plupart de superbes
héliogravures, elles reproduisent une série de monuments du plus
haut intérêt artistique : la façade de la collégiale ; la statue funéraire
de Jeanne de Mornay, du XI 11^ siècle, aujourd'hui conservée au
Musée historique d'Orléans ; des méreaux et sceaux de la collégiale ;
le plan de la chapelle de Longueville ; l'esquisse du premier projet de
la statue funéraire de Louis XI ; le plan et la coupe du caveau royal
de Louis XI ; l'arcade d'entrée et les voûtes de la chapelle Saint-
Jacques ixvje siècle); la porte de la grande sacristie (xv^ siècle) ; un
projet de fortification du bourg de Cléry; le plan de l'église en 1628;
la statue de Louis XI , par Michel Bourdin ; le vitrail de l'Ordre
du Saint-Esprit. M. Prou.
Le Livre de comptes de Jacme Olivier, marchand narbonnais
du xiv-^ sièle, publié par Alphonse Blanc. Tome second, l^"* partie.
— Paris, Picard, 1899; in-8% 675 p.
M. Alphonse Blanc publie le Livre de comptes de Jacme Olivier,
marchand narbonnais; ce livre s'étend de 1381 à 1385. Nous atten-
drons, pour en faire ressortir l'intérêt, que l'éditeur nous ait livré son
introduction, qui formera le premier volume de l'ouvrage, et qui sera
une véritable histoire économique de Narbonne au moyen âge, si nous
en jugeons par les pièces justificatives publiées à la suite du Livre de
comptes et qui constituent un véritable recueil de documents pour
servir à l'histoire de l'industrie et du commerce narbonnais au
xiii^ siècle. La lecture en est si attachante que je ne puis me tenir
d'indiquer les plus importantes.
C'est d'abord une charte de 1218 dressée par un notaire public de
Narbonne, constatant la décision prise par le viguier et le bayle de
l'archevêque de ne plus exiger des habitants de Narbonne la « rêve »
pour les choses achetées et vendues dans leurs maisons pour tout
étranger demeurant avec eux ou les accompagnant dans leurs voyages.
Puis vient un acte antérieur, de 1175, qui est une convention de paix
A. BLANC : LE LIVRE DE COMPTES DE JACME OLIVIER 481
et de commerce conclue entre la cité de Pise, d'une part, et la vicom-
tesse et les consuls de Narbonne, d'autre part; ou, plus précisément,
c'est un engagement pris par la vicomtesse de sauvegarder les per-
sonnes et les biens des Pisans dans toute l'étendue du territoire placé
sous sa souveraineté. Puis viennent des traités analogues conclus
entre Narbonne et Nice (1224), Hyères (1225), Toulon 1225), San-
Felice-de-Guixols (1244), etc. La pièce justificative n" VII, très im-
portante pour l'histoire de l'industrie drapière à Narbonne, est une
transaction arbitrale entre les pareurs et les tisserands (1254). Sous le
n" IX, nous trouvons une enquête de 1255, relative à des actes
d'usure, et faite à Toulouse, sur l'ordre de l'archevêque de Narbonne.
Deux autres documents, les n"^ XXVI et XXVII, témoignent de l'usage
du prêt à intérêts. La juridiction et la réglementation des poids et
mesures appartenait, dans les villes du Midi comme dans celles du
Nord, aux détenteurs de la souveraineté ; et si les villes ont eu des
poids publics, ça n'a jamais été que par l'octroi de celui qui exerçait
les droits régaliens. Ainsi, par un acte de 1257, le vicomte de Nar-
bonne autorise la ville de Narbonne à percevoir une obole par quintal
de blé ou de farine pesé au poids public, antérieurement établi avec
son consentement; les délinquants restent justiciables de la cour du
vicomte. Le n" XVI est une enquête faite en 1261 et 1262 par le juge
de la viguerie royale de Béziers, pour savoir si les habitants de Nar-
bonne devaient payer ou non la leude royale de Béziers pour les
marchandises transportées de France à Narbonne ou de Narbonne en
France par le chemin de Murviel et de Cazouls. Une bulle de Gré-
goire X, du 25 août 1272, prescrit aux consuls de Narbonne de
prendre des mesures rigoureuses pour que les habitants de cette ville ne
fassent pas avec les Sarrasins le commerce des armes, du fer, des
navires, et ne mettent pas à leur service leurs connaissances dans l'art
de la navigation. Toute une série de lettres de Philippe IV montrent
l'intervention royale dans les affaires de la ville : un mandement
enjoignant au sénéchal de Carcassonne de contraindre les clercs et
autres religieuses personnes ayant des biens dans la cité et le bourg
de Narbonne à contribuer aux tailles mises pour le bien commun
(n" XXIX) ; un autre, du 23 décembre 1279, prescrivant à l'arche-
vêque et au vicomte de restituer les marchandises qu'ils ont saisies sur
les étrangers qui ne se refusent pas à payer la leude (n" XXXII); un
autre mandement du même roi, en date du 20 décembre 1292, enjoi-
482 COMPTES RENDUS
gaant aux sénéchaux de Carcassonne, Beaucaire et Toulouse de veiller
à ce que les Lombards, autorisés à exporter les laines du royaume, ne
s'opposent pas à ce que les habitants de Narbonne fassent le commerce
des laines. En 1294, le sénéchal de Carcassonne donna ordre au baile
royal du Narbonnais de procéder, d'accord avec les consuls, à un
recensement des feux du bourg, en vue d'imposer une taille de
six sols tournois par feu ; l'enquête ne se fit pas sans difficulté, à cause
des résistances des consuls. Ceux-ci finirent par déclarer qu'il y avait
dans le bourg deux mille seize feus, sans compter les pauvres, c'est-
à-dire ceux qui possédaient des biens d'une valeur moindre de 50 sols
tournois, les clercs mariés qui représentaient 26 feux, les clercs béné-
ticiés, 54 feux, les clercs non bénéficiés et non mariés, 21 feux,
lesquels clercs ne faisaient pas partie de la communauté et n'étaient
pas taillables.
En 1305, le juge royal procéda au dénombrement des feux de la cité;
les consuls le requirent de ne pas comprendre dans ce nombre les clercs,
les pauvres et les juifs dont ils lui donnèrent la liste; elle est publiée
partiellement sous le n" LIV, p. 543 ; il y avait plus de 722 hommes
et 408 femmes pauvres ; le nombre exact ne peut être indiqué, car le
commencement de 11 lignes manque dans le document : d'après la
longueur de la lacune, ce sont douze ou treize noms à ajouter. On
trouvera encore des mandements royaux sous les n^' XLI, XLIII, L,
LUI, LVllI, LIX, etc. Sous le no LX, toute une série de pièces rela-
tives à une affaire de représailles et à des lettres de marque accordées
par le roi d'Aragon Jayme II à un certain Jacme Terrons, de Tortose,
qui, en vertu de ces lettres, avait fait saisir par le viguier de Barce-
lone une balle de drap appartenant à deux marchands français.
Citerais-je encore les documents relatifs à l'arrestation des Lombards
en 1291 (no XXX bis),k l'expulsion des juifs et à la confiscation de
leurs biens en 1306 et 1307 (n°^ LVII et LVIII)? Mais il n'y a pas dans
le volume de M. Alphonse Blanc un document qui ne mérite d'être
signalé. Et la série n'est pas fermée, puisque l'éditeur annonce une
deuxième partie de ce second volume qui contiendra, avec un glossaire
provençal et les tables, le reste des pièces justificatives.
M. P.
CHRONIQUE
M. L. Delisle a étudié dans le Journal des Sai-ants (janvier-mars 1900,
p. 16-26, 106-117, 196-197) l'œuvre jusqu'ici à peu près inconnue d'un com-
pilateur du xv' siècle, Jean Mansel, conseiller du duc de Bourgc^ne et
receveur général des aides d'Artois. Cet auteur, outre des Histoires romaines
et une Vita Chinsti. a. compilé pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne,
une encyclopédie historique intitulée : La Fleur des histoires. A la suite
d'un examen sommaire, M. L. D. a décrit et classé 45 mss. de cet ouvraj^e.
— Dans le Journal des Savants de mars 1900, p. 148-164, le même savant
a étudié un manuscrit des sermons français de saint Bernard, conservé au
musée Dobrée, à Nantes, cet examen lui a fourni l'occasion de retracer
l'histoire d'une belle coi4ection privée de manuscrits, celle de l'amateur
genevois Bourdillon. — Dans le même recueil encore (avril-mai, p. 232-242,
285-291), M. L. D. a étudié l'œuvre du chroniqueur Gérard d'Auvergne ou
d'Anvers. On a de cet écrivain une compilation historique, que Ton croyait
perdue, intitulée : Historia fujuralis et dédiée au pape Grégoire X (1272).
M. L. D. en a retrouvé le texte dans un manuscrit de Cheltenham, récem-
ment acquis par la Bibliothèque nationale (Nouv. acq. lat. 1811); ce
manuscrit présente un texte très probablement interpolé à Saint-Riquier;
un fragment de cet ouvrage est conservé dans le ms. 339 de l'Université
d'Utrecht, sous le tiUe de Bihlia tabulata. U PJstoria figuralis contient
d'intéressants passages sur les traditions qui avaient cours au xiii' siècle, au
sujet des origines chrétiennes de la Gaule. On a encore du même chroni-
queur cinq manuscrits d'une Abbreviatio Jh/uralis historiae, dont trois
présentent un prologue en vers, imprimé en appendice à l'étude que nous
analysons ici. Gérard avait également écrit une compilation intitulée:
Flores historiaruni, dont aucun manuscrit ne nous est parvenu, mais à
laquelle il renvoie dans ses autres ouvrages, et peut-être aussi un Traité
historique sur l'Université de Paris. A. V.
* *
M. Mentienne, dans un Mémorandum ou Guide nécessaire à ceux
qui coudront écrire les monor/rap/iies des communes du département
de la Seine (Paris, H. Champion, 1899; in-16, 142 p.), a relevé pour
chaque commune les documents ou séries de documents conservés aux
Archives nationales et départementales, et indiqué les ouvrages imprimés.
Le principal intérêt de ce répertoire réside dans la mention du contenu des
484 CHRONIQUE
archives de chaque commune; plusieurs possèdent des registres de l'état
civil de la première moitié du xvi" siècle; il est regrettable que pour les
registres de l'état civil et pour les délibérations municipales M. Mentionne
n'ait pas pu indiquer toujours l'époque à laquelle commencent les séries
conservées. Malgré cette réserve, le Mémorandum seva, selon les intentions
de l'auteur, un guide que l'on consultera avec fruit. A. V.
* *
M. Hermann Bloch a consacré aux chartes anciennes de Saint- Vanne de
Verdun un savant mémoire (Die àltcren Urkundcn des Klostcrs S. Vanne
zu Verdun. S. 1. n. d.; in-4% 113 p. Extr. du Ji(hrbuch der Gesellschaft
far (othrini/tsche Geschichte und Altertamslauide^ X, 1898). Aucune
charte originale n'a été conservée, mais les documents sont connus par cinq
cartulaires conservés à la Bibliothèque nationale de Paris (Dupuy, 244^
lat. 5435, 5214^ 17639) et un conservé à la Bibliothèque municipale de
Verdun (184), les deux plus anciens datent seulement du xv' ou du
xvi° siècle. M. B. a donné le texte critique de trente-neuf chartes comprises
entre 702 et 1046, plusieurs du viii" siècle étaient encore inédites. Un
appendice contient le texte du court polyptj'que de l'abbaye rédigé au
x" siècle et déjà imprimé par Guérard. L'auteur annonce une suite à cette
importante publication. A. V.
L'on n'avait jusqu'à ce jour que des renseignements très sommaires sur
l'Hôtel-Dieu de Crécy-en-Brie. M. H. Stein a retrouvé aux Archives natio-
nales (S, 4853) et publié un petit cartulaire de 8 folios écrits au xiv' siècle
{Cartidaire de V Hôtel-Dieu de Crècy-en-Brie, Lagny, E. Colin, 1899;
in-B", 12 p. Extr. du Bull, de la Conférence d'histoire et d'archéologie
du diocèse de Meaux, 1899), et contenant 15 chartes, la plupart du
xiii' siècle, émanées de Gaucher de Ghâtillon, fondateur de l'Hôtel-Dieu
(avant 1209), de son fils Hugues, de Hermier, doyen de Saint-Frambaud de
Senlis, de Geoffroy, Guillaume de Nemours et Guillaume de Cuisy,évêques
de Meaux, de Jean, abbé de Sainte-Geneviève, de Berthe, abbesse de Fon-
tevraud, du pape Honorius III, du roi Philippe VI.
M. J. L'Hermitte, archiviste de la Sartbe, a publié une Charte relative à
la maison de Comborn en Limousin (Brive.imYtv. de Roche, 1899; in-8°j
19 p. Extr. du Bull, de la Société scientifique, historique et archéologique
de la Corrèze, 1899) : c'est un acte de Philippe le Bel, daté de Paris,
mars 1299, homologuant un partage de biens entre Eustachie et Marie de
Comborn, filles de Guy, et Almodie de Comborn. Le texte de cette charte
fournit un excellent commentaire d'un passage des Vitœ paparum acenio-
nensium de Baluze.
*
CHRONIQUE 485
Notre collaborateur, M. Guesnon, dans les articles publiés ici même, sur
la Satire à Avras au XIII* siècle, s'est servi, en l'interprétant d'une façon
tout à fait nouvelle, du registre de la Confrérie des Jongleurs d'Arras. Dans
une communication faite à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
{Le Registre de la Confrérie des Jongleurs et des Bourgeois d'Arras.
Note sur le nis. fr. 8541 de la Bibliothèque nationale. Paris, Impr.
nationale, 1899; in-8°, 16 p. Extr. des Comptes rendus de V Académie des
inscriptions et belles-lettres), M. Guesnon a montré que Ton a jusqu'à ce
jour considéré ce registre comme un livre d'entrée dans la confrérie, alors
que c'est « un livre de sortie », un nécrologe. On conçoit toutes les inexacti-
tudes qui ont pu résulter de cette erreur d'intei'prétation, portant sur dix
mille trois cents noms de jongleurs et bourgeois d'Arras, compris entre
1194 et 1361. La démonstration de M. Guesnon est fondée sur le manque
d'accord qui existe entre les prescriptions des statuts de la confrérie au
sujet des dates de réception et de payement du droit d'entrée et les dates et
sommes inscrites dans le registre, sur la mention de morts, de provenances
d'hôpital, de services religieux qui accompagnent certains noms, et enfin,
et surtout, sur la comparaison de la chronologie du registre avec les
dates mortuaires connues par d'autres documents, l'expérience faite par
M. Guesnon sur cinquante noms est tout à fait probante pour la thèse
soutenue par lui.
Le même érudit a encore publié sous le titre : La Chandelle d'Arras,
texte inédit du XIII" siècle (ArvaiS, impr, de F. Guyot,1899; in-8°, 18 p.),
une version inédite du miracle primordial de la Confrérie des Jongleurs
d'Arras (Bibl. nat., ms. fr. 17229). A. V.
Le tome XXX des Archives historiques du Poitou (1899) forme le tome
II du Cartulaire des sires de Ray s, publié par René Blanchard, au tome
I" duquel nous avons consacré précédemment un compte rendu. Le présent
volume contient des actes du xm" au xv" siècle et la table générale.
M . Lauer, membre de l'École française de Rome, a entrepris sous l'oratoire
Saint-Lailrent à Rome, connu sous \q nom àe S ancta S anctorum, ?>e\i].
débris de l'ancien patriarchium du Latran, des fouilles qui ont donné des
résultats fort intéressants {Les fouilles du Sancta Sanctorum au Latran.
Rome, 1900; in-8°, 41 p., 4 pi. dont 1 en coul. Extr. des Mélanges d'ar-
chéologie et d'histoire, X.X.). Sous la, scala santa M. Lauer a étudié les
trois salles qui correspondent à l'ancien oratoire de saint Grégoire le Grand.
Il y a reconnu des colonnes et des piliers qui semblent être les débris d'un
portique du ix° siècle restauré par Léon III ; sur les piliers sont des fresques
qui paraissent dater du xi* ou du xii° siècle et représentent l'ensevelissement
de saint Jean l'Évangéliste; deux clercs, dont l'un est indiqué par une ins-
cription comme étant le pape saint Etienne; l'autre, dont les attributs ponti-
ficaux ont été grattés, pourrait être le pape saint Sylvestre ; un personnage
Moyen Age, t. XIII. 27
486 CHRONIQUE
nimbé revôtu du pallium; un christ ù mi-coips, vu jadis en pied par
Maraugoni; entindeux saintes. Toutes ces peintures ont subi des retouches
postérieures au xi' siècle. Sous la chapelle du Sdiirfa Snnctoruin, M. Lauer
a retrouvé un puits à ossements pour lequel on a utilisé des murs préexistants,
murs appartenant primitivement à quelque salle du patriarciduin et ornés
de peintures; ce puits sert de chambre d'accès à un réduit sur la muraille
duquel M. Lauer a découvert une fresque représentant un personnage vêtu
de la toge classique, sans barbe, sans nimbe, assis devant un pupitre et
tenant dans la main gauche un rouleau; une inscription fournit le distique :
Divcrsi diccrsa pati-es, sed hic oinnia dixit,
Romano cloquio mjjstica sensa tonans.
M, Lauer identiâe le personnage avec saint Augustin et rapporte au
Vf siècle l'exécution de cette peinture. La fresque ayant 2 m. 50 de haut,
il est à présumer que le réduit où on l'a reconnue n'e&t que l'angle d'une
salle spacieuse. M. Lauer voit avec vraisemblance, dans cette salle, l'ancien
scriniuinsanctuni Latcranease, première bibliothèque du Latran, dépôt des
archives pontificales et siège de la schola notarlufiun. A. V.
* *
Bien qu'en dehors du cadre du Moi/cii Age^ nous tenons cependant à si-
gnaler l'apparition du tome III de V Album historique, publié sous la direc-
tion de M. Ernest Lavisse, par M. A. Parmentier (Le xvi" et le xvii° siècle.
Costume, habitation, mobilier, armes, Église, enseignement, beaux-arts,
agriculture, industrie, commerce, etc. — Paris, Armand Colin, 1900;
in-4", i-viii-292 p., orné de nombreuses gravures), pour ceux de nos lec-
teurs qui se sont déjà procuré les deux premiers volumes, et qui tiennent à
suivre cette publication fort intéressante. Ils retrouveront dans celui-ci les
mêmes qualités que dans les précédents, et que nous avons déjà signalées :
une grande clarté de texte, une illustration choisie avec discernement, iné-
dite pour une bonne part, et pour laquelle les différents dépôts de la Biblio-
thèque nationale ont été mis largement à contribution, une bibliographie
abondante, et des tables très développées, destinées à rendre aux travailleurs
des services qui seront sûrement appréciés. Georges Riat.
*
M. R. Poupardin a retrouvé sur un feuillet du ms. 1283 du fonds de la
reine Christine au Vatican des notes généalogiques concernant les comtes
d'Anjou (G('nèalof/ics anr/^cines du XI° sièclr. Rome, 1900; in-8°, 12 p.
Extr. des Mélanges d'archrologir. H d'histoire, XX). Ces notes écrites à
la fin du xi' ou au début du xn° siècle, à Saint-Aubin d'Angers, indépen-
dantes des Gesta consulum andcgavensiiwi , fournissent pour les princes
bretons quelques noms et quelques renseignements nouveaux, et peuvent
servir à contrôler les données fournies par d'autres textes.
A. V.
* *
CHRONIQUE 487
M. Maurice Tourneux, à qui l'on doit une Table des pièces inédites ou
supposées telles, publiées dans les douze premières années de V Aniafcur
d'(ia(o(/r(tp/ies de Cliaravay (1862-1874), vient de publier pour les années
187.J-1H92 du même recueil une lable analogue comprenant en outre tous
les articles, comptes rendus de ventes, et de livres, articles nécrologiques
et nouvelles diverses (Table générale des lettres et documents contenus
dans l'Amateur d'autographes, première série, 2' période, 1875-1892. Paris,
N. Cbaravay. 1900; in-8°, vn-33p.).On sait combien sont riches et curieuses
les collections toujours vivantes de la maison Cbaravay, on sait aussi quelle
curiosité et quelle compétence Etienne Cbaravay apportait dans l'étude des
autographes modernes et des documents du moyen âge. La table de V Amateur
d'autographes est par suite un l'épertoire appelé à rendre aux travailleurs
de réels services. —Un hotumage plus directencorea été rendu à la mémoire
de feu Etienne Cbaravay par M. Tourneux, dans une notice nécrologique
parue dans la Rrcolution française et tirée à part avec un portrait en hélio-
gravure sous le titre : Etienne Cliararay, sa vie et ses travaux (Paris, 3,
rue de Furstenberg, 1900; in-8°,17 p., portr.). La bibliographie dont M. Tour-
neux a fait suivre la notice biographique est disposée méthodiquement,
les travaux relatifs à l'histoire moderne sont les plus nombreux ; il
faut cependant signaler ici la liste des travaux se rapi^ortant aux
fonctions d'expert en autographes, remplies par E. Cbaravay, et une longue
liste des catalogues des principales ventes effectuées par lui (n"' 47 à 145).
— A M. Tourneux également est due la Table de la Reçue d'Histoire
littéraire de la France pour les années 1894-1898 (Paris, A. Colin,
1900; in-8'', vii-74 p.). Sans être exclue de la Reçue, l'histoire littéraire
du moyen âge n'y occupe que peu de place; cependant, à notre point de
vue, la Table de M. Tourneux est encore un répertoire utile, car l'auteur y a
fait figurer, outre les articles de fonds, documents et mélanges, les comptes
rendus, les dépouillements périodiques de revues, les titres de livres
nouveaux. A. V.
* *
Le département des mss. du Musée Britannique a publié en 1899 une
nouvelle édition du Guide de son exposition permanente (B/'rYt.s/; Muséum.
A guide to the manuscripts, autographs, charters, seals, illuminations and
bindings exhibitedin the department of manuscripts and in the Grencille
librarg. [London] printed by order of the Trustées, 1899 ; in-8°, 139 p., 20 pL).
Les médiévistes y trouveront la notifie de quelques autographes royaux
anglais du moyen âge, d'uue belle série de chartes, de i')9 mss. grecs, de
73 mss. latins, de 15 mss. anglais, de 17 des plus célèbres chroniques an-
glaises, la description de ces derniers mss. est plus particulièrement détaillée,
de 5 mss. de l'Écriture, de 350 sceaux, de 111 mss. à miniatures, de 36 reliures
de mss. Le Guide se termine par une liste chronologique des bienfaiteurs,
suivie du sommaire de 5 séries de fac-similés de 30 pi. chacune, en vente
au Musée Britannique au prix de 7 sh. 6 d. Chaque planche est également
en vente au prix de 3 d. avec texte imprimé. A. V.
488 LIVRES NOUVEAUX
Sous le titre: Cariulairc de l'ahhaye du Ronceray d'Angers, table alpha-
bétique des noms dressée par Eugène Vallée et imprimée sous les auspices
et aux frais du Comte Bertrand de Broussillon (Paris, Picard, 1900; in-8%
XV p. et p. 385 à 405). vient de paraître la Table du cartulaire imprimé
par Paul Marchegay dès 1846 et publié seulement en 1880 comme troisième
volume des archives d'Anjou. L'abbaye du Ronceray a été fondée près
d'Angers par Foulques Narra. Le cartulaire, aujourd'hui conservé à la
Bibliothèque d'Angers sous le n° 760^ se présente sous la forme de six
rouleaux opisthographes. Il contient des actes de 1028 à 11X5. C'est un recueil
de première importance. Le comte de Brousillon, à qui l'on doit la publica-
tion d'un si grand nombre de documents précieux, s'est acquis un nouveau
titre à la reconnaissance des historiens, en faisant dresser la Table du
cartulaire du Ronceray. Les noms de lieux ont été identifiés. M. Vallée
a ajouté un errata au travail de Marchegay. Enfin le volume renferme
un fac-similé phototypique d'une portion du rouleau angevin. M. P.
Avec le 2'' fascicule du volume III, M. Cesare Paoli a achevé le Pro-
gramma scolastico di Paleografia latina e di diplomatica (Firenze,
Sansoni, 1900; in-8% p. 159 à 294). Ce fascicule, consacré, comme le pré-
cédent, à la diplomatique, comprend les chapitres suivants : datation des
documents ; leurs caractères extérieurs; leur tradition et leur conservation.
Ce ne sont que des notions générales^ mais exposées avec méthode et
clarté , et si M. Paoli a surtout résumé les travaux des diplomatistes qui
l'ont précédé, il y a ajouté le résultat des observations qu'il a faites directe-
ment sur les documents des archives italiennes. M. P.
LIVRES NOUVEAUX
592. Adan de la Hale. Le Bochu d'Arras. Canchons und Partures. Hrsg.
von R. Berger. 1 Bd. Canchons. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-S",
viii-530 p. (Romanische Bibliothek. XVII.) (12 m.)
593. Albertus de Brudzevvo. Commentariolum super theoricas novas
planetarum Georgii Purbachii, in studio generali Cracoviensi diligenter
corrogatum a. D. mcccclxxxii. Post editionem principem Mediola-
nensem a. mccccxcv ad fidem codicum edendum curavit L. A. Birken-
majer. — Krakau, Buchhandlung der polnischen Verlagsgesellschaft,
1900; in-8°, lvi-169 p. (Munera saecularia Universitatis Cracoviensis quin-
gentesimum annum ab instauratione sua soUemniter celebrantis. IV.)
594. Allard (Paul). Julien l'Apostat. Tome I". La société au iv° siècle.
La jeunesse de Julien. Julien César. — Paris, Lecofîre, 1900; in-8". (6 fr.)
595. Allemagne (Henry d'). Musée du luminaire. (Exposition universelle,
LIVRES NOUVEAUX 489
classe 75, groupe XII.) Exposition centennale. — Chartres, impr. de
Durand, 1900; in-8», 19 p.
596. Amardel (G.). Le comte de Narboune Gilbert. — Narbonne, impr.
de Gaillard (1900); in-8% 10 p. (Extr. du Bull, delà Coinnùssion archèol.
de Narbonne.)
597. Amardel (G.). Le Denier mérovingien de Narbonne. — Narbonne,
impr. de Gaillard, 1900; in-8", 12 p. (Extr. du Bull, de la Commission
archèol. de Narbonne.)
598. Am.^rdel (G.). Les liards de France. — Narbonne, impr. de Gail-
lard, 1900; in-8°, 16 p. (Extr. du Bull, de la Commission archèol. do
Narbonne.)
599. Amardel (G.). La première monnaie deMilon, comte de Narbonne.
— Narbonne, impr, de Gaillard, 1900; in-S", 12 p. (Extr. du Bull, de la
Commission archèol. de Narbonne.)
600. Amiot (G.). Inventaire analytique des archives de la ville de Cher-
bourg antérieures à 1790. — Cherbourg, impr. de L'Hôtellier, 1900; in-8",
xii-439 p.
601. Angot (Abbé A.). Dictionnaire historique, topographique et bio-
graphique de la Mayenne. I. — Laval, Goupil, 1900; in-S", vii-851 p.
602. Arbellot (Abbé). Vie de saint Yrieix, ses miracles et son culte. —
Paris, Haton, 1900; in-8% viii-98 p.
603. AuvRAY (Lucien) et Henri Omont." Catalogue général des manuscrits
français de la Bibliothèque nationale. Ancien Saint-Germain français. III:
n" 18677-20064 du fonds français. '—[Paris. Leroux, 1900; in-8% xi-563 p.
604. Babeau (A.)- Les Publications de la ville de Paris au xviir siècle,
discours prononcé à l'assemblée générale de la Société de l'Histoire de Paris
et de r Ile-de-France, le 8 mai 1900. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Dau-
peley-Gouverneur, 1900; in-8°, 20 p. (Extr. du Bull, de la Soc. de l'histoire
de Paris et de l'Ile-de-France.)
605. Badin de Montjoye (R.). Histoire généalogique des maisons de
Beaufort, de Maumont et de la Celle, seigneurs du Monteil-Sunier. —
Paris, Conseil héraldique, 1900; in-8% 46 p. (Extr. de la Rec. des Questions
héraldiques.)
606. Beissel (St.). Das Evangelienbuch Heinrichs III, ausdem Dôme
zu Goslar in der Bibliothek zu Upsala, in seiner Bedeutung ftir Kunst und
Liturgie, mit e. Einleitung von A. Schnûtgen. — Dusseldorâ, L. Schwann,
1900; in-8% 47 p., 1 pi. (Réimpr. d'après la Zeitschrift f. christl. Kunst.)
(2 m. 40.)
607. Bellet (Mgr Charles-Félix). L'âge de la Vie de saint Martial. —
Paris, 5, rue Saint-Simon, 1900; in-8% 38 p. (Extr. de la Rec. des Ques-
tions historiques.)
608. Berthold. Die Wissenschaft und das Augustiner-Chorherrenstift
Klosterneuburg. Ein Beitrag zur osterr. Literaturgeschichte. — Wien,
Mayer &G% 1900; in-8% 68 p.
609. Bindino da Travalle. La Gronaca (1315-1416) édita a cura di
V. Lusini. — Siena, E, Torrini, 1900; in-8°. (10 1.)
490 LIVRES NOUVEAUX
610. B.10RKMANN (E.). Scandinavian loanwoi'ds in raiddle English.
1 p-ir{. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8°, vi-191 p. (Studien zur engli-
soheu Philologie. VII.) (5 m.)
611. Blanchf.t (Adrien). Talismans anciens. — Nogent-le-Rotrou, irapr.
de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8% 12 p. (Extr. avec additions du Bull.
de la Soc. des Antiquaires de France.)
612. Blondel (J.-E.). Phonologie historique de la langue française. —
Pau, Guillaumin, 1900; in-8", 499 p.
613. BoNNO (Abbé). La Forôt de Jouy-le-Châtel. — Paris, Inipr. natio-
nale, 1900; in-8°, 12 p. (Extr. du Bull, de ;f('o;jr. hist. et descriptirr.)
614. Bordes (G.). L'Apologétique d'Origène, d'après le a Contre Celse»,
thèse. — Cahors, impr. de Coueslant, 1900; in-8°, 79 p.
615. Bouvier (Henri). La tour de Villechat. —Sens, impr. deDuehemin,
1900: in-8% 22 p. (Extr. du Bull, de la Soc. nrchéol. de Sens.)
616. Brandin (Louis). Inedita der altfranzosischen Liederhandschrift
Pb.5 (Bibl. nat., 846). — Berlin, W. Gronau, 1900; in-8°, 45 p.
617. Bresse (Dom J.). Les diverses sortes de moines en Orient avant le
concile de Chalcédoine (451). — Paris, Leroux, 1899; in-8", 44 p. (Extr. de
la Rei:. de l'histoire des religions.)
618. Bridrey (Emile). La condition juridique des croisés et le privilège
de croix. — Paris, V. Giard et E. Brière, 1930; in-8°. (6 fr.)
619. Brix (O.). Ueber die mittelenglische Uebersetzung des Spéculum
hunianae salvationis . —Berlin, Mayer und Millier, 1900; in-S", vii-126 p.
(Palaestra. Untersuchungen und Texte aus der deutschen und engl. Philo-
logie. VII.) (3 m. 60.)
620. Capes (W. W.). English church in 14 th. and 15 th. centuries.
Vol. III. — London, Macmillan and Co, 1900; in-8". (7 sh. 6 d.)
621. Cappellazzi (A.).Lapersona nella dottrinadi S. Tommaso d'Aquino.
— Siena, tip. S. Bernardino, 1900 ; in-16. (3 1.)
622. Carra de Vaux (Baron). Les grands philosophes. Avicenne. —
Paris, F. Alcan, 1900; in-8% vii-304 p., plan. (5 fr.)
623. Catalogue des moulages de sculptures appartenant aux divers centres
et aux diverses époques d'art exposés dans les galeries du Trocadéro (musée
de sculpture comparée). — Paris, Irapr. nationale, 1900; in-8°, 243 p.
(Ministère de l'Instruction publique et des beaux-arts. Direction des beaux-
arts.)
624. Catalogue du musée de la ville de Carpentras avec notice historique,
parj. L. — Carpentras, Brun, 1900; in-16, 80 p.
625. Catalogue du musée départemental de Kériolet. — Concarneau, Le
Tendre, 1900; in-32, 115 p. (0 fr. .50.)
626. Cauchemk (V.). Description des fouilles archéologiques exécutées
dans la forêt de Compiègne, sous la direction de M. Albert de Roucy.
1 : 1. Rapport de M. Albert de Roucy. 2. Fouilles du Mont-Berny. — Com-
piègne, impr. de Lefebvre, 1900; in-4", 67 p., 15 pi. (Société historique de
Compiègne.)
LIVRES NOUVEAUX 491
627. Chalandon (Ferdinand). La diplomatique des Normands de Sicile et
de l'Italie méridionale. — Rome, impr. de Ciiggiani. 11)00; in-8\ 47 p.,
2 pi. (Extr. des Mclanijrs d'nrclu''ûlo(jie et d'histoire. XX.)
628. Chaludet (Abbé). Notice sigillographique sur les évoques d'Auvergne
et de Saint-Flour. — Aurillac, Impr. moderne, 189b>; in-8", 213 p.
629. Chandenier (Félix). Le P. Laire, la bibliothèque et le musée de la
ville de Sens. — Sens, impr. de Duchemin, l'JOO; in-S", 93 p. (Extr. du
Bull . de la Soc. archéol. de Sens.)
630. Clauss (J. m. B.). Historisch-topographisches Wôrterbuch des
Elsass. 7 Lfg. - Zabern, A. Fuchs, 1900; in-8°, p. 385-448. (1 m.)
631. Clugnet (L.). Bibliographie du culte local de la Vierge Marie.
France. I : Province ecclésiastique d'Aix. — Paris, A. Picard et fils (1900);
in-8», 78 p.
632. Codices graeci et latini photographiée depicti, duce S. De Vries.
V. Plautus. Codex Heidelbergensis 1613, Palatinus C, phototypice editus.
Praefatus est C. Zangemeister. — Leiden, A. W. Sijthotî, 1900; in-fol.,
xviii-474 p. en phototypie.
633. CoLLON(Abbé A.). Reliques de saint Porchairc. Exposé sommaire.
— Poitiers, Société française d'imprimerie et de librairie, 190J ; in-8", 4 p.
(Extr. de la Semaine religieuse de Poitiers.)
634. Creissels. Mesures prises à Toulouse pour assurer la conservation
des vieilles minutes notariales et en faciliter les communications demandées
en vue des travaux historiques. — Paris, Impr. nationale, 1900; in-8°,
15 p. (Extr. du Bull. hist. et philoloijique du Comité des travaux his-
toriques.)
635. Cushmann (L. W.). The devil and the vice in the English dramatic
literature before Shakespeare. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-S^xv-HS p.
(Studien zur englischen Philologie. VI,) (5 m.).
636. Darney (Georges). Neuilly-sur-Seine, monographie. — Auxerre,
impr. de Lanier,1900; in-8", 260 p. (7 fr. 50.)
637. Dauzat (A.). Études linguistiques sur la Basse-Auvergne. Morpho-
logie du patois de Vinzelles. — Paris, Bouillon, 1900; in-b", 315 p., carte.
(Bibliothèque de l'École des Hautes-Études. 126' fasc).
638. Delisle (L.). Les Heures de l'amiral Prigent de Coëtivy. — Nogent-
le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900 ; in-8°, 17 p. (Extr. de la
Bibliothèque de V École des chartes.)
639. Deloume (Antonin). Aperçu historique de la Faculté de droit de
l'Université de Toulouse, maistres et escoliers de l'an 1228 à 1900.— Paris,
Fontemoing, 1900; in-8". (3 fr. 50.)
640. Delpeuch (Maurice). Un livre d'or de la Marine française. Com-
mandants d'escadres, de divisions et de bâtiments de guerre morts à l'en-
nemi de 1217 à 1900. — Paris, Berger-Levrault, 1900; in-8°, xvi-160 p.
641. Denys le Chartreux. Opéra omnia in unum corpus digesta ad
fidem editionum Coloniensium cura et labore inonachorum sacri ordinis
Cartusiensis. VUI : In Ecclesiasticum et in Isaiam. — Montreuil, impr.
d'Arnauné, 1899; in-8% 838 p.
492 LIVRES NOUVEAUX
642. Déprez (Eugène). Les funérailles de Clément VI et d'Innocent VI,
d'après les comptes de la cour pontificale. — Rome, impr. de P. Cuggiani,
1900; in-8°, 20 p. (Extr. des Mélanges d'archéologie et d'histoire. XX.)
643. Déprez (Eugène). Recueil de documents pontificaux conservés dans
diverses archives d'Italie (xiii* et xiv" siècles), art. 2. — Rome, E. Loescher^
1900; in-8°, 55 p. (Extr. des Qiiellea und Forschungen ans italienischen
Archicen und Bibliotheken.)
644. Déprez (Eugène). Les sources de l'histoire de France, 1888-1898. —
Paris, 5, rue Saint-Simon, 1900; ln-8°, 33 p. (Congrès bibliographique
international tenu à Paris du 13 au 16 avril 1898, sous les auspices de la
Société bibliographique.)
645. DoMAxsKi (B.). Die Psychologie des Nemesius. — Munster, Aschen-
dorff, 1900; in-8", xx-168 p. (Beitràge zur Geschichte der Philosophie des
Mittelalters. III, 1.) (6 m.).
646. Donation d'un livre d'heures en vélin par Gérard de Dain ville,
évêque et comte de Cambrai, à Jeanne des Planques, sa parente, religieuse
à l'abbaye noble d'Etrun (14 février 1374), suivi de : Entrée et séjour à
Cambrai de Charles IV, empereur et roi de Bohême, et de son fils Wenceslas,
roi des Romains, 22-26 décembre 1378. — Arras, impr. de Laroche, 1900;
in-4°, 4 p.
647. DoNiOL (Henri). Serfs et vilains au moyen âge. — Paris, A. Picard
etfils, 1900; in-8% vi-299 p.
648. Dubois (Joseph). Le canton d'Eymoutiers, géographie, histoire. —
Limoges, V^e Ducourtieux, 1900; in-8°, 259 p., plan, et carte.
649. Duchesne (M^"' L.). Saint-Jacques en Galice. — Toulouse, Privât,
1900 : in-8% 37 p.
650. Du Plessis de Grenédan (C" J.). Histoire de l'autorité paternelle et
de la société familiale en France avant 1789 (les origines, l'époque
franque, le moyen âge et les temps modernes). — Paris, A. Rousseau,
1900;in-8',ix-632 p.
651. DuREY (L.). Étude sur l'œuvre de Paracelse, médecin hermétiste,
astrologue, alchimiste, et sur quelques médecins hermétistes (Arnauld de
Villeneuve, J. Candan, Cornélius Agrippa). Thèse. — Paris, Vigot frères,
1900; in-8°, 157 p.
652. Ehrler (J.). Agrargeschichte und Agrarwesen' der Johanniter-
herrschaft Heitersheim. Ein Beitrag zur Wirtschaftsgeschichte des B^eis-
gaus. — Tubingen, J.C.B. Mohr, 1900; in-8°, viii, 77 p. (Volkswirtschaft-
liche Abhandlungen der badischen Hochschulen. IV, 2.) (2 m. 50.)
653. Floren'ti.t-Loriot. Chenay. — Alençon, impr. de Manier, 1900:
in-8°, 8 p. (Extr. du Bull, de la Soc. hist. et archèol. de l'Orne.)
654. Foix(P. de). Testament du cardinal Pierre de Foix (3 août 1464),
publié par MM. Labande et Requin. — Paris, Impr. nationale, 1900;
iu-8", 28 p. (E.xtr. du Bull. hist. et philol. du Comité des tracanx
historiques.)
655. FoERSTER (M.). Bêowulf-Materialien. — Braunschweig, G. Wes-
termann, 1900 ; in-8% 11 p.
LIVRES NOUVEAUX 493
656. FouLQUiÉ (Charles.). Ktude sur les tribunaux du Comtat-Venais-
sin, pendant la domination des papes. — Nîmes, Impr. coopérative ou-
vrière la Laborieuse, 1900; in-8\ 63 p.
657. FouRNiER (A.). Topographie ancienne du département des Vosges.
IX. La Voge (bassin de la Saône). — Épinal, impr. de Huguenin, 1900;
in-8% 145 p. (Extr. des Annal rs delà Soc. d'cmnlation des Vosfjes.)
658. Fyot (Eugène). Le château et les seigneurs de Brandon. — Autun,
Dejussieu, 1900; in-8°, 108 p. (Extr. des Mém. de la Soc. èduenne.)
659. Gairal (Eugène). Les œuvres d'art et le droit. — Lyon, impr. de
Legendre, 1900; in-8», 477 p.
660. Gestoso y Pérez. Ensayo de un diccionariode los artifices queflore-
oieron en Sevilla desde el siglo xiii al xviii inclusive. Tomo I : A.-O. —
Sevilla, La Aiidalucia moderna, 1900; in-4°. (10 pes. 50 c.)
661. Giard (R.). Note sur une ancienne « charte partie » conservée aux
Archives nationales. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur,
1900; in-8'', 6 p. (Extr. de la Bibliothèque de l'Ecole des chartes.)
662. GiovAGNOLi. Benedetto IX. — Milano, P. Carrara, 1900; in-8°,
(7 1.)
663. Giraud (J.-B.). Documents pour servir à l'histoire de l'armement
au moyen âge et à la Renaissance. IX : Notes pour servir à l'histoire de
la sidérurgie en Lorraine (arsenal de Nancy, mines, forges, armes, etc.). —
Lyon, l'auteur, 1900; in-8", p. 99 à 191.
664. Giry (A.). Étude critique sur quelques documents, angevins de
l'époque carolingienne 1. Diplômes de Charlemagne et privilège de Charles
le Chauve, en faveur de Saint-Aubin d'Angers. II. Diplômes faux de l'abbaye
de Saint-Florent. — Paris, Klincksieck, 1900; in-4°, 74 p. (Extr. des Mém.
de V Académie des inscriptions et belles-lettres.)
665. GoDEFROY (F.). Dictionnaire de l'ancienne langue française. T. X,
fasc. 96: Precios-Rancir. — Paris, Bouillon, 1900; in 4°, p. 401-480.
666. GouRDON (Louis). Essai sur la conversion de saint Augustin,
thèse. — Cahors, impr. de Coueslant, 1900; in-8"', 91 p.
667. Graeven (H.). Typen der Wiener Genesis auf byzantinischen
Elbenbeinreliefs. — Leipzig, G. Freytag, 1900; in-fol., 21 p. (Extr. du
Jahrbuch d. kunsthist. Sammlungen des allerh. Kaiserhauses.)
668. Grégoire (C). Excursion dans le canton de Saint-Pourçain. —
Moulins, Grégoire, 1900; in-8°, m-136p.
669. Guelliot (D' O.}. Deux nouveaux oculistes gallo-romains, C. Sem-
pronius Doctus et M. Jucundus. — Reims, impr. de Monce (1900) ; in-8'',
13 p. (Extr. des Tracaux de l'Acad. de Reims. CVI.)
670. GuERLiN de Guer (Ch.). La dialectologie normande, organisation et
méthode. — Caen, Delesques, 1900; in-S", 14 p.
671. Guilloreau (Dom Léon). Études monastiques. I: Fragments d'un
obituaire de la Chartreuse du parc d'Orques-en-Charme avec introduction
et notes. — Mamers, Fleury et Dangin, 1900; in-8", 80 p. (Extr. de la Rec.
hist. etarchèol. du Maine.)
494 LIVRES NOUVEAUX
G72. Gutemberg-Feier in Mainz, 1900. — Mainz, Mainzer Verlags-
anstalt und Druckerei, 1900; in-8% vii-116, 31, 63, 67, 87, 23 et 32 p.
(2 m.)
673. Hahn(T.). Tyconius Studien. Ein Beiti'ag zur Kirchen- u. Dog-
mengeschichte des 4 Jahrh. — Leipzig, Dieterich, 1900; in-8°, vii-116 p.
(Studien zur Gescliichte der Théologie und der Kirche. VI, 2.) (2 m. 50.)
674. Hartmann vonAue. Werke. IV: Gregorius. Hrsg. von H. Paul.
2 Aufl. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8% xxiii-103 p. (Altdeutsche
Textbibliothek. 2.) (1 m. 20.)
675. Hartwig (O.). Festschrift zum 500 jàhrigen Geburtstage von Johann
Gutenberg. — Leipzig, O. Harrassowitz, 1900; in 4% vii-584 p. et atlas de
35 pi. (Centralblatt fur Bibliothekswesen. Bhfte, XX1II.)(25 m.)
676. Hartwig (O.). Festschrift zum 500 jàhrigen Geburtstage von Johann
Gutenberg. Im Auftrage der Stadt Mainz hrsg. — Leipzig, O. Harrassowitz,
1900; in-4% iii-455 p., 35 pi. (50m.)
677. Hauviller(E.). Analecta Argentinensia. Vatikanische Akten und
Regesten zur Geschichte des Bist. Strassburg in xiv Jahrh. (Johann XXII,
1316-1334) und Beitràge zur Reichs- und Bistumsgeschichte. I. —Strass-
burg, E. Van Hauten, 1900; in-8% clxxxii- 369 p. (20 m.)
678. Heptateuchi partis posterioris versio latina antiquissima e codice
Lugdunensi. Version latine du Deutéronome, de Josné et des Juges, an-
térieure à saint Jérôme, publiée d'après le ms. de Lyon, avec un fac-
similé, des observations paléographiques et philologiques sur l'origine et la
valeur de ce texte, par Ulysse Robert. — Lyon, Rey, 1900; in-4", xxxvi-
163 p.
679. Herzog (E.). Untersuchungen zu Mace de la Charité's altfranzôsi-
scher Uebersetzung des alten Testamentes. — Wien, C.Gerold's Sohn, 1900;
in-8°, 82 p. (Extr. de Sit^^ungsber. cl. k. Akad . des Wissenschuftcti.)
680. Hilarin de Lucerne (Le P.). Fr. Julien de Spire et la légende
anonyme de saint François. — Paris, 5, rue de la Santé, 1900; in-8°, 51 p.
(Extr. des Études franciscaines.)
681. HiLDEBRAND(K..). Stockholms stads privilegiebref, 1423-1700. 1 Hft.—
Stockholm, VVahlstrôm & Widstrand, 1900; in-8". (3 kr.)
682. Homo (Léon). Lexique de topographie romaine. Avec une introduc-
tion de R. Gagnât. — Paris, Klincksieck, 1900 ; in-12, xix-690 p. et plans
(Nouvelle collection à l'usage des classes.)
683. Inventaire sommaire des archives communales de la ville de Grave-
lines antérieures à 1790. — Lille, impr. de Danel, 1900; in-4% xxi-78 p.
684 Jagic (V.). Zur Entstehungsgeschichte der kirchenslavischen
Sprache. 1 Hâlfte. — Wien, G. Gerold's Sohn, 1900; in 4", 88 p. (Extr.
des Denkschriften d. k. Akad. des Wissenschaften.)
685. Joanne. Compiègne et Pierrefonds. Forêts de Compiègne, Laigne,
Ourscamp. — Paris, Hachette, 1900 ; in-16, 194 p., 4 plans et 1 carte. (Col-
lection des Guides Joanne.) (1 fr.)
686. Kaindl (R.). Studien zur den ungarischen Geschichtsquellen. IX-
LIVRES NOUVEAUX 495
XII. — Wien, C. Gerold's Sohn, 1900; in-8% 106 p. (Extr. de VArrhio
fur ôsterr. Gcschichtc.)
687. Kalkar (O.). Ordbog til detaeldre danske sprog (1300-1700). —
Kopenhagen, Gad, 1900 ; in-8V
688 Kastil (A.). Die Frago nach der Erkeantnis des Guten bei Aristo-
teles und Thomas von Aquin . — Wien, C Gerold's Sohn, 1900 ; ia-8°,
38 p. (Extr. des SiUtinfjshrr. d. h. Almd. der Wiascnschafto.n.)
689. Katalog der in derStadtbibliothek zu Frankfurta. M. veranstalteten
Austellung deutscher Buchillustrationen bis Albrecht Diirer. — Frankfurt
a. M., Gebr. Knauer, 1900; in-8*, 22 p., 1 portr.
690. Kerviler (René). Répertoire général de bio-bibliographie bretonne.
Livre I": les Bretons. T. XII, ;i3' fasc: Dez-Dreg— Rennes, Plihon et Hervé
1900; in-8% p. 161-320.
691. KiRCHENHEiM (A. von) Kirchenrecht. Fiir deutsche Theologen und
Juristen. — Bonn, A. Marcus und C Weber, 1900;in-8°, xvi-407 p. (Samm-
lung tbeologischer Handbiicher. VI . ) (8 m.)
692. Kneib (Ph.). Die Unsterblichkeit der Seele, bewiesen aus dem
hoheren Erkennen und Wollen. Ein Beitrag zur Apologetik und zur
Wûrdigung der thoraistischen Philosophie. — Wien, Mayer und C" 1900;
In-S", viii-135 p. (Apologetische Studien, hrsg von der Leo-Gesellschaft.
1,4.)
693. Labande (L. -H.). Études d'histoire et d'archéologie romane. Saint-
Symphorien de Caumont. — Avignon, Seguin, 1900; in-8°, 23 p. (Extr.
des Mèin. de l'Acad. de Vauclasc.)
691. La Borderie (Arthur de). Étude historique bretonne. La jeunesse de
Jean V, duc de Bretagne, 1399-1410. — Vannes, impr. de Lafolye, 1900;
in-8°, 26 p. (Extr. de la Rcv. de Bretcu/iie, de Vendée et d'Anjou.)
695. Lambin (Emile). La Flore de la cathédrale de Meaux. — Meaux,
Leblondel, 1900; in-8", 14 p. (Extr. de la Rer. de l'art chrétien.)
696. L^aNicollière-Teijeiro (S. de). Nantes. Incendies et sauveteurs, essai
historique d'après les documents inédits des archives municipales
(ix' siècle-1800). —Vannes, impr. de Lafolye, 1900 ; in-8M01 p. (Extr.
du Bull, de la Soc. archéol. de Nantes et du dép. de la Loire-Inférieure,
1899.)
697. Lebey (André). Essai sur Laurent, dit le Magnifique. — Paris, Perrin,
1900 ; in-16, ii-323 p. (3 fr. 50. )
. 698. Lee(S.). Dictionaryof national biography. Vol.LXlII: Wordsworth-
Zuylestein. Indexes to vols. 1-14. — London, Smith, Elder & C°, 1900;
in-8°. (15 sh.)
699. Lefèvre (André). Les Gaulois. Origines et croyances. — Paris,
Schleicher 1900; in-18, 203 p. (Bibliothèque d'histoire et de géographie
universelle. I.)
700. Levistre (Louis). A propos des monuments mégalithiques du Bour-
bonnais aux environs de Vichy. Réponse à un profane. — Bône, impr.
Bônoise, 1900; in-8°, 37 p.
496 LIVRES NOUVEAUX
701. L'HoTE (AbbéJ.-B. Edmond). La Vie des saints, bienheureux, véné-
rables et autres personnages du diocèse de Saint-Dié. II : Du viii' au
xix° siècle. — Saint-Dié, impr, de Hubert, 1897; in-8°, 687 p.
702. LoERSCH (H.). Die Weistiimer der Rheinprovinz. 1 Abtlg. Die
Weistiimer der Kurfùrstent. Trier. 1 Bd. Oberamt Boppard, Haupstadt
und Anit Koblenz, Amt Bergpflege. — Bonn, H. Behrendt, 1900; in-S",
L-352 p. (Publikationen der Gesellschaft fiir Rheinische Geschichtskunde,
XVIII.) (9 m.)
703. Loi et décrets relatifs à la conservation des monuments historiques.
Liste des monuments classés. — Paris, Imprimerie nationale, 1900; in-16,
105 p. (Ministère de rinstruction publique et des beaux-arts.)
704. Louis XI. Lettres de Louis XI^ roi de France, publiées d'après les
originaux pour la Société de l'histoire de France, par Joseph Vaesen et
Etienne Charavay. T. VII : Lettres de Louis XI (1478-1479), publiées par
Joseph Vaesen. — Paris, Laurens, 1900; in-8'', 342 p.
705. Macé (Alcide). De emendando difierentiarum libre qui inscribitur:
De proprietate sermonum et Isidori Hispalensis esse fertur. — Rennes,
impr. de Simon, 1900; in-8% 168 p.
706. MANDEViLLE(Jean de). Travels. The version ofthe Cotton manuscript
in modem spelling. — London,Macmillan and C°, 1900; in-8°. (3 sh. 6 d.)
707. Manuscrits récemment entrés dans les collections de la Bibliothèque
nationale (1891-1900) et exposés dans la Galerie mazarine. — Nogent-Ie-
Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-S", 4 p. (Extr. de la
Bibliothèque de V École des chartes.)
708. Marchesi (C). Bartolomeo délia Fonte (Bartholomaeus Fontius).
Contributo alla storia degli studi classici in Firenze nella seconda meta
del quattrocento. — Catania, N. Giannotta, 1900; in-8°, 196 p. (4 1.)
709. Martin Sabon (F.). Supplément au Catalogue des photographies
archéologiques faites dans les villes, bourgs et villages de l'Ile-de-France
et dans les provinces de Picardie, Normandie, Bretagne, Touraine, d'après les
monuments, églises, châteaux, etc. — Paris, Giraudon (1900); in-8°,44 p.
710. Meier (P. J.)Die Bau- und Kunstdenkmâler des Kreises Braun-
schweig, mit Ausschluss der Stadt Braunschweig. — Wolfenbiittel,
J. Zwissler, 1900;in-8°, xvi-380 p. (Die Bau- und Kunstdenkmâler des
Herzogth. Braunschweig im Auftrage desherzogl. Staatsministerium, hrsg.
von der herzogl. braunschweig. Bau-Direction. II.) (10 m.)
711. Merlo (J. J.). Ulrich Zell, Kolns erster Drucker. Nach dem hinter-
lassenen Mskr. bearb. vonO. Zaretzky. Hrsg. von der Stadtbibliothek in
Koln. — Kôln, KôlnerVerlags-Anstalt undDruckerei, 1900, in-8% vii-73p.,
8 pi. (Festgabe zur Gutenbergfeier. 1900.) (5 m.)
712. MicHAUD (Abbé G.). Saint-Maurice-la-Fougereuse et son prieuré
millénaire. — Parthenay, impr. de Gante, 1900; in-S", 188 p.
713. Michel (Edmond). Le château de Brie-Comte-Robert. — Brie-
Comte-Robert, impr. de E. Thomas, 1900; in-S", 81 p., pL
714. Michel (Jules). Deux grands personnages ecclésiastiques^ au
LIVRES NOUVEAUX 497
viii' siècle, essai d'histoire et d'archéologie, suivi d'une note paléographique
par Maurice Prou. — Sens, impr. de Duchemin, 1900; in-8", 54 p., 2 pi.
715. MiCHELET (J.). Etienne Marcel. — Paris, Calmann-Lévy, 1900;
in-18. (3fr. 50.)
71(3. MiROT (Léon) et Eugène Déprez. Les ambassades anglaises pendant
la guerre de Cent-Ans. Catalogue chronologique (1327-1450). — Paris,
Picard, 1900 ; in-8", 106 p. (Extr. de la Bibliothèque de l'École des chartes.)
717. MiTzscHKE (P.). Wegweiser durch die historischen Archive Thii-
ringens. — Gotha, F. A. Perthes, 1900; in-8°. ix-86 p. (2 m.)
718. MoREL (Léon). Denier remois attribué à Hugues de Vermandois,
trente-sixième archevêque de Reims. — Reims, impr. de Monce, 1900;
in-8% 4 p.
719. MoRTET (Victor). Un ancien devis languedocien. Marché pour la
reconstruction du campanile de l'église de la Dalbade à Toulouse (1381). —
Toulouse, E. Privât, 1900; in-8°, 14 p. (Extr. des Annales du Midi.)
720. Moulé (L.). Histoire de la médecine vétérinaire. Deuxième période.
Histoire de la médecine vétérinaire au moyen âge, 476 à 1500. Deuxième
partie. La médecine vétérinaire en Europe. — Paris, impr. de Maulde,
Doumencet C'% 1900; in-8% 182 p.
721. MuLLER (Fz. S.) Schetsen uit de middeleeuvi'en . — Amsterdam,
S. L. Van Looy, 1900 ; in-8°. (2 fl. 40.)
722. Muratori (L. A.). Rerum italicarum scriptores. Raccolta degli
storiciitaliani dal cinquecento al millecinquecento.Nuovaedizione riveduta,
ampliata e corretta con la direzione di G. Carducci. Fasc. 1-2 : Historia
miscella di L. Sagace. Fasc. 3-4: Le vite dei dogi di Marin Sanudo. —
Città di Castello, S. Lapi, 1900; in-4°. (10 L, subscr. 5 1.)
723. Narbey (Abbé C.). Supplément aux a Acta Sanctorum » pour des Vies
de saints de l'époque mérovingienne. T. I" contenant des documents nou-
veaux ou peu connus sur toutes les églises des Gaules (cinquante) qui se
gloriflent de remonter aux temps apostoliques ou quasi apostoliques. —
Paris, Le Soudier, Welter, 1899; in-4», x-635 p., 34 pi.
724. Neckel (G. V.).Ueber die altgermanischen Relativsâtze. — Berlin,
Mayer und Miiller, 1900; in-8°, vii-96 p. (Palaestra. Untersuchungen und
Texte ausder deutschen und englischen Philologie. V.) (2 m. 60.)
725. Ordinale conventus Vallis Caulium, the rule of the monastic
order of Val des Choux in Burgundy, from the original mss. preserved
in the Bibliothèque nationale, Paris, the archives of Moulins-sur-AUier,
with an introduction by W. de Gray Birch. — London, Longmans, Green
and C\ 1900; in-8", xxxviii-202 p., 4 pi.
726. Pasquier (F.) et R. Roger. Château de Foix. Notice historique et
archéologique. — Foix, Gadrat aîné, 1900; in-S", 161 p. et plans.
727. Peiresc. Lettres de Peiresc, publiées par Philippe Tamizey de Lar-
roque. VII: Lettres de Peiresc à divers (1602-1637). — Paris, Leroux, 1898;
in-4% viii-943 p. (Collection des documents inédits sur l'histoire de France.)
728. Perrin (A.). Histoire de Savoie, des origines à 1860. Chronologie
498 LIVRES NOUVEAUX
des principaux faits de l'histoire de Savoie jusqu'à nos jours. — Chambéry,
Perrin, 1900; in-16, viii-303 p.
729. PouPARDiN (René). Généalogies angevines du xf siècle. — Rome,
impr. de Cuggiani, 1900; in-8°, 12 p. (Extr. des Mélanges d'archéologie
et d'histoire. XX.)
730. Poux (Joseph). Notes et documents sur les mines de charbon de
Boussagues en Bas-Languedoc, aux xiii" et xiv' siècles. — Paris, Impr.
nationale, 1900; in-«°, 32 p. (Extr. du. Bull, historique et philologique du
Comité des travaux historiques.)
731. Premier (Le) évèque de Lugdunum. Hommages rendus à la mé-
moire de saint Pothin, par une Société d'ecclésiastiques sous la direction de
M. le chanoine Th. Richoud, curé-archiprêtre de la paroisse de Saint-
Pothin. — Lyon, impr. de Witte, 1900; in-8°, 376 p.
732. Prou (Maurice) et abbé E. Chartraire. Authentiques de reliques
conservées au trésor de la cathédrale de Sens. - Paris, Nogent-le-Rotrou,
impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8", 46 p., pi. (Extr. des Mèm . de
la Soc. nationale des Antiquaires de France.)
733. Reinach (S.). Les croissants d'or irlandais. — Chartres, impr. de
Durand, 1900; in-8°, 32 p. (Extr. de la Rev. celtique.)
734. Renard (E.). Die Kunstdenkmâler der Kreise Gummersbach,Wald-
broel und Wipperfiirth. — Diisseldorff, L. Schwann, 1900; in-8% vi-135 p.
(Die Kunstdenkmâler der Rheinprovinz, hrsg. von P. Clemen.V, 1. (5 m.)
735. RiAT (Georges). L'art des jardins. — ■ Paris, May, 1900; in-8°. 389 p.
(Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.)
736. RiAT (Georges). Les villes d'art célèbres, Paris. — Paris, Laurens,
1900; in-8°, 207 p.
737. Robert (A.). Le château de Pierrefonds, avec une préface de M. H.
Lemonnier. — Paris, L.-H. May, 1900 ; in-8°. (2 fr.)
738. Rott(E.). Histoire de la représentation diplomatique de la France
auprès des cantons suisses, de leurs alliés et de leurs confédérés. I : 1430-
1559. — Paris, Alcan, 1900; in-8°. (12 fr.)
739. Salvioli (G.). Contributi alla storia economica d'Italia nel medio
evo. L — Palermo, A. Reber, 1900; in-4°. (4 1.)
740. Saussk (Georges). Étude sur quelques chapelles romanes de Provence.
— Caen, Delesques, 1900; in-8°, 54 p. (Extr. du Bull, monumental.)
741. ScHLUMBERGER (Gustave). L'Épopée byzantine. Seconde partie:
Basile W, le tueur de Bulgares. — Paris, Hachette, 1900; in-4'', xi-659 p.
(30 fr.)
742. ScHMiTZ (Jean). Le douaire coutumier à partir du xui° siècle et sa
suppression. — Paris, Larose, 1900; in-8", 107 p. (4 fr.)
743. ScHWAN und Behrens. Grammaire de l'ancien français. Traduction
française d'après la 4° éd. allemande, par O. Bloch, avec une préface de
F. Brunot. — Leipzig, O. R. Reisland; Paris, Fischbacher, 1900; in-8',
v 111-278 p. (5 m. 40.)
744. Schwenke (P.). Untersuchungen zur Geschichte des ersten Buch-
LIVRES NOUVEAUX 499
drucks. — Berlin, A. Asher & C\ 1900; in-8", ix-90 p. (Festschrift zur
Gulenbergfeiei^hrsg. von derkonigl. Bibliothek zu Berlin am 24, vi, 1900.)
(5 m.)
745. Simon (S.). Grammaire du patois wallon du canton de la Poutroye
(Schiiierlach, Haute-Alsace). — Paris, Caron, 1900; in-lG, xv-45;3 p.
740. SoYER (Jacques). Compte des recettes et dépenses de la ville de Blois
en 1404. — Blois, impr. de Migault, 1900; in -8", 48 p.
747. Sti:ffenhagen ^E.). Zur Erinnerung an die Gutenberg-Austellung
inKiei. — Kiel, E. Marquardsen^ 1900; in-8°, 34 p. (1 m.)
748. Stieve(R.). Zabern im Elsass, oder Elsass-Zabern. Geschichte
der Stadt, seit Julius Càsar bis zu Bismarcks Tod. — Zabern, A. Fuchs,
1900; in-8", viii-259p., 2 pi. (Bausteine zu elsass-lothringischen Geschichts-
und Landeskunde. VI.) (5 m.)
749. SucHET (Chanoine). Apostolat des saints Ferréol et Ferjeux en
Franche-Comté. — Besançon, Bossanne, 1899;in-12, 142 p.
750. Supplementum sive Auctarium Solesmense ad utramque J. P.
Migne Patrologiam. Séries liturgica. Tomus I. Veterum Ambrosianae
liturgiae monumentorum absoluta collectio. I^ 1. Codex sacramentorum
Bergomensis. — Solesmes^ impr. Saint-Pierre, 1900; in-8% 208 p.
751. Tambara (Giuseppe). L'episodio di Guido da Montefeltro nell' In-
ferno Dantesco. — Palermo, R. Sandron, 1900; in-l6, 32 p.
752. Tannery (P.) et abbé Clerval. Une correspondance d'écolâtres du
xi° siècle. — Paris, Kliucksieck, 1900; in-4°, 61 p. (Tiré des Notices et
Extraits des niss. de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques.)
753. Taube (F. W.). Ludwigder Aeltere als Markgraf von Brandenburg
(1323-1351). - Berlin, E. Ebering, 1900; in-8°, 147 p. (Historische Stu-
dien. XVll.) (4 m.)
754. Tholin(G.). Abrégé de l'histoire des communes du département de
Lot-et Garonne. Rédigea l'aide des notices manuscrites laissées par M. A,
de Bellecombe (Arrondissement d'Agen). — Auch, impr.de Cocharaux,
1900; in-8% XI v-158 p.
755. TiKKANEN (J. J.). Die Psalterillustration im Mittelalter. 1 Bd. Die
Psalterillustration in der Kunstgeschichte, 3 Hft. Abandlâudische Psalter-
illustration. Der Utrecht Psalter. — Leipzig, K. W. Hiersemann, 1900;
in-4%p. 153-320. (7 m.)
756. Tille (A.). Die Benediktinerabtei St Martin bei Trier. Ein Beitrag
zur Trierer Klostergeschichte. — Trier, F. Lintz, 1900; in-8°, viu-94, 40 p.
et p. 33-48,1 pi. (Trierisches Archiv, hrsg. von M. Keuffer. IV.) (3 m. 50.)
757. ToMBELAiNE (M'' de). Le Mont Saint-Michel et ses merveilles,
l'abbaye, le musée, la ville et les remparts. — Paris, Mendel (1900) ; in-18,
145 p. (1 fr.)
758. Valentin (Abbé L.). Saint Prosper d'Aquitaine. Étude sur la littéra-
ture latine ecclésiastique au v" siècle en Gaule. — Toulouse, Privât, 1900;
in-8% 940 p.
759. Vallée (Ph.). Inventaire sommaire des archives communales anté-
500 LIVRES NOUVEAUX
rieures à 1790. Ville de Dijon. T. IV. — Dijon, impr. de Carré etBerthoud,
1900; in-4', 447 p.
700. Van Eys (W. J.). Bibliographie des Bibles et des Nouveaux Testa-
ments en langue française des xv° et xvi' siècles. I. Bibles. — Genève,
H. Kuudig, 1900; in-8°, viii-211 p.
761. Vauvillé(0.). Note sur des enceintes à Ambleny (Aisne) et àFro-
court. — Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneurj 1900; in-8°,
36 p. (Extr. des Mcni. de la Soc. nationale des Antiquaires de France.)
762. VoRETzscH (C). Epische Studien. Beitràge zur Geschichte der
franzôs. Heldensage und Heldendichtung. 1. Hft : Die Compositionen des
Huou von Bordeaux, nebst krit. Bemerkungen ùber Begrifl und Bedeutung
der Sage. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8°, xni-420 p. (10 m.)
763. Warner (George F.), llluminated manuscripts in the British Mu-
séum. II. — London, Quaritch, 1900; in-fol.
764. WisLOCKi (W.). Incunabulatypograpbica bibliothecae Universitatis
Jagellonicae Cracoviensis inde ab inventa arte imprimendi usque ad a.
1500, secundum Hainii « Repertorium bibliographicum », una cum cons-
pectu virorum qui libres olim habueraut^, benefactorum bibliothecae liga-
torum Cracoviensium. — Krakau, Buchhandlung der polnischen Verlags-
gesellschaft, 1900; in-8°, sxxiv-634 p. (Munera saecularia Universitatis
Cracoviensis quingentesimum annum ab instauratione sua sollemniter
celebrantis. III.)
765. WoisiN (J.). Ueber die Anfànge des Merovingerreiches. 1 Tl. —
Meldorf, M. Hansen, 1900; in-8\ 49 p. (1 m. 20.)
766. Wyss (A. V.). Ein deutscher Cisianus f. d. J. 1444, gedruckt von
Gutenberg. — Strassburg, H. J. E. Heitz, 1900; in-4", 19 p., 1 pi.
(Drucke und Holzsclinitte des XV und XVI Jahrh. in getreuer Nachbil-
dung. V.) (3 m.)
767. Zedler (G.). Die Inkunabeln nassauischer Bibliotheken. Festschrift
zur 500 jàhr. Gedàchtnisfeier Johann Gutenbergs. — Wiesbaden, R.
Bechtold, 1900 ; in-8°, viii-114 p. (Annalen des Vereinâ f. nassauische
Altertumskunde und Geschichtsforschung. XXXI, 1.)
Le Gérant : V^e E. Bouillon .
CHALON-SUR-SAONE, IMPRIMEKIE FRANÇAISE ET ORIENTALE E. BERTRAND
DOCUMENTS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES MŒURS
AU XIIP ET AU XIV- SIÈCLE
11. — LES FAUX MONNAYEUKS DE PUYGIRON
(1327)
Puygiron {Podium Guironis) est une localité voisine de
Montélimar^ où les comtes de Valentinois et de Diois ont eu
leur plus ancien atelier monétaire ' : dès le premier tiers du
xiv*^ siècle, un personnel assermenté y était employé à battre
la monnaie spéciale au comté.
C'est là qu'en 1327 la cour du comte Aymar IV (1277-1329)
eut à s'occuper d'une affaire de fausse monnaie, dont quelques
pièces ont été conservées dans un registre des archives de
l'Isère'. Des faits, révélés par la voix publique à la charge de
trois personnes employées à l'atelier de Puygiron, motivèrent
l'acte d'accusation qui fut dressé le 5 octobre,
1. Puygiron (Drôme, arrondissement et canton de Montélimai).
2. Longtemi^son a cru que les comtes de Valentinois et de Diois n'avaient
pas battu monnaie avant 1357. époque où i'évêque de Valence et de Die
céda au comte Aymar VI de Poitiers la seigneurie de Crest, dans laquelle
le comte établit sa monnaie (Cf. Poéy d'Avant, Monnaies féodales (1857),
III, 35'2, et les observations d'E. Caron, Monnaies féodales (1882), p. 226,
d'après Vallier, Reçue numismatique beUje (1877), p. 317).
3. Registre intitulé : Processus contra falsos monetarios in comitatu
Valenliniensi et Diensi (Archives dép. de l'Isère, B. 2840. Registre de
47 feuillets. Cf. Pilot-Dethorey, Inrentaire sommaire des Archices de l'Isère,
t. II, p. 128). Plusieurs pièces sont ou paraissent incomplètes; mais sauf
dans un cas (cf. infra, p. 509), les lacunes sont peu importantes. — Le docu-
ment, qui provient des archives des comtes de Valentinois, est passé avec
elles dans des archives delphinales.
Moyen Age, t. XIII, 28
502 G. -A. HiCKEL
Deux frères, Guillaume et Bertrand de Fijac, coupeurs de
métaux à Puj^giron, étaient inculpés d'avoir fait parvenir frau-
duleusement au monnayeur Guillaume de Pak:me des pièces
de métal non encore monnayées, ou llans, destinées ii la frappe
de gillats (Jullati) de neuf deniers, monnr.io italienne qui
parait avoir eu cours alors dans le comté do ValentinoisV
Il s'agissait de doubler la valeur légale des pièces en ques-
tion en les frappant au cours de gillats de 18 deniers, alors que
leur titre réel correspondait à un cours de 9 deniers '. Guillaume
de Palerme était accusé d'avoir exécuté cette opération, d'avoir
mélangé les faux gillats ainsi fabriqués <à des gillats monnayés
régulièrement au cours de 18 deniers, pour mettre le tout en
circulation à ce dernier cours'.
1. Ce que le document que nous analysons appelle desjulla(i, ce sont les
gillats (liliati) du royaume de Naples, créés à la fin de 1302. Cf. L. Blan-
card, Gillatl ou carlins des rois aiu/ecins de Napl/'s, dans Renie nuinis-
maiiqtie, 1883, pp. 432-446. Le type de cette monnaie est reproduit dans
Pooy d'Avant, Monnaies féodales, t. II, pi. LXXXIX, fig. 11 à 15, et dans
Blancard, loc cit. Blancard, ihid., p. 436, signale la frappe, sous le
roi Robert (1309-1341), de gillats en Provence, lesquels ont eu un cours
très étendu et ont été contrefaits. Dans un compte pontifical (d'un
collecteur de décimes pour la province d'Arles^ 1319), le receveur dit avoir
reçu 149 jidhati du roi Robert, « julhato quolibet pro XIIII den. cum obolo »
(cité par M. Prou, Revue nundsniaii'/uc, 1897, p. 175). Une pièce du Trésor
des cbartes (JJ. 65, n° 80), dit d'un certain Déranger Lambert, accusé
d'avoir mis en circulation de la fausse monnaie : « Obolos albos falsos de
Podimonte, jullatos et julhatas modici valoris émit seu emi fecit. » Il est
remarquable que cette pièce (citée par Du Cange, III, 922 C) est également
de 1327. Le document que nous analysons prouve qu'il y avait des gillats
à 18 deniers et à 9 deniers, de même dimension, mais différents de poids.
2. Reg. B. 2840, fol. 1 r". Chefs d'accusation :
1° « Quod nuper Bertrandus et Guillelmus de Fijac, fratres, operat'ii
deputati uionetae quae cuditur (ms. claditnv) in loco vocato Podio Guironis,
scienter et dolose tradiderunt seu tradi fecerunt Guillelmo de Palerma»
monetario dictae raonetae, flausonos factos et ordinatos ad cudendum (ms.
c/«(/e/u////;0 et faciendum jullatos de ix d.,inducendo fraudulose dictum
Guillelmum de Palerma monetarium ut praedictos flausonos factos et ordi-
natos pro jullatis IX d. fabricaret et cuderet (ms. cluderct) ad consimili-
tudinem juUatorum xviii d. »
3. Ihid. 2": «Quod praedictus Guillelmus de Palerma, raonetarius, flausonos
praedictos scienter accepit de manibus dictorum fratrum, et ipsis iratribus
LES FAIX .MONNAYEURS DE PUYCIRON 503
A ces griefs, qui entraînaient l'inculpation de faux-mon-
na^^agc, de vol et de parjure, la voix publique en ajoutait
d'autres. On soupçonnait les deux frères de Fijac d'avoir
reçu beaucoup d'argent monnayé du maître de la monnaie,
Spinelli, pour accuser de vu! un tiers. De plus, Resplandina,
mère de Bertrand et Guillaume de Fijac, et Henriette, maî-
tresse {niulier cagabunda) de Guillaume de Fijac, avaient,
disait-on, « blanchi » des doubles noirs pour les transformer
en doubles blancs valant 6 deniers viennois et les mettre en
circulation à ce dernier cours \ Mais l'enquête, dans fëtat où
elle nous est parvenue, no porte que sur l'alîaire des faux
gillats.
l'raiiscrite d'un bout à Tautre par Pierre Semicherii, de Ma-
laucène", cette enquête fut conduite par Pons Ademar, baile
scientibus et conssntientibus. de dictis llausonis factis pro jullatis ix d.
fabricavit et cudit (ms. cludit) ad consimilitudinem jullatorum cui-ien-
tium et factorum pio xviii d. Et sic praedicti fratres et dictus Guillelmus
in praedictis decipeie intendebant et defraudare omnes illos qui reciperent
dictos juUatos pro xviii d..., et taliter faciendo inpediebant cursum et
valorem nionetae praedictae, et ipsam nionetam taliter deformando quod
eidera domino comiti et omnibus aliis magistris seu monetariis et ope-
raviis dictae monetae magnum et énorme praejudicium imminebat. »
3" « Quod praedictus Guillelmus de Palerma, postquara fabricavit et
cudit quandam quantitatem juUatoium factorum pro xviii d. de llausonis
factis pro faciendis jull. de ix d., praedictos juUatos factos et debitis pon-
dère et valore defraudatos inmisquit cum jullatis veris et bonis et factis pro
xviii d. Etde illis bonis juUalisvalentibusxviii d. recepitet accepit scienter
et dolose talem ettantam quantitatein et numerum qualera et tantum. »
1. Reg. B. 2840, fol. 2. 4" et 5' chefs d'accusation : 4" « Quod dicti Ber-
trandus et Guillelmus de Fijac fratres, maligno spiritu inbuti, magnam
quantitatem pecuniaea Spinello raagistro dictae monetae receperunt, animo
et proposito accusandi de f urto Brunellum Pervassio(?), gardiatorem monetae
Podii Guironis. »
5° <( Inquisivit curia praelibata contra Resplandinam matrem dicto-
rum Bertrandi et Guillelmi de Fijac, et Henrietam, muliorem vagabun-
dam dicti Guillelmi de Fijac, de eo videlicet et pro eo quod ipsae, spiritu
maligno inbutae, magnas et diversas quantitates duplicium nigrorum an
(ihianchi ad similitudinem alborum valentium vi d. vienn., et dictos
duplices per ipsas ((hianrhis pro vi d. vien. posuerunt et expendiderunt,
in praedictis furtum et crimen falsi committendo. »
2. Malaucène (Vaucluse, arr' de Carpentras).
504 G. -A. HiCKEI.
de Puygiron. Le 8 octobre, oh commença par interroger sur
les griefs précédents Guillaume de Palerme. Celui-ci affirme
avoir reçu des frères de Fijac, par l'intermédiaire d'Henriette,
maîtresse de Guillaume, 43 flans pour faire des pièces ayant
cours à 18 d. et affirme qu'il les a frappés légalement en gillats
au cours de 18 d.\ Le lendemain, il demande à être entendu,
et explique d'une manière assez embarrassée que les ilans en
question lui avaient semblé bien légers pour en faire des
gillats à 18 d. '. Il les avait monnayés cependant, mais il avait
fait remarquer cet aftaiblissement à Guillaume de Fijac et;,
sur son conseil, avait mêlé une dizaine de ces gillats suspects à
ceux qu'il devait remettre au maître de la monnaie, le reste, il
l'avait gardé chez lui'. D'ailleurs, quand les frères de Fijac lui
envoyaient des flans à monnayer, il le faisait toujours vo-
lontiers. Il ajouta qu'Henriette lui avait apporté, pour le
payer de sa peine, une somme de 8 gillats à 18 d.^ en
deux fois.
Henriette, interrogée le 10 octobre, affirma avoir porté à
Guillaume de Palerme, de la part de Bertrand de Fijac, une
quarantaine de flans à monnayer dont 10 à 12 débités pour
1. Reg. B. 2840, fol. 3 r" : aHeni'ieta^ mulier vagabunda Guillelmi de
Fijac, ipsi qui loquitur tradidit xliii flausonos factos et oïdinatos pro jull.
XVIII d., quos xLiiiflausonos ipse qui loquitur amoneavit ad consimilitu-
dinem de jull. de xviu d. »
2. Reg. B. 2840, fol. 3 r" : Guillaume de Palerme: a Henrieta praedicta
tradidit eidem xliii flausonos, qui flausoni videbantur sibi ut essent fra-
giles seu frebles; tamen ipse qui loquitur... dictos xliii llausonos amoneavit
ad consimilitudinem sive in connis juUatorum de xviii d. »
3. IbicL, fol. 4 v° : « Ipse dixit Guillelmo de Fijac quod dicti xxxiii (sic)
flausoni per ipsum moneati ad consimilitudinem xviii d. erant nimis
frebles. Et jamdictus Guillelmus de Fijac respondit'ipsi qui loquitur quod
pênes se retineretet ipsos inmisquerct in sua breva. Quos ipse qui loquitur
pênes i-e retinuit, et de ipsis immiscuit in sua breva x, et residuuiii pcnes
.se retinuit, et ipsos posuit in quodain scrinio in hospitio suo. »
4. Ihid: a Ipsi (Bertrandus et Guillelmus de Fijac) exportabant eidem
dictos flausonos, et ipsi dicebantquod ipse amonearet dictos flausonos, etmox;
ipse respondebat quod libenter. » — Id., ibid.: « Henrieta dédit sibi in
duas vices viii jull. de xviii den. »
les; faîx \roNNAVRrns df pivr.inox 505
riiTulor à 0 d. ' ; olle niait, on niôino temps, avoir jamais donnô
aïK'iiiio l'étrihiitio)! à riiiillaiiiiK^ do Paloi'nio\ Quant aux deux
autres incul|)('s, ils répondirent do même : Guillaume de
Palerme a reçu d^nix, outre 2<S dans à 1<S d., 10 à 12 flans
destinés à circuler au cours de 0 d. '. Bertrand de Fijac
confessn, en outre, avoir dit (pi'il en coûterait bien cent livres
de Vienne aux maîtres de la monnaie s'ils n'abandonnaient
pas l'accusation*.
Au cours de l'instruction, d'après les interrogatoires et les
serments de plusieurs témoins et des accusés, lès enquêteurs
reconnurent qu'il fallait mettre hors de cause tous les autres
employés de la monnaie. En même temps des témoins de mo-
ralité, cités à la requête de Guillaume André, d'Avignon, cousin
des deux frères de Fijac, qui était venu spontanément répondre
de leur honnêteté, venaient se porter garants de la bonne
réputation des deux inculpés"; c'étaient des praepositi, des
monnayeurs et des coupeurs de métaux.
Quant à Guillaume de Palerme, il fut accablé par une dépo-
sition décisive. Berto Loti de <( Sina» (Sienne?), un des maîtres
de la monnaie, faisait, le 19 octobre, la déclaration suivante :
Le 30 septembre, Guillaume de Palerme était venu lui apporter
sa brève ^ et lui-même, Berto, y avait découvert des gillats
1. Interrogatoire d'Henriette (10 octobre), fol. 5v".
2. Id., ibid. (même date), fol. 6 r".
.3. Interrogatoire de Bertrand de Fijac (12 octobre), fol. 7 r". Les interro-
gatoires de Resplandina, 10 octobre, de Catherine et de Jacques de Palerme.
19 octobre, ne donnent aucun résultat.
4. Bertrand de Fijac (même date), fol. 7 v": «Si niagistri qui nunc sunt
monetae Podii Guironis ipsum nec dictum fratreni suum accusarent, dictis
magistris dictae monetae faeeret decostare c lib. vien. »
5. Reg. B. 2840, fol. 15 v° : Citations proposées par Guillaume André.
d'Avignon (18 octobre); noms des témoins (fol. 16). Dépositions (de 17 i"
à 20 v°), en date du 19 octobre. Les ouvriers qui déposent {2prappositi,8 mon-
nayeurs, 8 ouvriers coupeurs) sont originaires de Montélimar, Mondragon,
Puygiron, Mornas, Avignon, Saint-Remi, Valence et Vienne.
6. Brexa. Cf. Du Cange : « Brève est la nombre et quantité de deniers
non monnoiez qui est baillée par poix et nombre à chaque monnoier pour
chacun jour que il monnoie » {Trésor drs Ch., JJ. 204. n" 57). On désigne
506 G.-A. HICKEL
de 9 d. frappés frauduleusement comme des gillats à 18 d.
Guillaume de Palerme, interpellé, avait répondu qu'il avait
effectivement enlevé 9 gillats de bon aloi poui- les remplacer
par des gillats faux valant 9 d. et frappés frauduleusement au
cours de 18 d . '
A la suite de cette déposition, Pons de Floyrac, châtelain
(casiellanus) de Puygiron, rendit un arrêt prescrivant l'appli-
cation de la torture a l'accusé. Le lendemain 20, les enquêteurs
se rendirent à la prison de Thaulignan'' où était enfermé Guil-
laume de Palerme. Celui-ci reconnut seulement, une fois de
plus, avoir glissé dans sa brève 9 des flans a faibles » que lui
avait remis Henriette ^ Pons Adémar fît alors appliquer la
question à l'accusé par les promoventes cun'ae. L'accusé fut
placé sur l'instrument de torture et y resta très longtemps,
jusqu'au moment où^ se déclarant prêt à tout avouer, il de-
manda à être délié*. On obtint de lui l'aveu que les gillats
étaient faux; et il ajouta qu'il avait reçu directement des frères
de FijaCj et dans leur maison même, 61 flans à monnayer,
débités à 9 d., qu'ils lui avaient ordonné de frapper à 18 d. '.
encore aujourd'hui, dans le langage technique, parle mot hi-ère,\en mannes
ou plateaux où sont disposés lesjlans à monnayer.
L.Reg. B. 2840. Berto dit (fol. 13 v") : « Vernm esse quod dictus Guillel-
musde Palerma tradidit sibi xix-^ die mensis septerabris proxime praeteriti
c sol. juUatorum, conputatouno jullato pro unodenario, et ipse qui loquitur
dixit... se invenisse in dictis csol. jullatorum eideni traditorum per dic-
tum Guillelmum ix denarios; qui denarii, facti et ordinati pro ix d., erant
fabricati ad consimilitudinem jullatorum bonorum valentium xviii d.
Dixit etconfessus fuit dictus Bertus. .. quod dictus Guillelmus de Palerma
dixit sibi quod de bonis jullatis elevaverat ix, et ix denarios de denariis
factis et ordinatis pro ix d. vien. immiscueratcum aliis jullatis. » ''
2. Thaulignan (Thaulinianum), arr. de Montélimar, canton de Grignan.
3. Reg. B. 2840, fol. 21 t\
4. Reg. B. 2840, fol. 21 r": « Praecepit dictus Pontius Ademanis Petro
Frenels et GuillelmoPollinoti, promoventibns curiaeTauliniani, utdictum
Guillelmum de Palerma ponerent et ligarent in tortura. Qui quidem in
tortura positus fuit, et in dicta tortura per magnum spacium stetit, et positus
in tormento petiit se deligari a dicto tormento seu questione, nam diceret
plenam ac legitimam veritatem. »
5. Ibid., fol. 22 v% 20 oc-t. Guillaume de Palerme raconte ainsi : « Ros-
LES FAUX NrONNAYEl'RS DE Pl'YGinON 507
11 en avait fait autant de 75 autres apportés par Hen-
riette pour les monnayer dans les mômes conditionsV
Le 21 octobre, les enquêteurs interrogeaient à Châteauneuf
de Mazenc' les frères de Fijac sur ces nouvelles révélations.
Ceux-ci reconnurent avoir livré à Guillaume de Palerme une
certaine quantité de flans débités h 9 d., pour les monnayer
en gillats faux au cours de 18 d/ : mais aucun des gillats ainsi
frappés n'avait été mis en circulation*.
Or, dès le 22 octobre, des habitants de Puygiron venaient
apporter des gillats faux au notaire Pierre SeniicheHi. Ils
avaient passé entre les mains de diverses personnes"'.
Le vérificateur de la monnaie, Jean Dumoulin (deMolandino),
il qui on fit vérifier la valeur des gillats^ affirma que ces gillats
frappés à 18 d. n'avaient qu'une valeur légale de 9 d.°, et Tin-
tagniis Rigoti... (dixit ipsi) rjuod ipse Guillelmus de Palerma iret ad
hospitium dicti Guillelmi de Fijac, aliter nominati Ruffo. Quod ipse
qui loquitur fecit, et dum fuit in ipso hospitio,invenit dictum Bertrandum
de Fijac et Henrietam et Rostagnum Rigoti. Et tune dictus Bertrandus
de Fijac dixit eidem Guillelmo de Palerma : Ecce lxi flausonos quos
deberet amoneaie ad consimilitudinem jullatoi'um xviii d. vien. Quos
LXI flausonos ipse Guillelmus de Palerma amoneavit in connis juUatorum
currentium pro xviii d. vien. Et amoneatis dictis flausonis per modum
praedictuni ipse qui loquitur dictes lxi flausonos tradidit dictaeHenrietae. »
1. Heg. B.2840, fol. 22 v" : « (Amoneavit) lxxv flausonos de ix d., in connis
de XVIII d., quos lxxv sibi tradidit Henrieta praedicta de mandato dictorura
Bertrandi et Guillelmi de Fijac, ut ipsa asseruit. »
2. Châteauneuf de'Sla.zenc iC((s(i-Hiii Nor uni Lodalinascnc), arr. deMon-
télimar, canton de Dieulefit.
3. Reg. B. 2840, fol. 21 r": Bertrand de Fijac, 21 octobre.
4. Ilnd. Bertrand de Fijac : « Ipse nec aller suo noraine non habuit die-
tos juUatos factos per ipsum Guillelmum de Palerma de dictis flausonis
factis et ordinatis pro ix d. vien. »
5. Dépositions de Paien Lacombe, de Berto Loti, de Meta Bonelli, de
Pierre Bonelli. de Bertrand, flls de Pensa Breva, fol. 25 v" à 28 r°,
22-23 octobre.
6. Reg. B. 2840, fol. 28 r". Bertrand de la Bàtie-Rolland : « (Joh. de
Molandino) accepit balansas débitas et légales, ponendo in una balansa
unum denariura factum et ordinatum pro ix d. et i ex dictis jullatis
traditis per dictum Bertrandum filium dictae pensae brevae in alla
balansa. Qui quidem denarii ix d. plus ponderabant quam jullatus, et
508 G. -A. IliTKRL
l'orinalion établit qu'un cortain Mnzol l^elmas, de laBûtie-
HollancV. avait reçu la monnaie en question de Guillaume de
Fijac en payement d'une vache, que lui, Mazet, avait vendue a
un boucher de Puygiron, Michel Olivier*.
Les deux frères de Fijac reconnurent alors spontanément
dans un nouvel interrogatoire que Guillaume de Fijac avait fait
tenir par Bertrand à Guillaume de Palerme, dans les conditions
révélées par celui-ci, un total de 171 flans à monnayer en faux
o-illats del8 d.\
Les enquêteurs, préoccupés de savoir comment ces gillats
avaient été mis en circulation, et sur la découverte de nouvelles
pièces fausses, soupçonnèrent Bertrand de Fijac de s'être en-
tendu avec le boucher Michel Olivier, et celui-ci fut inculpé
de complicité dans l'affaire *. Mais Bertrand et Michel
s'accordèrent à reconnaître qu'ils étaient allés ensemble â Dieu-
lefit'' pour y acheter des moutons, et à afhrmer qu'ils avaient
payé en monnaie de bon aloi les 31 moutons qu'ils avaient
sic per ordinem fuerunt ponderati alii denarii. Qui denarii in parte seu
major ])ars plus ponderabant quam jullati praedicti. »
1. La Bâtie-Rolland (Basttda RoUandl), arr. de Montélimar.
2. Reg. B. 2840, fol. 27 v°. 22 oct. : Mazet Delmas : D. « A que habuerat
dictam quantitatem jullatonim ?» — R. a A Rufîo monetario (Guillaume
de Fijac)... » — D. « Cujusmodi quantitatem juUatorum habuit a dicte Ruf-
fono ? » — R. « L jullati ; in qua solutione fuit presens Micahel Oliverii
de Lorgues, diocesis Fori-Julii, qui est macellarius nunc habitans Podii
Guironis. » — D. « Qua occasione sibi tradidit dictus Ruffonus dictam
quantitatem dictorum jullatorum ? » — R. « Pro quadam vacha quam
emerat dictus Micahel ab ipso. » — D. « Quo loco? » — R. « In hospitio
in quo faciebat mansionem dictus Ruffonus. »
.3. Bertrand et Guillaume de Fijac, confrontés : Reg. B. 2840, fol. 30 r",
31 r". Guillaume de Fijac, fol. 31 v", 23-24 octobre.
4. Acte d'accusation contre Michel Olivier, in fine, fol. 40 v" : « Dictus Mi-
cahel Oliverii mercator, spiritu dyabolico inflammatus, dictos falsos jul-
latos de manibus dictorum Bertrand! et Guillelmi de Fijac habuit et rece-
pit, et dictis falsis jullatis apud Deumloffees et in aliis locis mutones et
alias denariatas émit, in praedictis furtum et falcitatem committendo. »
5. 'Die\i\eût(Dounifecif,Dr'rtmlq[f''Ps), ch.-l. de canton, arr'. de Mon-
télimar.
I-F.S; KATX MONNAYKin?; DR PI-Yf.inON 509
aclictés pour 25 livres'. Les deux frères de Fijac répondirent
par serment de l'innocence de Micliel Olivier'.
L'enquête, telle que nouslapossédons, s'arrête là. Il estdillicile
d'expliquer pourquoi on ne retrouve que Bertrand de Fijac
et Guillaume de Palerme dans la sentence rendue au sujet de
l'affaire, et pourquoi le registre d'enquête ne nous apprend pas
que Guillaume de Fijac ait été condamné. Toujours est-il que
le 13 novembre 1327, Bertrand de Fijac et Guillaume de Palerme
comparurent devant le juge {judex) Richard de Multis De-
nariis, à Chàtcauneuf. On leur fit reconnaître à chacun la vérité
des accusations qui pesaient sur eux, et ils renouvelèrent leurs
aveux, s'en remettant à la miséricorde de la Cour et refu-
sant toute défense ^ Déplus, Guillaume de Palerme désigna
formellement les deux frères de Fijac comme ses complices et
laissa entendre que Resplandina et Henriette pourraient bien
avoir été au courant des fraudes \
Le lendemain, 14 novembre, on lisait aux accusés la sentence
1. Reg. B. 2840. Déclarations de Bei-trand de Fijac. fol. 30 v", et de ISIi-
chel Olivier, fol. 41 r" (23 octobre) .
2. Serments de Bertrand et Guillaume de Fijac (fol. 41 r", et la suite 35 v").
3. Reg. B. 2840, fol. 45 v° : « Anno domini mccc.xxvii et die videlicet
xiiia mensis novembris, nos Ricardus de Multis Denariis judex. .. existentes
apud Castrum Novum Lodalmasenc, pro complendo inquisitionem supra
incoatam contra praedictos monetarios, fecimus ad nostram praesenciam
evocare.. . praedictum Guillelraum de Palerma delatum decrimine monetae
falsae praedictae. Qui Guillelmus in nostra praesentia constitutus, et suo
juramento corporaliter praestito per eumdera de veritate dicenda super
titulis inquisitionis praedictae, requisitus per eumdem dominum judicem,
dixit et confessus fuit vera esse quae alias confessus fuit supra, in con-
fessions factacoram me notario praesentis inquisitionis. Et ita de novo con-
fitetur grate sine formidine tormentorum vera esse et se fecisse scienter
prout in eadem confessione continetur, requirens humiliter misericordiam
sibi fieri super hiis quae se fet'ellit. »
De même Bertrand de Fijac, fol. 46 r".
4. Reg. B. 2840, fol. 45 v" : « Dixit non affirmando sed praesuraendo de
dicta Henrieta et Resplandina quod crédit ipsas dictum negocium scivisse,
ex eo quod dicta Resplandina multociens veniebat ad ipsum loquenteni, di-
cens : « 'l'radas mihi lx sol., » et aliquando plus, et aliquando minus. IMures
alios dixit non esse culpabiles de praedietis. »
510 C.-A. niCKEL
de mort qui les frappait : Guillaume de Palcrmo, ])()ur fabrica-
tion do fausse monnaie, et Bertrand de Fijac, pour complicité
(K> faux nit^nnayage, étaient condamnes à être ])rùlés à petit
feu jusqu'à ce que mort s'ensuivît'.
La sentence fut exécutée le 20 novembre, sur l'ordre du clui-
telain Pons de Floj'rac. Avant de mourir, les deux accusés
firent venir le notaire Pierre Senu'rhc/'ii pour disposer de
leurs biens et régler leurs comptes. Bertrand de Fijac se déclare
créancier d'un surtout {supertunicale) avec six boutons [botoni)
en argent et un en or, d'une épée, d'un bâton ferré {spontonum),
et d'une veste (gavinetuDi), le tout prêté à Laurent, curé de
Saint-Bonnet. De son côté, il a reçu en gage un surtout pour
12 sols ; il a chez lui, dans un coffre, une veste et une ceinture
de soie {ajoiia — pour zonaf — de dn'quo)ei deux couvre-chefs
jaunes {haritae de croqiio) avec leur garniture (a/'nesium). Il a
dans sa cave un plein tonneau de vin (hota) avec des ])rovisions
de bouche (sopae). Il ajoute qu'il est créancier de 11 liv. 10 s.
que lui doit Michel Olivier; il a payé à un autre individu
6 livres de viennois pour du vin qu'il n'a pas encore reçu. Il a
chez Berto, maître de la monnaie de Puygiron, deux porcs
1. Reg. B. 2840, fol. 46 v°, 47 i" :
« Sententia. In nomine Domini Amen. Anno quo supra, seilicet die xiiii'^
mensis novembris, quae dies extiterat assignata dictis Guillelmo de Pa-
lerma et Bertrando de Fijac ad audiendum nostram sententiam per nos Ri-
cardum de Muftis Denariis, judicem praedicti domini Aymari de Pictavia,
et perhemptoi'ie. nos, judex, processimus ad sententias faciendas nostrasper
moduni qui sequitur. — Cum si nocentes poena non plecteret et juris ratio
actus illicitosnon coiiaereret, in ynfflnitum malorum praesumptio prorogaret
offensam, sane nos judex, visa cum diligenti deliberatione inquisitiono!
praedicta, ad plénum quia constat per confessiones dictorum Guillelmi de
Palerma et Bertrandi de Fijac eos fore nocentes et culpabiles in f'ormatione
praedictae falsae monetae, prout in cujuslibet praedictorum confessionibus
lacius continetur. .. idcirco, nos, condempnamus dictum Guillelmum de
Palerma praesentem, pro eo quod dictam falsani monetam in totum forma-
vit, et finaliter condempnamus dictum Bertrandum praesentem proco quod
conscius et rainister fuit in formatione monetae falsae praedictae, et ipsorum
quemlibet in hiis scriptis finaliter condempnamus quod flama ignea concre-
mentur,itaquod penitus morientur pro excessibus supra pereoscommissis. »
LFS FAfX MONXAYRTnF; DR PUYGIRON 511
vnlîint rhacim (Idc^iiors ; Rorto lui doit de plus lo prix de deux
ou trois charges {.'^ruimotan) de vin vieux et d'une de vin nou-
veau, plus celui de 20 livres de pain. Enfin, sur le péril de son
âme, il jure qu'il a donné à Laurent, curé de Saint-Bonnet, et à
Hugues, son compagnon (.s-oaz/s), 32 ^lats et 20 s. de viennois'.
De son côté, Guillaume de Palerme déclare avoir prêté 20 liv.
î\ Guillaume de Fijac, et mis en gage chez Jean Dumoulin im
manteau de camelin avec 51 sols de viennois. Il prie sa femme et
son fils de donner, pour le repos de son âme, son manteau de
drap d'Avignon, ses chemises et ses deux capuchons'.
Ce même 26 novembre, Pons de Floyrac venait déclarer au
notaire Pierre Semidieril la mort des coupables. Le bourreau
1. Reg. B. 2810, fol. 'M r" : « Dictas Bei-trandus de Fijac confessus fuitsub
pcriculo aiiimae suae quod dominusLaurentius, capellanus S. Boneti, habet
ununi suum supertunicale, cum vi botonis argenteis et cum i botono dau-
rato flrmatis in dicto suo supertunicali... Item confessas fait dictas Ber-
trandas de Fijac sub pericalo animae saae quod dictas dominas Lauren-
tius, capellanas S. Boneti, habuit ab ipso Bertrando de Fijac i ensem et
I spontonum necnon i gavinetum. Item dixitet confessas fuit dictas Ber-
trandusde Fijac sub periculo animae suae quod ipse Bertrandus de Fijac
habuit unura supertunicale a Johanni Coste Podii Guironis in pignoie pro
XII s.vien. Item confessas fuit dictus Bertrandus de Fijac quod ipse
habet in arclia sua anam ajonam {sic) de ciriqao cum une gavineto. Item
eonfessus fait dictus Bertrandus de Fijac se haberc in hospitio sao in quo
faciebat suum domicilium duas baritas de croquo cum earum arnesio.
Item eonfessus fuit dictus Bertrandus de Fijac se habere Podio Guironis
unam plenam botam vini et aliqaam quantitatem soparum. Item dixit
et confessas fait dictas Bertrandus do Fijac qaod Micahel Oliverii macel-
larius et habitans nunc Podii Guironis débet eidera Bertrando xi lib. x sol.
Item dixit et eonfessus fuit se solvisse Laurentio seu Bertrando Saramando
VI lib. vien. ratione cujusdam quantitatis vini, quod vinum nondum ha-
buit. Item dixit et eonfessus fuit, et hoc sub pericalo animae suae, se tradi-
disse domino Laurentio, capellano Sancti Boneti, et domino Ilugoni ejus
soeio xxxii jull. argentées et xx sol. vien. Item dixit et confessas fuit quod
Bertus, magister raonetae, habet duos porcos, qui porchi valent viden.
vien. Item quod dictus Bertus fecit venire a se ii vel m saumatas vini an-
tiqui et i saumatum vini novelli et de pane circa xx lib. »
2. Reg. B. 2810, fol. 37 v", 38 r" : «... Praecipiendo dictus Guillelmus de
Palerma quod uxor sua et filius suus dent amore Dei in redemptione
animae suae uuum saum supertunicale de panno Avenionensi, camisias
suas et duo sua capucia. »
rA'2 G. -A. IliCKKL
Povronet. de Montêlimar. los avait conduits dans un hoi.s du
territoire de Puygiron (pii appartenait au comte; là, il les
avait liés à un arl)re, auquel il avait mis le l'eu, et tous deux
avaient été brûlés jusqu'à ce que mort se fût ensuivie^ Et, à
cette déclaration, Pons de Floyrac ajoutait que le comte de
\'alontinois et de Diois était seul en possession de battre mon-
naie dans son comté.
G. -A. HÛCKEL.
1. Reg. B. 2840, fol. 17 v°: a Qui quidoin GniUelmus de Palerma et Rer-
Irandus de Fijac ducti fuerunt per Peyronetum, habitantera Montilii, car-
nificem deputatum in exsequtione praedicta faeienda, in territoiioPodii Gui-
ronis, principaliter inquodam nemore dicti don;iini eoraitis, et subsequenter
ligati per dictum earniflcem in quodam arbore stroncato; et ipsis Guillelmo
de Palerma et Bertrando de Fijac ligatis, dictiis Peyronetus earnifex posuit
ignem, in quo igné posito combusti fuerunt penitusque mortui sunt. »
Dans ce même registre B. 2840 se trouvent quatre^ pièces relatives à l'af-
faire d'un certain Arnaud Dumoulin {Arnaldns de Molandiiio), coupable
d'avoir commis des détournements d'argent au préjudice de deux châtelains
de Châteauneuf-de-Mazenc. L'accusé, qui avoue tout, est condamné à avoir
le pied gauche coupé, sauf miséricorde du comte Aymar V, dont il était
homme lige (21 octobre. 26 novembre. Reg. B. 2840, fol. 47 v° sqq.).
COMPTES RENDUS
Abbé L. Duchesne. — Fastes épiscopaux de 1 ancienne Gaule.
— Tome H. L'Aquitaine et les Lyonnaises. — Paris, Fonlenioing,
1900, in-S"; 485 p.
Dans son livre intiluiè : Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule,
M. l'abbé Duchesne a eu pour objet essentiel, on le sait, de vérifier
la valeur des anciens catalogues épiscopaux, dont l'origine se trouve
dans l'usage de consigner, sur des diptyques, les noms des évoques
morts et dont les églises devaient faire commémoration.
Le plan et la méthode sont connus par le premier volume. Le nom
de l'auteur nous dispense de tout éloge. Qu'il suffise de dire qu'on ne
saurait plusse servir du Gallia Christiana pour les évêques antérieurs
au X* siècle sans contrôler ses assertions, le plus souvent les corriger,
par les Fastes qu'a dressés M. l'abbé Duchesne. Le second volume,
dont nous présenterons un résumé succinct, est consacré à l'Aquitaine
et aux Lyonnaises.
En Aquitaine, le christianisme n'apparaît organisé en églises qu'au
iv^ siècle. En l'an 314, trois églises d'Aquitaine furent représentées au
concile d'Arles : celles de Bordeaux, Eauze et Gabales. Les églises
naissantes de la Gaule furent agitées par l'arianisme sous les règnes
de Constance et de Julien (353-363), mais c'étaient là des querelles
Ihéologiques auxquelles le peuple ne s'intéressait pas.
Il en fut autrement du mouvement pr-iscillianiste qui soulevîiit des
problèmes de vie pratique accessibles à tous les fidèles. Les évêques
de Bordeaux et d'Agen s'y mêlèrent activement. Cette fermentation
s'éteignit avec les invasions du v'' siècle. Mais les égli.ses de l'Aqui-
taine eurent à subir les attaques des Wisigoths qui s'emparèrent de
l'Aquitaine au cours du v" siècle; les rois Wisigoths voyaient dans le
clergé les représentants les plus dévoués du régime romain. La con-
quête de l'Aquitaine par les Francs rendit aux évêques catholiques la
tranquillité.
Après avoir présenté le cadre des circonscriptions ecclésiastiques de
ôll COMPTES RENDUS
l'Aquilaino, l'autour aborde les fastes de chaque siège èpiscopal, c'est-
à-dire qu'il donne la suite des évêques, en se fondant sur les listes tra-
ditionnelles conservées jadis dans les églises, qu'il conipare aux autres
documents contemporains, àleflet d'assigner à chaqueévêque sa date,
qui, comme on le sait, fait défaut dans les listes des diptyques. La
cathédrale de Bourges possédait un diptyque, sur les plats intérieurs
duquel on avait écrit au xi« siècle, le catalogue des archevêques ; ce
diptyque est aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Sur les soixante
noms inscrits au diptyque, quarante sont connus par d'autres docu-
ments, et les renseignements que l'on a sur leurs dates s'accordent
avec le rang qu'ils y occupent. Quant aux chiffres qui sont inscrits
dans le catalogue à la suite de chacun des noms d'évêques, et qui in-
diquent la durée de leur épiscopat, ils paraissent avoir été établis
d'une façon arbitraire, au moins pour les prélats antérieurs à Rodolfe
(810-841), comme le démontre M. l'abbé Duchesne Le premier évêque
de Bourges fut saint Ursin, dont on ne sait rien autre chose que ce
qu'en dit Grégoire de Tours, qui le présente, dans son Histoire des
Francs, comme un disciple des sept évoques envoyés de Rome en
Gaule au milieu du m* siècle, et dans le De Gloria Conjessorum,
comme envoyé par « les disciples des apôtres ». M. l'abbé Duchesne
remarque plus loin que l'on a abusé de cette qualification pour mettre
Grégoire en contradiction avec lui-même ; mais dom Morin a signalé
la même expression appliquée, dans un texte du vi^ siècle, à trois des
sept envoyés de Grégoire et à un évoque du iv^ siècle. Il faut venir à
Léon pour trouver une date certaine ; celui-ci signa les canons du
concile d'Angers tenu le 4 octobre 453.
Pour l'Église d'Auvergne (Clerraont), nous sommes mieux rensei-
gnés, grâce à Grégoire de Tours, qui recueille avec soin les traditions
de cette Église dans laquelle il avait été élevé. Ici encore le premier
évêque, saint Austremoine [Stremonias) passait pour être l'un des
sept envoyés du ni^ siècle. Le quatrième successeur d'Austremoine,^
saint Allyre, vivait en 384 ou 385.
La plus ancienne mention de l'église de Rodez se rencontre dans
une lettre de Sidoine-Apollinaire écrite vers l'an 475.
Aucun catalogue ancien d'évêques ne nous a été conservé de l'Église
d'Albi ni de celle de Cahors. Les signatures de conciles et les chartes
permettent cependant de retrouver quelques noms d'évêques, sinon
d'en dresser la liste.
L. DUCHESNE : FASTES ÉPISCOPAUX 515
La plus ancienne liste épiscopalede Limoges qui soit venue jusqu'à
nous s'est conservée dans l'un des manuscrits à l'usage du chroniqueur
Adhémar de Chabaunes, mort en 1034 : il y avait été transcrit de sa
main. La liste s'arrête de première main avec l'évéque Jourdain, qui
siégea environ trente ans à partir de 1021. Mais une lettre adressée
par le même évêque Jourdain au pape Benoît VIII suppose une
liste toute différente de celle d'Adhémar. La série des évoques n'était
donc pas arrêtée avec précision au xi« siècle ; la fluctuation continua ;
cardans la liste donnée par Bernard Itier au xiii'' siècle, la suite des
évêques est différente. Les divergences portent sur les noms des suc-
cesseurs du premier évêque saint Martial. Celui-ci était, d'après Gré-
goire de Tours, l'un des sept envoyés. La première date certaine est
celle de l'épiscopat de Ruricius à la fin du v^ siècle.
L'église des Gabales (Mende) fut représentée au concile d'Arles en
314 par un diacre nommé Genialis. La date de l'épiscopat de saint
Privât est incertaine; M. l'abbé Duchesne la place au début du règne
de Constantin. Nous ne sommes pas mieux documentés sur les pre-
miers évêques de la cité des Vellaves (le Puy), ni même sur ceux de
Bordeaux, dont il ne subsiste aucun catalogue. M. l'abbé Duchesne
considère l'évéque Orientalis, qui assista en 314 au concile d'Arles,
comme le premier évêque de Bordeaux.
Pour Agen, nous connaissons l'évéque Phœbadius, qui siégeait en
357, puis quelques autres du vi^ et du vii^ siècle ; mais le nom d'au-
cun de ceux qui siégèrent du vni'' siècle jusqu'à l'an 977 ne nous a
été conservé.
Une liste des évêques d'Angoulêmc se trouve dans un Liber cano-
nam de cette Église, le manuscrit 1127 du fonds de la Picine au Vatican.
Elle s'arrête de première main avec l'évéque Hugues (937-980); mais
l'intitulé « Nomina defunctorumepiscoporum » suppose que ce prélat
était mort quand son nom y fut inscrit. Cette liste n'est pas d'accord,
pour les temps les plus anciens, avec d'autres documents. Ainsi,
entre saint Ausone, le premier, et Aptonius, le second de la liste, qui
assista en 549, au concile d'Orléans, il faut placer Dynaraius, men-
tionné dans le texte de Paulin comme l'un des plus dignes évêques
de son temps, et Lupicinus, qui assista aux conciles d'Orléans de
511 et de 533.
Le Gallia CJu-istiana fait allusion à d'anciens catalogues d'évêques
de Saintes; ils ont été perdus. Pour Poitiers, le catalogue nous est
516 COMl'TES KKNDUS
parvenu on plusieurs exemplaires, dont quatre sont antérieurs au
XH^' siècle. Les diverses formes du catalogue épiscopal de Poitiers
paraissent être dérivées d'un même texte primitif, les difrérences ne
portant guère que sur l'orthographe. Les documents authentiques le
vérifient depuis le commencement du vi'' siècle. Mais il paraît pro-
bable que les rédacteurs du \if siècle l'ont complété pour la période
antérieure.
D'abord Ton peut s'étonner du grand nombre d'évéques antérieurs
au \f siècle. Saint liilaire a huit prédécesseurs, tandis que son con-
temporain, l'évèque de Tours, Lidoire, n'en a qu'un seul. L'Église de
Poitiers serait plus ancienne que ses voisines, celles d'Angers, de Bor-
deaux, de Bourges, de Clermont ! Le dixième évoque de la liste, Pas-
eentius, est un évoque dédoublé (qui en réalité n'a vécu que vers 564),
par suite d'une fausse interprétation de la Vie de saint Hilaire écrite
par Fortunat. Des vingt-trois premiers noms de la liste, Hilaire est le
seul qui soit connu d'ailleurs comme celui d'un évêque de Poitiers.
Pour Hilaire, on sait qu'il fut élevé à l'épiscopat vers 350.
Saint Front est présenté par la tradition comme premier évêque de
Périgueux. Mais à vrai dire tout est légende dans ce que nous savons
de lui.
Dans la province d'Eauze, une seule liste ancienne nous est par-
venue, celle des évêques d'Auch, mais c'est une compilation de la
seconde moitié du xni'' siècle- Le premier évêque connu pour chacun
des sièges de la Novempopulanie est : à Eauze, Mamertin, qui
assista au concile d'Arles, en 314 ; à Auch, Orientius, qui vivait vers
439; à Dax, Gratianus, présent au concile d'Agde de 506; à Lectoure,
Heuterius, connu seulement par la légende de saint Gény; à Saint-
Lizier (Couserans), Valérius, dont le tombeau fut découvert au
vie siècle; à Lescar (Béarn), Galactorius, qui assista en 506 au concile
d'Adge; à Aire, Marcellus, présent au même concile; à Bazas, un
personnage anonyme qui siégeait au temps de l'invasion des Van-
dales; à Tarbes (Bigorre), Aper, qui se fit représenter au concile
d'Agde par un prêtre; à Oloron, Gratus, présent au même concile.
Avant dépassera l'histoire ecclésiastique de la Lyonnaise, M. l'abbé
Duchesne, examine brièvement les légendes relatives aux premiers
missionnaires de l'Aquitaine, saint Martial de Limoges, saint Aus-
tremoine d'Auvergne, saint Ursin de Bourges, saint Privât de Mende,
saint Genou de Cahors, saint Clair d'Albi et de Lectoure, saint Front
L. DUCHESNE : FASTES ÉPISCOPAUX 517
de Périgueux, saint Georges du Velay, saint Ausonc d'Angoulôrae,
saint Eutrope de Saintes, saint Gény de Lectoure, saint Vincent de
Dax, saint Vincent d'Agen, saint Caprais et sainte Foi.
La date de l'épiscopat de saint Martial a donné lieu à de si ardentes
polémiques qu'il nous paraît utile de résumer ici les conclusions de
AI. l'abbé Duchesne.
Saint Martial, le fondateur de l'Église de Limoges, fut, d'après
Grégoire de Tours, l'un des sept évêques envoyés de Rome en
Gaule au milieu du in'^ siècle. Les martyrologes du ix" siècle se
contentent de marquer au 30 juin la fête de saint Martial, évoque
et confesseur. La plus ancienne biographie qu'on ait de cet évêque
n'a été rédigée qu'au début du ix« siècle; elle le prétend envoyé
de Rome à Limoges par l'apôtre Pierre. Une autre Vie, plus déve-
loppée, mise sous le nom d'Aurélien, disciple et successeur du
saint sur le siège de Limoges, fait de Martial un contemporain et
un disciple du Christ. C'est là une œuvre du commencement du
XI- siècle, apocryphe et mensongère, composée pour justifier les pré-
tentions des moines de Saint-Martial, qui vers 1025 se mirent à
réclamer pour le patron le titre d'apôtre.
(( Saint Martial, suivant eux, aurait été tout autre chose que l'évan-
gélisateur spécial du Limousin, ou même qu'un apôtre du second ou
troisième degré, mais un véritable apôtre, du même rang que les
Douze. » Cette prétention suscita une opposition très vive, et on accusa
môme les moines de n'avoir obtenu qu'à prix d'argent, l'appui du duc
d'Aquitaine Guillaume V auprès du Saint-Siège, peut-être même la
reconnaissance de l'apostolat de Martial par le pape. Les biographies
de saint Martial, aussi bien que les recueils de miracles, en ce qui touche
la date à laquelle vécut saint Martial, sont donc sans valeur historique,
et le seul témoignage à retenir est celui de Grégoire de Tours.
L'Église de Lyon fut constituée dès le ii'^ siècle, puisque son
premier évêque, Pothinus, mourut en l'an 177. Mais « comment, à
quelles dates, dans quel ordre les missions parties de Lyon aboutirent-
elles à la fondation des groupes chrétiens dans les diverses cités de la
Lyonnaise, c'est ce que nous ne pouvons savoir faute de documents ».
On peut dire toutefois que, sauf quelques exceptions, l'établissement
des sièges épiscopaux dans les Lyonnaises est une conséquence de la
tolérance religieuse pratiquée par Constantin et proclamée par les
édits de 311 et de 313. Cependant il est probable que l'évêchéd'Autun
Moyen Age, t. XIII, 29
518 COMPTES RENDUS
remonte au iii<' siècle; c'est ce qui ressort du fait que parmi les quinze
évoques dont le martyrologe hiéronymien a gardé mémoire, il y en a
dix dont on peut déterminer la date et qui se répartissent entre le
iv*" siècle, rempli tout entier, et cinquante années du \° siècle, de telle
sorte que les cinq autres doivent avoir vécu les uns pendant les cin-
quante années du V' siècle pour lesquelles nous n'avons pas de noms
d'évêques, les autres au iii= siècle, avant Reticius, contemporain de
Constantin. La date initiale de la série épiscopale de Langres est incer-
taine, malgré l'existence de catalogues anciens. Le troisième évoque,
Desiderius, aurait été victime de linvasion des Vandales, eii407(?),
au dire d'un hagiographe du vu^ siècle ; ce qui ne permet pas de
reporter l'épiscopat du premier évêque, Senator, plus haut que le
iv« siècle.
Pour Chalon, le catalogue autrefois contenu dans un manuscrit de
la règle du chœur a disparu ; mais nous connaissons par le Gallia
Christiana les dix premiers noms qui y étaient inscrits; ils n'étaient
pas en ordre, comme l'on peut s'en convaincre par la comparaison
avec d'autres documents. Ainsi Flavius précédait Johannes, tandis
que nous savons que Johannes était contemporain de Sidoine-Apol-
linaire et que Flavius a vécu sous le roi Gontran.
Le catalogue des trente-deux premiers évoques de Mâcon se trou-
vait dans le cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, connu sous le nom
de Livre enchaîné ; nous n'en avons plus que des copies. Cette liste
est singulièrement incomplète et fautive, puisque sur sept évêques qui
nous sont connus par ailleurs, cinq y font défaut.
Les nombreux manuscrits de la liste des évêques de Rouen, minu-
tieusement étudiés par M. Léopold Delisle, et par l'abbé Sauvage, se
répartissent en deux groupes; les manuscrits du second groupe
ajoutent entête de la liste, saint Nicaise, martyr. Cette addition n'a été
faite qu'à la fin du xi^ siècle. Le second évêque de la liste primitive
est Avitianus qui assista au concile d'Arles en 314.
Les manuscrits qui renferment le catalogue des évêques de Rouen,
de la seconde catégorie, contiennent aussi les catalogues épiscopaux
des églises suffragantes. Le catalogue de Bayeux (( se divise en deux
parties : la première comprend quatorze noms, de saint Exupère à
Henri; la seconde, sept noms, de Hugues III à Henri II qui siégea de
1165 à 1205. Cette seconde partie, correspondant au xi^ et au xii<^ siècle,
est vérifiée par les documents. Il n'en est pas ainsi de la première.
L. DUCHESNE : FASTES épiscopaux 510
Une douzaine d'évêques, bien attestés, du vi' siècle au x'^ inclusive-
ment, y font complètement défaut ». Mais l'Église de Bayeux a des
traditions hagiographiques anciennes, dont il faut tenir compte, et que
discute M. l'abbé Duchesne. Le catalogue d'Avranches n'est pas
meilleur que celui de Bayeux; de même, pour Évreux, pour Séez,
pour Lisieux; ce sont là des listes dressées dans la deuxième moitié
du xiie siècle. Le catalogue de Coutances existait déjà vers la fin du
xi" siècle dans sa forme actuelle. Pour les évoques antérieurs au
ix*^ siècle, c'est cependant un document peu digne de loi, puisque l'on
y a introduit deux évêques de Coustaucc.
La géographie ecclésiastique de la province de Tours a varié ; elle est
particulièrement difficile à débrouiller. C'est ce à quoi M. l'abbé
Duchosue s'est appliqué. La Notitia offre pour la troisième Lyonnaise
une liste de neuf cités. Six d'entre elles se sont sûrement conservées
dans les diocèses de Tours, le Mans, Rennes, Angers, Nantes et
Vannes. Restent trois cités, les civitates Coriosopitum, Osiamoram,
Diablintum. La dernière a perdu son rang de cité dans la première
moitié du v^ siècle. La civilas Coriosopitum est la même que d'autres
appellent Coviosolitum. M. Mommsen dans son édition de la Notice
des Gaules, a choisi la deuxième leçon; c'est la première, Corioso-
pitum, qui d'après M. l'abbé Duchesne, était la lecjon primitive.
Diverses lettres et les conciles du v'^ siècle permettent de constater
l'existence dans la troisième Lyonnaise des évêchés des Coriosopiies et
des Ossismi. A la faveur de l'immigration bretonne en Armorique,
les territoires occupés par les Bretons échappèrent à la suprématie de
l'évêque de Tours. En revanche, des monastères furent fondés en
grand nombre, dont plusieurs durent leur origine à dos moines
revêtus de la dignité épiscopale. « Saint Paul-Aurélien fonda celui du
Léon, saint Tutwal celui de Tréguier, saint Brieuc celui du Champ
du Rouvre où son nom s'est perpétué, saint Lunaire celui de Pontual,
saint Malo celui d'Alet, saint'^amson celui de Dol. » Chacun de ces
monastères exerçait son autorité sur un certain nombre de paroisses.
Le métropolitain de Tours, dont la juridiction n'était plus reconnue,
fit entendre à plusieurs reprises des protestations contre un pareil
désordre. Charlemagne parvint à dompter les Bretons. Un peu
d'ordre fut mis dans les circonscriptions ecclésiastiques. Au commen-
cement du IX® siècle, la Bretagne était divisée en quatre diocèses, dont
les évêques résidaient à Vannes, à Quimper, àSaint-Pol-de-Léon et à
520 COMPTKS lît'NDUS
Alet. Mais sous le règne de Charles le Chauve, Noménoé se créa une
principauté composée des pays bretons et des cités franques de la fron-
tière.Rencontrant une opposition du côté des évêques de Vannes, d'Alet,
des Corosopites et des Ossismi, il les fit déposer sous prétexte de
simonie, et de leurs quatre diocèses, il en fit sept dont un eut son "siège
au monastère de DoL décrétant que son tiluhiire serait archevêque.
Cela n'alla pas sans provoquer des protestations de la part des conciles
francs. L'affaire fut portée en cour de Rome. Elle se poursuivit pen-
dant tout le ix« siècle. Quand l'ordre fut rétabli, un seul point resta en
litige, celui de la juridiction métropolitaine de Dol, qui ne fut tranché
que par un décret du pape Innocent III, lequel rétablit l'antique su-
bordination des églises de Bretagne au siège de saint Martin, mais en
respectant les fondations épiscopales de Noménoé.
Les catalogues épiscopaux de la province de Tours se présentent
soit isolés, soit groupés entre eux ou avec des catalogues de provinces
voisines. M. l'abbé Duchesne les étudie, puis il dresse les séries
épiscopales de Tours, du Mans, de Rennes, d'Angers, de Quimper
{Coriosopites), de Vannes, de Saint- Pol-de-Léon (Ossisvni), d'Alet, do
Dol, de Saint-Brieuc, de Tréguier.
Il arrive à la province de Sens. Il s'arrête longuement aux
traditions du monastère de Saint-Pierre-le-Vif, relatives au premier
évoque, saint Savinien. Il y avait à Sens, dit-il, un monastère placé
sous le vocable de saint Pierre, et appelé « on ne sait pourquoi, saint
Pierre-le-Vif ». On sait très bien pourquoi ce monastère était sur-
nommé le Vi/'. C'était l'église Saint-Pierre du bourg,» Sanctus Petrus
de vico », par opposition à l'église Saint-Pierre sise dans la cité. Mais
Sanctus Petrus de vico donne en français Saint-Pierre le Vi; or,
comme vi correspondant à oiçus ne s'est conservé qu'en composi-
tion, comme dans Neuvi, Novo Vico, et que dans le langage courant vi
signifiait vivant, owdi retraduit Saint-Pierre le 17 par Sanctus Petrjxs
Vivus. En 847, l'archevêque Wenilon découvrit dans le cimetière
voisin de Saint-Pierre, les tombeaux des deux premiers évêques,
Savinien et Potentien. Leurs reliques furent transportées dans l'église
du monastère de Saint-Pierre. Dès l'année 848, Wandelbert de Prùm
marqua dans son martyrologe les noms des saints Savinien et Poten-
tien, en les qualifiant /)rïmi patroni de l'église de Sens. Quelques
années après, Adon, Sénonais de naissance, précisa la tradition et nota
que ces deux évêques tenaient leur mission a heatis apostolis. Usuard,
L. DUCIIESNE : FASTES ÉPISCOPAUX 521
vers 875, répète la même assertion, mais remplace les mots a heaiis
apostolis par n pontifice romano. Le système d'Usuard prévalut à
Sens. Pour mettre leurs reliques à l'abri du pillage des Normands,
les moines de Saint-Pierre les transportèrent dans l;i cathédrale; le
danger passé, l'archevêque prétendit les garder. Elles y restèrent
jusqu'au temps du roi Robert qu'elles furent reportées, en 1031, à
Saint-Pierre-le-Vif. C'est après cette date que furent composés dans
lesmonastères divers écrits ayant pour but de mettre les reliques en
valeur, et spécialement une Histoire de la passion des saints Savinien
et Potenlien, rédigée par l'ordre de l'abbé Gerbert (1046-1079), et où l'on
donne les plus grands détails sur les deux saints qui auraient figuré
parmi les soixante-douze disciples. Il n'y a rien àtirer de cette légende
pour l'histoire des deux premiers évéques sénonais. Quant au cata-
logue épiseopal sénonais, il nous est parvenu sous plusieurs formes,
mais on peut les répartir en deux groupes. Les plus anciens ne con-
tiennent ni Amatus, ni flonobertus, ni Honulfus. Le premier n'appa-
raît dans les listes qu'au xu^ siècle; c'est (( sûrement » un évêque de
Sion. A ce propos, nous ferons remarquer que s'il y a confusion entre
Sedunensis et Senonensis (qui au xi" siècle se présente souvent sous
la forme Sennensis), celte confusion remonte au moins au xi<^ siècle,
puisque dans un privilège de Philippe P'' de l'an 1076, pour l'église
de Saint-Amé de Douai, dont l'original nous a été conservé, saint
Amé est déjà qualifié évoque de Sens; il aurait été chassé de son siège
par le roi Thierry. Quant à Ilonobertuset Honulfus, ils figurent dans
un martyrologe sénonais du x*" siècle.
Le premier évêque de Chartres dont la date approximative puisse
être établie est Valentinus, qu'on identifie soit avec un évêque qui
figure parmi les prélats des Gaules qui adhérèrent vers 344 à la réha-
bilitation de saint Athanase, soit plutôt avec un évêque Valentinus
qui se trouva à Chartres en compagnie de saint Martin de Tours; il
vivait au milieu ou à la fin du iv^ siècle. Avant lui les catalogues ne
connaissent que deux évéques Adventus et Optatus.
Nous sommes abondamment et sérieusement documentés sur les
évéques d'Auxerre. La Vie de saint Germain se réclame du nom de
Constantius, prêtre de Lyon, au temps de Sidoine-Apollinaire.
Le texte tel qu'il nous est parvenu n'est pas primitif; car plusieurs
chapitres sont tirés de la Vie de sainie Geneviève; l'histoire de Ma-
mertin est visiblement une ioterpolation. Pour la Vie de saint Amator
5-2'2 COMPTES RENDUS
qui mourut en 418, elle fut écrite sur l'ordre del'évêque Aunachaire,
à la fin du VP siècle; l'auteur a reproduit les premiers chapitres de
la Vie de saint Germain en y introduisant des épisodes miraculeux.
La passion de saint Pèlerin, le premier évêque, paraît avoir été ré-
digée aussi au vi'' siècle.
Auxerre possédait dès la fin du vi^ siècle un martyrologe qui a
passé dans la compilation du martyrologe hiéronymien arrangée
à Auxerre au temps de l'évêque Aunachaire. Sous l'évêque Wala
(vers 875) , deux chanoines et un moine de Saint- Germain commencèrent
la rédaction des Gesta episcoporum Autissiodorensium sur le modèle
du Liber Pontijicalis. La série des biographies épiscopales fut ainsi
continuée jusqu'en 1278.
La liste des évêques qu'on peut dresser à l'aide des Gesta est assez
souvent vérifiée pour qu'on puisse lui ajouter créance, sauf sur un
point, le dédoublement dieValerianus enValerlua eXValerianus . Quant
aux chiffres qui indiquent la durée des épiscopats, ils n'ont de
valeur qu'à partir du vu® siècle.
Le catalogue épiscopal de Troyes n'est connu que par Robert
Abolant, chroniqueur du premier quart du xiii"^ siècle. C'est ce-
pendant un bon catalogue, et que les autres documents vérifient
depuis le v^ siècle. Le premier évêque est Amator, le second Opta-
tianus, qui est peut-être l'évêque de ce nom qui figure dans la liste
de ceux qui, vers 344, adhérèrent à la réhabilitation de saint
Athanase.
Du catalogue des évêques d'Orléans nous ne possédons qu'une copie,
dans un manuscrit de Saint-Aubin d'Angers, et qui s'arrête avec
Rainier, lequel siégea de 1066 à 1082 environ. Le premier évoque est
Diclopitus, au milieu du iv** siècle.
Le premier évêque de Paris est Denys. Le plus ancien document
de son culte est la Vie de sainte Geneviève. Grégoire de Tours le met
au nombre des sept évêques envoyés de Rome en 250. Dès la fin du
viii« siècle, on croyait qu'il était venu en Gaule au temps de saint Clé-
ment. Un siècle après, en 836, l'abbé Hilduin l'identifia avec saint
Denys l'Aréopagite.
Au déclin du ix* siècle, l'Église de Meaux possédait un catalogue
épiscopal; il est mentionné dans la Vie de saint Faron par l'évêque
Hildegaire. Le premier nom était celui de saint Denys ; le dix-
neuvième, celui de Waldebert, le vingtième celui de saint Faron.
II. denifle: la dksolation des églises 523
Mais saint Denys a été évoque de Paris, et non de Meaux ; Waldebert
fut abbé de Luxeuil et ne saurait avoir précédé saint Faron. Cette
liste avait donc peu de valeur. C'est d'elle sans doute que se sont
servis les auteurs du Gcdlia Christiana.
Le catalogue épiscopal de Nevers nous est parvenu sous deux formes.
La première est celle qui se trouve dans un sacramentaire et dans un
évangéliaire, et qui va de première main, dans le sacramentaire
jusqu'à Girard, prédécesseur de Hugues, dans l'évangéliaire, jusqu'à
Hugues (1013-1063). La seconde forme nous est fournie par Robert
Abolant, qui distingue deux séries d'évêques, les uns ayant siégé dans
l'église des saints Gervais et Protais, les autres, à partir de Hiero-
nymus, contemporain de Charlemagne, dans l'église de Saint-Cyr,
M. P.
Le P. Henri Denifle. — La désolation des églises, monastères et
hôpitaux en France pendant la guerre de Gent-Ans, T. II . La
guerre de Cent-Ans jusqu'à la mort de Charles V (première moitié).
— Paris, A. Picard, 1899; in-8", xiv-862 p.
Sous prétexte d'introduction à ses documents sur la Désolation des
églises, monastères et hôpitaux en France, le P. H. Denifle. 0. P.,
vient de consacrer à la première partie de la guerre de Cent-Ans
jusqu'en 1380 un ouvrage capital. Sans préoccupation d'art, mais
avec un étonnant effort d'érudition, il a repris par le menu ce vaste
morceau d'histoire. On est tout d'abord émerveillé de l'abondance
et de la précision de ses connaissances. Il est difficile d'imaginer
une critique mieux informée, plus savante. A peu près toute la
littérature utile de la guerre de Cent-Ans a passé sous les yeux de
l'auteur, et ce n'est pas peu dire.
Cette érudition est d'autre part très vivante, parce qu'elle est indé-
pendante et personnelle. Le P. Denifle a voulu tout voir, tout juger à
sa façon. Le xiv^ siècle est encore une époque en plein défrichement
historique. Depuis une quarantaine d'années, d'éminents historiens
comme S. Luce ont commencé le gros travail ; ils ont apporté des
faits ou des opinions qu'on a immédiatement recueillis et acceptés,
heureux qu'on était d'avoir enfin des lumières sur cette période trop
délaissée de notre histoire. Ils ont été crus sur parole; on s'est plu à
les citer sans contrôle. Cette confiance était légitime. S. Luce en
524 COMPTES RENDUS
particulior a fait faire d'énormes progrès à notre connaissance de la
guerre de Cent-Ans; sur un grand nombre de questions importantes,
il a apporté des résultats définitifs. Mais nul n'est infaillible. Par ses
curieuses vérifications, par ses recherches personnelles, le P. Denifle
a eu très souvent l'occasion de compléter, de rectifier, de transformer
ce qui avait été dit avant lui ou du moins d'éveiller d'mtéressants
scrupules. Son livre est un puissant et presque toujours heureux
exemple de critique originale.
Cette critique a encore le mérite d'être ardente, juvénile. Le P. De-
nifle donne un intérêt passionné à tout ce qu'il étudie de près. 11 aime
à écarter franchement les erreurs de son chemin ; il le fait avec viva-
cité, mais sans violence. Sa sévérité est toujours juste. Et ce ne sont
pas seulement les erreurs, les faiblesses, les partis-pris de ses devan-
ciers qui excitent sa verve : il ne dissimule pas les sentiments très vifs
que lui inspirent les hommes et les faits de la guerre de Cent-Ans. Il
s'indigne et il admire, et il le dit. Nul n'a recherché avec plus de zèle
les premières manifestations du patriotisme français dans les débuts
de la grande lutte contre les Anglais, et nul n'a montré plus de joie à
les retrouver et à les décrire. Cette franchise et cette chaleur de con-
viction ont une saveur toute particulière.
Dans ce très gros livre la critique du P. Denifle s'est appliquée
à deux objets différents : à l'histoire générale de la guerre de Cent-
Ans jusqu'en 1380 d'une part, de l'autre, à la désolation des établisse-
ments religieux durant cette même période.
L'histoire générale de la guerre de Cent-Ans jusqu'en 1380 est
destinée à montrer quelle fut l'extension de la guerre même, quelle
aire immense ont couverte ses ravages, quelle durée ils ont eue.
Il était nécessaire pour atteindre ce but, de suivre toutes les grandes
expéditions, de tracer leur itinéraire, d'apprécier leur importance et
leurs résultats; il ne l'était pas moins d'énumérer et de définir toutes
les trêves, d'étudier par surcroît les agitations parisiennes de 1356-
1358, la Jacquerie, la Navarrerie, les méfaits des compagnies, tout
ce qui a été comme le prolongement et le fruit de la guerre anglaise.
C'est là qu'apparaissent les résultats les plus curieux des recherches
du P. Denifle. Il serait trop long d'énumérer tout ce qu'il apporte de
nouveau. Signalons cependant l'usage fécond qui a été fait pour la
première partie de la guerre des sources anglaises très supérieures
alors, sinon en couleur, au moins en précision historique, aux chro-
H. DENIFLE : LA DÉSOLATION DES ÉGLISES 525
niques françaises' ; — le récit amélioré et définitivement mis au point
de la chevauchée du prince de Galles on Languedoc à la fin de 1355 ;
— le rôle d'Innocent VI dans les affaires navarraises, qu'éclairent de
nombreux documents inédits tirés des archives pontificales; — le
récit de la bataille de Poitiers qui est complètement renouvelé ; — la
biographie de l'archiprêtre Arnaud de Cervole qui, même après le livre
de Chérest, apparaît sous un aspect le plus souvent inédit; — les pré-
liminaires du traité de Bréligny, etc., etc.
L'étude des ravages qui désolèrent alors les établissements ecclé-
siastiques et leurs propriétés a été faite avec un soin extrême. Les
documents tirés des archives du Vatican sont toujours complétés par
les travaux de l'érudition locale. C'est incroyable ce que le P. Denifle
a compulsé d'ouvrages anciens ou nouveaux sur l'histoire provinciale.
Tous les diocèses de France ont été passés en revue. Certes, on peut
relever quelques oublis; mais combien ils sont rares, si on les compare
à la masse énorme des renseignements apportés par l'auteur! Il est
impossible de donner en quelques lignes une idée suffisante de ce
tableau d'une effroyable monotonie. Mais on n'en saurait exagérer
l'importance. Par des études de ce genre l'histoire du xiv« siècle peut
être singulièrement renouvelée et élargie ; c'est cette histoire prise par
les entrailles. L'auteur a poursuivi ainsi très vaillamment une enquête
qu'il faudra continuer. Il s'est attaqué à l' Église; il est homme à mener
son entreprise à bonne fin. Mais combien il y a à faire pour le reste!
Que sont devenues les villes, les campagnes en dehors des domaines
ecclésiastiques? Que sont devenus la propriété avec ses tenures, les
services en argent ou en nature, l'agriculture, le commerce, l'industrie?
Malgré quelques travaux de détail, que d'éléments nous manquent
encore pour apprécier les transformations profondes qu'amena dans
notre pays ce siècle de guerre !
Évidemment dans cette masse énorme de faits que le P. Denifle a
1. Le P. Denifle a parfaitement raison de ne pas déclarer simplement légen-
daire le récit où F'roissari raconte comment en V.UQ Edouard III fut amené à
débarquer en Normandie (La Roncière, Histoire de la Marine française, l,
479). Le récit de P'roissart est en bonne partie confirmé par des documents
anglais dignes de confiance. Je ne parle pas seulement de Robert d'Avesbury
(éd. E. M. Thompson, p. 357), qui dit formellement que le roi d'Angleterre
comptait faire voile pour la Gascogne. Adam de Monmouih (éd. Thompson,
200-201), donne une lettre de Barth. of Burwash, évéque de Stratford, qui prit
part à l'expédition, où il raconte que le roi avait « eutencoun daver aie vers
Gascoun et avoit pris son chymyn ». Les vents contraires l'obligèrent à y
renoncer .
536 COMPTES RENDUS
présentés et interprétés, tous ses arguments, toutes ses conclusions ne
déterminent pas une conviction absolue. S'il y a de très nombreux
résultats qui sont définitivement acquis, il y en a qui n'emportent pas
tous les doutes. Sur certains points on peut trouver, même après lui,
matière à hésitation et à. discussion. Ce sont quelques hésitations de
ce genre que je voudrais encore soumettre au P. Denifle.
P. 155. Le P. D. d'après Secousse, raconte qu'Etienne Marcel
«érigea une grande confrérie sous l'invocation de Notre-Dame ». Il
me semble avoir été démontré depuis longtemps que cette confrérie
avait déjà à cette époque un respectable passé ; cf. Mémoires de la
Société dea Antiquaires de France, XVII (1844), p. 200.
P. 156. Le P. D. signale, d'après les Grandes Chroniques (Vl, 30),
un entretien du Dauphin avec plusieurs maîtres de l'Université qui
lui firent de très belles protestations de dévouement. Et il ajoute :
« C'était là en général le sentiment du clergé de Paris. » Mais il omet
par la suite l'étrange démarche que, d'après la même source (VI, 85),
firent l'Université et le clergé de Paris peu de temps après, dans le
courant de février, démarche qui manifeste des sentiments beaucoup
moins bienveillants et un singulier esprit d'indépendance. Il eût été
bon de rapprocher ce second texte du premier, afin de montrer la
variété et l'incertitude des opinions.
P. 158. Le P. Denifle se borne avec raison à dire que le Dauphin
régent depuis quelques jours « parvint à quitter Paris » dans la seconde
quinzaine de mars 1358 ». Il y a là en effet un épisode resté obscur
pour nous. On ne saurait présenter ce départ comme une fuite. On ne
voit point que les chefs du mouvement parisien aient gardé le prince
malgré lui dans Paris et lui aient interdit tout déplacement hors les
murs. Le Dauphin est allé à Montlhéry, puis à Metz en novembre et
décembre 1356; il a passé les mois d'août et de septembre 1357 au
nord de Paris et en Normandie. Il est venu s'installer à la noble
maison de Saint-Ouen pendant la semaine de Pâques 1357; il y est
encore établi au milieu de mars 1358 \ Or, Saint-Ouen était alors
à plus de 4 kilomètres des murs. Mais si le Dauphin pouvait se dé-
placer, il restait toujours sous une surveillance fort active. C'est ainsi
que Philippe de Repenti, écuyer, qui avait voulu l'enlever avec une
troupe d'hommes d'armes, tandis que le prince était à Saint-Ouen, en
1. Pour ces déplacements, voir : Grandes Chroniques, VI, 44, 46, 98, et
L. l'annier, La noble Maison de Saint-Ouen, 129.
H. nENiFLP: : la désolation des églises 527
mars 1358, fut saisi le 17 mars, amené à Paris et décapité aux Halles
le 11) mars'. Une telle surveillance devait évidemment aux yeux des
meneurs parisiens conjurer les dangers que pouvaient présenter les
déplacements du Régent. Ils n'osaient le retenir, mais le faisaient
suivre et escorter. Le Régent avait convoqué k Senlis pour le 25 mars
1358 les nobles de Vermandois, de Pontieu, de Corbiois, d'Artois, de
Vimeux, deCauxetdeBeauvaisis; il avait annoncé qu'il s'y rendrait en
personne, et nous ne voyons pas qu'aucun obstacle soit venu traverser
ce projet, ni à Paris, ni ailleurs. Mais le roi de Navarre devait accom-
pagner le Dauphin^ La chose était arrêtée d'avanee, et si elle ne se fît
pas, c'est que Charles le Mauvais fut malade ; il fut retenu à la
chambre « pour cause de deux bosses qu'il avoit es aines'». Il est
probable qu'il fut remplacé par Jean de Picquigny. Le Régent profita
évidemment de cette situation. Cependant la surveillance continuait
autour de lui. Le 9 avril, sans être rentré dans Paris, il vint à Provins
tenir les États de Champagne. Les États avaient été sans doute con-
voqués dans les mêmes conditions que l'assemblée do Senlis. Le roi
de Navarre devait y accompagner le Dauphin ; mais il ne fut pas plus
en état de venir à Provins qu'à Senlis. Robert de Corbie et Pierre de
Rosny, archidiacre de Brie, le remplacèrent*. Le Dauphin sut très
habilement se débarrasser de ses tuteurs à l'aide des États eux-mêmes.
Il recouvrait ainsi peu à peu non pas sa liberté de mouvement qu'il
n'avait pas perdue, mais l'indépendance de son autorité. La tutelle
des Parisiens tenta de se prolonger jusqu'aux États de Compiègne, au
commencement de mai. On y vit Robert le Coq. Mais l'évêque de
Laon faillit y être tué par plusieurs nobles q ui étaient venus se grouper
autour du Régent \ Il n'y eut donc pas évasion du Dauphin : il profita
des derniers scrupules des chefs navarrais et parisiens qui n'osèrent
pas attenter à sa liberté et se bornèrent à une surveillance que Téloi-
gnement devait bien vite rendre tout à fait inefficace.
P. 211. Les causes de la Jacquerie paraissent exposées d'une ma-
nière trop vague. Le P. DenifLe reproduit les développements de Jean
de Venette. 11 y aurait eu intérêt à rappeler les articles d'ordonnances
qui obligeaient les habitants du royaume à s'armer et les autorisaient
1. Grandes Chroniques, VI, 98.
2. A. Coville, Les États de Normandie, 365.
'6. Grandes Chroniques, VI, 99.
4. Ibid.. VI, 100.
5. Grandes Chroniques, VI, 108.
528 COMPTES RENDUi5
k résister en troupes armées et à son de cloches dans certains cas\
p. 335, n, 2. Le P. D. se demande comment les Normands par-
tisans du roi de Navarre auraient pu avoir l'idée au début de 1360, à
défaut du roi de Navarre, de faire capitaine général l'archevêque de
Rouen, Philippe d'Alençon. Mais ce prélat fut toujours en mauvais
termes avec le Dauphin, puis avec Charles P»" ; il avait au contraire
des liens étroits avec le roi de Navarre. Si le Dauphin le ménagea, ce
fut pour ne pas le jeter définitivement dans le parti navarrais^ Il est
donc naturel que ceux qui avaient d'abord songé à Charles le Mau-
vais se soient tournés ensuite vers Philippe d'Alençon.
P. 462-469. La disposition des matières paraît fort sinueuse: l'ordre
n'est ni géographique ni chronologique. On voit se succéder : la
bataille de Cocherel, 16 mai 1364, la paix entre les rois de France et
de Navarre, mai-juin 1365, les affaires de Bretagne de 1361 à 1364,
la bataille d'Auray, 29 septembre 1364, le traité de Guérande,
11 avril 1365, puis par un singulier retour les opérations de la guerre
navarraise qui ont suivi immédiatement la bataille de Cocherel en
Beauce, en Normandie et sur la Loire, de juin à octobre 1364. Il eût
été plus simple et plus clair d'exposer après Cocherel la suite de la
guerre navaraise avant de parler de la paix qui la termina, et de la fin
de la guerre de Bretagne. Il n'y eût eu ni cette interversion illogique
des faits ni cette confusion géographique.
P. 537-538. Le P. Denifle ne paraît pas avoir utilisé le très inté-
ressant travail de MM. Petit-Dutaillis et Collier sur la Diplomatie
fi^ançâise et le traité de Brétir/nj/, paru ici même en 1897. Sur la
fameuse question des renonciations, leur interprétation me semble
plus complète et plus satisfaisante. La lenteur préméditée de la remise
des territoires cédés, l'embarras d'Edouard III pris entre des intérêts
divers y sont bien mis en lumière. Le P. D. estime que pendant six
années on oublia que les renonciations n'avaient pas été faites et que
le traité restait incomplet : « Ce fait fut oublié de tous. En effei,
après 1361 six ou sept années s'écoulèrent sans que personne, pas
même le roi, parlât de cette souveraineté, jusqu'au jour où le comte
1. Ordonnances du 28 décembre 1355, art. 5, 12, 13; — de mars 1357, art. 8
17, .37, 40; — du 14 mai 1358, art. 5, Rac. des Ordon., III, 23, 28, 35. 36, 127, 133,
139, 140, 224. — Clir. Normande, éd. Molinier, 127. — S. Luce, Hist. de la
Jacquerie, 2' éd., 50.
2. Voir sur tout ceci l'article de^MM. Mirot et Déprez : Un conflit de juridic-
tion sous Charles V, dans le Moyen Age, 1897, 132.
11. DENIFLE : LA DÉSOLATION DES ÉGLISES 529
d'Arnuigiuic en appela du prince de Galles au roi de France comme à
son souverain. C'était une révélation, une lumière nouvelle. )> Cet
oubli est tout à fait invraisemblable de la part de Cliarles V et de ses
conseillers. Tout ce que nous savons de l'esprit et du caractère de ce
roi, toute sa diplomatie nous le montrent poursuivant avec prudence
et discrétion de longs desseins. Bien plus, toute la politique de ce
prince jusqu'en 1369 ne s'agence et ne s'explique bien que dans
l'hypothèse d'une longue préméditation et d'une préparation mysté-
rieuse.
P. 553. Je préfère l'identification de Puydenut, donnée par S. Luce
et Clément Simon à celle de Purnon donnée par Kerwyn de Let-
tenhove et le P. D., comme lieu d'un combat de juillet 1369 oià le
comte de Pembroke fut surpris par le maréchal de Sancerre^
P. 559 et 562. Le P. D. fait entrer le duc de Berry à Limoges le
22 aoiit 1370 et durer le siège de la même ville par le prince de Galles,
du 14 au 19 septembre. M. Clément Simon' donne pour l'entrée
du duc de Berry le 24 août et pour le siège du 2 au 19 septembre. Ces
dates sont plus vraisemblables.
p. 573. La fin de l'itinéraire du duc de Lancastre à l'automne 1373
me semble devoir être rectifiée. Le P. D. après avoir fait passer la
Loire par l'armée anglaise à Marcilly-les-Nonnains, lui fait prendre
tout de suite la direction du Rouergue qui est bien loin de là. Puis de
Montsalvy et de Mur-de-Barrez' les Anglais auraient fait une pointe
vers le nord pour prendre Tulle et Brive-la-Gaillarde. Comme ils
auraient paru à Montsalvy le 14 décembre, c'est après cette date que se
placerait la prise de Tulle et de Brive. Or, il convient d'intervertir les
faits. Il est peu vraisemblable que le duc de Lancastre ait traversé la
région la plus rude du massif central pour gagner directement le nord
du Rouergue; il a bien plutôt suivi la grande voie naturelle et his-
torique qui contourne au nord le massif central par le nord de l'Au-
vergne, le Bas-Limousin et le Périgord. On se représente mal l'armée
anglaise au beau milieu de décembre arrivée sur les hauts plateaux
qui s'étendent entre le Lot et la Cère, tournant le dos dans l'état
1. Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, VII, 542, éd. Luce, VII, lxxiv; —
Clément Simon, La rupture du traité de Drétigny et ses conséquences en
Limousin, p. 26.
2. Clément Simon, op. cit., 35, 38.
3. Ces deux localités sont dans le département du Cantal, à l'est et au .sud-est
d'Aurillac.
530 COMPTES RENDUS
de délabrement où elle était, à la route de Bordeaux, regagnant le
Nord par Brive, Tulle, Gimel, Maumont près d'Égletons. Cela est
d'autant plus inadmissible que les renseignements fournis par l'abbé
Rouquette', dont s'est servi le P. Denifle, nous montrent les Anglais
s'avançant vers le Sud dans la direction de Cahors et de Montauban .
Ils ne peuvent avoir fait à la fois, à partir de Montsalvy, une pointe
verslcNordet une pointe vers le Sud. D'autre part, M. Clément-Simon
a très justement placé la prise de Tulle vers la fin de novembre et
celle de Brive vers le commencement de décembre, c'est-à-dire avant
l'apparition des Anglais à Montsalvy^ On doit donc admettre que
Lancastre est arrivé par le Limousin, qu'il est passé près d'Ussel,
qu'il a gagné Maumont près d'Égletons, Gimel, Tulle, Favart, Brive;
ces étapes sont certaines, et elles ne peuvent se disposer qu'en ce sens '.
De là il avança au Sud, vers Figeac, qui appartenait aux Anglais ;
des bandes poussèrent à l'Est jusqu'à Montsalvy et Mur-de-Barrez ;
puis comme des sympathies anglaises se manifestaient en Quercy", il
continua toujours dans la même direction entre le Lot et le Tarn,
et c'est dans cette région beaucoup plus favorable qu'il inclina à
l'Ouest pour gagner définitivement Bordeaux.
Mais je ne veux pas insister sur des détails de ce genre. Deux
questions beaucoup plus importantes méritent un court examen : c'est
le rôle d'Etienne Marcel et le traité entre Charles le Mauvais et
Edouard III attribué au 1^^ août 1358 par S. Luce.
Je ne puis me résigner à souscrire au jugement du P. Denifle sur
Marcel, et cela, non par sympathie pour le personnage, mais par
scrupule historique. La réhabilitation de Marcel ne serait qu'un para-
doxe. Mais il ne convient pas d'exagérer et de forcer la condamnation.
Pour apprécier la conduite de Marcel depuis le lendemain de Poitiers,
depuis même le printemps de 1356, le P. Denifle s'est inspiré avant
tout de la lettre écrite par le Dauphin au comte de Savoie le 31 août^
1358''. Il a même fortement renchéri sur ce document très intéressant,
mais mal composéet souvent très vague. D'après lui, le mauvais jeu du
roi de Navarre a commencé dès 1354. Mais il ne s'est vraiment dessiné
1. Rouquetie, Le Rouergwi sous les Anglais, 271.
2. Clément Simon, op. cit., p. 72, 75.
3. Voir pour ces localités et le passage du duc de Lancastre, les pièces justif.
données par Clément Simon, o/j. cit., 101-122.
4. Rouquette, op. d.t., 271.
5. Froissart, éd. Kervyn de Letteuhove, VI, 473-479.
H. DENIFLE : LA DÉSOLATION DES ÉOLLSES 531
qu'au lendemain de Poitiers : alors l'intrigue navarraise s'est déve-
loppée à son aise. Dès ce moment, elle a eu des agents dévoués : « Au
fond, c'était moins le mouvement démocratique, comme on écrit
souvent, qu'un effort pour détruire l'ancien ordre et renverser la
maison de France en faveur du roi de Navarre. Seulement, on ne
voulait et on ne pouvait arriver à ce but que peu à peu, le peuple et la
grande majorité étant pour le roi Jean. Les chefs de ce mouvement
furent Robert le Coq, évêque de Laon, non moins perfide que Charles
le Mauvais pour lequel il travaillait, et Etienne Marcel, prévôt des
marchands. Ils savaient si habilement cacher leur vrai dessein, que
la femme même d'Etienne ignorait les « traïsons et rébellions » de son
mari^ » Et de page en page l'accusation grandit et se précise : Marcel
fut l'organe exécutif des plans du Navarrais. Il ne paraît pas avoir eu
d'autre idée, d'autre but que de faire triompher les prétentions du roi
de Navarre. Ce ne fut pas un homme politique à idées, un réfor-
mateur, ce ne fut qu'un conspirateur navarrais. Et il l'a été toujours
et tout d'une pièce.
Si l'on se cantonne dans le document même que le P. Denifle a pris
pour guide, on ne saurait en tirer une aussi grave accusation. Cette
lettre a été inspirée par le Dauphin, à peine un mois après la mort de
Marcel et la soumission de Paris. Certes, le témoignage du futur
Charles V ne peut être que d'un grand poids. Mais il avait été trop
mêlé aux derniers événements, il en avait trop souffert, pour qu'il n'y
eût pas de sa part irritation et exagération. C'est un témoin, mais non
un témoin impartial. Ses conseillers sont également suspects à cet
égard : très attaché aux conseillers de son père, à ces « grands gouver-
neurs )) que Marcel et lesÉtats avaient poursuivis avec tantd'âprcté, il
s'en était de nouveau entouré. Marcel disparu, aucun d'eux ne fut
oublié. Ils étaient là attendant et obtenant déjà de bonnes compen-
sations pour les dommages qu'ils avaient soufferts". Nul parmi eux
ne [ut mieux à même de marquer ses sentiments dans la lettre du
31 août que Jean de Dormans, chancelier de Normandie : chargé de
tenir la chancellerie royale, il n'a pas quitté son maître et paraît avoir
eu toute sa confiance. Or, Jean de Dormans ne peut être suspect d'indul-
1. F. 136.
2. Ordon., III, 212, 348: — Luce. Hisi. de la Jacquerie, 2' éd. 109, 112-115,
199, 222, 223, 226, 240, 304,313-320;— Froissart. éd. Kervyn de LeUenhove,
XX, 475; — Mém. de la Société de l'Hist. de Paris, l, 239, X, 108; — N. Valois,
Le Conseil du roi, 69-70; — Aubert, Le Parlement de Paris, 1,80.
532 COMPTES RENDUS
gencc et de pitié : il a été un des premiers récompensés à l'aide des
dépouilles de Marcel. Le prévôtaété tué dans la soirée du 31 août. Le
chancelier de Normandie, dès le lendemain, a été gratifié des biens que
possédait le mort à Ferrières-en-Brie'. Voilà le milieu dans lequel
vivait le Dauphin, voilà les hommes qui ont présidé et collaboré à la
rédaction de la lettre du 31 août.
Le texte même est curieux à regarder de près. Les phrases géné-
rales et vagues y tiennent une grande place. Le récit ne commence
d'une façon précise qu'au meurtre des maréchaux ; il signale ensuite
l'attaque du marché de Meaux, le siège de Paris, la paix avec le roi
de Navarre ; à partir de là, le Dauphin décrit plus longuement les
événements jusqu'à la soumission de la capitale. Puis, à propos de
l'emprisonnement des principaux chefs, s'ouvre un nouveau récit fort
confus qui n'est que le résumé des confessions arrachées aux prison-
niers parmi lesquels était Thomas de Ladit, chancelier du roi de
Navarre. Dans un préambule très général, ce second récit remonte
bien jusqu'au meurtre de Charles d'Espagne. Mais il n'apporte de
faits précis qu'à partir d'une date qu'il importe de relever : « tantôt
après la délivrance du roi de Navarre; » et même il ne devient cir-
constancié qu'avec le massacre des maréchaux. Il ne saurait donc
apporter de témoignage clair et sîir que pour les faits qui ont suivi la
délivrance de Charles le Mauvais.
D'autre part, quelle place tient Marcel dans ce document? Il est cité
une première fois dans la phrase générale du début. Il ne reparaît
que dans les événements du mois de juilletl358; jusque-là, le premier
récit le laisse habilement dans l'ombre. En particulier, dans le résumé
des confessions qui forme le second récit, il n'apparaît pas une seule
fois. Ainsi le prévôt n'est pas formellement incriminé pour des faits
précis antérieurs à l'été 1358. Même si Ton accepte tel quel le témoi-
gnage du Dauphin, on voit combien il est limité.
Un point mérite encore attention : le second récit de la lettre du
31 août, celui qui a surtout servi de base à l'argumentation du P. De-
nifle est fondé sur les témoignages d'un certain nombre de prisonniers
navarrais et parisiens : 9 d'entre eux ont fait leur confession « devant
tout le peuple)). Un seul, Thomas de Ladit, chancelier de Navarre, a
déposé dans des formes plus régulières, devant le Dauphin, le duc
1. BibL de l'École des Chartes, 1859-60, 78.
H. DENIFLE : LA DÉSOLATION DES ÉGLISES 533
d'Orléans, lo connétable, quatre conseillers du Dauphin, deux cham-
bellans et plus de 36 bourgeois de Paris. Les confessions faites
(( devant tout le peuple », on l'avouera, sont assez sujettes à caution,
d'autant plus que les deux plus importantes, celles de Charles Toussac
et de Josseran de Mâcon sont nécessairement antérieures à l'entrée du
Dauphin à Paris'. Les révélations de Thomas de Ladit, étant donné
la qualité du personna^^e et les conditions dans lesquelles il lésa faites,
ont plus d'autorité. ^Lais remarquons que le récit est ainsi constitué
qu'on ne peut détacher ces révélations de celles qui ont eu tout le
peuple pour confident. Il n'y a qu'un témoignage qui soit détaché,
isolé, c'est celui de P. Gilles, à propos du massacre des maréchaux.
En résumé, pour ce qui est de Marcel, le témoignage du Dauphin est
souvent obscur, insuffisant; il ne peut pas s'appliquer nettement à la
conduite de Marcel avant la délivrance du roi de Navarre.
Bien plus, on peut opposer au système du P. Denifle une suite
curieuse de petits faits. Quand on étudie avec soin les chroniques, on
est étonné de la petite place que tient dans ces documents le prévôt des
marchands depuis la fin de 1356 jusqu'à la délivrance du roi de
Navarre. La suite des Grandes Chroniques si précise, si bien in-
formée, ne permet pas d'imputer à Marcel une participation quel-
conque aux intrigues navarraises, avant la délivrance de Charles le
Mauvais. L'auteur cite plusieurs fois le prévôt des marchands, marque
son intervention; Marcel est toujours représenté comme agissant de
son propre mouvement, comme chef d'un parti bourgeois et non
comme agent navarrais' . Mais à partir de la délivrance, il semble qu'il
y ait partie liée entre le prévôt et les Navarrais. L'auteur de la
Chronique des quatre premiers Valois a reçu des informations navar-
raises; il a une grande sympathie pour Philippe de Navarre. Mais il
ne dissimule rien de ce qu'il sait sur les relations de ce prince avec les
Anglais, sur ses prises d'armes, sur les machinations de Charles le
Mauvais. Or, cet auteur marque bien le grand rôle joué par Marcel
aux États, mais avant novembre 1357 il ne le met pas en rapport avec
le roi de Navarre'. Les négociations des gens des États avec Philippe
de Navarre, en janvier 1357, ne peuvent servir de preuve, on verra
bientôt pourquoi ^
1. Grandes Chroniques, VI, 134.
2. Ibid., VI, 20, 35, 40, 44, 47, 48, 49, 50, 54, 58, 60, 62.
3. Chron. des quatre premiers Valois, 58-61.
4. Ibid., m.
Moyen Age, t. XIII. 30
534 COMPTES RENDUS
Remontons d'autre part jusqu'au printemps 1356 : à cette date, le roi
Jean procéda brutalement contre le roi de Navarre. Le 6 avril, à Rouen,
il le fit appréhender ; le comte d'IIarcourt fut exécuté. Le roi de France
revint vers Paris. Au Pont-de-l'Arche, il trouva 500 hommes d'armes
venus au-devant de lui pour l'escorter et le protéger : c'est le prévôt des
marchands lui-même qui conduit cette troupe'. Puis surviennent la
bataille de Poitiers, les embarras du royaume, les États-Généraux.
Philippe de Navarre fait une démonstration hostile contre le Dauphin
en janvier J357 : il s'avance vers Paris avec 4.000 liommes d'armes;
il arrive par la vallée de l'Eure. Ici se place une pièce nouvellement
mise au jour par M. Guesnon et tirée des archives municipales
d'Arras-. Par lettre datée du 14 janvier, « le prévôt des marchands et
échcvins de Paris conmiuniquent aux maire, échevins, bourgeois et
habitants d'Arras une lettre du maire de Dreux, du jeudi précédent,
annonçant la marche des Navarrais sur Paris et les conjurent d'ac-
courir eu armes pour défendre la capitale ». Ainsi voilà les gens de
Dreux qui appellent à leur secours Marcel et les Parisiens. L'appel fut
fait le jeudi et arriva à Paris au plus tôt dans la soirée. Dès le samedi,
à son tour, le prévôt appelait en toute hâte à son aide la ville d'Arras,
faisant ainsi toute diligence pour parer au danger. Les ennemis sont
les Navarrais. Comment expliquer cette lettre si Marcel est déjà un
agent navarrais? Nous savons du reste l'efïet produit parla diligence
du prévôt. Philippe de Navarre arrivé à grand fracas aux environs de
Paris, voyant ces préparatifs, changea d'attitude : il se mit à négocier
avec les Éiats qui se réunissaient alors et leur offrit ses services. Les
États avaient déjà au mois d'octobre réclamé la mise en liberté du roi
de Navarre; ils promirent de s'y employer de nouveau, et Philippe
de Navarre se retira'. Du reste, Philippe de Navarre paraît s'être
abstenu de toute hostilité durant le printemps et l'été de 1357: « Les
Angloiz...estoient partis de M^'" Philippe deNavarre, lequel nevouloit
pas alors personnel ment guerroier ^ » Ces mêmes Anglais sans
doute au mois d'août se jetèrent dans Honfleur. Comme le danger
était grand, on réunit tout ce qu'on put trouver de troupes pour re-
prendre la place. Le prévôt des marchands prêta son concours sans
1. Chron. des quatre premiers Valois, .S7.
2. Bulletin historique, année 1897, 208-25'J; — Mémoires de la Société de
l'Hist. de Paris, IS'JÏ, b'J, avec un fac-similc.
3. Chron. des quatre premiers Valois, 60.
4. lUd., 62.
II. DENIFLE : LA DESOLATION DES ÉGLISES 535
arrière-pensée : « Et avec iceulx envoya le prévôt des marchands
soLidoyers'. » vSon attitude reste donc vraiment loyale jusqu'à l'au-
tomne 1357. Il y a toute une période durant laquelle Marcel n'a pu
être le complice de Charles le Mauvais, et elle s'étend au moins jusqu'à
novembre 1357. Ainsi pensait S. Luce-. Et M. N. Valois a fort
bien exprimé cette idée: « Etienne Marcel, à bout de ressources
et sentant sa popularité lui échapper, se jeta de guerre lasse dans les
bras du roi de Navarre '. »
Enfin le P. Denifle repousse les conclusions de S. Luce, qui
attribue au 1"'' août 1358 le fameux traité conclu entre Edouard III
et Charles le Mauvais'. Selon lui, un traité secret unissait les deux
rois depuis fort longtemps. On l'entrevoit grâce, à Villani, dès le prin-
temps de 1356; c'est lui qui détermina le )'oi Jean à appréhender le roi
de Navarre à Rouen. Il fut renouvelé dès que Charles le Mauvais sortit
du château d'Arleux en novembre 1357. Le traité attribué par Luce
au l'-'' août ne fut que le troisième acte de cette alliance. Au reste, il
n'est pas du 1'"' août, lendemain de la mort de Marcel, mais de la fin
du même mois. Le roi de Navarre comptait ia veille encore du l*^i"août
se faire couronner roi de France; il n'a pu renoncer si subitement
à cette ambition. Enfin, un tel traité n'a pu être bâclé en si peu de
temps. Le document n'apporte donc rien de nou^■eau ; il n'est qu'une
ébauche de date incertaine'.
Le système du P. Denitle soulève quelques objections. Tout d'abord
le témoignage de Villani est insuffisant pour prouver l'existence d'un
traité au printemps 1356 entre Edouard 111 et Charles le Mauvais.
Le second traité après la délivrance n'est qu'une hypothèse ingénieuse ;
aucun texte ne nous en parle. Au reste, tous ces traités sont bien
invraisemblables pour quiconque a regardé de près le personnage du
roi de Navarre, personnage fuyant, indécis, tout occupé d'intrigues
entrecroisées, négociant longtemps de tous côtés sans aboutir, ne se
décidant qu'au dernier moment sous la pression des événements ou
des hommes. Il a passé sa vie à comploter avec les ennemis du roi de
France, tout en ne traitant que le plus rarement possible avec eux.
1. Chron. dos: quatre premiers Valois, 63.
2. Bibl. de L' Ecole des Chartes, 1860. 277.
3. Mémoires de la Société de l'Hist. de Paris, I, 113.
4. P. 175-17!).
5. Muratori, SS. rerum itaficaruin, XIV, 369. Au reste, Villani n'a guère l'air
de croire aux récits qui lui ont ùlé faits à ce sujet.
536 COMPTES RENDUS
Étant donné le personnage, seul, le traité du l^^i' août peut s'expliquer.
L'alliance de Philippe de Navarre avec Edouard III avait procuré à
Charles le Mauvais le secours des Anglais. Aux Navarrais s'étaient
jointes les bandes anglaises dans les environs de Paris'. Los ennemis
occupèrent ainsi, avant ou pendant le mois de juillet 1358, Épernon,
Creil, Saint-Cloud, Argenteuiletsans doute d'autres places importan-
tes'. En même temps Charles le Mauvais négociait avec Edouard III
à Saint-Denis. Des ambassadeurs étaient venus le trouver. L'entente
était difficile ; les intérêts et les ambitions se conciliaient mal. Le roi
de Navarre voulait la couronne de France, qu'il consentait à tenir à
hommage du roi d'Angleterre ; tout au moins il réclamait la Cham-
pagne, le bailliage d'Amiens, la Normandie. Les Anglais ne voulaient
donner que la Champagne-'. Charles le Mauvais espérait bien forcer
la main aux Anglais, les mettre en présence du fait accom'pli, en
rentrant dans Paris, et avec l'appui du prévôt des marchands en se
faisant reconnaître et couronner comme roi de France*. Brusquement
un coup de fortune vint le jeter dans une singulière détresse : Marcel
fut victime d'une conspiration loyaliste à Paris. La capitale revenait
sous l'autorité du régent. La cause navarraise perdait son plus solide
point d'appui. Alors le roi de Navarre, acculé, incertain du lendemain,
capitula dès le 1'='" août. Le traité porte bien les traces de la hâte avec
laquelle il fut signé. (3n voit que les ambassadeurs anglais ont voulu
profiter de l'occasion, mais n'ont pas osé si loin de leur roi résoudre
plusieurs questions importantes : le roi de Navarre aura la Cham-
pagne et la Brie entièrement; pour la Normandie, rien n'est décidé
pour le moment ; rien non plus pour les affaires de la reine Blanche,
ni pour le comté de Chartres et le bailliage d'Amiens ; le roi d'An-
gleterre aura la couronne de France ; les derniers articles règlent
l'action commune des deux rois"'.
Tous ces faits se tiennent bien. Les objections sont peu solides. Le
P. Denifle remarque que Poissy et Saint-Cloud doivent être remis
1. Grandes Chroniques, VI, 72. Ce texte montre qu'il y avait seulement
accord du roi de Navarre avec les capitaines anglais qui suivaient Philippe de
Navarre.
2. Grandes Chroniques. 95, 105, 108, 128; — Mémoires de la Société de
l'Hist. de Paris, 1 ,115-116.
3. Mémoires de la Société de l'Hist. de Paris, I, 129-130.
4. Villani, ap. Muratori, SS.^ XIV, 522. — Froissart, éd. Kervyu de Lettenhove,
VII, 477.
5. Mémoires de la Société de l'Hist. de Paris, I, 129-130.
H. DENIFI.F : LA OKSOI, ATION DES K.r.I.ISR?; 537
par les Anglais au roi de Navarre ; or, dit-il, Poissy ne fut acquis par
les Anglais qu'après le 3 août. Le renseignement est tiré des Grandes
Chroniques (VI, 139). A vrai dire, après avoir raconté la victoire
du Régent et des Parisiens, le Chroniqueur fait un retour général,
sans date précise sur les progrès des Anglais : « En ce temps
en diverses contrées prisrent les dis Anglois et Navarrois pluseurs
forieresces environ Paris, c'est assavoir Rays, Poissy et pluseurs
autres. » La phrase est fort vague, d'une chronologie approximative.
A priori, l'occupation de Poissy se place beaucoup plus vraisemblable-
ment avant celle de Saint-Cloud et d'Argenteuil. Le P. Denifle, d'autre
part, attache grande importance à un passage de Villani, qui rapporte
les confessions faites par les Navarrais prisonniers au Régent; il
y voit les conditions essentielles d'un traité conclu antérieurement' .
Mais ce que les prisonniers navarrais ont ainsi confessé, ce n'étaient
point les clauses d'un traité conclu, mais les conditions que Charles
le Mauvais faisait aux Anglais et qu'il espérait leur imposer. C'est sur
le souvenir de ces négociations et de ces projets que les prisonniers
étaient restés. Quant à la volte-face du 1«»" août, ils ne pouvaient la
connaître ayant été pris à l'aris. Enfin le P. Denifle estime que les
pourparlers n'ont pu se faire si vite. Mais on sait que le roi de Na-
varre avait toujours des intrigues sur le métier, qu'il ne cessait de
négocier. Les conférences devaient avoir commencé depuis longtemps
à Saint- Denis. L'événement du 31 août leur donna une brusque,
mais très vraisemblable conclusion.
J'arrête ici ce long commentaire. Le livre du P. Denifle est trop
important pour qu'on en puisse parler brièvement. Si ce n'était trop
demander à un si laborieux et si parfiiit érudit, j'exprimerais le désir
de voir paraître brièvement le troisième volume de ce grand ouvrage.
A. COVILLE.
1. Muratori, SS'., XI \^ 522.— Le P. Denifle en citant le texte tle Villani, rap-
pelle le passage suivant : « e restituirgli la contea d'Anrj/iien, » et après ce nom
il met un point d'interrogation. Il faut évidemment corriger Anc/hicn et le
remplacer par Amiens; nous voyons en effet par le traité que nous attribuons au
l" août que le bailliage d'Amiens était réclamé par le roi de Navarre. Méin.
de. l'Hist. de Pari.-<, 1, 130.
538 COMPTES RENDUS
Auguste EcKEL. Charles le Simple. — Paris, Bouillon; 1899, in-S»,
xxii-168 p. (Bibliothèque de l'École des Hautes-Études, sciences
philologiques et historiques, fasc. cxxiv).
11 y a dix ans déjà que sous l'influence et la direction du regretté A.
Giry, quelques élèves de l'École des Hautes-Études avaient entrepris
une série de monographies critiques, chacune d'elles étant consacrée
à un règne. Leur ensemble devait constituer les Annales de l'histoire
de France à l'époque carolingienne. La série, brillamment inaugurée
par les Derniers Carolingiens de M. F. Lot, s'était momentanément
arrêtée après V Eudes de M. Favre. C'est à ce dernier volume que vient
faire suite celui de M. Eckel, consacré au règne de Charles le Simple.
Le sujet, à vrai dire, était assez ingrat. Les sources narratives sont
particulièrement peu abondantes pour cette période. Les Annales de
Saint- Vaast s'arrêtent à l'année 900; celles de Flodoard ne commencent
qu'en 919. Pour la majeure partie du règne on n'a donc pas grand'-
chose, surtout en dehors de la Lorraine. Le surnom de Simple, que le
malheureux Charles porte depuis la fin du x^ siècle, le reproche que
l'on semble trop souvent lui faire d'avoir cédé devant les Normands,
ne paraissaient guère de nature à faire de ce prince un personnage
intéressant. Et cependant, sans faire une apologie, ce qui serait ridi-
cule lorsqu'il s'agit de souverains que nous connaissons aussi mal,
M. E. a pu montrer que Charles ne manqua au besoin ni d'énergie
ni d'activité. Les malheurs de son règne sont dus bien plus aux cir-
constances au milieu desquelles il se trouvait placé, aux trahisons et
aux défections incessantes des nobles, qu'à un manque d'intelligence
ou de volonté de la part du roi.
Quant au plan même de l'ouvrage, il était imposé par la nature d<^
celui-ci. Dans ces Annales, comme dans les Jahrbiicher allemands,
le récit est naturellement disposé selon l'ordre chronologique. Le
premier chapitre, relatif aux rapports d'Eudes et de Charles, n'a dans
l'ensemble qu'une importance assez secondaire, car la question avait
déjà été l'objet des études de M. Favre. Ajoutons, du reste, que le
récit très clair de M. E. se lit avec intérêt môme après celui de son
devancier. Pour la dernière partie, la ré t^ol te de Robert et de Raoul,
M. E. se trouvait également reprendre une question déjà traitée en
partie dans le /ifo/zi^ Rudolf de M. W. Lippert. L'ouvrage de ce
dernier doit d'ailleurs être prochainement remplacé, dans la même
série des Annales, par un Raoul de M. Labande. Les deux parties im-
A. Rr-KFr. : charle^; lf; simplr 539
portantes du travail de M. E. sont évidemment les chapitres consacrés
à l'établissement dos Normands en Neustrio d'une part, et de l'autre
à racquisilion de la Lorraine.
En ce qui concerne le premier de ces deux événements, M. E. a
bien indiqué les conditions dans lesquelles il s'est accompli. Les païens
étaient déjà fixés en faits sur les rives de la Seine, et diverses tenta-
tives d'alliance et de traité avec eux avaient déjà été faites. Mais quant
au fait même, M. E. esta peu près contraint d'avouer que nous ne
connaissons rien à ce sujet. Le récit du nouvel historien de Charles
est nécessairement, comme celui de tousses devanciers, emprunté au
texte de Dudon, soigneusement discuté et contrôlé, bien entendu, sur
les quelques points pour lesquels un contrôle par les autres sources
était possible. Mais sur ces points le doyen de Saint-Quentin est pris
en flagrant délit d'inexactitude. Pour croire qu'il y a eu une conven-
tion conclue à Saint-Clair-sur-Epte, eten911,nous n'avons rien que le
récit de Dudon en l'absence de tout autre témoignage. Or, ce nom et
cette date sont-ils beaucoup plus siîrs que le nom de l'archevêque
Francon, qui aurait baptisé RoUon, ou que le mariage de ce dernier
avec Gisèle, fille de Charles le Simple ? C'est ce qu'il est impossible
de démontrer, et même après la nouvelle étude de M. E. l'incer-
titude subsiste. Ce qui est plus sûr, c^est que le traité n'était pas de la
part de Charles un acte de lâcheté ou de sottise. C'était une mesure de
bonne politique, car le roi, en présence de la mauvaise volonté des
grands, n'eût jamais pu venir à bout d'expulser les Danois. Plus tard
d'ailleurs, le vieux Rollon refusa de se joindre à l'usurpateur Robert,
et un corps normand marcha même au secours du Carolingien légi-
time^ .
Les affaires de Lorraine remplissent la seconde partie du règne. En
somme, là encore, Charles a eu le dessus, malgré le comte Gilbert
et malgré les souverains germaniques, puisque au moment où éclata la
révolte des grands, le traité de Bonn venait de reconnaître au Caro-
lingien français la possession de la Lorraine. Toutefois, ce chapitre
arrive malheureusement un peu tard, après le livre beaucoup plus
1. M.E.(p. 47) admet, d'après Dudon, que dès les premières années du
x* siècle, Rollon possédait Baj^eu.x, Mais le texte de Flodoard cité en note à la
même page semble contraire à cette hypothèse, car il n'y a pas de raison de
supposer que dans ce texte le mot Baior.ae s'applique au Bessin et non à la ville
de Baveux. C'est celle-ci qui paraît, d'après Flodoard, avoir été cédée par Raoul
aux Normands,
540 COMPTES RENDUS
complet de M. Parisot sur la Lorraine carolingienne. M. E. a indiqué
en erratum quelques corrections à faire à son livre, mais il est à
regretter que pour le récit même il n'ait pu profiter du travail de
M. Parisot, paru alors que le Charles le Simple, déjà imprimé, n'at-
tendait plus que sa table'.
Deux appendices terminent l'ouvrage. Le premier est consacré aux
surnoms appliqués à Charles III, et notamment à celui de Simplex.
Mais il semble assez douteux que les sobriquets tels que ceux de
Siultus ou de Follus dérivent d'une fausse interprétation de l'épithète
de Simplex, accordée comme un éloge à Charles par Richer. On
aura plutôt cherché, comme M. E. ledit lui-même, à noircir l'adver-
saire des usurpateurs de 922. Dans le second appendice, M. E. relève
les dates d'une quinzaine de chartes de Languedoc, du Poitou et du
Roussillon. Les formules employées montrent que les habitants de
ces provinces continuèrent quelque temps, après la captivité de
Charles, à dater leurs chartes d'après les années de règne de ce prince,
c'est-à-dire à le reconnaître théoriquement comme souverain.
C'est à l'époque de Charles le Simple que l'on voit apparaître les
subdivisions qui vont devenir les grands fiefs. On pourrait regretter
au premier abord que M. E. n'ait pas poussé plus loin son étude sur
ces grands fiefs. Mais à vrai dire, il avait là matière à plusieurs mo-
nographies qui ne rentraient pas dans le cadre de l'ouvrage. Il était
nécessaire, mais il était suffisant d'indiquer qu'elle était, lorsque
Charles monta sur le trône, la situation de la féodalité contre laquelle
lenouveau roi allait avoir incessamment à lutter. Le but principal de
M. E. était de réunir sous forme d'Annales et de discuter tous les
textes relatifs à l'histoire de Charles, en montrant sur combien de
points nous restons dans une ignorance à peu près complète, en in-
diquant les conjectures par lesquelles on peut parfois tenter de
combler certaines lacunes des documents. Il s'est acquitté de sa tâche
avec beaucoup de prudence et de méthode. Si son livre ne donne pas
une histoire de la France sous le règne de Charles, l'histoire de ce
règne lui-même est désormais faite et bien faite'.
René Poupardin.
1. F. lUo, était-il utile de parler de riaterveiilion de Jean X en faveur de
Richevin, évêque de Strasbourg, alors que le fait n'est attesté que par un
historien moderne de réputation aussi douteuse que Grandidier f
2. Une chicane de détail pour terminer. Les divisions du livre de M. E. sont
bien établies et correspondent aux grandes divisions du régne. Une table des cha-
pitres serait commode. Elle fait défaut.
d'arrois de jrnAiNviLLE : la langue des francs 541
H. d'Arbois DE JuBAiNviLLE. — Études sur la langue des Francs
à l'époque mérovingienne. - l'aris, Bouillon, 3900; in-S",
xi-229-110 p.
Sous le titre d' Eliideft su?^ la lanr/ue des Francs à Vépoque méro-
cingienne, M. d'Arbois de Jubain\ ille a réuni une série de fragments
dont la lecture fait regretter que le savant professeur ait renoncé à
achever le dictionnaire de la langue franque qu'il avait préparé. Le
chapitre premier est consacré aux noms royaux mérovingiens. Parmi
ceux-ci, il n'en est qu'un seul auquel les modernes aient donné une
forme française régulière, celui de Thierry, d'abord TJieudoricus, puis
Theudericus. Pourquoi de C hlodouechus a. t- on fait Clovis ? Les trans-
formations de ce nom, du vi'^au x« siècle, sont les suivantes : Chlothoue-
chus, Chlodoiiechus, C/doduueus, CJdodouius, HLudouuicus, Hlu-
douicus, Ludouicus, LodJt.uuigs,eten français Looys, puis Louis. Le
nom de Clotilde donné àla femme de Clovis n'est pas plus exact. L'on
a cru transcrire Chlothichildis; mais ce n'est pas ainsi qu'elle s'ap-
pelait ; c'est le nom de sa fille, dont le premier élément Chlothi est
identique à Chlotho, premier terme du nom du père, et dont le second
élément n'est autre chose que le second terme du nom de sa mère,
femme de Clovis, laquelle s'appelait Clwoihi-childis, nom qui, en
français, est devenu Roheut, Roheidt ou Rohaat. Clodomir, fils de
Clovis, est nommé par Grégoire de Tours CIdodomêris, devenu Chlo-
domères sous la plume de l'auteur de la Chronique de Frédégaire,
puis Chlodomiris dans le Liber hisloriœ Francorum; Aimoin a fait
passer ce nom de la troisième déclinaison à la seconde, Chlodomirus,
forme sur laquelle l'on a calqué Clodomir; mais ce nom, dans le
parler vulgaire, aurait perdu l'aspiration initiale et la syllabe do.
ChildehercUnis serait devenu quelque chose comme Heubert. Quant
à Chlothacharius, la forme moderne aurait dû être Lohier, que d'ail-
leurs l'on rencontre dans les textes français du moyen âge.
Nous avons vu que la fille de Chlothouechus et de Chrothichildis
avait reçu un nom, Chlot-childis, composé de deux éléments, dont le
premier avait été emprunté au nom de son père et le second au nom
de sa mère. Cet usage n'est pas propre aux Germains : il existait
déjà chez les Grecs au v« siècle avant J.-C. Quatorze siècles après,
nous le constatons en France, he Polyptyque de Saint-Germain-des-
Prés mentionne un certain Teud-ulfus et sa femme Ercan-berta,
dont la fille se nommait Teut-herta ; Adre-gaudus et sa femme Anse-
542 COMPTES RENDUS
guncUs, dont la fille se nommait Adre-gundis, etc. On peut remonter
plus haut et citer des exemples du vi^ siècle. Mais ce n'était pas là
une règle, et plus souvent l'on donnait à l'enfant le nom d'un aïeul.
Un autre procédé consistait à emprunter les deux termes du nom
aux noms de deux ancêtres différents. D'où il ne faudrait pas conclure
que les noms propres n'eussent aucune signification. Bien au contraire.
Ainsi Fortunat connaissait le sens du nom de Chilpéric P', qu'il tra-
duit par adjutor felix. Le premier terme Chilpe s'explique par le
substantif féminin vieux-saxon hëlpa, allemand moderne hulfejiilfe,
anglais help « aide, secours » ; le second terme /7c«.s est identique au
gothique reikfi « chef, magistrat », d'où l'adjectif dérivé vieux-saxon
rlki « puissant, riche >, le substantif allemand moderne Reich (( em-
pire )). Mais à l'époque carolingienne, le sens des noms propres
échappait à ceux-là même qui prétendaient connaître les dialectes
germaniques. D'ailleurs l'altération rendait ces noms méconnaissables.
M. d'Arbois de Jubainville cite un passage intéressant du grammairien
Smaragdus, mort vers 823, qui montre à quelles méprises la défor-
mation des noms pouvait entraîner ceux qui se mêlaient de les inter-
préter. Smaragde traduit Altmir'^QX vetulus mihi ; il croit reconnaître
dans le second terme mir le datif singulier du pronom de la première
personne; il ignore que dans Altmir, le second terme est une forme
relativement moderne du plus ancien francique mèris (( brillant », et
qu'Alimir est le même nom qui, à l'époque mérovingienne, s'écrivait
Aldcmarus, Aldomere « très brillant ». M. d'Arbois de Jubainville
passe en revue toutes les traductions proposées par Smaragde et montre
à quel point elles sont erronées et souvent absurdes. Cependant on
attribuait encore au ix*^ siècle un sens aux noms de personnes germa-
niques.
Les noms des divinités germaniques, au contraire de ce qui s'est
passé chez les Grecs et chez les Gaulois, n'ont donné naissance à
aucun nom de personne. M. d'Arbois de Jubainville décompose les
noms royaux francs et en détermine la signification.
A côté des noms solennels, les Germains employaient des dimi-
nutifs familiers que les grammairiens appellent hypocoristiques, c'est-
à-dire flatteurs, caressants. Ainsi le nom familier de Theutha-chadus,
roi des Wisigoths, était Theoda; le nom familier de Bruni- childis
était Bruna. Ce sont là deux exemples de noms hypocoristiques
formés à l'aide du premier terme du nom solennel. D'autres étaient
d'arbois de .hbainvillk: la langur des francs 543
formés à l'aide du second terme : Charde-gysilus et Gyso ; Burgundo-
faro et Faro. Un anlre procédé consistait à doubler la seconde syllabe
du premier ternie . Gunrli-c/isilm et Dodo, etc. Enfin, il y avait des
noms familiers sans rapport avec le nom solennel; ainsi, un certain
Bertli-chvamnus « brillant corbeau », était désigné familièrement
sous le nom de IJaddo. Le suffixe -6n ne servait pas seul à former les
noms familiers, mais aussi les suffixes -ïno-, -la- ou -lia, -lôn-, au
féminin -lân-, -lèno ou -lino.
Le chapitre IV est consacré à quelques observations sur la phoné-
tique mérovingienne. « Les noms de personne d'origine franque
étaient prononcés la plupart du temps par des Gallo-Romains qui
traitaient les dialectes germaniques comme le latin ou comme les
noms d'origine celtique, et les mêmes Gallo-Romains écrivaient sou-
vent ces mots franciques comme ils les prononçaient. » Dans les noms
propres dans lesquels le second terme est -gasiia, ce mot a perdu son
g initial. On a Baudastis pour Baudugastis, et si une monnaie méro-
vingienne est signée ^ra^as^i, une autre est signée Arasie. De même,
Childiernus est pour Childi- germes, Dao-ualdus pouv Dago-ualdus.
Un autre phénomène est le traitement de la voyelle finale du premier
terme ; l'auteur l'étudié minutieusement. En germanique, l'o bref
indo-européen devient, dès la plus haute antiquité, a dans les syllabes
accentuées. Mais le changement en a de l'o bref atone est moins
ancien. Ainsi l'on trouve encore Ckario-ualdus, Hario-baudus dans
les écrivains latins du temps de l'Empire, et Grégoire de Tours donne
Theudo-ricus, Geno-baiidis, etc. Cependant il y a chez les Francs
mérovingiens des exemples de Ta final du premier terme : Ala-charius,
Ala-fridus, etc. Dans certains mots franciques où le premier terme se
termine par a, cet a s'explique par une cause phonétique; dans les
noms composés dont le second terme est charnus, harius, Va final du
premier terme est dû à l'influence de la syllabe suivante, cha, ha,
dont la prononciation est facilitée par l'a antécédent. Dans d'autres
mots, dans lesquels la syllabe initiale du second terme a pour voyelle
un i, un e ou un u, l'a final du premier terme paraît dû à une influence
dialectale. M. d'Arbois de Jubainville étudie de la même façon le
maintien de l'o final du premier terme et la chute de la voyelle finale
du premier terme. Un chapitre consacré à la déclinaison dans la langue
des Francs termine la première partie du volume, à laquelle est annexé
un précieux index alphabétique dressé par M. Le Nestour et dans
5M COMPTES RENDUS
lequel sont relevés les noms francs mentionnés et étudiés, et les mots
vieux -saxons, vieux hauts-allemands, allemands modernes, anglo-
saxons, anglais modernes, gothiques, etc., qui ont servi à en déter-
miner la signification.
La seconde partie consiste en un fragment d'un Dictionnaire des
noms propres francs de personnes à l'époque mérovingienne corapre-
nrait les lettres A et B. Les noms y sont répartis sous les thèmes
auxquels ils se rattachent. Par exemple, sous le thème Adel-, l'on
trouvera Adal-hildis, Adal-gyseliis, Adal-r/udis, Adal-ricus, Adal-
truiis, Adel-bertus, Adele-marus, Adeleo, Et comme les noms se
composent généralement de deux termes, un même nom se trouvera
sous deux thèmes différents. Ainsi Adel-bertus sera répété sous
Bevclho. Tous ces noms sont expliqués. La connaissance de la for-
mation des noms propres germaniques est indispensable aux histo-
riens. Elle leur évitera d'identifier des personnages dont les noms,
qui paraissent semblables, sont en réalité très différents et, au con-
traire, de ne pas dédoubler un personnage désigné sous deux noms,
qui ne sont que deux variantes du même nom : ainsi les exemples
donnés par M. d'Arbois de Jubainville aux pages 56 et 57 autorisent à
voir un seul et même personnage dans l'évêque Audo d'Orléans,
mentionné dans divers documents du temps de Clovis II, et l'évêque
Audoenus du Testamentum Leodebodi.
M. P.
A. ViAziGuiNE. — Otcherki iz istorii papstva v'XI viekié{ Essais
sur l'histoire de la Papauté au xi'' siècle). — Saint-Petersbuorg,
1898 ; in-8°, 300 p.
V. P. BoLSESKouL. — Novoé islié dovaniè po istorii papstva
v' XI viekié (Nouvelles recherches sur l'histoire de la Papauté
au XI' siècle). — Saint-Pétersbourg, 1899 ; in-8°.
Sous le premier titre, M. A. Viaziguine a réuni en un seul volume
ses articles parusen 1898, dans la Revue du Ministère de V Instruction
publique de Russie. Ce n'est pas la première fois que l'auteur se
présente au public scientifique; par ses précédents travaux sur l'his-
toire de la Papauté au xi^ siècle parus en 1891, en 1893, en 1896 et
1897, il a prouvé, de l'avis unanime des critiques russes et étrangers,
sa compétence incontestable en la matière. Le présent volume est
composé de six chapitres: Chap. V^ (pages 3 à 24) : Époque obscure
VIAZIGUINE ET BOUSESKOUL : LA PAPAUTÉ 545
de la pie de Hildebrand son enfance et sa jeunesse jusqu'à son appa-
rition dans riiistoire sous le pape Grégoire VI) ; chap. II ipages 25 à
63): Origine de la rè/'ornie el la Papauté sous Grégoire V/;chap.iII,
(pages 64 à 129): Époque de la suprémalie de Henri III sur la Papauté
(1046-1048); chap. IV (pages 130 à 175): Le pape Léon IX, ses colla-
borateurs et son programme ; chap. V. (pages 176 à 247): Aclioité
réformatrice de Léon IX, et chap. VI (pages 248 à 300): Situation
du siège apostolique à la mort de Henri III. En somme, l'auteur
s'occupe d'une époque qui a fait l'objet des études de plusieurs
historiens étrangers comme Giesebrecht, Sieindorff, Waitz, Lan-
gen, Sackur, Ilauck, Hefele, Gforer, Delarc, Martens, Maycr von
Knonau, et le prince E. N. Troubeztkoi en Russie. On peut donc se
demander quelle est la nouveauté du livre d'A. Viaziguine, puisque
les sources sont restées les mêmes. Sans insister autrement sur ses
essais, disons qu'il est arrivé à cette conclusion, que le rôle personnel
de Hildebrand dans la réforme de l'Église a été présenté d'une façon
exagérée par les historiens antérieurs; il s'attache surtout à démontrer
comment le « milieu » et la disposition des esprits à ce moment ont
exercé une influence irrésistible sur le développement des idées de
Hildebrand, qui avait fini par mettre en pratique le gouvernement
théocratique et par réorganiser l'Eglise en la soumettant au gouver-
nement absolu du pape. L'auteur défend encore la véracité de cer-
taines sources auxquelles on a dénié quelque crédit; en général, il
s'attaque à l'hypercritique, dont l'histoire de la Papauté au xi" siècle
a été l'objet. On peut se demander, comme le remarque fort bien
M. V. P. Bouseskoul, dans son judicieux compte rendu critique du
livre de M. A. Viaziguine (dont nous avons donné le titre plus haut et
qui a paru également dans la Revue du Ministère de V Instruction
publique, fasc. du mois de mars 1899), si l'auteur de ces essais n'est pas
tombé dans une autre extrémité en diminuant le rôle de Hildebrand.
Toutefois, il est incontestable que l'érudition siàre et étendue de M. A.
Viaziguine fait de son livre une contribution tout à fait importante
à l'étude de l'histoire de la Papauté au xi^ siècle. Les articles ayant
été rédigés d'une façon définitive, probablement au fur et à mesure,
on y trouve quelques légères incohérences.
M. Gavrilovitch.
546 COMPTES RENDUS
.1. ni:roiN. — Le Livre de raison de l'abbaye de Saint-Martin
de Pontoise, XIV^ XV" siècles. - Ponloise, 3, rue des Moineaux,
1900; in-8^\ 244 p. ^Publications de la Société historique du Vexin.)
Nous avons eu l'occasion il y a quelques mois de signaler d'après une
noie publiée par M, .1. Depoin dans la Commission des Antiquités et
des arts de Seine-et- Oise [Moyen Age, XII I , p. 98), le Livre de raison de
Saint- Martin de Pontoise; la publication du volume dont le titre est
transcrit ci-dessus nous permet de revenir sur notre analyse sommaire
et de fournir des indications plus détaillées. Ce recueil conservé aux
archives de Seine-et- Oise contient une foule d'indications diverses
consignées depuis 1328 jusqu'en 1603. M. Depoin après avoir soigneu.
sèment Hxé la chronologie des abbés aux xiv^ et xv^ siècles, d'après
le cailulaire et l'histoire manuscrite de dom Estiennot, a groupé les
différents textes qui lui ont paru devoir être publiés ou analysés,
suivant un ordre méthodique.
Indépendance de Uabbaye. Saint-Martin de Pontoise chercha pen-
dant les xie, XII'' et xiii^ siècles à s'affranchir de la dépendance des
archevêques de Rouen, leurs diocésains : ils y parvinrent assez bien,
grâce aux luttes politiques qui placèrent à plusieurs reprises les arche-
vêques de Rouen dans une situation difficile à l'égard des sujets
du roi de France, grâce aussi à la faveur des souverains et des papes.
Le livre de raison contient un assez long factum rédigé à la fin du
xive siècle par le moine Vincent Potel contre Ferry Cassinel, archi-
diacre du Vexin français en l'église de Rouen plus tard évéque de
Lodève, puis archevêque de Reims). Les doléances adressées d'abord
à Rouen furent ensuite portées au Saint-Siège, et l'abbé Jean prêta
serment au Souverain-Pontife, ce qui consacrait son indépendance à
l'égard de l'ordinaire. Au xV^ siècle, au contraire, l'on constate la pres-
tation du serment aux délégués de l'archevêque de Rouen.
Les Bâtiments de l'église. Si le livre de raison ne contient aucune
description des bâtiments, ce qui s'explique parle fait qu'il a été com-
pilé par et pour des gens qui les connaissaient, il renferme de nom-
breux renseignements sur leur entretien et leurs réfections. Par
exemple, le lavoir fut refait en 1333 par un entrepreneur de Paris,
Phelipe de Lampier ; 3 contrats d'abonnement furent passés au
xiv» siècle, en 1350 et en 1345, avec un maçon de Pontoise, un couvreur
de Grisy et un verrier de Senlis, le premier et le troisième pour un an,
le second pour six ; un compte de 1334 se réfère à des acquisitions de
J. DEPOIN : LIVKK Dli lîAISON Dli SAIN f-M AU TIN DE PONTOISE 547
plomb ot d'étain. Une autic forme de contrat, celle du forfait, fut
employée en 1332 pour faire paver le réfectoire par maistre Guérin,
charpentier de Notre-Dame de Paris, et en 147G pour faire exécuter
des travaux de maçonnerie dans l'église.
Le Trésor et le Mobilier, invenUiires. M. Depoin a reproduit inté-
gralement un inventaire de 1342 concernani le trésor et la sacristie,
ce texte est complété par des extraits d'un in\enlaire de 1373. Un
autre texte de 1412 a servi à faire un recolement des objets conservés
et un relevé des objets disparus pendant les guerres, texte et notes de
recolement ont été imprimés par M. D. ainsi qu'un inventaire des
chapelles du prieuré de Ronel et de Ruel, rédigé en 1339. Le livre de
raison ne fournit pas de renseignements sur la bibliothèque. M. D. y
a suppléé en imprimant d'après dom Estiennot un inventaire de 1241.
Le Culte et les Pèlerinages. Le livre de raison et divers manuscrits
ont fourni des extraits relatifs au luminaire, à la fête burlesque des
Saints-Innocents, au lavement des pieds, à l'office des morts, à la
translation des reliques de saint Gautier, à des fondations pieuses.
Le Personnel de L'abbaye. Quelque nombreuses que soient les men-
tions de moines, tant dans le livre de raison que dans les chartes, il est
impossible d'en établir une statistique, M. D. a néanmoins groupé
dans Tordre chronologique tous les noms qu'il a relevés, en joignant à
chacun d'eux la qualité du personnage. Le livre de raison contient le
texte de deux rouleaux mortuaires envoyés par Saint-Martin en 1349 et
1391. Dom Estiennot nous a conservé une troisième formule analogue
non datée. L'ameublement de l'aumônerie est connu par de nombreux
inventaires dont M. D. a donné de curieux extraits; un autre inven-
taire est consacré'à l'hôtellerie; d'intéressantes notices concernent les
pensionnaires, les convers, les domestiques, les chambriers, les écri-
vains^ les maîtres d'école.
Discipline monastique. Après avoir étudié l'état moral de l'abbaye
au xin*^ siècle, M. D. a eu la satisfaction de constater que pour le
xiv" siècle le livre de raison donne l'impression d'un état moral satis-
faisant. Le vestiaire était entretenu par le régime d'abonnement; le
livre de raison fournit de nombreuses mentions relatives aux achats
d'étoffes et objets de costume; par abonnement encore, on fabriquait le
pain; pour l'alimentation, les revenus en nature de l'abbaye y pour-
voyaient d une manière générale, toutes les denrées sont mentionnées
dans le livre de raison : poisson, volaille, œufs, fruits, viande, cervoise,
548 coMptiîs rendus
huile, sol, ôpices; dos inventaires do la cuisine nous l'ont connaître un
matériel assez important ; dos comptes concernent les réceptions,
l'éclairage, le chauffage, les études.
Budfjet de Cabbaye. Los comptes proprement dits n'ont été transcrits
dans le livre de raison qu'à partir de la fin du xiv^ siècle. M. Depoin
a groupé les renseignements qu'il a pu réunir sous six rubriques dont
trois relatives aux domaines, biens et revenus fonciers (propriétés
bâties, domaine agricole et domaine viticole), et les trois autres aux
droits utiles augmentant les ressources de l'abbaye dans l'ordre ecclé-
siastique (patronages d'églises, casuel et dîmes), féodal 'cens, chasse)
et judiciaire (offices et amendes). Cet exposé de l'histoire financière de
Saint-Martin de Pontoise occupe près de 100 pages, il est rempli de
notions d'une extrême variété et d'un intérêt considérable, il ne saurait
sans dommage pour eux échapper à l'attention des économistes.
La Guerre de Cent ans. Sous cette dernière rubrique, M. Depoin a
recueilli les indications qui éclairent trois points de vue de l'histoire
de ce temps : (( La situation financière générale et les difficultés au
milieu desquelles se débattait le Trésor. — Le concours matériel que
l'abbaye prêta à la caisse royale obérée et son intervention dans les
affaires de l'État. — Les désastres que la guerre étrangère, compliquée
de la guerre civile, causa au monastère et les ruines qu'elle sema dans
la contrée. »
Tel est succinctement analysé le contenu du volume publié par
M. J. Depoin; malgré l'étendue de ce compte rendu nous tenons à
dire que nous n'y avons relevé que des titres de paragraphes souvent
étendus et que chacun des mots que nous avons reproduits forment
autant de titres sous lesquelles sont accumulées avec une rare
richesse d'information et une critique très fine des renseignements
très variés, empruntés non seulement au livre de raison lui-même, mais
encore à tous genres de documents susceptibles d'éclairer l'histoire
intérieure et extérieure de l'abbaye. Ceci dit, est-il besoin d'ajouter que
ce volume est une œuvre historique importante en dépit de son carac-
tère local, car elle fournit un tableau complet très détaillé de la vie
monastique au moyen âge, de la vie monastique privée^ sociale,
religieuse et politique? A. V.
CHUONIOUE
L'iiistoire de la musique, longtemps négligée par les érudits, a mainte-
nant sa place marquée dans l'histoire de l'art. On a compris que l'on ne
saurait avoir une connaissance complote des civilisations anciennes sans
prendre en considération un art qui de tout temps a joué un rôle important
dans la vie populaire et religieuse des sociétés. Aussi la Eccup de sijnthèsn
historique a, dans son premier numéro, consacré une vingtaine de pages à
un compte rendu des derniers travaux sur la musique du moyen âge dû à la
plume autorisée de M. Jules Combarieu. L'on annonce la prochaine appa-
rition d'une /?/T//r' d' histoire ci do critique musicales dirigée par MM. Ro-
main Rolland, Emmanuel, Laloy, Aubry et Combarieu, et qui accueillera
des mémoires où les méthodes critiques seront appliquées à l'étude des
œuvres musicales antiques, médiévales et modernes. Elle complétera utile-
ment l'œuvre des Bénédictins. M. P.
* *
Les Etudes d'histoire et d'èconoinie politique^ de M. Karl Biicher, en
Allemagne un ouvrage classique, sont restées jusqu'ici, en dehors d'un
groupe peu nombreux de spécialistes, inconnues aux lecteurs français. Grâce
à M. Alfred Hansay, conservateur adjoint des Archives de l'État à Liège, ce
volume prendra place dans notre littérature historique, car il en a fait une
traduction, recommandable parla précision de la langue, qui le mettra à la
portée de tous (Bruxelles, Lamertin; Paris, Alcan, 1901; in-8% xii-359p.).
Le mérite de M. Biicher est d'avoir appliqué à l'étude des phénomènes éco-
nomiques la méthode historique et de s'être dégagé, en les considérant, des
idées qui résultent de l'examen de ces mêmes phénomènes dans la société
actuelle. « Il a su éviter, comme le remarque M. Pirenue dans la préface
qu'il a mise à la traduction de M. Hansay, d'appliquer aux périodes anté-
rieures, des formules valables seulement pour la nôtre... Le passé apparaît
chez lui avec ses caractères propres, son genre spécial d'activité, sa physio-
nomie originale. » Son œuvre est essentiellement de synthèse, sinon au
point de vue de la construction, au moins si l'on envisage le résultat. Il ne
retient des faits que ceux-là seuls qui sont caractéristiques. Sa méthode
apparaît clairement dans le morceau capital des Études^ « l'état écono-
mique primitif », auquel fait suite un autre mémoire sur « les origines de
l'économie nationale ». Se fondant « sur le rapport existant aux diverses
époques entre le producteur et le consommateur des biens », il marque les
trois étapes de la vie économique : période familiale, période urbaine, période
nationale. D'autres études sont consacrées à l'histoire des modes d'exploi-
Moijcn Ane, t. XIII. .31
550 CHRONIQUE
tation industrielle, à la disparition du métier, aux origines de la presse
périodique, à l'union et à la communauté du travail, à la division du travail,
à la formation des classes sociales, aux migrations intérieures et au régime
urbain. L'on ne saurait trop recommander aux historiens la lecture des
études de M. Bticlier dans la traduction de M. Hansay ; car ce sont là des
pages, pour user d'une expression à la mode, mais qui ici trouve son juste
emploi, « suggestives », et qui jettent des clartés nouvelles sur le développe-
ment économique des sociétés. M. P.
*
* *
Le musée gallo-romain de Sens est bien connu des épigraphistes et des
archéologues. Les plus remarquables des monumt^nts qu'il renferme, ins-
criptions, bas-reliefs, stèles funéraires, fragments d'architecture ont été
reproduits par les soins de la Société archéologique de Sens, en un magni-
fique album d'h''liogravures dont le premier fascicule a paru en 1870.
Bientôt la description des planches, avec un commentaire scientifique,
sera donné par le conservateur du musée, M. Gustave Julliot, qui en de
nombreux mémoires a montré combien tous ces débris de l'antiquité romaine .
lui sont familiers. Comme il aime à le répéter, ce sont là des pierres qui
parlent, mais elles ne répondent qu'à ceux qui savent les interroger. Et
M. Bunnel-Lewis, comme il le dit lui-même dans son mémoire Tlic gallo-
rotnain Mtiscuin of Sens (London, 1900; in-8", 46 p., extrait de The arc/wo-
lof/ical Jot(rnol), aurait moins bien entendu leur langage, si M. Julliot ne
l'y avait aidé. L'archéologue anglais s'est proposé de faire connaître à ses
compatriotes les monuments les plus intéressants du Musée sénonais; il a
transcrit et commenté, au point de vue historique et philologique, quelques
inscriptions, entre autres celle du flamine Marcus Magilius Honoratus; il a
décrit les bas-reliefs et rapporté les passages des auteurs anciens qui per-
mettent d'en déterminer les sujets. M. P.
* *
M. Paul Meyer, dans une Notice sur trois Lègendiers français attribues à
Jean Belet (Paris, Irapr. nationale, 1899; in^", 78 p., tiré des Notices et
Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres biblio-
thèques^ XXXVI), vient d'ajouter d'intéressantes observations à celles qu'il
avait publiées antéiieurement sur les légendiers français dans les Notices
et Extraits, da.nii]si Rornania, XVH, dans le Bull, de la Soc. des anc.
textes, etc.
Les mss., objets de la présente notice, sont l'addit. 17275 de Londres, et
fr. 183 et 185 de Paris, qui tous trois attribués à Jean Belet, présentent
des caractères communs d'exécution matérielle; ils sont néanmoins indé-
pendants les uns des autres, chacun d'eux, même les plus courts contenant
des légendes qui manquent dans les autres. Leur source semble avoir été:
1° un ou plusieurs légendiers français formant une famille et dont l'origine
remonte au milieu du xiiT siècle, M. Meyer en a défini les caractères dans
ses travaux antérieurs : 2" pour deux d'entre eux la Leqenda /tureade Jacques
de Varazze. L'hypothèse qu'il aurait existé une traduction de la Légende
CHRONIQUE 551
dorée antéiieuie à celle de Jean de Vignai, et due à Jean Belet, est plausible;
de l'aveu de M. Meyer, elle n'est pas encore vériflable. M. Meyer s'est
attaché à donner des trois niss. une description détaillée et à faire à propos
de chaque légende une étude de ses sources.
L'enquête conduite avec tant de méthode par le savant romaniste depuis
plusieurs années donne des résultats intéressants pour l'histoire littéraire;
chaque pas en avant est marqué par dos observations de plus en plus géné-
rales en même temps qu'il est l'occasion d'une ioule de remarques particu-
lières dont la riche érudition de l'auteur fait tous les frais. A. V.
La numismatique des époques troublées est mieux connue, ou du moins
plus abondamment représentée en pièces de monnaies, que celle des périodes
pacifiques. Ce n'est ordinairement que pour soustraire son argent au pillage
qu'on est amené à l'enfouir. Ainsi, l'on n'a trouvé jusqu'ici qu'un très petit
nombre de trésors de monnaies deCharlemagne; très fréquentes, au contraire,
sont les trouvailles de trésors de monnaies de Charles le Chauve. La raison
en est qu'il n'y eut que très peu de guerres en Gaule sous le règne de Charle-
magne, aucun motif de les enterrer; que les monnaies de ce roi subirent la
refonte sous Louis le Pieux et Charles le Chauve, et qu'au contraire, dès le
règne de ce dernier roi, les incursions des Normands tirent cacher les mon-
naies. Pareillement, pour l'époque romaine, les enfouissements sont inti-
mement liés aux troubles intérieurs de la Gaule et aux invasions barbares.
C'est là ce que AL Adrien Blanchet a voulu mettre en lumière dans son
volume intitulé : Lch Trésors de monnaies romaines et les Inrasions ger-
nianiqiies en Gaule (Paris, Leroux, 1900; in-8", ix-332 p.). Il a soigneuse-
ment relevé toutes les trouvailles dé monnaies romaines, et dans une
introduction il a montré que ces cachettes monétaires sont en relation
avec les invasions. Ainsi, les trouvailles de monnaies du Haut-Empire
sont assez rares (nous entendons les trouvailles de pièces groupées), tandis
que celles des monnaies du m" siècle, sont fréquentes. Dans la liste dressée
par M. Blanchet, la seconde moitié de ce siècle est représentée par 415 trou-
vailles. La répartition géographique n'est pas moins instructive. Les dépar-
tements qui ont fourni le plus de trésors sont ceux du Nord, du Pas-de-
Calais, de la Somme, de l'Oise, de l'Aisne. Au contraire, ceux des Ardennes,
de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges ne présentent qu'un
nombre restreint de trouvailles. D'où M. Blanchet conclut que les envahis-
seurs ont évité la forêt des Ardennes et les montagnes des Vosges; et il nous
montre les routes suivies par les Barbares. L'étude des trésors corrobore et
complète les données des historiens. Nous ne saurions dire si M. Blanchet
n'a pas oublié quelques trésors; mais ces omissions, si elles existent, doivent
être insignifiantes, car il est visible qu'il a dépouillé tous les livres qui par
leur nature devaient lui fournir des renseignements, et d'autres encore;
cependant j'exprimerai un regret, c'est que, pour les monnaies de Tetricus
et de Posthume, il n'ait pas indiqué, toutes les fois qu'il le pouvait, si les
pièces trouvées étaient de bon style ou des imitations; ce qui n'est pas sans
552 CHRONIQUE
importance pour déterminer la date de l'enfouissement. Mais les pièces
des empereurs gaulois et leurs déformations méritant une étude spéciale,
M. Blanchet pourra y revenir et combler cette lacune d'un livre dans
lequel se trouvent réunis des documents importants pour l'histoire de la
Gaule romaine et dont les historiens, qui auront à s'occuper des incursions
des Barbares, devront désormais tenir compte. M. P.
M. E. Déprez a extrait des Intro'itns et K.rltvs des Archives du Va-
tican, les comptes relatifs aux funérailles de Clément VI et d'Innocent VI
{Les Funcvaillcs de Clèineat VI et d'Innocent VI d'après les comptes de la
cour pontificale. Rome, 1900; in-8% 20 p. Extr. des Mélanges d'archèolor/ie
et d'histoire publics par l'École française de Rome). Ce qui paraît avoir
caractérisé les funérailles des papes du xiv" siècle, c'est, à la différence de
celles des papes des xv" et xvi" siècles, leur très grande simplicité; elles
furent l'occasion de larges distributions d'aumônes, plutôt que de somptueuses
cérémonies. Au point de vue des faits, rappelons avec M. D. que Clé-
ment VI mourut à Avignon le 6 décembre 1352 ; que son corps, après être
resté pendant près de trois mois à Notre-Dame-des-Doms, fut transporté en
mars 1353 à la Chaise-Dieu dans un mausolée que le pape s'y était fait
construire de son vivant. Innocent VI mourut le 12 septembre 1362; après
une neuvaine à Notre-Dame-des-Doms, le corps fut inhumé, suivant la
volonté du pape défunt, dans la Chartreuse deVilleneuve-les-Avignon.
A. V.
* *
Nous avons signalé précédemment (Mo/ze/iA/yc, XIII, 96) l'intérêt que pré-
sente le Recueil de Documents pontificaux consercès dans dicersesarchices
d'Italie, XIIP et XIV' siècles, publié par M. E. Déprez. I.e deuxième fasci-
cule de cette publication faite exclusivement d'après les pièces conservées
en original vient de paraître (Rome, E. Loescher, 1900; in-8", 55 p.). Il
est extrait comme le précédent des Qucllen und Forschunf/eu, revue éditée
par l'Institut royal prussien de Rome (111, 235-307) et comprend la fin
des archives communales de Pérouse (n"' 67 à 168, doc. de 1325 à 1377), les
archives du séminaire de Pise (35 n"% doc. de 1225 à 1326) , les archives
de Bénévent (16 n°', doc. de 1221 à 1383), les archives de Saint-Nicolas de
Bari (25 n°% doc. de 1199 à 1343), les archives capitulaires de Troia (23 n°%
doc. de 1199 à 1387), les archives capitulaires de Lucera (2n°% doc. de 1332
et 1338), les archives capitulaires de Brindisi (6 n°% doc. de 1219 à 1371),
les archives capitulaires de Trani (13 n"', doc. de 1303 à 1381). Ce catalogue
d'actes pontificaux constitue, au point de vue chronologique, une suite natu-
relle aux travaux publiés par M. P. Kehr et ses collaborateurs dans les
Nachrichten de la Société des sciences de Gôttingen. A. V.
*
* •*
M. Joseph Poux, archiviste du département de l'Ariège, a fort heureu-
sement arrêté son attention, en classant les archives de la famille de
CHRONIQUE 553
Lévis-Mirepoix au château de Léran, sur une série de chartes relatives aux
raines de Boussagues (Hérault). L'étude de ces documents lui a permis
d'apporter à l'histoire de l'exploitation houillère aux xiu" et xiv' siècles une
importante contribution (Notes et dociinicnts sur 1rs iiiines dr charbon de
Boiissdç/ai's en Bas-Laiif/uedoc auxXIirefXI V" siècles. Paris, Impr. natio-
nale,1900 ;in-8% 32 p. Extr. du Bull, /list.et /thilol. du Comité des travaux
Iilsfori'fues). L'examen comparé des termes techniques a d'abord fourni à
M. P. des données qui précisent et enrichissent notre lexicographie médié-
vale. Le droit de fouille et d'exploitation auxiii" siècle appartenait exclusive-
ment au seigneur, à la fin du xiv° siècle ce droit est devenu moins rigoureux
et a pu passer par acquisition à des roturiers s'intitulant seigneurs en vertu
môme de ce droit acquis. Les concessions d'exploitation faites par le seigneur
à des particuliers ou à des groupements de particuliers constitués en Société
ont revêtu au xiii' siècle la forme du bail emphytéotique, c'est-à-dire per-
pétuel avec transmission héréditaire, mais aussi, subordonné, sous peine
de déchéance, à l'existence d'un successeur et au payement régulier d'une
redevance ; quant à lalimite du droit d'exploitation, elle semble n'avoir été
l'objet d'aucune restriction, autrement dit les concessionnaires des baux
semblent avoir eu le droit d'exploiter la mine <à. leur guise et sans aucun
contrôle du bailleur, le rôle de celui-ci, la concession faite, se bornant à la
perception d'une redevance proportionnée aux résultats de l'exploitation (le
neuvième, à ce qu'il semble). On comprend l'intérêt qu'avait le seigneur à
la prospérité de l'entreprise, et l'on s'explique ainsi la protection et les
privilèges qu'il lui assurait. M. P. fait remarquer ajuste titre que le mono-
pole royal de la concession des mines n'a fait que succéder au privilège
féodal en en conservant les formes; que la constitution de Sociétés pour
l'exploitation minière est plus ancienne qu'on ne le croit communément,
puisqu'on en trouve des exemples dès le xin'' siècle, et qu'il n'est pas enfin
jusqu'aux termes techniques modernes dont on ne puisse retrouver l'origine
dans les expressions employées par les notaires de l'époque féodale. Cette
analyse sommaire en dit plus sur l'intérêt du mémoire de M. P. que les
éloges que nous pourrions lui adresser. Nous tenons à faire remarquer
cependant combien il est aisé à un esprit éclairé de fournir rien que par
l'étude de documents locaux dos données scientifiques, précises et nouvelles,
présentant à la fois un intérêt pour l'histoire générale, pour l'histoire du
droit et pour l'histoire économique. A. V.
* *
M. F. Chalandon, au cours d'un voyage dans le sud de l'Italie, a eu
l'occasion d'examiner des actes originaux émanés des souverains normands
de Sicile, et il a consigné dans un mémoire les résultats de ses observations
sur les usages observés dans leur chancellerie (La Diploniati'/ae des
Normands de Sicile et de l'Italie méridionale. Rome, 1900 : in-8°,
47 p. 2 pi. Extrait des Mélan(jes d'ai-chèolof/ie et d'histoire publiés
par l'École française de Rome. XX). Le caractère particulier de leur
administration a été le respect des usages, des mœurs et de la langue
554 LIVRES NOUVEAUX
des diverses populations établies dans le pays^ par suite leur chan-
cellerie a expédié des actes en latin, en grec et en arabe. La plupart des
actes qui nous sont parvenus sont des actes solennels, jusqu'en 1127 ils
émanent de deux chancelleries, celle des ducs dePouillo et celle des comtes
de Sicile ; à partir de 1127, il n'y a plus qu'une chancellerie. Les actes
solennels étaient écrits sur des membranes de parchemin fort bien préparées
et généralement plus longues que larges. L'écriture lombarde en usage dans
le pays avant l'arrivée des Normands n'a été conservée de leur temps que
pour les actes privés, les chartes ducales sont écrites en minuscule romane
rondo poui' les textes latins, en cursive minuscule pour les actes grecs. Nous
ne pouvons analyser les remarques de M. Chalandon, sur l'aspect extérieur
des actes, les formules, la chronologie, les souscriptions, il faudrait reproduire
toutes les observations de détail. M. Chalandon a eu l'occasion d'étudier en
leur forme quelques mandements. Quant au scellage, les ducs de Fouille
semblent n'avoir fait usage que des bulles de plomb, tandis que les comtes
de Sicile ont fait concurremment usage des sceaux plaqués. Les bulles por-
taient des légendes en grec, en latin, en grec et latin. La conclusion de ce
remarquable mémoire est d'abord que la chancellerie grecque n'a pas
eu une organisation spéciale, mais n'a été qu'une annexe de la chancellerie
latine, ensuite que les actes des comtes de Sicile, très simples, diffèrent peu
en leur forme des actes privés, tandis que ceux des ducs de Pouiile, expédiés
dans une chancellerie mieux organisée ont été i-édigés suivant des règles
empruntées à la chancellerie des princes de Salerne, puis, après la réunion
en 1127 de la Fouille à la Sicile, empruntées à la chancellerie pontificale
(rota et komma) et à la chancellerie byzantine (encre rouge, figures des
sceaux, particularités dans les actes grecs). A. V.
M. W. H. St. John Hope a publié pour l'Alcuin Club un album de re-
productions d'autels anglais du x' au xvi' siècle d'après des manuscrits
(AJciiin Club Collection. I. Enr/lish altavs from Uluminated maniiscrrpts.
London, Longmans, Green and C°, 1899; in-fol. 14 pi.). Les fac-similés
reproduisent 29 représentations d'autels d'après les mss. du Musée britan-
nique, des Universités et collèges d'Oxford et de Cambridge, de la Société
des antiquaires de Londres. Ce recueil fournit des documents très intéressants
pour l'histoire des arts mineurs ecclésiastiques et pour l'histoire de la mi-
niature au moyen âge. AV.
LIVRES NOUVEAUX
768. Alberts (O.). AristotelischeFhilosophie in der tiirkischen Literatur
des XI Jahrh. — Halle, C. A. Kaemmerer, 1900; in-8°, 29 p. (0 m. 60.)
769. Apringius de Béj.\. Commentaire de l'Apocalypse écrit sous Tendis,
roi des Wisigoths (531-548), publié par D. Marius Férotin. — Paris,
A. Picard, 1900; in-8°, xxiv-90 p., 2 pi. (Bibliothèque patrologique. I.)
(5 fr.)
LIVRES NOUVEAUX 555
770. Augustin (Saint). Sancti A. Augustini opéra. Sect. V, pars 2 : De
Civitate Dei lihri XXII. Hoconsuit et commentario critico instrnxitE. Hoff-
mann. Vol. II. Libri XIII I-XXII.— Leipzig, G. Freytag. (Corpus scriptorum
ecclesiasticorum latinorutn. XXXX.) (21 m. 60.)
771. Bâcher (W.). Ein hebrâisch-persisches Wôrterbuch aus dem
xivjahrli. Progr. — Strassburg, K. J. Triibner, 1900; in-8", iii-135et76 p.
(4 m.)
772. Bar (M.). Uebersicht ûber die Bestànde des k. Staatsarchivs zu
Hannover. — Leipzig, S. Hirzel, 1900; in-8°, viii-129 p. (Mitteilungen
der k. preussischen Archivverwaltung. IIL) (3 m.)
773. Barra (Léopold). Autour de Roc-Amadour. Excursion de Capdenac
à Brive. — Cahors, impr. de Delpérier, 1900; in-8°, 70 p. (Extr. du Bull,
de la Soc. des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot.)
774. Bayle (Gustave). La Question de l'imprimerie à Avignon en 1444
et 1446. — Nîmes, impr. de Chastanier, 1900; in-8°, 90 p. (Extr. des
Mém. de l'Académie de Nîmes.)
775. Bazin (A.). Études locales pour servir à l'histoire de Compiègne. —
Compiègne, Lefebvre, 1900; in-8°, 241 p.
776. Bertram(A.). Das eherne Taufbecken im Dom zu Hildesheim. —
Hiidesheim, A. Lax, 1900; in-8", 15 p., 3 pi. (Extr. de la Zeitschr. fUr
chrisil. Kunst.) (1 m. 50.)
777. Besnard (Alfred). Généalogie de la famille des fondateurs du Collège
de Boissy ou de la lignée de Chalo-Saint-Mard. Reproduction en fac-similé
par photogravure des éditions originales, précédée d'une notice explicative.
— Paris, Champion, 1899; in-foL, 22p., 19pl.
778. Bezold (G. von). B. Riehl und G. Hager. Die Kunstdenkmale des
Kônigr. Bayern von 11 bis zum Ende des 18 Jahrh. 1 Bd. Reg. Bez.
Oberbayern. 19 Lfg. — Munchen, J, Albert, 1900; in-fol. p. 1533-1695,
12 pi. (10 m.)
779. Bismarck (H. H. V. von). Stammbuch der altmàrkisch-unadlichen
Geschlechts von Bismarck, von 1200-1900, bearb. nach eigenen Forschun-
gen. —Berlin, E. S. Mittlerund Sohn, 1900; in-8", xxiv-165 p., pi. (22 m.)
780. Blanchet (Augustin). Exposition rétrospective de la papeterie.
Essai sur l'histoire du papier et de sa fabrication. — Paris, E. Leroux,
1900; in-8". (7 fr. 50.)
781. BoDE (G.). Urkundenbuch der Stadt Goslar, und der in und bei
Goslar belegenen geistlichen Stiftungen. 3 Tl. 1301 bis 1335. — Halle,
O. Hendel, 1900; in-8°,xxxiv-840 p. (Geschichtsquellen der Prov. Sachsen
und angrenzender Gebiete, hrsg. von der histor. Commission der Prov.
Sachsen. XXXI.) (18 m.)
782. Boissonnade. Essai sur l'organisation du travail en Poitou depuis
le xi' siècle jusqu'à la Révolution.— Paris, H. Champion, 1900; 2 vol.
in-8". (20 fr.)
783. BoNXARD (Dom Fourier). L'abbaye de la Sainte-Trinité de Mauléon
(aujourd'hui Châtillon-sur-Sévre), de l'Ordre de Saint-Augustin. — Ligugé,
impr. de Bluté, 1900; in-8", vii-216 p.
556 LIVRES NOUVEAUX
784. BoRDKt (L.). Le pape Honorius. — Paris, Sueur-Charrney. 1900;
in-S", 11 p. (Extr. de la Scirnoe rat/iolir/iic.)
785. BoRREL (Abbé). Patrie du pape Innocent V. Erreurs toucinant cette
question, dans lesquelles est tombé le R. P. Mothon. — Moutiers, impr.
deC.avin, 1900; in-8°, 20 p.
780. BouDET (M.). Documents historiques inédits du xiv'" siècle. Thomas
de la Marche, bâtard de France, et ses aventures (1318-1361). — Paris,
H. Champion, 1900; in-8°. (10 fr.)
787. BouRCiEZ (E.). Précis historique de phonétique française. Nouvelle
édition complètement refondue. — Paris, Klincksieck, 1900; in-12, xxxvii-
255 p. (Nouvelle collection à l'usage des classes. 2° série, III.)
788. BouRNON (F.). Paris-Atlas. — Paris, Larousse. 1900; in-4°. (18 fr.)
789. BouziGE (Abbé T.). L'église et le château de Fresques. —Nîmes,
impr. deDucros, 1900; in-8", 298 p.
790. Bredt(E. W.). DerHandschriften-Schmuck Augsburgsim xv Jahrh.
— Strassburg, J. H. E. Heitz, 1900; in-8°, vn-96 p., 14 pi. (Studien zur
deutschen Kunstgeschichte. XXV.) (6 m.)
791. Breuil (Abbé). Débris de casque et de vase en bronze provenant
d'une cachette découverte à Choussy (Loir-et-Cher). — Paris, Leroux, 1900;
in-8°, 3 p. (Extr. de lai?er. archèol.)
792. Briquet (C.-M.). La Date de trois impressions précisée par leurs
filigranes (Missel Rosenthal, les Neuf Preux du Musée de Metz, Vue de
Liibeck.) — Besançon, impr. de P. Jacquin, 1900; in-8°, 23 p. (Extrait du
Bihliot/raphe moderne . )
793. Broglie (Albert de). L'Église et l'Empire romain au iv" siècle, III :
Valentinien et Théodose. 5" édition. — Paris, Perrin ; 2 vol. in-16, (7 fr.)
794. Brossard (Ch.). Géographie pittoresque et monumentale de la
France. I. La France du Nord. — Paris, Flammarion (1900); in-8°, 648 p.
795. Brossard (Ch.). Géographie pittoresque et monumentale de la
France. II. La France de l'Ouest. 1" livraison. — Paris, Flammarion (1900);
in-8°, p. 1-16.
796. Buckle(H. Th.). Geschiehte der Civilisation in England. Deutsch,
von A.Ruge. 7 Ausg.— Leipzig. C. F. Winter, 1900; 2 vol. in-8% xxiv-436,
vi-386 et xvii-582 p. (13 m. 50.)
797. BuscEMi (S.). L'insegnamento del diritto civile nella antica Univer-
sità di Messina. — Messina, A. Trimarchi, 1900 ; in-4", 24 p. (4 1.)
798.Caix (V" dk) et Albert Lacroix. Histoire illustrée de la France. II.
La Gaule romaine. — Paris, Ollendorfl, 1900; in-8". (7 fr. 50.)
799. Camusot (Abbé P.). Deux statuettes de la Vierge portant l'Enfant-
Jésus, conservées à l'hôpital de Nuits-Saint-Georges. — Dijon, impr. de
Pillu-Rolland, 1900; in-8", 9 p. (Extr. du Bnll. (V/u'sfoIrc, de littérature
et d'arf relif/ieux du diocèse de Dijon.)
800. Catalogue de l'Exposition de l'art et du culte de la sainte Vierge
ouverte dans les bureaux du petit séminaire Saint-Jean, à l'occasion du
couronnement de Notre-Dame de Fourvières et du congrès mariai (5-8 sept.
1900;. — Lyon, impr. de Vitte, 1900; in-16, 16 p.
LlVItES NOUVEAUX 557
801. Catalogue delà bibliothèque de la Société des antiquaires de Picardie.
Série X. Ouvrages relatifs aux départements de l'Aisne, du Nord, de
l'Oise, du Pas-de-Calais et de la Seine-Inférieure. — Amiens, impr. de
Yvertet Tellier, 1900; in-8\ iii-278 p.
!^02. Catalogue géiuh'al ofliciel de l'exposition rétrospective de l'art fran-
çais, des origines à 1800, à l'Exposition universelle internationale de 1900.
— Lille, impr. de Danel. 1900; in-8% 391 p.
803. Ch..^brand (Ernest). Histoire de la métallurgie du fer et de l'acier en
Dauphiné et en Savoie. — Grenoble, Drevet, 1900; in-8", 96 p. (Biblio-
thèque scientifique du Dauphiné.)
804. Chalandon (Ferdinand). Essai sur le règne d'Alexis 1" Comnène
(1081-1118). — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8», Ln-346 p., pi. (Mé-
moires et documents publiés par la Société de l'École des Chartes. IV.)
805. Charles VIII. Lettres de Charles VIII, roi de France, publiées
d'après les originaux pour la Société de l'histoire de France, par P. Pé-
licior. T. II. — Paris, Laurens, 1900; in-8°, 467 p.
806. Charmasse (A. de). Cartulaire de l'Église d'Autun. 3° partie. —
Paris, Pedone, 1900; in-4", cxxvi-469 p. (Publication de la Société
éduenne.)
807. Châtelain (Emile). Paléographie des classiques latins. Collection
de fac-siinilés. 14- livraison (Fin de la deuxième partie). — Paris,
Hachette, 1900; in-fol. p. 25-32, 15 pi.
808. Chevalier (Chanoine Ulysse). Éttide critique sur l'origine du saint
Suaire de Lirey, Chambery, Turin. — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8%
59-Lx p. (Bibliothèque liturgique, V, 2.) (5 fr.)
809. Chronik der Stadt Zurich, mit Fortsetzungen, hrsg. von J. Dierauer.
— Basel, A. Geering, 1900; in-S", xlviii-308 p. (Quellen zur schweizer. Ge-
schichte. XVIII.)
810. CiPOLLA (Costantino). Il Papato nelle « opère » di Dante Alighieri.
— Cassino, L. Ciolfi, 1900; in-8", 8 p. (0 1.50.)
811. Clérambault (E. de). Les enceintes fortifiées du Mesnil-Eudin et
deSorcy ; le donjon de Gisors. — Beauvais, impr. de Avondeet Bachelier,
1900; in-8", 16 p. (Extr. des Mcin. de la Soc. acadùinique de l'Oise. XVll.)
812. Collet (Lucien). La commune et la paroisse de Septsarges (Meuse),
notes d'histoire et de géographie locales. — Montmédy, impr. de Pierrot,
1900; in-8%35 p.
813. CoMONT (Abbé G.). Essai historique et archéologique sur Anger-
ville-l'Orcher. — Évreux, impr. de Odieuvre, 1900; in-8% 51 p. (Extr. de
la Rerue catholiqtœ de Normandie.)
814. CoNDAMiN (Chan. James). Le culte de Marie à Lyon, de saint
Pothin à la fin du xix' siècle (177-1900). — Lyon, Vitte, 1900; in-8°, .34 p.
(Extr. de Le Premier Étèque de Lugdiinum.)
S15. CoRD (Ernest et Gustave) et Armand Viré. La Lozère. Causses et
gorges du Tarn, guide du touriste, du naturaliste et de l'archéologue. —
Paris, Masson, 1900; in-16, iv-291 p.
558 LIVRES NOUVEAUX
816. CouLON (Auguste). Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII,
i;^16-13:U. relatives à la France, extraites des registres du Vatican., fasc. 1.
— Paris, .V. Fontemoing, 1900; in-4", 200 p. (Bibliothèque des Écoles
d'Atbènes et de Rome.) (15 fr.)
817. CouRBOiN (François). Catalogue sommaire des gravures et litlîo-
graphies composant la réserve du département des estampes de la Biblio-
thèque nationale. T. l". — Paris, Rapilly, 1900; in-8°, xu-437 p.
818. Crestin. Notice historique et statistique sur la ville de Saint-
Claude. — Saint-Claude, impr. de Monnet, 1900; in-16, 59 p.
819. Déchelette (J.). et E. Brassart. Les peintures murales du moyen
âge et de la Renaissance en Forez, publiées avec la collaboration de Ch.
Beauverie, l'abbé Reure etGab. Trévoux. — Paris, A. Picard et. fils, 1900;
in-foL, 67 p., 20 pi. (40 fr.)
820. Delaborde (H. -F.). Note sur une série de registres du Trésor des
chartes, anciennement cotés par lettres. — Nogent-le-Rotrou, impr. de
Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8% 7 p. (Extr. de la Bibiiothc'/iic de
l'École des Chartes.)
821. Delisle (Léopold). Les Heures du connétable Anne de Montmorency
au Musée Condé. — Nogent-le-Rotrou^ impr. de Daupeley-Gouverneur,
1900, in-8'', 31 p. (Extr. de ï Annuaire-Bulletin de la Société de l'his-
toire de France.)
822. Delisi.e (Léopold). Mandements épiscopaux imprimés à Tréguier au
XV' siècle, lettre adresséeà M.Arthur de La Borderie.^ Nogent-le-Rotrou.
impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-4°,16 p. (Extr. de la Bibliothèque
de l'École des Chartes.)
823. Delouvrier (Abbé A.). Histoire de Pezenas, ville latine, seigneurie
féodale, comté, chef-lieu de canton et de ses environs (Hérault), suivie de
l'Hermitede Saint-Siméon, près Pezenas. — Pezenas, Richard, 1900; in-8°,
viii-185 p.
824. DoixEL (Jules) et Camille Blocii. Inventaire sommaire des archives
dégartementales antérieures à 1790. Loiret. Archives civiles, série B,
n"' 153(>3025. T. III. —Orléans, impr. de Pigelet; in-4", 376 p., 1 carte.
825. Douglas (L.). Fra Angelico. — London, G. Bell & sons, 1900;
in-8\ (12 sh. 6 d.)
826. Dreves (G. M.). Psalteria rhythmiea. Gereimte Psalterien des
Mittelalters. 1 Folge. — Leipzig, O. R. Reisland, 1900; in-8°, 275 p.
(Analecta hymnica medii aevi.) (8 m.)
827. DucROCQ (Th.). Le coq prétendu gaulois. — A. Fontemoing, 1900 ;
in-8". (1 fr.)
828. DuFFAUT (Abbé H.)- Recherches historiques sur les prénoms en
Languedoc. — Toulouse, Privât, 1900; in-8°, 46 p. (Extr. des Annales du
Midi.)
829. Ehrhard (A.). Die altchristUche Litteratur und ihre Erforschung
von 1884-1900. 1 Abtlg. Die vornicànische. Litteratur. — Freiburg i. B.,
Herder. 1900; in-8", vii-644 p. (15 m.)
LIVRES NOUVRAIX 559
H'M). EscHER (J.) nnd P. Schwicizer. Urkundenbuch der Stadt und
Landschait Zurich. 5 Bd. 1 Ilallt.e. — /iirich, Fiisi und Bcoi', l'.KlO; in-4",
200 p.. 1 pi.
S'.U . l'AuciNKi- (Cil.). Les lois de Jérusalem et de Chypre de la maison
deLusignaii. — Fonlenay-le-Comte, à la « Revue du Bas-Poitou », 1900;
n-8", 11 p. (Extr. de la Rrr. du Bas-Poitou.)
832. FiJALRK (J.). Polonia apud Halos scholastica saec. XV. Fa.sc. I.
Poloni apud Italos litteris studentes et laurea donati, iiide a Paulo Wladi-
miri usque ad Johannera Lasocki coUeeti et illustrati. — Kiakau,
Buchhandiung der polnischen Verlagsgesellschaft, 1900; in-4% vii-120 p.
(Munera saecularia Universitatis Craooviensis. VI.)
833. FoRSTEMANN (E. ). Altdeutsches Namenbuch. IBd. Personennaraen.
2 AuU. 4 Lfg. —Bonn, P. Hansteiu, 19U0; in-4% col. 165-621.
834. FouRNiER (A.) et V. Franck. Les Vosges. IIL Saint-Dié. —
Paris, Ollendoif, 1900; in-4". (12 fr.)
8"i5. Fùrstenau (H.). Johann von Wiclifs Lehren von der Einteilung
der Kirche und von der Stellung der weltlichen Gewalt. — Berlin, R.
Gaertner, 1900; in-8% iv-117 p. (2 m. 80.)
836. Fustel De Coulanges. Histoire des institutions politiques de l'an-
cienne France. Les origines du système féodal ; le bénéfice et le patronat
pendant l'é'poque mérovingienne. Revu et complété sur le manuscrit et
d'après les notes de l'auteur par Camille JuUian. 2" édition. — Paris,
Hachette, 1900; in-8", xv-433 p.
837. Gard.\er(F. g.). Story of Florence. — London, Dent, 1900; in-8°.
(4sh. 6d.)
838. Gaucher (E.-M.). Notre-Dame de Paris. (Pèlerinage aux très saintes
reliques de la Passion; Tacte de donation de l'empereur Beaudoin avec
prières liturgiques; description; historique; tombeaux; quelques vieux
usages ; autel des docteurs ; Bossuet.) — Paris, l'auteur, 1900 ; in-16, 68 p.
839. Gauthier (Jules). Catalogue descriptif de deux cent six sceaux-
matrices, la plupart franc-comtois, conservés dans les collections publiques
ou privées. — Besançon, impr. de Dodivers, 1900; in-8°, 56 p. et pi. (Extr.
des MOin . de la Soc. d'cinidaiion du Doubs. 1' sér. , IV.)
8'iO. Gauthier (Jules). Note sur deux bornes milliaires de la voie de
« Vesontio » à « Argentoratum », trouvées à Mathay ("Doubs) en 1894-1895.
— Besançon, impr. de Dodivers (1900) ; in-8'', 4 p., 2 pi.
841. Giovagnoli (R.). Benedetto IX, storia di pontefice romano (1040-
1049). — Milano, P. Carrara, 1900; in-8". (7 1.)
842. Gôttsberger (J.). Barhebrâus und seine Scholien zur Hl. Sehrift.
— Freiburg i . B . , 1900 ; in-8". xi-183 p. (Biblische Studien . IV-V . ) (4 m. 40.)
843. Grillet (Laurent). Les ancêtres du violon et du violoncelle. Les
luthiers et les fabricants d'archets. T. 1". Préface de Théodore Dubois. —
Paris, C. Schmid, 1900; in-8".
844. Gubser(J. m.). Geschichte derLandsch. Gaster bis zum Ausgange
des Mittelalters. Mit einem Exkurs : Gilg Tschudi und die geschichtliche
560 LIVRES NOUVEAUX
Ueberlieferung des Klosters Schannis. Geschichte des Verkeliis durch das
Walonseetal. Urbar der Grafsch. Sargans. Hrsg. von R. Tliommen. —
St-Galleri; Fehr, 1900; in-8°, vu p. et p. 315-690. (MitteiJungen zur vater-
landischen Geschichte hrsg. vom histor. Verein St-Gallen, XXVII, 2.)
845. GuKSNON (A.). La satire à Arras au xiii" siècle. — Paris, Bouillon^
1900; in-8% 123 p. (Extr. du Mo//m Age.)
846. GuiGNARD DE BuTTEViLLE (L.). Inventaire des titres de la châtel-
lenie de Romorantin. — Vannes, impr. de Lafolye, 1900; in-16, 56 p.
(Extr. de VAnniiairc du Conseil hcra/dir/tic de Frdnrc. XIII.)
847. GUIR..VUD (Jean). Les registres d'Urbain IV (1261-1274). 2'-3'' fasci-
cules. — Paris, A. Fontemoing. 1000: in-4", p. 113-392 du t. II. (Biblio-
thèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome.) (21 fr.)
848. GuRUTT(C.). Stadt Dresden . 1 Theil. — Dresden, C. C. Meinhold
und Sohne, 1900; in-8°, ii-301p., 9 pi. (Beschreibende Darstellung des
àlteren Bau- und Kunstdenkmâler des Kônigr. Sachsen, unter Mitwir-
kung des K. sàchs. Alterthumsvereins hrsg. von dem sâohs. Minis-
terium des Innern. XXI.) (10 m.)
849. Hansen (J.) Zauberwahn, Inquisition und Hexenprozess in Mitte-
lalter und die Entstehung der Grossen. Hexenverfolgung. — Mûnchen,
R. Oldenbourg, 1900; in-8% xv-539 p. (Historische Bibliothek. XII.) (10m.)
850. Haristoy (Abbé P.). Pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
Les voies romaines, les chemins romains et les établissements hospitaliers
dans le pays basque. — Pau, impr. de Lescher-Motoué, 1900; in-8', 107 p.
851. Harrison (F.). Byzantine history in early middle âges. — London,
Macmillan and C", 1900; in-8". (2 sh. 6 d.)
852. Hartung (H.). Motive der mittelalterlichen Baukunst in Deut-
schland in photographischen Orig.-Aufnahmen. 6 Lfg. — Berlin, E. Was-
muth, 1900; gr. in-fol., 25 pi. 2 p. (25 m.)
853. Hastings (J.) and J. A. Selbie. Dictionary of the Bible. Vol. III.
— Edinburgh, T. and T. Clark, 1900; in-fol. (28 sh.)
854. Hauptmaxn(F.). Bonn, seine Geschichte, seine Sehenswurdigkeiten
und seine Umgebung. —Bonn, F. Hauptmann, 1900; in-8% 123 p. (1 pi.)
8.55. Havelok edited by F. Holthausen. — Heidelberg, C. Winter, 1900;
in-8% xii-101 p. (Old and middle English Texts. I.) (2 m. 40.)
856. Henry (Paul). Saint Yves, prêtre et thaumaturge, d'après les docur
ments originaux. — Angers, Schmit et Sireaudeau, 1900; in-8% 44 p.
(Extr. de la Rcrae des Facultés catJioUqacs de V Ouest.)
857. Herre (H.). Deutsche Reichstagsakten unter Kaiser Sigmund.4Abth.
1 Hàifte, 1431-1432. — Gotha, F. A. Perthes, 1900; in-4% vi-ii-514 p.
(Deutsche Reichstagsakten auf Veranlassung Sr. Maj. des Kônigs von
Bayern hrsg. durch die histor. Commission bei der kônigl. Acad. der
Wissensch.X, 1.) (30 m.)
858. HiLLE (G.). Uebersicht liber die Bestànde des k. Staatsarchiv zu
Schleswig. — Leipzig, S. Hirzel, 1900 ; in-8% 54 p. (Mitteilungen der
k. preussischen Archivverwaltung. IV.) (1 m. 40.)
LIVRES NOUVEAUX 561
859. HoLLANDKR (B. A.)- Liv.-Kst und Kurlandisches Urkundenbiich.
Sachregister /um 7-9 Bd. — Riga, .1. Deubner, 1900; in-4", vii-llG p.
860. Hubert Van Eyck und Jan Van Eyck (1366?-1426,1370?-1440). 1 Lfg.
— Haarlem, H. Kleinmann, 1900; in-fol. 10 pi.
861. HiiBNER (Al.). Inscriptionum Hispaniae cliristiaiiaium supple-
menium. — Berlin, G. Reinier; in-4". xvi-162 ]j. (24 m.)
862. Ipi'EN (C. Th.). .Vite Kirclien und Kiicheni-uinen in .\lbanien. —
Wien, C. Gerold's Sohn. 1900; in-8% 1:3 p. (Wissenschaftliche Mitteilungen
aus Bosnien und der Hercegovina. VII.)
863. Jakschke (E.). Die Antike in der bildendeu Kunst der Renaissance.
I. Die Antike in der Florentiner Malerei des Quattrocento. — Strassburg,
J. H. E. Heitz, 1900; in-8", 62 p. (Zur Kunstgeschichte des Auslandes. III.)
(3 m.)
864. Jaou' (V.). Zur Entstehungsgeschichte der Kirclienslavischen
Sprache. 2 Hàlfte. — Wien, C. Gerold's Sohn, 1900; in-4°, 96 p. (Extr.
des Di'n/.schr. (l. /,-. Ahad. der Wi.s.sen.sch.)
865. .loAN'NE. Chantilly et le Musée Condé. — Paris, Hachette, 1900;
in-16, 142 p. (Collection des Guides Joanne.)
866. Joanne. Dijon et ses environs. Guide Joanne. — Paris, Hachette.
1900; in-16, 196 p. (Collection des (Juides Joanne.)
867. Joanne. Genève et ses environs. — Paris, Hachette, 1900, in-16,
156 p. (Collection des Guides Joanne.)
868. Katalog over de oldnorsk-islandske hândskrifter i det store kongelige
bibliotek og i universitetsbiblioteket (udenfor den Arnamagnaeanske sam-
ling) samt den Arnamagnaeanske saralings Tilvaekst, 1894-99. — Kopeii-
hagen, Gyldendal, 1900; in-8". (10 kr.)
869. Kraus(F. X.). Geschichte der christlichen Kunst. II. Die Kunst des
Mittelalters, der Renaissance und der Neuzeit. 2 Abth. Renaissance und
Neuzeit. 1 Hàlfte. — Freiburgi. B., Herder, 1900; in-8", 282 p. (8 m.)
870. KûNSTLE (K-)- Eine Bibliothek der symbole und theologischer Trac-
tatezur Bekàmpfung des Priscillianismus und westgothischen Arianismus
aus dem vi Jahrh. Ein Beitrag zur Geschichte der theolog. Litteratur in
Spanien. — Mainz, F. Kirchheim, 1900; ia-8°, xi-181 p. (Forschungen zur
christlichen Litteratur und Dogmengeschichte. I, 4.) (5 m.)
871. Labande (L.-H.). L'imprimerie en France au xv" siècle. Etudes sur
sa propagation dans les différentes villes et sur Tinfluence exercée par les
typographes d'origine allemande. — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-4°,45p,
(Extr. de la Fcstschrift der Stadt Main^ ^-. Gcburtstarj ton Gutenberg.)
(3 fr.)
872. La Borderie (A. de). La mission de saint Vincent t'errier en Bre-
tagne (1418-1419). — Vannes, impr. deLafolye, 1900; in-8% 15 p. (Extr. de
la Rec. de Brcta;jrie, de Vendée et d'Anjou.)
873. La Grasserie (Raoul de). Etudes de grammaire comparée. De la
conjugaison pronominale, notamment du prédicatif et du possessif. — Paris,
Maisonneuve, 1900; in-8°, 175 p.
562 LIVRES NOUVEAUX
871. Lanfranc de Ponthou. Monograpliie de la commune d'K\ recy. —
Caen, Joiian, 1900; in-8", 182 p.
87ô. Lapierre (D"" a.)- La guerre de Cent Ans dans l'Argonne et le
Rethelois. — Sedan, impr. de Laroche, 1900; in -8% 126 p.
87(5. Larive (André). Essai historique sur la commune de Vendeuil. —
La Fère, impr. de Bayen, 1899; in-8", H75 p., 1 pi.
877. La Ronciére (Charles de). Histoire de la marine française. Tome IL
La guerre de Cent Ans. Révolution maritime. — Paris, Pion et Nourrit,
1900; in-8°, 565 p. (8 fr.)
878. Lauenstein (D.). Der deutsche Garten des Mittelalters, bis um d. J.
1400. Dissertation. — Gôtlingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1900; in-8",
51 p. (1 m. 20.)
879. Lauer(P.). Diplôme inédit de Louis le Pieux. — Nogent-le-Rotrou,
impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8", 2 p. (Extr. delà. Bibllothéi/uc
do l'Ecole des Cluuies.)
880. Lea (Henri Charles). Histoire de l'Inquisition au moyen âge. Ou-
vrage traduit sur l'exemplaire revu et corrigé par l'auteur, par Salomon
Reinach. T. I. Origine et procédure de l'Inquisition. — Paris, Soc. nouvelle
de librairie et d'édition, 1900; in-18, xl-631 p. (3 fr. 50.)
881. Ledru (Abbé Ambroise) et Gabriel Fleury. La cathédrale Saint-
Julien du Mans, ses évoques, son architecture, son mobilier. — Mamers,
Fleury et Dangin, 1900; in-fol,, xii-512 p.
882. Lee Neff (Théodore). La satire des femmes dans la poésie lyrique
française du moyen âge. Thèse. — ^ Paris, Giard etBrière, 1900 ; in-8°,x-122p.
883. Lemcke (H.). Die Bau- und Kunstdenkmâler des Reg.-Bez. Stettin.
4 Hft. Der Kreis Usedoui-Wollin. — Stettin, L. Saunier, 1900; in-8",
p. 343-430(Die Bau- und Kunst-denkmàler der Prov. Pommern, hrsg. v.
Gesellschaft f. pommersche Geschichte und AUerthumskunde. II.) (5 m.)
884. LEMENÉ(Abbé J.-M.). Prieuré de Saint-Guen à Vannes.— Vannes,
impr. de Galles (1900) ; in-8", 8 p.
8«5. Léo (H.). Untersuchungen zur Besiedelungs- und Wirtschaftsge-
schichte des thiiringischen Osterlandesin der Zeit des frûheren Mittelalters.
— Leipzig, B. G. Teubner, 1900; in-8", v-93 p. (Leipziger Studien aus
dem Gebiet der Geschichte. VI, 3.) (3 m. 20.)
886. LÉOTAKD (E.). Saint Louis et ses historiens, conférence faite aux
Facultés catholiques de Lyon, le 25 janvier 1878. — Lyon, impr. de Witte,
1900; in-16, 62 p.
887. LÉpiNE-AuTHELAiN (Jean). Paray à travers les âges. — Abbeville,
Paillart, 1900; in-18, 72 p.
888. Le Roux (Marc). Catalogue sommaire du musée d'Annecy. —
Annecy, Abry, 1900; in-8°, 40 p. (Extr. de la i?^r. sur al sienne.)
889. Levasskur. Mémoire sur les sources de l'histoire des corps de métiers
et de l'industrie à Toulouse. — Paris, Impr. nationale, 1900; in-8", 15 p.
(Extr. du Bull, des sciences èconomii/ues et sociales du Comité des
tracaux historiques et scient ifi'/i(es .)
LIVRES NOUVEAUX 563
890. Levili.ain (L.). Les statuts d'Adalhard pour l'abbaye de Corbie^
ix-x° siècle. Paris, Bouillon, 1900; in-8", 55 p. (Extr. du Moj/nn Agr.)
891. Lévy (.\.). Geschiclite der Juden in Sachsen. — Berlin, S. Calvary,
1900; in-8", 114 p. (2 m. 40.)
892. Liber potberis communis civitatis Brixiae. — Torino, Fiat. Bocca,
1900; in-fol. (Historiae patriae monunienta. XIX.) (45 1.)
893. LiEBAU (G.). Kônig Eduard 111 von England und die Grafin von
Salisbuiy, dargestellt in ihien Beziohungen nach Gescliichte, Sage und
Dichtung unter eingeli. Beriicksicht des pseudo-shakespeare'schen Schau-
spiels « The raigne of King Edward the Third ». — Berlin, E. Felber, 1900;
in-8'', xii-201 p.,1 pi. (Litterarische Forschungen. XIII.) (4 m. 50.)
894. LiGER (F.). Découverte de la ville de (( Varacia », à Sargé (Loir-et-
Cher). — Paris, Champion, 1900; in-8", 88 p.
895. LiPiNSKA (Mélanie). Histoire des femmes mt'dccins depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours. — Paris, Jacques, 1900; in-8% ii]-591 p.
89G. Lochner(A.). GerraanischeMoebel. EineSammlung kunstgewerbl.
Vorbilder aus der Zeit von 1450 bis 1800, raeistaus den Museen Niirnbergs.
1. Gotische Môbel. — Berlin, M. Spielmeyer, 1900; in-i'ol., 40 pi. (20 m.)
897. LoNCAO(E.). Il lavoro e le classi rurali in Sicilia durante e dopo
il feudalismo. — Palermo, A. Reber, 1900; in-8". (2 I.)
898. LoNGiN (E.). Notice sur THôtel-Dieu de Beaujeu, avec une liste
des bienfaiteurs.— Beaujeu, l'auteur, 1898;in-8". 184 p.
899. LoNGUKMARE (P. de) . Eugèno de Robillard de Beaurepaire, directeur
de l'Association normande, notice biographique. — Caen, Delesques, 1900;
in-8°, 24 p., portr. (Extr. de {'Annuaire de L'Association normande.)
900. LoosMORN (J.). Die Geschichte desBisth. Bamberg. IV. Das Bisth.
Bamberg von 1400-1556. 1 Lfg. — Bamberg, Handels-Druckerei, 1900;
in-8", VI1I-.512 p. (9 m.)
901. LoTH (J.). Introduction au « Livre Noir » de Carmarthen et aux
vieux poèmes gallois. La Métrique galloise. I. La Métrique galloise du
xv" siècle jusqu'à nos jours. — Paris, Fontemoing, 1900; in-8". (Cours de
littérature celtique par M. d'Arbois de Jubainville. IX.) (8 fr.)
902. Macray (G. D.), Rawlinson catalogue of mss. in the BodIeian
library. Part 5, fasc. V. — London, H. Frowde, 1900; in-4°. (21 sh.)
903. Mailhet (André). La vallée de la Drôme, histoire de la ville de
Crest. Avec une préface de Gabriel Corapayré. — Valence, impr. de
Ducros, 1900; in-16. xv-448 p.
904. Mandrot (B. de). L'autorité historique de Philippe de Commynes.
— Xogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, 1900; in-8". 50 p.
(Extr. de la liecae historique .)
905. Manigaxd (Antoine). Souvenir des familles et histoire de Vonnas,
4° livr. — Châtillon-sur-Chalaronne, impr. de Chaduc, 1900; in-4°,
p. 191-270.
906. Mantuani (J.). Tuotilo und die Elfenbeinschnitzerei am « Evan-
gclium longum » (cod. n' 53) zu S'-Gallen, eine Untersuchuug. — Strass-
564 LIVRES NOUVEAUX
buig, J. II. E. Heitz. 1900; in-8", 50 p., 2 pi. (Stndien zur deutschen
Kunstgeschichte. XXIV.) (3 m.)
!")07. Massereau (J.-T.). Etude géographique, historique et légendaire sur
Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre). — La Châtre, impr. de Monta, 1900; in-8",
vi-258p.
908. Mélanges de littérature et d'histoire religieuses, publiés à l'occasion
du jubilé épiscopal de Mb'"" de Cabrières, évêque de Montpellier (1874-1879).
T. III. — Paris, A. Picard et fils, 1899; gr. in 8°, 617 p. et facs.
909. Merlet (René). L'ancienne chapelle de Notre-Dame-sous-Terre et
le Puits des Saints-Forts dans les cryptes de la cathédrale de Chartres. —
Chartres, impr. de Garnier, 1900; in-8°, iv-32 p. (Bibliotiièque de l'ama-
teur d'Eure-et-Loir.)
910. Merlet (René). Les comtes de Charties, de Ciiâteaudun et de Blois
aux ix' et x° siècles. — Chartres, impr. de Garnier. 1900; in-8". 88 p.
911. Merlet (René). Guide archéologique du Congrès de Chartres, 1900.
— Paris, A. Picard et fils, 1900: in-8°, 42 p. (Extr. du Bail, inoniiincnldi,
7' série, IV.)
912. MÊTAis(Ch.). Cartulaire de l'abbaye cardinale de la Trinité de
Vendôme. Tome I\'. — Vannes, Lafolye, 1900; in-4", vin-597 p.
913. Meyer(\V.). Altpreussische Bibliographie fin- das Jahr 1899. Nebst
Nachtrâgen fiir d. J. 1896 bis 1898. Im Auftrage des Vereins fur die
Geschichte von Ost. -und Westpreussen zusammengestellt. — Konigsberg,
F. Beyer, 1900; in-8°,53 p. (Extr. de V Altpveusstsche Moiiatschrift .) (1 m.)
914. MicHELET (J.). Charles VII. — Paris, Calmann-Lévy, 1900; in-18.
(3fr. 50.)
915. MiLLON (Abbé A.). Camp romain d'Orange en Vieuxy-sur-Coues-
non, — Rennes, impr. de Prost,1900; in-8", 11 p. (Extr. des Mcm. de la
Soc. avdu'ol. d' 1 1 Ic-ct- Vil aine. XX.\X.)
916. MoLiNiER (Auguste). Mandements d'Alfonse de Poitiers, comte de
Toulouse (1262-1270). — Toulouse. Privât, 1900; "in 8", 40 p. (Extr. des
Annales du Midi.)
917. MoRAWSKi (K.). Historya uniwersytetu Jagiellonskiego sredine
wieki i odrodzenie. — Krakau, Buchhandlung der polnischen Verlags-
Gesellschaft, 1900: 2 vol. in-8'', xvin-467 et xv-472 p. (Munera saecularia
Universatis Cracoviensis. I-II.)
918. MoRAWSKY (Casimir). Histoire de l'Université de Cracovie, Moyen
âge et Renaissance. Traduction de P. Rongier. Vol. I. — Paris, A. Picard
et fils, 1900; in-8'', 311 p. (7 fr. 50.)
919. Nash (J.). Altenglische Herrensitze. Façaden uud Innenràume, in
engl. Gothik und Renaissance. Fcsm.-Drucke des u. d. T. : « Mansions
of England in the olden times » in den J. 1839-1849 in London erschie-
nenen Werkes. -i Abth . — Berlin, B. Hessling, 1900, gr. in-fol., 26 pi.,
VII p. (15 m.)
920. Notes chronologiques sur l'ancien bourg de Darnetal, près Rouen
(xiv* siècIe-1805). — Évreux, impr. de Odieuvre, 1900; in-8", 48 p.
LIVRES NOUVEAUX 565
921. Omont (Ileni'i). Le pnrcrptitm Dni/nhrrti dr fiir/lfiris en faveur de
l'abbaj'o de Saint-Denis. — Noyent-le-Rotrou^ impr. de Daiipeley-Gouver-
iieui-, 190U; in-8^ 8 \k (Extr. de la Bibliotlicquc de l'École des Cltartcs.)
922. Orville (E.). Notice sur les armes et armures anciennes figurant à
i'p]xposition nHrospective militaire.— Paris, Berge r-Levrault, 1900; in-12,
26 p. (p]xposition universelle internationale de 1900.)
923. P agi'-. (Camille). La Coutellerie depuis l'origine jusqu'à nos jours.
La Fabrication ancienne et moderne. T. III. 4' partie. — Châtellerault.
impr. de Hivi6re, 1898; in-4", p. 46Ô-639, 857-888, 102 pi.
924. Pai.lioppi(E.). Wôrterbuch der romanischen Mundarten des Ober-u.
Unterengadins, des Munsterlhals. von Bei-gùn und Mlisur, mit besond.
Berùcksicht der oberengadin. Mundart. Deutsch-Homanisch . 3 Lfg. —
Basel.A. Geering, 1900; in-8% p. 481-720.
925. Parfouku (Paul). Compte du temporel de l'évêquede Meaux, 1425-
1426. — Paris, A. Picard et fils, 1900: in-8^ xvi-48 p. (2 fr.)
926. Partsch (J.). Litteratur der Landes- und Volkskunde der Prov.
Schlesien. 7 Hft.— Breslau.G.P. Adeiholz,1900;in 8", p.445-530.(Jahresber.
der schlesischen Gesellsch. f. vaterlandische Cultur. Ergànzungsheft.)
927. Perl' XI Centenario di Paolo Diacono. Atti e memorie del Congresso
storico tenuto in Cividale nei giorni 3, 4 e 5 settembre 1899. — Udine,
P. Gambierasi, 1900; gr. in-8°, 240 p. (4 1.)
928. Perot (Francis). Recherches sur la filiation de Guillaume, Alain
et Jean Chartier, leur généalogie de 1290 à 1900. — Vannes, impr. de
Lafolye, 1900; in-16, 54 p.
929. Pfau (\V. C). Topographische Forschungen iiber die àltesten
Siedlungen der Rochlitzer Pflege. — Rochlitz, B. Pretzsch, 1900; in-4", 105p.,
3 pi. (Mitteilungen des Vereins fur Rochlitzer Geschichte. III.) (2 m.)
930. Phii.ipon (Ed.). Les origines du diocèse et du comté de Belley. —
Paris, A. Picard ot fils. 1900; in-8", 182 p. (5 fr.)
931. Plehn(H.). Geschichte des Kreises Strasburg in AVestproussen. —
Leipzig, Duncker und Humblot, 1900; in-8% xxvii-369 p. (Materialien und
E'orschungen zur Wirtschafts- und Verwaltungsgeschichte von Ost- und
Westpreussen, hrsg. von dem Verein f. die Geschichte der Prov.v. Ost- u.
Westpreussen. II.) (8 m. 80.)
932. Praro.nd (Ernest). Les comtes de Ponthieu. Gui I" (1053-1100). —
Abbeville, 1900; in-4", 107 p.
933. Rabouin. Notice sur Landes (Loir-et-Cher), depuis son origine
jusqu'en 1789. — Vendôme, impr. de F. Empaytaz, 1900; in-8", 96 p. (E.xtr.
du Bulletin de la Société an-/iéolof/l</ne et littéraire du Vendôinois.)
931. Ranisch (W.). Die Gautrekssaga in zwci Fassungen hrsg. — Berlin,
Mayer und Mûller, 1900: in-8", vii-cxii-76 p. (Palaostra. XI.) (5 m. 50.)
935. Reixwald. Chronologische Uebersicht liber die Geschichte der Stâdte
Lindau i. B. und Bregenz. Im 2 Aufl. Mit einem Stammtafel der Grafen
von Montfort. Hrsg. von K. F. Jootze und Cli. Kittler. — Lindau.
J. T. Stettner, 1900; in-8", in-26 p.
Moijen A'jc, t. XFII. 3:i
566 LIVRES NOUVEAUX
!)3lî. l\iG<;.\rER (II.). Die Eiitw icklung dos baii-ischen Miinzwesens iiiitei-
lien Wittolsbachern. — Mùiiehen, G. Franz, 1900; in-8°. (Extr. des
Si(:i(n</sl>('i-ic/t(i- dcr K. Bai/or. Akadoinie (1er Wissciuchaftcn.)
937. Robert (Ulysse). L'Enseii);nement à Besançon jusqu'à la fin du
XVI" siècle. — Besançon, inipr. du « Progrès», 1900; in-8", 107 p. (Extr.
du Progrès français . )
938. RoBiD.\ (A.K Le vieux Paris en 1900. Études et dessins oiiginaux.
— Paris, Montgredien, 1900; in-fol. 48 pi. (10 fr.)
939. Rolandslied (Das Altt'ranzôsisehe). Kritisehe Ausg. besorgt von
E. Stengel. 1 Bd. Text. Variaiitenapparat und vollstànd. Nanienver-
zeiehnis. — Leipzig, Dieterich, 1900; in-8% ix-404 p. (14 m.)
940. Roques (H. von). Urkundenbuch des Klosters Kaufungen inHessen,
im Auftrage des histor. Vereines der diocèse Fulda bearb. I Bd. — Cassel,
M. Siering, 19)0; in-8", xlii-538 p., 4 pi. (15 m.)
941. Rost.'VFIn.ski (J.). Symbola ad historiani naturalcm niedii ;i'vi.
Plantas, animalia, lapides, et cetera simpliciamedicamenta, qutein Polonia
adhibebantur, inde a xii usque ad xvi sfpc. — Krakau, Buchhandlung
der polnischen Verlags-Gesellschaft, 1900; 2 vol. in-8°, xvi-605-352 p.
(Munera ssecularia Universitatis Cracoviensis. VII-VIII.)
942. Salamo (Emmanuel). Aperçu historique sur l'avancement d'hoirie
(thèse). — Montpellier, impr. de la Manufacture de la Charité, 1900; in-8",
243 p.
943. Su.\ssE.\u (Paul). Tigné, des origines à 179fJ. N"3. — Angers, impr.
de Hadon frères, 1900; in-8", p. 49 à 72.
944. ScHEiBE-MoRiNGEN (K.). Frcdelsldli, Geschichte des Dorfes und
Klosters. — Leipzig, B. Franke, 1900;in-8°, 48 p. (Geschichte sudhanno-
verscher Burgen und Kloster. X.) (0 m. 60.)
945. ScHMERBER (H . ). Bcitrâge zur Geschichte der Dintzenhofer. — Prag,
J. G. Calve, 1900; in-8", 64 p., 7 pi. (Forschungen zur Kunstgeschichte
Bohmens. IV.)
946. Schneider (G. A.). Der hl. Theodor von Studion, sein Leben und
Wirken, ein Beitrag zur byzantin. Mônchsgeschichte. — Munster,
H. Schôningh, 1900; in-8", 1 18 p. (Kirchengeschichtliche Studien. V, 3.)
(2 m. 60.)
947. Schœnhaupt(L . ). Wappenbuch der Gemeinden der Elsass . 13-30 Lfg.
— Strassburg, J. Noiriel, 1900; in-8% p. 97-239, 6 pi. (complet 50 m.)
948. Sciionbach (A. E.). Studien' zur Geschichte der altdeutschen
Predigt. 2Stuck. Zeugnisse Bertholds von Regensburg zur Volkskunde. —
Wien, C. Gerold's Sohn, 1900; iii-8", 1Ô6 p. (Extr. des Sitmn;/sbcr. cl./,-.
A/, ad. drr Wissensc/i.)
949. ScHULTE (A.). Geschichte des niittelalterlichen Handels und
Verkehrs zwischen Westdeutschland und Italien, mit Ausschluss von
Venedig. Hrsg, von der bad. histor. Kommission. — Leipzig, Duncker
und Humblot, 1900; 2 vol. in-8", xxxii-742 et 3r)8 p.. 2 pi. (30 m.)
950. ScHWARz (B.). Geschichte der Stadt Ettlingen, im Auftrag des
LIVRES NOUVEAfX 567
Gemeinderates auf Giurul archivai. Quellen bearb. 1 Lfg. — Karlsrulie,
M. Schober, 1900; in-8", vu p. et p. 1-24.
951. Si:kbi:rg (V.). Die Tlieologie des Johannes Duns Scotus. Eine dog-
niengeschiohtl. Untersiiciuiiig. — Leipzig, Dietciicli. 1900 ; in-8^ vi-705 p.
(Studien zur Geschiclite der Théologie und der Kiiclie. V.) (12 m.)
952. Skymour dk Rk:ci. Un nouveau manuscrit épigiaphique de Peire.sc.
— Paris, Leroux, 1900; in-8\ 10 p. (Extr. de la Rrr . arclu-nl .)
953. SicKEi. (Th. R. von) Romis<-he Berichte. IV. — Wien, C. Gerold's
Solrn, 1900: in -8", 40 p. (Extr. des Sil.-iin'jshrr. d. /.-. Ahud. der Wmr/?.s<-/(.)
954. SôHRiNo (O.). Werke bildeiider Kuiist in altfranzôsischen Epen.
— Erlangen, F. Junge, 1900; iii-8\ vin-14N p. (2 m.)
955. SoREL (Alexandre). Les Harpes éoliennesau château de Pierrefonds.
— Compitgne, impr. de Lefebvre, 1900; in-16,15p.
956. Sti£phanoli (Patrice). Histoire des Grecs en Corse. — Paris, Du-
collet frères, 1900; in-18, 240 p. (3 Ir. 50.)
957. Steyert (A.). Notice généalogique sur les familles Du Fèvre et
Arcis de Chazournes en Forez et Lyonnais. — Lyon, impr. de Legendre,
1900 ; in-8'', 13 p. (Extrait de V Ai-nuirud (jciicnd de Li/oniui/'.s.)
958. SuTER (H.). Die Mathematiker und Astronomen dor Araber und
ihre Werke. — Leipzig. B. G. 'ieubiier, 1900; in-8". ix-277 p. (Abhand-
lungen zur Geschichte der mathematischen Wissenschaften. lOHft. Suppl.
zum 40 Jahrg. der Zi'its/ir/ir-i/ï fin- MathcnKitiJ,- und P/ii/si/.-.) (14 ni.)
959. Teissier (Octave). Armoriai de la ville de Toulon. Familles con-
sulaires, oflficiers de marine, noblesse et bourgeoisie. — Toulon, agence du
« Petit Marseillais », 1900; in-8\ viii-89p.
960. TEurpENBACH zu TiEEENHACH und A. Masswegg. Kurzer Abriss der
Geschichte der Gefiirsteten Grafscli. Gôrz und Gradisca bis zu deren
Vereinigung mit dem Hause Habsburg im J. 1500. — Innsbruck, Wagner,
1900; in-8% 60 p. (0 m. 80.)
961. Thiollier (Noël). L'architecture religieuse à l'époque romane dans
l'ancien diocèse du Puy. — Paris, A. Picard et fils, 1900; in-fol., 199 p.,
117 pi. (80 fr.)
962. Tranchant (Charles). Note sur les travaux successifs dont ont été
l'objet au courant du siècle actuel, le château baronial et le château d'Har-
court de Chauvigny, en Poitou, confiés à la garde et à la surveillance de la
Société des Antiquaires de TOuest. — Poitiers, impr. de Biais et Roy, 1900;
in-8°,23p. (Extr. des Bull, de la Soc. des Antiquaires de VOuest. XX.)
963. Turmel(J.). L'eschatologie à la fin duxv' siècle. — Paris, A. Picard
et fils, 1900; in-8°, 97 p. (Extr. de la Rcc. d'/ilstuin' et de littérature reli-
ffieuse.) (2fr.)
964. TuRRi (V.). Dizionario manuale délia letteratura italiana (1000-
1900). — Torino, Paravia 1900); in-8". (4 1.)
965. Un musée et une bibliothèqueà Beauvais par un vieux Beauvaisien.
— Beauvais. impr. de Avonde et Bachelier, 1900; in-8% 31 p.
966. Valla (Abbé L.). Aranion. temps anciens, administration, temps
modernes. — Villeneuve-les-Avignon (Gard), 1900; in-8°, 720 p. (4 fr.)
5(j8 livres nouveaux
%7. Vallette (H.). Les Églises de Vendée. Notre-Dame de Fontenay-
le-Couite. — Vannes, impr. de Lafolye, 1900, in-8\ 17 p. (Extr. de la
Rev. du B(is-Poitoi(.)
068. ViPAL (A.). Additions et corrections à l'histoire de Languedoc
(1359-1360). — Paris. Impr. Nationale 1900: in-8",20 p. (Extr. du Bull,
historique cl philolof/iquc du Coinllr des fraraux Idstoviquca .)
969. Vidal (.\). Mc^moire sur les conditions du travail, du commerce et
de l'industrie à Albi au xiv'' siècle. — Paris, Impr. Nationale, 1900; in-8°,
16 p. (Extr. \\\xBuU. dos sciences ècon(itni(iues et sociales du Contitc des
traranx histariques.)
970. ViGNAUx (A.). La prise de Mauvezin en Fezensaguct par le comte de
Foix (août-septembre 1412). — Auch, impr. de Foix, 1900; in-8°, 10 p.
971. ViGNAUx (A.). Une note diplomatique au xv° siècle. Charles VII,
roi de France, et Jean 1", comte de Foix. — Toulouse, Privât, 1900 ; in-8°,
15 p. (Extr des Annales du Midi.)
972. ViLLARi(P.). Le invasioni barbariche in Italia. — Milano, M. Hœ-
pli, 1900; in-8°, 493 p., 3 cartes. (6 1,50.)
973. ViLLEBRESME (V'' de) Ce qui reste du vieux Paris. Monuments,
hôtels particuliers, maisons historiques classés par rue. — Paris E. Flam-
marion, 1900: in-18.
974. ViLLERS (Louis de). Le Prieuré de Notre-Dame de Montreuil (Ille-et-
Vilaiue). — Rennes, impr. de Prost, 1900; in-8", 20 p. (Extr. des Mcin. de
la Soc. avchèoL d'Ille-et-Vllaine. XXIX.)
975.V0GE (W.). Beschreibung der Bildwerkeder christlichen Epochen in
den kônigl. Museen zu Berlin. 2 Aufl. 1 Tl. Die Elfenbeinbildwerke. —
Berlin, \V. Spemann. 1900; in-8°, v-lOO p. (1 m.)
976. VoGEL (M.). Geschichte der Musik, von der ersten Antàngen christ-
licher Musik herab bis auf die Gegenwart mit besond. Beriicksicht der
deutschen Musik, speziell des deutschen Volksliedes, kurz und leichtfasslich
dargestellt. Mit e. Anhg. enth. 12 deutsche Volkslieder aus dem 15 u.
lejahrh. —Leipzig, Gebr. Hug und Co 1900 , in-8°, viu-218 p., 11 pi. (3 m.)
977. VôLTER (D.). Der Ursprung des Mônchtums. Ein Vortrag. —
Tùbingen ,1. C. B. Mohr. 1900; in-8", 53 p. (Sammlung gemeinverstànd-
licher Vortràge und Scbriften aus dem Gebiet der Théologie und Religions-
Geschichte. XXI.) (1 m )
978. \Volff(F.). Michelozzo di Bartolommeo, ein Beitrag zur Geschichte
der Architekter undPlastikin Quattrocento. — Strassburg, J. H. E. Heitz>
1900 ; in-8". vii-103 p. (Zur Kunsgestchichte des Auslandes. II.) (4 m.)
979. Wylie (J. H.). Council of Constance to the death of John Hus.
— London.Longmans and Co^ 1900: in-8". (6 sh.)
980. Zenker (R.). Die Lieder Peires von Auvergne, kristich hrsg. mit
Einleitung, Uebersetzung, Kommentar und Glossar. — Erlangen, F. Junge,
1900; in-S", x-266 p. (4 m.)
Le Gérant : V^e E. Bouillon.
CIIALON-SLII-SAONE. IM l'I! l.M El! IL IIÎANCAISE ET OlilE.NTALl, i; . BEnTIlAM)
LE
PROCÈS DE LOUIS DE POlTlEliS
ÉVÊQUE DE LANGRES
(1320-1322)
Un conilit entre un évêque et le chapitre de sa cathédrale
n'étaitpas, au moyen âge, un fait exceptionneP ; mais celui qui
troubla l'épiscopat de Louis de Poitiers à Langres présente
un intérêt spécial, parce que plusieurs documents, — le réqui-
sitoire du procureur du chapitre devant les enquêteurs envoyés
à Langres par le pape Jean XXIP, des arrêts du Parlement de
Paris et un poème contemporain^ — le font connaître en détail.
Louis de Poitiers * était fils d'Aimar III de Poitiers, comte
de Valentinois et de Diois, et d'Hippolyte ou Polie de Bour-
1. A la fia du xiii" et au coinmeiu-enieiit du xiv'' siècle de nombreux con-
flits de ce genre se sont produits, par exemple à Reims {Journal des
Sarants, 1890, p. 502) et à Mâcon {Ihid., 1884, p. 158).
2. Bibl. Nat., ms. fr. 11585, fol. 14 à 22.
3. Poème latin anonyme aux fol. 49 r" à 64 v" du ms. 38 de la Bibliothèque
de Langres (xvi° siècle). Dès le début du xvf siècle, le chanoine Claude
Félix citait des fragments de ce texte dans le chapitre consacré à Louis de
Poitiers de son De Pontijlribits iirhis Lin;/oaensis (Bibl. Nat., ms. lat.
5956'^, fol. 91 y" à 93 r" et ms. 38 de la Bibliothèque de Langres, fol. 32 r* à 35 v°).
4. Sur Louis de Poitiers, outre le chapitre précité de Claude Félix, voir
la Décade historique du diocèse de Lanf/res (1665) du P. J.Vignier,
publiée par la Société historique et archéologique de Langres (1884-94),
2 vol. in-8^ Tome IL pp. 160-161.— Gallia chrisiiana (1728), t. IV, col. 618.
— Abbé Mathieu, Abrège chronolof/iquc de l'histoire des èi'èques de
Lanfjrcs, 2" édition, augmentée par le chanoine Rieusset. Langres, 1844,
in-8% pp. 132-134, et surtout Abbé Roussel, Le Diocèse de Lanfjrcs. Langres,
1873-79, 4 vol. in-8°. T. I, pp. 111-112 et 413-414.
Moyen Age, t. XIII. 33
570 p. ALPHANDÉRY
gogne, dame de Saint-Vallier et quatrième fille d'Hugues,
comte palatin de Bourgogne . Vers la fin de l'année 1306^ Louis
de Poitiers avait été élu à l'évêché de Viviers, dont le terri-
toire venait d'être annexé à la France; l'année qui suivit son
élection, il alla à Vincennes prêter serment de fidélité entre
les mains de Philippe le Bel, qui lui confirma les privilèges
accordés à son prédécesseur au moment où celui-ci était devenu
vassal de la couronne. L'évêque de Viviers avait le droit de
siéger dans le conseil royal et de porter dans ses armes les lis de
France \ Durant l'année 1308, il fut convoqué à l'assemblée qui
devait se tenir à Tours, mais il prétexta une maladie qui le
retenait à Donzère et fut au nombre des seigneurs languedociens
qui chargèrent Nogaret de les représenter \ En 1311, il prit part
au concile de Vienne ^; on ignore quel rôle il y joua, mais appelé
à Toulouse, en 1313, pour y délibérer sur les subsides que le Lan-
guedoc devait accorder à Philippe le Bel à l'occasion de la
guerre de Flandre, il se signala par son attitude nettement
hostile aux volontés du roi de France\ Il fat cependant, en 1318,
élevé au siège de Langres, et, de ce fait, devint un des pairs
ecclésiastiques du royaume. Quelque temps après son départ
de Viviers, Pierre d'Auriac, sergent d'armes et bailli du roi
pour le Vivarais et le Valentinois, adressait à la cour royale des
plaintes contre les officiers de Louis de Poitiers qui, à maintes
reprises, avaient empiété sur sa juridiction'.
Le nouvel évèque de Langres ne tarda pas à se trouver en
conllit avec les chanoines de sa cathédrale". Le chapitre de Saint-
1. Gallia r/tfistiaiui , 1. c.
2. Hist. de Languedoc (nouv. éd.), IX, p. 301.
3. ///.s/, de L((n(/iiedoe^ IX, 330. Roussel^ op. cil., p. 413.
4. Gallia c/iristiana, 1. c, et t. I, col. ll.'M.
5. Hist. de Lnn;/uedoc, IX, p. 406.
6. Surladate, V. Arch.Nat., X'A,fol.219r°. Boutai'ic, Ar/c.s- (/« Pcirlenieitf,
II, p. 4G1 : « Xichilominus die Veneris, in octabis festi Assuiuptionis béate
Marie Virginis, quod fuit (nino rieesimo norissiine preteritn. » Cf. Poèuie
iatin anonyme : « Hec, in anno Dei millésime — que sequuutur, et trecen-
tesimo — perpetrantur, simul vicesimo, — sci'ipto nieo tes^te verissimo »
(vv. 13 à 16, fol. 491'°).
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 571
Mammès était, ainsi que ses vassaux et ses l)iens, place depuis
longtemps sous la sauvegarde royale ' et, sûr de l'impunité, il
manifestait vis-à-vis des évoques de Langresune indépendance
dont avait déjà eu â souffrir Guillaume de Durfort, le prédé-
cesseur de Louis de Poitiers *. Le plus ancien document que
nous fournissent sur les actes de celui-ci les registres du Par-
lement semblent prouver qu'il avait, avant d'user de la vio-
lence, essayé des voies pacifiques pour obtenir la garde du
chapitre et de ses biens'. De plus, nous savons par l'enquête des
commissaires pontificaux qu'il n'entra pas tout de suite en
lutte ouverte avec ses chanoines, et tenta d'abord de briser leur
résistance et de les humilier par des mesures vexatoires, tandis
qu'il commençait à s'approprier leurs biens par des spoliations
progressives.
Cette campagne que mena contre le chapitre de Saint-
Mammès Louis de Poitiers, aidé de quelques subalternes', on
peut la reconstituer en suivant l'énumérationdes griefs relevés
1. 18 mai 1322. Arch. Nat., X'a, 2, fol. 140 i" : « [Decani] et capituli
ecclesie Lingoiiiensis in nostra speciali gardiaexistentium cuni familiaribus
gentibus, rébus et bonis suis. »Cf. X'a, 5, fol. 219 v\Gt Actes du Parlement,
II, p. 461 : « Licet decanus et capitulum et ecclesia Lingonensis predicta
de fondatione regia originaHter et de garda speciali fuissent hactenus et
adhuc essent, ipsique decanus et capitulum per regem P'rancie gardiari
sub pi'otectione et gardia speciali regia con.suevissent, legesque Francie
fuissent, ab antique, in possessionc vei quasi eosdem gardiandi. » Il est à
noter que le procureur du chapitre n'a pas signalé dans son réquisitoire
contre l'évêque le fait qu'il aurait violé la sauvegarde royale.
2. Abbé Roussel, Le Diocrse de L((ni/res, I, p. 111.
3. Parlement de la Saint-Martin d'hiver 1.320,10 février. Arcii. Nat., X'a,
8844, fol. 71 v" : (( Causa proprietatis que pendet in curia nostra inter... epis-
copum Lingonensem ex una parteet decanum et capitulum ecclesie Lingo-
nensis et procuratorem nostrum pro nobis ex altéra, super petitiouem pro-
prietatis, excipiendo rationem garde quam petit dictus episcopus, dormiet
quousque de causa spoliationis quam dicti decanus et capitulum proposue-
runt contra dictum episcopum inquisitum fuerit et discussum. »
4. Enquête des commissaires pontificaux, ras. fr. 11.585, fol. 14 : « Quod
idem episcopus omnia et singula contenta in articulis infrascriptis et tieri
mandavit per suas gentes, seu per suos ministeriales, et ipsa malefîcia suo
nomine facta rata habuitet grata. »
572 p. ALPHANDÉRY
contre l'évêque de Langres et dénoncés par le procureur du
chapitre aux envoyés de Jean XXII. Louis de Poitiers com-
mence par refuser au chapitre dlftérentes redevances annuelles,
dont le total s'élevait à la somme de six cents livres tournois et
qui étaient prélevées par les chanoines sur les biens épiscopaux^
Les prédécesseurs de Louis de Poitiers ne s'étaient pas affran-
chis de cette sujétion: il s'en libéra résolument. Il contraignit
(( les hommes taillables du doyen et du chapitre » à payer la vente,
malgré les immunités dont ils jouissaient, et, sur leur refus,
usa contre eux de violence ^ Puis des vassaux il passa aux
maîtres ; il attaqua leurs franchises: de tout temps, au dire du
procureur du chapitre, les membres du clergé de la cathédrale
de Langres ' avaient eu le droit de faire sceller gratuitement
« adsigillum curia3 Lingonensis » les actes qui concernaient
leurs intérêts privés \ Louis de Poitiers, par l'intermédiaire
du fonctionnaire préposé à la garde de son sceau, obligea le
chapitre et ses suppôts à payer une redevance pour chaque lettre
scellée, et, ce faisant, « viola audacieusement les droits, libertés
et privilèges du doyen et du chapitre et de leur église, et les
frustra d'une quasi-possession ». D'autre part, il fît arrêter
deux clercs, Jaquin de Ruda\ et Jean de Bcddone", un
1. Le procureur du chapitre dit qu'il a refusé cette redevance « per plures
annos ». Ihid.
2. Ihid. « Homines taillabiles dictorum decani et capituli existentes in
quasi possessione libertatum plenarum^ ratione decani et capituli ecclesie
predicte, a solutione et prestationeredibencie que vulgariter venta vocatur...
ipsis hominibus onus vente predicte imposuit etipsos a piuribus hominum
predictorum eandem extorqueri fecit, et adhuc de die in dieni facit . »
3. «Non solum capitulum, yrao etiani singulares canonici prebendarii,
ipsorum servitores, capellani ceteiique clerici collegii et chori et fami-
liares ecclesie Lingonensis... nJbid., fol. 15.
4.« Omnes litteras seu acta confecta velconfectas ad suiet cujuslibet ipso-
rum communem seu privatam utilitatem. » Ihid.
5. « Dictus episcopus, per se et per dominum Rayruondum de Sataliaco,
vicarium suum, queuidam Jaquinum de Ruda, clericura, in domo Je
bannis deThaando sita in claustro ecclesie Lingonensis. . . teniere cepit ibi
et violenter abinde extraxit et caiceri niancipavit. » Ihid.
6. «Episcopus, per suum predictum baliivum (Hngoneni de Toranis),
cum magna multitudinearmatorum, qucmdam clericum nomine Johannem
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 573
vassal du chapitre, Nicolas', et un homme appel(^ Etienne de
Vaux, « familier du sire Hugues deViangrif^-. » Tous quatre
furent saisis en des endroits exempts de la juridiction cpisco-
pale : Jaquin do Racla, dans une maison sise à l'intérieur du
cloître, Jean de Baldone et Nicolas, dans la maison de l'hô-
pital de Saint-Mammès, Etienne de Vaux, dans un lieu qui
n'est pas précisé, mais qui se trouvait « infra ipsam ecclesiam
etimmunitatem ». En s'élevant contre ces arrestations opérées
au mépris des franchises du chapitre, le procureur a négligé
d'en indiquer les motifs.
Ces quatre arrestations ne font, du reste, qu'ouvrir la série
des actes arbitraires commis par l'évoque à l'égard de clercs
ou de serviteurs du chapitre. Sur l'ordre de Raymond, vi-
caire de Louis de Poitiers, Jean de Nuiz, procureur de l'évêque,
s'empara d'une maison habitée par un ecclésiastique et sise à
l'intérieur du cloître de la cathédrale, apposa les scellés sur
les portes et y tint emprisonnés pendant quelque temps des
clercs et des laïques qui s'y trouvaient'. Un homme du cha-
pitre, Jean Chevreul, qui était tombé par accident dans un
puits situé « notoirement dans la haute et basse juridiction du
doyen et du chapitre », après en avoir été retiré par les
sergents du chapitre, fut arraché de leurs mains par des
de Baldone in donao Hospitalis Sancti Mammetis... existentera violenter et
tumultuose cepit temere et injuste et ipsum qui ibidem causa immunitatis
confugerat abinde violenter extraxit. » Ibid.
"1. « Episcopus per suos ministeriales, videlicet Hugonem de Toranis,
ballivum suum, infra claustium predictura et metas immunitatis ecclesie
predicte, quemdam hominem dictorum decani et capituli, Nicholaum no-
mine, in domo Hospitalis Sancti Mammetis violenter ceperunt et ausi sunt
et extrahere abinde... ipsum burgensem infra ipsum claustrum atrociter
verberando. » Ibid.
2. « Episcopus, per suum predictum ballivum, temere et injuste cepit et
capi fecit Stephanum de Vaux, familiarem domini Hugonis de Viangris,
infra ipsum claustrum et immunitatem existentem. » Ibid.
3. Enquête, fol. 15. Jean de Nuiz est appelé Jo/iannes de Nuciaco par le
procureur du chapitre et dans les actes du Parlement. La forme française de
son nom est fournie par l'auteur du poème anonyme : « Jo. de Nuiz gallice
dicitur. » (Fol. 60 v»).
574 p. ALPHANDÉRY
hommes de l'évêque, que commandait son familier Bertrand c?e
Turreta, et dépouillé par eux de son couteau et de sa bourse '.
Les sergents du chapitre avaient coutume de porter « ab an-
tique, palam et publiée », comme insigne de leurs fonctions,
des verges ou des masses : l'évêque fit briser ces verges et en-
voyer en prison par son vicaire les sergents qui les portaient ^
Le chapitre avait à son service douze sergents qui, de ce fait,
étaient, selon un vieil usage de la ville de Langres^ dispensés de
toute taille ou corvée. L'évêque les contraignit à payer les
taxes ordinaires, et comme peut-être ils tardaient à s'en
acquitter, il fit vendre les biens qu'ils avaient déposés à titre
de cautions. Depuis longtemps les évêques de Langres fai-
saient don aux chanoines et à leurs familiers, la veille de la
Toussaint et la veille de Noël, d'une certaine quantité de foin
qui était déposé dans le chœur de l'église : Louis de Poitiers
refusa énergiquement de se soumettre à cet usage ^ Ce n'est pas
tout : Tévêque n'avait atteint jusqu'ici que les revenus des cha-
noines ou les immunités dont ils jouissaient, eux et leurs servi-
teurs ; il avait pu imposer au chapitre « énorme stipendium,
diminutionem et derogationem suarum consuetudinum et liber-
tatum antiquarum », il n'avait pas encore cherché à frapper les
chanoines dans leurs fonctions et dans leur dignité ecclésias-
tiques. Mais, brusquement, il aggrava la situation en leur infli-
geant une humiliation retentissante : au moment où allait avoir
lieu une procession pour demander à Dieu de faire pleuvoir, et
comme le clergé de Langres tout entier s'apprêtait à y prendre
part, l'évoque fit interdire par son vicaire aux prêtres des autres
paroisses de se joindre au chapitre de Saint-Mammès*. Cette
1. Enquête, fol. 16.
2. Enquête, fol. 16. Cf. fol. 19, le chef d'accusation suivant qui fait double
emploi : « Item dictus episcopus, per suas gentes et ministros, in injuriara
dictorum decani et capituli ac suorum jurium et juridictionis detrimentum,
virgam cujusdam servientis dicti capituli quam poitare poterat publiée et
notorie dictus serviens et portabat per totam civitateni Lingonensem ex
antique et approbata consuetudine, frangi fecit despectuose et inique. »
3. Ibid., fol. 16.
4. « Item dictus episcopus, per se et per suum vicarium, quadam die, cum
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 575
mesure, au dire du procureur du chapitre. « ceditet cessit ad
divini cultus diminutionem, scandalum populi et in ipsorum
decaniet capituli injuriam noscitur redundare ».
EnfinLouisde Poitiers en arriva à traiter leschanoines comme
des vassaux rebelles et donna l'assaut à leur forteresse, la cathé-
drale. Les documents contemporains fournissent de ce siège et
de ses suites des récits très détaillés \ Nous citons m extenso
celui de ces récits que fit devant les commissaires pontificaux
le procureur du chapitre : c'est le plus complet et le plus précis,
et l'indignation du narrateur lui donne, par endroits, une
vigueur singulière.
Dictus episcopus nuper, scilicet dieVenerisin octabisfesti Assump-
tionis Virginis gloriose ultimo preteriti, circa ortum solis-, per
quosdam suos rainisteriales ', cura magna mullitudine genlium
armatorum de terra dicti episcopi congregatorum, ausu temerario ac
dicti decani et capituli essent simul eongregati, convocatis secum reetoribus
pari'ocliialium ecclesiaruni civitatis Lingonensis ad faciendam quamdam
processionem, causa pluvie a Domino postulande, prout consuetudo erat ab
antiquo, inhibuit et inhiboi'i maiidavit dictus vicarius predictis reetoribus
indebite ne ad dictam piocessionem una cum dictis... decano et capitule
incederent. » Ihid.
1. Arch. Nat. X'a,5, fol. 219 t" etsuiv.; Actes du Parlement, II, p. 461
ec suiv., d'après la première enquête des commissaires royaux. Bibl. Nat.,
ms. fr. 11585, Enquête, fol. 16-18. Poème latin anonyme, fol. 50.
2. La même date est donnée par l'acte du Parlement. Les termes qu'emploie
le rédacteur de cet acte sont presque identiques à ceux qu'a employés le
procureur du chapitre, ce qui permettrait de supposer que le notaire royal a
pu connaître les résultats de l'enquête des commissaires pontificaux. La
date difïère légèrement dans le poème latin anonyme : au lieu du 35, c'est
le 22 août qui est indiqué : « Hec fractio portarum et phani — festo Sancti fit
Symphoriani » (fol. 50 v"). Il est vrai que l'auteur fait peut-être allusion
à la démolition totale des portes et de certains murs, qui dut avoir lieu
quelques jours après la prise de la cathédrale par les gens de Louis de
Poitiers.
3. L'acte du Parlement donne les noms de ces « rainisteriales». Ce sont :
«BertrandusdeTurreta, G. Fabre, baillivus Montis Falconis episcopi Lingo-
nensis, dictus Bourre receptor predicti episcopi, Petrus Loysel, P. Roucelli,
Seguinus Guiotus, Briotus de Burgo ac Aymardus servientes, publiée pro
laycis se gerentes, rainisteriales et farailiares predicti episcopi et nonnuUi
576 p. ALPHANDHRY
ociam sacrilego,fecit et mandavit pcr prodictos consacrilcgos, portas
matris ecclesieLingonensis invittuperationem etopprobriumCreatoris
etsanctc Doi Ecclesie contumeliam et contemptura, sine causa et in-
juste, nervum dirrumpens ecclosiastice libertatis, cum armis, secu-
ribus et hastis violenter confringi et dirrunipi fecitS ipsam eccle-
siam et ojus libertatem confringondo ac eciam violando, ex quibus
sententiam majoris excommunicationisa canone noscitur incurrisse.
Item sacrilegi predicti, deinandalo dicti episcopi, ipso eciam ratum
habente, eandera ecclesiam, post predictas violentiam et fractionem,
invaserunt et occupaverunt, et de domo Domini tanquam speluncam
latronum facientes, palam et publiée campanilia ejusdem ecclesie,
tanquam turrerahostilem, satellitibus et hominibus nephariis et filiis
iniquitatis armatisetvariis armis et diversis, more hostili, munientes,
ibidem scuta et targias appenderunt^
Item dictam ecclesiam predicti sacrilegi, de mandato et voluntate
dicti episcopi, pluribus diebus^ septimanis etmensibus, sic munitam
et sic villissime et violenter occupatam detinuerunt cum omnibus sanc-
tuariis religiosis et ornamentis eorumdem et cum bonis infinitis aliis
ibidem existentibus tam canonicorum et personarum aliarum et aliis
privilegiis, instrumentis et sigillo capituli antedicti predicto^ in
detestationem divini muneris sacrilège et publiée attemptando.
Item dicti sacrilegi, de mandato dicti episcopi et ipso ratum ha-
eorum complices in bac parte,» loc. cit., p. 461. D'après l'auteur du poème
anonyme, ils auraient été rassemblés pendant la nuit : « Gentem magnam
de nocte collegit — qua cum armis ecclesiam fiegit. » Fol. 50 v\
1 . Le gardien de la cathédrale s'était enfui : « Custos templi tune fugam
elegit, — quod metus hune exire coegit. » Ibid.
2. Acte du Parlement: « Et ibidem targias suas et vexilla appendentes,
dictam ecclesiam hominibus armatis et armis variis et diversis ex parte
predictorum et ipsius episcopi munitam » (l. cit., y». 46). — Poème lat.anon. :
« Scuta micant in tympanistris, « fol. 50 v°. — Sur les précautions prises
par les hommes de l'évêque contre un retour offensif des serviteurs du cha-
pitre, voir ibid. : Sed tamen — ut haberent fortius tutamen - in portis fit
plurimum foramen — ut per foramina possent percutere — cum lanceis
hostesque poingere — qui de templo vellent expellere — hos et intusaliqua
rapere ».
3. L'acte du Parlement reproduit presque textuellement la phrase du
procureur du chapitre « cum omnibus sanctuariis, reliquiis et ornamentis
dicte ecclesie et nonnuUis bonis aliis tam canonicorum quam personarum
aliarum, et eciam ca/^i-s, privilegiis, instrumentis et sigillo capituli antedicti
ibidem existentibus » (L cit.,\>. 261).
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 577
bente, per predictos dies, septimanas etmenses, in dicta ecclesia sic ar-
mati,Dei sanctuarianequissimoproplianantes, tanquamin vili caupona
vel taberna existentes, biberunt, comederunt ac etiam pernoctarunt,
pondus eciani superlluu 111 naturale irreverenter déponentes^ et alia
turpia et enorniia, que non licet homini loqui, exercentes, necnon et
inibi palaiu et publiée, nieretricesinfra ipsam ecclesiam, die nocteque,
tanquara in lupanaii, inducentes, actus venereos, quod abominabile
est proferre, peragentes, lectos suos siquidem coram altaribus et
corara Dei, Virginis Marie ejus niatris et sanctoruni ymaginibus et in
pluribus capeliis ipsius ecclesie et plura indecencia impudenter fa-
cientes *.
Item dicti sacrilegi, de mandato quo supra et dicto episcopo ralum
habente, in dicta ecclesia sic turpiter manentes, in capeliis ejusdem
ecclesie aves dornesticas tenebant inclusas, scilicet anceres et gallinas
ad usumeoramdem carnesque arietum, boum et alias eis necessarias,
super Dei sancta altaria ipsa contaminantes, lacerabant et ipsum
locum ejusdem ecclesie in capite et in menbris tenentes et facientes
ibidem paneteriam et piscanariam et dapiferiara eorumdem ' et alia
ad usum proplianum, more paganico, reducentes.
Item in contemptum et dirrisionem Dei omnipotentis ymaginem
Crucifixi in ipsam ecclesiam existentem dicti sacrilegi, de mandato
quo supra et dicto episcopo ratum habente, variis armorum generibus
plures armaverunt, quod ceditet cessit in Christi fidelium perniciem
et derisionem.
Item dicti sacrilegi, de mandatoetratihabitionequibus supra, altaria
dicte ecclesie, more tyrannico et nephando Wandalorum, suis pro-
priis pannis et ornamentis necnon et corporalibus ad usum divinum
destinatis discoperierunt.
Item dicti sacrilegi, de mandato et ratihabitione qui bus supra,
1. Poème lat. anon.: « Ecclesie necnon in medio — comedebant sicut in
atrio — scutitferi simulet hisirio; — hii in lectis, aller super stramen —
incubabant... » (fol. 50 v"). Et plus loin : « lUuc thura non erant incensa —
sed hominum fex fetens immensa. »
2. Poème lut. anon. : « Ecclesia per ipsos complices — sic poUuta fit
per multipliées; — cognoverunt intus meretrices — publicas perquamplu-
rimas vices. »
3. Dans l'acte du Parlement, les faits qui suivent la prise de la cathé-
drale sont résumés ainsi : « plures alios excessus énormes ibidem commit-
tendo a {l. cit.).
578 p. ALPHANDÉRY
portas quascumque ipsius ecclesie ad arbalistandum et sagittandum
inpluribus locis perforarunt, et adhuc perforate, fideocculata, publiée
apparent et existunt'.
. . . Item, quod est abhominabile dicere et ab episcopali innocentia
alieuum,dicti sacrilegi, quibus supra mandatoetratihabitioncymagi-
ncm lapideam gloriosissimi martyris beali Mammetis, patroni dicte
ecclesie, afiîxam inquodam rauro ante ecclesiam predictam frustratim
laniarunt cum quibusdara iustrumentis ferrois, capud ej usdem ymaginis
amputantes et in lutum palam et publiée, judayce projecerunt, ad
memoriam dicti sancti perpetuo abolendam -.
Item truncum ymaginis lapidée predicte bealissimi Mammetis mar-
tyris immuraverunt inquodam loco vilissimo, videlicet sub quodam
aqueductu per quem omnes immundicie vicorum propinquiorum
defluere consueverunt '\
Peut-être ne doit-on pas rendre Louis de Poitiers respon-
sable des excès commis par cette troupe qui campa dans la
cathédrale comme en pays conquis*. L'auteur anonyme du
poème latin, qui n'est pourtant pas suspect d'indulgence vis-
à-vis de l'évêque de Langres, serait porté à atténuer ses torts :
l'évêque, selon lui, aurait voulu seulement faire forcer les
portes de la cathédrale et n'aurait prêté les mains ni au pillage
ni aux violences''. La conduite de Louis de Poitiers peut en
1. Les deux chefs d'accusation suivants sont séparés des précédents,
dans le document d'après lequel nous les reproduisons, par trois paragraphes
concernant les pillages commis en dehors de l'église. Nous les avons omis,
afin de ne pas interrompre le récit de la prise de la cathédrale et de ses
suites.
2. Enquête, fol. 18.
3. Enquête, /. cîï.Dans l'acte du Parlement, les expressions sont presque,
identiques: « Ymaginem lapideam gloriosissimi martiris beati Mammetis,
patroni dicte ecclesie, afflxam in quodam muro ante ecclesiam, des-
truxerant, capud ejusdem amputantes et in lutum prohicientes » (op. cit.,
p. 241).
4. L'enquête royale semble avoir fait ressortir son entière responsabilité:
« predicto episcopo premissa sciente, mandante, procurante, rataque et
grata habente et inpremissis expresse conseutiente» (Acte du Parlement,
/. cit.).
5. Poème lat. anon. : «Credo vero, meojudicio— presulis non fuit inten-
tio — ut Ûeret bec templi fr«^ctio — sed portarum solum subversio. » Fol. 51 r°.
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 579
effet s'expliquer ainsi : en faisant détruire les dix portes de pierre
et de bois qui donnaient accès dans le cloître \ en en faisant
transporter au loin les débris, au vu et au su de toute la popu-
lation de Langres \ il terminait sa campagne contre les immu-
nités du chapitre. Néanmoins, il faut reconnaître que, si Louis
de Poitiers n'encouragea pas toutes les violences de ses familiers,
il dut profiter du trouble dans lequel elles avaient jeté le clergé
de la cathédrale. Sur son ordre, sa petite armée envahit les
maisons des chanoines et les fouilla de fond en comble ', puis
elle s'empara du four du chapitre et saisit le pain qu'il con-
1. «Dictusepiscopus, per suos sacrilegos ministros, hostis antiqui monitu
adhuc inductus, decem portas claustri dicte ecclesie, tam lapideas quam
ligneas, quibus claustrum canonicoium ab antiquo clausum fuerat ad
dictos... decanum et capitulum ab antiquo pertinentes, violenter et cum
armis conf régit, dirruit sacrilège totaliter et destruxit. » Enquête, fol. 18.
— « Necnon decem portas in claustro dictorum decani et capituli existentes
tune flrmatas ad ipsos decanum et capitulum pertinentes per vim et
armorum potenciam fregerant, diruerant et ad terram projecerant, cum
mûris portarum predictarum et ipsas portas. » Acte du Parlement, /■ cit. —
(( Omnes portas claustri per agmina — armatorum fregit in fragmina: —
ecclesie firmando limina — ne intrarent homo vel femina. » Poème
lat. anon., fol. 50 v". En même temps qu'ils détruisaient et brûlaient les
portes, les gens de Louis de Poitiers incendiaient les chambres de quelques-
uns des chanoines situées auprès de ces portes: « Dicti malefactores, nomine
que supra, portas dicti claustri ligneas necnon quasdam camerulas dictorum
decani et capituli... ecclesie .. igné sacrilège combuxerunt. » Enquête
fol. 19. « (Portas) cum quibusdam cameris dictorum decani et capituli juxta
dictam ecclesiam situatas, ignis incendio combuxerant » (Acte du Par-
lement, /. cit.).
2. «Lapides murorum portarum sic destructarum et rudera... palam
et publiée alibi pertinaciter transportari. » Enquête, fol. 18. V, aussi Acte
Parlement, /. cit. D'après l'auteur du poème latin, ces matériaux auraient
servi à construire la partie des murs de Langres appelée « murs fraits »,
« miiri fracti », d'où il conclut que ce conflit n'aura pas été complètement
inutile et regrettable: «De portarum pétris claustri facti — sunt hi mûri qui
vocantur fracti — hos lathomi fecerunt coacti ; — fit civitas memor hujus
facti.— In hoc patet litis utilitas — hujus, quia dicet posteritas — quod
de portis claudetur civitas — ubi major erat débilitas. » Fol. 50 v". L'abbé
Roussel (o/). cit., p. 112) attribue aux « murs fraits » une origine plus
ancienne.
3. Enquête, fol. 18.
580 p. ALPHANDÉRY
tenait en grande quantité ; elle occupa ensuite une maison
jadis habitée par un chapelain de Saint-Mammès, du nom de
Grégoire, et fit main basse sur tous les biens des chanoines,
en nature eten espèces, contenus dans cette maison \ Cette spo-
liation fut suivie de plusieurs autres: le cellier et le grenier du
chapitre furent pillés par les hommes de l'évêque, qui, en se
retirant après avoir démoli les murs, emportèrent deux cents
mesures de vin et cinq cents mesures de blé, do froment et
d'avoine*. L'évêque ne s'en tint pas là : au moment où les
vendanges venaient d'être terminées, il s'appropria le vin des
chanoines, des chapelains, même des desservants subalternes
de la cathédrale et le fit diriger sur son cellier'. De même, ce
fut à l'évêché qu'il fallut porter, de gré ou de force, les dîmes
en vin eten blé que le chapitre avait coutume de percevoir sur
la terre de Heuilh-Cotton et de Choilley'. Enfin, les sergentsde
Louis de Poitiers allèrent chercher jusque dans la maison du
curé de Dammartin vingt mesures de blé que les chnnoines y
tenaient en réserve".
1. Enquête, /. cit.
2. « Dictas episcopus, per suas gentes et malos niinistros, celarium et
granarium decani et capituliinfra iramunitatem et Ubei-tatem dicte ecclesie
existencia et hospicia eorumdera frangi fecit, et vina et blada ipsorum
usque ad quantitatemducentorum modiorum vini et V^ modiorum bladi,
frumenti et avenae capi fecit ac eciam asportari sacrilège et injuste. »
Enquête, fol. 18.— « Celarium postea frangitur — granarii seraque rumpitur
— per ballivos frumentum venditur; — ab his vinum optimum bibitur. »
Poème lat. anon.,fol. 50 v°.
3. « Dictus episcopus, per suas gentes et malos ministres^ hoc anno pré-
sent!, in vendemiis iiuper praeteritis, vina dictorum canonicorum, capel-
lanorum et servitorura ecclesie predicte, sine causa et in ipsorum injurianv
et contemptum, capi fecit et ad domos dicti episcopi et ad ejus hospicia
transportari. » Enquête, fol. 19.
4. Enquête, fol. 19.' Heuilly-Cotton, Ilaute-Marne, arrondissement de
Langres. Quant à Choilley, c'est un autre bénéfice sur lequel l'évêque
avait des droits en qualité de seigneur de Montsaugeon (Roussel, ibid.,
p. 327). C'est aujourd'hui une commune de la Haute-Marne, arrondisse-
ment de Langres.
5. « Dictus episcopus, per gentes suas et ministres, violenter cepit seu
capi fecit sine causa viginti am[inas] et cetera que ad ipsos decanum etca-
LE PltOCÈS DE LOUIS DE POITIERS 581
Pendant ces opérations, Tévêque avait attaciié à sa personne
son parent, Henri de Bourgogne. A peine ce personnage fut-il
installé auprès de Louis de Poitiers, que les chanoines et leurs
familiers se virent surveillés, puis ouvertement menacés\
Plusieurs d'entre eux s'enfuirent de la ville ou se réfugièrent
chez des prêtres paroissiaux, non sans être poursuivis
et traqués par les gens de l'évêque'. Le service divin se
trouvait interrompu ' : en effet, les quelques membres du
chœur qui avaient eu le courage de rester à leur poste, refu-
pitulum pertinebant, in clomo curati de Domnoaiartino, in ipsoriim decani
et capituli et ecclesie Lingonensis injuriam et gravamen. » L'acte du Par-
lement n'énumère pas ces spoliations.
1. Sur Henri de Bourgogne, v. Enquête, fol. 18: «Dictus episcopus fecit et
procuravit singulas peisonas de capitulo per nobilem et potentem virum
dominum Ilenricum de Burgundia, consanguineum suum, ad domos
dictorum canonicorum habitatorias diffldari et infra octo dies post,eumdem
dominum Henricum perfecit palam et notorie civitatis Lingonensis et
gardiatorem ejusdem constituit et per hoc et metu talium dictos canonicos
et familiares dicte ecclesie ad loca diversa oportuit dispergi et disverti. »
Cf. Acte du Parlement : « Henrico de Burgundia, milite, ipsius epis-
copi consanguineo, ibidem gardiatore ex parte dicti episcopi specialiter
deput[at]o et existente, qui singulares personas ipsius capituli dicebatur
defHdasse, » p. 462. L'auteur du poème latin ne fait aucune allusion à ce
personnage.
2. Enquête, /.cfV. Poème lat.anon., fol. 50 v"-51 1": «Quamplurimi de statu
majori — canonici subditi tiraori — effugerunt, metuentes mori, — et cum
ipsis maxima pars chori,— sicut oves lupus esuriens — dispergit et stupescit
veniens, — sic chori pars iter arripiens — de loco fit in locum fugiens. —
Perterriti quidem per nemora — effugerunt veluti peccora ; — abscon-
derunt alii corpora — in domibus quas cingunt litera ;— circum circa
profugi currebant — et in villis qui notos habebant — et alios curati
latebant — in secretis, quum ipsos tiraebant — discriminis eventum futuri
— ignorantes quem forent passuri; — ulla domo vix erant securi — quamvis
eam tutarentur mûri! — ...Hec minime fuga profuisset — quibusdam,
si presul voluisset — quia plures eorum cepisset. » D'après l'abbé
Mathieu {op. cit., p. 133), les chanoines se seraient réfugiés à Dijon avant
d'avoir recours au roi. L'abbé Roussel {op. cit., p. 111) répète cette asser-
tion sans l'appuyer non plus de preuves. Le procureur du chapitre, pas plus
que l'auteur du poème anonyme, ne signalent cet exode.
3. « Sic dictam ecclesiam suis debitis divinis obsequiis deiïraudendo et
cultum diviuum impediendo, ex quibus non estdubium dictam episcopum
cum suis sacrilegis sententiam canonis incurrisse. » Enquête, fol. 18.
582 - P- ALPHANDERY
screiit. malgré les injonctions do Louis de Poitiers, de célébrer
les oflices dans la cathédrale souillée et devant un prélat que,
d'avance, ils considéraient comme excommuniéV L'évoque dut
recruter des desservants dans différents couvents . Ceux des
prêtres de Saint-Mammès qui n'avaient pas encore fui refu-
sèrent de chanter aux offices avec ce chapitre improvisé :
Tévêque les tit emprisonner, et les chapelains ou les familiers
de l'église qui s'étaient associés à leur résistance furent expulsés
de leurs maisons ; leurs biens furent retenus et les scellés
apposés sur leurs portes*.
Cependant il ne semble pas qu'à aucun moment les mesures
violentes prises par Louis de Poitiers aient menacé l'existence
même des chanoines de la cathédrale ni de leurs serviteurs ou
vassaux. L'évêque n'en voulait qu'à leur indépendance ; mais
ses gardes s'étaient répandus dans la ville, et, jour et nuit,
terrifiaient les habitants. Les laïques eux-mêmes paraissent
n'avoir pas été à l'abri de leurs brutalités, mais elles s'exer-
cèrent surtout contre les prêtres, peut-être même contre ceux
qui n'appartenaient pas à la paroisse de Saint-Mammcs. Sitôt
1. « Ecclesiam volens denionstrare — non poHutam, presul celebrare —
missam fecit et tympanizare. » Poème lat. anon., i'ol. 51 v°. — « Episcopus,
per suas gentes et malos ministres, domos plurium capellanorum, familia-
rium dicte ecclesie Lingonensis, de juridictione omnimoda dictorura...
decani et capituH ab antiquo existentium, nna cum bonis ibidem existen-
tibus barrari fecit ac eciam sigillari indebite et injuste, ex hoc et propter
hoc quod dioti capellani in ipsa ecclesia sic oxecrata et in persona excom-
municatorum ibidem tune existentium^ ad niandatum dicti episcopi nole-
bant celebrare. » Enquête, fol. 18.
2.V. Enquête, supra. Dans Poème lat. anon., loi. .51 v": « Canonicos absentes
pi'oprios — videns presul et prebendarios, — constituit pro ipsis alios —
assumptos per conventus varies; — Hinc quibusdam chori presbiteris
— decantare jussitcumceteris; — - nolentibus ministri sceleris — ministra-
bant tormenta carceris.» — Peut-être était-ce l'un d'entre eux que cet
Etienne de Limoges qui fut traité par l'évêque avec une rigueur particulière :
« Dictus episcopus, per suas gentes et ministros, domum domini Stephani
Lemovicensis capituli et de choro dicte ecclesie, qui capellanus est et erat
de omnimoda juridictione dictorura decani et capituli, frangi fecit et archas
ibidem existentes et bona ibidem existentia que plurima capi fecit ac
eciam devastari. » Enquête, fol. 20.
LE PROCÈS DE LOUIS DE POITIERS 583
que les gens de l'évcque apprenaient qu'un prêtre était sorti de sa
maison ou devait se rendre en un endroit isolé, ils l'arrêtaient',
et, avant de l'entraîner en prison, lui faisaient subir un trai-
tement d'une telle violence qu'un jeune clerc, Jean de Talent,
mourut des coups qu'il avait reçus d'cux^ Il leur arriva même
de sortir delà ville pour aller attaquer jusque dans sa ferme un
vassal du chapitre resté fidèle à ses maîtres. C'est ainsi qu'une
nuit, un familier del'évêque, nommé Li Convers, accompagne
d'une troupe de gens armés, chercha à s'emparer « in villa
Culleys Cotlione » de Pierre Coyllaut, homme « taillable et
exploitable » du chapitre et comme celui-ci cherchait un asile
dans l'église de sa paroisse, ce fut sous le porche même de cette
église que Li Convers le tua'. L'évêque ne fitaucune dilFiculté
de garder l'assassin parmi ses gens, et comme les membres du
chapitre, ou du moins les quelques rares chanoines qui n'étaient
1. (( Satellites graves insidie — sine norma misericordie — verberabant
viros cothidie — civitatis tam nocte quam die. — Plures quidem fuerunt
niancipati — sacerdotes et incarcerati — tali modo, qui sunt iiominati —
in registris Maninietis beati, — quibusdani fitcarceris terminus — longus
utconstituit dominus — et alius exivit protinus, — secundum quod dclin-
querat minus, — Silongitei- quemdam sacerdotum — nocte scirent a domo
remotum — vel euntem in locum remotum — jus carceris erat illi
notum. )) Poème lat. anon., fol., 52 r".
2. L'enquête pontificale ne contient aucune allusion à ce meurtre. Voici
en quels termes l'auteur du poème latin le raconte : « Quis ignorât quendam
pro vcrbere — presbiterum de choro sumere — diram mortem, certum est
crodere, — liunc teneri presulis carcere. — Hic juvenis fuit nominatus — •
de liis qui tune erat prebendatus — Jofhjannes et de Talento natus. — Ante
templum Mauimetis est vectus — sepultusque facie detectus. — Pius fuit
illius aspectus, — ipsa die fuit circumspectus. — l'erré corpus et anima
Christo — datur... » (Fol. 52 r°).
3. (( Item quidam dictus LlConrors, familiaris et ministerialis dicti
episcopi, nomine ipsius episcopi et ipso ratum habente, insidiis pensatis
et de nocte cum magna multitudine armorum in villa de Culleys Cothone,
sita in justicia alta et bassa dictorum decani et capituli, quendam homi-
nem dictorum decani et capituli tailliabilem et explectabilem nomine
Petrum Coyllaut, sub porticu parrochialis ecclesie dicti loci et in loco
immunitatis ecclesie ad quam, causa immunitatis habende, confugerat^
interfecit, sacrilegum et homicidium simul et semel committendo, quod
est extraneum ab episcopali sanctitate. » Enquête, fol. 19.
584 P- ALPHANDERY
encore ni fugitifs ni prisonniers, demandaient que le meurtrier
sacrilège fût pmii, Louis de Poitiers ne tint aucun compte de
leur requête'.
Ainsi Louis de Poitiers avait pris au chapitre ses franchises
et ses revenus ; il faisait emprisonner, il laissait même tuer
impunément les serviteurs et les vassaux du chapitre. Sur le
clocher de Saint-Alammès, sur le grenier et le cellier qu'ilavait
fait piller, sur les portes et les tours des maisons soumises à la
haute et basse juridiction capitulaire, il lit placer son étendard
(( lanquam victores capta praeda, quod cedit in Dei et sancte
)) ecclesie ignominiam' ».
Cependant, lorsque leur première stupeur se fut dissipée, les
chanoines commencèrent à se concerter sur les moyens de
sortir d'une situation si critique'. Le chapitre était sous la
sauvegarde royale : ce fut donc au roi qu'ils s'adressèrent
d'abord. Le procureur du chapitre se rendit sans doute à Pa-
1. Enquête, /. cit.
2. « Dictus episcopus, per suas gentes et malos ministros, vexilla ipsius
episcopi supra ipsam eeclesiam Lingonensem et in campanilibus ejusdem,
ac si victoriam hostilem superasset, ac super granarioset celarios ipsorum
decani et capituli existentes infra immunitatem et iibertatem ecclesiasti-
corum apposuit et fecit apponi. — Item dictus episcopus, per suas gentes et
ministros, apposuit et fecit apponi super plures portas et turres que sunt ipso-
rum decani et capituli et in ipsorum altam et bassam juridictionem, Iiberta-
tem et justiciam ipsorum decani et capituli. . . » Enquête, fol. 19. — « Super
portas claustra de campellis — de submuro, gens ea rebellis — signa fixit
que presulin bellis — fert; ob hocplebs stupebat inbellis. » Poème lat.anon.,
fol. .52 i'\ Néanmoins, à voir les mesures de prudence que prenait, au même
moment, Louis de Poitiers, il semble bien qu'il ne se soit pas fait d'illusions
sur la durée de sa victoire et de son impunité : « Per plures noctes per
ipsum claustrum excubias cum armisapparatis fecit etfieri mandavit. » En-
quête, fol. 19. — « Velud castrumgens illa bellica — loca munit occlesiastiea;
— porta templi non erat aliqua — que non foret manus terrifica. » Poème
lat.anon., fol. .50 r°. Les gensdel'évêque n'avaient d'ailleurs pas tardé à trans-
former la cathédrale en corps de garde: comme eux, les nouveaux chanoines
réunis par l'évêque s'étaient armés, de crainte de quelque surprise :« Hora
misse super altaria — arma sua portabant varia — pontificis gens teme-
raria — manensibi qualibet feria... » Poème lat. anon., fol. 52 r°.
3. « Hinc colligit sese ad invicem — in seeretis contra puntificem —
capitulum... » Poème lat. anon., fol. 52 v\
LE l'IlOcÈS Dt: LOLIS DE l'OiriEKS 585
ris' pour exposera Philippe Vies griefs des chanoines de Saint-
Mammès contre leur évoque. Les torts de celui-ci étaient
évidents, mais le roi pensa qu'un simple avertissement sulhrait
à le ramener au respect des libertés et des biens du chapitre.
Louis de Poitiers refusa tout accommodement ; il ne croyait
pas être sorti des limites de son autorité ; le pape lui avait
confié l'église de Langres, il n'en voulait rien abandonner à
d'autres'. En présence du mauvais vouloir de leur évêque, les
chanoines, par l'intermédiaire de leur procureur, l'accusèrent
alors devant le Parlement de Paris, et son procès commença
dans les derniers mois de 1320.
D'ailleurs, le chapitre ne se Borna pas à soumettre sa cause à
la justice royale. Plusieurs de ses membres allèrent, en môme
temps, porter leurs plaintes devant Jean XXIP. Mais ce ne fut
1. « Cuui in curia nostra, tempore doinini gerniani iiostri novissinie
defuncti, noster, pro jure régis, et dilectorum nostrorumdecani et capituli
ecclesie Lingonensis, procuratores proposuissent, dictorum videlicet decaiii
et capituli procurator denunciando, protestacione prehabita quod ad
penam sanguinis non intendebat, quod... » Acte du Parlement, loc. cit.,
p. 4G1. — « (Capituluni) poseens ad iuvieem — manum régis sibique
judicem; — canonici sese regalibus — subjecerunt in temporalibus — ut per
regem possent in omnibus — restitui possessionibus. — Hos recepit rex
venerabilis — tanquam custos insuperabilis ; —tune peripsos datur presuli
lis, — coram rege, satis odibilis. » Poème lat. anon., /. cit.
2. (( Rex mandavit tune ipso presuli — super pace sui capituli, — sed hii
tanquam féroces, seduli, — objiccrunt quod euncta retuli. — Hec, virtute
juris communis, se — atîlrmabat pontifex fecisse, — dicens papam sibi
concessisse — ecclesiam. » Poème lat. anon., loi. 52 v° et 53 r".
3. « Parisius arripiunt iter — et ad papam pergunt similiter. » Poème lat.
anon., fol. 53 v". Au sujet de ces démarches du chapitre auprès de la cour de
Rome, on lit dans l'ouvrage de l'abbé Mathieu : « Les chanoines deLangres
envoient en 1320 une circulaire à plusieurs chapitres de France, entre autres
à ceux de Lyon, de Besançon, d'Autun, de Mâcon et de Châlons.Tous font
cause commune et s'assemblent à Sainte-Geneviève de Paris pour délibérer ;
ils portent leurs plaintes au Saint-Siège; les chapitres de Chartres et de
Rouen prennent aussi part à cette affaire et écrivent au souverain pontife :
(op.cit.,p.V33). L'abbé Roussel (op. cit., p. 112) parle de même d'une action
commune des chapitres de Langres, Lyon, Besançon, Autun, Mâcon et
Châlons, sans mentionner la participation des chapitres de Chartres et de
Rouen. Nous n'avons trouvé, ni dans le poème latin anonyme, ni dans les
Moyen Age, t. XIIL 34
586
l\ ALlMIANltKHV
qu'au début de janvier 1.351 que le pape désigna deux com-
missaires, les abbés de Cluny et de Baume, pour faire une
enquête sur les causes du conllit dans le pays même où il avait
éclaté'. Or, dans le courant du mois de novembre 1320, la
situation de Langres s'était encore aggravée.
Le Parlement avait commencé par mener l'instruction du
procès avec une lenteur funeste aux intérêts des chanoines qui,
nous l'avons vu, subissaient chaque jour de nouvelles spolia-
tions'. De plus, Louis de Poitiers s'était fait représenter devant
la cour royale par un procureur qui souleva tout de suite un
cas do nullité: Tévêque de Langres était pair de France, et l'on
devait user, dans une affaire où il était partie, d'une procédure
exceptionnelle'. Comme le chapitre avait trop à souffrir de
ces retards, le roi avait décidé d'y mettre un terme, et deux
autros textes conteuipoi-ains que nous avons eus à notre disjiosition, rien
qui iniliquât que les chanoines eussent essayé d'intéresser d'autres chapitres
à leur cause. La lettre par laquelle Jean XXII l'épond à leurs plaintes,
leur est personnelle et ne contient aucune allusion à une requête collective.
Le premier historien des évêques de Langres, Claude Félix, n'en parle pas
non i)lus.
1 . Les registres de Jean XXII n'ayant pas encore été publiés, c'est à l'obli-
geance de M. René Poupardin, membre de l'École française de Rome, que
nous devons d'avoir pu prendre connaissance des trois actes de la chancellerie
lîontificale relatifs au procès de Louis do Poitiers. Ces actes se trouvent, le
premier, Reg.71, fol. 261 v%n" 293,1e second et le troisième, Reg.71,fol.262,
n" 293 III. Parle premier, le pape annonce à Louis de Poitiers qu'il envoie
dans son diocèse deux commissaires, les abbés de Cluny et de Baume (et
non de Beaumont comme le disent l'abbé Mathieu et l'abbé Roussel). Le
second est envoyé aux deux abbés pour les charger de leur mission. Le
troisième, qui reproduit à peu près textuellement les termes du premier,
avise les chanoines de Saint-Mammès de l'iirrivée prochaine des commis-
saires pontificaux. /
2. «Palacii lis coram magistris— regaliuni jui-ium ministris, — discutitur
liée verbis sinistris — registratis in régis registris. » Poème lat. anon.,
fol. .'Î3 V".
3. «Dicti episcopi procuratore ad premi^sa vocato et présente et plurcs
raeiones ad ipsius episcopi exeusacionem dumtaxat proponente et dicente
dictum episcopum esse parem Francieetob hoc ipsum non esse sufficienter
vocatum nec eumdem extra PallamcnUnn super hoc respondere nec
ulterius procedere debere. » Acte du Parlement, /oc. cit., p. 462. Ce procu-
reur était Jean de Nuiz (Enquête, fol. 15).
Ll^ l'KOCKS |)K I.OLIS IJK l'OlTlEUS 587
commissaires, accompagnés de deux notaires royaux, avaient
été envoyés à Langres afin d'y faire une prompte enquête\
Les commissaires rassemblèrent d'abord les membres du
chapitre qui s'étaient dispersés, les ramonèrent à Langres, puis,
solennellement, en présence de la foule des habitants de la
ville, ils déclarèrent que le chapitre, les clercs^ prêtres, cha-
pelains, familiers et serviteurs de la cathédrale étaient sous la
garde du roi et que l'on s'exposait, en portant la main sur leur
personne ou sur leurs biens, à toute la sévérité de la justice
royale. Après cette démonstration, [ils lurent en présence de
l'évèque le texte de leur commission* : le roi enjoignait à Louis
de Poitiers de rétablir les chanoines dans leurs dignités pri-
mitives, de leur remettre les clefs de la cathédrale, d'en faire
ouvrir le trésor et délaisser le chapitre y reprendre ses biens\
Ainsi, avant même que Tenquête eût été commencée, le roi
semblait reconnaître le l^ien fondé des plaintes du chapitre et
1. « Prodiela cui'ia, «'lliii pi-oeuratiir dicti opis('(>pi petita ot roquisita
pcp dietos pi'Oeiiratores deleiidere nollet née ultoriiis procederc in
jjreniissis, tam gravia tanique detestabilia et ncphanda crimina procul
dubio in superioi-itatom et juridifionis régis prejudicium et con-
tenipiuni redundancia, eonnivontibus ocnlis pertransire et inipuniter
nolens renianere, certis comniissai-iis modo et forma in eommis-
sione sujKn' hoc concessa eontentis, predicta ablata restitni et premissa ad
statnm pristinum reponi, eosdemque canonicos ex habundonti in speciali
garda suscipiendo, neenon depredictis excessibus et aliis in dietis articulis
eontentis sumraarieetde piano veritatem inquiri et inquestam conipletam
predicte curie remitti mandavit. » Acte du Parlement, loc . cit.— « Sed ut
quisqne minus lederetur — et citius rex expedirotur — voluit rox quod
committeretur — doctis per quos iactum nosceretur. — Rex commisil hec
commissariis — cum duobus suisnotariis — qui faventes régis imperiis —
restaurarent pi-opria propriis. » Poème lat. anon., fol. 53 r", 54 r".
2. Le poème latin donne les noms de ces deux commissaires: ((C;il\ iniontis
lit commissarius — balivus et Jo., vir egrcgius — de Preda. » Foi., 56 i-".
3. «Sed pi-esule primo requisito — quod poneret in statu debito — capi-
tulnm expulsum subito — a propriiset sine mérite, — requiritur ut elaves
tiaderet — eeclesie que vini repelleret, — apperire thesaurum faceret —
bona sua quod quisquis caperet...» Poème lat. anon., fol. 54 r". Les commis-
saires, dès leur arrivée, avaient dressé l'inventaire des biens pris aux cha-
noines : Poème lat. anon., loc. cit.
588 p. Ai,iMi.\NDi':i;v
la culpabilité de l'évêque. Néanmoins, lorsqu'on lui eut lu
Tordre royal et après qu'on lui en eut remis une copie\ Louis de
Poitiers répondit qu'il obéirait, bien qu'il se considérât comme
le légitime propriétaire des biens que réclamaient les cha-
noines'. Au dire de Tauteur du poème latin anonyme, les
gardes que l'évêque avait placés en garnison dans l'église de
Saint-Mammès se seraient enfuis en apprenant l'arrivée des
commissaires royaux'; mais, dès le lendemain (26 no-
vembre 1320)*, Louis de Poitiers changea d'attitude : il refusa
nettement d'ouvrir au chapitre ces nouvelles portes de la cathé-
drale qu'il avait fait garnir de poutres et de barres'. A grand'-
peine on parvint à les enfoncera coups de maillets de fer, sur
l'ordre des commissaires royaux, tandis que, devant l'église,
les chanoines attendaient anxieux^ Ils savaient que ce retour
1. Acte du Parlement, lor. cit.
2. «Fit presulis talis respontio — duni locta sit Iionini coiiiinissio —
quod pareret régis imperio, — quanivis esset sua possessio. » Poème lat.
anon., fol. 54 r°.
3. « Tune presulis cm lies scutiferi — qui in templo erant et ceteri —
cxierunt cum pedeceleri — ne darentur regio carceri. » Poème lat. anon.,
fol. 54 r\
4. Bien que le procureur du chapiti'e, dans le récit de ces événements devant
les commissaires pontificaux, ne tasse pas une seule fois allusion à la venue
des commissaires royaux, il semble impossible de ne pas admettre que son
récit se rapporte aux mêmes faits que ceux qui sont contenus dans les consi-
dérants de l'arrêt du Parlement (Acte du Parlement,, loc. cit., p. 462).
Presque tous les détails, des expressions même, sont identiques dans les deux
documents.— D'après les procureurs du chapitre, ces événements eurent lieu
le lendemain de la fête de sainte Catherine, le 26 novembre 1,320 par con-
séquent. La veille de la fête, les chanoines auraient demandé à l'évêque
l'autorisation de rentrer dans la cathédrale : non content de la leur refuser,
l'évêque aurait fait doubler le service de garde aux environs des portes de
l'église, de crainte que les chanoines n'y pénétrassent malgré lui (Enquête,
fol. 20). L'acte du Parlement n'indique pas de date.
5. « Dictas portas que cum magnis fustibus et barris erant (irmato. » Acte
du Parlement, /oc. cit., p. 462. — «In crastino parère noluit, — claves templi
prebere renuit. » Poème lat. anon., fol. 54 r".
6. Acte du Parlement, loc. cit. — « Sed gens régis jiortas apperuit —
ecclesie sicut apparuit ; — decanus et canonici stabant — ante templum ;
illud expectabant — apperiri sic sit ut optabant — quod régales eis limcn
dabant. » Poème lat. .-mon., fol. 5iv".
LE PROCÈS DE LOfIS DR POITIF.nS 589
SOUS la protection des agents royaux allait attirer sur eux toute
la colère de l'évcque ; aussi leur rentrée fut-elle d'une singu-
lière humilité'. Le procureur du chapitre qui déposa devant les
commissaires pontificaux et qui, visiblement, tient à [)rouver
que les chanoines, dans leur conflit avec l'évêque, n'ont jamais
enfreint la discipline ecclésiastique, insiste sur leur attitude
soumise et pieuse au moment où ils reprirent possession de leur
église: «In habitu decenti cum capis et aniuciis et supelliciis
» decentibus, dévote intraverunt ad chorum dicte ecclesiecum
)) humilitate, se trahentes ibidem, orationes emittentes sub
» emissa voce'. » Tandis que s'enfuyaient les moines, prêtres et
clercs réunis par l'évêque en l'absence des chanoines, ceux-ci
arrivèrent ;i la porte de la salle capitulaire' et, a curialiter et
sine violencia », demandèrent qu'on leur en ouvrit les portes.
Ils se heurtèrent â un refus : c'était, en effet, Jean de Nuiz qui
avait reçu pour consigne de les empêcher de pénétrer*. Déjà
les gensdu roi s'apprêtaient à venir à leur aide, lorsque se pro-
duisit un coup de théâtre : une troupe armée fit irruption dans
l'église.
L'évêque, en effet, n'avait pas tardé à être informé de l'entrée
1. « Tune iu templum, apertis l'oribu«, — canouici cum sacerdotibus —
intraverunt et, flexis genibus, — oraverunt devotis precibus. » Poème lat.
anon., loc. cit.
2. Enquête, fol. 20.
3. « In codem instant! dicti decanus et capitulum ad portam loei in que
consueverunt capitulum tenere, de communi assensu procedente.s, ipsum
locum, causa negociandi et capitulandi, intrare crediderunt, suo jure uti
Aolente.s. » Enquête, fol. 20. — « Pervenerunt hinc ad introitum,— capituli
ferentes habitum — ut intrarent intus ad libitum.» Poème lat. anon., fol. 34 v°.
4. <( In hac parti; dictus episcopus nepharie, violenter et sacrilège, per
suas gentes, videlicet per Johannem de Nuciaco, procuratorem suum, et per
offlcium suum excessum Lingonensium hostiarum dicti capituli seratum
tenentem et clausum introitum debitum et ingressum... decano et capitulo
injuste et inhumanitor deuegavit et denegari fecit... » Enquête, fol. 20. —
« Ante hostium capituli, ad instanciam dictorum decani et capituli requiren-
ciumdictos commissarios ut hostium dicti capituli facerentapperiri,predicti
commissarii, unacum dictis decano et capitulo venissent et ibidem forent.»
Acte du Parlement, loc. cit., p. 452.— « Sed hoceis fuit prohibitum;— gens
presulis limon prohibuit. » Poème, lat. anon., fof. 34 v".
590 r. ALPiiAxnKiîY
dans la cathédrale des commissaires royaux suivis de tout le
chapitre. L'auteur du poème latin anonyme, assez avare ce-
pendant de narrations pittoresques, décrit avec quelque couleur
kl scène qui se passa à révcché lorsque Louis de Poitiers y ap-
prit ces mauvaises nouvelles, a A ce moment, Tévêque était à
)) table, et avec lui ses fidèles, assez nombreux. Il leur dit,
» la main étendue : a C'est vous que je charge de me défendre.))
» Alors chez les chanoines auxquels, à ce moment, on refusait
)) l'entrée du chapitre, se répaijdit la crainte soudaine d'un
» massacre général et chacun gagna les portes de l'église. Car
)) les gens de l'évêque, abandonnant leur festin, avaient saisi
» c|ui une épée, qui un bâtonnet couraient vers la salle du chapitre
» en chassant devant eux la foule hors de l'église'. » Peut-être
ne faut-il accepter ce récit que sous réserves. Il est invraisem-
blable que l'évêque n'ait compté que sur un moment d'enthou-
siasme de ses fidèles pour chasser de l'église les chanoines et
les commissaires royaux : il est beaucoup plus probable que
cette attaque fut préméditée. D'après le procureur du chapitre,
ce fut une véritable petite armée qui sortit de l'évêché pour
envahir la cathédrale et y commettre de nouvelles violences :
In eodem instante.. . idem episcopus, per se seu per alium suo
nomine ipso ratum habente, magnam multitudinem gentium arma-
torum scilicet militura scutiferorum ballivi, valletorum et garcionum
de familia seu vestibus dicti episcopi existentiuni-, lune de domo
ipsius episcopi exeuntiuni et, expostfacto, ad eandem redeuntium,
cum armis, fustibus et gladiis patentibus, ipsam ecclesiam Lingonensem
ingredientium et claraantium dictis decano etcapitulo et cuilibet eo-
rumdem: « A la mort! à la mort! Vuidiez, vuidiez! A eus! a eus!
Fuiez, fuiez ! » qui predicti armati injuriose et contumeliose versus
ipsosdecanum et capitulum et alios presbiteroset clericos dicte ecclesie
se flectantes, eosdem vocando, percutiendo, boutando et ad terrani
1. Fol. 54v"-.55 r°.
2. « Extititquod prefati episcopi gentes, servientes, ministeriales et fami-
liares nonnulhque alii milites, domicolli ae valleti, eoriim complices in hac
parte, de domo dicti episcopi exeuntes, cum ai-mis proliibitis et appareii-
tibus, magna multitudine gencium coadhunata. . . » Acte du Parlement.,
loc. cit.
i,i': PKocKs i)K i.ons de l'orni-.us 501
viliter prosternendo et plures eorum pedibus conculcando sacrilège et
aliquosde ensibus vulnerando usque ad eff usionem sanguinis,capa.s et
vestes eorum disrurapendo et ipsos de dicta ecclesia cum gladiis et
fustibus prcdictis, violenter et judayce, in Dei opprobriuni et sancte
Doi ecclesie contemptum et ipsorum decani et capituli et totius cleri
ecclesie servientis injuriam et conturaeliam, sacrilège irruerunt'. »
Dans cette poursuite, où les gens de l'évêque frappèrent indis-
tinctement clercs etlaïqucs, chanoines et fonctionnaires royaux*,
il n'y eut cependant qu'un meurtre : Jean de Chaumes, cha-
noine de Saint-Mammès, mourut quelques jours après des coups
qu'il avait reçus'. Mais le nombre des blessés semble avoir été
assez considérable : parmi eux se trouvait un notaire royal qui
fut frappé de coups d'épée à la tête et plusieurs prêtres ou
1. Enquête, loi. 20. — « Médiocres, parvos et divites — tractaverunt maie sa-
tellites, — arniigeri siuuil et milites ; ^canonicos ledi non dubites... — Atro-
citer dicta turba ferox — •conculcavit plures presbiteros, — ecclesie; ... — •
implentes régis missa jura — conculcavit honiinum pressura — qui, verbera
sustinentes dira, — fugiebant prosalutis cura. — Congressui tune canoni-
corum, — cum decano requirentes chorum — absconderunt per umbras
locorum — ecclesie, metu gladiorum ; — perterriti omnes etîugerunt ; —
canonici capas admiserunt — quam ])lurimi,sed sic evaserunt — quod apertis
portis invenerunt. » Poème lat. anon., 5.5 v". — Seuls, deux fonctionnaires
royaux restent dans l'église : « Tandem duo commissi prefati — existentes
multum stupefacti, — expectantes finem hujus facti ; — exclauduntur in
templocoacti, — horum quisquevidens hosexcessus. . . » Poème lat. anon.,
loc. cit.
2. « Personis dictorum commissariorum offlcium eis eommissum exer-
centibus, ad terrara projectis et pereosdem podibus conculcatis. » Acte du
Parlement, loc. cit., p. 462.
3. " Quod, occasione et ratione predictorum insultus et violencie sic in
ipsam ecclesiam lactarum per predictos armatos, per oppressiones, con-
culcationes et verbera eorumdem quidam canonicns ejusdem ecclesie et
sacerdos, dominus Johannes de Chaumes nomine, occasione predictorum,
mortis infirmitate ex predictis oppressus, post paucos dies viam universe
caruis est ingressus, quod et idem dictus canonicus in suis extremis est con-
fessas. «Enquête, fol. 21. « Sed inter ceteros (presbyteros) — J.deChaumis
presserunt humeros. — Licet esset nobilis et fortis ; — pro verbere predicte
cohortis, — duxiteum perostia mortis. — Et hoc quidem dixitin supremis —
verbis suis, loquens in extremis : — «Per te, Deus, qui cuncta redemis... —
Sic spiritus ejus ro([uie\ifc. » Poème ial. anon., fol. .55 r".
592 p. ALPIlANDÉnV
serviteurs du chapitre « qui furent blessés jusqu'au sang^ ».
Immédiatement après ce coup d'audace, révêque fit de nouveau
garnir de fer les portes de la cathédrale et y rétablit un service
de garde".
En un tel état de clioses, les commissaires du roi restèrent-
ils à Langres et continuèrent-ils leur enquête ? L'acte du Parle-
ment qui retrace les grandes lignes de l'affaire avant le juge-
ment ne fournit aucun renseignement à ce sujet. L'auteur du
poème latin anonyme dit que les agents du roi persistèrent à
faire l'inventaire des biens du chapitre et ne laissèrent pas d'ap-
poser des scellés sur les portes de la cathédrale \ Quant aux
chanoines, ils demandèrent encore une fois à l'évoque de les
autoriser à rentrer dans l'église pour y célébrer les offices après
qu'elle aurait été réconciliée : ils ne reçurentpasde réponse*.
Sur les événements de Tannée 1321, nous ne possédons, en
1. « Quod in dictoinsultu sic facto in dicta ecclesia per gentes ijosius
episcopi, luit, quidam publicus notarius in ipsa ecclesia existens, per pre-
dictas gentes episcopi percussus de gladiis violenter in capite cum magna
sanguinis effusione, et quidam alii vulnerati ad efîusionem sanguinis infra
dictam ecclesiamLingouensem émanantes. «Enquête, fol. 21. — «Quemdam
tabellionem regium pro scribendis actis in dicto negocio vocatum et duos
servientes dicti capituli cum pluribus personis ibidem existentibus invase-
runt, verberaverunt et letaliter vulneraverunt et in personas plurium cano-
nicorum et aliorum dicte ecclesie manus injecerunt, plura alla maleflcia et
énormes excessus ibidem committendo, prout premissa in rotulo super pre-
dictis Curie predicte tradito plenius continentur.» Acte du Parlement, loc. cit.
2. Enquête, fol. 21.
3. « A commissis in sequenti die — committuntur custodes régie — qui
hostiles noctis insidie — non intrarent portas ecclesie, » La nuit précé-
dente un marguillier de l'église était resté seul pour veiller aux portes, majs
ce jour-là : « Per hostia, per portas alias — - ecclesie tam fractas alias —
posuerunt hii seras regias. — Aperitur inde celarium — cum malleis atque
granarium ; — per balivum, per commissarium — ex inventis fit inventa-
rium; — sed ut cuncta fièrent tranquilla — posuerunt regia vexilla — super
portas, déponentes illa — que posita fuerunt in villa. » Poème lat. anon.,
fol. 55 v" et 56 r".
4. C'est le dernier grief relevé par le procureur du chapitre contre
l'évêquede Langres (Enquête, fol. 21). Dans les deux derniers folios, le pro-
cureur représente aux commissaires la gravité des délits qu'il vient d'expo-
seret l'urgencequ'il y a à les punir pourle bon renom del'Église de Langres.
l.V. PnOCKS DR LOTIS nR r'OITIFRS 593
dehors des quelques renseignements, très brefs et peu précis,
que fournissent les actes du Parlement, que le récit du poème
latin anonyme. Nous nous bornci'ons à l'analyser.
Les commissaires royaux envoyèrent au Parlement un rap-
port sur les violences commises, le 26 novembre, par les gens
derévéque. Le roi fît partir en toute hâte pour Langres un
huissier du palais \ porteur d'un ordre aux termes duquel
l'évêque devait restituer intégralement leurs biens aux cha-
noines. Plusieurs d'entre eux, que la crainte avait forcés de
s'exiler, profitèrent de l'arrivée à Langres du messager royal
pour rentrer dans la ville sous sa sauvegarde. Il se joignit aux
deux commissaires pour continuer avec eux renquête inter-
rompue'. Leur premier soin fut défaire citer l'évêque^ afin
1. Il est nommé par l'auteur du Poème, tantôt Varifjariiis tantôt VaUtn-
(/aiiiis.
2. « Scripseruut hcc facta Parisius; — rege missus est Valangarius. —
Régis erat tune hostiariu.s ; — ad Lingonas venit velocius : — hic mandatum
tulit spéciale — sibi per lies pi-olatum regale, — restaurandi totum tem-
2)orale — capitulo... — Regressi sunt pro securitate, — ejus plures e
societate — cauonici pulsi civitate — pontiflcis ex crudelitate. — Quando
venit ipse cum illis (sic), — prioribus jam commissariis — intromisit se
ipsum pi-opriis — capituli super negociis. — Calvimontis fit coraniissarius
— balivus et Jo., vir egregius, — de Preda et Varigarius — nostri régis tune
hostiarius. )) Poème lat. anon. fol. 56 r". Ce point du récit est exact: nous
voyons, en effet, par un passage de l'Acte du Parlement déjà cité plusieurs
fois, que le Parlement adjoignit aux deux commissaires un troisième fonc-
tionnaire: « Dicta curia prefatis commissariis et cuidam alii quem eisdem
adjunxit, certis modo et forma mandavit, quatinus in et super premissis
certis modo et forma procédèrent et de eisdem et tangentibus predicta
veritatem iuquirerent summarie et de piano et inquestam perfectani cum
tocius instructione negocii Curie remitterent judicandam. Qui quidem
commissarii aut duo ex ipsis, cum hoc eis liceret. virtute quarumdam
litterarum aliarum eisdem diroctarum continencium quod duo, absente
tercio et non expectato,commissum eis negocium ëxequerentur... » Acte du
Parlement, loc. cit., p. 462. Nous ne ix)ssédons pas l'acte par lequel le troisième
commissaire fût nommé, ni celui par lequel était renouvelée la com-
mission des deux officiers royaux envoyés dès le début du conflit. Le premier
acte relatif au procès de Louis de Poitiers que nous trouvions dans les
registres du Parlement est celui que nous avons cité plus haut (p. 57L
note 1).
ÔJ)! p. AI.I'IIA.NKKKV
qu'il assistât à l'ouverture des portes du trésor sur lesquelles les
scellés avaient été apposés par son ordre. Il ne vint pas, n'envoya
personne: les commissaires du roi ouvrirent alors les portes du
trésor, et les chanoines s'aperçurent avec plaisir que rien n'en
avait été soustrait; a Capitule fuit valdegratum — dum thesaurum
vidit reservatum \.. ». Puis les commissaires s'occupèrent de
rétablir le service religieux, ou tout au moins co qui en pouvait
être rétabli tant que la cathédrale n'était pas réconciliée. Long-
temps les cloches étaient restées muettes: pour la fête de la
Purification, elles recommencèrent à sonner. De nouveau les
offices furent célébrés, mais seulement dans une chapelle, car
l'église restaitsouillée; enfin des portesfurent installées àgrands
frais à Saint Mammès pour remplacer celles qu'avait fait
abattre l'évèque^
Cependant l'enquête était activement poussée. Le procureur
de l'évéque fut longuement interrogé sur tous les articles de la
liste de griefs dressée par le Parlement d'après les plaintes des
chanoines contre Louis de Poitiers. De part et d'autre, d'in-
nombrables témoins furent entendus: « Non fuerunt verba tôt
audita — in hominis cujuslibet vita. » Toutes les dépositions
furent transcrites par des tabellions royaux qui en placèrent le
1. « Hii très viri presulem citari — fecerunt. . . resecari — hostiorura
videret thesauri — que fecerat ipse sigillari; — qui non venit nec aliquem
misit ; — apperitur per hos quos rex misit — thésaurus ; tune nil intus
amisit — capitulum horumque dimisit. — Capitule fuit valde gratum —
dum thesaui-um vidit reservatum — quicquid ei-at intus commondatuni;
— fit quilibet redditumet datum » Poème lat. anon. , fol. 56v".
2. (( Signum quod, in noctis crépuscule^ — pulsabatur nuper pro populo,
— lîulsatum est dando capitulo — dominium régis articule. — Insabato-
Purifîcatio — nis fuit data pulsatio (sic) — que fuerat diu silentio (sic) —
propter factum de que fit mentio; — horarum fît temple specialis — pulsatio
utres temporalis — cantus horumque spiritualis — in capella (fuit) hespitalis.
— Ecclesia stante violata, — officia sunt ejus parafa — in capella mode no-
minata — donec fuitreconciliata. — Censequenter nova refectio — portarum
fit, régis imperio. — Construitur ipsa cum expansis — refectio portarum im-
mensis — quaspontifex .selvit Lingonensis.» C'est sans deuteavec l'amende
infligée plus tard à Louis de Poitiers que furent payés les frais de cette re-
construction.
i.i; im;()( i;s m-: \.o\ \< di: i'oitii-.iîs ."■»;),-)
procès-verbaux dans un sac bientôt plein'. A mesure que l'ins-
truction de leur affaire se poursuivait, les chanoines ren-
trèrent peu à peu dans leurs biens. On leur accorda, pour le
vin et le blé que leur avait pris Tévêque, une somme propor-
tionnée au dommagequ'ils avaient subi. Tous les biens, meubles
et immeubles, saisis par Louis de Poitiers et ses gens,
furent replacés sous la garde du roi. Afin de les protéger
contre toute nouvelle attaque de l'évêque ou de ses suc-
cesseurs, on fit peindre sur les nouvelles portes les armes
royales'. De plus, le chapitre de Saint-Mammès redevint
seul maître dans son église; les Jacobins, sur Tordre de l'évêque,
y étaient venus célél)rer les offices: il leur fut interdit de con-
tinuer, et, malgré les menaces de l'évêque, ils ne cherchèrent
plus à empiéter sur le domaine spirituel des chanoines de la
cathédrale'.
Mais Louis de Poitiers ne se tenait pas déjà pour battu: il
essaya de faire tomber les chanoines dans un piège; à plusieurs
reprises, il les cita à comparaître devant lui. Soit par crainte,
1. « Hii tractabaiit quocoiniiiissioni ; — com parère propter archidiaconi
— magni doiiio, utiles et boni, — iitriusque partis racioni, — consiliuni
presulis querulum — qiiaqua die refereiis rotulum. — Comparebant contra
capitulum, — pre commissis implendo saculum. — Opus hujus describo
saculi : — ponebantnr intus articuli, — instrumenta litis et rotuli —
pontificis atque capituli. — Procurator i^^sius presulis, — infinitis loguni
oraculis, — querobatur super articulis — a curia missis in rotulis. — Iliuc
et indeprotestationes — protestatur allegaeiones, — allegantur atque raciones
— roborate per tabelliones ; — non fuerunt verba tôt audita — in hominis
cujuslibet vita. — Sed hec faeta fuerunt hec ita ; — instrumenta fiunt
infinita; — multos testes h ii inquisltores — receperunt. . . » Poème lat.
anon., loi. 57 r".
2. (( Super vino capto celario — et Irumcnto capto granario, — facta luit
certa taxatio, — utoptabant tempus et racio.— Tandem vina, res etmobilia
— pontificis capta familia, — tam in villis quam in finagia, — restau-
rantur in manu regia. — Super portas imponitur egis, — utrobique pictis
armis régis. — Ne terreat ares sui gregis, — pastor novus, ut hic de quo
legis. » Poème lat. anon., i" ôly".
3. « lulilbitum fuit Jacobinis — ut cessarent omnes a divinis; — non
cessarunt monitis et minis — quin vacarent missis matutinis. » Poème
lat. anon., fol. 58 r".
596 P- ALPHANDKRY
soit par fierté, aucun ne se rendit à ces convocations, et chaque
fois révêque fit prendre acte de leur absence. ïl espérait ainsi
les placer^ à leur insu, dans la situation de rebelles et n'avoir
plus qu'à les priver légalement de leur dignité. Un jour enfin,
il exigea qu'ils comparussent devant lui, afin de prouver l'au-
thenticité de leurs franchises. Non seulement aucun membre
du chapitre n'obéit à cette injonction, mais plusieurs d'entre eux
se rendirent de nouveau auprès du pape pour lui faire part de
l'étrange situation où les plaçait le caprice de leur évoque \
L'auteur du Poème latin anonyme dit prudemment en cet
endroit : « Hec notavi qu?o scire potui, » et, en effet, il semble
ignorer que, dès les premiers mois de l'année 1321, les com-
missaires pontificaux étaient venus à Langres pour y faire
une enquête ou, tout au moins, avaient chargé le procureur
du chapitre de leur fournir le relevé très complet de tous les
faits reprochés par les chanoines à leur évoque ' ; ce document
dont nous nous sommes servi pour toute une partie de cette
1. «Canonicoscitavitpluries; — presiil horam, presul, repériez — fiuisluerit
dum venerat dies — nisi templi vel claustri paries. — Non audebat vel
dedignabatur — comparere quando citabatur ; — capituliim sic reputabatur
— eonlumax ut ei videbatur; — nam pontifex, per talem defectum, — capi-
tuluui sperabat ejectum — urbe, sed sic est ad hoc provectum, — quod non
venitpresulad etiectum. — Hos monuit presulut parèrent — sibi,coram suis
comparèrent — etlitteras suas exhibèrent, — quis exemptos sicessedocerent.
— canonici presuli parère — in aliquo suo noiuere, — neque coram suis com-
parere ; - sed ab ipsis tune appellavere : — Appellaruntde monitione — sibi
factapro exemptione — per presulem sine racione. — Prosequentes appella-
tionem, — declinarunt juridieionem — presulis, et ob banc racionem —
pervenerunt ad Avinionem. «Poème lat.anon., fol. 58 r".
2. Ce relevé qui peut être considéré comme renfermant les résultats d'une
première enquête, est présenté sous forme de requête adressée aux commis-
saires pontificaux pour obtenir justice, après qu'ils auront instruit eux-
mêmes le procès : « Predicti decanus et capitulum seu procurator ipsonim
nomine... vos supplicant quatenus de predictis omnibus et singulis velitis
vos ad plénum celeriter, prout vobis datum est in mandatis, diligenter
informare et que inveneritis ipso domino sanctissimo patri summo pontiflci
rescribere et referre. » Enquête, fol. 22.
LE PUOCKS DE LOI IS DE POITIERS 597
étude, doit èti'c du carême de l'année 1321 ', mais ce ne fut
qu'en août que le pape se décida à agir.
L'auteur du poème latin résume en une brève formule la
matière du message qu'envoya le pape à Louis de Poitiers :
« Ablata tu redde, ne privem te '. » Pourtant, ce message ren-
fermait des prescriptions plus détaillées : Tévôque devait rendre
aux chanoines ce qui leur appartenait; de plus, et c'est sans
doute là le trait essentiel de la bulle, les évéques, à dater de
ce jour, ne devaient plus s'ingérer dans les affaires des cha-
noines; enfin l'église devait être réconciliée. Un évéque, celui
d'Autun ou celui de Màcon, fut chargé de remettre cette bulle
entre les mains de Louis de Poitiers, mais en chemin il fut
arrêté par des voleurs, dépouillé de tout ce qu'il portait, sauf de
la bulle (|ui, par un miracle, lui fut laissée. Il arriva à Langres
et la cathédrale fut réconciliée au début de l'hiver, le jour de
la fête de saint Aignan '.
1. «Dicti decanus et capitulumcum cleroejusdem ecclesiein ipsa ccclesia
non ausi fuerunt nec audeant in presenti et potissiinc in hoc sancto teni-
porc quadrai/csinudiin quo cessare débet eis tempe«tas et perverse leniatare
suggestiones in ipsa eeclesia lingonensi, ne in pena canonica inciderent,
divina officia aliquatenus niinistrare. » Enquête, fol. 21.
2. Poème lat. anon., foi. 58 v°.
3. «Papa jussitcuncta restitui — quibuspresuletconiplicessui — canonicos
fecit destitui. — Inhibuit tune pontificibus — successuris atque presentibus
— ne deinceps se ipsos talibus — introniittant super excessibus... —Ne
plus Dei cultus perderetur, — jussit ut reconciliai-etur — templuni papa
bullamque daretur — que Lingonis ob hoc portaretur. — Anno prime templi
iractionis — revoluto vel pollucionis, — hujus bullam benedictionis —
misit papa presulum personis : — committitur istud Eduensi — episcopo vel
Matisconensi...— Portantibus liée obviaverunt — viatores eosque ceperunt —
sibi bona cuncta rapuerunt, — prêter bullam, et sic evaserunt ; —et de bulla
quidaliud dicam, —Dei matrem scntiens amicam? — Evitando gentem
inimicam — pervcnit ad urbem Lingonicam — pro presule...— Ut com-
plerethoc sibicommissum — a quo non fit iter pretermissum, — nedicerent
se esse i-emissum, — perhibere presulem predictum, — constat templum
tore benedictum, — quod fuerat diu interdictura — templum manu sic
pontificali — dedicatum et sacerdotal! —in beati festo hyemali — Aniani,
mandate papali » (Poème lat. anon., fol." 59 r"). L'auteur fait ensuite le long
calcul du nombre de messes qui, par suite de l'interruption dans le service
divin, n'ont pas été célébrées à Saint-Mammès.
598 1'. ALl'llAM)l';i!.Y
Ce récit nous a conduit jusqu'à la fin de l'année 1321. Vrai-
semblablement, à cette époque, l'enquête des commissaires
royaux était terminée. Pourtant, le procès qui était pendant
devant le Parlement ne devait recevoir une solution que plu-
sieurs mois après. En janvier 1322, le Parlement décida de
« continuer l'affaire en l'état jusqu'au lundi après Lœtare Jé-
rusalem N). Il est aisé de deviner la cause de ce retard. Lorsque
l'enquête fut communiquée au Parlement, le procureur de
l'évêque déposa des conclusions tendant à ce qu'on la déclarât
nulle : en prévision du cas où aucune cause de nullité n'y serait
relevée, il soutenait qu'elle était incomplète et avait été menée
par des commissaires suspects : il se fondait sur ces deux motifs
pour déclarer que l'afïaire n'était pas en état ^ Peut-être est-ce
pour répondre à ces arguments et parfaire l'enquête que l'on
envoya à Langres, en mai 1322, de nouveaux commissaires,
Pierre Fauvel et Jean de Vannoise '. Quoi qu'il en soit, le Par-
1. « Causa inter episcopum Lingononsem ex nna parte et decanuni et
capitulum Lingonensem ex altéra continuata est in statu, de mandato
domini Régis usque ad diem lune post Letare Jérusalem xvni die Ja-
uuarii. » Parlement de la Saint-Martin d'hiver de l'an 1321. Greffe I.
Arch. nat. X^a, 8844, 91 r". Actes du Parlement, II, n" 6614.
2. « Ceterum, cum tradittione dicte inqueste plura ex parte dicti
episcopi fuissent proposita, ad finem quod inquesta pronunciaretur
nulla, vel si nulla non inveniretur, quod imperfecta et per commissarios
suspectes facta, et non esse in statu judicandi. » Acte du Parlement,
loc. cit., p. 463.
3. (( Karolus rex dilectis et fidelibus magislro Potro F;iuvelli, tbcsau-
rario Nivernensi, clerico, et Johanni deVannioyse, salutem etdilectionem.
Articules, tam criminales quam civiles, curie nostre traditos per procu-
ra torem dilectorum et fldelium [decani] et capituli ecclesic Lingonensi in
nostri speciali gardia existentium cum familiaribus gentibus rébus, et
bonis suis, contra locum tenentem baillivl de Monlaucon pro dileclo
nostro episcopo Lingonensi, Parisetum de l)ommar[tinoJ, (iuillolmnm,
filium Guillelmi de Montigneycprepositum dcBassey et nonnullosindictis
;ii-ticulis contentes, injurias, violencias, inobediencias, rcbellioncs, crimina
et alios excessus énormes per ipsos commissos gardiam frangendo conti-
nentes, etc. — Et committimus vobis per présentes quoad vos duo et super
contentis in eisdem ai-ticulis civilibus, et vos solus et solus et insolidum,
vocato tamen vobiscum aliquo probo viro non suspecte, de et super con-
tentis in ipsis artlculis factum criminalc tangentibus, vocatis evocandis,
LE PKOCKS DK [A)\ l> Di: l'UlIlKltS 599
lement reconnut la régularité de la procédure suivie jus-
qu'alors, rejeta les conclusions du procureur de l'évêque, et
le 17 juin, prononça contre Louis de Poitiers et ses complices
un arrêt longuement motivé \
Les spoliations et les violences dont l'évoque et ses gens
s'étaient rendus coupables avaient atteint « non seulement la
majesté roj'ale, mais, ce qui est beaucoup plus grave, la ma-
jesté divine ». Le double caractère des délits est nettement
marqué par la nature des peines ou des amendes infligées.
Voici les passages essentiels de cet arrêt qui représente la
conclusion judiciaire delà suite d'événements que nous venons
de rapporter :
Curia proniiHciavit qnod predicta dirutta, fracta et ablata, si que
restant que commissarii non fecerunt reparari, restitui et ad statum
reponi, reparabuntur, restituentur et ad statum reponentur, et super
ablatis, juraraento illorum quorum bona fuerunt ablata, taxatione
legitlima précédente, stabitur, et illa reddentur aut valor eorunidem ;
ea vero que predicti commissarii sunt super his exequti,firma stabunt,
et ordinatio quam fecerunt super predictis rcscusiendum, reparandum
et restituendum exequtioni mandabitur, appellationibus contra pre-
missaemissis non obstantibus.
Prenominatos vero Berlrandum de Turreta, pro quo tantum fiebat
nomine dicti episcopi in temporalitate dicti episcopatus quantum
fieret prodicto episcopo, GuilelmumFabre, ballivum Montis Falconis-
castri dicti episcopi et tune regentem balliviam Lingonensem in
absencia baillivi dicti loci, dictum Bourre, receptorera predicti epis-
iiiquiratis cuni qua poteritis celeritate et diligencia, etc. xvni Maii »
(Vacations de l'amice 1322. — Criniiiiol III. Arcli. Nat. X^v 2, loi. 110 r".
Actes du Parlement, II, 6827.
1. (( Nostrootdictorum docani ot capituli procuratore eanidein lanquaiu
porlectani et rite lactani petcntibus judicarl, curia predicta, dictani in-
questani, prosentibus partibus, recipions, visiscontentis in ca, attentis et
plonc consideratis prupositis ex pai-te dicti episcopi ad fines predi(.-tos,
cuni taie quidem non invenisset in ea propter quod nulla vel imperfecta
aut a personis suspoctis facta deberet reputari. » Acte du Parlement,
loc. cit., p. 463.
2. Aucun Montfaucon ne figure parmi les paroisses du diocèse de
Langres (Abbé Roussel, pp. 403-412).
(iOO 1*. Al.lMlAMll.KV
copi, Petrum Loysel, Petrum Rousselli, Seguinum Guiot, Briot de
Burgo, servientes, et Aymardum, neenon Johannem de Nuciaco,
procuratorem dicti cpiscopi, Bertrandum Castellanum de Burgo,
dictuni Moudons lalhomum cpiscopi, Johannem de Domno Martino,
prepositum de Yzonia\ item Guillelmum de Montigniaco, prepo-
situm de Basseio' et dictum Marmot, qui scelerum et dclictorum
predictorum precipui luerunt ministri, curia predictacondempnavitad
faciendum quatuor processiones modo infrascripto, videlicet quod in
festo gloriosi martyris beati Mammetis, cujus corporis reliquie in
dicta ecclesia priucipaliter colunlur, honorantur, proximo future,
cujus sancti ymago horribiliter fuit, coUo ejusdem prius rupto, in
luto projecta, de porta illa civitatis per quara intraverant eo tempore
quo ad distruendum portas claustri et ecclesie et muros portarum
venerunt, usque ad majus altare dicte ecclesie in camisiis et brachiis
solum, tenendo quilibet unum cereum ponderis unius libre in manu
ardeutem, ymaginem quandam argenti corpus dicti sancti represen-
tantem ponderis vigiuti marcharum argenti, que de bonis tempora-
libus dicti episcopatus solvetur, portabunt et in qualibet quadriviorum
inter dictam portam et hostium dicte ecclesie exitum, neenon in
introitu dicte ecclesie et coram altari, vertendo se ad chorum per in-
tervallum modicum remanebunt et omnes, unus tamen post alium,
alta vcce dicent : « Bone gentes, propter excessus et delicta per nos
commisses in majestatis divine offensam et in opprobrium atque
dampnum ecclesie Lingonensis,decani et capituli ejusdem et gardie
régis et securitatis ejusdem contemptum, bas de mandate régis fa-
cimus processiones; » et dictam ymaginem supra dictum altare ponent
et dimittent in dicta ecclesia, et in loco in quo capitulum eara ponere
et situare voluerit, remanebit; alias vero très processiones facient,
modo et forma predictis, in tribus festivitatibus annualibus inme-
diate sequentibus dictum festum Judicavitque et pronunciavit dicta
curia, attentis stilo et consuetudine curie predicte notoriis et appro-
batis, pro predictis excessibus emendam deberi quam dicta curia
taxavit pro capitule in quinque millibus libris turonensium et pro
nobis in quinquaginta millibus libris turonensium et quod temporale
dicti episcopatus tam diu in manu nostra tenebitur et explectabitur
1. Lsômes (Haute-Marne, airondissement de Langres).
2. Baissey (Haute-Marne, arrondissement de Langres). L'évêque de
Langresétait seigneur de Baissey (Roussel, /. c(7.,p. 328).
LI-: iM{0(.i:s Dit i.ons dk i'oiiikus (KJl
pereandemquousque dictisdecanoet capitulo etnobisde siimniis pre-
dictis fuerit integraliter satisfactum'.
La partie de cet arrêt relative aux processions expiatoires
semble avoir été assez exactement observée, an dire de Tauteur
du poème latin, que ce châtiment éclatant infligé aux coupables
semble avoir vivement impressionné. Aux quatre fêtes pres-
crites, Noël. Pâques, Pentecôte et fête de saint Mammès, les
complices de l'évèque accomplirent riiumiliante cérémonie à
laquelle les avait condamnés le Parlement'.
Mais, avant la Noël de 1322, les membres du Parlement
avaient été appelés à se prononcer au sujet d'une atîaire qui
était venue se greffer sur le procès de Louis de Poitiers, pro-
bablement dans le courant de l'année précédente. Jean Alarguet,
Tun des fonctionnaires envoyés par Philippe V pour faire pro-
céder àla|restitution des biens des chanoines, avait, en vertu de
ses fonctions, recpiis Jean Didot, pi'éposé par l'évèque à la garde
de la terre de Ncuilly \ de l'aider dans sesopérations de recou-
vrement pour le compte du chapitre. Jean Didot refusa brutale-
1. Acte du Parlement, pp. 463-364. Vacations de l'année 1322. 17 juin.
« Condempnatur persona presulis — l^arisius, cum suis fannilis — ad
reddendum propria querulis: — quiiic^uaginta librarum milia — pro duplice
solvet injuria — régi presul. et in ecclesia — pro emenda solvet sex niilia. —
Hec emenda persolvitur régi, — sicut potest inferius legi ; — ejus terram
precepit rex régi — per regales et redditus legi . — Sed consistunt
minimum redditum — manu régis, non imperpetuum. — sed per quoddam
tempuscontinuam ; — sic levavit rex debitum suum. » Poème lat. anon.,
fol. 60 r°. L'auteur du poème anonyme est moins exact lorsqu'il dit:
« Quindccimo kalendas Julio — testante fît condempnatio. »
2. « Procederunt hii nuda capita — circa templi clamentes compita, —
propter sua passuri mérita — hane emendam que fit insolita. — Hec ymago
que fit argentea — ecclesie datur, propterea — quod commisit pontifex in
ea — violenter manuque ierrea. — Mirati sunt procedentes eam — ymagi-
nem latam argenteam — per personam quondam ydoneam — supradicte
fractionis ream ; — nomen cujus ibi describitur — qui portare eam compel-
litur : — Jo. de Nuiz gallice dieitur. — Deus ita suo ulciscitur. » Peut-
être par prudence, l'auteur ne nomme aucun autre condamné : « Non unius-
cujusnamque suuni — nomen scripsi... — hec relinquolibro processuum. »
Poème lat. anon. , fol. 60 v°.
3. Neuilly-l'Évêque, Haute-Marne, arrondissement de Langres.
Moyen Ag", t. XIII. 35
602 !'• ALIMIANDKKY
ment, accompagnant son refus d'injures et peut-être de coups,
et interdit aux paysans de la terre qu'il gardait de remettre quoi
que ce soit aux gens du roi. Ces derniers saisirent, comme cau-
tion, quelques porcs et trois charrues, mais, au même instant,
une troupe d'hommes armés dirigée par Jean Didot se jeta sur
eux et les força à abandonner leur prise. Ils essayèrent de se
réfugier dans le bourg de Neuilly ." Jean Didot les y poursuivit,
les traitant de méchants ribauds et de voleurs, et les gens du
roi durent se cacher ailleurs pour être à l'abri de ses violences.
Les commissaires royaux le citèrent devant eux et le condam-
nèrent à une amende de trois cents livres tournois. Jean Didot
fit appel de cette sentence au Parlement qui, le 29 novembre
1322, ne fit que la confirmer '.
1. « Cum per certos commissarios a carisshiio germano uostro Ph. Frauco-
rumet Navarre quondam rege députa tos ad restitutiones faciendas plenarias
super quibusdam portis, mûris, horreis, celariis et rébus aliis in ecclesia et
clau.stro Lingonensi pergentes episcopi dicti locifraetis, dirruptiset .sublatis
in prejudicium decani et capituH dicti loci in regia speciali gardia existen-
tium et darapnum non modicum et jacturam et dicte régis gardie con-
temptum, fuisset commissum Johanni Marguet et quibusdam aliis
servientibus regiis ut ipsi dicti episcopi temporales ministres pignorarent
et compellerent pro quibusdam restitutionibus dictis deeano et capitule
faciendis per eosdem commissarios dictis deeano et capitule erga dicti
ministres episcopi adjudicatis, cumque dicti servientes accessissent apud
Nulliacum castrum dicti episcopi ob causam predictam, invenissentque
ibidem Joannem Didot prepositum dicti loci pro dicto episcopo, ipsumque
requisissent ex parte régis quatenus ipsos juvaret eosque ab injuriis et
violenciis defîenderet in faciendo pignorationem predictam quiquid pre-
positum, visa eorum commissione et lecta, et dum copiaretur, dictus Johan-
nes Marguet jussisset aliis servientibus regiis ut ipsi irent et pigno-
rarentur homines dicte ville, postea ipse dixit quod dicti commissarii non
habebant talem potestatem et precepit hominibus dicte ville quod sp
pignorari non permitterent et quod pignora, si que capta essent, rescus-
sarent, cumque dicti servientes ad pignorandum incederent pluresque
porcos caperent et très quarrucas, plures homines dicte ville ipsos persequuti
fuerunt cum magna multitudine et cum multorum armorum generibus, et
plures injurias, tam verbis quam factis, eisdem iiitulcrunt et dicta pignora
eisdem violenter recusserunt et, cum dicti servientes, videntes impetus et
violencias predictas, versus dictum castrum se retraherent et causa
tuitionis portas dicti castri intrarent, dictus propositus, vocans eos pravos
ribaldos et latrones, precepit eis quod festinanter portas dicti castri exirent
i.i; l'uoi l'.s i)i: i.uiis hi; i-()irii:i;.s 603
Ainsi, la cause de Louis de Poitiers et de ses complices était
définitivement perdue devant la juridiction royale ; mais
l'évoque de Langres essaya de se dérober à la justice ecclésias-
tique et peut-être y parvint-il. Le procès en cour de Rome
entre l'évèque et son chapitre se termina, semble-t-il, par un
accommodement dont les termes furent arrêtés par le pape et
le neveu de Tévêque '. Au sujet de cette solution amiable donnée
au conflit, l'auteur du poème latin anonyme se répand en
doléances ambiguës sur les progrès de la simonie *.
et eos ex imle turpiter expulit et etiam violentei-. Tandem ad instaneiam
pi'ocuratoris régis scu ejus substituti erga dictum prepositum per dictos
commissarios facta super premissis inquesta certaque die assignata ad
audiondum jus super oa, partibus aiitedictis, dicti commissarii per suuni
judiciuiu (•()iidaiiipna\eruiit dictum prepositum in ccc libras turonensium
dic'to kai-issimo germano nosti-o dandas et solvendas ; a quo judieato, tan-
quaru a falso et pravo, dictas prepositus ad nustram curiam parisienscm
appeliavit, auditisque in dicta curia dictis partibus de causa appellationi.s
prcdicte visoque processu et judicio predicto diligenter examinato, per dicte
curie nostre judicium fuit dictum dictos commissarios bene ji;dicasse,
dictumque appoliantcMn maie appellasse, et non emendabit hoc dictus
appellans ex causa, et quod predicta condcmpnatio mandabitur exequtioni.
Diepenuitima novembris.
jit% Hichardusde Bosco repoi-tavit.
(Arch. Xat , X'a 5, fol. 2 18 r" et \\~- Actes fin PdrU-nwnt, II. p. 483, n"9977).
1. (( Coram papa i)ars hec et altéra — ■ quam plurima novaque vetera, —
tam eisdem maie quam prospéra ^— litigarunt, sed inter [cetojra —
capitulum petebat expresse — hune absolvi nec erat necesse, — sed dicebat
predictus preses se — absolvendum super hoc non esse. — Contradixit hec
([uantum potuit — episcopus ; nil sibl profuit — capitulo quod judex
annuité — snpplicato papa quod plaeuit — hanc ablatam fore sontentiam —
latam per se et per familiam — ecclesie et per violenciam. — ■ Ad cautelam
presul absolvitur; —si pi-odeat sic intelligitur : — sub spe pacis queperhos
tangitur. — quod utraque pars valde luditur. — Tandem paci ])artes con-
senserunt — formam cujus scripto redigerunt; — confirmandam pape
tradiderunt. — quam tenere firmam jura\ernnt. — F'orma pacis sit 2:)ape
tradita. — Instabilis rota fortuita — proposuit primo postposita, —
postponendo tanquam preposita — per personam L. interpositam — impe-
divit pace'm] disi)ositam, — violando fidem perhibitam — erga ])acem
tenere débita m. — Postposuit pêne negocium — capituli factum conjugium
— inter papani neptemque filium — [latris dicti pi-esulis propriuni. » Poème
la t. a non., fol. 61 r" et v".
2. « O quam la bat libra judicii ! — Xunc pro summa majoris pretii —
604 !'• Al.lMlAMUOliV
Nous ignorons quelle fut, dans la suite, la conduite de Louis
de Poitiers vis-à-vis de ses chanoines. Mais un indice
permet de douter que leurs rapports se soient sensiblement
améliorés: en mai 13.23, une commission composée de Raymond
de Fieffés et de Pierre Beau fut chargée d'aller à Langres ter-
miner un différend survenu entre le procureur du roi et le
chapitre d'une part, l'évêque et quelques-uns de ses gens, de
l'autre', peut-être à propos d'un des derniers règlements de
comptes opérés par les gens du roi. Enfin, en 1325, Charles IV
prit le parti énergique de placer un autre évoque, Pierre de
Rochefort, sur le siège de Langres, tandis que Louis de Poitiers
fut envoyé à Metz, en disgrâce, par le pape'.
La ville et l'évêché de Metz se trouvaient alors dans une
période de graves difficultés intérieures et extérieures. Depuis
le mois d'août 1324, Jean, roi de Bohême et comte de Luxem-
bourg, Baudoin, archevêque de Trêves, Frédéric IV, duc de
Lorraine, et Edouard l"'', comte de Bar, étaient en guerre contre
corrumpuntur fidèles, fllii — expelluntur, régnant et impii; — sic quo-
rundam qui regunt populos — symonia pervertit oculos. » Poème lat.
anon., fol. 61 v°.
1. « Inter procuratoreni régis, decanum et capitulum ecclesie Lingonensis
ex una parte, et episcopum Lingonensem, Johannem Aubrieti, ejusdem
vicarium, Alietuni liibaldi, Petrnm, filium Clericuli, Girardum, filium
Lambeleti Soiier, Ste])l)anum, generum dicte Cliastelene, serviontem pre-
positure Lingonensis, Hanequinum, servientem ofîicialis Lingonensis,
Johannem de Humis, generum Pétri Mire de Sarreyo et eorum complices
ex altéra, facta est eorum commissio ad magistrum Reginaldum de Fieffés
et Petrura Boeau. xxvii die maii. » Greffe I. Arch. Nat. X^a 8844, fol.
160 V". Actes du Parlement, II, 7228.
2. Gallia Christiana, IV, c. 618, Gams, Séries episcop., p. 293. Cf.
Poème lat anon.:« Ecclesia Mam métis, exulta— a Domino firmissimo fulta!
— Quamvis fiât pax diu sepulta, — crescit tibi nunc gloria multa. — Ecce
causam cause (sic) letitie, — flnem quoque dicte justicie, — que divine sors
Providencie — tibi confert presulem gracie. — Ludovicus fit presul Meten
sis, — P. de Hupojorti Lingonensis. — Dat presulem rex Parisiensis. —
Hune suscipe brachiis extensis ! — Ludo litem confert et générât, — sed
P. pacem semper desiderat ; — Ecclesie fedus confédéral — quod pontifex
primus corrumperat. — Finem poenis aliani nescio — nisi qucm dat ista
translatio. » Fol. 61 v''-62 r'.
LE PROCÈS ni-: i.on.s de poitieus 605
les Messins, au sujet de fiefs et arrière-liefs acquis par ceux-ci
sur les terres des quatre princes sans leur consentement'. Déjà
les confédérés avaient ravagé les environs de Metz et forcé les
paysans à se réfugier dans la ville. A la même époque, la
mauvaise gestion des finances épiscopales par Henri Dauphin,
prédécesseur de Louisde Poitiers, la vente qu'il lit de plusieurs
de ses domaines aux confédérés, Hombourg et Remberviller
au duc de Lorraine, Vie au comte de Bar, pour payer quelques
dettes trop lourdes, mécontentèrent le clergé messin qui, à
plusieurs reprises, résista aux ordres de son évêque. Henri
Dauphin, à bout de ressources, entra alors dans la confédération
des « quatre seigneurs », tout en se faisant payer fort cher par
les Messins la fidélité qu'il feignait de conservera leur cause.
Enfin il abdiqua on 1325, laissant son évêclié chargé^de plus de
deux cent mille florins de dette.
Après un tel évoque, Louis de Poitiers, désigné par le pape
pour occuper le siège de Metz, arvant que le clergé de cette ville
lui eût même présenté un candidat, arrivait environné d'un
certain prestige. Aussi, dès qu'il fut à proximité de Metz, à
Marsal, une délégation de magistrats municipaux vint lui
rendre hommage et le supplier de faire cesser la guerre des
(( quatre seigneurs ». Louis s'y appliqua, mais il ne semble pas
qu'il eût pu réussir à faire conclure la paix sans l'intervention
d'Amédée de Genève, évêque de Toul, et surtout sans la lassi-
tude qui commençait à gagner les alliés. D'ailleurs, Jean de
Bohême les persuadait déjà d'abandonner cette guerre sans
issue. Un traité fut conclu en 1325, en présence des belligérants
et de tout le clergé de Metz, et Louis de Poitiers fut invité à y
apposer son sceau '. En même temps la commune de Metz, qui
lui attribuait tout le mérite d'un tel résultat, lui accordait une
garde de deux cents hommes d'armes et différents privilèges
1. Hist. de MeU par les Bénédictins, II, p. 522-523. "Westphal, Gesch.
der Stadt MeU, I, p. 177 et suiv.
2. Gall. christ.., XIII, col. 771. Le texte de ce traité est donné dans
les ». Preuves » de l'Hist. de Metz des frères Tabouillot (1769) d'après une
pièce des archives de l'Hôtel de ville (IV, p. 19 et suiv. ).
OOn p. Al.PHAXDF.nY
pour son clergé et ses hommes-liges'. La même année, Louis
de Poitiers recevait l'hommage du roi de Bohême qui, en sa
qualité de comte de Luxembourg, était son vassal pour les deux
iiefs do Contlans et de Lulanges '.
Après ces deux succès, Jean XXII, en janvier 1336, lui ac-
corda un induit par lequel il pouvait nommer à des prébendes
monacales dans chaque couvent, à raison d'une par couvent,
des hommes ou des femmes de son diocèse'. L'ancien éyêque
de Langres était donc rentré en grâce, mais sa situation à Metz
n'était pas exempte de difficultés. Plusieurs des terres aliénées
par Henri Dauphin ne purent être recouvrées qu'à grand'peine.
Leduc de Lorraine et le comte de Bar refusèrent de se dessaisir
de Hombourg, de Remberviller et de Vie. Jean XXII, sur les
instances de Louis de Poitiers, leur écrivit pour les engager
à remettre ces Iiefs à l'évêque de Metz. Le duc de Lorraine
rendit Hombourg et Remberviller, mais le pape dut menacer
le comte de Bar des censures ecclésiastiques pour lui faire
abandonner le pays de Vie. Encore fallut-il, avant qu'il ne le
remît, lui promettre de ne jamais exiger qu'il réparât les murs
de Vie qu'il avait fait raser'. Louis de Poitiers, découragé,
n'essaya pas de disputer aux seigneurs de Lichtenberg la terre
deNeuviller engagée dès 1307 par l'évêque Renaud de Bar, et se
contenta de mille livres qu'ils lui offrirent comme dédommage-
ment'. Au début de 1307, de nouveaux troubles éclatèrent à
Metz : certaines réformes fin^ent exigées du corps municipal ;
un mouvement populaire assez intense aboutit à la création de
l'office de «. grand maître des métiers "^ ». Le rôle effacé que
joua Louis de Poitiers dans ces luttes dut diminuer son prestige;
de plus, les finances de l'évêché étaient, depuis Henri Dauphin
1. Ce traité est donné par les frères Tabouillot, op. cit., pp. 27 à 29. Cf.
Westphal, op. cit., p. 179.
2. Hist. de Mets, II, p. 530. Gall . CluistuiiKi, l. cit.
3. Hist. de Mets, l. cit.
4. Westphal, p. 182.
.5. Hist. df'Mrtz, t. IL p. 5.31.
6. Westphal, p. 180-181.
LK l'UOCKS DE LOUIS DE l'OITIERS 607
d;ius lo plus complet désarroi ; le clergé séculier refusait le
montant des redevances et, d'autre part, le chapitre de la cathé-
drale ne rabattait rien de ses exigences. A un moment, les cha-
noines se plaignirent de ce qu'on ne leur payait pas exacte-
ment ce qui leur était dû en sel et en argent sur les salines
de l'évéché. Louis de Poitiers céda aussitôt et s'engagea à les
satisfaire avant tous les autres créanciers de l'évôché'. Mais
ces dilPicultés politiques et financières lassèrent vite Louis de
Poitiers, affaibli par la maladie. Il abandonna l'évéché de
Metz pour se retirer à Montélimar. Il y vécut quelque temps
encore, occupant ses loisirs à faire construire le château de
Puygiron. Il mourut avant la lin de l'année 1327^
P. Alphandéry.
l.Hist. do Met:;, II, ô^W. Westphal, p. 182. On voit cependant que Louis
de Poitiers tenta des réformes dans le clergé messin : à la suite d'une en-
quête, il donna un règlement aux moines de la collégiale de Saint-Thibaut,
en février 1326 (Tabouillot, Preuves, t. IV, p. 25 à 27). Les auteurs de ce
règlement sont Aubri, arcliidiacre de Metz, Armand de Cotnhis et Pierre
Guigon de Cliâteauneuf, tous deux chanoines de Langres.
2.' Westphal, p. 183.
COMPTES RENDUS
Jolin GowF.u. — The complète "Works, edited from the manus-
cripts, with introductions, notes and glossaires by G. G.
Macaulay. I. The French Works. — Oxford, Clarendon Press,
1899; gi'. in-8o, lxxxvii-5G4 p.
On savait par une notice en latin, qui émanait évidemment de l'auteur
lui-même, que Gower, le contemporain et le rival de Chaucer, avait
laissé trois grands poèmes, l'un en français, l'autre en latin, le troi-
sième en anglais, et intitulés respectivement Spéculum Meditantis
(ou, dans une autre rédaction de la note. Spéculum Hominis), Vax
Clamanti^ et Confessio Amantis. Le poème anglais, la Confessio,
était depuis longtemps célèbre; le poème latin avait été retrouvé et
publié en notre siècle; seul, le Spéculum n'avait pas été remis en
lumière et était considéré comme perdu. En préparant une édition du
poème anglais et en étudiant dans ce but l'ensemble des œuvres de
Gower, M. Macaulay acquit la conviction que le titre véritable de
l'œuvre perdue devait être Spéculum Hominis, et que Gower l'avait
changé en Spéculum Meditantis dans une rédaction postérieure de la
note, afin d'obtenir une consonance avec les deux autres titres.
M. Jenkinson, bibliothécaire de l'Université de Cambridge, signala
alors à M. M., parmi les manuscrits nouvellement entrés dans la
bibliothèque confiée à ses soins, un poème anglo-normand intitulé
Mivùurde VOmme. Les quatre premiers feuillets du poème, oîi l'auteur
était peut-être nommé, étaient perdus ; mais un feuillet contenant le
titre et un aperçu des divisions était conservé. Or, dans cet aperçu le
poème était divisé en dix parties, ce qui s'accordait très bien avec la
notice latine (primus liber (jallico sermone editua in decem dividitur
partes). Ce qui est dit de plus, dans la notice, sur le plan général de
l'œuvre s'appliquait parfaitement au manuscrit. La langue présentait
les plus grandes analogies avec les deux <i>uvres françaises déjà
GOWF.R : W OItKS 009
connues de Gower, les Baiadcs et le 2'railié. En outre, M. M. montre
que la classification des péchés du Mirour se rencontre aussi, avec
quelques légers changements, dans la Confessio Amantis, et qu'on
arri\ e au même résultat en comparant le tableau des différentes classes
sociales (^ui se trouve dans le Mirour, avec celui qu'on trouve dans
la Vox Clamantis: sans parler des nombreuses ressemblances de
détail que M. M. signale dans sou introduction et dans ses notes. Il est
donc bien certain que le Mirour est le Spéculum qu'on a longtemps
cru perdu. — Dans cette nouvelle édition, le Mirour remplit, avec les
deux autres œuvres françaises, le premier volume; la Confessio
comprendra les tomes II et III; un quatrième volume sera consacré
aux œuvres latines.
Ainsi que nous l'avons dit, le plan du Mirour est très bien indiqué
dans la notice latine : après une longue exposition, à la fois allégorique
et descriptive des vices et des vertus [de viciis et virtulibus) vient une
revue des différentes classes sociales {de rariis Jiuiu.s seculi gradibus);
enfin le poète expose comment l'homme peui seformer a dieu et avoir
pardoun par l'eyde de nostre sei(/nour Jhesu Crisl et de sa doulce
Mière (via qua peccator transgressas ad sui creatoris agnicionem
redire débet).
La première partie du poème, qui est aussi la plus longue, passe en
revue les vices et les vertus, à peu près comme dans les manuels pour
la confession, si fréquents au moyen âge; mais Gower a essayé, avec
peu de succès d'ailleurs, d'introduire, dans cette énumération un peu
de mouvement et de vie, en lui donnant une forme allégorique. Le
Diable, raconte le poète v. 203 et ss.), conçut de sa propre malice
une fille, Péché; de l'union de Péché avec son père, naquit un Jils,
nommé Mort; puis « la mère espousa son enfant», et de ce mariage
sont issues sept filles, sept Vices les Péchés capitaux . Après un
premier essai malheureux du Diable et de sa progéniture pour séduire
la chair de l'homme, le Diable donne ses filles en mariage au Siècle.
De ce mariage, chaque Vice eut cinq filles, et par l'influence de
celles-ci l'Homme fut complètement subjugué. Dieu intervint alors, et
donna en mariage à Raison sept Vertus ; chaque Vertu eut cinq filles
qui luttent désormais contre les filles des Vices. — Dans ce cadre
allégorique, l'auteur a placé une description de chaque Vice et de
chaque Vertu, avec force raisonnements et citations à l'appui; la mo-
notonie de cette partie du poème n'est relevée que par quelques
610 COMPTES RENDUS
digressions, des fables (très courtes) et quelques descriptions; le
passage le plus remarquable, au point de vue poétique, est la descrip-
tion de la chevauchée des Vices qui vont épouser le Siècle (vs. 841 ss.) :
il y a là un effort d'imagination qui peut ne pas plaire à notre goût,
mais qui n'en est pas moins remarquable. L'idée de cette première
partie allégorique n'est pas absolument originale (M. Macaulay rap-
pelle entre autres le poème, encore inédit, dans un manuscrit de la
Bodléienne sur le mariage des neuf filles du Diable, introd., p. lui),
mais le détail de cette invention compliquée semble bien sorti de la
tête de Gower ' .
La seconde partie du poème est plus intéressante : l'auteur dépeint
l'état du monde, tel qu'il est maintenant que les Vices et les Vertus se
disputent le cœur de l'homme. Le poète, dans cette partie de son
poème, qui, ainsi que le supposait déjà M. Jusserand, ressemble aux
« bibles )) françaises, passe en revue les différentes classes sociales :
clergé, rois, noblesse, bourgeoisie, menu peuple, et met à nu les
défauts de chaque classe. L'auteur qui, comme c'est la règle dans ces
sortes d'ouvrages, voit le mal et la corruption partout, est particulière-
ment sévère pour le clergé de son temps, séculier aussi bien que
régulier; la Papauté elle-même n'est pas épargnée, et la légende bien
connue du cri surnaturel qu'on entendit à Rome au moment de la
donation de Constantin au pape Sylvestre se retrouve ici (v. 18637
et ss.). L'éditeur fait remarquer que Gower, que ne semble voir dans
l'Église de son temps que des ombres épaisses, que ne traverse aucun
rayon de lumière, n'en reste pas moins bon catholique : il ne penche
nullement vers les LoUards (p. lxvi). Les allusions contenues en cette
partie du poème permettent de le dater. M. M. montre que l'œuvre
nesaurait, dans son ensemble, être postérieure à la mort d'Edouard III
(1377); un passage sur le Grand Schisme semble avoir été ajouté après
coup (v. 18817 ss.). Le fait que le poète, bien que signalant les
exigences croissantes des classes populaires, ne parle pas d'une révolte
ouverte, montre aussi que ce tableau de la société doit en tout cas se
placer avant la grande révolte des paysans de 1381 (vs. 26485 ss.).
Dans la dernière partie du poème, l'auteur montre, comment
1. Ces sortes d'allégories semblent le développement de celle, plus simple,
dont une version a été publiée par Haurcau, dans les Notices et Extraits,
XXXIII, I, 290, où le Diable est représenté comme un riche parvenu, qui marie
ses filles, les Péchés, aux diSèrenles classes de la société. Voir une étude du
même savant dans le Journal des Sacant^, 1884, p. 225.
OOWIÎI! : \V(jlîI<s Gll
l'hommi', étant pécheur, doit se retourner vers la Vierge Marie: il
raconte donc la vie de la Vierge et les miracles du Christ. Le poème,
le) que nous l'avons (quelques feuillets manquent à la fin) se termine
par une prière à Marie.
Illisible dans son ensemble {hopflefiftli/ (inreadable, d\i l'éditeur lui-
môme, p. XLvr, l'œuvre n'en contient pas moins des passages qui
sont bien tournés, d'autres qui sont intéressants pour la connaissance
de l'auteur, de ses idées et de son temps. M. M. les a en général,
signalés dans son introduction (p. liv ss.). Nous en notons ici deux
autres. D'abord cette sorte d'explication philosophique de la nécessité
du commerce, que Gower met en tête du chapitre traitant des
marchands (vs. 25189) :
Si une terre avoir porroit
Tous biens ensemble, lors serroit
Trop orguilloiise et pour cela
Dieiis esiablist, et au bon droit;
Qe l'une terre en son endroit
Del autruy bien besoignera :
Sur quoy marchant Dieus ordina,
Qui ce q'en l'une ne serra
En l'autre terre querre doit;
Four ce qui bien se gardera.
Et loyalment marchandera
De dieu et homme il est benoit.
Il serait curieux de savoir si l'auteur a tiré de son propre cerveau
cette application delà théorie des causes finales à l'économie politique,
ou s'il l'a trouvée ailleurs^. Le passage est d'autant plus curieux que
M. M. conjecture que Gower était lui-môme commerçant (p. lxiii).
Un autre passage curieux, surtout quand on tient compte de la date,
est celui où, dans le chapitre des « Chevaliers », l'auteur expose les
raisons qu'alléguaient les chevaliers quand ils partaient pour « Espruce
et Tar tarie » (v. 23901) :
« Pour los avoir je passerai »
Ou autrement : « C'est pour m'amye.
Dont puiss avoir sa druerie
Et pour ce je travailleray ».
L'auteur mentionne donc l'amour courtois comme un motif réel,
1. On trouve un passage assez semblable dans un manuel de morale néerlandais
du XV" sit'cle. Voir Tinbergen, Des Coni.nx Summe (Groningen, 1900), p. 156.
G12 COMPTES RENDUS
à côté du désir d'ôtre loué. Naturellement, il condamne ces mobiles,
tout cela n'est qu'(( orgueil et foldelil » (vs. 23986); le véritable cheva-
lier doit, avant tout, servir Dieu.
Les citations sont nombreuses, mais, comme souvent au moyen âge,
de seconde main et inexactes, M. M. a relevé plusieurs cas où la
même citation inexacte se trouve à la fois dans le Spéculum Hominis
et dans la Con/es.sio Amantis. Le cas le plus curieux est peut-être la
fable (appliquée aux homicides) de l'oiseau à face humaine qui tue
Thomme, puis, se mirant dans l'eau et s'apercevant qu'il ressemble à
sa victime, meurt de repentir [Mirour^ 5029 ss.).
Dans les deux poèmes le récit est attribué à tort à Solin. Il serait
intéressant de savoir où Gower a pris cette histoire singulière : elle
n'est pas dans le Phj/siolor/us. Peut-être le récit est-il un développe-
ment altéré de la description de la Maritichora (quadrupède à face
humaine, qui dévore les hommes), qui se trouve en effet dans Solin
(p. 210, éd. Mommsen), mais il est difficile de croire que Gow^er soit
l'auteur du développement.
Le poème est écrit dans la forme strophique qu'affectionnent les
auteurs de poèmes moraux (strophes de douze vers de huit syllabes
avec l'enchaînement aab, aab, bba, bba). M. M., qui se range du côté
des philologues qui croient à une certaine influence de la versification
anglaise sur les poètes anglo-normands du xni^ siècle [Intvod., p. xv,
XLiv), remarque que chez Gower il y a une remarquable tendance à
revenir à la correction du vrai vers français : les vers plus longs ou
plus courts que le nombre régulier de huit syllabes sont très rares. Il
reste cependant une trace de la versification accentuée anglaise chez
Gower dans l'effort visible qu'il fait pour faire alterner les syllabes
non accentuées et accentuées dans son vers, les syllabes paires portant
l'accent, bien que l'éditeur exagère (p. xlvi) la régularité constante
avec laquelle Gower applique ce système.
Mais l'intérêt capital du poème publié par M. ]M. n'est ni dans le
contenu, ni dans la forme : il est dans la langue, qui représente
l'anglo-normand au moment où l'anglais allait se constituer comme
langue écrite et absorber l'anglo-normand, devenant désormais une
langue morte. M. M. montre bien que c'est à cette dernière forme de
l'anglo-normand, plutôt qu'aux formes antérieures, qu'on doit avoir
recours quand il s'agit de faire l'historique d'un mot français passé en
anglais p. xiv). Il en est de même pour des questions de phonétique:
SCllNiiUKR: DIE FKHDtGAK-CllUOMK 61:^
c'est aux ouvrages écrits en français à la (in du xiv" siècle qu'on doit
s'adresser quand on veut savoir avec précision comment se prononçait
la partie française du vocabulaire de Ohaucer. — Ce qui frappe à ce
point de vue dans Gower, c'est, comme en versification, un certain
effort pour se rapprocher du français continental o/ pour ei anglo-
normand non nasalisé, -on à côté de -oun, voir le relevé des faits
linguistiques, p. xvi ss. , mais la langue n'en garde pas moins son
caractère artificiel et flottant, surtout en ce qui concerne la flexion des
substantifs, la confusion des formes masculines et féminines dans les
adjectifs, etc. Quant au vocabulaire, M. M. a réuni dans son glossaire
tous les mots employés par son auteur, avec un nombre suffisant de
passages cités pour chaque mot. Sans être un index proprement dit,
le glossaire est donc un dictionnaire de l'anglo-normand de Gower,
dictionnaire qui rendra des services d'autant plus grands que l'ou-
vrage, par la variété de son contenu, embrasse une portion considérable
du lexique de l'anglo-normand à son déclin.
Le volume contient en outre les deux autres œuvres françaises de
Gower, d'abord les Cink-ante Balades (amoureuses), puis le Traité
de Mariage, en dix-huit ballades, qui se trouve souvent dans les
manuscrits, à la suite de la Confet<sio Amantis anglaise. Les Cinkante
Balades, qui prouvent, ce que le Mii-oai' ne laissait pas soupçonner,
que Go\\er pouvait être aussi, en français, un vrai poète, sont publiées
ici pour la première fois, exactement d'après le manuscrit unique de
Trentham Hall. Le Traitié, bien inférieur aux Cinkante Balades,
semble avoir été originairement un ou\rage à part, rattaché après coup
à la Confessio, et se trouvent dans d'assez nombreux manuscrits dont
AL AL a collationné les plus importants.
Il est impossible de prendre congé de ce travail sans remercier
M. AL du soin qu'il a mis à publier une œuvre plutôt ingrate et qui,
nous le craignons, ne trouvera pas beaucoup de lecteurs.
Gédéon Huet.
Gustav ScHNiJRER. — Die Verfasser der sogenannten Frede-
gar-Chronik. — Friburgi Helvetiorum. 1900; in-4'\ 263 p. (Collec-
tanea Friburgensia. IX. i
On a beaucoup disserté, depuis tantôt 60 ans, sur la Chronique dite
de Frédégaire. Les derniers savants qui en ont parlé, M. G. Monodet
M. Krusch (ce dernier, auteur d'une excellente édition dans \QsMonu-
(ll-l COMPTIÎS lŒNUUS
menta Germaniae historica), semblaient avoir résolu les principales
difficultés : ils n'étaient point du même avis sur quelques points de
détail, mais dans l'ensemble, on adoptait les théories exposées par
M. Krusch dans un article célèbre du Neues Archiv. On s'accordait
pour voir dans la partie originale de la Chronique, de 584 à 642,
r<x^uYred'un clerc burgonde, qui avait utilisé, jusqu'à l'année 613,
d'anciennes annales plus ou moins développées, et auquel on devait
la suite de 614 à 642. Un savant suisse, M. G. Schnùrer. vient d'exa-
miner à nouveau la question. Dans le volumineux mémoire annoncé
plus haut, il expose une théorie toute différente, dont voici un bref
résumé.
II suppose un premier auteur A, auquel on devrait VHistoria cpito-
mata ou abrégé en 93 chapitres des livres I à VI de Grégoire de Tours,
et une histoire de la Burgondie et de l'Austrasie de 584 à 616-17.
L'ouvrage tombe un peu plus tard aux mains d'un autre compilateur,
B, qui le continue jusqu'à 642. A vivait en Burgondie, mais ni à
Genève, ni à Avenches, comme on l'a souvent supposé; il devait au con-
traire avoir habité Luxeuil, et M. Schni'irer l'identifie avec un certain
Agrestius, qui, longtemps moine de cette maison, eut, plus tard, des
démêlés très violents avec l'abbé, saint Eustasius. B, au contraire, aurait
eu des attaches avec le sud de la Gaule- La compilation fut, plus tard,
continuée par un troisième auteur, C, qui vivait en Austrasie et dont le
travail s'arrête à l'an 658. Enfin les chapitres racontant l'histoire
fabuleuse de la nation franque (origine iroyenne), ne faisaient pas
partie originairement de l'ouvrage, et ne lui ont été ajoutés que dans
la seconde moitié du vii« siècle.
L'analyse minutieuse des différentes parties de la compilation
fournit à M. Schnûrer l'occasion de remarques intéressantes. Les
trois auteurs paraissent avoir été en position d'être bien informés,
avoir eu avec la cour des relations assez étroites, et il suppose que
tous trois ont exercé les fonctions de notaires royaux. Bien plus, il
estime pouvoir déterminer leurs sympathies personnelles ; A est parti-
san deWarnacharius, mairedu palais en Burgondie; les préférences de
B sont pour le maire du même royaume, Flaochat; enfin, C est
dévoué au maire austrasien, le carolingien Grimoald, celui qui, dès
le milieu du vu^ siècle, essaya de substituer sa famille à la dynastie
mérovingienne. En un mot, le quatrième livre de la Chronique dite de
Frédégaire, serait l'histoire des différents maires du palais du temps ;
SCHNÛKEK : Dm FKEUEC- ARC II ItO.NlK ()15
de là, la variété d'opinions qu'on y remarque, variété qui trahit la
pluralité des auteurs.
Tout cela est extrêmement intéressant et ingénieux, et mérite
l'attention, mais certaines des thèses soutenues par M. Schnûrer ne
nous paraissent pas absolument prouvées. En premier lieu, ce qui
concerne Agrestius (pp. 85-88); le personnage est curieux. Brouillé avec
saint Eustasius qui dut le chasser de son monastère, il se vengea en
travaillant à ranimer contre l'abbé et les moines de Luxeuil, attachés
aux pratiques de saint Colomban, les vieilles haines du clergé gaulois.
Soutenu par son parent, Abellenus, évêque de Genève, et par le
maire du palais, Warnacharius. il put faire réunir, à Màcon un
concile chargé de juger les accusés. Fort heureusement pour Eus-
tasius, le maire de Burgondie mourut pendant la tenue de l'as-
semblée. L'histoire est intéressante, mais elle ne prouve rien quant à
l'identification proposée par M. Schniirer. Agrestius n'était pas seul
notaire royal ; Warnacharius avait plus d'un partisan à la cour, et de
ce que lauleur de la Chronique (A) traite saint Eustasius de doinnus,
il ne s'ensuit pas qu'il l'ail connu personnellement. Ce n'est là qu'un
titre d'honneur, bien dû à un dignitaire ecclésiastique de celte impor-
tance et de cette réputation.
Sur un autre point, le mélange des sources employées par A, il y
aurait aussi quelques réserves à faire. Les remarques de M. Schniirer
sont fort ingénieuses, mais parfois aussi un peu bien subtiles, et à
notre sens, il n'a pas tenu assez de compte de la manière d'éci'ire de
ces pauvres auteurs. On ne saurait leur demander la précision de
termes des grands stylistes et, à force de raffiner, on risque de leur
prêter des sous-entendus, des intentions qui n'ont jamais existé chez
ces esprits bornés. Sur un point, toutefois, nous acceptons la thèse de
^L Schniirer; il nous parait avoir pleinement mis en lumière les
sympathies de chacun de ses trois auteurs pour les maires du palais
burgonde et austrasien, et cette remarque rend encore, si possible,
plus précieuse cette singulière Chronique. Nous noterons également
comme dignes d'attention, les pages relatives à la question toujours
controversée des origines de la légende troyenne. Par contre, nous
avons été surpris de ne rien trouver dans l'ouvrage sur le mystérieux
Lucerius, auteur du plus ancien manuscrit connu du pseudo-Frédé-
gaire; la note finale de ce volume a été datée souvent de llo, mais
M. Schniirer n'ignore pas sans doute, que l'un des meilleurs paléo-
Q\C^ COMPTKS RK.NtHS
o-raphes de nos jours, M. D. Dolisloi, la croit de l'an 678 et l'estime
un peu plus récente que le corps du manuscrit. Celui-ci aurait- donc
été exécuté dans les vingt ans écoulés de 658 à 678. Ce serait l'original
ou une copie directe de roriginal.
Pour conclure, l'ouvrage de M. Schnurcr mérite cà tous égards d'être
lu et médité; il y a lieu de faire certaines réserves, mais quiconque
aura à étudier le texte du pscudo-Frédégaire devra à l'avenir tenir
grand compte des hypothèses et des remarques de l'auteur.
A. MOLINIER.
Marcellin Boudet. — Thomas de la Marche, bâtard de France,
et ses aventures (1318-1361). Documents historiques inédits du
xiv= siècle. — Riom, U. Jouvet ; Paris, H. Champion, 1900 ; gr.
in-8", 377 p.
M. Boudet, en publiant il y a cinq ans dans la Reçue historique
un article sur Thomas de la Marche (qui forme le premier chapitre
un peu remanié du livre dont nous nous occupons ici) nous révélait
presque totalement un personnage que ses contemporains ont méconnu
et que l'histoire avait jusqu'alors négligé. Ce n'était pas cependant
une individualité banale que celle de Thomas de la Marche. Bâtard
de France, allié aux plus puissantes familles du royaume, parent des
rois d'Angleterre et de Chypre, du duc de Savoie, il parcourut le monde
l'épée à la main : il combattit l'infidèle en Orient, guerroya en Sicile,
eut un duel retentissant à Londres avec Jean de Visconti ; rentré en
France, il batailla contre les Anglais en Bretagne, en Picardie et en Au-
vergne; entre temps, il fut chargé d'ambassades importantes et aida le
régent Charles à recouvrer sa capitale. Il devint pour un moment gou-
verneur de la Haute Auvergne, mais il eut à pâtir de la rivalité du duc
Jean de Berry et de Louis II de Bourbon. Récompensé de son dévoue-
ment à la cause française et à la cause royale par la destitution, la saisie
et la confiscation de ses biens, il se révolta contre la fortune adverse,
châtia rudement les seigneurs auvergnats qui l'avaient desservi et
mourut obscurément, à la veille peut-être de rentrer dans ses honneurs
et dans ses biens.
Faire revivre une telle figure dans le milieu chevaleresque du
xiv« siècle, réparer l'injustice des contemporains et de l'histoire en
1. Cabinet des Manm^crita^ III, 218.
BOUDET : THOMAS DL". LA MARCHE fil7
rendîuit à Thomas de la Marche la place qui lui élait due dans la
galerie des chevaliers, cela devait tenter un historien consciencieux
qui, par de patientes recherches, avait réuni tous les éléments de cette
étude. Avec une grande finesse de jugement et le seul souci de la
vérité, M. Boudet a écrit un livre qui se recommande par une érudi-
tion solide et un tour agréable. Cette contribution à l'histoire du
xiv" siècle dépasse l'importance d'une simple biographie : les aven-
tiires de Thomas de la Marche ont permis à M. B. de retracer les
épisodes de la seconde invasion anglaise en Auvergne presque totale-
ment ignorée des historiens locaux eux-mêmes : par là, l'étude de
M. B. touche à l'histoire générale; elle devra prendre place dans la
bibliothèque de tous ceux qu'intéresse le grand duel centenaire de la
France et de l'Angleterre.
Thomas de la Marche est né de Philippe de Valois et de mère in-
connue, M. B. s est efforcé de démontrer que la mère de Thomas
était Blanche de Bourgogne, comtesse de la Marche, femme infidèle
de Charles le Bel; l'argumentation subtile de M. B. est plus sédui-
sante que solide sur ce point.
Après le scandale de 1313-1314, Blanche et Marguerite de Bour-
gogne, les héroïnes légendaires de la Tour de Nesle, furent in-
ternées au Chcâteau-Gaillard. Mais, dans la répression, il y eut des
degrés : Marguerite, la plus coupable, mourut dans sa prison, victime
à ce qu'il semble du régime rigoureux auquel elle avait été soumise.
Blanche, alors enceinte des œuvres de son mari, fut traitée moins
durement. Peu à peu, son sort s'améliora ;elle put recevoir des visites;
Charles le Bel vint la voir. La liberté était sans doute prochaine
quand la jeune femme retomba dans la faute. Un second enfant vint au
monde. Qui était le père? Que devint l'enfant ? Les chroniqueurs
contemporains hésitent sur le premier point, sont muets sur le second.
Il y avait là une énigme historique. M. B. prétend la déchiffrer: il
veut que cet enfant dont nous ignorons tout, même le sexe, soit Tho-
mas de la Marche. Je résume ici ses arguments: Thomas, fils de Phi-
lippe de Valois, porte « les armes des comtes de la Marche du
xiii^ siècle et du comté de la ^Larche du commencement du xiv^, hu-
relé d'argent et cVazar ». Ces armes indiquent que sa mère fut
une comtesse de la Marche. Or, Tliomas de la Marche est né entre
1313-1314 et 1322. Entre ces deux dates, il n'y a qu'une comtesse de la
Marche, et c'est Blanche de Bourgogne. D'où la conclusion : Thomas
Moyen Age, t. XIII. 36
618 COMPTES RENDUS
de la Marche fut un fils adultérin de Philippe de Valois et de Blanche
de Bour^ognCj comtesse de la Marche, première femme de Charles
le Bel. Il naquit aux Andelys entre 1318 et 1322 et fut vraisem-
blablement élevé à Paris ou dans les environs de Paris. Il avait
dans les veines du sang de Frédéric Rarberousse ; des deux côtés, il
descendait de saint Louis. Légitime, il se fût appelé Thomas de France
ou Thomas de Valois. Si le mariage de sa mère n'eût été annulé qua-
torze ans après sa célébration, il eût pu être, en V(»rtu des présomptions
légales et de l'adage du droit romain, le continuateur de la dynastie
capétienne à la mort de Charles le Bel, son père putatif.
Il est certain que Tliomas est fils de Philippe d(; Valois. Est-il
l'enfant adultérin de Blanche? Il eût fallu tout d'abord prouver que
Philippe alla voir sa cousine prisonnière au Château-Gaillard. M. B.
écrit: « Il serait, en vérité, par trop surprenant que Philippe n'ait pas
eu de rapports à ce moment avec sa trop galante cousine germaine. »
De cela, point de preuves, mais une interprétation abusive d'un texte.
Le continuateur anonyme de Guillaume de Nangis rnpporte que la
grossesse de Blanche fut le fait d'un sergent ou du comte de la Marche,
ce que nous disent d'autres contemporains ; mais il ajoute non sans
malice: « ou d'autres encore, nel ab aliis. n « Écrivant cela sous le
règne de Philippe de Valois, il n'en pouvait dire plus long, la pa-
ternité véritable étant alors connue, mais non reconnue oflicielleraent
par le souverain. )) M. Boudet incline donc à penser que par ces mots
ab aliis, le chroniqueur a voulu désigner Philippe de Valois. N'est-ce
pas forcer le sens des mots? Je me contente de voir dans ce texte
l'ignorance des contemporains en cette matière délicate : si ce n'est ni
le sergent, ni Charles le Bel, c'est assurément un autre, d'autres
même.
L'infortuné bâtard, — fils de Blanche, — pouvait être le fruit d'une
collaboration nombreuse, voilà tout ce que le texte autorise à penser.
Si les armes de Thomas indiquaient de toute nécessité que la mère
du bâtard de France était Blanche de Bourgogne, le doute ne serait
plus permis. Mais la science héraldique est décevante en l'espèce'. Le
1. Je ne suivrai pas M . B. sur le domaine héraldique ; je n'ai point de compé-
tence et. j'accepte, avec la foi du charbonnier, ratlril:)ution des deux empreintes
de .Sainl-Flour et de Paris au sceau de Thomas, l'afïirmatioii qu'avant lo08, il
n'y avait pas d'armes du comte de la Marche, bien que ces armes du rointé de
la Marche fussent comme celles des comtes du xni* siècle : hai-elc (l'ar(jcnt et
d'asur.
BOUDET : TtlOMAS DE LA MARCHE 619
point délicat gît dans ce passage : « Le nom de l'enfant, d'après les
usages et le droit du temps, était celui de la mère. La mère était
donc une de la Marche... Les armes de Thomas sont celles du comté
de la Marche. La combinaison de ces deux éléments, noms et armes,
indique donc que la mère fut une comtesse de la Marche. »
Nous dirons simplement que la mère pouvait être une de la Marche,
puisque le fait d'avoif un sceau aux armes du comte de la Marche
résulta d'une mesure spéciale de faveur, prise en 1350, par Jean le
Bon. La seule considération, à laquelle le roi Jean obéit, fut-elle de
mettre en rapport les armes de Thomas de la Marche avec son nom?
Je ne le crois pas. Il faut bien considérer, en effet, qu'en 1350 il y a
un comte de la Marche, Jacques de la Marche, deuxième fils de
Louis lo" de Bourbon, auquel, en 1327, Charles le Bel donna le comté
de la Marche en échange du duché de Clerniont. Jacques de la Marche
n'aurait-il pas protesté contre les lettres patentes de Jean le Bon, qui
pouvaient faire naître une confusion regrettable pour l'honneur des
femmes de sa famille. On peut admettre, en l'absence de toute protes-
tation, que Thomas, en 1350, avait des droits à prendre ces armes, et
cela n'expliquerait-il pas l'étonnante faveur dont Thomas jouit auprès
du roi de Chypre, beau-père de Marie de Bourbon, et auprès de
Louis II de Bourbon? Si nous observons de près la parenté certaine
de Thomas en France, « tout ramène, dit M. B., à la famille royale »:
Thomas est Gousin de Jeanne la Boiteuse, par Charles de Blois, petit-
fils de Charles de Valois; de Louis II de Bourbon, par sa mère,
Isabelle de Valois; de Charles V, par sa femme, Jeanne de Bourbon,
etc. Mais tout ramène aussi à la maison de Bourbon, Or, M. Boudet
a bien porté ses investigations dans la famille de Bourbon ; mais, par
une extraordinaire aberration, il n'a cherché que du côté des hommes,
tandis que pour les Lusignan-Marche, il avait pris soin d'écarter de
Philippe de Valois toutes les vieilles comtesses douairières. 11 était
trop évident que Thomas étant fils de Philippe de Valois ne pouvait
être fils, ni de Louis I^i" de Bourbon, ni de Jacques de la Marche.
Pourquoi donc n'a-t-il pas songé à rechercher si, parmi les femmes de
cette famille, il n'y en avait pas une répondant aux qualités de beauté,
d'âge et de galanterie que semblait exiger Philippe de Valois? Bien
plus, en raisonnant comme M. B., je dirais même que si Thomas
était le fils de Philippe de Valois et de Blanche de Bourgogne, il eût
été bâtard de Valois et non point bâtard de France, puisque son père
620 COMPTKS RENDUS
n'eût pas été roi de France loj-s de sa naissance. Sa qualité de bâtard
de France reporterait la naissance de Thomas a|)rès 1328 ; mais M. B.
place cet événement entre 1313-1314 et 1323. Il ne put naître après
1323, dit-il, car en 1344-45, il était chevalier, (( ce qui le suppose âgé
d'au moins vingt et un ans à cette époque )). L'âge de la majorité
féodale a varié selon les pays et quelquefois selon les familles. M . B.
a tort de croire qu'en dehors de la famille royale, il y eut peu
d'exceptions à la règle de vingt et un ans, sans compter que Thomas,
bâtard de France, était de famille royale. Rien ne s'oppose donc à
ce que Thomas soit né après 1323, et môme après 1328, puisqu'il a pu
être fait chevalier à quatorze ou à quinze ans. On le trouve à la lin de
1343. guerroyant en Orient; on a des exemples de précocité aussi
étonnants : Philippe-Auguste, Philippe le Hardi, fils de Jean II,
Duguesclin, J'ai gardé pour finir deux arguments qui montrent toute
la subtilité d'esprit qu'a déployée M. B. et aussi toute la fragilité de
l'édifice érigé au prix de tant d'efforts. M. B. répondant à une objec-
tion possible : pourquoi Philippe de Valois n'a-t-il pas donné à son
fils le nom patronymique de sa mère, de Bourgogne, dit que c^était
pour ne pas outrager la vertueuse Jeanne de Bourgogne, sa femme.
Singulière et délicate attention d'un homme qui n'aurait pas craint de
mettre, entre lui et la reine, leur cousine commune! Et si Philippe
n'avait pas donné ce nom à son fils parce que celui-ci n'était pas
l'enfant de Blanche! Elle est peut-être vraie, après tout, cette anomalie
d'un enfant dont le père est connu et la mère ignorée. Enfin si Jean le
Bon a donné à Thomas les armes de la Marche, c'était pour désigner
« suffisamment, mais sans éclat la mère de Thomas dans les armes du
bâtard », et ne pas conférer à Thomas le nom des comtes de Bour-
gogne, à la famille desquels il appartenait lui-même par sa naissance
et par son mariage. Précaution bien inutile, puisque, connue le recon-
naît M. B., « aucun des contemporains initié aux habitudes féodales
n'a dû s'y tromper ». n'a pu se laisser prendre au prétendu subterfuge'
du roi.
En résumé, que conclure? Thomas de la Marche est un bâtard de
Philippe de Valois, roi de France. Sa mère nous est inconnue, mais
elle ne peut pas être Blanche de Bourgogne. Il ne semble pas qu'elle
puisse être une Lusignan. On la doit, je crois, chercher dans la
famille de Bourbon, peut-être même dans le voisinage de Jacques de
la Marche. Je suis d'autant plus à l'aise pour exprimer mon opinion
PRUDHOMMR : LES ARCHIVES DE l'iSÈRK 621
en la nialioro que d'autres plus qualifiés pour juger du mérite de
l'd'uvre ont doiiiK' à M. lioudel leur approbation, l.'ll M. B. estimera
peut-être que la modestie eût dû me condamner à débattre moins
longuement une question qui. résolue dans un sens ou dans l'autre,
n'enlève i-ien à l'impoUance capitale de son livre pour l'histoire du
xive siècle. Je me plais à le reconnaître.
L. Levillain.
A. Pruduomme. — Les Archives de l'Isère, 1790-1899. — Gre-
noble, impr. de Allier, 1899; in-8'^ 37o p.
Les dépôts d'archives fournissent à l'érudition une masse énorme
de documents en grande partie encore non utilisée. La raison d'être
de cet état de choses ne tient pas seulement à l'insuffisance du per-
sonnel scientifiqu(\ il tient aussi à l'absence d'instruments de travail
méthodiques. La belle collection des Inventaires sommaires des Ar-
chives départementales, communales et hospitalières, en dépit du
nombre considérable de volumes qu'elle comporte présentement, est
loin d'être complète, et dans beaucoup de départements la publication,
pour des raisons diverses, avance très lentement. Si les inventaires
nous font connaître la composition d'un fonds et l'existence d'un docu-
ment, ils ne facilitent qu'assez peu la recherche méthodique de ces
mêmes fonds et documents. Qu'on veuille connaître les papiers d'une
administration laïque ou le chartrier d'un établissement ecclésias-
tique, l'inventaire sommaire nous dira ce qu'il y a, il ne nous dira pas
ce qui a disparu, ce qu'il aurait dû y avoir, ce qui, par suite d'événe-
ments particuliers, se trouve ailleurs que dans le dépôt où on le doit
chercher normalement. Ces informations ne se peuvent trouver que
dans l'historique des dépôts, historique qui peut former l'introduction
plus ou moins développée de l'inventaire sommaire, comme c'est le cas
du volume de M. Prudhomme, dont le titre est transcrit plus haut et
dont le texte a paru dans la collection citée.
Les Archives de l'Isère ont été formées : 1" par les archives de l'an-
cienne Intendance du Dauphiné et de la Commission intermédiaire dé-
posées à la préfecture ; 2" par les titres et papiers dépendant des dépôts
appartenant à la République, c'est-à-dire des dépôts des anciennes ins-
titutions administratives et judiciaires de la province, des communautés
religieuses, des émigrés et condamnés de la période révolutionnaire.
Cette seconde série de fonds resta distincte de la première jusqu'en 1850.
622 COMPTES RENDIS
Le Directoire du département, succédant à l'Intendant, hérita
de ses archives pour la partie qui concernait le territoire du
département; la Drôme et les Hautes-Alpes ayant reçu ce qui les con-
cernait. A ce fonds vinrent s'ajouter ceux des archives des districts
après leur suppression en l'an III.
A côté du dépôt préfectoral se constitua un dépôt national au Palais
de justice. Dans cet édifice se trouvaient en 1700 : 1" les archives de
la Chambre des comptes, comprenant l'ancien Trésor des chartes des
Dauphins ; 2" les greffes du Parlement de Grenoble, du bailliage du
Graisivaudan, de la Justice de Grenoble, du Bureau des finances et
de l'Élection. Un troisième groupe d'archives devait venir se fondre
avec les deux précédents, les chartriers des établissements religieux,
des émigrés et des condamnés. Les opérations relatives à la réunion
de ces fonds relevant des districts, c'est par districts que M. Pru-
dhorame a étudié avec beaucoup de détails les circonstances de leur
prise de possession et de leur réunion. Il a utilisé pour cette étude des
documents conservés dans le dépôt môme, et il a pu tracer un intéres-
sant tableau de l'histoire des saisies de papiers dans le département
pendant la période révolutionnaire. Puisque l'occasion s'en présente,
j'attirerai ici l'attention sur deux mesures législatives dont l'une au
moins paraît avoir échappé à ceux qui ont rédigé en 1841 et en 1884
les recueils d'actes législatifs et administratifs concernant les archives.
Le décret du 20 mars 1790, promulgué le 26 du même mois, ordonna
l'inventaire des biens des maisons religieuses. En vertu de ce décret,
les municipalités procédèrent à l'inventaire de ces Ijiens, y compris les
archives. Ces inventaires peuvent se trouver dans les archives de
chaque département; à leur défaut, il en existe une série, à peu près
complète pour toute la France, d'expéditions authentiques adressées
au Comité ecclésiastique et actuellement conservées aux Archives na-
tionales^ Le décret du 20 avril 1790, promulgué le 22, confia ai^x
1. Ces inventaires fournissent sur le site des domaines, la quotité de leurs reve-
nus, la disposition des immeubles, la richesse des trésors et sacristies, l'impor-
tance des bibliothèques, le nombre et 1 âge des religieux, des indications très
précises. La publication ou l'analyse détaillée de ces documents serait du plus
haut intérêt, en attendant que ce projet puisse être étudié et soumis à qui de
droit, je publierai prochainement une liste des établissements au.xquels se
réfèrent ces inventaires, les historiens locaux pourront en faire leur profit. 11
serait à souhaiter que chaque cartulaire ou reoueil de chartes se terminât par le
texte de l'inventaire des biens de l'établissement à la date de sa suppression, de
même qu'il commence par l'acte de fondation. Voici pour l'Iséie les mai'^ons
PRUDIIOMME : LF.S ARCHIVES DE l'iSÈRE 623
districts Tadministration des biens des communautés supprimées et
prescrit la rédaction par les directoires des districts, et non plus par
les municipalités, d'inventaires des biens meubles et particulièrement
des archives de chaque communauté. Ces seconds inventaires, beau-
coup plus détaillés que les précédents au point de vue des archives,
doivent être recherchés dans les dépôts départementaux; il n'en existe
pas, à ma connaissance du moins, d'expéditions aux Archives natio-
nales. On comprend aisément l'importance de ces deux inventaires
dressés pour chaque établissement; ils se réfèrent aux fonds d'archives
devenues propriété de la Nation, ils sont antérieurs à toute destiiuction
volontaire, à toute attribution de titres aux acquéreurs de biens natio-
naux; et tout ce qui n'est pas sorti des fonds par l'une de ces deux
voies ne peut être présentement la propriété légitime que des Archives
départementales.
Le troisième chapitre du livre de M. Prudhorame est consacré aux
destructions de titres. Dans l'Isère comme ailleurs, avant toute pres-
cription légale relative à la destruction des titres féodaux, les paysans
firent des feux de joie avec les terriers de leurs seigneurs ; la correspon-
dance de la Commission intermédiaire des États du Dauphiné abonde
en détails sur ces incendies. En conséquence des lois du 24 juin, du
10 août, du 17 septembre 1792 et du 17 juillet 1793, l'on fit à Gre-
noble, les 29 et 30 brumaire an II, un autodafé d'une partie des ar-
chives de la Chambre des comptes, du Parlement, du Bureau des
finances, des Cours de justice et des établissements religieux; d'autres
brùlements de titres eurent lieu dans les communes auxquelles on res-
titua à cet effet des papiers déjà versés à l'administration centrale. Un
assez grand nombre de procès-verbaux de visite, de bordereaux de
versement, de rapports de brûlement, ont permis à M. P. de fournir
sur ces tristes opérations des renseignements nombreux et précis et de
dresser dans plusieurs cas des états des documents détruits, A ce fléau
dont les iuveuiaires existent: Grande-Chartreuse, Augustins réformés deTaulignau;
Augusiiiis, Récollets, Cannes, Minimes et Cordeliers de Grenoble; Dominicains
de Maubec, Capucins de la Mure, Chartreux de Vaucluse, Augustins de Bour-
goin et de More.stel, Capucins de Grenoble, Augustins et Carmes de Vienne,
Chaitreux de la Sylve-Beniie, Bernardins de Bonnevaux, Minimes de Romans,
Dominicains de Grenoble (église, couveni et dépendances), Cordeliers, Grands-
Carmes, Jacobins et Capucins d'Orange ; Augustiues ^de Voiron, Célestines,
Ursulincs, Bénédictines, Bernardines. Sœurs de Saint-Joseph, Religieuses de
Suint- .\ndré-le- Haut, de Vienne; Chapitre Saint-Chef et Chapilre-Saint-Mau-
rice de Vienne.
624 COMPTKS RENDÏ'S
vinrent, s'ajouter les versements aux arsenaux pour la fabrication des
gargousses; 6735 pièces ou registres furent en deux fois envoyés à Tou-
lon par le district de Grenoble, 3300 par celui de Vienne; ceux de la
Tour-du-Pin et de Saint-Marcellin ne purent rien envoyer à l'admi-
nistration militaire de Lyon, ayant avant toute réquisition à peu près
tout brûlé. Les documents permettent encore de constater d'impor-
tantes ventes de papiers dans les districts de Vienne et de Grenoble.
Les Archives, après la période révolutionnaire, furent abandonnées et
livrées au pillage ; outre les livraisons de titres faites aux acquéreurs
des biens nationaux, il faut signaler des restitutions à Tévêché et à la
Grande-Chartreuse. A la période de désorganisation de la première
moitié de ce siècle a succédé, depuis 1850, une période de réorganisa-
tion marquée par des réintégrations, des classements, des inventaires;
cette période prend fin avec l'achèvement de l'Inventaire sommaire et
la publication du très intéressant mémoire historique que nous venons
d'analyser. Nous sommes heureux d'avoir eu à attirer sur lui l'atten-
tion des médiévistes soucieux de diriger méthodiquement leurs re-
cherches dans les dépôts actuels, en prenant pour point de départ l'état
des fonds anciens, et l'attention des historiens de la Révolution dési-
reux de connaître l'œuvre (( administrative » de la Révolution au point
de vue des archives dans un département. Un vœu s'impose en ter-
minant, c'est que tous les archivistes départementaux nous donnent
un livre analogue à celui de M. Prudhomme. A. Vidier.
H. Bœhmer. — Kirche und Staat in England und in der Nor-
mandie im XI und XII Jahrhundert. — Leipzig, Theodor
Weicher, 1899; in 8», 498 p.
M. H. Bœhmer a apporté une fort intéressante contribution à
l'histoire ecclésiastique de l'Angleterre. Le titre de son livre ne répond
pas, il est vrai, très exactement au contenu. Il a étudié une crise ou
plutôt une évolution de l'Église anglo-normande qui se place entre le
milieu du XI*" siècle et le milieu du xir' siècle. L'auteur, en effet, n'a
jeté d'une part qu'un rapide coup dœil sur l'Église de Normandie et
l'Église d'Angleterre avant le duc Guillaume et le roi Harold, et il
s'est arrêté, d'autre part, à l'avènement de Henri II.
Le livre même se présente sous un aspect assez singulier que AI. B.
est bien obligé de reconnaître dans la préface. Moins de quatre-vingts
BŒHMRR : KIRCIIF. IND STAAT fi:?")
pagos tracent le tableau des l<;glise.s norinaiule et anglaise avant et en
lOOfi, quarante-sept la réforme de l'Kglise anglaise par Guillaume le
Conquérant et Lanfranc, trente-six les rapports des deux Églises avec
les rois et les ducs jusqu'en 1107. Puis, la trame du livre est comme
coupée par une longue dissertation de plus de cent pages sur quel-
ques ouvrages de polémique, surtout sur l'Anonyme d'York et ses
traités de théologie et de discipline. Cette étude trop longue et cepen-
dant incomplète fait ici un malheureux effet. Enfin, on arrive à
r (( Épilogue )). Mais il ne faudrait pas s'attendre à y trouver une
simple couclusio;]. L'Épilogue consacré à « la réception du grégoria-
nisme » en Angleterre, est comme un second livre ou, du moins,
comme la seconde partie du livre: en cent soixante-trois pages, autant
que pour toute l'histoire des rapports de l'I^^glise et de l'État, jusqu'à
l'avènement d'Henri I''', c'est l'étude de ces mêmes rapports sous les
rois Henri I»'" et Etienne, et des ouvrages bien connus de Jean de
Salisbury. Tout cela est d'une composition bien irrégulière. Mais si
la composition laisse fort à désirer, il faut reconnaître que l'exposition
est claire, vigoureuse, abondante. Certains passages se présentent avec
une remarquable netteté. 11 faut signaler toutefois un certain abus de
termes trop abstraits ou trop actuels \ Pour ne citer qu'un exemple,
M. B. fait vraiment un usage excessif des mots (( radikal » et
(( Radikalismus ».
Sous celte forme inégale, mais souvent heureuse, l'auteur a étudié
une très curieuse phase de l'histoire de l'Eglise anglo-normande. Il a
fait tout d'abord ressortir le contraste classique que présentent en
1066, les deux Églises normande et anglo-saxonne, l'une réformée,
rajeunie, pleine de sève et d'ardeur, conduite militairement, si l'on
peut dire, par le duc Guillaume, l'autre, en pleine décadence, sans
hiérarchie solide, démoralisée et discréditée. Le tableau est net. mais
un peu court, surtout pour la Normandie. M. B. s'est consciencieu-
sement informé dans les grands recueils ; il lui était difficile d'appro-
fondir l'histoire ecclésiastique d'une de nos provinces. Son principal
guide a été Freeman. Juste dans ses grandes lignes, son étude peut
encore être reprise et complétée.
C'est du contraste entre les deux Églises qu'il faut partir, pour
comprendre les changements qui se sont produits à partir de 1066
dans la société ecclésiastique anglaise. Sous le contrôle vigilant et
1. Voir sui'tout p. 4-^6-428.
G2(î COMPTKS RKNDI'S
jaloux du Conquérant, sous la direction énergique d(; Lanfrano,
rivalise de Normandie a conquis, réformé et transformé l'Église
anglaise. L'acii\ité religieuse de la Normandie, sa forte hiérarchie, sa
A'ie monastique intense, surtout son étroite soumission à l'autorité
ducale sont devenues, à la suite de la conquête, autant de traits de
TEglise anglaise. Et c'est ainsi renouvelée que rAiigl('terr(> est entrée
en contact avec hi politique pontificale de suprématie et de domination
universelle que Grégoire VII formulait et poursuivait alors si nette-
ment. Mais, en dépit de quelques conflits, le système « hiérocratique »,
comme dit M. Martens [Gregov VII, t. II, p. 3), le (tgrégorianisme »,
comme dit M. B. , ne pénétrèrent pas profondément en Angleterre sous
les règnes de Guillaume I^r et de Guillaume II. L'Église anglaise resta
une Église royale, dépendant avant tout du roi, soumise seulement à
une ol)édience lointaine et vague à l'égard de Rome. L'expression la
plus vive de ce système particulier, la définition la plus complète du
droit royal sur l'Église se trouve dans l'Anonyme d'York, dont
M. B. a examiné avec plus de soin que de discrétion, h^s parties
principales.
L' « Épilogue » fait ressortir un nouveau contraste, contraste entre
l'Église anglo-normande à la fin du xr' siècle sous les rudes mains de
deux Guillaume, et l'Église anglo-normande au milieu du xii^ siècle.
Des générations nouvelles sont venues, des théories nouvelles se sont
répandues, un esprit nouveau s'est introduit dans le clergé normand
et, par suite, dans le clergé anglais. Tout y a contribué, les conditions
sociales, politiques et intellectuelles de l'Église, la formation spiri-
tuelle du clergé, la politique d'autonomie des archevêques d'York,
l'influence des écoles de Paris, de saint Bernard, le contact chaque
jour plus grand avec l'Église universelle, grâce notamment aux Croi-
sades. Vainement Henri I'ï" fit ce qu'il pouvait; les moyens qu'il avait
à sa disposition ne suffisaient plus. Dès son règne, le changement
s'annonce. Puis, après sa mort, des crises politiques troublent profon-
dément le pays, affaiblissent l'autorité royale pendant la lutte du
roi Etienne et des Plantagenet. L'Église d'Angleterre n'est plus cette
Église originale, sous robéissance de ses rois, qu'elle était à la fin du
siècle précédent : elle a reçu le « grégorianisme ». Avec la même
force et la même netteté que l'Anonyme d'York soutenant la dépen-
dance de l'Église à l'égard de l'État, mais avec des textes nouveaux,
Jean de Salisbury soutient la théorie contraire de l'indépendance, de
REVUK DK SYNTIIKSF. HISTORIQUE 627
la supériorité do l'autorité ecclésiastique sur tous les pouvoirs de la
terre. L'Église anglaise est mûre pour le grand et décisif conflit qui
va s'ouvrir entre Henri H et Thomas Becket, conflit auprès duquel les
précédentes querelles entre le loi et les évéques n'étaient que jeux
d'enfants.
Tel est le livre très rempli, d'un esprit large, livre parfois un peu
abstrait dans ses vues générales, trop systématique, sans doute, dans
sa conception, mais intéressant et vigoureux.
A. COVILLK.
Revue de synthèse historique. — Directeur: Henri Berr. T. L
n" 1 (août 19(X)). Sommaire : Sur notre programme. — Histoire
et synlhi-fte, par Emile Boutroux. — Introduction à l'étude des ré-
gions et pays de France, par Pierre Foncin. — La méthode his-
torique en Allemagne, par Karl Lamprecht. — La science de Vhis-
toire d'' après M. XénopoL par Paul Lacombe. -~ Paris, Cerf,
1900; in -8".
Tous ceux pour qui l'histoire n'est pas une pure curiosité de l'es-
prit, mais qui pensent qu'elle a un rôle à tenir dans le jeu des sciences
sociales, applaudiront à l'apparition de la Reçue de synthèse histo-
rique. Et les érudits mêmes qui se cantonnent dans la recherche et
l'observation des phénomènes du passé ne sont pas pour s'effaroucher
de la synthèse historique qui ne serait prématurée que si on la consi-
dérait comme définitive; autrement, si l'on se rend compte du ca-
ractère provisoire des résultats généraux obtenus, elle est nécessaire :
sans elle, l'analyse est infructueuse. Comme le remarque l'auteur du
programme de la nouvelle revue, ces deux opérations sont insépa-
rables. La bonne observation du détail ne saurait se faire sans une
direction supérieure. Et nombre de faits ne seraient même pas relevés
ou le seraient mal, si l'on n'avait d'avance un cadre où les placer. Per-
sonne ne contestera l'utilité, pour l'histoire, des études de droit com-
paré, et spécialement le profit que tirent les historiens des obser-
vations faites sur les peuples primitifs qui ont évolué librement sans
influence étrangère. Or. si les récits de voyageurs sont trop souvent
inutilisables, c'est qu'ils émanent d'hommes qui n'ont aucune notion
de critique, aucune connaissance des méthodes scientifiques, non plus
qu'aucune visée ni particulière, ni générale. Il est inexact de croire
que des observations faites sans direction soient plus exactes que
628 COMPTES RENDUS
des observations faites dans un but déterminé. La photographie
dans sa brutalité donne souvent des reproductions, sinon infidèles,
au moins inutiles et relativement fausses. Ce n'est pas à dire que
(( le collectionneur de faits n'est pas plus estimable que le collec-
tionneur de timbres-poste ou de coquillages ». Car puisque l'on
reconnaît la solidarité de l'analyse et de la synthèse, conséquemment
la nécessité de l'analyse, il faut bien recueillir des objets sur quoi
faire porter la synthèse. Mvidemment, les rédacteurs du programme
de la Revue de synthèse Iiisiorique n'ont pas rendu exactement leur
pensée. Ils ont voulu dire que quiconque se borne à cataloguer des
faits n'est pas un historien. Mais de savoir de quel nom l'on désignera
celui qui amasse les matériaux, il importe peu; question de mots
oiseuse et que d'ailleurs n'ont pas posée les rédacteurs du programme.
Par un autre C(Mé, l'œuvre du collectionneur est utile et inévitable. Il
est dans la nature des choses que la classification empirique, repo-
sant sur des signes extérieurs, précède la classification scientifique
fondée sur les caractères internes et profonds. Enfin, il faut tenir
compte, en histoire, de l'élément sentimental qui est à la base de toute
recherche historique comme il est le point de départ de la rédaction
même des chroniques qui deviendi'ont plus tard des documents. Mais
non seulement « il n'y a d analyse intelligente et instructive que celle
qui est dirigée par une vue d'ensemble » ; la synthèse a en outre
« l'avantage de rappeler le savant à la conscience de son rôle ». Car
le but dernier de l'histoire est de trouver les lois qui ont présidé au
développement des groupes sociaux, et les faits n'ont de valeur que
si leur rapprochement tend à cette fin. Sans doute, ce n'est pas du
premier coup qu'on trouvera ces lois, et celles qu'on a déjà posées ou
qu'on posera seront d'abord incomplètes, ne rendant pas compte de
tous les phénomènes; mais les observations nouvelles qui intervien-
dront pour leur vérification permettront de les modifier et de trouver,
des formules de plus en plus corapréhcnsi-ves. Assez nombreux sont
les faits déjà recueillis et critiqués pour qu'on puisse essayer d'une
synthèse, à condition que celle-ci soit considérée comme provisoire et
susceptible de modifications incessantes. On peut concevoir que l'his-
toire arrive à déterminer les étapes par lesquelles ont passé nécessaire-
ment les diverses sociétés, les phases de l'évolution humaine, tendant
ainsi et de plus en plus à se confondre avec la sociologie qui, elle,
recherche les lois applicables à l'avenir comme au passé. Si les phi-
KEVUE DE SYNTHÈSE HISTORIQUE 629
losophcs peuvent s'engager hardiment dans la synthèse, les érudits,
préoccupes de vérifier leurs conclusions, n'en devront pas moins pour-
suivre leurs investigations, car il s'en faut que l'analyse soit achevée;
mais parce que l'étude des détails suppose des principes directeurs, il
est à désirer que les rédacteurs de monographies et les généralisateurs
aillent de conserve. Aussi les historiens accueilleront-ils avec faveur
l'entreprise de M. Henri Berret de ses collaborateurs.
M. Prou.
CHRONIQUE
Le vicomte de Caix et M. Albert Lacroix poursuivent la publication de
leur Histoire Hlitstvco de la France. Le second volume, La Gaule romaine,
vient de paraître (Paris, Paul OUendorfl, 1900: in-4", x-372 p.). Cette
période était particulièrement difficile à traiter, en raison de la rareté des
documents relatifs à la Gaule. Les auteurs ont su cependant écrire un
livre intéressant et dans lequel ils se sont montrés généralement bien in-
formés des résultats les plus récents de l'érudition. S'il y a quelques
erreurs de détails, ce n'est pas le lieu de les signaler, car nous craindrions
d'encourir le reproche de ne pas tenir un compte suffisant « de l'effort ac-
compli et de la difficulté de l'entreprise ». Cependant, nous ne pouvons
nous empêclier de regretter que les auteurs se soient laissés, à l'exemple des
peuples conquis, attirer par le foyer de l'Empire. Il nous semble qu'ils
auraient pu alléger leur volume en rappelant plus brièvement les faits de
l'histoire générale et en laissant de côté une foule d'anecdotes relatives à la
vie privée des empereurs et qui, assez et même trop connues, n'ont rien à
voir avec l'iiistoire de la Gaule. Pour l'illustration nous ne répéterons pas
ce que nous avons dit à propos du premier volume. Un mot seulement:
il était inutile d'appeler l'attention du grand public sur la trop fameuse
médaille du Campo dei Fiori, qui n'a ni valeur iconiqne, et (selon moi) à
peine de valeur artistique, etqui n'est, comme de savants numismates l'ont
établi, qu'un exemplaire d'une œuvre assez banale de l'école milanaise. Si
l'on voulait nous donner une idée de la figure que les chrétiens de la Gaule
prêtaient au Christ, il eût été préférable de reproduire quelques-unes des
scènes sculptées sur les sarcophages d'Arles. M. P.
* *
M. A. Luchaire, en présentant à l'Académie des sciences morales et po-
litiques, dont il est membre, ses Études snr quelques manuserifs de Rome
et de Paris, dont il a été rendu compte précédemment (supi-a, p. 62),
a fait ressortir l'intérêt de la correspondance des abbés de Saint-Victor de
Paris et augmenté le recueil formé par lui de quelques nouveaux textes {Une
correspondance inédite des abbès de Saint-Victor sous Louis VII, dans les
Séances et Tracaux de l'Académie des sciences morales et politi'iues, CLII,
déc. 1899, p. 548-569). M. Luchaire a publié à cette occasion un certain
nombre de lettres qu'il n'avait qu'indiquées dans l'appendice IV de son re-
CUKONlQliE 631
cueil, ce sont les ri" G8, 8G, 102, 109, 110, 111, 111, 131, 132 et Ml ; ces
lettres sont intéressantes pour l'histoire des écoles d'Angers et d'Orléans et
pour celle de Tordre des Gilbertains. A. V.
* *
Les Pofu'tioos des Mi'inniri's prrscrUrs à la Fticnl/c des lettres pour l'ob-
tention du diplôme d'études supérieures comprennent pour TUniversité
de Paris les travaux suivants : 1898. P. Alphandéry, Essai sur la forme et
les origines de l'hérésie de Tanchelm (1110:^-1115) ; — René Ferry, Étude
sur la vie et les fonctions des frères Jean et Gaspard Bureau. — J. Zeiller,
La théoriede l'Ktat d'après saint Thomas d'Aquin. — En 1899: C. Espénant,
Mathieu (le^'en(^(■)n1e. abbo de Saint-Denis, 1258-128G, et régent de France;
— G. Lecarpentier. le Pays de Caux, essai de monographie régionale. —
H. Mathieu, Henri de Marie, avocat au Parlement de Paris, conseiller et
président au même Parlement, chancelier de France (1350?-1418).
*
* *
MM. Magen et Tholin ont publié en 1876, sous les auspices du Conseil
général de Lot-et-Garonne les plus anciennes chartes des Arc/tires muni-
ripal dW'jrn ( Cliartes, P" série, 1189- 1328, in-4"). En 1894, M. Magen
a iin primé le tome 1" des Archlrca liistoriques de V Agenças qui contient
les Jurddes de lu cille d'Ai/en, 1345-1355. Pour combler la lacune qui
existe dans la suite chronologique des documents insérés dans ces deux re-
cueils, M. G. Tholin a donné dans les Arehires liistoriques de la Gironde des
Cliurtes d'A(/en se rapportant au rèçjne de Philippe de Valois (Tiré à part,
Bordeaux, impr. de Gounouilhou, 1898, in-4", 100 p.). Ce qui marque les
relations de lAgenais avec le gouvernement central au temps de Philippe
de Valois, c'est l'extrême faveur dont jouit ce pays auprès du roi. L'Agenais
était disputé aux Anglais; le roi et ses représentants n'épargnèrent rien pour
s'assurer à tout prix la (idélité de la capitale du pays.
Pour faire suite à ce dernier travail enfin, M. G. Tholin a donné un
recueil de Chartes d'A;/en se rapportant aux règnes de Jean le Bon et
de Charles 1', publiées également par la Société des archives historiques
de la Gironde (Tiré à part, Bordeaux, impr. de Gounouilhou, 1899; in-4",
OG p.). Sous ces deux règnes, la période des concessions de privilèges semble
close. A signaler quelques actes de l'administration du Prince Noir et
une requête des habitants d'Agen pour demander le transfert dans leur
ville du Parlement d'Aquitaine siégeant à Bordeaux. A. V.
M. M. Marque a publié d'après un manuscrit du xvi' siècle, conservé
aux archives de la ville, le Cartulaire d'Oloron (Oloron, l'auteur; Pau,
V'^G Ribaut, 1900; pet. in-4'', xviii-91 p.). Ce cartulaire municipal com-
mence par la Poblation d'Oloron ou Fors, autrement dit actedes franchises
()o3 LlVKliS NOUVliAfX
nninicipales accordées au xi" siècle par Centulle IV, vicomte de Béarn. Ces
fors ont servi de modèle à ceux de Morlaas, d'Ossau, d'Aspe et de Baretous.
Les autres documents de ce recueil sont tous des confirmations, augmen-
tations, modifications des règlements relatifs aux relations des habitants
entre eux et avec leur seigneur. Les 24 actes imprimés ici sont en langue
vulgaire; un petit dictionnaire béarnais des mots les moins courants ter-
mine le volume. A. V.
LIVRES NOUVEAUX
98L A la méniôircMle Jean (iutenberg. Hommage de l'Imprimerie na-
tionale et de la Bibliothèque nationale. — Pai-is. Impr. nationale, 1900;
gr. in-4°, 77 p., 17 pi.
982. Alezais (Dr). Les anciens chirurgiens et barbiers de Marseille. —
Paris, Alcan, 1900; in-8", 216 p.
983. Alloing (Abbé Louis). Etudes de géographie ecclésiastique. Le
diocèse d'Annecy . — Rodez, impr. catholique, 1899; in-8", 53 p.
984. Altamira y Crevea (R-)- Historia de Espana y de la civilisation
espanola. Tomo I. — Barcelona, J. Gili, 1900; in-S". (6 pes.)
985. AvENEAU DE La Grancière. A propos de la Massue sacrée, on Er Maël
benignet du Morbihan — Vannes, impr. de Galles, 1900; in-8", 10 p. (Extr.
du Bail, de la Soc. pohjinaihique du Morbi/ian .) '
986. AvENEAU DE La Grancière. Le Bronze dans le centre de la Bretagne
Armorique. Tumulus de Bieiizent en Cléguérec (Morbihan). — Vannes,
impr. de Galles^ 1900; in-8", 8 p. (Extr. du Bull, de ht Socpuli/inal/uquc
du Morbihan.)
987. Balagayrie (Jean). Notes historiques sur les ville et baronnie de
Gramat. — Cahors, impr. de Delperier, 1900; in-8", 71 p.
988. Barroux (Marius). Les archives de la Seine en 1900 et leur his-
toire. — Paris, Leclerc, 1900; in-8°, 49 p. (Extr. du Bull, du BibUopIdle.)
989. Bédier (J.). La Légende de Tristan et Iseult reconstituée d'après les
fragments conservés des poèmes français du xii'' siècle. — Paris, H. Piazza ;
in-4". (200 fr.)
990. Besse (Dom). Les Études, ecclésiastiques d'après la méthode de
Mabillon. — Paris, B. Bloud, 1900; in-18, xiv-197 p. (1 fr. 75.)
991. BizoT (E.). Découverte d'une ruosaïque à .Sainte-Colombe-les-
Vienne. — Vienne, Ogeret et Martin, 1899 ; in-8°, 8 p.
992. Bobeau (Octave). Note sur des sépultures de la seconde moitié du
iir siècle découvertes à la Croix, canton de Bléré (Indre-et-Loire). — Paris,
Impr. nat., 1900; iii-8", 8j). (Extr. du BulLarr/irol. du Comité des trara.ux
Idatoriquos.)
993. BouRMONT (C' Amédée de;. L'Exposition de 1900 au point de vue liisto-
rique. — Paris, ô, rue Saint-Simon, 1900; in-8' 32 p. (Extr. de la Rcr. des
Qucsdons historiques.)
LIVKliS NOUVEAUX 1)33
994. Branet (A.). Les sénéchaux de Fezenï<ac et d'Aiinairnac (1247-
1789). — Auch, impr. de Cocha raux, 1900; in-8",14 p.
99.T. Rraune (W.). Gotische Graminatik mit einigen Lesestiicken und
Woi'tvorzeichniss. .5 .\ull. — Halle. M. Nieiue\er, 1900; iii-8% viii-l(33 p.
(SainmlungkurzerGrammatikgcrmanischefDiaiekte, lirsg. von M.Braïuie.
I.)(2m.80.)
996. Broussillon (Bertrand de). La maison de Laval (1020-160.5). IIL Les
Montfort-Laval (1412-1501).- Paris, A. Picard et fils, 1900; in-8% 396 p.
997. Brune (Abbé P. ). Les reliques et le reliquaire de saint Just à Château-
Clialon. — Lons-le-Saunier, impr. de Declume, 1900; in-8", 7 p. (Extr. des
Mèin. de la Soc. d'émulation du Java.)
998. Brune (Abbé P.). Statues de l'école dijonnaise. — Lons-le-Saunicr,
impr. de Declume, 1900, in-8", 9]). (Extr. do^ Mrm. delà Sor. d'cmulafion
du Jura . )
999. Bruns (F.;. Die Lûbecker Bergen fahrer untt ilire Clironistik. —
Berlin, Pass und Garleb, 1900; in-8°, xi-cxliv-465 p. (Hansische Ge-
schichtsquellen, hrsg. vom Verein tûr hans. Geschichte. Neue Folge. l.)
(12 m.)
1000. Brutails (J.-A.). L'église abbatiale de Saint-Sever (Landes). —
Paris, Impr. nationale, 1900; in-8", 38 p. (Extr. du Bull, archcul.du Coinitù
des travaux historiques .)
1001. BuGGE (S.). Narge's indskrifter med de leldre Rune. 4-5 lift. —
Christiania, J. Dybwad, 1900; in-4". (2 kr. 40.)
1002. Caliari (Pietro). Antiche villotte e altri canti del Folklore vero-
nese.- Verona-Padova, Drucker, 1900; in-16, 288 p. (2 1. 50.)
1003. Canat de Chizy (Marcel et Paul). La Louveterie en Bourgogne,
recherches sur la destruction des loups et autres animaux nuisibles aux
xiv% xv° et xvi° siècles. — Chalon-sur-.Saône, impr. de Bertrand, 1900;
in-4°, 44 p.
1004. Carlos (D.). L'ancienne église de Notre-Dame de Challans, époque
réelle de la construction de son chœur et de ses deux nefs. — Vannes,
impr. de Lafolye, 1900; in-8°, 7 p. (Extr. de la Rec. du Bas-Poitou.)
1005. Carnoreyt (Eugène). Note explicative d'un plan de fouilles
opérées sur l'emplacement de l'ancienne Lactora. —Paris, Impr. nationale,
1900; in-8", 8 p. (Extr. du Bnll. archèoL du Comité des tracaux histo-
rii/ues . )
1006. Catalogue de la bibliothèque archéologique de feu M. le comte
Arthur de Marsy. — Paris, Gougy, 1900; in-8', iv-1.56 p.
1007. Chabert (Samuel). Marcellus de Bordeaux et la syntaxe française.
— Paris, A. Fontemoing, 1900; in-8".
1008. Chardon (M.). Fouilles de Rusguniœ. — Paris, Impr. nationale,
1900; in-8', 24 p. (Extr. du BuU. archcol. du Comité des travaux histo-
rif/ues.)
1009. Chevallier (Abbé Alfred). Notice sur Trois-Puits, ses monuments.
— Reims, impr. de Matot (ils, 1900; in-8% 13 p.
Moyen Age, t. Xlll. 37
63-i LIVRES NOUVEAUX
1010. Clii'onica Hungoi'um impressa Budae 1473, typis similibus reim-
pressa. Die Ofner Chronik. Facsm-Ausg. des ersten ungarlànd. Druckes
nach dern Exemplare der Bibliothek des ung. Nationalmuseuras. Mit
eiiileit. Studie von \V. Fraknoi. Aus deni Ung. — Wien, Gilhofer und
Ranschbiirg. 1900; in-4\ 36 p. et 132 p. de facs.
1011. CHROUST(A.).Monumenta palae(\ raphica.Denkmàler der Schreib-
kunst des Mittelalters. 1 Abtlg. Schrifttafeln in latein- und deutscher
Sprache. 1 Série (Mil Bd). 2 Lfg. — Miinchen, F. Bruckmann; in-fol.,
10 pi., 20 p. (20 m.).
1012. Ci.KRC (Michel). Fouilles do MM. Martin et Bout de Charleraont
à Boulbon (Bouches-du-Rhône). — Paris, Impr. nationale, 1900 ; in-8°,
7 p. (Extr. du BiiU. archèol. du Cotnitc des travaux hisforù/ucs.)
1013. CoNRADY. Das Kastell Trennfurt. — Heidelberg, O. Petters, 1900;
in-4*, 14 p., 1 pi., 1 carte (Extr. de Der oherfjcrm .-raet. Limes des
Rômerrciches.) (1 m. 80.)
1014. CoxRADY. Das Kastell Wortb. — Heidelberg, O. Petters, 1900;
in-4", 21 p., 2 pi., 1 carte. (Extr. de Dei- obe.njerin.-raet . Limes des
Rômerreiches.) (2 m. 60.)
1015. CouLON (Auguste). Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII
(1316-1334) relatives à la France, extraites des registres du Vatican. Fasc 1.
— Paris, A. Fontemoing, 1900; in-4°, col. 1-400. (Bibliothèque des Écoles
françaises d'Athènes et de Rome.)
1016. CoupPEY (Abbé Louis). L'abbaye de Notre- Dame-du- Vœu, près
Cherbourg (Manche). — Évreux, impr. d'Odieuvre, 1900; in-8". 39 p.
1017. Cousin (Jules). De la nomenclature des rues de Paris. — Paris,
1899, in-S", 28 p. (Extr. des Mèm. de la Soc. del'hist. de Paris et deVIle-
de-France. XXVI.)
1018. Dahm. Das Kastell Arzbach. — Heidelberg, O. Petters, 1900;
in-4°, 8 p., 3 pi., 1 carte (Extr. de Der ohcrijei-m.-rael. Limes des Rumrr-
rcic/ies.) {2 m. 20.)
1019. Dahm. Das Kastell Niederberg. — Heidelberg, O. Petters, 1900;
in-4°, 21 p., 8 pi., 1 carte. (Extr. de Der oberr/erm.-r'aef. Limes des
Rômerreiches.) (5 m. 60.)
1020. Dangibeaud (Charles). La cathédrale Saint-Pierre de Sajgites.
Album de 83 photographies par Emile Proust. — La Rochelle, 1900;
in-l°, 19 p. (Extr. de Saintes à lajln du AVA''' sièrie.)
1021. Dante Allighieri. La Divine Comédie. Traduction en vers fran-
çais accompagnée du texte italien, d'une introduction historique et de notices
explicatives en tête de chaque chant, par Amédée de Margerie. — Paris,
Retaux, 1900; 2 vol. in-8°, Lxxxviii-384 et 511 p.
1022. Darpe(F.). Verzeichnisse der Giiter, Einkiinfte und Einnahmen
des ^Egidii-Klosters, der Kapitel an St. Ludgeri und Martini, sowie der
St. Georgs-Kommende in Miinster, ferner der Kloster Vinnenberg, Marien-
feld und Liesborn. — Munster, Theissing, 1900; in-8°, vin-460 p. (Codex
LIVHES NOUVEAUX 635
Iraditionuni Weslfalicaruni, hi'sg. vom Verein fiir Geschichte und Altei-
tumskuiide Westfalens. V.)(10 m.).
102:5. DiMiio (G.). Influence de l'art français sur l'art allemand. — Paris,
Leroux, 190U; in-8", 18 p. (Extrait de la Rente ure/ièu/or/ifine.)
1024. Dehio (G.) und G. von Bezold. Die kirchliclie Baukunst des
.\bendlandes, historisch und systeniatiscli dargestellt. II Bd. 2 Hall'te. 1 Lfg.
- Stuttgart. A. Bergstràsser, 1900; in-8°, p. 249-456 et atlas fasc. 8, 57 pi.,
8 p. (54 m.)
1025. Delachenal (R.). Journal des États généraux réunis à Paris au
mois d'octobre 1356. — Paris, Larose, 1900; in-8", 54 p. (Extr. de la Xoiir.
lire. hlst. (le droit frunrais et cfrcdif/cr.)
1026. Delachenal (R.). Premières négociations de Charles le Mauvais
avec les Anglais (1354-1355). — Paris, 1900; in-8°, 30 p. (Kxtr. de la
Ih'bliol/ièi/iie (le l'Érole des chartes. LXI.)
1027. Denickk (H.). Die mittelalterlichen Lehrgedichte Winsbeke und
Wisbekin in kulturgeschichtliclier Beleuchtung. Progr. — Rixdorf-Berlin,
Bickhardt, 1900; in-8", 47 p. (1 m.)
1028. Denvs lk Chartreux. Doctoris ecstatici D. Dionysii Cartu-
siani opéra omnia in unum corpus digesta, ad fidem cditionum Colo-
niensiuQi cura et labore monachorura sacri Ordinis Cartusiensis. X: In
Danieleni et XII prophetas minores. — Montreuil, impr. de Arnauné, 1900;
in-8", 786 p.
1029. DiTFURTH (J. de). Histoire d'Allemagne depuis les temps les plus
reculés jusqu'à nos jours. — Paris, II. Moll, 1900; in-8°, 522 p. (3 fr. 50.)
1030. Douais (M-ir). Documents pour servir à l'histoire de l'Inquisition
dans le Languedoc, publiés par la Société de l'histoire de France. — Paris,
Laurens, 1900; in-8% ccxcix-422 p.
1031. DREEs(n.). Altfranzôsische Funde. Ein Alarienlied desllJalirh.
und sieben Abendmahlgebete, nach e. Handschrift der fiirsl. Bibliothek
zu Wernigerode. — Leipzig, G. Fock, 1900; in 8°, 13 p. (Extr. de la
Fcstsc/tr. ^iir 32.') jàlir. Jnl>ell'eier des fnrstl. Stolberifsclien Gijinnasiuuis
za Wernif/erode.) (0 m. 75.)
1032. Dreves(G. M.).Psalteria rhythmica. Gereirate Psalten des Mittel-
alters. 2 Folge. Nebst e. Anh. von Rosarien. — Leipzig, O. R. Reisland.
1900; in-8°, 274 p. (Analecta hymnica medii ;i3vi, hrsg. von C. Blume und
G. M. Brèves. XXXVI.) (8 m.' 50.)
1033. Du Breu, de Pontbriand (V"). Un homme d'Etat breton au
xv° siècle. Olivier Du Breil, procureur général de Bretagne, sénéchal de
Rennes, juge universel de Bretagne. — Rennes, Plihon et Hervé, 1900;
in-8", 118 p.
1034. Duc (J.). Essais historiques sur la commune d'Albon, Epaone et
le château de Mantaille. — Valence, impr. Valentinoise, 1900; in-8°, 151 p.
1035. Ducoudray (Le P. Marie-Bernard). Jeanne d'Arc et les Domini-
cains de Poitiers. Le P. Guillaume Aimei-i. Note complémentaire. — Ligugé,
impr. de Bluté, 1900; in-8", 12 p.
636 LIVRES NOUVEAUX
1036. Du Hautais (V"" Odon). Notes d'alliances suv les iannlles Roux^
de Laubinais, (i relier de La Barbotii^re et Massicot de La Veiderie. —
Vannes, Impr. de Lafolye, 1900; in-8", 16 p. (Extr. de la lier, hisfoi-ique
de l'Ouest.)
1037. DuxiN-BoRKOwsKi (St. vox). Die neueren Foi-schungen iiber die
Anfàngedes Episkopats. — Freiburg i. B., Herder, 1900; in -8". vin-187 p.
(2 ra. 40.)
1038. EiSENMANGKR (Th.). Gescliichtc dei' Stadt Scli miedebepg im Riesen-
gebirge. — Breslau. M. Woywod, 1900; in-8°, xvi-2.56 p. (3 m. 50.)
1039. Erckert (R. von). Wanderungen und Siedlungen der germanischen
Stàmme in Mittel-Europa, von der àltesten Zeit bisauf Karl den Grossen. —
Berlin, E. S. Mittlerund Sohn, 1900; in-fol., 12 cartes, vu p. (12 m.)
1040. Ermisch(H.). Der kônigl. sàchsische Altertumsverein. 1825-1900.
— Dresden, W. Baensch. 1900; in-8", 68 p. (1 m. 25.)
1041. Ernault (Emile). Table analytique des dix premiers volumes des
Mémoires de la Société de linguistique de Paris. — Paris, Bouillon, 1900;
in-8°, 256 p.
1042. EspiiRANDiEU (E.). Auguste Allmer, correspondant de l'Institut.
— Vienne, Ogeret et Martin, 1900; in-8°, 24 p.
1043. Fabrége (Frédéric). Histoire de Maguelone. II : Les Évêques, les
Papes, les Rois. — Paris, Picard et fils, 1900; in-4", 603 p.
1044. Fagniez (Gustave). Documents relatifs à l'histoire de l'industrie et
du commerce en France. II : xiv" etxv'' siècles. — Paris, A. Picard et fils,
1900; in-8°, Lxxvin-345 p. (Collection de textes pour servir à l'étude et à
l'enseignement de l'histoire. XXXI.) (10 fr.)
1045. Falgairolle (Prosper). Du Vidourle au Rhône, excursions archéo-
logiques et pittoresques dans la partie méridionale du département du Gard.
— Nîmes, Gervais-Bedot, 1900; in-8'', 50 p.. 16 phototypies.
1046. Férotin (Dom Marius). Une lettre inédite de saint Hugues, abbé
de Cluny, à Bernard d'Agen, archevêque de Tolède (1087). — Paris, 1900;
in-8°, 7 p. (Extr. de la Bibliothèque de l'Êçole des chartes. LXI.)
1047. Feuvrier (Julien) et François Febvre. Note sur le cimetière
burgonde de Chevigny (Jura). — Dôle, Krugell, 1900 ; in-8°,8 p. (Extr. des
Mèin. de la Soc. d'èmulcdion du Jura.)
1048. Fischer (A.). Die indirekte Rede ira Altfranzôsischen, ein Beitrag
zur altfranzos. Syntax. — Berlin, E. Ebering, 1900; in-8% viii-77 p.
(2 -m. 40.)
1049. Fournier (A.). Les Vosges. Du Donon au Ballon d'Alsace.
ni : Saint-Dié. - Paris, Ollendorf (1900): in-4\ p. 199-335. (Club alpin
français, section des Hautes-Vosges.)
10.50. Frantz (E.). Handbuch der Kunst-Gesehichte. — Freiburg i. B.,
Herder, 1900 ; in-8% xn-448 p. (9 m.)
1051. Furtwângler (A.). Beschreibung der Glyptothek Kônig Ludwig's
Izu Miinchen. — Miinchen, A. Buchholz, 1900; in-8°, iv-384 p. (3m.)
1052. Gauthier (Gaston). Note sur un culot de vase en verre romain
LIVRES NOUVEAUX ' 637
trouvé à Champvert (Nièvre). — Paris, Impr. nationale, 1900; in-8", 7 p.
(E.vtr. du Bull, archcul . du Comité dos tracaux historiques.)
1053. GiR.^UD (Abbé J.). Notice sur saint Épipode et saint Alexandre,
martyrs lyonnais, leurs actes, leur culte, leurs reliques, leurs tombeaux, la
Fontaine et la Recluserie de Saint-Épidode à Pierre-Scize. —Lyon, impr.
de Paquet, 1900; in-8", 30 p.
1054. GiRAUD (J.-B.). Les Épées de Rives, étude archéologique sur les
industries du fer en Dauphiné. — Paris, Impr. nationale. 1900, in-S", 19 p.
(Extr. du Bull, archcol . du Coitntè des travaux historiques.)
1055. GiROD (O.). Les Invasions pak'olithiques dans l'Europe occiden-
tale. Les origines de l'art en Fiance. — Paris, J.-B. Haillière et Ois, 1900;
in-8°, 79 p., 25 pi.
1050. GoBELiNus Person. CosmiJromius und als Anhangdesselben Verf.
Processus translacionis et reformacionis monasterii Budecensis, hrsg. von
M. Jansen. —Munster, AschendortI, 1900; in-8", lvii-254 p. (Verôfîentli-
chungen der histor. Kommission fur \Vestfalen.) (8m.)
1057. Gramont de Lesparre (de). Le duché-pairie de Gramont, la
souveraineté de Bidache elles vicomtes de Louvigny et d'Aster. — Paris,
Impr. nationale, 1900; in-8'', 15 p. (Extr. du. Bull, de çiéographic histo-
riqne et descriptive.)
1058. Grande (La) Encyclopédie. T. XXVill : Rabbinisme-Saas. — Paris,
61, rue de Rennes (1900); in-4% 1256 p.
1059. Grienberger (Th. von). Untersuchungen zur gotischen Wort-
kunde. — Wien, C. Gerold's Sohn, 1900; in-8°, 272 p. (Extr. Aqs Sit-
zuiKjsber. der h. A/iad. der Wissensrh.)
1060. Gross (C). Sources and literature of English history from earliest
timesto 1485. — London, Longraans and Co, 1900; in-8". (18 sh.)
1061. GuiLLOREAU (LeP. Léon). Études monastiques. II. Chapitres géné-
raux de abbayes de Saint-Aubin et Saint-Serge d'Angers, xiv-xvi" siècles. —
Angers, Germain et Grassin, 1900; in-8", 45 p. (Extr. de la Rec. de l'An-
jou. LXI.)
1062. GuMMERUs (J.). Die homciusianische Partei bis zum Tode des
Konstantius, ein'Beitrag zur Geschichte desarian. Streites in den J. 356-
361. — Leipzig, A. Deichert, 1900; in-8", iv-196 p. (4 m.)
1063. GiiTERBOCK. (K.). Rômisch Arménien und die romischen Satra-
pieen im 4 bis 6 Jahrh., eine rechtsgeschichtliche Studie. — Konigsberg,
Hartung, 1900;in-8% 58 p. (Festgabe der juristischen Fakultàt zu Konigs-
berg fiir ihien Senior Johann Theodor Schirmer, zum 1,VIII, 1900.) (2 m.)
1064. Hamard (Abbé). Découverte d'une nécropole romaine à Bury
(Oise). — Paris, Impr. nationale, 1900; in-8°, 12 p. (Extr. du Bull, archèol.
du Comité des tracaux historiques.)
1065. Heck (Ph.). Beitràge zur Geschichte der Stànde im Mittelater. I.
Die Gemeinfreien derkaroling. Volksrechte.— Halle, M. Niemeyer, 1900;
in-8% xvi-449p. (12 m.)
1066. Hellmann (S.). Die Grafen von Savoyen und das Reich bis zum
638 LIVRES NOUVEAUX
Endeder staufischen Période. — Innsbruck, Wagner, 1900 pn-S", vi-227p.
(5 m.)
1067. Hermann (H. J.). Zui" Geschichte der Miniaturmalerei am Hofe
der Este in Ferrara, stilkritische Studien. — Leipzig, G. Freytag, 1900;
in-fol.,155 p. (Extr. du JaJirh. cl. hunsthhtor . Sain/nlungcn d. aller h.
Katser/ui fiscs.) (50 m.)
1068. HocK (St.). Die Vampyrsagen und ihre Verwertung in der deutschen
Litteratur. — Berlin, A. Duncker, 1900; in-8", xii-18:^ p. (Forschungen
zur neueren Litteratur-Geschichte. XVII.) (3 ni. 40.)
1069. HoscHEK (Th.). Der Abt von Konigsaal und die Kônigin Elisa-
beth von Bôhraen (1310-1330), eine quellenkrit. Studie. — Prag, Rohiit'ek
und Sievers, 1903 ; in-B", 103 p. (Prager Studien au.s deni Gebiete der Ge-
schichtswissenschaft, hrsg. von A. Bachmann. V.)
107Q. HuYSMANS (J. K.). LaBièvre et Saint-Severin. Illustré de 30 gra-
vures sur bois et de 4 eaux-fortes de A. Lepere. ^ Paris, A. Lahure. 1900;
in-S" jés. (.50 fr.)
1071 . Jahrbuch der Kônigl. preussischen Kunst-Sammlungen. Kegister
zu Bd. XI-XX. — Berlin, G. -Grote, 1900; in-fol., 132 p. (8. m.;
1072. JoANNE. Glermont-Ferrand, Royat-les-Bains, Riom, Ghàtel-Guyon-
les-Bains, Châteauneuf-les-Bains. — Paris, Hachette, 1900; in-16, 218 p,
(Collection des guides Joanne.) (1 fr.)
1073. JoANXE. Genève et ses environs. — Paris, Hachette, 1900; in-16,
189 p. (Collection des guides Joanne.) (1 fr.)
1074. JiJRGENS (G.). Die « Epistolae Ho-Elianae >;, ein Beitrag zur engl.
Litteraturgeschichte. — Marburg, N. G. Ehvert, ^1900; in-8 , 87 p. (Mar-
burger Studien zur englischen Philologie. I.) (2 m.)
1075. R. KoHLER. Kleinere Schriiten, In-sg. von J. Boite. II. Zur
erzahlenden Dichtung des Mittelalters. — Berlin, E. Felber, 1900; in-tS",
xn-700 p.
1076. Kraus (Fr. X.). Histoire de l'Église. 6" éd. française par P. Godet
et C. Verschafîel. — Paris, Bloud et Barrai. 1900; 3 vol. in-B", xx-527,
600 et 596 p.
1077. KuHNKE (B.). Die alliterierende Langzeile in der mittelenglischen
Romanze sir Gawayn and the green knight. — Berlin, E. Felber, 1900;
in-8", 88 p. (Studien zur gerraanischen Alliterationsver. IV.) (3 ni.)
1078. Lafexestre (G.) et G. Geffroy. Musée du Louvre. Les maîtres
de la peinture. I" volume, n" 6 : les primitifs françai.s. Introduction par
Georges Lafenestre, notice par Gustave Geffroy. — Paris, Boursod. 1898-
1900, in-fol., 14 p. et p. 121-149.
1079. Laisnel de La Salle. Souvenirs du vieux temps. Le Berry,
croyances et légendes. ^ — Paris, J. Maison neuve, 1900, in-8°, 415 p. (Les
littératures populaires de toutes les nations., XL.) (5 fr.)
1080. Landmanx (F.). Das Predigtwesen in Westfalen in der lezten Zeit
des Mittelalters, ein Beitrag zur Kirchen-und Kulturgeschichte. — Munster,
Aschendorff, 1900; in-8", xv-253 p. (Vorreforniations geschichtliche For-
schungen. I.)(5m. 50.)
LIVRES NOUVEAUX 639
1081. Lasteyrie (R. de). Bibliographie des travaux historiques et archéo-
logiques publit's par les Sociétés savantes de France. III, 3. — Paris,
Impr. nationale, 1900; in-4", p. 401-000.
1082. Lavisse (E.). Histoire de France depuis les origines jusqu'à la
Révolution. T. I: Les origines de la Gaule indépendante et la Gaule romaine,
par M. G. Rloch. Fasc. 1. — Paris, Hachette; in-4''.
1083. Leiiman.n (A.). Das lîildnis bei den altdeutschen Meistern bis
auf Durer. — Leipzig, K. W. Hiersemann, 19û0;in-8\ xvi-252 p. (16 m.)
1084. Le Ronne (V.). Notice sur la chapelle Saint-Léonard de Vaumion.
— Versailles, impr. de Cerf, 1900; in-8"; 15 p.
1085. Liger(F.). Grannona, station de la Table théodosienne et place
forte du Tractus armoricain. — Mamers, Fleury et Dangin, 1900; in-8",
31 p.
1086. Lo.\«;uE.MAHE (P. DK). Eugène de Robillard de Beauiepaire, directeur
de l'Association normande, notice biographique. — Caen, DelesqueS, 1900;
in-8", 22 p., 1 portr. (Extr. de V Annuaire de l'Association normande.)
1087. LoTH (J.) La métrique galloise. T. I. — Paris, Fontemoing, 1900;
in-8% xiii-389 p, (Cours de littérature celtique, par H. d'Arbois de Ju-
bainvilleet J. Loth. IX.)
1088. M ALAN (A. H.). Famous houses of Great Britain. — London,
Putnam and sons, 1900; in-fol. (21 sh.)
1089. Marie de France. Die Lais, hrsg. von K. Warnke, mit vergleich.
Anmerkungen von R. Kohler. 2° Aufl. — Halle, M. Xiameyer, 1900;
in-8", xi-CLX-303 p. (Bibliothecanormaiinica.Denkmalernormann. Literatur
und Sprache, hrsg. von II. Suchier. III.) (12 m.)
1090. MâTZ.NER (E.) und H. Bieling, — Altenglîsche Sprachproben. II.
Worterbuch. 13 Lfg. — Berlin, Weidmann, 1900; in-8", p. 465-624 de
la 3' partie. (8 m.)
1091. May (H.). Die Behandlungen der Sage von Eginhard und Emma.
— Berlin, A. Duncker. 19)0; in-8", ix-130 p. (Forschungen zur neueren
Litteraturgeschiclite. XVI.) (3 m. 30.)
1092. Mazon (A.). Notre vieux Largentière. II: Du xiii° siècle aux Guerres
de religion (1301-1562). —Privas, impr. de Galland, 1900; in-8", p. 75-143.
1093. Meister (Abbé L.). Quelques chartes inédites relatives à l'acqui-
sition du Moncel par Philippe le Bel (1309-1314). — Beauvais, impr. de
Avonde et Bachelier, 1900; in-8°, 16 p. (Extr. des Ment, de la Suc. acadé-
mique de l'Oise. XVII.)
1094. Monumenta Germaniae historica. Diplomatum regum et impera-
torum Germaniae tomi III pars 1. Heinrici II et Arduini diplomata. —
Hannover, Hahn, 1900; in-4", 720 p. (24 m.)
1095. Monumenta Germaniae historica. Scriptorum qui vernacula lingua
usi sunt tomi III pars II. Deutsche Chroniken undandere Geschichtsbiicher
des Mittelalters. III. J. Einkel's Werke, hrsg. von Ph. Strauch. 2
Abth. Furstenbueh. — Hannover, Hahn, 1900: in-4", xi p. et p. 597-819
(16 m. 50.)
G40 LIVRES NOUVEAUX
109(3. XoRiLi-ViTELLESCin (F.). Délia storia civile e politica del papato,
dal primo secolo dell' era cristiana fino ail' imperatore Teodosio. — Bologna,
N. Zanichelli, 1900; in-8°. (8 1.)
1097. Notice sur Dun-le-Roi, tir('>e d'un manuscrit du xiif siècle trouvé
au château de Chevannes, contenant la description de la ville et du château,
les causes de leur destruction et la légende des fourmis de Saint-Firmin.
— La Clayette, impr. de Gaudet, 1900; in-8°, 5 p.
1098. Odobesco (B.). Le Trésor de Petrossa, historique, description, étude
sur l'orfèvrerie antique. — Paris, J. Rothschild, 1899: in-fol., 695 p. (150 fr.)
1099. Odon (Saint). Odonis, abbatis Ciuniacensis occupatio, primuui
éd. A. Sivoboda. — Leipzig, B. G. Teubner, 1900; in-8", xxvi-173 p.
(4 m.)
1100. Omont (Henri). Catalogue général des manuscrits français de la
Bibliothèque nationale. Nouvelles acquisitions françaises. 111 : n" 650-
10.000. — Paris, Leroux, 1900; in-8", xxii-382 p.
1101. Orson de Beauvais. Chanson de geste du xii' siècle d'Orson de
Beauvais, publiée d'après le manuscrit unique de Cheltenham, par Gaston
Paris. — Paris, Firmin-Didot, 1899; in-8", lxxx-199 p. (Société des an-
ciens textes français.)
1102. Ortvay (Th.). Geschichte der Stadt Pressburg. Deutsche Ausg. II,
3. Der Haushalt der Stadt im Mittelalter (300-1526). — Pressburg. C,
Stampfel, 1900; in-8% xv-424 p., -i pi. (5 m.)
1103. Paoli (C). Grundriss zu Vorlesungen ùber lateinische Palào-
graphie und Urkundenlehre^ III. Urkundenlehre 2Abth. Aus dem Ital.
von K. Lohmeyer. — Innsbruck, Wagner, 1900; in-S", vi p. et p. 213-403.
(4 m.)
1104. Pap.\georgiu (P. N.). Un édit de l'empereur .Tustinien II, en fa-
veur de la basilique de Saint-Démétrius à Salonique, d'après une inscrip-
tion déterrée dans la basilique même. — Leipzig, B. G. Teubner, 1900;
in-4% 12 p., 1 facs. (1 m.)
1105. Paris (Gaston). « Die Lehnwôrter in der franzôsischen Sprache
àltester Zeit » von Heinrich Berger. Les mots d'emprunt dans le plus an-
cien français. — Paris, Impr. nationale (1900); in-4", 32 p. (Extr. du
Journal des Savants.)
1106. Petit (Joseph). Charles de Valois (1270-1325). - Paris, A. Picard
et fils, 1900 ; in-8% xxiv-423 p.
1107. Petit (Joseph.). De libro rationis Guillelmi de Erqueto. — Paris,
A. Picard et fils, 1900; in-8% 151 p.
110«. Pétri (A.). Uebersicht ùber die im J. 1895 auf dem Gebiete der
englischen Philologie erschienenen Bûcher, Schriften und Aufsàtze. —
Halle, M. Niemeyer, 1900, in-8", iii-151 p. (Anglia, Jahrg. 1897-98, Suppl.
Hft.)(3m.)
1109. pLANCouARD(Léon). Note sur le cimetière de Santeuil-en-Vexin. —
Paris, Impr. nationale, 1900; in-8", 8 p. (Extr. du Bull, archéologie/ uc du
Comité des tracaux liistoriques.)
LIVRES NOUVEAUX 641
1110. Plomf.r (H. R.). Short history of English printing. 1476-1898. —
Loiidon, K. Paul, Trench, rnibnor and C", 1900; in-8°. (10 sh. G d.)
1111. PoF.TTK (Charlks). Promenades dans les environs de Saint-Quentin.
VII!. Montbrehain, Brancourt, boutades d'une moine de l'abbaye de Ver-
iTiand, prieur-curé de Pontru; la Toussaint, la fêtes des morts à Saint-
Quentin et dans les villages voisins, etc. — Saint-Quentin, impr. de
Poette, 1900; in-16, 453 p.
111-^. PoRTAL (Félix). Lettres de change et quittances du xiv'- siècle, en
provençal, documents inédits. — Marseille, Ruât, 1901; in-16, 16 p.
1113. PouLAiNE (Abbé). Tombeaux en pierre à Avigny (Yonne). — Paris,
Impr.. nationale, 1900; in-8", 8 p. (Extr. du Bidl. archcol. du Coinitr
dos IrdCKii.r /iis(ofi'/i(rs .)
1114. QuH.GARs (H.). Les Débuts de la civilisation néolithique dans le
Morbihan et sur les bords de la Loire. — Vannes, impr., de Galles, 1900;
in-8°, 7 p. (Extr. du BiiU. de Ut Soc. poli/mafhiqnc du Morbihan.)
1115. Rkvili.e (Jean). Congrès international d'histoire des religions,
tenu à Paris du 3 au 8 septembre 1900. Procès-verbaux sommaires. —
Paris. Impr. nationale 19Ô0; in-8", 22 p. (Exposition universelle inter-
nationale 1900. Ministère du Commerce.)
1116. Rheinische Burgen nach Handzeichnungen Dilichs (1607). Hrsg.
vonC. Michaelis, mitBeitrâgen von C. Krollmann undB. Ebhardt. — Ber-
lin, F. Ebhardt, 1900; in-fol., iii-78, p. 4 pL, 1 facs. (20 m.)
1117. Richtp:r (G.). Die crsten Anfânge der Bau- und Kunstthâtigkeit des
Klosters Fulda. Zugleich 1 Tl. eine Kunstgcschichte des Klosters Fulda. —
P^ulda, Fuldâer Actiendruckerei, 1900; in-S", vii-72 p. (2 Verôffentlichung
desP\ildaer Geschichts-Vereins.) (1 m. 50.)
1118. Rituel de Saint-Martin de Tours. De la réception des chanoines aux
chanoines d'honneur, xin' siècle, par .\. FI. 4" partie. — Paris, Firmin-
Didot, 1900; in -8% 40 p.
1119. Sachsse (H.). Mecklenburgische Urkunden und Daten, Quellen
vornehmlich fiir Staatsrecht Mecklenburgs. — Rostock, G. B. Leopold.
1900; in-8", 812 p. 1 tableau. (12 m.)
1120. Sagmuller (J. B.). Lehrbuchdes katholischen Kirchenrechts. 1 Tl.
Einleitung, Kirche und Kirchenpolitik. Die Quellen des Kirchenrechts. —
Freiburg i. M., Herder, 1900; in-8". viii-144 p. (2 m.)
1121. Sagnier (A.). Causes et dates de l'enfouissement du trésor trouvé
au Pontet. — Avignon, Seguin, 1900; in-8% 14 p. (Extr. des Màin. de
l'Acad. de VaucUiso.)
1122. Salembier (L.). Le Grand schisme d'Occident. — Paris, Lecofîre,
1900; in-18, xu-430 p. (Bibliothèque de l'enseignement ecclésiastique.)
1123. Sandtrock (C). Fiihrer durch Hildesheim, kurze Beschreibung
der Stadt und ihrer Sehenswurdigkeiten. — Hildesheim, J. Ende, 1900; in-
16, 20p. (1 m.)
1124. Saxo Grammaticus. Die ersten neun Bûcher der dànischen Ge-
schichte, uebers. und erlitutert von H. Jantzen.2 Hft. — Berlin. E. Felber,
1900; in-8^ xix p. et p. 161-533. (8 m.)
CA'2 LIVRES NOUVEAUX
1125. ScHAUDRL (L.). Campagne de Cliarles VI, en 1388, contre le dnchô
de Giieldre. — Montmody, inipr., de Pierrot, 1900; in-8", 41 p.
ll:i(). SciiaôOF.ii (E.). Die Gediciitedes Konigs von Odenwalde, zumerslen
Mal voUstandig hisg. — Darmstadt, A. Bei-gstrasser, 1900; in-8% 92 p.)
(Exti". de V Archlr fur hfss. Geschichtc und AUertuinsIaindc.) {1 m. 50.)
1127. Schumacher (K.). Das Kastell Schlossau. — Halle. O. Petters^
1900; in-4", 9p., 3 pi., 1 carte (Extr. de D/'i- ohi-i-(/('fin.-rfn>i. Linics des Rô-
incrrcic/irs.) (2 m. 60.)
1128. Statistique départementale du dôpaitement du Pas-de-Calais, pu-
bliée par la Commission des antiquités départementales. '1'. HI, 13" livr. —
Arras, impr. de Laroche, 1899; in-4°, 19 p.
1129. Stein (W.). Reitrâge zur Geschichte der deutscheti Hau^e bis um
die Mitte des 15 Jahih. — Giessen, J. Ricker, 1900; in-8", vi-151 p.
(3 m 20.)
1130. SucHiER (H.). Die Handschriften der castilianischen Ueber.setzung
des Codi. Progr. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-4°, 22 p.. 6 pi. (3 m.)
1131. ToRT.AT (Gaston). Répertoire des titres du comté de Taillebourg,
1100-1758, publié d'après un manuscrit appartenant à M. le duc de La
Trémoïlle, par Gaston Tortat. — Paris, A. Picard, 1900; in-8". (Archives
historiques de la Saintonge et de TAunis. XXIX.) (15 fr.)
1132. Uhurz (K.). Verzeichnis der Orig.-Urkundea des stadtischen
Archives. 1412-1457. - \Vien,C. Konegen, 1900; in-4°, xi-563 p. (Quellen
zur Geschichte der Stadt Wien, hrsg. vom Alterihums-Veieine zu Wien.
H Abth. Regesten aus dem Archive der Stadt Wien. H.)
1133. Veesenmeyer (G.) und H. Bazing. Ulmisches Urkundenbuch.
Im Auftrage der Stadt Ulm hrsg. U, 2: Die Reichsstadt, von 13">ë bis
1.378. — Ulm, H. Kerler, 1900; in-8», p. 433-967. (20 m.)
1134. ViANSSON-PoN'TÉ (Abbé Paul). Mussy-le-Château ou Mussy en
^Yoëvre (1096-1670). — Montmédy, impr. de Pierrot (1900); in-8\ 15 p.
1135. ViARD (Jules). La messe pour la peste. — Paris, 1900; in-8°,
6 p. (Extr. de la Bihliot/ièquc de l'École des c/iarles.)
1136. Vidal (Abbé J.-M.). Intervention du pape Jean XXII dans le
conflit entre la Savoie et le Dauphiné (1319-1334). — Paris, 5, rue Saint-
Simon, 1900; in-B", 27 p. (Extr. de la Rcr. des Questions historiques.)
1137. Waerferth von Worcester. Uebersetzung der Dialoge Gregors
des Grossen ùber das Leben und die Wunderthaten italienischer Vâter und
ûber die Unsterblichkeit der Seelen. Aus dem Nachlasse vonJ. Zupitza
Nach e. Copie von H. Johnson, hrsg. von H. Hecht. — Leipzig,
G. H. Wigand, 1900; in-8". xin-374 p. (Bibliothek der angelsachsischen
Prosa. V.)(20 m.)
1138. Walde (A.). Die gerraanischen Auslautgesetze. Eine sprachwis-
senschaftl. Untersuchung mit vornehml. Beriicksicht der Zeitfolge der
Auslautsverànderungen. — Halle, M. Niemeyer, 1900; in-8°, v-198 p.
(5 m. 40.)
1139. Wanckel (O.) und E. Elechsig. Die Sammlung der kônigl.
LIVRES NOUVEAIX
643
sâchsischen Altertumsvereins zu Dresdeii in iliien Hauptwerken. —
Dresdon. kdiiigl. saclis. Alteiturnsvei'oin. 1000; in-4", viii-66 p., 100 pi.
(40 m.)
1110. Wanka (O.), Kdler von Rodiow. Dio Bienneistrasse im Altherthum
unJ Mittelalter. - Pi'ag, Rohli''-ek und Sievers, 1000; in-8% vn-178 p.
(Pragei- Studien ans deni Gebiete der Geschichtswissenschaft, hrsg. von
A. Bachmann. VII.)
1141. Wattevili.e (Os. baron de). Simple note sui- les origines de la
noblesse, des titres et des anoblissements. — Paris, Lechevalier, 1900;in-8",
76 p.
1142. Weissenborn (B.). Die Elbzolle und Elbstapelplàtze im Mittelalter.
— Halle, C. A. Kàmmerer, 1000; in-8", vii-216 p. (3 m. 60.)
1143. Wernox (W. W). Readings of the Paradiso of Dante. - London,
Macmillan and Co, 1900; in-8». (21 sh.)
1144. WiTTE (Alphonse ni:). Le mouton du roi Jean le Bon et ses imi-
tations. — Chalon-sur-Saône, Bertrand, 1000; in-4\ 40 p. (Extr. de la
Galette n II inisrnatir/iw française.)
1145. WoRMs (M.). Die Lehie von der Anfangslosigkeit der Welt,
bei den mittelalterlichen arabischen Philosophen des Orients und ihre
Bekampfung durch die arabischen Theologen (Mutakallimûn). — Miinster,
Aschendoi-ff, 1900; in-8% vin-70 p. (Beitrâge zur Gesch . der Philosophie
des Mittelalters, Texte und Untersuchungen, hrsg. von C. Bàumker und
G. Freih. von Heitling. III, 4.) (2 m. 50 )
1146. WulhngCJ. E.). Die Syntax in den Werken Alfreds des Grossen.
2 Tl. 2 Ilalfte. Adverb. Prâposition . Konjunktionen. Interjektionen -
Bonn, P. Ilanstein, 1900; in-8", ib-ivb, viii a-j, xv-xix p. et p. 251-712.
(^15 m.)
1147. Zacchetti (G.). La fama di Dante in Italia nel secolo XVIII. —
Roma, Soc. éd. Dante Alighieri, 1000; in-8°. (2 1. 50.)
1148. Zehnter (J. A.). Geschichte des Ortes Messelhausen, ein Beitrag
zur Staats-, Rechts-, Wirtsehafts- und Sittengeschichte von Ostfranken.
— Heidelberg, C. Winter, 1900 ; in-8°, xii-355 p. (6 m.)
1149. Zimmermaxn (H.). Geschichte der Stadt Wien, hrsg. vom Alter-
thums-Vereine zu Wien. II: Von der Zeit der Landesfùrsten habsburg.
Hause bis zum Ausgange des Mittelalters. 1 Hàlfte. — Wien, A. Holzhau-
sen, 1900; in-fol., xvii-498 p., 20 pi. (120 m.)
1150. Zycha (A.). Die Geschichte des Iglauer Bergrechts und die
bôhmische Bergwerksverfassung. — Berlin, F. Bahlen, 1900; in 8°,
xvi-348 p. (Das Bôhmische Bergrecht des Mittelalters. I.)
1151. Zycha (A.). Die Quellen des Iglauer Bergrechts. — Berlin,
F. Bahlen, 1900;in-8°, xLiv-518p. (Das bôhmische Bergrecht des Mittel-
alters. II.)
TAULE GENERALE DES MATIÈRES
13^ ANNÉE — 1900
I. — Mémoires
Pages
Alpbaiidcry (P.)- — Le Procès de Louis de Poitiers, évùque de Laagres
(13;^0-13;Î2) 569
Brutails (J.-A.). — Deux chantiers bordelais (1486-1521). (2« et 'à' art.). 168,437
Hûckel (G.-.\.). — Les fau.v raonayeurs de Puygiron (1327) 501
Guosnon (A.). — La satire à Arras au xiii" sic-cle. (3'-4" art.) 1,117
Levillain (L.). — Les statuts d'Adalhard 333
Laiigiois (Ch.-V.). — Documents pour servir àl'histoire des mœurs au xiii"
et au xiv» siècle (1" et 2' art.) 35, 501
Martin (F.-E.). — L'affaire de Pierre de Dalbs (1253-1254) 35
II. — Comptes rendus
Altamira y Crevea(R.). — Hisloria de Espana (G. Desdevises du Dezert). 204
Arbois de Jubainville (H. d'). — Lacivilisaiion des Celtes et celle de l'épopée
homérique (M. Prou) 69
Arbois de Jubaiiivillt^ (H. d'). — Etude sur la langue des Francs à l'époque
mérovingienne (M. Prou) 541 -
Arndt (B.). — Der Uebergang von Mittelhochdeutschen zum Neuhoch-
deutscheu in der Sprache der Breslauer Kanziei (L. Duvau) 95
Bémont (C). — Voy. Matzke (E.)
Bernoulli (G.). — Die Heiligen der Merovinger (A. Molinier) 387 ^
Bertrand de Broussillon. — Cartulairede Saint-Aubin d'Angers (M. Prou) 192
Blanc (A.). — Le livre des comptes de Jamne Olivier (M. Prouj 480
Boudet (M.). — Thomas de la Marche (L. Levillain) 616
Bouseskoul (V. P.) Nouvelles recherches sur l'histoire de la Papauté
(M. Gavrilovitch) 545
Boehmer (H.)- — Kirche und Staal in Englaud uud iu der Normandie in xi
und XII Jahrhundert (A. Coville) 624
Brutails (J.-A.). — L'archéologie du moyen âge et ses méthodes (A. Ma-
rignan) 460
Camus (J.). — La venue en France de Valentiue Visconli et l'inventaire de
ses joyaux (F. de Mély) 93
Choisy (A.). — Histoire de l'architecture (C. Enlart) 403
Clément-Simon (G.). — La rupture du traité de Brétigny (A. Coville) 82
646 TABLE DES MATIÈRES
Pages
Dahn F.). — Die Kônigc der Germaaeii. VIII, 2-5 [\i. Prou) Và9
Darmesteter (A.). — A historical Freiicli Grarainar. ediied bj^ E. Muret
and L. Sudre (L. Braudin) 206
Delaborde (H. -F.). — Vie de saint Louis par Guillaume de Saint-I'atbus
(L. Levillain) 65
Denitte (Le P. H.). — La désolation des églises, monastères et bôpitaux en
France pendant la guerre de Cent Ans (A. Coville) 523
Dcpoin fJ.). — Le livre de raison de l'abbaye de Saint-Martin de Ponloise
'A . Vidier) 546
Dognon (P.). — Voy. Le Palenc (C).
, Dachesue (Abbé (L.). — Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule (M. Prou). 513
Duvivier (C. ). Actes etdocuments anciens inléressant la Belgique (M. Prou). 71
Eckel (A.). — Charles le Simple (R. Poupardin) 538
Eulart (C). — L'art gothique et la Renaissance en Chypre (M. Prou).... 452
Fiammazzo (.A.). — Il commento daatesco di Alberico da Rosciato, col
proeniio e Hne di qnello del Bambaglioli (L. Auvray) 91
Ganos (X.). — Etude historique sur la condition des juifs dans l'ancien
droit français (I. Levi) 'Jl
Gaudenzi (A.). — La Sociétà dellc arti in Bologna nel secoloxii (R. Pou-
pardiu ) 90
Gower (John). — The complète Works, ediied by (t. C. Macaulay iG.
Huet) G80
Guillaume de Saint-Pathus. — Voy. Delaborde (H. -F.).
Hauser (H.). — Ouvriers du temps passé (Ch. Petit-DutailUs) 78
Jarry (L.) . — Histoire de Cléry (M . Prou) 477
Lefebvre. — Leçons d'introduction à l'histoire du droit matrimonial fran-
çais (J. Roman) 76
Le Palenc (C.) et P. Dognon. — Lezat, sa coutume, son consulat IF.-E-
Martin i 473
Leroux (A.). — Le massif central (L. Farges) 207
Luchaire (A.). Etudes sur quelques manuscrits de Rome et de Paris (A.
Vidier) 62, 630
Luchaire (A.). — Mélanges d'histoire du moyen âge (A. Vidier) 55
Macaulay (G. C). — Voy Gower (John).
Manteyer (G. de). — Les origines de la maison de Savoie (E. Philipon). 455
Matzke (E.) et C. Bémont. — Lois de Guillaume le Conquérant (L. Levil-
lain) 400
Meier (G.). — Catalogus codd. mss. qui in bil)liotheca monasterii Einsi-
dlensis, 0. S. B., servantur. I. (A. Vidieri 80
Muret (E.). — V'oy. Darmesteier (.\.).
Ott (A. G). — Etude sur les couleurs en vieux français (A. Salmoni 408
Padciford (F. M.). —OUI english musical terms (L. Duvau) 210
Paris (G). — La littérature avantl'anncxion, 912-1204 (J. Couraye du Parc) 475
Petit (E.). — Histoire des ducs de Bourgogne (M. Prou) 399
Petit-Dutaillis (C). — Voy. Réville (A.).
Poupardin (R. ).— La vie de saint Didier, évéque de Cahors (630-655)
(A Vidier) 211
Procksh (O.). — L'eber die Blutrache beiden voiislamischen Arabern und
Mohammeds Stellung zu ihr (E. Blochet). 205
Prudhomoie (.\.). — Les arcbivesdc l'Isère (A. Vidier) 621
TAlîLE DES MATIÈRES 647
Pages
Réville (A.) et C. Petit-Dutaillis. — Le soulôvemeut des travailleurs d'An-
gleterre en 1381 (G. . Des Marez) 395
Revue de synthèse historique (M . Prou) 627
Rey (R.). — Louis XI et les Étals pontificaux de braiice au x\" siècle
(J . Calraette) 307
Schneider (C.)- — Die finanziellen Beziehungcn der florentinischen Ban-
kiers zur Kirche von 1285 bis 13U4 (Cli.-V. Langlois) 75
Schuùrer (Ciustav). — Die Verfasser der sogenannten Fredegar Cbroiiik
(A. Moliuier) 613
Schœue (Alfred). —Die Weltchronik des Eusebius (A. Molinier) 470
Sinions (R.). — Cynewulfs Wortschatz (L. Duvau) 209
Sudre (L.). — Voy. Darmesleter (A.).
Taidif (E.-J.)- — Les Chartes mérovingienucs de Noirmoutier. — Terri-
lorium Peueseiaceuse ou Seueseiaceiise (L. Levillaiii) 471
ViaziguinefA.). — Essai sur l'hisloircde Ja Papauté (M . Gavrilovitch) 544
III. — Chroniques Bibliographiques
Blanchard (R.). — Cartulaire des sires de Rays 485
Blanchet (.\drien). — Les Trésors de monnaies romaines et les invasions
germanic|ues en Gaule (M. Prou) 551^
Hloch fH.).— Die alteren Urkunden dos KlostersS. Vanne zu V'erdin(Vidier) 484
Bonnet (E.). — Bibliographie du diocèse de Montpellier (A. Vidier) 421
British Mu«eum. A Guide to the manuscripts, autographs. charters,
charters seals, illuminations and bindings (A. Vidier) 487
Bûcher (Cari). — Etudes d'histoire et d'économie politique (M. Prou) 549^
Biinnel-Lewis. — The gallo-romain Muséum of Sens (M. I^rou) 550
Caix(V''^ de) et Albert Lacroix.— Histoire illustrée delà France (M. Prou) 103,630
Capelli (.A.). — Dizionario di abbreviature latine ed italiane (M. Prou) 96
Cartcllieri (A. !. — I^hilippe II August, Konig von Frankreich (R. Poupar-
din) 103
Chalandon (F.). — La diplotnatiiine des Normands de Sicile et delTtalie
méridionale ( A . Vidier) 553
Clark (J. W.). — Voy. James (M. R.).
Congrès bibliographique international [A. Vidier) 419
Cuissard (Ch.). — Les chanoines et dignitaires de la cathédrale d'Orléans
(L. Auvray) 216
Dclisle (L.). — Gérard d'Auvergne ou d'Anvers (A. Vidier) 483
Delisle (L.). — Jean Mansel (A. Viilier) 483
Delisle (L.). — Un maimscrit des sermons de saint Bernard (A. Vidier). 483
Dcpoin (J.).— Le livre de raison de Saint-Martin de Pontoise (\. Vidier). 98
Dôprez (E.). — Clément VI et Guillaume du Breuil (A. Vidier) 97
Déprez (E.). — Les funérailles de Clément VI et d'Iimoceut VI (A. Vidier) 552
Déprez (E.). — Recueil de documents pontificaux conservés dans diverses
archives italiennes, xni^-xiv" siècles (A. Vidier) 96, 552
Des Marez (G.). — Les seings manuels des scribes Yprois au xui'= siècle
(A. Vidier) 97
École des Chartes. Positions des thèses (A . Vidier) 101
Geering (.\.). — Die Figur des Kindesin der mittelhochdeutschen Dichtung
(P. Doiu) 104
G48 Table des matièivES
Pa-os
Hope (W.H. Saint-John). — Alcnin Club Collection. I. English allars from
illuminated mss. (A. Vidier) 554
Hubert (E.). — Recueil général des chartes intéressant le département de
l'Indre (A. \'idier) 215
Huisman. — Inventaire des nouveaux manuscrits concernant l'histoire de
la Belgi(iue acquis par la Bibliothèque royale de Berlin (A. Vidier).. 214
James (M. R.]. — Catalogue of the manuscriptsin the library of Peterhouse;
with an Essay on the history of the library, by J. W. Clark (A. Vidier). 215
Kohler (Ch.). — Les chartes de Notre-Dame de la Vallée de Josaphai
(A. Vidier) 213
Lacroix (.\lbert). — Voy. Caix (V'-^^ de).
Lauer. — Les fouilles du Sancta saactoi-uin au Latran (.\. Vidier) 485
Léger (L.). — Notice sur l'Evangéliaire slavon de Reims, dit Texte du
sacre (.\. Vidier) 99
L'Hermitte (J.). — Charte relative à la maison de Comborn en Limousin
(A. Vidier) 484
Lot (F.). — Date de l'exode des corps saints hors de Bretagne (A. Vidier). 99
Marque (M.). — Cartulaire d'Oloron (A. Vidier) 631
Mélanges de littérature et d'histoire religieuses publiés à l'occasion du jubilé
épiscopal de Mgr de Cabrières (A. Vidier) 422
Mentienne. — Mémorandum, ou Guide nécessaire à ceux qui voudront
écrire les monographies des communes du département de la Seine
(A. Vidier) 483
Meyer (Paul). — Notice sur trois légendiers français attribués à Jean Belet
(A. Vidier) 550
Monuments historiques. Loi et décrets (A. Vidier) 420
Omoiit (H.). — Bibliothèque nationale. Catalogue général des manuscrits
français (A. Vidier) 422
Omont (H.). — Evangéliaire de saint Matthieu (A. Vidier) 419
Ottmann (E.). — Das Alexanderlied des Pfatten Laniprecht (L. Duvau).. 218
Paoli (Cesare). — Programma scolastico di paleografia latina e di diplo-
matica (M. Prou) 488
Parmentier (A.). — Album historique (G. Riat) 486
Pirenne (H.). — Histoire de Belgique (A. Vidier) 213
Positions des mémoires présentés à la Faculté des lettres 631
Poupardin (R.). — Généalogies angevines (A. Vidier) 486
Poux (Joseph). — Notes et documents sur les mines de charbon de Bous-
sagues (A. Vidier) 553
Priese (Oskar). — Der Wortschatz des Hèliand (L. Duvau) 217
Publikationen der Gesellschaft fur Rheinische Geschichtskunde (A. Vi-
dier) 102
Revue d'histoire et de critique musicales (M. Prou) 549
Rydberg (G.). — Zur Geschichte des franzosischen a (L. Brandin) 217
Schneegans. — Gesta Karoli Magni ad Carcassonam et Narbonam (L. Bran-
din) 218
Soyer (J.). — Donation par Charles VII à Jean Stuart des terres de Con-
cressault et d'Aubigny-sur-Nère (.\. Vidier) 101
Stein (H.). — Cartulaire de l'Hôtel-Dieu de Crécy-en-Brie (A. Vidier) — 484
Tholin (G.) —Chartes d'Agen (A. Vidier) 631
Tompson (H. Y.). — Thirty-two miniatures from the book of hours of
Juan II, Queeu of Navarre (A. Vidier) 100
TABLli DliS MATltlΔj (il!>
Tille (AlexaiidtT). — Ville aiid Clirislmas (L. Duvaii) i!l6
Tomiieux (M.). - Etienne Charavay 487
Tonrneux (M.). — Table de l'Amateur d'autoi/raplics 487
Tourneiix (M.). — 'J'able de la Reçue d'/iistoire littéraire de la Frame.. 487
V;illce (Eug.). — Cartulaire du Konccray (M. Prou) 488
Vaudurkindere {L.J. -- Richilde et Heruianu de Ilaiuaut (A. Vidier; 'J8
IV. — Livres Nouveaux
S O M MAIRE MÉTHODIQUE
i.Les numéros renvoient à ceux des listes des livres nouveaux (^ui icrniineul
chaque fascicule.)
Histoire générale : 18,993.
Mlcmarjne. — 435, 646, 099, 1029, 1039, 1391 .
Angleterre. — 98, 304, 312, 698, 796, 893, 10b8.
A rates. —292,431.
Belgique. — 289, 344.
Bohème. — 6,76.
Bysantfti (Empire). — 451, 573, 741, 804,851.
Croisade.^. — 92. 341, 531, 618, 831.
Espagne. — 984.
France. — 41, 60, 74, 86, 117, 141. 169, 170, 212, 238, 263. 340, 415, 430. 435.
513, 699, 715, 716, 738, 765, 786, 798. 805, 875, 877, 886, 910, 914.971, 1025, 1026.
1035, 1082,1091, 1106.
Hongrie. — 1010, 1056.
Italie. — 483, 696, 837, 972. Voir aussi lliatoire religieuse.
Suède. — 75.
Suisse. — 176.
GÉOGRAPHIE historique:
Allemagne. — 630, 929.
France. — 67, 163, 164,260, 269, 278, 360, 373, 374, 443, 539, 657, 983, 1085.
Histoire religieuse :
Histoire générale. — 66, 71, 90, 118, 149,168, 172, 186, 291, 321, 399, 455, 482.
571, 572. 642, 645. 662, 784, 785, 793, 835, 841, 979, 1015, 1076, 1096, 1115, 1122,
1136.
Allemagne. — 202 186, 499, 584, 900.
Angleterre. — 620
By:ance. — 946.
France. — 40, 56. 78, 96, 135, 139, 147, 149, 168, 205, 245, 288, 361, 491,517, 569,
930, 1053.
Juifs. — 202. 204, 405,891-.
Liturgie. — 1, 22. 39, 111,266, 446, 534, 565. 589, 606, 631, 684, 725, 750, 826, 864,
1032,1118, 1135.
Mythologie. — 250.
Ordres religieiuc et militaires. — 43, 140, 255, 273,277, 315,355. 388,561, 562,
617,652,977.
Moyen Age, t. XIII. 38
b'50 TAULL DES M ATIÈULS
Sciences :
Histoire naturelle. — 941.
M atlip manques. — 27, 593, 752, 958.
Médecine et Pharmacie.— 188, 394, 442, 651, 72U, 895, 982,1135.
Droit et Institutions :
Droit général. — 253, 316, 582, 618.
Allemagne. — 357.
Autrii'lic-Hongrie. — llôO, 1151.
Église. — 165, 245. 564, 691, 849, 880, 1030, 1037, 1061. 1062, 1120.
France — 35, 45. 69,100, 137, 138, 171, 204, 320, 328, o2J, 349, 396, 411, 425,504,
509, 515, 530, 532, 555, 588, 647, 650, 656, 742, 836, 890, 942, 982, 994, 1003, 1025,
1030,1033,1065,1141.
Italie. — 114, 797, 892.
Orient. — 1063.
Industrie et Commerce. —191, 213, 270, 409, 461, 541, 507, 730, 739, 780, 782,
803, 885, 889, 897, 923, 949, 969, 982, 1044, 1112, 1129.
Manirs, Usages, Légendes. — 15, 48, 72, 228, 262, 346, 368, 391, 412, 556, 611,
1002, 1079, 1111.
Histoire littéraire :
Littérature latine, Philosop/iic, l'Iiéologic. — 8, 11, 16, 36, AU, 53, 83, 110,
143, 159, 166, 172, 184, 185, 187, 19?, 209, 242,283, 293,334, 336, 343, 389, 440, 493,
501, 516, 517, 551, 589, 614, 621, 622, 641, 672, 678, 658, 692, 705, 758, 768, 767,770,
829, 842, 853, 870, 951, 963, 1007, 102S, 1074, 1075, 1080,1099, 1137, 1145.
LiTTliHATURIi ENI,AN*iUE VULGAIRE, PlIII.OLOCilE : 10, 258, 367, 924, 1041.
Allemagne. — 79, 133, 160, 178, 179, 218, 219, 259, 333, 337, 383, 398. 674, 724,
745, 833, 948, 995, 1027, 1059, 1068, 1095, 1126, 11.38.
Angleterre. —297, 317, 390, 610,619, 635,855, 893, 1077. 1090, 1108, 1137, 1146.
Celtique. — 85, 106, 274, 488, 655. 901, 934, 1087.
Espagne. — 1130.
Franre. —116, 132, 162, 163, 201, 258, .305, 326, 362, 371, 376, 382, 385, 445,
459, 467, 474, 476, 502, 519, 521, 533, 545, 552, 560, 566. 592, 612, 616, 637, 665, 679
706, 743, 762, 787, 828, 845, 873, 882. 928, 939, 954, 980, 989, 1007. 1031, 1048, 1089,
1101, 1105, 1112.
Italie. —2,125,192,225,327,335, 345, 386,535, 550, 554. 581, 751,964, 1002,
1021, 1143, 1147.
Orient. —768, 771.
Archéologie ET Beaux-Ahts:
Archéologie générale. —25, 32,58, 123, 152, 199. 310, 319, 463,466,611, 659.
667, 669, 703, 735, 869, 906, 922, 1023, 1024, 1042, 1050, 1055, 1071, 1098, 1142.
Allemagne. — 31, 42,59, 61, 63, 64, 80, 99, 120, 136, 174, 182, 235, 272. 307. 308,
311. 332, 413,419, 576, 585,710, 734,776, 778, 852, 878.883, 896, 1013, 1014, 1018,
1019, 1083, 1116, 1117, 1123, 1127.
Angleterre et Irlande. — 350,507, 508,733, 919.
Autriche-Hongrie. — 236, 862.
Byzance. — 325.
Espagne. — 211, 339, 660, 861.
TABLE DES MATIKRES 651
France. -12, 19, 26, 28-30, 35, 37, 49, 65, 68, 73, 87, 101, 121,122, 142, 144, 151,
153-155, 158, 173, 195, 206, 216. 220. 226, 232. 234, 248, 251, 261, 269, 300, 331,348,
352, 354-356, 369, 397, 407, 408, 416, 420-422,432, 434, 43S, 448,449, 458, 464.471,475,
478, 494-408, 506, 510, 520, 522, 537, 570, 575, 577, 583, 615,626, 658, 063, 685. 693,
695, 709, 713, 719, 726, 736. 737. 740, 756, 761, 773, 788, 789, 791, 794, 795, 799,800,
802, 811, 813. 815, 834, 838, 840, 830, 861, 911, 915,938, 952,961, 902. 967, 973, 991,
992, 997, 998, 1000, 1004. 1005, 1008, 1009. 1012, 1016, 1017, 1020, 1034. 1045, 1047,
1049,1052,1054,1055, 1064,1070. 1072, 1084,1092, 1097, 1109, llll, 1113,1121,
1128.
Italie. — 9, 124, 304, 526, 682, 863, 978.
Luxembourg . — 296.
Ru.'^sic. — 295.
Scandinaves {Paijfi). — 1001.
Suisse. — 62, 104, 1073.
Musique. — 252, 266, 362, 400, 970.
Peintures, Miniatures, Vitraux. — 251, 303, 419, 484, 638, 667, 755, 763, 790,
819, 821,825,860, 1067.
Préhistorique. — 105.214, 229, 287,401,402, 406,549, 558, 700, 985,986,
1114.
Sciences auxiliaires :
Archices. —47, 51, 57, 77,126,194, 203,207,299, 322, 408, 427, 521, 540, 544, 600,
6:}4, 683, 707, 717, 759, 767, 772, 820, 824, 816, 858, 9S3, 988, 1132.
BilAior,ra/>fue. - 76, 89, 113, 128, 210, 217, 221, 230, 282, 289, 372, 384, 446,
453, 511, 524, 604, 644, 690, 760, 899, 913, 926, 1006, 1041, 1081, 1086, 1108.
Bibliothi'ques. — 24, 52, 131, 157, 318, 370, 403, 404, 460, 486, 492, 500, 512,
542, 603, 629, 689, 763,764, 801, 817, 868,902, 953, 965, 981, 1006, 1100.
Cartulaires, Recueils d'actes, Rejcstes. — Allemagne : 55, 93, 180, 181,
244, 257, .393,481, 590, 591, 781, 837-859, 940, 1119, 1133. — Anuletcr-e .-33, 47. —
Danemark: 687. — France: 21, 23, 112, 119, 196, 298, 353,360, 377, 586,806, 912.
916, 1131. — Italie : 243. — Ordres relifjieua; : 561, 562. — Papes: 50, 643, 677,
816, 847, 1015. — Suède: 681. — Suisse :%iO.
Chroniques et Lettres .-3, 24, 54, 70, 88, 240, 292, .306, 365. 543, 574, 609, 644, 686,
704, 722,720,752, 809, 904, 927, 1010, 1046, 1056, 1060, 1095, 1107, 1124.
Correspondances et Historiens modernes. — 5, 175, 347, 426, 557, 727.
Diplomatique. — 627,661, 664, 879, 921, 1094, 1103, 1104.
Hagiographie. — 82, 84, 90, 95, 127, 145, 189, 205, 242, 309, 324, 330, 359, 389,
392, 420, 428, 436,444,454,456, 478, 518, 536, 571,602, 607, 631, 633, 649, 666, 680,
701, 723, 731, 732, 749, 800, 808, 814, 856, 872, 946, 1053, 1098.
Héraldique. — 102, 351, 414, 546, 947, 959.
Imprimerie. — 231, 280, 302, 318, 366, 404, 41/ , 460, 477, 525, 568, 672, 675, 676,
711, 744, 747,764,766, 767, 774, 792, 822,871, 981, 1110.
Méthode historique. — 990, 1040.
Musées. —4, 107, 241, 254, 265, 268, 286,354, 397, 403, 512, 538, 595, 623-625,629,
802, 865, 888, 965, 975, 1031, 1071, 1078, 1139.
Notices tle manuscrits. — 606, 638, 821.
Numismatique. — 17, 18, 193, 239, 264, 512, 527, 529, 597-599, 718, 936, 1144.
Paléographie. — 424, 43H, 632, 714, 807, 1011, 1103.
Sigillographie. - 23, 38, 249, 448, 473, 490, 628,_839.
052
TABLE nr.S NfATIKRE^
NOMS DK LIKUX KT DK PERSONNES
(Les numéros renvoient h ceux ()es Listes de livres nouveaux qui terniinont
jliaquo fasciculei.
Abbevillc, 556.
Adalhard, 890.
Adau de le Haie, 59iJ.
Aegidienberg, o;^;5.
Afrique, 4B1.
Agde, 210.
Agen, 754.
Agrippa (Cornélius), 651.
Aimeri (Le P. Guil-
laume), 1035.
Aisne, 369, 801.
.\ix.lll, 248, 031.
Aix-la-Chapelle, 321.
.■Ma\ er, 208.
Albanie, 862.
Albertus de Briidzewo,
592.
Albi, 380, 969.
Albou, 1034.
Alet. 121.
Alexandrie, 564.
Alexis 1" Comuèue,804.
Alfonse de Poitiers,
916.
Alfred le Grand. 390,
1146.
Allemagne, 202, 259,308,
3.32,419, 435, 442, 485,
724, 833. 852, 896, 949,
1023, 1029, 1068, 1083,
1138.
Allmer (A.), 1042.
Alpes (Basses-), 320.
Alsace, 630, 947.
Altenburg, 178.
Ambleny, 761.
Arabroise (Saint), 48.
Amiens, 34, 407.
Ammien Marcellin,433.
Angelico (Fra), 825.
Angers, 494, 586, 664,
1061.
Angerville l'Orcher, 813.
Angleterre, 98, 191,350,
619, 620, 635, 698, 716,
796, 919, 1060, 1077,
1088, 1090, 1108, 1110.
Angouléme, 539.
Anjou, 233, 729.
Anjou (Duc d'), 415.
Annecy, 30, 888, 983.
Antoine de Padoue
(Saint), 359.
Antonin (Saint), 330,444.
Apollonius de Tyr, 317.
Appringius de Béja, 769.
Aquitaine, 56, 189.
Arabes, 431, 957, 1145.
Araraon, 966.
Arduin, 1094.
Argon ne, 875.
Arien, 870, 1062.
Aristote, 688.
Arles, 263.
Armagnac, 994.
Arménie, 1063.
Arnauld de Villeneuve,
651.
Arras, 592, 845.
Arzbach, 1018.
Aschafïenburg, 405.
Ashburnham (C" d'),
52.
Assisio (Franciscus Bar-
tholus de), 571.
Aster (V" d'), 1057.
Aube, 569.
Augsburg, 790.
Augustin (Saint), 666,
770.
Auquoy (D"), 338.
Aurelius Victor, 433.
.\uteuil, 374.
.\utret (Guy), s' de Mis-
sirien, 5.
.\utriehe, 183.
Autun, 806.
Auvergne, 37, 228, 432,
445, 459, 536, 628, 637.
Avencebrol, 389.
Aveyron, 287.
Avezac-Prat, 142.
Avicenne, 622.
Avignon, 149, 254, 255,
774.
Avigny, 1113.
Bade, 257, 554.
Bains-les-Bains, 497.
Haldovini, 114.
Bàle, 104, 265, 268.
Baluze, 556.
Bamberg, 900.
Bar-sur-Aube, 569.
Barlaam et Josaphat, 502.
Bartolommeo (Miche-
lozzo di), 978.
Basile II, 573, 741.
Baume-les-Messieurs,
428.
Bavière, 413, 540, 585,
778, 936.
Bayonue, 20.
Beauvais, 534, 965.
Beancaire, 213.
Beauchesne, 275.
Beaudoin de Constanti-
nople, 8.38.
Beaufort, 605.
Beaujeu, 898.
Beaujolais, 414.
Beaumanoir ( Philippe
de), 411.
Beaurepaire (E. de Ro-
billard de), 899, 1086.
Beauvaisis, 73, 328, 411.
Beauvoirsur-Mer, 314.
Beine, 475.
TABLE DES MATIERES
653
Belcodène, 472.
Belen, 67. .
Belel (Jean), 324.
Belgique, VJ, 289,344.
Belley, 930.
Belvès, 171.
Benoit IX, 662, 841.
Benoit XIF, 50.
Benoit XIII, 255.
Beowuif, 655.
Berg, 585.
Bergùn, 924.
Berlin, 282, 975.
Bernard (Saint), 417.
Bernard d'Agen, 1046.
Beroaldo, 336.
Berry, 1079.
Berthold von Regens-
burg, 948.
Besançon, 470, 566, 937.
Betrico de Reggio, 225.
Beuvray, 239.
Béziers, 210.
Bieuzent en Ciégiiérec,
986.
Biliaiidel, 10.
BunlinodaTravalIe, 609.
Bismarck, 779.
Blois, 746, 910.
Boiiéme, 6, 499.
Boissy, 777.
Boivin-Cliampeaux, 347.
Boite (J.), 1075.
Bonn, 854.
Boppard, 702.
Bordeaux, 510.
Boscbervilie, 537.
Bouillon, 427, 1012.
Boulogne-sur-Mer, 109,
154.
Bourbon, v. Louis II.
Bourbonnais, 700.
Bourgogne, 35, 1003.
Bourg-Saint-Bernard,
190.
Bourine (La;, 472.
Boussagues, 730.
Bouvignies, 161.
Brancourt, 1111.
Brandon, 658.
Braunschweig, 481, 710.
Brei^enz, 935.
Breisgau, 652.
B rescia, 892.
Bresse, 426.
Bretagne, 89, 233, 368,
401, 402, 488, 690, 694,
709, 872, 986, 1033,
1085.
Brie, 73,223.
BrieConite-Rohert, 713.
Brionne, 354.
Brioude, 143.
Bruche, 6S.
Budecense (Monaste-
riuni), 1056.
lîugcy, 4-20.
BuUioud (Pierre), 361.
Burey-le-Petit, 41.
Bury, 1064.
Bussang, 497.
Bussy d'Ogny (De), 247.
Byzance, 24, 266, 325,
431, 451, 573, 741, 851,
946.
Cabrières (xMgr de), 908.
Caen, 151.
Cambrai, 646.
Cambridge, 492.
Candan (J.), 651.
Capreolus (Johannes), 36.
Carcassoiine, 506.
Carmarlhen, 901.
Carpentras, 624.
Casanate (Cardinal), 557.
Castellane, 96.
Castrum Factabotuni,
278.
Catherine (Sainte), 127.
Catherine de Mêdicis,
212.
Caumont,v. Saint-Sym-
phorien-de-Caumont.
Celles, 68.
Ceise, 614.
César, 86.
Chailly-en-Bière, 97.
Cballans, 1004.
Chalonnessur-Loire,301.
Chàlons, 449.
Chalo-Saint-Mard, 777.
Chambôry, 808.
Chambon - Sainte-Croix,
454.
Champagne, 73, 117.
Champourcin, 208.
Champvert, 1052.
Chanlilly, 821, 865.
Chanu, 277, 355.
Charente, 229, 434.
Charl'Mîiagne, 79, 238,
664.
Charles IV, empereur,
646.
Charles le Chauve, 263,
664.
Charles le Simple, 60.
Charles V. 329.
Charles VI, 329, 1125.
Charles Vil, 914,971.
Charles VllI, 805.
Charles le Mauvais, 1026.
Charles de Valois, 1106.
Cliartier (Guillaume,
.Main et Jean), 928.
Chartres, 495, 909-911.
Château-Chalons,997.
Chàteaudun, 910.
Chàteau-Gontier, 28.
Châleauneuf- les -Bains,
1072.
Châiel-Guyon, 1072.
Chaiillon-sur-Sèvre, 783.
Chauvigny voy. Har-
court de Chauvigny.
Chazournes (De), 957.
Chenay, 653.
Chersonèse, 295, 600,
1016.
Chevigny, 1047.
Chiemsee, 585.
Chora, 348.
Choussy, 791.
Chypre, 831.
Cino da Pistoia, 225.
Cividale, 927.
Clairvaux, 569.
Clément, VI, 642.
654
TAHLE DES MATIERES
Clôraeiu vil, 255, 572.
Clenuoiit-Ferrand, 1072.
Cléry, 87.
Cluny, (Musée de), 397.
Coëtivy, voy. Prigeat de
Coëtivy.
Colomb (Christophe),231,
280.
Commyues (Philippede),
904.
Compiègne, 119,409, 626,
685, 775.
Constance (Concile de),
978.
Corbie, 890.
Cornélius Nepos, 433.
Corse, 956.
Cosmidromius, 1056.
Costemore, 208.
Côte-d'Or, 163.
Courlande, 859.
Courville, 548.
Cousin, 144.
Cracovie, 764, 917, 918.
Creil (De), 338.
Crest, 909.
Croix (La), 992.
Cure, 144.
Cyrille (Saint), 118.
Dagobert, 921.
Dainville (Gérard dp),
646.
Danemark, 687, 1124.
Dante, 2, 192, 225, 327,
.335, 345, 535, 550, 581,
751, 810, 1021, 1143,
1147.
Dapbni, 325.
Dargun, 388.
Darnetal, 920.
Dauphiné, 187, 563, 803,
1054, 1136.
Denys l'Aréopagite, 501.
Denys le Chartreux, 641,
1028.
Derby, 47.
Des Perriers(Guillaume),
364.
Des Planques (Jeanne),
646.
Destrousse (La), 472.
Des Ursins (Jouvenel),
587.
Didier (.Saint), 145.
Die, 205, 313.
Dijon, 759, 866, 998.
Dintzenhofer, 945.
Dôle, 470.
Dombes, 414, 426.
Donnemarie, 222.
Donon, 68.
Dresde, 848, 1139.
Drôme, 221, 903.
Du Breil (Olivier), 1033.
Du Buai, 514.
Dubus, 10.
Du Fèvre, 957.
Dun-le-Roi, 1097.
Dun-Scot,951.
Eburovices, 234.
Ecosse, 233, 304, 546.
Écully, 379.
Edouard III, 312,893.
Eeckhout, .353.
Egypte, 229.
Einhard, 1091.
Einkel, 1095.
Elisabeth de Bohôme,
1069,
Emma, 1091.
Engadine, 924.
Épaonne, 1034.
Épipode (Saint), 1053.
Erquet (Guillaume d'),
1107.
Espagne, 861, 984, 1130.
Essling, 55.
Este, 1067.
Esthonie, 859.
Ettl'ingen, 950.
Eusèbe, 365.
Euskirchen, 42.
Eustache de Nîmes (M"),
196.
Evrecy, 874.
Evmoutiors, 648.
Fauslus de Riez, 184.
Favorin d'Arles, 516.
Fei jeux (Saint), 749.
Ferrare, 1067.
Ferréol (SaintL, 749.
Ferté-Macé (La), 396.
Fezensac, 994.
Fichet (Guillaume), 440.
Filisur, 924.
Firmin (Saint), 1097.
Flandre, 19.
Florence, 114, 124, 237,
306,837,963.
Florus, 433.
Foix, 726,
Foix(C"' de), 970.
Foi.K (Jean 1"", comte de)
971.
Foix (Pierre de), 654.
Folquin, 360.
Fnntanet, 169.
Fonte (Bartoloraeo délia)
708.
Fontenay-le-Comte, 967 .
Fontgorabault, \\ Notre-
Dame de.
Forez, 249, 414, 819. 957.
Fourneaux, 437.
Fournes, 395.
Foy (Sainte). 420.
Fracourt, 761.
Francastel, 439.
Franche-Comté. 412, 749.
839.
François (S,). 359. 680.
Francs, 186.
Frankfnrta.M.,404, 689.
Frankfurta. O.. 357.
Fredelsloh, 944.
Freiburg i. B., 93. 120.
Freiwaldau, 487.
Fresques, 789.
Fribourg (Suisse), 62.
Friedrichswerth, 31.
Froissart, 70.
Fulda, 174,1117.
Fulgence de Ruspe, 184
Fursac, 454.
Fûssen, 585.
Fnveau,472.
TABLE DES MATIKRES
055
Gabre, 567.
(iaillon. ;.'06.
Galice, ()ô9.
Galles. 1087.
Gard, 103, l'07, 104."..
Gaster, S44.
Gaule, 699, «:J7. 108;'.
Gautrek, 934.
Gawayii, 1077.
Genève, 867, 107.S.
Gers. 580.
Gervais (Sainl),19J.
Gilbert de Narbonne,596.
Girardo da Castelfioreu-
tino, 22b.
Giry (A.), 452.
Gisors, 811.
Gobeliiius Person, 1056.
Gorz, 960.
Go.slar, 606, 781.
Gradisca, 960.
Graniat, 987.
Graniont, 1057.
Grandidier, 373.
Granuona, 1085.
Gravelines, 6S3.
Gray, 470.
(îreasque, 472.
Grecs, 956.
Grégoire le Grand
(Saint), 551. 1137.
Grelier, 1036.
Grenade, 211.
Grettis Saga, 274.
GrezoUes, 248.
Gueldre, 1125.
(lUi de Cambrai, 502.
Gai l"de Ponthieu,932.
Guichenon (Samuel), 426.
Guilanueu (Le), 457.
Guillyen Malguenac,401 .
Gummersbacb, 734.
Gundissalinus (Domini-
cus), 11.
Gutenberg, 417, 477,525,
672, 675^, 676, 711. 744.
747. 767, 871, 981.
Hachberg, 257.
Hague (La), 441.
H ai n au t. 559.
Halbau, 487.
Haltern, 576.
Hannover. 182, 194, 772.
Harcourt de Cliauvigny
(D'), 962.
Hardouin, 557.
Hartmann von .\ne, i')74.
Haupstadt, 702.
Havelok, 855.
Heauville, 441.
Hector do Chartres. 396.
Heinrich von Veldeke,
309.
Henri II, 1094.
Henri III, 74, 606.
Ilerraenault (L').269.
Herrenchiemsee, 585.
Hesse, 15.
Heudicourt, 215.
Hildesheim, 776, 1123.
Hohenlohe, 180.
Hohenschwangan, 585.
Hohenzollern, 193.
Honfleur, 220.
Hongrie, 88, 236, 686,
1010.
Honorius, 784.
Hozier (Pierre d'), 5.
Hugues (Saint), 1046.
Hugues de Vermandois,
718.
Huon de Bordeaux, 762.
Hussites, 499.
Iglau,1150, 1121.
Ile-de-France, 709.
Ille-et- Vilaine, 446.
Innocent V, 785.
Innocent VI, 642.
Irénée (Saint), 283.
Irlande, 733.
Isiaques, 480.
Isidore (Saint), 705.
Ismidon (Saint), 205.
Italie, 107, 209, 303, 391,
483, 627, 643, 722, 739,
832, 949, 972,
Izernore, 522.
Jacquemin (Gérard), 155.
Jacques (.Saint), 649.
.landeures, 94.
Jean XXII, 816, 1015,
1136.
Jean le Bon, 329, 1144.
Jean de Capoue, 83.
Jean Cbrysostôme
(Saint), 334.
Jean V, duc de Bre-
tagne, 694.
Jeanne d'.\rc, 41, 117,
1035.
Jérôme (Saint), 493.
Jérusalem, 831.
Jésuites, 372.
Josaphat (Barlaam et),
.502.
Josaphat, v. Notre-Dame
de la Vallée de Josa-
phat.
Jouy-le-Chàtel, 613.
Jucundus(M.),669.
Julien r.\posial, 594.
Julien do Spire (Frère),
359, 589, 680.
Jumilhac-le-Grand, 422.
Just (Saint), 997.
Justin, 433.
Justinien II, 1104.
Katlenburg (Graf von),
378.
Kaufungen,940.
Kériolet, 625.
Kerven-Lapaul en Mel-
rand, 402.
Kiel, 61, 747.
Klosterneuburg, 608.
Koblenz, 702.
Koln, 285, 711.
Konigsaal, 1069.
Kopenhague, 868.
Kremsmùnster, 156.
La Bfirbotière, 1036.
G50
TABLE DKS MATIÈRES
La Celle, 605.
Lactora, 1005.
U l-'aye, 2dO.
l.aigne, 685.
Laire (Le P.), 629.
Landas, 16L
Laudes, 933.
Langeais, 416.
Languedoc, 233,245.719,
828, 968, 1030.
Laiitivy (De), 233.
LargeiUière, 1092.
Lariivour, 569.
Laubinais, Voy. Roux de
Laubinais.
Laui'eut le Magnifique,
697.
Laval, 28.
Laval (Mai.?on de), 996.
La Verderie, voy. Mas-
sicot de La Verderie.
Laxart, 41.
Le Forestier (Jehan), S'
de Vauverl. 7.
Lehero en AUaire, 508.
Leidrade, 517.
Léobon (Saint), 454.
Léon (Saint), 118.
L'Estourbeillon, 233.
Levant, 243.
Lexovii, 234.
Le Vannier, 46.
Lézat. 100.
Lie.sborn, 1022.
Limousin, 73.
Lindau, 935.
Liuden, 182.
Linderhof, 585.
Lirey, 808.
Liviers, 422.
Livonie, 859.
Lodève, 210.
Loiret, 824.
Londres, 177, 763.
Lorraine, 158, 663.
Lot-et-Garonne, 754.
Louis le f^ieux, 879.
Louis IV d'Outremer,
513.
Louis IX, 74, 484, 506,886.
Louis X, iro.
Louis XI, 149, 212, 704.
Louis XU, 212.
Louis (io Bavière, 140,
1051.
Louis II, duc de Hour-
bon, 43.
Louis le Vieux de Bran-
debourg, 753.
Louvigny (V"- de|, 1057.
Lozère, 815.
Liibeck, 792, 999.
Lulle (Raymond), 188.
Lunéville, 198.
Lupus, 557.
Lusignan, 831 .
Luxembourg, 290.
Luxeuii, 497.
Lyon, 56, 205, 361, 373,
'379, 517, 731, 800, 814.
957,1053.
Mabillon, 557, 990.
Mace de la Charité, 679.
Màcon, 101.
Madaillan, 224.
Madeleine (La), 406.
Maguelone, 210, 1043.
Mahomet, 292.
Maine, 46. 69, 233, 326.
Mandeville (Jean de),
706.
Manichéens, 455.
Mannheira, 130.
Mans (Le), 84, 195, 464,
881.
Mausi, 556.
Mantaille, 1034.
Marcel (Éiieune), 715.
Marcellus de Bordeaux,
1007.
Marguy, 410.
Mariazell, 462.
Marie (Vierge), 631,799,
814, 1031.
Marie de France, 385,
1089.
Marienfeid, 1022.
-Mars (Saint), 95.
Marseille, 547, 982.
Marsy (C^ de), 1006.
Maniai (Saint), 607.
Mas-Latrio (J.-M .-J.-L.),
384.
Massicot do La Verderie,
1036.
Mathay, 840.
Maulcon, 783.
Maumont, 605.
Maurienne, 135.
Mauvezin, 970.
Mayenne, 275, 601.
Mearzein, 558.
Meaux, 695, 925.
Mecklem bourg, 388,
1119.
Mendez (Diego), 231.
Mendiants (Ordres), 255.
Merci (Ordre de la), 255.
Mesnil Eudin, 811.
Messine, 551, 797.
Metz, 792.
M igné, 750.
Minas, 423.
Milonde Narbonno, 599.
Mi met, 472.
Minden,490.
Mirande, 227.
M ira y, 10.
Missirien (S' de), voy.
Autret (Guy).
Modane-Garré, 437.
Moncel (Le), 1093.
Moncontourde Bretagne,
489.
Montaiglon (.\. de), 217.
Moni-Berny, 626.
Montboyer, 134.
Montefeltro (Guido da),
751.
Monteil-Suuier, 605.
Montlaucon, 557.
Moutfort, 996.
Montfort (C""^ de), 935.
Montièramey, 569.
Montmorency, 251.
Montmorency (Anuede),
821.
TAULE DF.S MATIERES
65
MoiUoiissan. '1(50.
Montpellier. 210.
Moiiireiiil-sur-Mer, 10;',
10:5.
Mont-SaiiitMichel. 757.
Moriagrie-Landas, 161.
Morhilian, 965, 1114.
Moriii (Pierre), 557.
Moselle, 260.
.\lrnielien,510, 585,1051.
.Miinster, 1022.
.Vliin.stereifel, 200.
Miiratori, 722.
Miissv, 1131.
Narbonne, 59G, 597, 599.
Nancy, 4-1, 139, 375, 663.
Nantes, 95, 203, 696.
.Narcy, 579.
.Nassau, 767.
Nauiuburg a. B., 187.
.Nédonchel, 161.
Nemesius, 645.
Neuilly-sur-.Seine, 636.
Neusclnvanstein, 585.
Neuvy - Saint-Sépulcre,
907."
Nettanconrt, 579.
Nevers, 578.
Nicée, 118.
Niehelungen, 219.
Niederberg, 1019.
Nîmes, 370, 473.
-Nivernais, 276.
Nord (Dép. du), 51, 801.
Normandie, 3, 45, 46,
148, 347, 514, 627, 670,
709.
Nôrten, 59-
Northeim (Graf von) . 378.
Norvège, 1001.
Notre-Dame de Font-
gombault, 14.
Notre- Damede ■ Laval,
248.
Notre-Dame de Mon-
treuil. 974.
Notre-Dame de la Vallée
de Josaphat, 298.
Notre-Dami» tlu Vœu.
1016.
Noyon, 534.
Nuits, 162.
.Nuits-Saint(i('()rgos,700.
Nvons. 563.
Odilienl)erg, 61.
Odenwald, 1126.
Odon (Saint). 1099.
Ogny (De Bussy d"),217.
Oise, 369, 524, 801.
Oilehain, 161.
Oloron, 112.
Orgeval, 418.
Orient latin, 92.
Origène, 197, 614.
Orléans, 286.
Orne (Dép. de 1), 57.
Orques-en-Charme, 671.
Orson de Beau vais, 1101.
Osnabruck, 490.
Ourscani]), 685.
Ovide, 110.
Oxford. 902.
Paderborn, 490.
Pamiers, 444.
Paracelse, 651.
Paray, 887.
Paris, 81, 122, 138, 232,
241, 377, 397, 403, 471,
496, 512. 538, 542, 555,
560, 603, 604, 623, 707,
736, 777, 788, 817. 820,
838, 938, 973, 1017,
1025. 1070, 1078, 1100.
Paris (Traité de), 74.
Partenkirchen ( jarmisch
585.
Pas-de-Calais (Dép. du),
521. 801, 1128.
Pau. 453.
Paul Diacre, 927.
Pavie, 323.
Pays-Bas, 423.
Peires d'.\uvergnes,980.
Peiresc, 575, 727, 952.
Ponesciaocnse (Terrilo-
riuml, 164.
Pénestin, 558.
Perche. 511.
Périgord, 128. 290.
Pi''lrar<|ue. 125.
Petrossa, 1098.
Peyi)in, 320, 473.
Pe/(>nas, 823.
IMal/ Veldenz. 279.
I'liilipi)0-Auguste. 430.
Philippe h- licl, 117,
loy:!.
PhilippeVI,310,329, 588.
Philippe de Tliaun, 552.
Pholius, 313.
Picardie. 306, 709, 801.
Pierrelnnds. 685. 737,
955.
Pierre pont-sur- A vre 216.
Pierre-Scize, 1053.
Pistoia, 185.
Plansee, 585.
Plaute, 632.
Plombières, 497.
Pogge, 554.
Poil (Le), 208.
Poitiers. 302. 438, 1035.
Poitou, 46, 204, 269, 782.
Pologne, 832, 941.
Poméranie. 388, 883.
Pont-.\udemer, 356.
Pontet (Le), 1121.
Ponthieu, 932.
Poutoi.se. 54.
Porchaire (Saint). 633.
Pothin (Saint), 731.
Poutroye (La), 745.
Prêcheurs, 561, 562.
Pressl)urg, 1102.
Prigent de Coëtivy,638.
Prosper (Saint), 758.
Protais (Saint), 195.
Provence, 740.
Prusse, i;99, 913. 1071.
Purbach (Georg). 593.
Puy (Le), 961.
Quillobœuf, 356.
Quinte-Curce, 433.
658
TARLE DF.S MATIERES
Ravine, 68.
Reichenau". 523.
lleiins, 12, 436. 119, 175.
478, 498, 718.
René (Le roi), 17.
Mené II, 155.
Kenneville (Constanlin
de). 148.
liethel, 10.
Uetiiélois, 137, 875.
Rhin, 235. 1116.
Richemont de Richard-
son, 233.
Rigauld (Jean). 359.
Rioni, 1072.
Rives. 1054.
Robert. 567.
Robert de Clerniont, 150.
Roc Amadour, 773.
Rochlitz, 929.
Rolant. 939.
Rome, 9, 126, 525, 526,
682, 793, 953. 1096.
Romorantin, 846.
Ronceraj^ (Le*, 586.
Rond (Le), 26.
Rouergue, 467.
Roux de Lanbinais.
1036.
Rouyer, 512.
Royat, 1072.
Ruceio Piacente da
Siena, 225.
Rufine (Sainte^ 454.
Rumilly-sous-Cornillon,
505.
Rusguniae, 1008.
Raoul, roi de France,
141.
Saar, 503.
Sagace (L.), 722.
Saint-Bertin, 21, 23.360.
.Saint-Claude, 818.
Saint-Denis, 321, 921.
Saint-Dié, 701, 834,1049.
Saint-Florent, 664.
Saint-Florentin, 352.
Saint-Flour, 37, 628.
Sainl-tiall, 906.
Saint- (uMMiiain - Laval,
248.
Saini-Gerniain-on-Laye.
246.
.'^aintJactiues de Coni-
postelle. 850.
Saint-Jean de Jérusalem
(Ordre de). 140, 652.
Saint-Laurent desArbres
458.
Saint-Marceld'Urré,248.
Saint-Martin (Abbé de)
151.
Saint - Martin - la - Ga-
renne, 267.
Saint-Maurice laFouge-
reuse, 712.
Saint-Moré, 348.
Saint-Omer, 544.
Saint - Pons - de - Tlio-
mières, 210.
Saint-Pourrain, 668.
Saint-Quentin, 1111.
Saint-Savournin, 472.
Saint-Sever, 1000.
Saint - Symphorien de
Caumont, 693.
.Sainte - Colombe - les -
Vienne, 991.
Sainte-Hermine, 269.
Saintes. 1020.
.Salisbury (Comtesse de^
893.
Salonique, 1104.
Santerre, 443.
Santeuil-en-Vexin, 1109.
Sanudo (Marin), 722.
Sargan, 844.
Sargé, 894.
Saugues, 465.
Saverne, 748.
Savigny, 518.
Savoie," 426, 728, 803,
1066,4136.
Savonarole, 291.
Saxe, 218, 383, 848, 891,
1040, 1139.
Scandinavie, 250.
Schànnis, 844.
Schleswig, 858.
Schlossau, 1127.
Schmiedeberg, 1038.
.Schnierlach, 745.
Scholastique (Sainte),
84.
Séez, 288.
Séguin (Pierre), 139.
Seine (Dép. de la). 322,
988.
Seine -Intérieure (Dép.
de la). 801.
Seine-et-Marne (Dép. de)
73.
Sempronius Doctus (C),
669.
.Senesciacense (Terri to-
rium), 164.
Senez, 96.
Senlis, 534.
Senones. 68, 150.
Sens. 352. 629, 732.
Septsarges, 812.
Serrure (R.), 529. '
Servatus (Saint), 309.
Servières, 256.
Séville, 660.
Seynes, 153.
Sicile, 77, 627, 897.
. Sigismond, 393, 499. 857.
.Siguenza, 339.
Silésie, 264, 591, 926.
Solario (Andréa), 206.
Somme, 214.
Sorcy, 811.
Stade (Graf von), 378.
Starkenburg, 15.
Starnbergsee, 585.
Stettin, 99, 883.
Stockholm, 681.
Strasbourg, 179, 181,
590, 677.
Strasburg (Westpr.), 931.
Suède et Norvège, 75,
610.
Suétone, 433.
Suisse, 104,176,738.
Surv-le-Comtal. 358,
TABLli UliS MA'IIEUKS
Go'J
TaillclH.iir^', 1131.
Tarare, 351.
Tarascou, 294,331.
Tardif ((iuiUauiiies 551.
Tarn. 287,815.
Teste, 300.
Theodor von Stii<li«>ii,
916.
TliiriondWnllu'luiit. 150.
Thizy, 111.
Tliomas, 118. l'Ol.
Thomas (r.\(iuin( Saint).
16,36,242,389,621,688.
Tiionias de la Marche,
T86.
Thorn, 108.
Tliuringe, 244, 307, 717,
885.
Tigné, 943.
To.scane, 124, 386.
Toul, 65, 155.
Toulon, 959.
Toulouse, 570, 639, 719,
889, 916.
Touraine, 709.
Tours. 565, 1118.
Trainel, 352.
Tréguier, 822.
Trennfurl, 1013.
Trier, 500, 702. 756.
Trinilaires. 255.
Tristan, 201. 989.
Trogoff, 167.
TroisPuits, 1009.
Tscluuli (Gilg), 841.
Turcs, 768.
Turin, 40. 808,906,
Tyconius, 673.
Uhu, 541, 1133.
Irbain IV, 847.
Urbain XI, 572.
Usedoui-Wollin, 883.
l Irecht, 755.
Val des Choux, 725.
\'al('re-\Ia.\iuie, 433.
Van P:yck, 860.
Vanne, 352.
Vannes, 884.
Vannier, 46.
Varacia, 894.
Varus, 91.
Vauniion, 1084.
Vauvert (."*<' dei, voy. l.i-
Forestier (Jehanl. "
VelileUe, voy. Heinricli
von Veldeke.
Veliocasses, 234.
Venaissin, 656.
Vendée, 967.
Vendeuil, 876.
Vendôme, 912.
Venise, 243. 919.
Vénus, 234.
Verdun, 72.
Vermand, 1111.
Vérone. 1002.
VerlauU. 49.
Vichy, 700.
Victor de Vite, 159.
Vidourle, 1045.
VieilBrioude, 342.
Vieux vy-sur-Couesnon,
915.
Vigan (Le), 271.
Villarel (Foulques de),
341.
Villechal, 615.
Ninceni Ferrier (.Saint),
872.
\'innenl)erg, 1022.
Vin/elles, 445, 637
Viltel, 553.
Vosges, 68.261, 468,261,
657,834,905, 1049.
Waerferth de Worces-
l(>r, 1137.
Waldl)roel, 734.
Warlaing, 161.
Wenceslas, 046.
Wcrden, 63.
\Vesti)liaIi(>, 490, 1080.
Wiclif (Johann von),
835.
Wien, 1132, 1149.
Wiesbaden, 543.
Wight, 507.
Winsbeke, 1027.
Winterthur, 284.
Wipperliirth, 731.
Wittelsbach,363, 936-
Wollenbuttel, 486.
Worcester, 297.
Worth, 1014.
Wurtemberg, 590.
Y<.nnc (Dép. de 1'), 340.
Yrieix (.Saint), 602.
Yseull, 989.
Yves (Saint), 856.
Zell(Ulrich), 711.
Ziirich, lir.,809, 830.
Le Gérant : V^e E. Bouillon.
CHALON-9UK-SAONE. IMIMUMKIUK rHA>ÇAIS|. KT OlMKNÏALi: K. in:r,TliAM<
BINDtNGSECT. MAY29t981
D Le Moyen âge * O
111
M9
1. 13
cop.2
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY